Rougo ni Sonaete Isekai de 8-manmai no Kinka wo Tamemasu – Tome 1 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Si les perles sont une arme, Mitsuha est une Arme de Destruction Massive!

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Chapitre 5 : Si les perles sont une arme, Mitsuha est une Arme de Destruction Massive!

Partie 1

« Maître Bozes, vous avez de la visite », annonça le majordome.

« Quoi ? J’étais sûr que je n’avais pas de tels arrangements aujourd’hui », répondit le comte Bozes. Sa curiosité était piquée. Stefan était un majordome fiable qui avait servi la famille Bozes pendant plus de deux générations. Il n’était pas du genre à faire des erreurs absurdes et il n’était pas du genre à annoncer l’arrivée de visiteurs importuns et indignes de confiance.

A-t-il peut-être jugé l’invité digne de m’être présenté ? se demanda le comte. Bien, je vais faire confiance en son jugement.

« Très bien. Laissez-les entrer dans la salle de réception, je les rejoindrais dès que je serai prêt », a-t-il ordonné.

Mais Stefan s’est attardé.

« Dois appeler votre dame et vos enfants ? », demanda-t-il.

Quoi ? Il dit que ma famille devrait se joindre à moi !? Qu’est-ce qu’il pense ?

« Appelle-les, alors. »

« Comme vous le voulez. »

J’ai choisi de faire confiance en son jugement, et je le ferai jusqu’à la fin.

Assez rapidement, le comte se trouva dans la salle de réception, accompagné de toute la famille Bozes : sa femme, Iris, son premier-né, Alexis, son deuxième fils, Théodore, et sa fille, Béatrice. Leur salle de réception faisait pâle figure par rapport à la grandeur des salles de réception du palais royal. Une grande table, plutôt simple, entourée de chaises meublait la pièce.

Convoquer la famille pour rencontrer un invité qui n’avait pas été prévenu, c’était du jamais vu. La femme et les enfants du comte Bozes semblaient déconcertés et mal à l’aise. Il ne leur avait rien dit, car il s’était fait prendre au dépourvu. Mais c’était une chose sur laquelle il ne pouvait tout simplement pas parler. J’espère que ce n’est pas une erreur, Stefan.

Finalement, le majordome conduisit l’invité à l’intérieur.

« Voici Dame Mitsuha von Yamano. Elle vient du Japon. La dame prétend être venue saluer le comte Bozes. »

La fille l’avait énormément surpris. Elle avait des cheveux noirs soyeux et bien soignés, un visage comme celui d’une poupée et des vêtements comme il n’en avait jamais vu auparavant. Le vêtement avait l’air confortable et avait de nombreuses poches, tandis que la ceinture qu’elle portait supportait des couteaux et d’autres outils curieux. Il n’avait jamais entendu parler de son pays, mais il se demandait comment une noble dame — une fille d’à peine plus de dix ans — avait fini par voyager sans suite. Il était furieux. Non pas contre la fille, mais contre ses parents et toute sa maisonnée qui l’avait laissée faire.

Pourquoi ne l’avaient-ils pas arrêtée ? Comment avaient-ils pu permettre ça !?

« Enchantée de vous rencontrer. Je suis Mitsuha von Yamano », dit-elle pour se présenter.

« Comme je venais d’un pays lointain, j’ai pensé que je devais me présenter au seigneur de la région, alors j’ai imploré votre majordome afin qu’il puisse m’accorder une audience avec vous. Mes excuses pour cette décision si audacieuse. »

Un discours si raffiné à un si jeune âge, s’émerveilla le comte. Je peux comprendre pourquoi Stefan lui a permis d’entrer.

« Je vois. Le long voyage jusqu’ici a dû être épuisant », avait-il répondu.

« N’hésitez pas à vous reposer ici aussi longtemps que vous en aurez besoin. Maintenant, si je peux demander… Pourquoi, si vous venez d’un pays si lointain, avez-vous choisi de faire appel à nous plutôt qu’au noble de la capitale ? »

C’était la norme pour les étrangers de se diriger directement vers la capitale. Il ne voyait pas une seule raison de s’arrêter dans une ville comme celle-ci.

« Oui, je peux comprendre pourquoi c’est curieux. En me rendant à la capitale, j’ai été attaqué par des bêtes sauvages, et les gens de cette région m’ont sauvé la vie. Je suis venu vous informer de leurs actions et vous exprimer mon immense gratitude. »

« Quoi ? Vraiment !? », dit-il avec surprise.

Comme c’est délicieux ! Plutôt que de piller ou de tuer, mon peuple a fait des pieds et des mains pour aider une étrangère qui vient maintenant exprimer ses remerciements. Et mes enfants sont aussi là pour le voir. Quelle belle journée ! Le comte se réjouissait tandis que Dame Mitsuha avait sorti quelque chose de sa poche.

« Bien qu’il s’agisse d’une maigre offrande, il y a quelque chose que j’aimerais que vous ayez », avait-elle dit.

« Ça vient aussi de mon pays. Veuillez l’accepter en gage de ma gratitude. »

Stefan lui prit l’objet et l’apporta au comte.

« Qu’est-ce que c’est… ? », se demanda-t-il à haute voix.

Son poids imposant indiquait que c’était métallique, mais il avait une couleur brillante et un toucher élégant. C’était un objet élaboré qu’il n’avait jamais vu auparavant. Il n’imaginait pas à quoi cela servait, mais il comprenait que c’était l’œuvre d’un maître artisan.

« C’est un couteau pliable et polyvalent », avait ajouté la fille.

« Un couteau !? Ça !? », s’exclama-t-il.

Il était détaillé et semblait valoir une petite fortune, mais il ne pouvait pas s’imaginer à quel point cet objet aussi difficile à prendre en main n’était en fait qu’un couteau, et encore moins un couteau pliable.

« Oui. Bien que ce ne soit pas le genre de couteau qu’on utilise au combat », expliqua-t-elle.

« C’est plus un outil qu’une arme. Il y a plusieurs petits outils cachés à l’intérieur : une lame, des ciseaux et une lime, entre autres. Vous le comprendrez si vous pincez le côté avec les ongles et si vous le tirez vers vous. »

Le comte avait fait ce qu’on lui avait dit et avait réussi à sortir les outils.

« Tant de détails », dit-il, alors qu’il était stupéfait par l’objet.

Il n’était pas seul, ses enfants l’entouraient, le regardant avec une grande curiosité.

« C’est vraiment remarquable. Je sens que je dois donner quelque chose en retour. Dame Mitsuha, que comptez-vous faire ensuite ? »

« J’ai l’intention de me rendre à la capitale d’ici. »

« Vous ne devez pas le faire ! »

Il se leva brusquement, élevant la voix.

« Il fera bientôt nuit ! Sans parler du fait qu’un enfant comme vous ne devrait jamais partir seul pour de si longs voyages ! Je ne peux pas permettre ça ! »

Il avait laissé tomber son ton noble et trop poli pour crier, mais c’était le cadet de ses soucis.

« Attendez trois jours », avait-il ajouté.

« Une calèche en direction de la capitale arrivera. Vous pourriez la prendre. »

« C’est assez embarrassant, alors pardonnez-moi, mais… Je ne crois pas avoir assez d’argent pour payer la calèche… »

Hein ? La réponse inattendue de Dame Mitsuha l’avait rendu sans voix. Une fille vêtue de si beaux vêtements, qui vient de me remercier avec un outil valant des douzaines de pièces d’or, ne peut pas se permettre une simple calèche ? Oh, bien sûr… Elle et son groupe étant séparés, ce sont sûrement eux qui détenaient les fonds. C’est logique, aucune fille noble ayant un groupe ne paie jamais les choses par elle-même.

« Ce soir, vous pouvez rester ici », déclara le comte.

« Et j’attends une explication plus tard. »

Il voulait qu’elle se repose avant de se joindre à eux pour le dîner, alors il avait ordonné à Stefan de la conduire à la chambre d’amis. Juste après leur départ, il avait posé ses coudes sur la table et ses mains sur la tête.

« Chéri », sa femme lui parla.

« Désolé, mais permets-moi de rassembler mes pensées », l’avait-il interrompu en fronçant les sourcils. Iris sourit faiblement et conduisit les enfants hors de la pièce. Le comte Bozes, tout seul, se demanda : « Qui est cette fille ? »

Le majordome des Bozes avait vu Mitsuha dans la chambre d’amis. Bien qu’elle montrait une expression sans prétention, elle souriait à l’intérieur, se disant, Victoire !

Une fois seule, Mitsuha avait commencé à sortir ses affaires de son sac à dos. La robe soigneusement emballée, les chaussures à talons protégés par du matériel d’emballage, le couteau pliant rangé dans son étui et le luxueux collier de perles qui attirait le regard. Les préparatifs se déroulaient à merveille.

Je suis une nouvelle Mitsuha maintenant, pensa-t-elle. Je ne suis plus Mitsuha Yamano, mais Mitsuha von Yamano… Une fille de la noblesse venant d’un pays lointain ! Je jouerai le rôle d’une héroïne courageuse qui cache sa véritable identité pour vivre comme une roturière dans ce pays ! Attendez, non, je ne vais pas simplement « jouer le rôle »… Je deviendrai véritablement ça ! Elle s’était convaincue avec de telles pensées tandis qu’elle se regardait dans un miroir.

Mitsuha avait abandonné l’idée d’essayer de jouer la roturière normale dès le premier jour. Elle n’aurait pas pu agir comme une fermière, même si elle l’avait voulu. Ils l’auraient soupçonnée dès qu’ils auraient vu ses mains propres et sans taches.

Quelques heures plus tard, Stefan était venu escorter Mitsuha au salon. En la voyant, il avait été tellement sidéré qu’il avait accidentellement émis un cri de surprise. C’était peut-être la plus grande gaffe que le maître d’hôtel à la volonté de fer ait jamais commise.

« Maître Bozes, j’ai amené Dame Mitsuha », dit Stefan.

« Excellent. Conduisez-la à sa place. »

Contrairement à l’audience précédente entre Mitsuha et eux, il s’agissait d’un dîner familial informel et non un dîner officiel avec un invité. Il n’y avait pas besoin d’utiliser un langage embelli.

Au moment où Mitsuha entra dans la salle, toute la famille Bozes oublia brièvement comment respirer. Elle était vêtue d’une robe d’un blanc éclatant et pur, des chaussures émaillées et d’un collier de perles d’une valeur inimaginable. Cependant, tout cela n’était que des acteurs secondaires qui s’efforçaient de mettre en valeur la beauté de la jeune fille. Tout le monde était silencieux, et on avait l’impression que le temps s’était arrêté.

Soudainement, un bruit brisa le charme. Stefan avait fait un pas particulièrement fort, ramenant le comte à la réalité. Les autres ne tardèrent pas à suivre, quoique maladroitement. Iris, en particulier, ne pouvait pas quitter le collier des yeux.

« Merci beaucoup à tous de m’avoir invitée », dit Mitsuha en soulevant l’ourlet de sa jupe et en s’abaissant d’une simple révérence. Elle avait ensuite pris place dans la chaise que Stefan lui avait présentée.

« Faites comme chez vous », dit le comte, qui s’appelait Klaus Bozes.

« Une fois de plus, bienvenue au manoir des Bozes. C’est une réunion de famille. Pas besoin de vous préoccuper des bonnes manières et autres, et n’hésitez pas à dîner à votre guise. Si vous êtes trop tendue, la nourriture ne sera pas aussi bonne. »

Mitsuha avait simplement répondu avec un sourire.

Pendant qu’ils mangeaient, ils ne parlaient que des choses les plus inoffensives. Klaus s’était excusé de ne pas avoir présenté sa famille lors de la première réunion et avait procédé de la sorte. Mieux vaut tard que jamais, bien sûr. Ils s’étaient mis à discuter des spécialités du comté, des endroits qui vendaient les meilleurs aliments, et ainsi de suite.

***

Partie 2

C’était amusant, mais pas vraiment fructueux. Mais après le dîner, avec seulement du thé, de l’alcool et des collations sur la table, il était enfin temps de mettre le sujet principal sur la table. Tout le monde était tendu, y compris Mitsuha.

« Maintenant, Lady Mitsuha », lui demande Klaus.

« O-Oui !? », lui avait-elle répondu.

« Oh, pas besoin d’avoir une telle réaction. Relax, ce n’est rien de grave. »

« Entendu », répondit-elle, toujours tendue. Se détendre n’était pas vraiment facile dans cette situation.

« Maintenant, pourriez-vous me dire qui vous êtes vraiment ? Si possible, j’aimerais une réponse honnête. »

Voilà, on y est !, pensa Mitsuha.

« Je viens effectivement d’un pays lointain », commença-t-elle.

« Je me suis présentée en utilisant mon nom de famille pour obtenir une audience, mais maintenant que je suis à l’étranger, le statut social que j’avais dans mon pays natal est presque vide de sens. »

Rien de tout ça n’était un mensonge. Elle venait en effet d’un pays très lointain et avait utilisé son nom de famille pour rencontrer le comte, que ce nom soit réel ou non. Mais à partir de ce moment, les vannes de ses mensonges étaient grandes ouvertes.

« Quant à savoir pourquoi j’ai quitté mon pays, eh bien… Il y avait un conflit pour savoir qui serait l’héritier. Mon père est décédé des suites d’une maladie, et il était évident que mon jeune frère, sage et gentil, prendrait sa place. Cependant, certains imbéciles ont insisté sur le fait que j’étais la meilleure candidate. Donc, avant qu’ils ne puissent faire de moi leur successeur et commettre des actes répréhensibles, j’ai laissé une lettre écrite à la hâte et ma maison derrière moi.

Je crois qu’ils avaient l’intention de faire de moi l’héritier afin de me forcer à épouser l’un de leurs fils et éventuellement usurper le nom de ma famille. Si j’étais restée à proximité, j’aurais pris le risque d’être capturé, e alors j’ai navigué vers ce continent. Je n’ai apporté que quelques effets personnels, dont ce collier, un souvenir de ma mère. »

Mitsuha avait raconté son histoire de manière raffinée.

Oh, je pense que je peux comprendre ceux qui ont insisté pour qu’elle soit l’héritière, pensa Klaus. Ils doivent être bouleversés qu’elle se soit enfuie à cause d’eux… Il avait pitié des vassaux inexistants.

« Quoi qu’il en soit, je ne peux plus y retourner, alors j’ai décidé d’essayer de vivre dans ce pays », avait poursuivi Mitsuha.

« Si je vends le souvenir de ma mère, je devrais avoir les fonds dont j’ai besoin… »

« VOUS… QUE VOUS VENDIEZ CAAA !? », hurla Iris.

« Savez-vous quel genre de collier c’est !? »

« Ah, oui. Ce sont de vraies perles, donc j’imagine qu’elles ont beaucoup de valeur. Vous insinuez que ce sont des fausses ? »

« Huh …!? Vous ne comprenez vraiment pas ! »

Iris était si agitée qu’elle avait commencé à frapper la table.

« Écoutez, ma fille, les prix des perles sont très variés. La valeur change en fonction de la couleur, de la forme, de la taille, de l’épaisseur de la nacre, et plus encore. Maintenant, pensez à votre collier ! Les perles sont parmi les plus grandes en taille, et sont presque parfaitement sphériques ! La couleur profonde me dit tout sur l’épaisseur de la nacre !

Et en plus il y en a un set complet !! Une ou deux perles suffisent amplement ! Vous pourriez en faire de belles bagues, des boucles d’oreilles, des épingles à cheveux, ou des broches justes avec cela. Mais un collier entier, fait de ces perles de haute qualité !? Qu’est-ce que c’est que ces bêtises !? Savez-vous combien de coquillages vous devez ouvrir pour trouver une perle !? Et combien de ces perles conviendraient à de tels accessoires !? Un collier fait des plus belles et les plus éclatantes perles que vous puissiez avoir !? Impossible ! Cela ne devrait tout simplement pas exister ! »

Elle avait encore frappé la table.

En voyant leur douce mère devenir si menaçante, les enfants avaient eu peur.

« Dame Iris, voulez-vous l’avoir… ? », demanda Mitsuha.

Son offre explosive avait transformé Iris en pierre. Elle regarda lentement et d’une manière rigide Klaus. Les mouvements tectoniques dans son cou étaient pratiquement audibles.

Klaus pâlit et demanda :

« I, Iris, quel serait le prix pour ça ? »

« Le prix ? Absurde. Encore une fois, c’est quelque chose qui ne devrait pas exister. C’est un trésor inestimable et unique en son genre. C’est un symbole de statut dont vous pouvez vous vanter n’importe où dans le monde, et personne ne pourra espérer vous égaler. C’est un trésor de rêve, et l’histoire se souviendrait de vous comme la personne qui l’avait possédé. Croyez-vous vraiment qu’un roi ou un marchand fortuné s’opposerait à se séparer de ses richesses pour cela ?

Oh, et gardez à l’esprit que vous ne devez pas l’apporter aux enchères. Les gens essayeraient de vous le prendre de force et n’hésiteraient pas à tuer pour l’obtenir. Et celle qui l’a présenté — vous — serait kidnappée le même jour, puis interrogée violemment sur l’endroit où vous l’avez eu. »

HEIN ! C’EST BIEN PLUS IMPORTANT QUE CE QUE JE PENSAIS !

Mitsuha frissonna devant les paroles de la dame. Elle avait acheté le collier en supposant que les perles de culture n’existaient pas ici et qu’elles se vendraient donc à un bon prix, mais c’était au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer. Elle savait qu’un accessoire bon marché dans un monde pouvait être un véritable trésor dans l’autre, mais elle n’avait aucune idée qu’un collier de perles de culture serait aussi puissant.

J’aurais dû opter pour un collier à 300 000 à 500 000 yens (2430 à 4050 euros), pas pour un collier luxe à 1,3 million de yens (10 530 euros). Ou peut-être que j’aurais dû choisir des pierres artificielles… Mitsuha avait essayé de garder à l’esprit que certains types de bijoux pouvaient perturber le marché et qu’elle pouvait être traquée pour en trouver la source. C’était pour cela qu’elle l’avait apporté directement au manoir des Bozes, pour le garder hors du marché.

Cet échange est mon pari décisif, pensait-elle. J’étais sûre que je m’en sortirais avec assez d’argent et d’alliés pour avoir ma propre maison. C’était pourquoi j’avais opté pour le plus cher que j’avais pu trouver, et… Ah !

« Dame Iris… Et si je le casse afin d’en vendre les perles ! »

Mitsuha avait immédiatement été abattue par le regard foudroyant d’Iris.

« LE BRISER !? C’EST UN TRÉSOR DIVIN DIGNE DES DÉESSES ! VOULEZ-VOUS VOUS ATTIRER LA COLÈRE CÉLESTE ? »

Qu’est-ce que je suis censée faire maintenant !? Après un bref silence, elle décida d’essayer à nouveau de le vendre. Elle n’avait pas le choix.

« Mais que dois-je faire si je ne peux pas le vendre ? Je n’ai pas d’argent et je ne peux compter sur personne dans ce pays. Je serai dans une impasse. Aussi joli soit-il, ce collier ne m’est d’aucune utilité. Je préfère avoir les moyens de subvenir à mes besoins ! »

« Mais n’est-ce pas un souvenir de ta mère ? », demanda le comte.

« Maman ne voudrait pas que je m’y accroche si fort que j’en meurs de faim. Elle préférerait que je le vende afin que je puisse vivre une vie heureuse. »

« H, Hmm, je suppose que c’est vrai… »

Le comte faisait de son mieux pour empêcher toute vente de l’objet, mais son argument l’avait fait taire.

« C’est pourquoi j’aimerais que Dame Iris l’ait. Personne n’obligerait une comtesse à lui dire d’où il vient, et il n’apparaîtra pas sur le marché, donc il n’y aura pas de bouleversement. »

« Mais le prix… »

Le comte se raidit. Il était temps pour elle d’aller droit au but.

« Je n’ai besoin que d’assez d’argent pour ouvrir un magasin dans la capitale. Je peux m’occuper du reste moi-même ! »

« Mais Mitsuha, vous… »

Dame Iris avait l’air complètement décontenancé, mais Mitsuha ne pouvait pas s’arrêter maintenant. Elle avait déjà un plan.

« C’est très bien. Et puis, » dit-elle en levant les yeux vers elle, « Je veux vraiment que vous l’ayez. Si jamais j’ai besoin de me souvenir de ma mère, vous pourrez me serrer dans vos bras en le portant et… »

Elle se tut tout en baissant ses yeux. Dame Iris trembla, des larmes lui montèrent aux yeux.

« Oh, Mitsuha ! »

Elle s’était précipitée, sa chaise était tombée alors qu’elle serrait Mitsuha dans ses bras.

« Dame Iris… »

Oui ! Ça marche ! pensa Mitsuha. Ces nobles n’avaient aucun téléviseur, peu de livres qu’ils pouvaient lire pour s’amuser, et à peine d’autres formes de divertissement. Leur seul accès aux romances était par le biais de pièces de théâtre — des événements rares, même pour les élites — et d’histoires de leurs mères ou de leurs infirmières au moment du coucher. Ils n’avaient à peu près aucune résistance aux romances classique, alors ils s’étaient rapidement accrochés à la sienne.

Bien sûr, les Bozes n’étaient pas des imbéciles. En fait, ils étaient tout à fait capables. Mais comme on l’avait dit à Mitsuha, toutes les personnes de cette famille étaient gentilles et généreuses. Peut-être que Mitsuha aurait choisi une autre voie si celle-ci présentait des inconvénients, mais il n’y en avait pas. La situation actuelle était avantageuse pour toutes les parties concernées.

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Partie 3

Après que tout le monde se soit calmé et que la salle soit redevenue paisible, les trois enfants, qui n’avaient pu se résoudre à parler au nom de leur père ou de leur mère enragée, avaient finalement rejoint la conversation. Ils mouraient d’envie de parler à Mitsuha.

« Mitsuha, tes beaux cheveux noirs, tes yeux sombres et mystificateurs… », dit l’aîné.

« Ce doivent être des cadeaux d’une déesse, qui t’a été accordée à toi seule… »

« Ah, la plupart des gens de mon pays ressemblent à ça. »

Alexis, le premier-né avait atteint l’âge de dix-sept ans quand il fut été abattu en quelques secondes. Dites une prière pour lui, si vous le voulez bien.

« Mitsuha, ce couteau polyvalent que tu as donné à papa est tout simplement incroyable. As-tu apporté autre chose de ton pays ? », demanda Théodore.

C’était le benjamin, il était âgé de quinze ans. On pouvait dire qu’il était prudent rien qu’en regardant son visage. Dans un RPG, il serait sans aucun doute un mage.

« Oh, j’ai aussi un couteau pliant ordinaire », dit Mitsuha avant de soulever sa robe, afin de retirer le couteau d’une ceinture de cuisse et de le poser sur la table.

« Le voilà. »

« M,Mitsuha ! »

Béatrice pleurait, tandis qu’Alexis et Théodore rougissaient comme des betteraves. Hein ? Ai-je fait quelque chose ?

« C’est pointu, alors fais attention. »

Mitsuha déplia le couteau et le tendit à Théodore.

« Wow », il avait sursauté. Le tranchant et la beauté de la lame, le détail de la poignée, la portabilité et la sécurité de la lame grâce à sa pliabilité… Tout cela était réuni et l’avait laissé stupéfait.

« Ah, veux-tu l’avoir ? », lui demanda Mitsuha.

« Hein ? »

« Je le garde pour ma protection, mais j’en ai un autre. Veux-tu l’acheter pour une pièce d’or ? »

« Oui, s’il te plaît ! »

Il n’avait pas hésité un instant.

Les conversations pendant le dîner avaient donné à Mitsuha une idée assez correcte de la valeur de la monnaie locale. Elle en avait aussi parlé aux villageois, mais elle ne se sentait pas entièrement confiante dans leur sensibilité fiscale. Sans vouloir vous offenser, bien sûr.

Bref, elle avait estimé qu’une pièce d’or valait environ 100 000 yens japonais (810 euros). J’ai juste vendu ce couteau pour un peu moins de dix fois sa valeur d’origine, alors je dirais que je suis assez généreuse ici, s’exclama-t-elle, satisfaite. Du moins selon les standards de mon magasin. Je suis sûre que de toute façon une pièce d’or n’est pas grand-chose pour un garçon noble. Considère ça comme un rabais pour mon premier client, fiston.

Attendez une seconde, j’ai apporté une arme au dîner d’une noble famille ! Ai-je merdé ? Elle avait rapidement scanné son entourage. Oh, eh bien, ils n’ont pas l’air si dérangés que ça. Bien que Mitsuha n’y avait pas prêté beaucoup d’attention, on pouvait objectivement dire que c’était une très mauvaise décision. Sa grâce salvatrice, c’était que cela s’était passé dans ce foyer particulier. Tout le monde ici pensait que Mitsuha était une jolie petite fille, mais fragile. Quelqu’un comme elle avait sûrement besoin d’une arme pour se défendre, non ? C’était ainsi que raisonnaient les Bozes, mais si d’autres nobles avaient été là, ils n’auraient pas été aussi cléments.

La lueur dans les yeux de son frère avait dû rendre Alexis jaloux. Il s’était approché de Mitsuha et lui avait demandé la chose suivante :

« Hé, as-tu d’autres choses !? As-tu d’autres trucs !? »

« Hrmm... »

Rien ne m’était venu à l’esprit au début.

« Je ne peux vraiment pas vendre l’autre, car j’en ai besoin pour me défendre pendant mon voyage. S’il y a autre chose de mon pays dont je peux me débarrasser, ce sont mes sous-vêtements de rechange ! »

« VENDU ! », cria-t-il en réfléchissant.

Il avait immédiatement été confronté à plusieurs regards glaciaux.

« Alexis… », dit Dame Iris en le fixant.

« Cher frère… », Béatrice s’était jointe à elle.

La froideur de leur réaction combinée avait gelé Alexis en place. Il valait peut-être la peine de noter que le comte Bozes avait ouvert la bouche et presque dit exactement la même chose que son fils aîné, mais qu’il soupirait maintenant de soulagement de ne pas l’avoir fait. Il y a des limites que vous ne pouvez pas franchir, comte !, pensa Mitsuha en le regardant. De toute façon…

« Ça fera cinq pièces d’argent, s’il te plaît. »

« Vous les vendez vraiment !? », s’exclamèrent les Bozes à l’unisson. Théodore était la seule exception.

« Je paierais une petite pièce d’or », avait-il dit, augmentant le prix comme s’il s’agissait d’une vente aux enchères.

Eh bien, il est certain que personne ne l’avait vu venir celle-là, pensa Mitsuha. Cependant, grâce à l’intervention de Lady Iris, la vente n’avait jamais eu lieu, elle n’avait donc pas reçu sa petite pièce d’or. Ça aurait fait environ 10 000 yens (81 euros)… C’est vraiment dommage. Sachez que les sous-vêtements n’ont pas été utilisés !

« Au fait, tu as dit que tu ouvrirais un magasin dans la capitale. Quel genre de magasin, très chère ? », demanda Béatrice.

Âgée de treize ans, elle était la plus jeune enfant et la seule fille. Ses cheveux dorés et ses yeux azur lui donnaient l’air d’une fille noble exemplaire, mais au lieu d’être du type « rose épineuse », elle était plutôt adorable.

Elle semble penser que je suis plus jeune qu’elle, et je ne peux pas lui en vouloir. Elle est à peu près aussi grande que moi, peut-être un peu plus grande, et elle a déjà au moins un bonnet C… Mitsuha pleurait tellement intérieurement qu’elle n’avait pas pu s’empêcher de pleurer. C’est dû à ma race, OK !? Elle est blanche, je suis asiatique ! Vous ne comparez pas les chihuahuas et les golden retrievers, n’est-ce pas !? C’est la même chose ! Ce n’est pas la peine ! Compris !? Ses pensées étaient si intenses qu’elle s’était mise à haleter. C,Calme-toi, Mitsuha ! Respire profondément ! Inspire… et expire ! Inspire… et expire !

« J’envisage d’ouvrir un magasin général », dit-elle.

« Un magasin général ? », Béatrice avait l’air perplexe.

« Oui. Je vendrais des bibelots, du maquillage, de jolis accessoires… Surtout des choses amusantes pour les filles, avec quelques articles pratiques en plus. J’aimerais aussi avoir un coin-conseil où je pourrais partager les connaissances de mon pays. »

« Wôw, ça a l’air génial ! Mais qu’entends-tu par “coin-conseil” ? »

« D’après ce que je peux voir, ce pays est très différent du mien. Donc, si les gens d’ici ont un problème sérieux qui a déjà été résolu dans mon pays, je pense que je pourrais les aider en leur donnant la solution. »

« C’est certainement intrigant », avait dit le comte Bozes.

Oh ? Est-ce qu’il serait possible qu’une affaire le tracasse ? pensa Mitsuha, avant de demander :

« Y a-t-il quelque chose qui vous tracasse, comte ? »

« Hmm, je dirais que oui. », répondit-il, apparemment perdu dans ses pensées.

Au bout d’un moment, il fit un sourire tendu et forcé.

« Pour aucune raison perceptible, les deux dernières récoltes dans notre région ont donné moins de blé qu’auparavant. Mais je doute qu’on puisse y faire quelque chose. »

« Hein ? N’est-ce pas juste des dégâts liés à la répétition des cultures et à un manque d’engrais ? »

« Quoi ? »

Il la dévisageait, stupéfait.

Mitsuha avait expliqué que cultiver sans cesse les mêmes cultures consommait les mêmes nutriments et épuisait le sol. Il devait utiliser quelques autres cultures et « tourner » entre elles. Il devait aussi fertiliser les champs en les utilisant comme pâturages, ou en les recouvrant d’une couche de compost ou d’humus. Elle n’avait donné aucun nom de culture et avait omis beaucoup de détails — cette information avait bien sûr un prix.

Le comte paya sans hésiter et posa question après question. Toutes les paroles avaient séché la gorge de Mitsuha, alors elle s’était mise à boire. Leur conversation avait pris une tangente et ils se mirent à traiter d’autres sujets.

« Vous devez développer une spécialité locale ! Vous avez deux options : soit vous faites quelque chose qui ne peut être fait que dans le comté de Bozes, soit vous faites quelque chose qui est bien meilleur que la concurrence ! Vous devez faire de votre nom une marque !

Augmentez les tarifs et vous gagnerez moins d’argent avec les impôts ! C’est du bon sens ! Accroître la demande intérieure ! Augmentez votre pouvoir d’achat ! Et attirer les marchands ! MARCHANDS !

Songez aux inventions ! Inventez quelque chose et produisez-le en masse ! Pensons à quelque chose tout de suite ! »

La fin de la conversation n’allait à première vue nulle part, et la voix de Mitsuha semblait se faire plus fort.

Il y a quelque chose qui cloche chez elle, pensa Iris, qui se rendit vite compte que Mitsuha ne tenait pas un verre de thé ou de jus, mais un verre de vin à la place. Cependant, incapable de nier la valeur des paroles de la jeune fille, elle feignait l’ignorance. C’était l’épouse d’un noble jusqu’à la moelle.

« Mitsuha, tu as une sacrée bonne descente ! » s’écria le comte Bozes, qui était aussi un peu ivre.

« Oh, allons donc Père ! Ah… », Mitsuha gela sur place.

Pourquoi ai-je dit ça ? Ma langue a-t-elle fourché ? Je m’amuse tellement, c’est comme si je me trouvais encore avec ma famille. Je n’avais pas pleuré quand c’était arrivé… J’avais pourtant tenu le coup assez bien. Et aussi pendant les funérailles. Et maintenant, je…

En un rien de temps, Mitsuha se mit à verse des larmes.

« C’est bon, ça ne me dérange pas si tu m’appelles “Père” », dit Klaus en l’embrassant doucement. Mitsuha s’agrippa à son torse virile et pleura comme un bébé jusqu’à ce qu’elle soit épuisée au point de s’endormir.

***

Partie 4

Je ne reconnais pas ce plafond, pensa Mitsuha. Cette blague devient lassante, hein ? Elle était maintenant seule dans la chambre d’amis, enterrée sous les draps de son lit. S’ils n’étaient pas au courant, quelqu’un aurait pu penser que c’était une prisonnière. Et elle l’était, d’une certaine façon, considérant qu’elle s’était enfermée dans sa chambre par pure gêne.

J’ai vraiment pleuré ! Des gémissements, des pleurnichardes, et tout le reste avec! Je suis maintenant une femme adulte qui s’est mise à pleurer contre le torse d’un homme ! Bien sûr, le comte est un bon et gentil gentilhomme à tout égard… Et tout le monde semble avoir officiellement déclaré que j’avais douze ans, alors peut-être que ce n’était pas si mal.

La voiture qui se dirigeait vers la capitale devait arriver dans deux jours plus tard, alors elle avait simplement prévu d’attendre son départ. Cette situation était trop délicate pour qu’elle puisse revenir sur Terre. Elle avait le temps, mais elle ne pouvait pas prendre le risque qu’ils découvrent qu’elle s’était volatilisée. Quoi qu’il en soit, elle avait tout ce dont elle avait besoin avec elle, elle n’avait donc pas l’impression que le problème était réel.

Voyons voir, deux couteaux, une épée courte, trois armes de poing avec chargeur de rechange… Hm ? Vous vous demandez pourquoi j’ai deux couteaux alors que j’ai dit à Alexis que je n’en avais qu’un ? Je parlais des couteaux pliants que j’avais cachés sur moi pour me défendre. Celui que j’ai mentionné était le couteau de chasse Randall que j’avais mis dans ma ceinture pour que tout le monde puisse le voir.

Hein ? Vous pensez que j’ai trop d’armes ? Allez, j’ai besoin de tout ça au cas où je serais attaquée par des bandits ou des monstres en chemin ! Le revolver me sera utile au moment où les autres armes seront coincées, et les armes cachées me seront utiles si je me fais attaquer quand je me changerais. Le couteau de chasse est là pour les cas d’urgence, mais il a d’autres utilisations aussi, comme trancher les oreilles de gobelin et tout ça… Quoi ? Quoi ? On n’a pas de telles quêtes ici ? D’accord, c’est bon !

L’épée courte, c’était juste pour le spectacle. Les gens de ce monde ne verraient probablement pas les armes de poing comme des armes, de sorte que Mitsuha ne pouvait pas être sûre qu’elle ne serait pas la cible, disons, de marchands d’esclaves qui la considéreraient comme une proie facile. L’épée était donc là pour dire aux gens : « Bas les pattes ! »

Oh, et voilà mon entraînement, bien sûr!

Revenons à quelques jours en arrière, lorsque Mitsuha était retournée dans le bureau du capitaine de l’organisation mercenaire privée « Wolfgang ».

« Voilà, mademoiselle », avait dit le capitaine à son entrée. Quelle salutation !

« Je suis là, capitaine », répondit-elle.

Ses mots le firent soupirer et baisser la tête. C’était un groupe de mercenaires, mais il n’était que « capitaine ». Personne ne l’avait appelé par son nom. Faire fuiter les vrais noms des mercenaires à l’extérieur n’est probablement pas une bonne chose, s’était dit Mitsuha. Peut-être qu’ils seraient heureux quand leur groupe deviendra célèbre ? Je n’en ai aucune idée.

« La préparation est terminée. Suivez-moi », dit-il tout en l’emmenant au stand de tir.

« Whoa! », lâcha-t-elle.

En voyant les armes sur la grande table, Mitsuha était si excitée qu’elle ne pouvait pas se contenir.

« C’est ce que vous avez commandé », avait expliqué le capitaine.

« Tout d’abord, l’épée décorative courte. Cette arme est nouvelle, pas une antiquité. Les antiquités sont fragiles et feront un trou dans votre portefeuille. Elle est vendue avec son fourreau, alors mettez-la à votre ceinture. Ça ne servira pas à grand-chose dans un combat, mais comme vous utiliserez vos autres armes, vous n’en aurez pas besoin. »

Mm, tout cela me semble correct. Je ne devrais pas avoir de problème à le tenir, de toute façon, pensa-t-elle.

« Ensuite, l’arme d’autodéfense, un Walther PPS. Il est petit et pèse un peu plus d’une livre (500 grammes). Il utilise des balles de 9 millimètres et vous pouvez en mettre huit dans le chargeur. Neuf si on compte celle qui est dans la chambre. Cela fait le travail dans la plupart des situations d’urgence. Si vous voulez quelque chose d’encore plus léger, il y a des canons de calibre 22, mais ils n’ont pas beaucoup de punch. Celui-ci est populaire parmi les femmes qui cherchent à se défendre. »

Oui, ça m’a l’air d’aller.

« Maintenant, votre arme principale, un Beretta 93 R. Il pèse deux livres et demie (1250 grammes), cette arme est plus lourde, mais elle utilise des chargeurs de quinze et vingt balles, plus la balle dans la chambre. Cette arme est de calibre 9mm. Le plus gros type de tir que vous puissiez faire avec cette arme est le mode rafale à trois balles. Vous pouvez passer du simple tir à la rafale comme ça. »

Il avait fait une petite démonstration.

« Allez-y à fond et vous allez manquer de munitions en une seconde, mais cela fonctionnera à merveille si vous avez besoin de tuer quelqu’un au moment où une bataille commence. Conservez-le en mode rafale et passez en mode de tir unique lorsque vous en aurez besoin. »

Oho. Oui, c’est un peu lourd, mais j’aime le mode rafale. Bon choix, capitaine !

« Et ça, c’est le revolver. C’est un calibre 38 », dit-il, sans ajouter un mot de plus.

Hein ? C’est tout ? Détestes-tu autant les révolvers ?

« Vous pouvez utiliser vos chargeurs de rechange pour jouer avec différentes balles. Il y a des balles perforantes, elles traversent des gilets pare-balles. Les pointes creuses peuvent neutraliser la cible même si vous manquez ses points critiques. Si vous utilisez un fusil, il y a des FMJ, et les mitrailleuses ont des traceurs et des balles perforantes incendiaires. »

O-Oui…

« Maintenant, essayez de le mettre dans son étui et de le mettre en place. Ensuite, il est temps de passer aux instructions et de s’entraîner au tir. Je vais vous dire comment vous occuper d’eux et vous donner quelques trucs à garder à l’esprit. On s’occupera de l’entretien pour vous. Apportez-les ici après les avoir beaucoup utilisés ou quand vous sentez que c’est le moment. »

En d’autres termes, Mitsuha n’aurait pas pu être mieux préparée pour le voyage. Ah ! J’aurais dû apporter des grenades aussi ! J’ai merdé !

Hein ? Vous vous demandez si je pourrais vraiment tuer des gens avec ça ? Bien sûr que je le pourrais. Avais-je une raison de ne pas le faire ? Je ne tuerais pas des gens normaux, bien sûr. C’est évident. Mais si quelqu’un avait essayé de me tuer, pourquoi l’épargnerais-je ? Vous attendriez-vous à ce que je respecte leur vie et que je me laisse mourir à la place ? Quelle blague !

Eh quoi, croyez-vous que je pourrais les attacher et leur parler sévèrement ? Ils m’attaqueraient à nouveau dès qu’ils se libéreraient. Sinon, ils s’en prendraient à quelqu’un d’autre. Combien de bonnes et honnêtes personnes seraient blessées ? Tout ce qui leur arriverait serait de ma faute. Si des innocents étaient tués, je serais leur meurtrière. Les ordures qui ont pris le mauvais chemin dans la vie ne sont plus des humains — ce sont des bêtes qu’il vaut mieux abattre.

Oh, et tuer des soldats ennemis me convient, même si ce ne sont pas des ordures.

Ils pourraient être de bons maris et de bons pères qui ne font que veiller sur leur famille, mais si’ils choisissent ce métier et s’approchent de quelqu’un avec l’intention de la tuer, elles ne pourraient pas vraiment se plaindre si c’était lui qui se faisait tuer. Bien sûr, certains se battent parce qu’ils ont été enrôlés ou quelque chose comme ça, et je compatis, mais à la fin, ma vie est importante et je ne veux pas mourir, donc je n’ai pas vraiment le choix.

J’ai vu des films où le personnage principal hésitait à tuer l’ennemi. Qu’est-ce que c’était que ça ? Allait-il bien dans sa tête ? Était-ce une marque de sa stupidité ? C’était encore pire quand leur hésitation causait la mort de leur ami ou de leur amant, entraînant encore plus de misère, de regrets, et euh… En gros, ils auraient dû garder cette pensée une fois qu’ils avaient tué l’ennemi, non ?

Quoi ? Non ? Ok…

“Mitsuha ! C’est l’heure du déjeuner !”

La voix d’une fille avait fait sortir Mitsuha de ses pensées délirantes et l’avait ramené dans la réalité. Celui qui l’appelait n’était pas le majordome, il craignait peut-être de réveiller une fille qui s’était endormie en pleurant. Si c’était le cas, il excellait certainement dans son travail.

Ce sera Sebastian pour toi, pensa Mitsuha. Oh ? Il s’appelle Stefan ? C’est dommage.

Le déjeuner avait été une expérience inconfortable. Ne vous inquiétez pas, tout le monde était encore très gentil avec Mitsuha. Ils n’avaient même pas mentionné les événements d’hier… mais leur regard l’avait rendue encore plus pénible. Elle était si mortifiée qu’elle ne pouvait même pas regarder le comte. Pour qu’elle se sente plus à l’aise, il avait soulevé toutes sortes de points de discussion.

***

Partie 5

Hein ? Des inventions ? La production de sel ? Des recherches sur des desserts ? Whoa, whoa, whoa, quelle genre de choses ai-je pu dire hier !? Faites comme si vous n’aviez rien entendu ! Hein ? Lequel est-ce que j’aime le plus ? De quoi ? De quoi ? Oh, vos fils… OK. Je ne suis intéressé par aucun des deux en ce moment. Rappelez-moi s’il vous plaît, n’ont-ils pas noué de lien depuis si longtemps que tu as peur que le puits se dessèche.

Quoi ? Quoi ? Pourquoi faites-vous la gueule, vous deux ? Oh, au fait, ça ne me dérange pas d’emmener la petite Béatrice. Hein ? Vous ne voulez pas qu’on t’appelle « petite » ? Vous savez que je serais votre grande sœur si j’épousais un de vos frères, non ? Quoi ? Vous allez arrêter ça quoiqu’il arrive ? Eh bien, faites de votre mieux. Je vais vous encourager.

Après le déjeuner, il y eut un tumulte. Pourquoi, me demandez-vous ? Pour Mitsuha, en fait. Le comte voulait parler d’agriculture, de foresterie, de taxes et de produits locaux. Lady Iris voulait faire du cosplay avec elle en utilisant les vieux vêtements de Béatrice. Alexis l’avait invitée pour une longue et pittoresque balade, mais elle n’était jamais montée à cheval.

Quant aux plus jeunes enfants… Théodore voulait en savoir plus sur les couteaux. Mitsuha connaissait certaines choses, comme le forgeage, l’alliage, les pourcentages de carbone et les prix. Mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander ceci : quel genre de gars insiste pour parler de couteau à une fille ? Béatrice, d’un autre côté, voulait simplement avoir une discussion de filles. C’était compréhensible, car il n’y avait probablement pas d’autres filles nobles de son âge dans le comté.

Très bien, il est temps d’essayer de vendre ces sous-vêtements (inutilisés) à nouveau. Petite pièce d’or, me voilà !

Beaucoup de choses se produisirent jusqu’au moment où il était enfin temps pour Mitsuha de se rendre dans la capitale. Oh, au cas où vous seriez curieux, ils discutèrent entre eux et ils prirent la décision de se la partager. Elle avait passé du temps avec l’un, puis l’autre, jusqu’à ce que tout le monde ait eu son tour. Elle avait à peine réussi à faire une pause.

Aussi, pourquoi diable Stefan s’était-il joint à la discussion sur le partage ? C’était un majordome, non ?

Quoi qu’il en soit, comme nous l’avions établi, divers événements s’étaient produits, et il était maintenant temps pour elle de partir.

« Prenez soin de vous, Mitsuha. Et essayez de ne pas vous lier avec des hommes suspects », déclara Dame Iris.

Oh, ne vous inquiétez pas, je me suis déjà beaucoup entraîné avec Alexis, se dit Mitsuha à elle-même

« Nous irons aussi à la capitale. N’oubliez pas de m’attendre », dit l’homme suspect en question. La saison des bals, un temps où les nobles se réunissaient dans la capitale pour diverses fêtes et occasions, approchait.

Je suis contente que ce ne soit pas maintenant, Alexis…

« Parlez-moi de votre pays la prochaine fois », dit Théodore.

Celui-ci s’intéressait beaucoup à la technologie.

Dommage que je ne puisse rien lui dire d’important. Pas encore, en tout cas. La patience est une vertu, petit !

« Quand je viendrai à la capitale, laissez-moi vous faire visiter tous les bons restaurants de la ville ! », dit Béatrice.

La fille semblait avoir bon l’appétit.

Le dernier, mais certainement pas le moindre, était le comte.

« Soyez prudente sur la route », dit-il.

« J’ai donné à votre escorte une lettre officielle demandant qu’on vous donne l’argent dont vous avez besoin. Il y a une limite, bien sûr, mais vous devriez pouvoir acheter autre chose qu’un palais luxueux. »

Je ne vous remercierai jamais assez, pensa Mitsuha.

Elle avait maintenant assez d’argent pour le voyage et tout ce dont elle avait besoin tout de suite. Elle avait aussi des pièces d’or qu’elle pouvait donner au capitaine. Elle mourait d’envie de savoir combien elles valaient sur Terre.

« Faites bon voyage. »

Stefan l’avait vue partir avec salut, elle se dirigea vers la voiture en compagnie de sa suite.

Oui… ma suite.

Les Bozes ne l’avaient tout simplement pas autorisée à voyager seule. Elle avait fait valoir le fait qu’elle sera avec plusieurs autres passagers à l’intérieur de la voiture, mais ils avaient quand même refusé. La saison des bals étant proche, ils voulaient aussi envoyer deux de leurs serviteurs en plus pour préparer la maison et s’étaient dit qu’ils feraient aussi bien d’aller avec elle. L’une était une femme de ménage d’une vingtaine d’années et l’autre un garde du corps d’une trentaine d’années. Le voyage durant une semaine, cela permettra à Mitsuha d’avoir quelqu’un à qui parler.

La calèche n’était pas le genre de décoration habituel utilisé par les nobles, c’était un chariot couvert qui pouvait accueillir un bon nombre de personnes. Il était tiré par deux chevaux et ressemblait à l'un de ses chariots bâchés peut être que vous pourriez voir dans les westerns. Outre les deux cochers qui la conduisaient à tour de rôle, il y avait sept passagers : Mitsuha est son groupe de trois personnes, un marchand d’âges moyen, plutôt grassouillet, une jeune mère avec sa fille et un jeune homme habillé comme un aventurier.

Aventurier !? N’est-ce pas un vrai boulot, bon sang ? Mitsuha se réprimanda rapidement pour son fantasme lorsqu’elle réalisa qu’il était probablement un garde du corps. Mais ça pourrait facilement juste être un passager. Quoi qu’il en soit, le voyage sera long. Mitsuha espérait discuter avec eux pour recueillir des informations, alors elle s’était dit qu’elle le découvrirait tôt ou tard.

Quelques heures s’étaient écoulées. Mitsuha en était venue à réaliser que son groupe — elle-même, une servante et un garde du corps — ressemblait clairement à une fille noble et à sa suite. Elle pouvait dire que les autres passagers étaient perplexes quant à la raison pour laquelle elle n’utilisait pas sa propre voiture, elle l’avait vu dans leurs yeux. Pire encore, ils l’évitaient activement ou prétendaient qu’elle n’était pas du tout là. Ugh, allez, bon sang!

Sept jours plus tard, ils étaient arrivés à la capitale. Et deviner quoi ? Il ne s’était rien passé de mal ! Nous n’avions pas du tout été attaqués par des bandits ni par des monstres affamés ! C’est dans un sens logique. Si des attaques de bandits se produisaient tout le temps, personne ne voyagerait ou ne ferait des échanges. Ouaip ! Je le savais ! Cependant, ce n’était pas comme si le fait d’accumuler les protections n’avait pas de sens. Elle était certaine qu’elles seraient utiles tôt ou tard.

La voiture avait ramassé et déposé de nombreuses personnes en cours de route. Pendant que Mitsuha discutait avec la bonne et le garde du corps, les autres avaient réalisé qu’elle était inoffensive et qu’elle ressemblait à une roturière, alors ils avaient aussi brisé la glace. Elle avait pu apprendre beaucoup du marchand. Elle avait même eu envie de lui faire quelques faveurs quand elle deviendra riche. Lui aussi était attaché à la capitale.

Une fois qu’ils avaient quitté la voiture, les préposés de Mitsuha l’avaient suivi au lieu de se rendre directement dans le manoir du comte — ce qui était les ordres du comte. Ils ne pouvaient pas la quitter avant qu’elle ne soit arrivée à l’auberge. Quel papa poule, pensa Mitsuha. Il avait d’abord insisté pour qu’elle reste dans la capitale et n’acceptait pas un non comme réponse. L’amener à la laisser aller où elle voulait était un travail éreintant. Elle avait dû prononcer des phrases aussi banales que :

« Je ne peux pas devenir indépendante de cette façon ! Je veux vivre comme un roturier, pas comme un noble ! »

Pourquoi a-t-il agi comme s’il avait un pouvoir sur moi, de toute façon ? Je suis resté chez lui quelques jours et je lui ai vendu un collier. Pour pas cher, aussi ! Hmph ! Bien que… oui, je voulais m’assurer d’avoir verrouillé son soutien. Mais attendez, c’est lui qui a recommandé l’auberge. J’espère que ce n’est pas une auberge pour noble qui coûte un bras et une jambe, n’est-ce pas ?

À la surprise de Mitsuha, c’était une auberge assez normale destinée aux roturiers. Il s’était avéré que la dame responsable du lieu était originaire du comté de Bozes et qu’elle connaissait le comte. Pour lui, c’était juste une auberge bon marché et fiable. La femme de chambre et le garde du corps avaient attendu jusqu’à ce qu’elle arrive, afin de remettre la lettre au propriétaire et se rendre au manoir des Bozes.

Très bien, je peux maintenant retourner sur Terre autant que je le veux ! Il est temps de passer aux choses sérieuses… Trouvons un endroit où je peux faire fortune !

***

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