Rougo ni Sonaete Isekai de 8-manmai no Kinka wo Tamemasu – Tome 1 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : Mitsuha va dans un autre monde

Partie 2

« Où suis-je ? »

Mitsuha regarda autour d’elle.

De l’écorce, des feuilles, de l’herbe, beaucoup d’arbres… Oui, je suis dans une forêt. Hé, attendez, attendez une seconde ! Je viens de tomber d’une falaise ! Il n’y avait que des vagues et des rochers au fond, non ?!, pensa-t-elle, déconcertée. Mais elle n’était pas en train de se plaindre de ce nouveau développement. Se réveiller dans une forêt au hasard, ce n’est pas génial. Mais c’est bien mieux que de se transformer en traces rouges sur des rochers !

Avec de telles pensées en tête, Mitsuha se leva par réflexe et vérifia son état. Oui, « par réflexe ». Qu’il s’agisse d’une habitude ou d’une sorte d’adaptation, Mitsuha avait toujours été ainsi depuis aussi longtemps qu’elle pouvait s’en souvenir. Dans la plupart des cas, elle avait donné la priorité à l’action (on pensait pourtant qu’elle réfléchissait avant d’agir). Elle ne pensait pas que c’était tout à fait normal, mais les recherches superficielles pour identifier cette maladie n’avaient pas porté ses fruits.

Imaginez un instant qu’une balle volait vers vous. Vous auriez généralement deux choix : l’esquiver ou l’attraper. Vous ne perdriez pas votre temps à penser, Oh, regardez, il y a une balle qui arrive. Que dois-je faire ? Est-ce que je l’attrape ? Ou l’esquiver ? À gauche ? Peut-être à droite ?

D’un autre côté, vous ne feriez jamais d’actes réfléchis. Selon Mitsuha, le temps était un luxe qui permettait une réflexion et une stratégie approfondies. En un clin d’œil, vous ne pouviez compter que sur votre intuition pour traiter l’information dont vous disposiez afin de choisir la meilleure marche à suivre. Selon ses propres termes, les réflexes étaient le premier secours du mouvement. Ces réflexes se limitaient généralement à des mouvements physiques de base, mais dans son cas, ils semblaient s’appliquer à un plus large éventail d’actions, bien qu’elle n’ait pas entièrement compris pourquoi.

Un ami avait dit une fois à Mitsuha :

« Tu ne te demandes jamais pourquoi tu fais des trucs après les avoir faits, n’est-ce pas ? »

C’était ainsi que notre cher protagoniste avait reçu le surnom de « Spex », abréviation de « Spinal Reflex ».

Enlevez une lettre et ça devenait vraiment obscène, bon sang !

Peut-être que tous les êtres humains avaient la capacité de penser et de prendre des décisions en un instant, mais ils avaient omis de recourir à des processus de réflexion plus approfondis pour comprendre pourquoi ils les avaient pris.

Ah, mais nous sommes partis dans une tangente maintenant. Il est temps de la maîtriser et de revenir à ce qui compte vraiment, d’accord ?

OK, je ne suis blessée nulle part, et j’ai l’air à peu près normale. J’ai mon portefeuille, ma clé de maison… Mais qu’en est-il de la carte d’étudiant que j’ai depuis trois ans ?! Oh, c’est vrai. J’ai eu mon diplôme. Mitsuha avait également vérifié le grand sac à bandoulière qui était tombé avec elle et l’avait trouvé encore rempli de son parapluie, de mouchoirs et d’un sac d’épicerie en plastique. Ce dernier, selon elle, était particulièrement sous-évalué.

Après s’être assurée qu’elle avait tous ses membres et ses biens, Mitsuha avait vérifié son environnement. La forêt était relativement dense et la zone dans laquelle elle avait débarqué ne montrait aucun signe d’activité humaine. Elle ne voyait aucun sentier piétonnier et ne pouvait pas détecter les gens à proximité.

Je suppose que je vais devoir marcher, pensa-t-elle, alors qu’elle était déjà en marche.

Deux heures passèrent, et Mitsuha s’épuisa rapidement. Peu de rayons de lumière avaient traversé la canopée, à peine assez pour éclairer son chemin. Sans aucune idée de l’endroit où elle se dirigeait, tout ce que Mitsuha pouvait faire, c’était aller de l’avant, en évitant les arbres et les rochers sur son chemin. Elle sentait qu’il était tout à fait possible qu’elle tourne en rond, alors elle avait commencé à marquer certains des objets qu’elle voyait. Quand elle ne les voyait pas une nouvelle fois, elle interprétait cela comme un signe encourageant.

Je dois partir d’ici avant qu’il fasse nuit. Qui sait quels prédateurs vivent dans ces bois ? Je suppose que je pourrais dormir dans un arbre s’il le fallait, mais je me vois très bien me retourner et tomber de là. Je dois aussi trouver de l’eau… Y a-t-il un ruisseau ou quelque chose à proximité ? Quelques fruits juteux devraient aussi suffire.

« Bon sang, je suis fatiguée. »

Mitsuha marchait depuis environ quatre heures. Sur un bon sentier pédestre, elle ne se serait pas fatiguée aussi rapidement, mais elle se promenait à travers les sous-bois sauvages de la forêt. Ses muscles étaient devenus raides et ses pieds palpitèrent. Le soleil commençant aussi à se coucher, elle avait donc décidé de grimper dans le premier arbre acceptable qu’elle rencontrera afin de passer la nuit ici.

Bien sûr, je ne dormirai probablement pas très bien, mais venir ici la nuit, c’est du suicide. Mon corps n’y résistera pas. De plus je ne verrais plus rien dans le noir, je ne serais plus qu’une délicieuse proie pour les chasseurs nocturnes qui rôdent autour.

Le matin suivant, Mitsuha était éreintée. Elle avait repris sa marche au lever du soleil, il y a trois heures, bien qu’elle n’ait pas pu dormir de toute la nuit. Non seulement elle avait peur de tomber de l’arbre qu’elle avait choisi, mais elle ne possédait aucune couverture ou quoi que ce soit d’utile, même de loin, pour la protéger les branches dures et noueuses.

« Ah ! »

Elle avait poussé un cri aigu en entendant un bruit désagréable venir de sa cheville gauche.

Sa fatigue corporelle et sa somnolence l’avaient distraite, alors elle avait fait un faux pas et s’était tordu la cheville sur une racine. Merde, ça fait mal, jura-t-elle intérieurement.

Cependant, elle l’avait enduré. Ce n’était pas comme si elle avait le choix. Rester en place n’améliorerait pas sa situation, et ce n’était pas comme si elle pouvait guérir miraculeusement si elle se reposait. Non, elle se forcera à continuer de marcher jusqu’à ce qu’elle trouve un village ou, au minimum, un sentier pédestre. Ce ne serait pas un choix idéal pour sa jambe, mais c’était mieux que la mort.

Quelques heures de plus étaient passées depuis. Mitsuha n’était pas tombée sur de la nourriture ou de l’eau pour soulager sa faim ou sa soif, et la douleur au niveau de sa cheville gauche n’avait fait que s’intensifier. Elle avait passé tellement de temps à penser à sa situation qu’elle en avait eu assez.

Après tout, j’ai tout mon temps.

Hier, elle n’avait été inconsciente qu’une vingtaine de minutes, peut-être une demi-heure. Elle avait vérifié l’heure de sa montre au moment où elle s’était réveillée. Ce qui rendait ce fait particulier, c’était que, de la falaise où Mitsuha se trouvait avant ça, il n’y avait pas de forêt de cette taille à laquelle on pouvait raisonnablement accéder en si peu de temps. De plus, Mitsuha était tombée d’une falaise, il était donc improbable qu’elle en soit sortie indemne. Cela l’avait conduite à trois conclusions possibles :

Un : je suis morte, et c’est l’au-delà.

Deux : je suis à l’hôpital quelque part, dans le coma, et tout ça n’est qu’un rêve.

Trois : J’ai été enlevée par des extraterrestres et emmenée loin, très loin… Moi aussi, j’aime bien la science-fiction, vous savez !

Après un bref moment de contemplation, elle s’était dite à elle-même, j’aimerais vraiment que ce soit le troisième ! Je ne suis pas fan des deux autres !

Mettant de côté le mystère de son arrivée, Mitsuha avait réaffirmé son désir d’atteindre la civilisation. Si elle découvrait qu’elle était encore au Japon, elle s’adresserait à la police sinon, elle se rendrait à l’ambassade du Japon la plus proche.

Lors de son troisième jour dans la forêt, Mitsuha était très fatiguée. Elle s’était réveillée l’après-midi du premier jour, et c’était encore le matin, si bien qu’il ne s’était écoulé qu’environ une journée et demie. Désespérée et privée de nourriture et d’eau, elle avait pris un pari en mangeant des feuilles de plantes. Elle pouvait tolérer la faim, mais la soif l’avait vaincue. À ce rythme, elle sentait que la mort n’était pas loin derrière.

J’ai dû me reposer bien plus qu’hier. J’ai l’impression de trébucher sur toutes les autres pierres ou racines. Mes bras et mes jambes sont couverts de bleus, et la douleur à la cheville me rend folle. J’ai l’impression que ça s’est répandu dans le reste de mon corps. Malgré tout, elle avait fait preuve de volonté et avait continué d’avancer. Sinon, elle mourrait.

Finalement, alors que son sens du temps était parti depuis longtemps et que sa conscience s’était assombrie, elle avait fini par trouver un chemin. Il était juste assez large pour une personne, alors elle doutait presque qu’il ait été pavé par des humains.

Ne me dites pas que c’est une piste d’animaux, je vous en supplie… Cette découverte l’avait amenée à se détendre si rapidement que, après trois jours de mouvements quasi constants, ses jambes avaient enfin cédé. Elle s’était effondrée au sol et avait immédiatement perdu connaissance.

◇ ◇ ◇

« Je ne reconnais pas ce plafond », murmura Mitsuha.

Malgré sa confusion, une petite partie d’elle était ravie de pouvoir prononcer l’une des trente premières lignes qu’elle avait toujours voulu dire.

Laissez-moi réfléchir… Si je ne suis pas complètement folle à ce point, j’ai passé des jours à errer dans une forêt qui n’aurait jamais dû être là au départ, et je me suis évanouie dès que j’ai trouvé un chemin. Maintenant, je suis allongée dans le lit d’un étranger, regardant un plafond que je n’avais jamais vu auparavant.

Après avoir rectifié ses pensées, aussi bizarres soient-elles, elle se rendit compte de ce qui se passait. Elle était dans la chambre à coucher d’une cabane confortable décorée de meubles minables. Malgré l’humilité de la pièce, tout semblait propre et en ordre.

Quelqu’un m’a-t-il sauvée ? se demanda-t-elle. Son esprit était encore dans le flou, mais elle était consciente de son besoin le plus fort et le plus immédiat, elle avait faim et soif.

« De l’eau ! Quelqu’un peut me donner à manger et à boire ? »

Juste après avoir élevé la voix, Mitsuha entendit des pas précipités s’approcher de l’autre côté de la porte. Elle s’était ouverte, révélant une petite fille. Elle ne semblait pas avoir plus de dix ans, elle avait des yeux d’un bleu éclatant et des cheveux d’argent scintillants. Sa robe, bien que simple, n’avait rien fait pour diminuer son visage tout simplement adorable. Elle s’éclaira d’un sourire et cria dans une langue que Mitsuha ne comprenait pas.

Grand frère, j’ai le sentiment que nous ne sommes plus au Japon, pensa Mitsuha.

Il ne semble pas que je sois dans la sphère anglophone non plus. Je sais très bien que j’ai raté mes examens d’entrée à l’université, mais peu importe ! Je peux encore savoir quand une personne parle anglais, ainsi que quelques autres langues. Au fur et à mesure que la jeune fille gazouillait, Mitsuha avait rapidement écarté le japonais, l’anglais, le chinois, le coréen, l’allemand, le français et l’italien. L’apparence exotique de la jeune fille était le seul indice qu’elle avait, et cela lui disait simplement qu’elle ne vivait certainement pas en Asie.

Bon, dans un premier temps il y avait une question plus urgente à régler : Mitsuha était affamée et sa gorge était si sèche qu’elle pouvait à peine parler. Elle s’occuperait d’abord de ses besoins, et la communication pourrait venir après. Après avoir demandé à la jeune fille de cesser de parler, elle avait mimé ce qu’elle voulait. Elle avait mis ses mains en coupe, faisant semblant d’en boire, puis elle avait montré du doigt sa bouche en se frottant l’estomac.

Voilà, ça devrait le faire. Même un singe comprendrait le message ! Peut-être que je ne devrais pas faire ce genre de comparaison vu que cette fille m’a probablement sauvé la vie.

Toujours souriante, la jeune fille avait prononcé quelques mots en réponse, puis elle s’était retournée et avait quitté la pièce. Oui ! Elle m’a comprise ! J’espère…

Mais Mitsuha n’avait aucune raison de s’inquiéter. Après quelques minutes, la jeune fille revint avec une femme que Mitsuha présumait être sa mère, si l’on en jugeait à leurs apparences. Elles avaient apporté un pichet d’eau et deux tasses, l’une vide et l’autre pleine d’une sorte de bouillie. D’un geste de remerciement précipité, Mitsuha prit l’eau et l’avala.

« Ouf ! Je me sens de nouveau vivante ! »

Elle poussa un soupir de soulagement, puis se tourna vers ses hôtes et inclina la tête.

« Merci beaucoup de m’avoir sauvée. »

Bien qu’elles n’aient peut-être pas compris ses paroles, Mitsuha avait senti que son langage corporel était suffisant pour exprimer sa gratitude. La mère de la fillette avait semblé choquée pendant un moment, probablement à cause de la langue étrangère, mais son visage s’était ensuite détendu avec un sourire chaleureux.

D’accord, laissons les remerciements de côté… C’est l’heure de la bouffe ! Mitsuha avait attrapé la nourriture. Cela semblait être des morceaux de pain immergés dans du lait bouilli et dilué — du porridge à base de pain, pour ainsi dire. Bien que la nourriture soit simple, elle était nutritive et facile à digérer, ce qui était précisément ce dont Mitsuha avait besoin. Vu sa chaleur et la rapidité avec laquelle elles l’avaient apportée, il était clair qu’elles l’avaient préparée pour le lui servir quand elle se serait réveillée.

Quel couple de bons Samaritains ! Je devrai les remercier correctement à mon retour. Elles m’ont sauvé la vie ! Mitsuha avait pris sa décision pendant qu’elle mangeait.

Une fois nourrie, elle sentit la somnolence l’envahir. Son évanouissement antérieur et l’inconscience qui s’en était suivie étaient loin d’être des moments de repos. Nourrie et détendue, elle referma les yeux et finit par s’endormir dans le sommeil qu’elle méritait.

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3 commentaires :

  1. Merci pour ce chapitre

  2. Merci pour le chapitre.

  3. Merci pour le chapitre!

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