Rakudai Kishi no Cavalry – Tome 7 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : Pause légèrement turbulente des Guerriers

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Chapitre 9 : Pause légèrement turbulente des Guerriers

Partie 1

 

Après cela, Ikki était allé avec Stella dans sa chambre pour choisir une robe, avant qu’ils ne retournent tous les deux au Bay Dôme. Stella se dirigea vers la salle de soins où Sara attendait, tandis qu’Ikki se rendait au lieu de rendez-vous après avoir contacté Arisuin en cours de route. 

La salle d’attente se trouvait à la troisième entrée du Bay Dôme. Une fois Ikki arrivé, Arisuin, qui était sur le banc devant la fontaine, agita la main. 

« Ikki. Ici, ici, ici, » déclara Arisuin. 

Ikki avait couru vers la voix. Celle qui était assise à côté d’Arisuin était Shizuku, qui ressemblait à une poupée de haute qualité.

« Désolé de t’avoir appelée tout d’un coup, Alice. Oh, Shizuku, tu es aussi venue ? » demanda Ikki.

« Partout où Onii-sama ira, que ce soit dans un incendie ou un bain, Shizuku se joindra de toute façon, » répondit Shizuku.

« Arrête ça, » déclara Ikki.

« Hehehehe. Je plaisante, je plaisante. Comme on pouvait s’y attendre, il serait troublant d’aller dans un incendie, » déclara Shizuku.

« Ce n’est pas ce qui m’inquiète… mais es-tu sûre de ça ? Tu as un autre match aujourd’hui. Je pense qu’il vaut mieux préserver son endurance, » déclara Ikki.

Plus important encore, ce serait la bataille du troisième round de la nuit. Celui qui serait en compétition dans le bloc D contre Shizuku était celui qui avait déjà gagné deux matchs consécutifs sans combattre, un membre de l’Académie Akatsuki, la Malchance, Amane Shinomiya. Un prétendant sinistre qui possédait son pouvoir de Gloire sans Nom, une capacité de causalité et de manipulation sans fond qui pouvait plier tous les effets de causalité à ses désirs. En tant que son frère, il était naturel pour Ikki de s’inquiéter pour elle. Cependant, Shizuku avait répondu avec un sourire élégant.

« Tout va bien, Onii-sama. J’ai un grand plan secret, » répondit Shizuku.

« Maintenant que tu le dis, tu l’as déjà dit. Mais je n’ai pas entendu les détails, » répondit Ikki.

« Oui. En ce qui concerne le résultat, les détails ne peuvent pas être révélés à Onii-sama après tout. Mais ce n’est pas grave de ne pas s’inquiéter pour moi… ou plutôt, tu n’as pas aussi un match toi ? Même si ton adversaire est l’exhibitionniste d’Akatsuki, veux-tu qu’on aille au grand magasin avec elle ? Que s’est-il passé exactement ? » demanda Shizuku.

« Ahh, c’est…, » commença Ikki.

Ikki expliqua la séquence des événements à une Shizuku emplie de doutes. Il avait parlé comme Stella avait déchiré son tablier, et aussi le fait que Sara avait toujours l’intention de porter ce tablier pour le match. Il avait ensuite parlé du fait que Stella avait décidé de l’emmener dans un grand magasin après l’avoir à moitié menacée.

« C’est certain… que Stella-san peut être inopinément attentive, » Shizuku avait répondu avec un ton impressionné après avoir compris la situation. Bien qu’il ait estimé que certaines parties étaient inutiles, Ikki hocha la tête sans toucher à ça.

« Honnêtement, ça m’a vraiment aidé. Si elle était entrée sur le ring dans cette tenue… ça aurait été dur pour moi de me battre, » déclara Ikki.

Il n’avait pas l’intention pour cela de perturber sa concentration… pas une telle intention, mais… il n’avait aucune confiance. Même Ikki restait un jeune homme, c’était donc un phénomène physiologique qu’on ne pouvait pas vraiment empêcher.

« Je vois. C’est pour ça que tu m’as appelée, » déclara Arisuin.

« Ouais. Alice, tu es experte en la matière, n’est-ce pas ? C’est pourquoi j’espérais que tu puisses apprendre à Sara-san la joie de s’habiller, ou au moins de porter un minimum de vêtements, » répondit Ikki.

Le talent d’Arisuin à maquiller et à coordonner les vêtements pouvait être clairement compris en voyant Shizuku. Si elle voyait sa propre silhouette après qu’il l’ait sérieusement relookée, Sara pourrait aussi s’y intéresser. Une fois qu’elle l’aurait fait, elle pourrait ne plus se montrer topless en public. C’est ce que Stella avait supposé, et Ikki était également d’accord avec l’idée. Il croyait que Sara n’avait pas le sentiment fondamental de honte. Elle portait un tablier pour ne pas être tachée par la peinture, de sorte qu’un tablier pouvait compter comme ayant une quantité minimale de vêtements pour se couvrir, mais elle sortirait probablement sans même porter un tablier si elle ne peignait pas.

Ikki ne comprenait pas pourquoi elle était comme ça. C’était une génie, il ne serait donc pas étrange qu’un fil ou deux dans sa tête soit relié différemment. Ou plutôt, elle ne comprenait pas le concept de porter des vêtements en termes de honte d’être nue. Ensuite, la seule chose qu’ils pouvaient faire était d’… éveiller son intérêt. Ils ne pouvaient que lui faire apprécier l’acte de se vêtir.

En considération des sentiments d’Arisuin, Ikki lui demanda pardon. Arisuin, par contre, avait montré un sourire rafraîchissant et avait répondu positivement.

« Bien sûr. C’est vrai que j’ai fait partie de l’Académie Akatsuki et de leur camarade, mais je ne les ai pas rencontrés directement, » déclara Arisuin.

Les seuls qu’Arisuin avait rencontrés directement étaient le marionnettiste Reisen Hiraga et l’épéiste à un bras Wallenstein qui était professeur à l’Académie Akatsuki. Il avait donc dit que ce ne serait pas gênant.

« Et aussi… cette fille n’est devenue comme ça que parce qu’elle a négligé sa santé, mais elle est comme une gemme brute. J’ai aussi la motivation, » déclara Arisuin.

« Ça aide vraiment si tu dis ça, » déclara Ikki.

« … Malgré tout, je suis étonnée. Cette exhibitionniste vise toujours Onii-sama. Je lui donnerai encore un coup de pied dans l’estomac quand elle arrivera, » déclara Shizuku.

« Ce n’est pas une bonne idée de faire ça à quelqu’un qui a un match aujourd’hui… ! » s’écria Ikki.

Tout en transpirant de sueurs froides devant les paroles troublantes de sa sœur, ils bavardèrent tous les trois en attendant l’arrivée de Stella et de Sara. Mais après une longue attente, ces deux-là n’étaient toujours pas arrivés. Ikki avait regardé l’heure sur le terminal étudiant. Il était déjà cinq minutes après l’heure de la réunion.

En parlant de ça, elles sont vraiment lentes…, pensa Ikki.

Il avait reconnu que les filles mettaient du temps à se préparer, mais dans ce cas, il s’agissait simplement de mettre des vêtements sur Sara. En tenant compte de ses préférences, ils avaient même préparé quatre ensembles…

Se pourrait-il qu’elle ait déjà réalisé qu’elle aime s’habiller et qu’elle a pris son temps pour choisir ses vêtements, ou quelque chose comme ça ? Se demanda Ikki.

Si c’était le cas, cela raccourcirait les choses, mais…

Pendant ce temps, comme Ikki pensait cela…

« Ah. Voilà Stella-chan et Sara, » déclara Arisuin.

Arisuin se leva après avoir vu les deux filles sortir de la troisième entrée du dortoir. Ikki et Shizuku se tenaient également debout pour les accueillir, mais… alors que la distance se raccourcissait, Ikki sentait que quelque chose n’allait pas. D’une certaine façon, Stella n’était pas énergique.

 

 

« Je vous ai fait attendre…, » déclara Stella.

Sa voix n’était ni vive ou enthousiaste. Elle avait aussi le dos courbé. Elle semblait très fatiguée.

« … S-Stella, tu as l’air un peu fatigué ? Que s’est-il passé ? » demanda Ikki.

« C’est…, » commença Stella.

Stella jeta un coup d’œil à Sara qu’elle avait emmenée. La tenue de Sara n’était qu’un chandail à fermeture à glissière. Cela ne semble pas suggérer un sex-appeal, mais le visuel de son décolleté s’ouvrant derrière la fermeture à glissière et s’ouvrant sur sa poitrine trahissait cette attente. Bien que cette tenue n’ait rien à voir avec le sex-appeal, son port négligé avait créé cette impression. Ils pouvaient voir les passants jeter un coup d’œil sur le décolleté de Sara.

« Ce n’est pas bon pour une fille de porter une tenue aussi honteuse. Vous n’êtes pas Fujiko-chan [1], alors fermez ça correctement, » déclara Arisuin.

Arisuin s’était plaint de son apparence et avait remonté la fermeture éclair jusqu’au cou. Mais à l’instant où il avait lâché prise…

*Zzzzz… *

La fermeture à glissière s’était rouverte et était revenue à sa position initiale.

« O-Oh mon Dieu… ! » s’exclama Arisuin.

« La poitrine est trop serrée pour être fermée. D’autres robes ont perdu leurs boutons, donc rien n’a marché, » déclara Sara

« Argh ! » Stella avait fait sortir un gémissement comme si les mots de Sara étaient des coups de poing sur son estomac.

« Je comprends pourquoi Stella est comme ça…, » déclara Arisuin.

« … J’ai goûté à une humiliation que je n’avais jamais vécue auparavant…, » déclara Stella.

C’était probablement vrai. Les filles avec des seins aussi gros que Stella n’étaient pas communes. Même à l’Académie d’Hagun, seule Kanata Toutokubara pouvait l’égaler.

« Toutes mes condoléances, » déclara Sara.

« Honnêtement, je peux me sentir déprimée pendant un moment…, » déclara Stella.

Stella, qui était devenue groggy à la suite d’un impact psychologique sans précédent, avait plié sa taille comme une vieille femme qui tremblait de partout et avait affiché un visage agonisant. Et puis… elle s’était soudainement arrêtée de bouger.

Stella regarda droit dans les yeux Shizuku, qui se tenait devant elle…

« — Et maintenant ! Puisque tout le monde est là, dépêchons-nous de partir pour le grand magasin ! » déclara Shizuku.

Avec son dos soudainement droit, elle l’annonça avec vigueur.

« Stella-san, où as-tu cherché à te regonfler le moral en regardant là ? » demanda Shizuku.

« Nous n’avons pas beaucoup de temps parce que le match est ce soir ! Dépêchons-nous ! » déclara Stella.

« Stella-san, réponds honnêtement. Parce que je vais te tuer, » déclara Shizuku.

Notes

  • 1 Fujiko Mine de Lupin III par Monkey Punch.

***

Partie 2

Il avait fallu une vingtaine de minutes en bus depuis le Bay Dôme pour atteindre une grande rue du centre-ville. Trois grands centres commerciaux dont tout le monde connaissait le nom se faisaient face, formant une zone de guerre féroce au milieu de la métropole commerciale Osaka. Le groupe d’Ikki arriva à la gare des chemins de fer japonais qui surplombait ces trois centres commerciaux et monta à bord de l’autobus au rond-point.

Les expressions sur les cinq individus étaient toutes usées après le trajet, même s’ils n’avaient pas marché jusqu’ici. C’était parce que…

« Kurogane-san ! Je vais à tous les coups aller à l’Académie Hagun l’année prochaine ! S’il vous plaît, souvenez-vous de moi ! »

« Merci beaucoup pour votre autographe, Mademoiselle Stella ! Je le chérirai pour le reste de ma vie ! »

« Shizuku-chan ! S’il vous plaît, regardez encore par ici avec ces yeux froids — ! »

« Tout le monde, je vais vous encourager ! S’il vous plaît, faites de votre mieux ! »

Les fenêtres de l’autobus étaient toutes entièrement ouvertes, et des collégiennes se penchaient vers l’extérieur en faisant signe.

« Chers passagers, n’étendez pas la tête à l’extérieur des fenêtres ! »

Ignorant l’avertissement pitoyable du chauffeur, ces filles avaient continué à saluer le groupe d’Ikki, les yeux étincelants d’admiration.

En effet, Ikki et les autres participants avaient partagé un bus avec des collégiennes pour des activités de club ou autres. Les enfants les avaient accueillis avec une admiration unilatérale, leur demandant des signatures et des poignées de main. Les sourires amicaux qu’ils avaient vus en descendant de l’autobus étaient raides.

« C’est… je l’ai sous-estimé, » tandis qu’Ikki murmurait ça en soupirant, Stella hocha la tête et se peigna les cheveux ébouriffés avec ses doigts.

« D’habitude, ils ne sont pas si persistants… Aujourd’hui, c’est vraiment au-dessus de la norme, » déclara Stella.

« J’en ai marre des gens… Je me sens mal…, » déclara Arisuin.

« Est-ce que ça va ? » demanda Sara.

Sara frotta le dos de Shizuku, qui semblait vraiment pâle. Si c’était l’habituelle Shizuku, elle aurait fait un front solide aux gens autres qu’Ikki et Arisuin, mais…

« Mmm, merci… argh, »

Shizuku, qui n’aimait déjà pas les foules, avait été couverte d’éloges et d’admiration, et cela l’avait rendue trop fatiguée pour mettre en place une façade.

« Elles se retenaient pour des raisons d’intimité, mais maintenant tout le monde est d’humeur festive… Sans compter que quatre des huit quarts de finalistes du Festival sont réunis ici. On aurait dû s’y attendre, » déclara Arisuin.

Tous acquiescèrent d’un signe de tête aux paroles d’Arisuin, même si ce regret était un peu trop tard — .

*Grondement Grondement *

Un bruit soudain avait retenti dans leurs oreilles. Alors qu’ils levaient la tête pour voir ce qui se passait…

« Quoi ? »

« Hé, par ici, par ici ! Ils sont devant l’arrêt de bus ! »

« Eek — ! Ikki-kun en personne ! Comme l’a dit Tweeter ! »

« Vite, partageons ça avec tout le monde ! »

« Stella-sama — ! Serrez-moi la main, s’il vous plaît ! »

C’était littéralement une vague humaine venant du centre commercial qui était leur destination, se précipitant vers l’arrêt de bus où le groupe d’Ikki avait débarqué. Probablement quelqu’un, ou peut-être que tout le monde dans le bus… avait divulgué l’emplacement du groupe d’Ikki sur le Net.

« Les réseaux sociaux font peur —, » déclara Arisuin.

« Ce n’est pas le moment d’échapper à la réalité, Alice ! Si nous n’agissons pas, quelqu’un sera blessé ! » déclara Stella.

« C-Certainement, si quelqu’un tombait au milieu d’un si grand groupe, ce serait terrible, » déclara Ikki.

« Mais Onii-sama, que devrions-nous faire pour les calmer… ? » demanda Arisuin.

« Des seins ! Les seins de la princesse impériale ! Avec autant de personnes, nous pouvons le faire ! »

« Il faut essayer de les toucher dans le chaos ! »

« Visez le b-bouton au milieu ! Le bouton du centre ! »

« Shizuku-sama ! S’il vous plaît, utilisez vos adorables petits pieds pour me marcher dessus — ! »

 

« D’accord, tuons-les. »

 

« C-Calmez-vous, vous deux ! Je comprends vos sentiments, mais vous serez renvoyées ! » déclara Ikki.

Ikki avait essayé de calmer la soif de sang des deux filles, et avait fait une suggestion en même temps.

« Au lieu de cela, échappons-nous ! Si nous étions pris par autant de gens, oublions l’achat de vêtements, nous pourrions ne pas être de retour pour le match ! » déclara Ikki.

Cependant…

« C’est peut-être un peu trop tard, » répondit Sara.

En entendant la déclaration de Sara, ils avaient vu des gens sortir de la station derrière eux avec des téléphones portables pour regarder de plus près les quarts de finalistes nationaux. En d’autres termes, Ikki et les autres étudiants étaient encerclés.

« Eh bien, il ne semble pas possible de s’échapper, » déclara Arisuin

« On n’y peut rien, » déclara Stella.

« C’est vrai. Je ne voulais pas recourir à la violence, mais on ne peut rien y faire, » déclara Shizuku.

« Les visages que vous faites ne sont pas “on ne peut rien y faire”, mais c’est plutôt rempli d’intentions meurtrières !? » s’écria Ikki.

Que faire ? À ce rythme, ça va vraiment se transformer en bain de sang…, se demanda Ikki.

Mais Ikki n’avait pas d’autres solutions en tête. Elles n’écouteraient pas d’après ce qu’il pouvait voir. Qu’est-ce qu’il devrait faire ? Alors qu’il réfléchissait à cette situation difficile…

« Bref, c’est bien tant que ces gens ne peuvent pas voir, » alors qu’elle disait ça, elle avait sorti son Dispositif le Pinceau du Demiurge et sa palette.

« Qu’est-ce…, » commença Ikki.

Qu’est-ce que vous faites ? Avant qu’Ikki ne puisse finir de poser la question, Sara avait déjà terminé son travail avec une célérité divine. Elle avait mélangé la peinture sur sa palette en une couleur grise et…

« Couleur de la Magie ─ Gris Pierre du Bord de la Route. »

Elle l’avait ensuite peint sur le dos de sa main, et à cet instant, Ikki et les autres étudiants avaient senti qu’ils ne pouvaient plus se concentrer sur Sara.

L’Art Noble appelé la Couleur de la Magie contrôlait le concept associé aux couleurs. L’une de ces couleurs était gris pierre. Ceux qui peignaient cette couleur seraient rendus difficiles à remarquer, comme un caillou sur le bord de la route, au point d’être imperceptible, sauf par les chevaliers qui entraînaient régulièrement leur concentration… Ikki et les autres blazers n’avaient pas reçu d’explication de Sara sur cette technique, mais ils avaient tous ressenti et compris l’effet de son Art Noble. En même temps, ils savaient comment faire face à la situation actuelle.

« Je vois. Ce serait bien d’utiliser la magie et de me rendre invisible. Je n’y ai pas pensé puisque je n’ai jamais utilisé mes pouvoirs de cette façon, » déclara Stella.

« … S’il y a une autre solution, on ne peut rien y faire, » déclara Shizuku.

Tandis qu’ils murmuraient quelque peu déçus, Stella et Shizuku fermèrent les yeux…

« Voile de Flamme, » annonça Stella.

« Bleu Fantastique, » déclara Shizuku.

Avec ces mots, chacune s’était couverte de pouvoir magique — Stella de chaleur et Shizuku d’eau — pour plier la lumière, se rendant invisible à la foule. C’était des applications de leur excellent contrôle du pouvoir magique.

« Ces trois-là sont plus habiles que jamais. Alors j’utiliserai mon pouvoir pour éclaircir l’ombre d’Ikki, » déclara Arisuin.

Arisuin avait déployé son Dispositif, l’Ermite des Ténèbres, tout comme il l’avait dit. Sa capacité contrôlait le concept de l’ombre, et l’utilisation de ce pouvoir rendrait littéralement l’ombre plus mince, obtenant une amélioration temporaire de la furtivité.

Habituellement, l’utilisation des capacités de Blazer n’était pas autorisée dans les espaces publics, mais à ce rythme, ils étaient susceptibles de causer un incident majeur. Ikki l’avait compris, donc il n’avait pas protesté, mais…

« Non, c’est bon, » déclara Ikki.

Ikki avait refusé l’aide d’Arisuin.

« Oh ? Mais tu ne peux pas faire quelque chose comme ça avec de la magie, non ? » demanda Arisuin.

« C’est vrai, mais mes capacités physiques sont plus que suffisantes pour gérer des citoyens normaux, » déclara Ikki.

Ikki s’était concentré sur la vague humaine qui se précipitait vers eux. Lisant les angles morts, il s’avança dans la foule avec Pas sans Trace, tissant comme un fil à travers les trous de l’attention collective. Pas une seule personne n’avait remarqué qu’Ikki voyageait contre la vague humaine. Sa vision identifiait les limites de chaque regard individuel, et son corps bougeait sans un millimètre d’erreur, étonnant Arisuin.

« Oh mon Dieu. Ta discrétion rend même humble un assassin. Tu m’étonnes vraiment, Ikki, » déclara Arisuin.

D’une voix admirative face à la technique insondable d’Ikki Kurogane, Arisuin avait suivi ces quatre-là.

Une fois que l’Ermite des Ténèbres s’était enfoncé dans sa propre ombre… cette ombre s’était immédiatement dissipée. À ce moment-là, les cinq personnes avaient disparu de l’attention de tous les spectateurs.

« H-Hein !? Ils sont partis !? Disparu !? »

« Hé, attends un peu ! Qu’est-ce que tu veux dire !? Ikki-kun n’est pas là ! »

« C’est étrange. N’étaient-ils pas là il y a un instant ? »

La foule confuse était dans un tumulte vis-à-vis des cinq personnes qui disparaissaient comme de la fumée. Leurs cibles perdues, perdant leurs passions des yeux, ils s’étaient rapidement dispersés sans risque de blessure. Voyant cela, Ikki et les autres de son groupe étaient passés à travers la foule de centaines de personnes et étaient entrés dans le centre commercial.

***

Partie 3

Après être entrés tous les cinq dans le centre commercial le plus proche, ils avaient pris des escaliers mécaniques jusqu’au sixième étage où les vêtements des femmes étaient vendus. Coïncidence, une exposition de mode de « Summer Lady » se tenait, de sorte que certaines cloisons de l’étage en entier avaient été temporairement enlevées.

« Ohh. Il y a une grande variété de magasins, » déclara Stella.

« On dirait aussi qu’ils exposent des marques étrangères pendant cette exposition, » déclara Shizuku.

Shizuku avait complété l’impression de Stella après avoir regardé un dépliant distribué à l’entrée de l’étage. La foule d’amateurs du magasinage pendant le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée était bien plus nombreuse que d’habitude. Quel meilleur moment pour faire des ventes ? Il était évident que les magasins donneraient le meilleur d’eux-mêmes lors d’un tel événement.

« S’il y a une telle variété de vêtements, tu en trouveras certainement un qui te plaira ! Maintenant, dépêchons-nous de regarder autour de nous ! » déclara Stella.

Mais malgré l’énergie de Stella, l’expression de Sara ne semblait pas indiquer la motivation, car elle avait saisi au hasard un vêtement voisin.

« … C’est très bien, » déclara Sara.

« Hein ? As-tu déjà décidé ? Quoi ? C’est un déshabillé ! C’est ce que tu portes pour dormir ! » s’écria Stella.

« C’est bon si je peux le porter, » déclara Sara.

« Ce n’est pas bon ! C’est plutôt transparent ! On ne peut même pas diffuser le match si tu portes ça ! Ne choisis pas au hasard, et choisis bien ! » déclara Stella.

Sara grogna. « … Alors ça. »

« Quoi ? Maintenant, ce ne sont même plus des vêtements ! C’est une ceinture ! Juste une ceinture ! » s’écria Stella.

« Elle couverait mes seins si je l’enroule autour de moi, » déclara Sara.

« Ça ne te donnerait-il pas l’air d’avoir un fétiche unique ? Choisis des vêtements, seulement des vêtements ! » répliqua Stella.

« Compris. Je choisirai correctement après avoir regardé… voilà, c’est fait, » déclara Sara.

« Alors à la fin, un tablier !? Es-tu maudite que tu ne peux porter que des tabliers nus ? » demanda Stella.

« C’est rapide à mettre et à enlever, et ça fait du bien. Logiquement, c’est le meilleur choix, » déclara Sara.

« … Je me demande si c’est ce que ça fait d’épouser un mari qui ne s’intéresse pas à la nourriture, » déclara Stella.

« En effet, » à côté de Stella qui tenait sa tête, Arisuin marmonna son accord avec sa main sur son menton. « C’est encore plus grave que ce à quoi je m’attendais. »

Elle portait des vêtements par obligation. L’intéresser à la mode serait un vrai défi. Cependant…

« Peux-tu comprendre ça d’une façon ou d’une autre ? » demanda Stella.

« Eh bien, laisse-moi faire, » déclara Arisuin.

Arisuin croyait qu’il devait y avoir une méthode. Si elle n’avait aucune raison, il lui suffit d’en créer une.

« Hé, Lily. Pourquoi la mode ne t’intéresse-t-elle pas ? » demanda Arisuin.

« … Je n’ai pas besoin de me décorer moi-même. Je n’ai personne pour qui m’habiller, » déclara Sara.

« Mais tu veux avoir Ikki comme modèle nu, non ? » demanda Arisuin.

« Et alors ? » demanda Sara.

« Alors n’est-ce pas une raison ? » demanda Arisuin.

Tandis que Sara inclinait la tête dans la confusion, Arisuin s’approcha de son oreille et lui murmura quelque chose avec un sourire diabolique. « Fais-toi mignonne… Tu as juste besoin de le faire tomber amoureux de toi. »

« Quoi, A-Alice !? » s’écria Ikki.

« Qu-Qu’est-ce que tu dis ? » demanda Stella.

Face aux paroles troublantes d’Alice, les expressions d’Ikki et de Stella avaient changé. L’ami qui connaissait leur relation essayait de créer la discorde, donc cette réaction était naturelle.

Mais Sara connaissait aussi leur relation.

« … C’est impossible. Le roi de l’épée sans couronne a déjà la princesse cramoisie comme amoureuse. Il ne tombera pas amoureux de moi, » déclara Sara.

Ses yeux se rétrécirent avec désapprobation face à la suggestion d’Arisuin. Cependant…

« Hahahaha. Ce n’est pas tout à fait vrai, tu sais ? Un homme est une créature qui dit “Je n’aimerai que toi pour toute ma vie”, mais qui peut facilement avoir une liaison. En tant que peintre célèbre, tu devrais le savoir, non ? Si Zeus lui-même était comme ça, à quel point Ikki, un simple humain, est-il certain qu’il n’aura pas de liaison ? Sans parler du dicton absurde de ce pays : “les aventures sont la preuve de la valeur d’un mari.”, » déclara Arisuin.

« … Vraiment ? » demanda Sara.

« Ça l’est. Tu as juste besoin de travailler dur et de te faire belle, puis d’enlever Ikki, tu vois ? Et tu pourras le peindre autant que tu le veux après ça ? » déclara Arisuin.

Arisuin ressemblait au serpent tentant Ève, la guidant peu à peu vers le tabou. Stella ne pouvait plus se taire et interrompit les deux.

« A-Alice ! Ne lui apprends pas des choses bizarres ! Et Sara, ne fait pas cette tête, j’essaierai peut-être de travailler un peu plus dur ! Ikki est mon petit ami, compris !? La S-Séduction est immorale, ce n’est absolument pas permis ! » s’écria Stella.

Mais Arisuin n’avait fait qu’un sourire provocateur.

« Oh, mon Dieu, oh mon Dieu ~ ? Cette opinion n’est-elle pas vraiment différente de la tienne, Stella-chan ? » demanda Arisuin.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Stella.

« Crois-tu avoir gagné après être devenu un couple ? Je pensais que Stella-chan dirait quelque chose comme : “Je vais garder le cœur d’Ikki avec mon charme, alors essaie de l’enlever si tu peux !”, » déclara Arisuin.

« Guh… ! » grogna Stella.

Stella hésita légèrement lors de la provocation d’Arisuin. Shizuku, qui l’observait jusque-là, se glissa dans le bras d’Ikki, le serra dans ses bras comme un lierre enchevêtré et lui donna un autre coup.

« Il n’y a rien de plus insupportable à regarder que la complaisance, » déclara Shizuku. « Une femme devrait courir après un homme plus charmant, et un homme devrait courir après une femme plus charmante, mais même avec cette loi naturelle qui n’est pas sans rappeler la survie du plus fort, pour que tu revendiques la moralité et tu accroches aux concepts humains arbitraires… tu es une femme tellement ennuyeuse. Onii-sama, fais attention. Les femmes tombent dans la dépravation comme ça. Il vaut mieux que tu l’abandonnes maintenant, avant qu’elle ne cesse de faire le ménage, et qu’elle passe sa journée à regarder des dramas pendant que son mari travaille, gaspillant toutes les économies familiales à jouer à la bourse. Bien sûr, Shizuku ne deviendra pas quelqu’un comme ça. »

« Grr… ! » grogna Stella.

« Bon sang, Alice et Shizuku, n’intimidez pas autant Stella, » déclara Ikki.

Ikki s’était joint à la discussion, ne pouvant plus regarder ça. En fin de compte, s’il n’avait pas lui-même une telle intention, il n’y aurait pas de liaison, et Ikki était convaincu qu’une telle chose était impossible. C’était évident. Comment serait-il insatisfait d’une fille si merveilleuse à ses côtés, une fille dont il n’était pas digne ? C’est pourquoi Ikki avait dit ce qu’il pensait à haute voix.

« Stella, tu n’as pas besoin de les prendre au sérieux. Mes sentiments seront absolument —, » commença Ikki.

« Attends, Ikki, » déclara Stella.

« Mgh !? » Mais ces mots avaient été physiquement bloqués par la main de Stella.

« … Comme ils l’ont dit, j’avais tort, » déclara Stella.

« S-Stella ? » demanda Ikki.

« Je sais ce que tu vas dire, mais ces mots venant de toi, parce que je les ai forcés, ils sont complètement différents, » déclara Stella.

Stella s’était mise en garde dans son cœur. Devenir sa petite amie signifiait-elle qu’elle avait gagné ? C’était un excellent point. Elle était devenue trop complaisante au sujet de leur relation après qu’elle eut été révélée.

Alors, je ne suis pas capable de combattre toutes les filles rassemblées autour d’Ikki, se demanda Stella.

Bien sûr que oui. Ikki Kurogane était un homme aimé de nul autre que Stella Vermillion. C’était un homme si charmant. Dans un sens, il était évident que ceux qui connaissaient son histoire et recevaient sa gentillesse en viendraient à l’apprécier… De plus, ce n’était pas du tout élégant pour elle de faire des histoires avec chaque personne qui s’était approchée de lui avec « Je suis sa petite amie, voilà pourquoi ». Ce n’était pas charmant.

Si je me détends juste à cause de notre promesse, j’en aurai fini en tant qu’épouse… ! pensa Stella.

C’était le cœur, et non une promesse, qui liait les amants pour ainsi continuer à l’aimer et à être aimée de lui. Ce n’était qu’en s’efforçant ainsi qu’elle pourrait honnêtement accepter les paroles d’Ikki — !

« Bien ! Sara Bloodlily, fais comme tu veux si tu veux ! Je ne t’arrêterai pas ! Mais je ne te laisserai pas le voler ! Le cœur d’Ikki m’appartient à moi, Stella Vermillion ! » déclara Stella.

Avec un doigt en l’air telle une déclaration de guerre, Stella avait quitté le groupe et s’était dirigée vers l’exposition toute seule, ne voulant pas perdre un seul instant. Elle se demandait probablement comment gagner contre Sara, qui avait le soutien d’Arisuin dans le domaine de la mode.

« Comme c’est une chance rare pour moi aussi, Onii-sama, je te verrai plus tard, » déclara Shizuku.

Shizuku était partie seule, dans la même direction.

Le cerveau, voyant ces deux-là partir, avait permis à des rires joyeux de se répandre.

« Hehehehe. Ikki est vraiment aimé, » déclara Arisuin.

Et devant le regard d’Arisuin, Ikki s’écria. « … Aliiiiice. »

« Aww, ne fais pas cette tête. Tu gâches ta beauté, » déclara Arisuin.

« Comment ne pas être en colère ? Tu as provoqué Stella exprès, car tu sais qu’elle déteste perdre, » déclara Ikki.

« Que pouvais-je faire d’autre ? C’était la seule raison pour laquelle je pensais que Lily accepterait. Et je pense aussi tout ce que je leur ai dit. Ikki, tu ne veux pas aussi enchaîner Stella-chan avec une promesse, pas vraie ? » demanda Arisuin.

« … Eh bien, c’est vrai, » après avoir entendu l’explication, Ikki n’avait pas non plus pu le réfuter.

« Alors, je prendrai Lily. Veux-tu venir avec nous ? » demanda Arisuin.

« … Non, Shizuku semble avoir disparu, et comme j’ai quelque chose à acheter, je vais faire mes courses tout seul, » déclara Ikki.

« Je vois. Alors on se retrouve ici dans deux heures, » répondit Arisuin.

***

Partie 4

Comme les boutiques étaient en pleine effervescence, le contenu des expositions était très varié, allant des vêtements décontractés aux robes de soirée en passant par les tenues de cérémonie et même les costumes autochtones. Trois étages du grand magasin étaient utilisés pour exposer les vêtements féminins, du classique au moderne, de l’Est à l’Ouest. Les principales marchandises avaient été exposées sur des mannequins attirant l’attention, poussant les tendances et les marques de l’été.

Une pièce unique de couleur laiteuse et douce. Une jupe évasée rayée rafraîchissante. Le simple fait de les voir les avait mis dans une humeur joyeuse. Et pourtant…

« C’est mignon, mais…, » murmura Stella.

Ils ne sont pas assez bons, pensa Stella. Sans compter que son adversaire avait Arisuin, qui avait fait apparaître Shizuku trois fois plus mignonne la dernière fois qu’il avait sérieusement habillé la fille. Étant donné que Sara ne s’était jamais souciée de son apparence, elle pourrait avoir encore plus de potentiel.

Les tenues traditionnelles que Stella tenait dans ses mains… tout simplement, elles étaient ordinaires. Elle était un peu inquiète… mais être trop peu classique serait aussi dangereux.

« Oh ? » s’exclama Stella.

À ce moment, une Stella pensive fut attirée par un coin de l’exposition. Ce qu’elle avait vu dans cette section était « Détente ! Exposition d’été de Yukata ! (Vous pouvez les essayer) » écrit sur une brochure.

C’était un coin spécialement conçu pour les yukatas.

« C’est peut-être bon ! » murmura Stella.

Bien qu’il s’agisse d’un choix courant, il s’agirait aussi d’un choix hautement inattendu. Non seulement c’était approprié pour la saison, mais elle n’avait pas à s’inquiéter de s’opposer à Sara, qui choisirait des vêtements avec une facilité de mouvement en tête pour son match. Et comme Stella n’avait pas un seul ensemble de kimonos, c’était une bonne occasion d’en acheter. Stella s’était décidée et s’était dirigée vers le coin, et après avoir parcouru la belle marchandise, elle en avait finalement choisi un. C’était un yukata rouge et blanc qui correspondait à ses cheveux.

Stella avait relâché le Voile de Flamme alors qu’elle le prenait dans ses mains, puis s’était dirigée vers la vendeuse.

« Excusez-moi. Je veux essayer ça, » déclara Stella.

« Bienvenue. Voulez-vous l’essayer ? Alors par ici… !? » l’expression sur la femme d’âge moyen s’était figée en la reconnaissant. « V-V-V-V-V-Vous êtes peut-être la princesse Stella du Vermillion. Q-Qu’est-ce que vous faites là ? »

« Comme je l’ai dit… hum, je veux essayer ça, » répondit Stella.

« A-Ahhh ! C’est vrai ! C’est ce que vous avez dit ! Notre boutique a ce service ! Je l’avais oublié alors que j’étais en état de choc ! Alors s’il vous plaît, attendez un moment ! Je vais préparer du thé et des gâteaux ! Saitou-san ! S’il vous plaît, allez acheter des gâteaux à thé et du thé de première qualité ! Les plus chères ! » déclara la vendeuse.

« Non, vous n’avez pas à le faire ! Ce n’est pas la peine, laissez-moi essayer ça ! » Stella avait arrêté la femme d’âge moyen qui essayait de sortir un portefeuille pour le donner à son collègue à proximité.

« Je suis venue avec mes amis aujourd’hui, donc je ne peux pas rester longtemps. Mais j’apprécie votre offre, » déclara Stella.

« D-Désolée pour mon impolitesse. Nous n’avons aucune expérience dans l’accueil d’invités d’État, donc je suis devenue un peu surexcité… Hahaha, » déclara la femme.

« Je ne suis qu’une étudiante maintenant. S’il vous plaît, ne vous en faites pas, » déclara Stella.

« Je comprends. Alors, attendez dans cette loge. Je vais vous aider à le mettre tout de suite, » déclara la vendeuse.

Stella avait été guidée vers l’espace cloisonné au milieu de la zone de kimono, d’une superficie d’environ dix-huit mètres carrés. Elle avait traversé le rideau accroché à l’entrée et s’était dirigée vers le centre. Et puis, elle avait vu une silhouette familière.

« Shizuku ? Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda Stella.

« Y a-t-il d’autres raisons que d’essayer des vêtements ? Comme c’est une chance si rare que Stella-san elle-même laisse les autres tenter Onii-sama, je pensais lui montrer mon apparition en yukata après si longtemps, » déclara Shizuku.

« Grr…, » grogna Stella.

Stella fronça les sourcils devant la réponse attendue. Même si elle avait délibérément choisi quelque chose qui ne se chevaucherait pas avec Sara, elle avait fini par se heurter à l’autre adversaire. Mais comme elle avait déjà choisi le kimono, Stella n’allait pas battre en retraite.

« Je ne me souviens pas que tu aies été prise en considération… Hmph. Eh bien, fais ce que tu veux. C’est bon tant que je gagne le cœur d’Ikki, » déclara Stella.

En entendant la déclaration de Stella, Shizuku avait fait un sourire significatif.

« Ha… je devrai t’en féliciter, hein ? » demanda Shizuku.

« Hmm ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Stella.

« Même si j’ai choisi un yukata, tu vas faire pareil. Es-tu sûre que c’est bon ? Tu n’auras aucune chance, tu sais ? » déclara Shizuku.

« Je ne saurai pas si je n’essaie pas d’abord ! » déclara Stella.

« Pfft. Eh bien, c’est vrai. Tu le sauras quand tu l’auras essayé, » déclara Shizuku.

Qu-Qu’est-ce qu’elle a de trop sûr d’elle… ? Se demanda Stella.

Stella savait bien à quel point Shizuku était concurrentielle, mais cette fois-ci, plutôt que concurrentielle, elle avait la certitude en elle.

Eh bien, je ne perdrai pas ! pensa Stella.

Malgré un moment d’insécurité, Stella avait quand même accepté le yukata de la préposée de la boutique qui, comme prévu pour une employée affectée à la période de vente, n’avait presque pas pris de temps pour finir d’aider Stella à porter le vêtement.

« Voilà, c’est fait. Comment ça va, Stella-sama ? » demanda la femme.

« Wah ~ ! » en voyant son allure, Stella fit entendre une voix excitée. Le yukata qu’elle avait choisi avait des chardons rouge vif avec une teinte de jaune décoré sur un fond blanc. Ses chaussures avaient été transformées en geta, et elle tenait un sac à main avec une ficelle. Son obi était d’un rouge plus foncé que celui des chardons, noué autour de sa taille.

 

 

« C’est si mignon, comme un poisson rouge…, » déclara Stella.

Elle s’était retournée une fois, le gros nœud se balançait comme la queue d’un poisson rouge. Stella aimait beaucoup ça. Elle se démarquerait probablement si elle portait ça en flânant dans un festival. Et, à ce moment-là…

« Ohh ? Ça te va plutôt bien, Stella-san, » déclara Shizuku.

Shizuku avait fini de s’habiller presque au même moment. Sa tenue était un yukata, tout comme Stella, dont le tissu bleu présentait des fleurs d’iris blanc et des ondulations d’eau dessinées dessus. Contrairement au ton vif de Stella, la sienne était d’une couleur calme. Il y avait une synergie avec les cheveux pâles et la peau pâle de Shizuku, montrant un certain niveau de fraîcheur. Peut-être à cause de cela…

H-Hein ? D’une façon ou d’une autre…, pensa Stella.

En voyant Shizuku, Stella sentit l’insécurité grandir dans son cœur, et elle confirma de nouveau son apparence en panique. Bien qu’elle n’en connaissait toujours pas la raison, elle l’avait certainement ressentie.

Comparé à Shizuku… ça ne me va pas vraiment…, pensa Stella.

« Pffft. Tu sembles l’avoir remarqué, Stella-san, » déclara Shizuku.

« Quoi ! Qu’est-ce que tu dis exactement ? » demanda Stella.

« Tu n’as pas à jouer l’idiote. Comparé à moi, ça ne semble pas te convenir, n’est-ce pas ce que tu ressens ? » demanda Shizuku.

« Ce n’est pas vrai ! Le mien est à tous les coups plus mignon ! » déclara Stella.

« Je vois. Alors, retournons auprès d’Onii-sama ensemble, » déclara Shizuku.

« Guh…, » grogna Stella.

Ce serait troublant. Elle ne pouvait pas se présenter devant Ikki alors qu’elle était si peu sûre d’elle. Mais pourquoi ne lui allait-il pas aussi bien qu’à Shizuku ? Elle se tenait devant le miroir intégral et s’examinait dans diverses poses, mais elle ne pouvait pas trouver la raison, alors Stella le demanda à la vendeuse.

« Entre Shizuku et moi, qui a l’air d’aller le mieux ? » demanda Stella.

« E-Euh…, » répondit la préposée.

Cette question était probablement troublante compte tenu de son point de vue. La vendeuse avait souri vaguement comme si elle esquivait la question. « Vous portez toutes les deux des vêtements merveilleux qui mettent en valeur la personnalité de chacune. Je pense qu’ils vont très bien ensemble. »

Cette réponse était sincère. D’une part, l’apparence de Stella était déjà remarquable, alors elle pouvait porter la plupart des vêtements et être belle. Mais la vendeuse avait remarqué un problème.

« C’est juste que la petite dame là-bas semble plus habituée à porter un kimono, » déclara la vendeuse.

« Tu as l’habitude…, » demanda Stella.

« Exactement, » Shizuku avait confirmé les paroles de la vendeuse.

« Je suis toujours membre d’une honorable famille de samouraïs, » continua Shizuku. « Comme je préfère personnellement les robes occidentales, je porte habituellement ce que je veux, mais j’ai eu beaucoup d’occasions de porter des kimonos dans le passé pour des événements familiaux. Et en même temps, on m’a apprise à me comporter quand je les porte. Je ne foutrais pas le bordel en marchant comme toi, Stella-san, et je ne regarderais pas directement une autre personne. »

Shizuku pointa du doigt l’ourlet du yukata de Stella, qui n’était pas à sa place, car Stella se déplaçait devant le miroir.

« Tu dois redresser le dos quand tu parles, mais montre un peu de réserve dans ton regard au lieu de regarder directement l’autre partie. La position de tes mains ne doit pas dépasser la ligne de tes épaules et doit être alignée à l’avant. Chacune de ses choses est une petite différence individuelle, mais ensemble, ils ont un plus grand impact sur l’apparence. Les kimonos sont différents des robes. Ce n’est pas bon d’être glamour. Ce n’est qu’en laissant briller ta beauté intérieure que tu peux évoquer leur beauté japonaise. En d’autres termes, ton corps et tes mouvements manquent de modestie ! » expliqua Shizuku.

« Hauu ! »

C’était exactement ça. En premier lieu, les kimonos étaient des vêtements fabriqués en combinant la culture et le physique japonais, ce qui signifiait que Shizuku avait un avantage comme elle venait d’ici. La différence était évidente, et il n’était pas difficile d’imaginer que chacune de leurs actions augmenterait l’écart. Le poids de l’entraînement accumulé se manifesterait dans chaque posture coudée et dans chaque action faite par réflexe. Stella, qui avait reçu une formation en étiquette pour porter une robe, comprenait bien que cela ne pouvait pas être imité facilement.

« … C’est certain, ça ne marchera pas, » déclara Stella.

« Ce n’est pas vrai du tout. Elle vous va aussi très bien, Stella-sama ! » déclara la vendeuse.

« … Merci, mais…, » déclara Stella.

« Très bien » n’était pas suffisant. Elle devait gagner. C’était une bataille avec sa fierté en tant que petite amie d’Ikki en jeu. Et il y avait toujours Sara, soutenue par Arisuin. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre contre Shizuku ici. Mieux valait abandonner le kimono, mais qu’est-ce qu’elle choisirait d’autre ? Stella était troublée, et puis… Shizuku s’approcha gracieusement de Stella et lui murmura quelque chose à l’oreille.

« Si ça ne te dérange pas, pourquoi ne pas me laisser t’habiller ? » demanda Shizuku.

« Toi ? » demanda Stella.

« Avec Alice aidant l’adversaire, ça ne devrait pas être un problème, non ? » demanda Shizuku.

Cependant, Stella ne regarda Shizuku qu’avec suspicion.

« … Tu es toujours emplie de mensonges. C’est impossible pour toi de m’aider. Tu penses sûrement à une blague diabolique. Je ne me laisserai pas avoir, » déclara Stella.

Considérant leur relation apparentée à celle de la mariée et de la belle-sœur, cette réponse était tout à fait naturelle, mais Shizuku avait l’air plutôt déprimée à l’entendre.

« Suis-je si vile… même si je t’ai accepté jusqu’à un certain point ? » demanda Shizuku.

« … Vraiment ? » demanda Stella.

« C’est exact. Sinon, je ne t’aurais jamais laissé être avec Onii-sama. J’utiliserais tous les moyens légaux ou illégaux pour poursuivre une telle femme jusqu’au bout du monde et l’éliminer. Stella-san, tu devrais savoir que je suis ce genre de femme, non ? » demanda Shizuku. « Mais puisque c’est toi… pour la première fois, j’ai reconnu une autre femme. C’est pourquoi je suis très mécontente de cette paysanne qui bourdonne autour d’Onii-sama, et qui vise même son corps. Je ne laisserai pas celle que j’ai reconnu perdre contre quelqu’un comme ça. »

« Shizuku… toi…, » déclara Stella.

« Ne me laisses-tu pas t’aider ? … Onee-sama, » demanda Shizuku.

Shizuku avait tenu les mains de Stella dans les siennes. Elle avait appelé Stella avec un terme qu’elle n’avait jamais utilisé auparavant, et les yeux de Stella s’étaient élargis de joie en l’entendant. Stella ne savait pas qu’elle avait été si bien accueillie par Shizuku, et elle avait donc saisi les mains de Shizuku et avait répondu avec un sourire éclatant.

« Je suis désolée de t’avoir soupçonnée ! Chassons cette femme ensemble ! » déclara Stella.

« Oui… ! » déclara Shizuku.

« Alors, écoutons ton opinion tout de suite ! Quelle est la tenue qui fera de moi la plus mignonne ? » demanda Stella.

« C’est simple, Stella-san… Tes cheveux roux semblent être en feu, et ce corps féminin ne peut être caché par un kimono. Tu n’as pas du tout besoin de te déguiser. Tu es déjà très charmante dans ta tenue habituelle, » déclara Shizuku.

« C’est si… hehe. D’une façon ou d’une autre, entendre ces mots de ta bouche me rend heureuse, » déclara Stella.

« En d’autres termes, Stella-san, tu n’as qu’à utiliser les armes avec lesquelles tu es née. Et le meilleur choix pour le faire, c’est ceci ! » déclara Shizuku.

« Cette tenue est… !? » s’exclama Stella.

« Puisqu’il s’agit d’un festival, divers vêtements seront exposés. Je me suis procuré ça pour toi, Stella-san. Une femme comme toi peut porter ça parfaitement. Et en plus, si on le pimente… tu pourras attraper le cœur d’Onii-sama ! » déclara Shizuku.

« Pour moi… ! Merci, Shizuku ! J’ai l’impression que ça fera l’affaire ! D’accord ! Laisse-moi me changer rapidement ! » déclara Stella.

***

Partie 5

Au moment où Stella et Shizuku s’alliaient, Sara et Arisuin montaient l’escalier mécanique jusqu’à l’étage sous le rayon des vêtements pour femmes. En chemin, Arisuin demanda à Sara juste au cas où.

« Nous n’avons pas beaucoup de temps, alors je veux l’entendre dès le début. As-tu des avis sur le design ou la marque ou tu me laisses tout décider ? » demanda Arisuin.

Sara secoua la tête. « … Je ne sais pas grand-chose, alors occupe-t’en, s’il te plaît. »

« D’accord, » déclara Arisuin.

Cela dit, il y a un match aujourd’hui, donc les vêtements qui rends difficiles les déplacements ne sont pas bons, pensa Arisuin.

Akatsuki était une école sans uniforme. Les vêtements choisis ici ne deviendraient que sa tenue de combat, de sorte que quelque chose de trop orné réduirait sa mobilité. Ça ne suffirait pas. Alors qu’il faisait autrefois partie d’Akatsuki, il n’avait pas de sentiments persistants à ce sujet, donc cela n’avait pas vraiment d’importance pour Arisuin, mais pour Ikki… ce jeune sérieux serait probablement malheureux. Mais, quels que soient les vêtements qu’ils choisissent… il y avait quelque chose qu’il devait faire en premier.

« … D’abord ton visage, » déclara Arisuin.

« Ai-je besoin d’orthopédie ? » demanda Sara.

« Rien d’aussi extrême. Bien que ton visage soit naturellement beau, c’est une perte de temps sans maquillage. Commençons par là, » déclara Arisuin.

Pendant qu’ils parlaient, ils étaient arrivés au rayon cosmétique au troisième étage. Le marbre laiteux dominait la vue, avec des lignes dorées dessinées sur des piliers noirs à certains endroits. De l’autre côté du sol propre de couleur chic, le parfum unique du cosmétique pour femme se répandait dans l’air.

« Laisse-moi te demander une chose, as-tu de l’expérience en maquillage ? » demanda Arisuin.

Sara secoua la tête.

« Eh bien, c’est vrai. Tu n’as pas un intérêt pour la mode…, » déclara Arisuin.

Ses cheveux étaient encore couverts de peinture et ses lèvres étaient sèches. Elle ne s’était jamais maquillée avant.

C’est incompréhensible que sa peau soit impeccable, pensa Arisuin.

Elle avait probablement ce genre de constitution. Au moins, ce n’était pas aussi mystérieux que le poids de Stella.

« Alors tu ne t’y connais pas en maquillage et soins de la peau, n’est-ce pas ? » demanda Arisuin.

« Je ne l’ai jamais fait, mais si tu parles de te mettre de la poudre couleur peau sur le visage, alors je connais ça, » déclara Sara.

« C’est le fond de teint, mais le maquillage, ce n’est pas que ça, » déclara Arisuin.

« Vraiment ? » demanda Sara.

« Ouais. Étant donné cette rare opportunité, je te l’apprendrai dès le début. S’il te plaît, écoute-moi bien, » déclara Arisuin.

« Très bien, » répondit Sara.

« D’abord, avant de se maquiller, les soins de la peau sont importants. Utilise cette mousse nettoyante pour enlever la saleté et l’huile de sébum. C’est nécessaire parce que le maquillage colle mal s’il y a des impuretés, » déclara Arisuin.

« Je vois…, » déclara Sara.

« Ensuite, c’est le toner. Il contient de nombreux ingrédients actifs qui maintiennent ta peau hydratée, » expliqua Arisuin.

« Hmm hmm hmm…, » murmura Sara.

« Une fois que c’est fait, de la lotion. La lotion contient des réactifs qui soutiennent l’élasticité de ta peau. Son utilisation est assez similaire à celle du toner. Enfin, n’oublie pas d’appliquer une crème de jour pour garder les principes actifs du toner et de la lotion sur ta peau. Après l’application de la crème de jour, applique ensuite le fond de teint pour améliorer l’adhérence du maquillage. Ceci est très important, car il protège également ta peau des rayons UV. À ce stade, tu dois utiliser des couleurs de contrôle pour tenir compte de l’état actuel de ta peau. Utilise le type violet si tu es préoccupé par les rougeurs, le type argent si tu veux mettre l’accent sur la brillance. Après cela, c’est enfin l’heure du fond de teint dont tu as parlé, mais il existe d’autres types de produit que la poudre, comme la crème et le liquide. Il est important d’utiliser celui qui convient à ton type de peau, mais s’il y a des taches ou de l’acné qui ne peuvent pas être cachées par le processus jusqu’à présent, utilise un correcteur, et enfin utilise de la poudre pour le visage pour réduire le collant du fond de teint, en terminant par des retouches avec surligneur et fard à joues qui peuvent être utilisés dans l’ordre ou dans l’autre selon la situation. Voilà qui complète la base, donc le maquillage des yeux est le suivant. Est-ce que tu comprends jusqu’ici ? » demanda Arisuin.

Quant à Sara, de la fumée blanche sortait de sa tête. Elle répondit à Arisuin avec des yeux sans vie. « … Je comprends que la vie d’une femme est très difficile. »

« Oh, tu as mieux compris que je ne le pensais. C’est vrai, une femme fait toujours d’énormes efforts pour la beauté tous les jours. Les hommes appellent ça de la tromperie et ne saisissent pas vraiment cet effort, » déclara Arisuin.

« … Tu es aussi un homme, » déclara Sara.

« Je suis une jeune fille dans l’âme, » répondit Arisuin.

« … Tu es bizarre, » répliqua Sara.

« Je ne veux pas entendre ça de ta bouche, » déclara Arisuin.

C’était vraiment regrettable.

« Je ne pense pas pouvoir le faire correctement…, » déclara Sara.

« Eh bien, je viens d’énumérer la procédure en détail, mais il existe des produits qui peuvent combiner la lotion, la crème de jour et la base. C’est très gérable et la pratique rend parfait, essayons de le parcourir une fois, » déclara Arisuin.

En disant cela, Arisuin claqua des doigts, libérant la suppression de sa présence de l’Érmite des Ténèbres, et son ombre éclaircie avait repris immédiatement sa couleur. Et puis…

« Mon beau monsieur, là-bas, achetez-vous un cadeau pour votre copine ? »

Il ne fallut même pas trois secondes avant qu’une jeune vendeuse ne vienne du côté d’Arisuin. La performance des ventes aurait une incidence directe sur l’évaluation du personnel dans ce genre d’endroit, de sorte que les préposées s’étaient précipitées vers des clients comme des piranhas. Un client à la volonté faible serait intimidé par l’agression, et probablement dépouillé de sa chair — de son argent — avant de pouvoir réagir.

Mais bien sûr, Arisuin était familier avec cela. Nullement fatigué par l’attaque de la vendeuse, il avait exprimé ses besoins avec le sourire.

« Non. J’accompagne juste cette fille qui veut choisir son maquillage. On dirait qu’elle n’a jamais appliqué de toner avant, » déclara Arisuin.

« Pas jusqu’à maintenant !? Et pourtant, elle est toujours aussi jolie ! » déclara la vendeuse.

Après avoir remarqué Sara, la vendeuse avait exprimé ses pensées honnêtes avec une expression légèrement surprise.

« Mais si elle est si jolie, ce serait du gâchis de ne pas se maquiller, » déclara la vendeuse.

« Je sais, n’est-ce pas ? Mais comme elle ne l’a jamais fait, elle n’a aucune idée de ce qui lui convient, » déclara Arisuin.

« Je vois, je vois. Dans ce cas, pourriez-vous venir au comptoir, s’il vous plaît ? Je vais vous montrer tous nos échantillons de cosmétiques, » déclara la vendeuse.

« Je vous remercie. Ce sera utile, » déclara Arisuin.

Cette vendeuse ne s’intéressait probablement pas au Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Elle n’avait pas réalisé que Sara était une candidate, et elle parlait normalement.

Après qu’Arisuin ait reçu des sacs d’échantillons, il avait emmené Sara hors du magasin. Ce qu’il avait reçu, c’était le jeu d’échantillons d’un fabricant de cosmétiques biologiques.

« Ils sont tous gratuits ? » demanda Sara.

Les yeux de Sara étaient devenus écarquillés en voyant de belles petites bouteilles non moins fantaisistes que les produits en vente.

« Oui, puisque le maquillage doit correspondre à la personne, la plupart des producteurs fournissent des échantillons à essayer. Certains d’entre eux offrent aussi des remboursements, » expliqua Arisuin.

« … Si généreux, » déclara Sara.

« Selon le contenu, cette petite bouteille peut coûter jusqu’à dix mille yens. Les cosmétiques biologiques ne sont pas sans risque non plus, donc les clients ne prendraient pas le risque s’ils ne le faisaient pas, » déclara Arisuin.

Comme on pourrait s’y attendre pour un assortiment de cosmétiques destiné aux femmes, il y avait beaucoup de jolis articles rangés dans un assortiment unifié. Certains clients étaient même devenus des collectionneurs fanatiques de ces charmantes babioles… ce qui allait à l’encontre de l’intérêt d’avoir des échantillons de maquillage, mais chaque sujet avait ses fanatiques, donc il n’y avait pas lieu de s’en faire.

« Cette caméra a un angle mort ici, alors ça fera l’affaire, » déclara Arisuin.

Arisuin avait utilisé ses yeux d’assassin pour examiner une caméra de surveillance et calculer son champ de vision. Déterminant instantanément l’angle mort, il avait amené Sarah à travers son ombre jusqu’au bord du sol, où ils ne pouvaient être vus. Et puis…

« Maison de l’Ermite, » déclara Arisuin.

Il perça le mur du grand magasin avec l’Ermite des Ténèbres et tira la lame vers le bas comme s’il ouvrait une fermeture éclair, et un trou noir s’ouvrit.

« Maintenant, rentre, » déclara Arisuin.

Sara avait obéi aux paroles d’Arisuin et entra dans le trou noir, et de l’autre côté se trouvait une pièce de neuf mètres carrés, toute en gris.

« … Cet endroit est ? » demanda Sara.

« L’autre bout du monde en utilisant le pouvoir de mon ombre… En d’autres termes, une pièce cachée faite en utilisant l’espace entre les ombres. Tu ne peux pas te maquiller devant les autres, hein ? » demanda Arisuin.

Bien qu’il n’y ait pas d’électricité, l’eau et le gaz étaient disponibles, et il y a même quelques rations stockées ici. S’il en avait envie, il pouvait se cacher quelques jours dans cet endroit pratique. C’est aussi là qu’il avait confiné Kagami il y a quelque temps.

« Voilà la salle de bain, par ici, » déclara Arisuin.

Il fallait se laver le visage avant de se maquiller. Dans le cas de Sara, elle n’avait jamais fait de soins de la peau auparavant, donc ce n’était pas seulement du lavage. L’épluchage, l’enlèvement de l’ancienne couche cornée, était probablement aussi nécessaire. C’est pourquoi Arisuin l’avait emmenée dans la salle de bain au fond de la Maison de l’Ermite.

Sur le chemin, Sara s’arrêta soudain et demanda avec une expression emplie de doutes. « … Pourquoi m’aides-tu ? »

« Oh, n’as-tu pas envie de polir une pierre précieuse si tu en trouves une ? » demanda Arisuin.

« Tu nous as trahis, » déclara Sara.

« C’est vrai que j’ai trahi la Rébellion, et je n’ai pas l’intention de travailler pour eux une deuxième fois… mais c’est différent de t’aider en tant que personne. Bien sûr, il y a aussi le fait que c’est demandé par Ikki et les autres personnes avec lui, et en plus, Lily, tu n’as pas une aura désagréable, » déclara Arisuin.

« C’est parce qu’hier était un jour de douche, » déclara Sara.

« Non, ce n’est pas ce que je voulais dire… plus important, c’est quoi un jour de douche !? Une fille doit se doucher correctement tous les jours ! » Arisuin soupira d’étonnement.

« … C’est une métaphore. La plupart de ma vie a été rude, je peux donc sentir l’air pourri de ceux qui ont volontairement sombré dans la corruption, » déclara Sara.

Les terroristes de la Rébellion avaient toutes sortes d’antécédents. Par exemple, des gens comme le Marionnettiste qui exécutait des actes maléfiques, et des survivants comme Tatara qui vivaient dans des environnements où ils ne connaissaient que le mal — Arisuin ne croyait pas que ces deux maux étaient les mêmes. Le premier était au-delà de tout moyen de le sauver, mais le second n’était… qu’une victime des circonstances. Celui qui avait rampé des profondeurs de cette ville enneigée avait compris que l’égalité n’existait pas dans la vie. C’est pourquoi il ne préjugeait pas les gens par organisation. Il n’avait compté que sur ses propres sens développés au cours de la dernière décennie.

« Tant que mon odorat ne rejette pas Lily, je n’ai aucune raison de te détester, » déclara Arisuin.

« … Je vois, » déclara Sara.

« En parlant de ça, je veux aussi entendre quelque chose de toi. Mario Rosso est un artiste célèbre dont j’ai entendu parler, alors pourquoi travailles-tu comme sous-fifre de la Rébellion ? » demanda Arisuin.

Mais Sara secoua la tête pour nier ses prémisses.

« Je ne fais pas partie de Rébellion, et je n’ai pas l’intention de m’y joindre. Je ne fais que… rembourser ma dette, » répondit Sara.

« Dette ? » demanda Arisuin.

Sara hocha la tête. « Il y a un tableau que je veux finir quoiqu’il arrive. Mais avant de pouvoir le peindre, je dois parcourir le monde pour élargir mes connaissances. Je dois trouver mon modèle idéal… Pour cela, j’ai été opéré par le Grand Professeur pour ma maladie. J’ai vendu mes tableaux pour payer les frais de traitement. J’ai aussi emprunté leurs itinéraires pour entrer en conflit et chercher mon modèle. Notre relation se résume à ça. »

La raison pour laquelle elle participait à cette bataille était aussi de chercher son modèle. Les idéaux de la Rébellion ne l’intéressaient pas non plus. Elle utilisait la Rébellion pour son propre objectif, et la Rébellion l’utilisait aussi pour leur propre bénéfice.

« Alors c’est comme ça… Mais dans ce cas, tu t’es fait arnaquer. Je ne sais pas de quel genre d’opération il s’agissait, mais vu la valeur de tes tableaux, ils valaient probablement assez d’argent pour acheter un pays, » déclara Arisuin.

« Je m’en fiche de ça. Si je peux mettre la main sur le corps que je veux peindre, je n’ai pas besoin d’argent. Il n’y a rien d’autre que je veuille, » déclara Sara.

La voix de Sara était claire et sans émotion, mais la volonté qu’elle exprimait était lourde. Arisuin savait que c’était le poids de sa détermination, plus lourde et plus forte que ce à quoi Arisuin s’attendait… Il aperçut de la tristesse dans les pensées de Sarah, et se sentit un peu coupable d’avoir utilisé ce sentiment.

« … J’espère que tu pourras le compléter, » déclara Arisuin.

« Ça a pris du temps, mais j’ai finalement trouvé mon modèle. Je vais à tous les coups le finir, » déclara Sara.

« Tu parles d’Ikki, c’est ça ? » demanda Arisuin.

« Oui. Les démons rampent sur chaque partie du tableau. La figure d’un messie se tenant parmi eux sans crainte, possédant un courage sans pareil et une pure douceur telle une jeune fille. Il possède ces deux impressions contrastées, une représentation idéale de l’homme, » déclara Sara.

… Pour le découvrir, Sara avait fait le tour du monde, et maintenant elle l’avait finalement rencontré.

« Dès que j’ai vu le roi de l’épée sans couronne, mes sens se sont mis à hurler. C’est exactement celui que je cherchais, » déclara Sara.

L’expression de Sara pendant qu’elle parlait semblait un peu fiévreuse. Comme si, c’était comme si… elle se vantait de son amoureux.

« Haha. Ce qui veut dire que c’était le coup de foudre, » déclara Arisuin.

« … Vraiment ? » demanda Sara.

« Parce qu’en d’autres termes, Ikki est ton homme idéal, n’est-ce pas ? N’est-ce pas la même chose que de tomber amoureux au premier regard ? » demanda Arisuin.

Sara était confuse par ce qu’Arisuin avait souligné.

« … Je ne comprends pas… puisque je n’ai jamais considéré de telles choses avant…, » déclara Sara.

Était-elle tombée amoureuse d’Ikki ? Bien qu’elle l’ait demandé dans son cœur, elle n’avait pas pu obtenir de réponse. C’était la même chose que de ne pas comprendre une langue étrangère quand on l’entendait pour la première fois. C’était une émotion que le cœur de la jeune fille, un bourgeon sans connaître le « A » de l’Amour, ne pouvait comprendre.

***

Partie 6

Le premier à revenir au point de rencontre fut Ikki. À part lui, tous les autres étaient des filles, donc il savait que ça prendrait probablement du temps. Ikki s’était assis sur un banc à proximité, et commença à lire un livre qu’il acheta dans un magasin en attendant le retour des autres. Cinq minutes s’étaient écoulées.

« Désolée. T’ai-je fait attendre ? »

Ikki ferma son livre et leva les yeux vers la voix d’Arisuin.

« Non, ça ne fait pas si longtemps…, » répondit Ikki.

H-Hein ?

 

 

Il s’était figé en raison du doute. À côté d’Arisuin se tenait Sara, qui avait été retouchée par Arisuin. Sa tenue n’était pas un maillot, et bien sûr pas un tablier. Elle portait aussi un soutien-gorge correctement. Au contraire, son soutien-gorge avait été totalement exposé. De plus, elle portait une paire de pantalons en jean remodelés à partir de jeans, et son exposition globale n’avait fait qu’augmenter.

« … E-Euh, Alice, » il interrogea Arisuin d’un coup d’œil en lui demandant. « Que signifie tout cela », et Arisuin soupira en réponse à sa confusion.

« Je sais ce que tu essaies de dire… J’ai travaillé dur, tu sais ? Mais…, » déclara Arisuin.

Il avait expliqué comment c’était devenu comme ça. Ce n’était pas compliqué. Il y avait une raison claire et simple. Après avoir fini son maquillage, ils avaient choisi sa tenue et elle avait essayé au hasard un jean conçu pour l’été. Soudain, Sara s’effondra soudainement, et puis elle déclara avec un visage pâle… « L-Lourd… »

« Pour le dire simplement, c’était une surcharge de poids. J’ai aussi entendu dire que parce que Stella-chan était effrayante, elle s’était forcée à porter ce maillot. Mais elle a fini par épuiser toutes ses forces, » répondit Arisuin.

« N’est-ce pas trop faible ? » demanda Ikki.

« J’ai aussi été surprise…, » répondit Arisuin.

« … Parce que je n’ai jamais rien porté de plus lourd que mon pinceau, » expliqua Sara.

« Sara-san, comment avez-vous réussi à vivre jusqu’à maintenant… ? » demanda Ikki.

« Cependant, j’ai arrangé les choses en fonction de son poids pour qu’elle n’ait pas l’air d’une exhibitionniste. Tu n’as pas à t’inquiéter qu’ils rebondissent si elle porte un soutien-gorge, » déclara Arisuin.

Arisuin alla derrière Sara, l’avait saisie par les épaules et la poussa vers Ikki, faisant signe à Ikki de vérifier par lui-même. Eh bien, il n’avait certainement pas remarqué à cause de l’augmentation soudaine du taux d’exposition, mais Arisuin semblait avoir fait beaucoup d’efforts sur l’équipement de Sara. Sa moitié supérieure se composait d’un soutien-gorge d’apparat et d’un gilet d’été à manches longues. Sa moitié inférieure se composait d’un pantalon chaud et de bottes. Le devant de son gilet n’était pas fermé, ce qui montre l’attrait de sa silhouette en sablier, de son buste à sa taille fine. Ses manches étaient assez longues pour se couvrir jusqu’aux deuxièmes jointures de ses doigts, ses cheveux étaient laissés tels quels, et l’ensemble du style rehausse l’atmosphère sexy et morose de Sara. Arisuin était plus habile que jamais.

En plus de tout cela, son maquillage était parfait. Sa peau blanche avait gagné en élasticité avec l’utilisation de toner et de lotion, et ses cils étaient magnifiquement bouclés. L’ombre et le reflet délicatement utilisés avaient façonné les traits du visage de Sara, et ses lèvres, auparavant sèches, avaient la fraîcheur des fruits mûrs, rayonnant de vitalité.

Rien n’était négligé ou excessif. Tout était juste ce qu’il fallait. Honnêtement parlant… Ikki la trouvait belle.

« … Est-ce étrange ? » demanda Sara.

« Pas du tout. C’est beaucoup mieux qu’avant. Vous êtes vraiment jolie, Sara-san, » déclara Ikki.

« … Je vois, » répondit Sara.

Ikki relaya son impression directement à Sara, qui répondit indifféremment et détourna son regard, mais… son regard vacilla légèrement et ses joues brillèrent légèrement de la couleur des cerisiers en fleurs. Elle avait l’air gênée. C’était la première fois que Sara se comportait comme une fille.

« Comme on s’y attendait d’Alice. N’a-t-elle pas l’air beaucoup mieux ? »

La voix dirigée vers Sara venait de Shizuku, qui venait d’arriver. Elle s’approchait d’eux avec ses getas, faisant de petits pas pour que ses ourlets ne soient pas défaits. Elle se pencha sur le côté d’Ikki comme si elle revendiquait sa place, et prit sa manche avec sa petite main.

« Shizuku, tu as acheté ces vêtements ? » demanda Ikki.

Shizuku acquiesça de joie à la question d’Ikki.

« Oui. Comme je n’ai toujours pas utilisé la récompense, car on a vaincu ces terroristes, j’ai acheté ça. De quoi ça a l’air, Onii-sama ? » demanda Shizuku.

« Un motif d’iris, hein ? Ça va bien avec les couleurs calmes. Ça te va vraiment bien, » répondit Ikki.

Alors qu’Ikki répondait à Shizuku, il lui tapota les cheveux argentés avec juste assez de force pour ne pas abîmer sa coiffure.

« Merci pour le compliment, » déclara Shizuku.

Shizuku lui avait retourné de la gratitude, ses yeux se plissèrent de bonheur. Mais cette expression s’était transformée en un sourire diabolique quand Ikki avait cessé de la caresser.

« Mais Onii-sama, tu dois attendre Stella-san avec impatience, non ? » demanda Shizuku.

« Eh, n -non… c’est…, » répondit Ikki.

« Tu n’as pas à trouver d’excuses. Vouloir voir la beauté de celle qu’on aime est une chose évidente, » répondit Shizuku.

Quand Shizuku avait dit cela, elle s’était tournée vers le chemin d’où elle venait et avait appelé.

« Maintenant, Stella-san ! C’est l’heure de la finale ! Avec ton charme et ta beauté rehaussés par cette nouvelle tenue, tu as battu la nouvelle concurrente à plate couture ! » déclara Shizuku.

« Laisse-moi faire ! » répondit Stella.

La réponse était venue d’un espace vide. Non, elle s’était juste rendue invisible avec Voile de Flamme. Stella avait immédiatement libéré son Art Noble, et avait sauté devant Ikki. Et puis…

 

 

« Je suis devenue un mignon petit lapin et je vais bondir dans le cœur d’Ikki, pyon ~ ♪ »

 

Avec une paire d’oreilles de lapin attachées par un bandeau, et vêtue de collants en résille, elle avait serré Ikki dans ses bras dans son apparence de fille lapine.

En un instant, tout le monde était devenu silencieux. Bien sûr, Ikki, mais même Arisuin et Sara, ainsi que les passants étaient dans cet état. Ils avaient perdu leurs mots et leurs expressions, après avoir vu cette étrange Stella.

« Hehehehe. Shizuku, regarde, Ikki semble incapable d’émettre un son de ma beauté ! » déclara Stella.

Seulement, elle n’avait pas remarqué. Ikki posa ses mains sur les épaules d’une Stella, trop positive, et la repoussa. Puis… il avait regardé au loin et avait parlé.

« Pour l’instant, change-toi, Stella-san, » déclara Ikki.

« Quoi !? Tu me parles si froidement !? N’ai-je pas bondi dans ton cœur !? » demanda Stella.

« Pffft. »

Des rires moqueurs venaient vers Stella, et quand elle se retourna, elle vit une fille se moquer d’elle avec des yeux teints de plaisir sadique, et le visage de Stella avait immédiatement pâli.

« … Shizuku, toi ! Ne me dis pas… que tu m’as piégée !? » s’écria Stella.

« Dire que je t’ai piégée, Hmph, comme c’est déshonorant. Réfléchis un peu, s’il te plaît. D’abord ─ serai-je ton alliée ? » demanda Shizuku.

« Quand tu as dit : “Ikki aime les lapins, alors la tenue de lapine aura beaucoup de points”, c’était aussi… ! » demanda Stella.

« Ce genre de bonus n’existe que dans Dragon Quest, » répondit Shizuku.

Réalisant qu’elle avait été manipulée par cette petite diablesse, le visage de Stella bouillonna de honte et de colère.

« Toi, toi ! Ikki, tu vois !? Shizuku m’a trompée ! » déclara Stella.

« Ouais, je sais. Je le sais déjà, alors changez-vous, Vermillion-san, » déclara Ikki.

« Noooooon ! La distance entre nos cœurs s’élargit si vite ! Maintenant, c’est comme le moment où nous nous sommes rencontrés pour la première fois — ! Grr ! Shizuku ! Tu verras plus tard ce que je te ferai ! Souviens-toi de ça — ! » cria Stella.

Stella cria de colère et s’était enfuie avec ses mains enlacées sur son corps. Elle voulait probablement remettre son uniforme. Derrière le dos de Stella… Les épaules de Shizuku tremblaient en riant.

« Hé, Shizuku. Ne tyrannise pas trop Stella, » déclara Ikki.

« Non, » répondit Ikki.

Ikki avait averti Shizuku qu’il ne pouvait plus supporter de le regarder, alors que Shizuku l’avait rejeté sans hésitation. Il avait été un peu surpris de son fort rejet, ce qui était rare si l’on considère qu’elle lui obéissait en général tout le temps.

« Es-tu si réticente que ça, au point de refuser ce que je dis sans ménagement ? » demanda Ikki.

« Oui. C’est mon privilège spécial. Je n’arrêterai pas même si Onii-sama me demande d’arrêter, » répondit Shizuku.

Comme Shizuku répondit ainsi à Ikki, elle regarda dans la direction où Stella s’enfuit à nouveau.

« … Vraiment, une personne si mignonne, » le côté du visage de Shizuku pendant qu’elle murmurait… pour une raison ou une autre, cette vue avait un peu poignardé le cœur d’Ikki.

Hein, pourquoi ça le serait ? Se demanda Ikki.

Il était confus par ce sentiment incompréhensible. Qu’avait-il ressenti quand il l’avait vue de profil à l’instant ? L’amour ? … Ou était-ce de la tristesse ? Il ne pouvait pas comprendre. Et puis, alors qu’il n’arrivait toujours pas à trouver une réponse…

« — Bon, Onii-sama, je vais battre en retraite avant que le mignon petit lapin ne devienne une démone rouge et ne revienne. Il est temps pour moi de prendre des dispositions pour le match du troisième tour ce soir, » déclara Shizuku.

Shizuku avait informé Ikki qu’elle reviendrait en premier… Il n’y avait aucune raison de l’arrêter, surtout si c’était pour se préparer pour ce soir. Actuellement, il n’y a rien de plus important que cet événement. Ikki chassa la sensation de son esprit et hocha la tête.

« Compris. Je vais apaiser Stella, » déclara Ikki.

« Je te le laisse… Alice, j’espère que tu peux m’aider. Veux-tu qu’on y aille ensemble ? » demanda Shizuku.

« Oui, ce n’est pas grave. Mon travail ici est aussi fini, » déclara Arisuin.

« Je te remercie. Alors, excuse-nous, Onii-sama, » déclara Shizuku.

« Au revoir. Revenez à l’heure avant le début du match, d’accord ? » répondit Ikki.

Shizuku et Arisuin étaient partis ensemble. Alors qu’ils partaient, Ikki regardait la silhouette distante de Shizuku…

« J’ai hâte de te combattre en demi-finale, » déclara Ikki.

Il l’avait dit en guise d’encouragement. Shizuku avait tourné la tête en entendant cela, puis après avoir utilisé sa voix la plus forte pour répondre « OUI », elle soit montée dans l’ascenseur avec Arisuin et avait quitté sa vue.

Quelques minutes plus tard, Stella était revenue après avoir remis son uniforme.

« Hein ? Où sont Shizuku et Alice ? » demanda Stella.

La première personne qu’elle cherchait était bien sûr Shizuku, qui allait recevoir sa vengeance. Mais Shizuku n’était probablement plus dans le bâtiment, et Ikki le lui avait dit.

« Elle a dû faire quelques échauffements pour le troisième round, alors elle est retournée… en avance… ? » répondit Ikki.

Cependant… il s’était encore raidi. Pourquoi ? Il avait reçu un autre choc dans son cerveau, encore plus fort que le costume de lapine avant. La source de cet impact était dans les bras en colère de Stella. Ce qu’elle tenait, c’était… un bébé qui dormait les yeux fermés.

« Je suppose qu’elle s’est enfuie, hein… cette morveuse ! » déclara Stella.

« S-Stella, ce… bébé est ? » demanda Ikki.

« L’as-tu mis au monde ? » demanda Sara.

« Pas possible ! » s’écria Stella.

***

Partie 7

C’était arrivé après que Stella ait enlevé le costume de lapine et ait mis son uniforme.

« Salope agaçante, salope agaçante, salope agaçante, salope agaçante ! Je ne lui pardonnerai absolument pas aujourd’hui ! Je vais utiliser Ar● Alpha et lui coller des oreilles de chat sur la tête à mon retour ! » déclara Stella.

À moitié en larmes, Stella vérifiait sa tenue vestimentaire devant le miroir au-dessus de l’évier, et à ce moment ─, soudain, la vue d’un bébé apparut dans le miroir, flottant en silence au-dessus et derrière elle.

Elle était si choquée qu’elle avait retenu son souffle, mais ce n’était pas le moment d’oublier ça, parce que l’enfant en bas âge tombait en raison de la gravité.

« Attention !! » cria Stella.

 

« … Et c’est ce qui s’est passé, » expliqua Stella.

« Tu as fait une grande chose, » déclara Ikki.

Ensuite, Stella et les deux autres étudiants avaient emmené le nourrisson au centre pour enfants perdus du grand magasin. Ils s’étaient assis sur le canapé à l’intérieur du centre, attendant que le tuteur de l’enfant soit trouvé. L’enfant, un garçon probablement âgé de moins d’un an, dormait dans les bras de Stella. Stella baissa le regard sur le nourrisson et demanda à Ikki à côté d’elle.

« … Cet enfant est un Blazer, non ? » demanda Stella.

Ikki hocha la tête.

« Probablement. Je pense qu’il a une capacité de téléportation similaire à celle de Jougasaki-san, » répondit Ikki.

Il n’y avait pas d’autre moyen pour lui de surgir de nulle part. Normalement, les capacités des Blazers étaient découvertes après qu’ils eurent atteint l’âge de penser, mais il arrivait qu’une partie des bébés ayant de fortes capacités s’activent soudainement même s’ils ne manifestaient pas un Dispositif. Un nourrisson qui ne pouvait même pas se tenir debout tout seul n’avait aucun contrôle sur sa puissance anormale… naturellement, c’était très problématique, voire dangereux pour sa vie selon les circonstances. Si Stella n’avait pas attrapé le nourrisson et qu’il s’était cogné la tête sur le sol dur, causant une blessure grave… dans le pire des cas, il aurait pu mourir.

« C’est vraiment génial que Stella soit là, » déclara Sara.

« C’est vrai… J’espère que ses parents seront bientôt retrouvés, » répondit Ikki.

« Je m’interroge là-dessus. Nous ne savons pas dans quelle mesure cet enfant était capable quand il a réveillé son pouvoir, » déclara Stella.

S’ils avaient de la chance, ses parents étaient dans ce grand magasin, mais il était possible qu’il soit venu de loin. Voyant que « Makoto Nitta » était écrit sur sa plaque signalétique, il était raisonnable de dire que l’enfant était japonais, donc ses parents devaient être au Japon.

« Puisque nous avons déjà informé le personnel du grand magasin, restons avec lui aussi longtemps que notre temps le permet, » déclara Ikki.

« C’est vrai… ah, » s’exclama Stella.

C’est à ce moment que l’enfant dans les bras de Stella s’était tordu le corps et avait ouvert les yeux.

« Aah, mai… ? » murmura Stella.

Et puis ses grands yeux larmoyants avaient vu le visage de Stella — .

« Waaaaaaahhh ~ !! » Il avait crié.

Non, ce n’était pas seulement ça, il se tortillait le petit corps en essayant de s’échapper des bras de Stella. C’est probablement parce qu’il avait commencé à paniquer de ne pas voir sa mère.

« H-Hey ! Ne te tortille pas ! C’est dangereux ! » déclara Stella.

« Waaaaaaaaaaahhh !! »

« Qu’est-ce que je dois faire ? Que dois-je faire, Ikki !? » demanda Stella.

Malgré un coup de pied au visage, Stella l’avait quand même serré dans ses bras pour l’empêcher de tomber et avait demandé de l’aide à Ikki. Mais Ikki ne savait pas non plus comment s’occuper d’un bébé. Même s’il avait une petite sœur, ils n’étaient séparés que d’un an. Pour l’instant, il avait essayé le classique « Coucou »…

« Waaaaaaaaaaaaaaahhhhhh !! »

« Ça a empiré !? » s’exclama Stella.

« Comme c’est troublant ! » déclara Ikki.

Les deux individus regardèrent avec inquiétude le nourrisson, qui n’avait pas l’intention d’arrêter de pleurer. Et en poussant entre ces deux-là…

« Donne-le-moi. » Sara avait pris le bébé dans les bras de Stella.

« Sara !? C’est trop risqué avec ton manque d’endurance ! Qu’est-ce qu’on fait si tu le lâches ? » demanda Stella.

« Tais-toi. Tu es un peu trop bruyante, » répliqua Sara.

« Erk. »

Stella avait essayé d’enlever l’enfant, mais elle avait été bloquée par le regard de Sara. Sara s’était assise sur le canapé, et tandis qu’elle caressait l’arrière de la tête du bébé…

« Ce n’est pas grave. Ta maman va bientôt revenir, » murmura Sara.

Elle avait parlé d’un ton apaisant, et peu après…

« Ahh, au ? »

« Il a arrêté de pleurer…, » murmura Stella.

Étonnamment, l’enfant frénétique s’était calmé.

« Vous êtes incroyable, Sara-san. Êtes-vous habituée à ça ? » demanda Ikki.

« Pas vraiment… C’est juste que j’ai observé diverses choses pendant mon voyage autour du monde, donc même sans mots, je peux comprendre ce qu’il veut, comment il se sent... Cet enfant manque d’assurance parce que ses parents ne sont pas là. Si nous ne sommes pas calmes non plus, ça ne fera qu’empirer les choses, alors on doit se calmer. Même un enfant est sensible aux sentiments d’un adulte proche, » expliqua Sara.

« Désolé, désolé, » après avoir été réprimandés et critiqués, Ikki et Stella avaient baissé la tête et s’étaient excusés.

Les enfants auraient peur s’ils voyaient des adultes de mauvaise humeur. Certes, c’était vrai, donc ce ne serait pas bien s’ils agissaient de façon non calme. Bien que Stella ait ressenti une certaine frustration en tant que femme, en plus de s’inquiéter de la force des bras de Sarah, il semblerait que laisser l’enfant à Sarah était la meilleure solution. Stella en avait décidé ainsi et s’était retirée, mais elle était restée préparée au cas où Sara laisserait tomber le bébé à un moment donné.

Quelque temps après s’être calmée, l’enfant avait commencé à se frotter contre les seins de Sara.

« U — pai ! Pai ! »

Stella avait laissé sortir un sourire inconsciemment face à ce geste adorable.

« Hahaha. Je sais ce que ça veut dire, » murmura Stella.

Il voulait probablement du lait maternel.

« Désolée, on ne peut pas encore produire de lait, » déclara Sara.

« Je vais chercher du lait chez le responsable ici, » déclara Ikki.

Ikki, toujours prévenant, était sur le point de se lever, mais à ce moment Sara avait pris une mesure choquante. Elle écarta le soutien-gorge voyant qu’Arisuin avait choisi pour elle et exposa l’un de ses seins blancs.

« Buh !? »

« Attends… Sara !? Qu’est-ce que tu es — ? » commença Stella.

« Silence, » Sara regarda Stella, qui faisait un grand bruit à cause du choc soudain, et la gronda.

« Ah, désolée… mais… ! » répondit Stella.

« … Même si je ne peux pas produire de lait, ça lui donnera la tranquillité d’esprit, » déclara Sara.

Et comme Sara l’avait dit, le nourrisson semblait satisfait de sucer le mamelon de Sara, même sans qu’il laisse sortir du lait. Il n’avait certainement pas faim. Ce que le nourrisson cherchait, ce n’était pas de la nourriture, mais de la chaleur. Sara l’avait compris, car elle avait les yeux observateurs de l’artiste numéro un mondial.

Et puis, comme Sara imitant l’allaitement maternel avec le nourrisson…

« Ninna nanna, ninna oh... questo bimbo a chi lo dò ~ ♪ . »

… elle avait commencé à chanter avec une belle voix. Stella, bien versée dans les langues en tant que princesse impériale, l’avait immédiatement reconnue comme une berceuse italienne [1].

« Se lo do al lupo bianco… me lo tiene tanto tanto ~ ♪, » continua-t-elle.

Une mélodie tissée avec amour, et bien que l’enfant n’en connaisse pas le sens, il ressentait à tous les coups l’émotion contenue dans la chanson, qui dépassait les frontières, les mots, les sens. Très probablement, c’était ça, la maternité.

« Ninna nanna, nanna fate… il mio bimbo addormentate ~ ♪ »

Au bout d’un moment, le nourrisson avait de nouveau émis un petit bruit indiquant le sommeil entre les seins de Sara.

La silhouette de Sara tenant cette petite vie en chantant une berceuse… que ce soit aux yeux de Stella ou d’Ikki, c’était une scène plus belle que toute autre.

Notes

  • 1 Ninna nanna ninna oh : Une berceuse italienne dans laquelle une mère contemple les différents choix qui s’offrent à elle pour abandonner son bébé. Dans cette histoire, les paroles sont abrégées.

***

Partie 8

Après que le nourrisson se soit endormi à nouveau, Sara l’avait donné à Ikki. Ses bras atteignaient probablement leur limite.

« Il dort bien, » murmura Ikki.

Ikki avait souri face au petit dans ses bras, mais son sourire devint vexé.

« … Stella aussi, » continua Ikki.

« Zzzzz. Zzzzz. »

Stella avait aussi été attirée dans le rêve par la berceuse de Sara. Bien qu’elle ait eu une attaque, une défense et une vitesse parfaites, il semblait qu’elle n’était pas préparée aux effets anormaux du statut. D’un autre côté, après avoir passé le bébé à Ikki, Sara avait ouvert son cahier et l’avait posé sur ses genoux. Elle avait commencé à dessiner le bébé qui dormait dans les bras d’Ikki. Ce n’était pas comme le dessin incroyablement rapide qu’elle avait utilisé pendant ses batailles, mais plutôt lent et prudent. Sur le cahier blanc soigné, avec un seul crayon, elle avait façonné un monde de profondeur. Il était si détaillé que s’il tendait la main vers elle, son doigt pourrait s’enfoncer dans le cahier et toucher la joue tendre du nourrisson. Pour Ikki qui ignorait tout de la peinture et du dessin, la technique de Sara semblait magique.

« … Hmm ? Quoi ? » demanda Sara.

Elle avait probablement remarqué Ikki qui regardait son carnet. Sara fit face au regard d’Ikki, et inclina la tête lors de sa question.

« Ah, désolé. Juste que je me suis dit que vous étiez douée pour ça, » répondit Ikki.

Eh bien, elle était une peintre de renommée mondiale dont les œuvres valaient un chiffre astronomique de plusieurs milliards de dollars US par pièce, selon Stella. Il était évident qu’elle serait douée pour cela, mais il ne pouvait toujours pas s’empêcher d’exprimer son opinion. Bien qu’Ikki n’ait aucune connaissance de la peinture, il avait d’excellents yeux et pouvait observer le mouvement d’une personne avec précision, de sorte qu’il comprenait d’un simple coup de crayon que sa technique était le résultat d’un entraînement intense, rendant ce seul acte unique. C’était la même chose que la maîtrise à l’épée d’un génie, inatteignable sans une passion extraordinaire et la volonté de suivre son propre chemin jusqu’au bout.

« … Vous aimez vraiment peindre, » déclara Ikki.

Honnêtement, Sara était une personne gênante qui le poursuivait pour qu’il soit son modèle nu, si obsessionnel qu’il ne voulait même pas être près d’elle, et pourtant il respectait sa forte volonté. Mais en réponse, Sara avait dit…

« … J’aime bien ces jours-ci, » répondit Sara.

« Ces jours-ci ? » demanda Ikki.

Ikki avait montré un doute face à cette réponse. Sara jeta un coup d’œil vers ses yeux… et murmura peu à peu avec une voix pleine d’amertume ─ .

« Dans le passé, je détestais peindre, » déclara Sara.

***

Partie 9

Sara Bloodlily. Dans son enfance, cette jeune fille avait vécu dans un petit atelier dans les montagnes, à la périphérie de l’Italie. Elle était née avec une maladie qui avait affaibli ses os, la laissant incapable de marcher seule, alors ce qu’elle pouvait atteindre depuis son lit était son monde. Et ce qu’elle pouvait voir, c’était son père.

Ce n’était pas un artiste célèbre. Tout ce qu’il avait fait, c’était de peindre sur une immense toile une image religieuse d’un messie brûlant une horde de démons avec une lumière sainte, sauvant le monde lors de l’Armageddon. Il avait peint ça pendant des années. La vision de son dos était tout ce dont Sarah se souvenait — elle n’avait aucun souvenir de lui se retournant.

Même quand elle l’avait appelé, aucune réponse n’était venue. Elle ne connaissait pas le visage de son père, ni même si elle l’avait déjà vu. Il avait toujours été absorbé et possédé par le tableau qu’il avait sous les yeux.

C’est pourquoi…

« … Je détestais la peinture, parce qu’elle m’a enlevé mon père, » déclara Sara.

Elle voulait son attention. Elle voulait son amour. Sara avait parlé de ses sentiments quand elle était jeune, et Ikki avait demandé en réponse.

« Alors Sara-san, pourquoi avez-vous… pourquoi avez-vous commencé à peindre ? » demanda Ikki.

Si elle détestait tant que ça, pourquoi le faire ? La réponse de Sara était… la mort de son père. Un jour, son père était tombé à côté de la toile et était mort. Selon la gouvernante qui avait emmené son père à l’hôpital, la cause semblait être l’aggravation de sa maladie chronique. Il ne restait dans l’atelier qu’une Sara solitaire et une énorme peinture à l’huile incomplète.

Après que ses larmes se soient taries trois jours plus tard, Sara… avait regardé avec haine le tableau qui avait tué son père. Son immense toile pouvait à peu près couvrir un mur en entier de la pièce. À la fin, le centre où le messie aurait dû être dessiné était resté vide, incomplet après la mort de son père.

Elle avait décidé de le détruire. Comme elle n’éprouvait que de la haine pour ce tableau, ce choix était évident. À cause de cela, son père ne s’était jamais retourné une seule fois. Sara avait épuisé toutes ses forces pour ramper de son lit jusqu’à la toile, prenant une journée entière pour le faire, et s’était tenue devant elle en s’appuyant sur une chaise.

Elle avait pris un couteau de peinture à proximité et l’avait soulevé, afin de couper la toile en deux. Mais…

« Je ne pouvais pas déplacer le couteau…, » murmura-t-elle.

Parce que loin de son lit, elle avait vu des choses qu’elle n’avait pas pu voir avant.

Des tubes de peinture vides jonchaient le sol, plus qu’elle ne pouvait compter. Il y avait des dizaines de pinceaux abandonnés, avec leurs soies ébouriffées. Une palette superposée de couleurs sèches était là.

Et le blanc sur la toile, laissé en lambeaux après que la peinture ait été appliquée et grattée tant de fois.

Elle pouvait sentir le feu de la passion de son père, et au moment où elle l’avait fait, la haine dans le cœur de Sara… s’était fanée pour devenir de la tristesse. Les larmes qu’elle croyait sèches s’écoulèrent à nouveau. Il avait passé beaucoup de temps, ignorant même sa propre fille et négligeant sa propre santé, afin de créer ce travail. Mais à la fin, il n’avait pas pu l’achever. Malgré tant de réflexion et de passion, son père n’avait pas été favorisé par les Muses.

À quel point cela l’avait-il rendu amer ? En pensant aux regrets de son père, Sara avait arrêté de pleurer. Elle pouvait reconnaître la profondeur de son effort dans les profondeurs de sa tristesse… alors Sara s’était décidée à une chose.

Elle achèverait ce tableau.

« Parce que plus que verser des larmes, ou tenir des fleurs et faire son deuil, ce serait mieux d’honorer ainsi mon défunt père, » déclara Sara

C’était le seul lien qui restait entre eux.

Après cela, la connaissance de son père, Kouzou Kazamatsuri, était venue voir Sara.

« On m’a demandé de m’occuper de sa fille s’il lui arrivait quelque chose, » avait-il déclaré.

Il l’avait accueilli et dépensa une grosse somme d’argent pour que le Grand Professeur, l’un des Douze Apôtres de la Rébellion, vienne soigner sa maladie. Sara avait obtenu un corps qui n’était pas complètement guéri, mais qui pouvait au moins bouger. Elle avait appris à peindre pour satisfaire les regrets de son père, tout en cherchant un modèle pour remplir cette toile blanche, un messie qui s’opposait à la méchanceté de la horde.

Cette fille avait parcouru le monde et fait face à un danger de mort, mais elle n’avait fait aucun compromis. Elle avait passé dix ans, plus de la moitié de sa vie. Si sa technique ou son modèle choisi avait été fade, la passion maudite de ce tableau l’aurait consumée.

« Ce faisant… sans m’en rendre compte, j’ai fini par aimer la peinture… après tout, j’étais un peu heureuse de réaliser que son sang coulait en moi, » déclara Sara.

« … Je vois, » répondit Ikki.

D’après les aveux de Sara, Ikki savait que c’était la raison pour laquelle elle le poursuivait si obstinément. Il ne savait toujours pas pourquoi elle le voulait spécifiquement, mais s’il était celui qu’elle avait choisi après une demi-vie de recherche, il ne serait pas facile de la faire abandonner. Mais…

« … Pourquoi ? » demanda Ikki.

« Pourquoi quoi ? » demanda Sara en retour.

« Pourquoi aller si loin ? Vous ne connaissez même pas le visage de votre père, n’est-ce pas ? » demanda Ikki.

Ikki connaissait la raison de l’entêtement de Sarah, mais il ne la comprenait pas. Pourquoi ferait-elle ça pour un père qui ne l’avait jamais aimée ?

C’était… une question qui s’appliquait aussi à Ikki, après tout. Et pourtant, Sara répondit sans hésitation.

« Parce que je l’aime, » répondit Sara.

« Alors que vous ne vous souvenez pas de son visage et même si vous avez déjà reçu son amour ? » demanda Ikki.

« C’est vrai que je ne m’en souviens pas. Je sais que ce n’est pas un bon père. Mais… Je ne l’ai jamais détestée. Et c’est tout ce qu’il faut. Si mon amour est réel, peu importe qu’il soit unilatéral, » répondit Sara.

Peut-être que son père l’avait sérieusement négligée. Et même si ce n’était pas le cas, il ne voudrait probablement pas que sa fille s’ajoute à son héritage. Mais elle s’en fichait, parce qu’ils étaient père et fille.

« Même si c’est égoïste, je devrais pouvoir l’aimer à ma façon. C’est évident, non ? » répondit Sara.

À ce moment-là, Ikki trouva la réponse à sa propre question.

Je… vois, pensa Ikki.

Ikki pensait qu’il n’avait pas le choix, que son père et lui ne se croiseraient jamais. Que couper les liens était la seule conclusion.

Mais ce n’est pas vrai, pensa Ikki.

Peu importait si son père voulait le renier ou à quel point il pensait l’aliéner, ce n’était pas les problèmes d’Ikki. Bien sûr que non. Si son père ne s’était jamais soucié de lui, pourquoi devait-il être aussi prévenant envers son père ?

C’est vrai… ce ne sont pas les sentiments de quelqu’un d’autre, ce sont les miens ! pensa Ikki.

Ça n’avait rien à voir avec ce qu’Itsuki pensait. Si Ikki ne détestait pas lui-même son père, pourquoi le détesterait-il ? Qu’ils suivent leurs propres chemins, qu’ils vivent leur propre vie. Même s’ils ne rencontraient pas ─, ils seraient toujours père et fils.

C’est mon choix, mon droit spécial, pensa Ikki.

Ce serait la réponse d’Ikki Kurogane à tous les problèmes qui tournent autour de la maison Kurogane, et au moment où il y arriva, un poids qui pesait sur son cœur depuis son enfance s’était envolé. Il avait finalement confirmé le désir honnête d’être père et fils avec Itsuki, aussi tordu soit-il. Ikki était si heureux qu’il souriait inconsciemment, et voyant l’expression d’Ikki, Sara chuchota avec soulagement.

« C’est mieux comme ça. Le visage déprimé était troublant. »

Ikki n’avait pas remarqué ces mots. Plus tôt dans la matinée, Sara avait voulu dire quelque chose après qu’Itsuki l’eut rencontré. À ce moment-là, elle avait probablement vu la relation entre Ikki et Itsuki refléter la sienne avec son père. C’est pour cela qu’elle lui avait demandé si c’était vrai, parce qu’elle était au courant de choses si compliquées.

C’est ainsi qu’elle avait expliqué son passé, non pas pour lui, mais pour son propre bien.

« … J’ai réglé un de mes problèmes grâce à vous, Sara-san, » déclara Ikki.

« Si tu veux montrer tes remerciements, deviens mon modèle, » déclara Sara.

Ikki avait souri douloureusement face à la réponse de Sarah, mais maintenant qu’il connaissait son passé, il savait aussi pourquoi elle ne voulait pas lâcher prise. En d’autres termes, toute sa motivation était concentrée sur ce désir de modèle. Et si elle a une raison comme ça ─ .

« D’accord, très bien, » déclara Ikki.

« Hein ? » s’exclama Sara.

La réponse d’Ikki avait fait écarquiller les yeux de Sara. Elle ne s’attendait manifestement pas à ce qu’il accepte. Et Ikki n’accepterait pas sans condition.

« Mais vous devez me battre dans le match, » déclara Ikki.

« … Match ? » demanda Sara.

« C’est vrai. Le troisième match à venir. Si vous gagnez, je serai votre modèle. Mais si vous perdez, alors vous renoncerez complètement à faire de moi votre modèle… qu’en dites-vous ? » demanda Ikki.

Dès qu’Ikki prononça ces mots, il sentit tout son corps trembler, et tous les poils qui s’y trouvaient se levèrent. Devant ses yeux, Sara avait un regard clairement différent.

 

 

« … Je comprends, » répondit Sara.

Une forte volonté s’était enflammée dans les profondeurs de ses yeux, émettant une chaleur qui semblait brûler sa frange. Ikki avait avalé une bouffée d’air. Elle était à un autre niveau.

Le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée était une cérémonie de chevaliers, une bataille pour la gloire parmi les gens qui vivent le chemin du guerrier comme Ikki et Stella. Mais Sara était différente. Ikki l’avait compris après avoir entendu son histoire. Elle avait un talent rare, une grande puissance de combat, mais elle n’avait aucune envie de se battre dans ce tournoi. Elle n’était pas non plus passionnée par la Rébellion.

Ce qu’elle voulait, c’était compléter l’héritage de son père, et tout le reste n’était qu’une étape dans ce processus. Sa motivation était donc faible. Elle n’avait montré qu’un aperçu de sa force dans le match contre Kuraudo. C’était — .

N’est-ce pas un gaspillage ? pensa Ikki.

La passion de Sara pour l’art était la même que celle des chevaliers pour le combat. Leurs directions étaient différentes, mais le feu et la volonté étaient les mêmes. Non, peut-être que les siens étaient plus grands ?

Il ne savait pas, alors il voulait voir. C’est pourquoi Ikki avait ajouté le pari. Il voulait diriger sa volonté dans la prochaine bataille avec ça.

Vu cette promesse, Sara serait probablement sérieuse. Elle combattrait probablement Ikki de toutes ses forces, et il lui ferait face avec sa propre passion.

Parce que c’était l’objet du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée.

***

Partie 10

La mère du nourrisson s’était précipitée du grand magasin adjacent. Ikki et les autres étudiants avaient ramené l’enfant perdu à ses parents sains et saufs, puis tous les trois avaient pris un repas léger, avaient quitté le grand magasin et étaient retournés au lieu de l’événement.

Il était 16 h 30.

Deux heures s’étaient envolées avant leur bataille décisive.

***

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