Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 2 – Chapitre 3 – Partie 4

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Chapitre 3 : Une nouvelle arme et une force nouvelle

Partie 4

Après avoir payé Luka, la femme de Clope, le solde dû pour mon épée et d’autres services, j’étais sorti du magasin. Bien que le regard de Luka ait suggéré qu’elle avait quelque chose à dire, elle garda le silence pour l’instant, et moi, pour ma part, je la regardais avec une expression ambiguë. Bien que j’avais l’intention de lui rendre la pareille avec un sourire.

Mais c’était difficile, car l’état actuel de mon visage me rendait physiquement impossible de sourire. Pour empirer les choses, la peau sur la moitié inférieure de mon visage était décidément manquante.

Tandis que je réfléchissais à ma malheureuse incapacité à sourire, Luka semblait rassurée pour une raison ou une autre, répondant par un petit sourire de sa part. Mon expression par ailleurs ambiguë transmettait-elle d’une manière ou d’une autre les mots que je voulais dire ? Je ne pouvais que l’espérer.

Ma prochaine destination, après avoir récupéré mon arme, n’était autre que la guilde. J’avais la ferme intention de commencer à travailler comme aventurier de la classe Bronze le plus tôt possible. Maintenant armé d’une épée nouvellement forgée, je serais sûrement capable de progresser dans les donjons à un rythme encore plus rapide… C’est ce que j’aurais aimé faire. Lorraine et Sheila m’avaient averti de rester à l’écart des donjons pendant un certain temps, et pour être honnête, cela m’avait beaucoup troublé. Bien que, je suppose que ma situation était assez compliquée en l’état. Même si j’avais un air suspect, et selon la personne à qui vous aviez demandé, terrifiant, j’aimerais éviter d’être considéré comme un kidnappeur.

Je ne pouvais m’empêcher de me demander quand j’allais à nouveau parcourir les couloirs des donjons. 

Tout bien considéré, les ravisseurs et les aventuriers mal intentionnés n’étaient que trop fréquents dans les donjons. La plupart des aventuriers étaient d’une force respectable et pouvaient utiliser le mana, l’esprit et la divinité. Si l’un d’eux était capturé et réduit en esclavage, il serait certainement vendu pour une grosse somme d’argent.

Alors que le royaume de Yaaran (dans lequel Maalt était) interdisait l’esclavage en raison de l’histoire et de la fierté de la classe dirigeante, c’était plus l’exception que la norme. En fait, de nombreux royaumes dans ce monde avaient souvent fermé les yeux sur la traite des esclaves. On pourrait prétendre que le commerce était alimenté par les quelques pervers avec le désir insatiable de contrôler la vie de beaucoup d’autres, mais hélas, ce n’était pas tout à fait le cas. Certaines sociétés dans ces pays étaient tout simplement devenues incapables de fonctionner sans un système d’esclavage quelconque.

Par exemple, dans les industries dangereuses comme l’extraction du minerai, il était difficile pour les employeurs d’atteindre des quotas de ressources spécifiques sans recourir au travail forcé. En fait, certaines personnes avaient été réduites en esclavage, souvent à cause de dettes importantes. Bien qu’ils aient abandonné une partie d’eux-mêmes, et avec cela une partie de leur liberté, ils seraient au moins capables de conserver une once de dignité en effaçant ce qui restait de leur dette. Mais il n’était pas rare d’entendre parler de personnes maltraitées simplement parce qu’elles étaient esclaves. Alors que les lois formelles n’existaient pas dans de nombreux royaumes, l’abus visible des esclaves n’était souvent pas toléré.

Personnellement, je ne savais pas quelle était la plus grande tragédie, c’était généralement un triste état de choses.

Il était facile de comprendre pourquoi les esclavagistes et les ravisseurs avaient choisi de cibler les aventuriers puisqu’ils étaient si forts physiquement, en plus de leur capacité d’utiliser la magie ou les arts spirituels. Les esclavagistes, pour leur part, n’avaient même pas besoin de chercher trop loin, tout ce qu’ils avaient à faire était d’entrer dans un donjon et de faire leur chasse. Les criminels potentiels auraient à traiter avec la guilde et les aventuriers forts et vertueux. D’un autre côté, ils pouvaient aussi solliciter la coopération d’aventuriers aux mœurs douteuses, telle était les voies du monde.

Il serait naïf de penser que le seul ennemi des aventuriers était les monstres — la réalité était une maîtresse beaucoup plus dure. C’est pourquoi les tests de progression de classement étaient incroyablement stricts, une partie dans le but d’éliminer ces éléments indésirables.

Toutefois, la traite des esclaves étant interdite dans le royaume de Yaaran, les enlèvements et autres incidents similaires avaient eu lieu à une échelle beaucoup plus réduite. Je ne pouvais pas douter que cela se produise encore sur ces terres, et même si je n’avais pas de sources concrètes, je pouvais au moins dire que de tels événements étaient rares.

C’est exactement la raison pour laquelle la récente vague de disparitions avait mis la guilde en état d’alerte. Vu mon apparence étrange, j’avais supposé qu’il était facile de me pointer du doigt. Certains pourraient même prétendre que j’étais derrière tout cela. C’est pourquoi je devais éviter le donjon, et me concentrer sur diverses demandes de petits boulots.

J’étais quelque peu habile avec ces petits boulots dans la vie, et je ne les trouvais pas difficiles, mais mes pensées étaient constamment hantées par le désir de subir l’Évolution Existentielle. Au moins, j’aimerais évoluer vers un être qui pourrait montrer son visage en toute sécurité en étant à côté d’humains normaux. Actuellement, je ne pouvais pas manger dans les restaurants et les tavernes. J’avais dîné à l’établissement de Loris à plusieurs reprises, oui, ne serait-ce que parce que Loris avait accepté ma situation. Et je ne l’avais fait que lorsqu’il n’y avait pas d’autres clients présents, tout en restant hors de vue de la femme de Loris, Isabel.

Alors que Loris pensait que ma peau n’était qu’une sorte d’accessoire lorsqu’il l’avait vue pour la première fois, il avait vite compris qu’elle était réelle après un simple toucher, retirant rapidement sa main. J’avais expliqué que c’était dû à une malencontreuse malédiction, et autant que je sache, Loris avait accepté mon explication. Je ne pensais pas qu’être un monstre qui parle n’avait jamais traversé l’esprit de Loris.

Si j’évoluais dans le futur, tout ce que j’avais à lui dire était que ma malédiction avait été levée par une sainte prêtresse de passage, et ce serait tout ce qu’il y avait à faire.

Telles étaient les pensées qui inondaient mon esprit lorsque je me tenais debout, en regardant les panneaux de demande sur les couloirs de la guilde. Il y avait une variété de petits travaux, allant de la demande d’un partenaire d’entraînement à une simple assistance pour le transport d’objets lourds.

Tandis que je continuais à jeter un coup d’œil sur les listes, j’avais entendu des bribes d’une conversation tout près de chez moi.

« J’ai déjà dit non, mon pote. Peux-tu aller déranger quelqu’un d’autre ? Personne ne va aller dans un trou rural comme ça ! »

« Mais… ! Je vous en supplie ! S’il vous plaît, s’il vous plaît, vous devez m’aider ! »

C’était dans la direction générale du comptoir de la réception de la guilde. En y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il s’agissait d’une conversation entre un aventurier en apparence chevronné et un jeune homme agité d’une vingtaine d’années.

D’après ce que j’avais entendu, les circonstances étaient donc les suivantes :

Le jeune homme, désespéré, approchait personnellement les aventuriers dans l’espoir qu’ils accepteraient sa demande. L’aventurier à qui il parlait refusait. Il était également facile de deviner pourquoi l’aventurier refusait d’assumer la tâche, car la plupart des demandes étaient simplement laissées à la guilde et épinglées sur l’un de ses nombreux tableaux. Le fait que le jeune faisait personnellement cela était déjà assez suspect. La demande était probablement déjà affichée, mais n’avait été acceptée par personne en raison de sa nature problématique. Peut-être s’agissait-il d’un voyage sur de longues distances ? Si tel était le cas, il n’était pas étonnant que la demande n’ait pas encore été satisfaite, et il ne serait pas étrange pour l’aventurier de rejeter la demande pour commencer.

Cependant…

« Espèce de bâtard insistant… Si tu ne la fermes pas tout de suite… »

Peut-être que la persistance du jeune avait touché un nerf. Quoi qu’il en soit, la situation était sur le point de prendre une tournure dangereuse.

J’avais donc décidé d’intervenir.

« … Hey. »

« Quoi… ? Qui diable es-tu ? » demanda l’aventurier, déplaçant son regard du jeune vers moi.

Ses yeux étaient dilatés et son expression folle, je pouvais voir qu’il était sur le point de traîner le jeune dans une ruelle ou une autre, avant de s’engager dans des actes de violence débridée. Cette hostilité était maintenant dirigée contre moi, l’étrange individu qui se mettait en travers de son chemin.

Pour dire la vérité, j’avais l’impression d’avoir dû intervenir. Même si les aventuriers de Maalt étaient connus pour leur morale et leur sens de l’éthique, cela ne s’appliquait qu’à ceux qui étaient principalement basés à Maalt. Cet aventurier vétéran en question ne connaissait pas tout cela. Il était donc fort probable qu’il était une sorte de vagabond. Cela signifiait aussi que les probabilités qu’il se livre à des actes de violence à l’encontre du jeune homme insistant étaient élevées, comme on pouvait s’y attendre. C’était assez difficile de regarder et de ne rien faire.

« … N’est-ce pas évident… D’après mon apparence ? Je suis un… aventurier, » répondis-je.

« Ha. Vraiment ? Qu’est-ce que ce grand et puissant aventurier veut de moi ? » demanda l’autre.

« J’aimerais que vous me laissiez m’occuper de ce jeune homme, » déclarai-je.

« Qu… ? »

L’aventurier, me fixant d’un air déconcerté, semblait encore plus surpris lorsque j’avais placé une pièce d’argent dans sa paume, en me penchant en avant. « … Je pensais que vous… seriez d’humeur à… tout cela, n’est-ce pas ? »

En entendant mes paroles, un sourire tordu se répandit sur le visage de l’aventurier. « Oh, c’est vrai ? Eh bien, c’est tout bon alors. Je vais prendre du bon vin avec ça, alors fait ce que tu veux de lui ! »

Après ça, l’homme se retourna et était sorti tout droit par les portes de la guilde.

Bien qu’il ne soit pas nécessaire que je le paye, il serait sûrement resté pour râler si j’avais simplement exigé la libération du jeune homme. Si je laissais l’aventurier à lui-même, le résultat serait sûrement gênant. Éviter une telle chose valait probablement au moins une pièce d’argent.

Le jeune homme, par contre, semblait encore plus affolé. Peut-être fallait-il s’y attendre, étant donné que l’aventurier qu’il avait supplié de l’aider était parti.

« Argh… ! » Il avait en effet une expression pathétique.

Une fois la situation résolue, j’avais l’option de retourner simplement à ce que je faisais, mais il me manquait maintenant une pièce d’argent. En gardant cela à l’esprit, je m’étais tourné vers le jeune homme.

« Vous lui demandiez de répondre à l’une de vos demandes, correct… ? » demandai-je.

« Eh… ? Oui… Qu’est-ce qu’il y a ? Ah, ne me dites pas… que vous voudriez accepter ma demande à sa place !? » demanda le jeune homme, alors que son visage s’était instantanément illuminé.

Je ne devrais pas lui donner trop d’espoir prématurément, car je n’étais pas aussi fort que j’aurais aimé l’être à ce moment-là. À en juger par la façon dont s’était déroulée l’interaction précédente entre les deux, j’avais pu en déduire que la demande en question était trop dangereuse, même pour un aventurier chevronné.

J’avais donc répondu en conséquence. « Je ne peux rien vous promettre, mais je vais au moins écouter ce que vous avez à dire. Venez. »

En disant cela, je m’étais retourné, sortant de la salle de guilde d’un pas vif.

Il n’y avait aucun moyen de savoir si quelqu’un d’autre avait entendu la conversation précédente entre le jeune homme et l’aventurier, alors je voulais discuter de cette question ailleurs, de peur que mes actions ne semblent suspectes.

À vrai dire, j’avais toujours voulu faire quelque chose comme ça au moins une fois. Mais il n’y avait aucun moyen de savoir si le jeune homme me suivrait. Il était peut-être encore là, bouche bée.

« Ah, oui ! Attendez-moi ! » déclara le jeune homme, avant de me courir après moi. Je suppose que ça avait marché.

En me tournant vers lui alors qu’il me rattrapait, j’avais informé le jeune de notre prochaine destination.

« Il y a un restaurant à proximité. Allons-y d’abord, » déclarai-je.

Après ça, j’étais reparti à vive allure, alors que le jeune homme me suivait de près.

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