Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 3 – Section 12 – Chapitre 1 – Partie 2

***

Chapitre 1 : Mon intrusion dans l’autre monde

Partie 2

C’est vraiment un tout autre monde.

À première vue, la clôture en rondins qui entourait le village était la même qu’avant qu’elle ne s’effondre le dernier jour de la Corruption, mais de près, je pouvais voir les différences. Les rondins étaient plus récents, et la clôture entourait un espace plus grand. Elle était incomplète pour le moment, avec une section délimitée par une corde à la place. Une porte en bois avait été construite au centre de la clôture. Cela ne faisait qu’une semaine, et pourtant mes villageois avaient déjà fait tout cela. Même s’ils ne s’étaient pas reposés, ils ne devraient pas être aussi avancés.

Peut-être que j’avais des trous de mémoire. Ce jour-là fut quand même une situation de vie ou de mort. Peut-être que les dommages à la clôture n’étaient pas si graves.

« Bienvenue dans notre village. Ce n’est pas grand-chose, mais… »

Gams ouvrit le portail et Chem me fit signe d’entrer.

La zone au-delà de la clôture était méconnaissable. L’espace était plusieurs fois plus grand qu’avant, parsemé de structures ressemblant à des huttes. Ces dernières n’étaient pas en bois, c’étaient des tentes faites dans un tissu légèrement crasseux. Elles avaient des sommets en forme de crayon, et elles ressemblaient à des yourtes de notre monde, ces maisons portables mongoles.

« Quelles sont ces tentes ? »

« Nous les avons reçues d’un marchand. Ce sont des habitations faites de tissu et faciles à monter. Tout ce que vous avez à faire est de draper de la toile sur un poteau. »

Un marchand ? Ce doit être Dordold. Il fait la plupart de ses transactions après le Jour de la Corruption.

Les tentes étaient assez grandes pour abriter chacune une famille, et il y en avait peut-être une dizaine.

« Vous avez beaucoup plus que ce dont vous avez besoin ? »

« Oui, eh bien… Sortez tous ! C’est sans danger ! », dit Chem.

Plusieurs visages que je n’avais pas reconnus regardèrent hors des tentes.

Qui sont ces types ? Non, vraiment ! Qui sont-ils ? !

Il y avait une dizaine d’humains et cinq beaux elfes aux longues oreilles, hommes et femmes. Et il pourrait y avoir plus de personnes à l’intérieur des tentes. De l’autre côté de la zone clôturée se trouvaient les restes d’un glissement de terrain. C’était là que se trouvait la grotte.

Comment tout cela est-il arrivé ?

L’enclos contenait un puits et quelques parcelles agricoles. Près des parois rocheuses se trouvaient une clôture en bois et quelques cabanes en rondins. C’était complètement différent de ce que j’avais vu sur l’écran de mon PC.

« S’il vous plaît, venez par ici. »

Chem ouvrit l’entrée de la seule tente aux couleurs vives, les autres étaient dans les tons marron et gris, et elle s’était écartée pour moi.

Ils me traitaient comme un invité d’honneur, même si je n’étais qu’un humain normal comme eux. Cela me fit me sentir un peu coupable. J’avais pénétré dans la tente, remarquant l’épais poteau de bois en son centre qui montait jusqu’au plafond. À côté, il y avait un foyer creux et une statue en bois du Dieu du destin à côté d’un autel.

Je me demande si c’est leur église.

Le sol était recouvert d’un tapis, j’avais donc automatiquement retiré mes chaussures. Mais il n’y avait nulle part où les mettre, et de près, je pouvais voir des empreintes de chaussures sur le tapis lui-même. Il devait être possible de porter des chaussures à l’intérieur ici, comme c’était le cas à l’étranger.

Cette tente était bien plus grande à l’intérieur qu’elle n’en avait l’air. Une famille entière pouvait vivre ici assez confortablement. Gams, Chem, Rodice, Lyra, Carol et Destiné m’avaient tous suivi à l’intérieur. Murus, Lan et Kan étaient restés à l’entrée pour faire le guet.

Je m’étais assis sur un épais coussin, et immédiatement, tous (sauf Murus) s’étaient mis à genoux et baissèrent la tête. Ce ne fut que maintenant que je m’étais rendu compte que Murus n’avait pas dit un mot depuis mon arrivée. Elle avait simplement gardé ses distances et m’avait observé. La suspicion se lisait dans son regard, et peut-être une touche de solitude.

Je m’étais souvenu du fait que le village de Murus s’était également vu attribuer un dieu, un autre joueur comme moi. Sa maison avait été détruite lorsque ce dieu l’avait abandonnée, mais ce village était toujours gratifié de la protection de son dieu. Face à un gage de l’amour de ce dieu (moi), cela ne devait pas être facile pour elle.

Tout le monde me regardait en silence, comme s’ils attendaient un discours.

« Il n’y a pas besoin d’être si formel. N’est-ce pas, Carol ? »

« Oui ! »

Avoir Carol à mes côtés rendrait certainement les choses moins gênantes. Cette dernière se précipita vers moi au moment où j’avais croisé son regard, sautant sur mes genoux.

« C-Carol ! Qu’est-ce que tu fais ? ! Lève-toi tout de suite ! », cria Rodice.

« Nous sommes vraiment désolés ! Nous promettons de la gronder plus tard ! »

Une Lyra paniquée s’était jointe à son mari. Elle fit alors désespérément signe à Carol, mais celle-ci leva les yeux vers moi sans bouger.

« Ce n’est pas grave. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble dans le Monde des Dieux, n’est-ce pas, Carol ? », dis-je.

« Oui, c’est vrai, Yoshio ! »

On s’était alors souri.

Les autres villageois nous regardaient d’un air dubitatif, mais au moins ils se détendaient un peu.

« Veuillez vous asseoir confortablement. Je suis peut-être un disciple du Seigneur, mais dans ce monde, je ne suis rien de plus qu’un simple humain comme vous. Nous sommes tous égaux ici. »

Qu’importe l’aspect par lequel vous regardez, j’étais aussi humain qu’eux.

« S’il vous plaît, pourriez-vous me dire ce qui s’est passé après que vous ayez envoyé Carol dans le Monde des Dieux ? Le Seigneur s’appuie sur le livre saint pour voir dans ce monde, mais il a perdu ce pouvoir lorsque le livre lui a été envoyé. »

« Je vois. Pardonnez-nous d’avoir fait quelque chose de si… »

« Il n’y a pas de quoi s’excuser. »

J’avais arrêté Chem avant qu’elle ne puisse à nouveau baisser la tête. J’avais l’habitude de m’excuser moi-même, et pas le contraire. Je ne pouvais plus supporter ça.

« Je vais donc vous expliquer ce qui s’est passé. »

Chem était très nerveuses. Je voulais lui dire de se détendre à nouveau, mais j’avais peur que cela ne fasse que la stresser davantage.

« Nous étions prêts à perdre nos vies après avoir renvoyé Carol, et nous étions sur le point de quitter la pièce où nous étions réfugiés, avant que Kan et Lan ne nous arrêtent. »

Elle jeta un coup d’œil aux pandas près de l’entrée, qui hochèrent la tête.

« La pièce où nous étions cachées avait des murs barricadés. Ils nous ont parlé d’une issue de secours cachée derrière. »

Je m’étais souvenu de ce jour-là, de Kan et Lan blottis au fond de la grotte. J’avais supposé qu’ils avaient cédé au désespoir. En y repensant maintenant, c’était logique. Ils avaient vécu dans cette grotte avant l’arrivée des villageois et en connaissaient les secrets. Les réserves cachées, et maintenant un chemin de fuite. Le fait qu’ils ne l’aient pas mentionné plus tôt m’avait un peu ennuyé.

« Nous avons enlevé les planches et trouvé ce passage caché. Nous avons allumé les explosifs laissés dans la grotte et nous nous sommes échappés avant qu’ils n’explosent. Et il semblerait bien que les monstres aient tous été tués dans l’éboulement qui a suivi. »

Les villageois s’étaient donc échappés pendant que les monstres mouraient. C’est une bonne chose. Mais…

Je sais que c’est mesquin de ma part, mais j’aurais vraiment aimé voir l’explosion !

Je n’arrive pas à croire que j’ai manqué l’explosion de la grotte qui avait emporté tous les monstres avec elle. Je parie que c’était spectaculaire. Bien sûr, le fait que mes villageois survivent était le plus important. Ils s’en étaient bien sortis.

« Notre village a été entièrement détruit. Nous étions complètement perdus, mais Dordold est arrivé. Il nous a prêté les matériaux nécessaires pour restaurer notre maison, ainsi que de la nourriture pour tenir le coup. Ces tentes appartenaient à des nomades, il nous les a laissées pour un très bon prix. »

Des nomades ? Cela explique pourquoi elles me rappellent les yourtes mongoles.

« Il a aussi amené des migrants avec lui, comme nous l’avions demandé auparavant. »

Cela explique les nouveaux visages.

« Certains d’entre eux vivaient avec nous dans notre ancien village, et d’autres sont des survivants du village de Murus. Nous avons tous travaillé dur pour restaurer les choses ici. Ce que vous voyez maintenant est le fruit de nos efforts. »

Les gens que Dordold avait amenés avec lui connaissaient donc déjà mes villageois. C’était parfait, le marchand avait fait du bon travail. Et il était arrivé exactement au bon moment. J’espérais avoir l’occasion de le remercier personnellement.

« J’ai compris — je veux dire, je comprends ce qui s’est passé. Vous avez clairement tous travaillé sans relâche. Je suis sûr que le Seigneur est très satisfait de vos efforts. »

Je m’étais presque remis à parler de manière décontractée.

Reprends-toi ! Rappelle-toi que tu es censé être un disciple du Dieu du Destin !

Chem leva une main timide, le regard toujours fixé sur le sol.

« Puis-je vous poser une question, Yoshio ? »

« Tout ce que tu veux. »

J’aurais voulu qu’elle cesse d’être si formelle, mais c’était la personne la plus dévouée au Dieu du Destin parmi eux. Je doutais de pouvoir la faire se détendre.

« Pourquoi êtes-vous venu dans ce village avec Carol, monsieur ? Le Seigneur vous a-t-il donné une sorte de mission à remplir ? »

Ah ! J’étais tellement heureux de voir mes villageois en sécurité et Carol réunie avec sa famille que j’ai complètement oublié !

J’avais sauté à travers le portail sans une seconde d’hésitation et sans même demander la permission aux dieux. Ils étaient probablement furieux. Je ne l’avais fait que pour m’assurer que Carol serait en sécurité, mais il devait sûrement prendre ça comme un acte de défiance, non ? Si je provoquais vraiment la colère des dieux, je serais probablement puni. La culpabilité me compressa la poitrine. Qu’avais-je fait ?

« O-oh, s’il vous plaît, pardonnez-moi. C’était peut-être impoli de demander ça », dit Chem qui remarqua que je fixais le sol en silence.

« Non, pas du tout. »

J’avais essayé de garder mon expression calme, même si une tempête de panique faisait rage en moi.

« Le Seigneur m’a demandé de vérifier l’état du village et d’aider à vos réparations. »

Comme c’était la première excuse qui me venait à l’esprit, je l’avais dit sans réfléchir.

« Oh, je vois ! Cela signifie que vous allez rester avec nous pendant un certain temps, et ne pas retourner immédiatement dans le Monde des Dieux ? »

« O-oui, tant que cela ne représente pas un inconvénient… »

Oh, oui. C’était une question.

Comment étais-je censé rentrer au Japon ?

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire