Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 3 – Section 10 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : Coup de fil des Développeurs et ma nervosité

Est-ce que les vrais développeurs m’appellent ?!

« Leur timing est bien trop parfait ! »

Je n’avais pourtant jamais mis le numéro des développeurs dans mon téléphone. D’ailleurs, je ne connaissais même pas leur numéro. Mais il n’y avait aucune erreur dans le texte sur l’écran de mon téléphone. Ce dernier n’arrêtait pas de sonner, mais je ne trouvais pas le courage de répondre. Le fait que je puisse penser que plus rien ne pouvait me surprendre après ce qui s’était passé ces deux derniers jours montrait à quel point j’étais naïf. J’avais pris une profonde inspiration et j’avais décroché le téléphone.

« A… Allô ? »

« Bonjour ! Je suis un développeur du Village du Destin ! »

Une voix joyeuse heurta mon tympan.

C’était une femme, dont le ton décontracté donnait l’impression qu’elle appelait pour discuter avec un vieil ami. Elle avait l’air jeune, mais je n’avais pas assez d’expérience avec les femmes pour en juger par sa voix.

« Oh, hum, bonjour. Vous êtes développeur ? »

« C’est exact ! J’allais vous envoyer un e-mail, mais j’ai pensé qu’il pourrait être intercepté. Laisser des preuves textuelles ne mène qu’à des problèmes ! J’ai donc pensé qu’un coup de fil serait plus sûr ! »

« D-D’accord. »

Mais comment avait-elle eu mon numéro ? Pourquoi mon téléphone savait-il que l’appel venait des « Développeurs » ? J’avais une tonne de questions à lui poser, mais je les avais retenues.

« Je vais être brève, au cas où nous serions surveillés. Si vous venez ici, je pense que nous pouvons faire renvoyer Carol et le livre dans l’autre monde. Nous viendrions vous voir si nous le pouvions, mais j’ai bien peur que cela ne soit pas possible ! »

« Vous pouvez la renvoyer chez elle ? ! Vraiment ? ! Merci beaucoup ! »

Je n’avais pas pu m’empêcher de crier de joie.

« Ne vous inquiétez pas. En fait, tout ceci était un peu notre faute. Je suppose qu’on peut appeler ça un bug. Nous n’avons jamais pensé que quelque chose comme ça arriverait. Nous essayons de le corriger en ce moment même. C’est la folie ici ! Nous étions très occupés à essayer de faire en sorte que vous puissiez aussi utiliser le livre dans ce monde. »

Cela expliquait pourquoi le jeu avait été hors service pendant un certain temps.

« Eh bien, je suppose que découvrir ce genre de bug est le rôle des testeurs, non ? »

C’est vrai, le jeu est toujours en alpha. J’avais complètement oublié !

« Où êtes-vous basé ? », avais-je demandé.

« Vous devriez déjà le savoir. Écoutez, je vais raccrocher avant que les choses ne deviennent risquées, mais je suis impatiente de vous rencontrer, Yoshio-kun ! Oh, et assurez-vous de ne parler à personne de notre conversation ! Si vous la postez sur les forums, personne ne pourra la lire. »

« Ok. Et-oh, elle a raccroché… »

J’avais encore des questions, mais j’avais au moins un point de départ. Elle avait quand même dit beaucoup de choses bizarres… Sa façon de parler super familière m’avait fait perdre la tête. J’avais été nourri de cette image que les développeurs étaient des Dieux, je m’attendais à quelque chose d’un peu plus majestueux.

« Est-ce que je vais vraiment rencontrer des dieux quand je serai là-bas ? »

J’avais sorti un petit bout de papier du tiroir de mon bureau. C’était l’adresse de retour d’un des colis.

« C’est là que je dois aller. »

Je me sentais dépassé par la rapidité avec laquelle les événements se déroulaient, mais j’avais enfin un objectif clair. J’avais vérifié le solde de mon compte bancaire et j’avais cherché les itinéraires et les prix pour me rendre à Hokkaido.

« On dirait que je peux choisir le train où l’avion. Oh, on pourrait aussi prendre le ferry. »

J’avais déjà pris l’avion et le train, mais seulement avec ma famille ou mon école. Je n’avais jamais passé par le processus d’achat d’un billet et de planification d’un voyage par moi-même. J’étais anxieux, mais les adultes faisaient cela tous les jours.

Je m’étais répété cela.

J’avais poursuivi mes recherches, tout en ressentant la douleur familière de ma propre inutilité.

*****

Le lendemain matin, j’avais été surpris de me rappeler qu’on n’était que le 2 janvier.

« Trois jours se sont seulement écoulés depuis que toutes ces folles choses sont arrivées. »

J’avais vécu ces dernières 48 heures suffisamment de choses pour tenir un mois entier, sans parler de tout ce qui s’était passé depuis que j’avais commencé à jouer au Village du destin. Ma vie entière avait changé. Il n’était pas exagéré de dire que j’étais devenu une personne entièrement différente. Entre le harceleur de ma sœur et Yamamoto-san, j’avais traversé deux événements qui avaient mis ma vie en danger, plus un tas d’événements inexplicables.

On dit que l’adversité était censée vous rendre plus fort, mais je n’en avais pas l’impression. Au contraire, elle m’avait fait réaliser à quel point j’étais inexpérimenté, ce qui m’avait alors donné envie de changer. Je voulais devenir un adulte digne de mon âge physique. Le fait que je me battais pour organiser un voyage à Hokkaido montrait tout le chemin qu’il me restait à parcourir.

« Il y a des billets d’avion moins chers que le train à grande vitesse. Huh. »

Le prix de l’avion variait considérablement en fonction de la compagnie. J’avais toujours pensé que l’avion était une façon classe de voyager, mais je suppose que les choses avaient changé. Le Nouvel An pourtant était une période de grosse affluence dans les avions, et les jours à venir étaient bien plus chers qu’à la normale., mais cela restait toujours moins cher que ce à quoi je m’attendais.

« On dirait que tous les billets d’avion sont vendus ou presque. Prendre l’avion pourrait être difficile. »

Même si je parvenais à obtenir des billets, il y avait toujours le problème de Destinée. Je doute que les reptiles soient autorisés dans les avions. Et même si je le rangeais dans mon sac, ils vérifiaient vos bagages dans les aéroports. Je ne pouvais pas le faire passer à la sécurité.

Peut-être que je pourrais demander à Carol de le tenir et de prétendre que c’est juste un animal en peluche ?

J’avais étudié Destinée, qui était assis sur le coin de mon bureau et me regardait attentivement. Il avait une peau dure et hérissée et des yeux énormes.

« Ouais, tu ne ressembles pas vraiment à une peluche. »

Prendre l’avion serait le moyen le plus rapide, mais cela était hors de question. Le prochain prétendant était le train, de préférence le train à grande vitesse. J’avais vérifié s’il y avait des sièges réservés disponibles, mais ils étaient tous pris. Il était possible de se rendre sur place le jour même pour essayer d’obtenir un siège non réservé, mais le nombre de passagers attendus était supérieur de 50 % à la capacité. Il était plus facile d’obtenir un siège maintenant qu’hier, mais la situation s’était à nouveau dégradée vers le 4 janvier. Je suppose que les gens allaient reprendre le travail le 5. Ils voulaient avoir le temps de rentrer chez eux afin de se préparer. C’était sûrement normal pour la plupart des gens, mais pour moi, qui avais passé les dix dernières années à l’écart de la société, cela ne m’avait même pas traversé l’esprit.

Nous devions partir pour Hokkaido le plus tôt possible. Et il n’y avait pas que les dieux corrompus qui m’inquiétaient, il y avait aussi ma famille. Ils revenaient le 4. Si nous n’étions pas partis d’ici là, je devrais justifier la présence de Carol. Je voulais évidemment la présenter, mais en réalité, cela ne ferait qu’augmenter les problèmes.

Papa froncerait les sourcils. Maman serait méfiante. Sayuki me détesterait carrément sans attendre d’explication.

J’avais donc pris la décision de partir avec Carol le lendemain, le 3. Nous nous préparerions à ce qu’il y ait beaucoup de monde, mais nous essaierions quand même d’avoir des places. Cela signifiait que c’était le dernier jour de Carol ici. Je voulais qu’elle s’amuse. Je voulais qu’elle aime mon monde.

*****

On était le 3 janvier, c’était le jour de notre départ. La veille, j’avais emmené Carol faire le tour de quelques magasins et du centre commercial, mais elle était si excitée par tous les paysages et les sons que le simple fait de la regarder me donnait le sourire.

« Tu t’es amusée hier ? »

Carol hocha la tête avec enthousiasme. Nous avions fini le petit déjeuner, et elle était tout habillée et prête à partir. Elle sortit alors de sous le kotatsu, mit son sac à dos préféré en forme d’ours et me fit une petite pirouette.

« C’était vraiment, vraiment amusant ! Le monde des dieux est incroyable ! Tout est si grand, et il y a des tonnes de gens, et tout est si brillant ! C’est comme un monde de contes ! »

Malgré l’heure matinale, elle était pleine d’énergie. Les vêtements que nous avions achetés au centre commercial hier lui allaient parfaitement. Elle portait un pull pastel et une jupe longue avec un motif rose. Elle avait vraiment l’air d’une enfant modèle, mais cela serait vrai pour n’importe quelle tenue. Il lui avait fallu une heure entière pour les choisir.

Je devais me rappeler combien de temps les femmes pouvaient prendre dans un magasin, même les enfants. J’avais choisi le centre commercial parce qu’il serait bondé, ce qui découragerait les dieux corrompus de me cibler. Il y aurait trop de témoins.

Ce n’était pourtant pas moi qui avais eu cette idée. J’avais passé beaucoup de temps sur les forums après mon message initial et j’avais recueilli un tas d’informations précieuses. Par exemple : les miracles sont moins efficaces dans le monde réel que dans le monde du jeu. Les utiliser sur plusieurs personnes ou sur une zone étendue était également très coûteux, et difficile pour les joueurs de niveau 2 et 3. C’était pourquoi les autres utilisateurs m’avaient suggéré de rester dans les endroits bondés. Si un ennemi me surprenait accidentellement lors d’un miracle, cela compterait comme une utilisation contre un autre joueur, et il obtiendrait un game-over instantané.

J’avais utilisé tous ces conseils pour offrir à Carol une journée amusante, en m’assurant qu’elle n’avait pas besoin de penser à ses parents ou au village. C’était tout ce que je voulais pour elle.

« J’ai déjà dit à Seika et à mes parents que je partais à Hokkaido. »

J’avais téléphoné à papa hier soir pour lui dire que j’allais dans le village qui m’envoyait toujours des trucs.

« Je vois. Assure-toi de ne pas avoir d’ennuis. »

Ce fut tout ce qu’il me dit, il ne posa pas de questions complémentaires. Malgré sa brièveté habituelle, il avait l’air heureux pour moi. Mais peut-être que c’était juste un vœu pieux.

Comme Seika connaissait déjà Carol, le voyage fut donc facile à expliquer. Elle avait même réussi à nous obtenir deux places réservées dans le train à grande vitesse. J’avais du mal à le croire et je l’avais remerciée abondamment.

« L’achat de billets est un art, et je connais quelqu’un. N’oubliez pas de vous couvrir chaudement, d’accord ? Et ramène-moi un petit souvenir sympa. Faites un bon voyage ! », m’expliqua-t-elle

J’avais passé toute la journée d’hier avec Carol, puis on se coucha tôt. À huit heures, elle faisait des câlins à Destinée et s’installa. Ce fut alors que j’avais eu l’occasion de recueillir des informations. Les forums étaient animés la nuit.

Il s’était avéré que je n’étais pas le seul à avoir des doutes sur le jeu. La majorité des joueurs semblaient avoir compris que le jeu se déroulait dans un monde parallèle et n’était pas qu’un simple programme informatique. Tous les dieux avaient accès à différents miracles. Par exemple, le dieu des ruisseaux clairs, qui dépendait du dieu de l’eau, avait le pouvoir de contrôler et de purifier l’eau. Ce joueur était très excité, il était de niveau 3 et écologiste. Il aimait utiliser ses miracles de purification pour promouvoir la santé du monde naturel.

J’avais découvert qu’aucun autre joueur n’avait accès à un golem ou à un miracle permettant de contrôler la météo. Cela semblait être l’apanage du Dieu du destin, bien que je ne sois pas sûr du rapport entre ces choses et le destin. J’avais pourtant ma théorie sur ce sujet.

Le destin était lié à la chance. Si vous n’aviez pas de chance, vous pouviez être surpris par la pluie. Avec de la chance, il y avait du soleil. En ce sens, contrôler la météo était semblable au contrôle de la chance ou du destin de quelqu’un. Et le destin était lié à la vie elle-même. Le simple fait de naître signifiait que vous étiez destiné à avoir une vie. Invoquer le golem, c’était donner une vie temporaire à une statue. Tout cela devenait fort logique pour moi, mais je pouvais demander directement aux dieux développeurs quand je les verrais.

Tous les dieux joueurs avaient accès à un livre saint et à la possibilité d’envoyer une prophétie par jour. Plus j’entendais parler des autres dieux et de leurs miracles, plus j’étais satisfait de mon propre élément. Les autres dieux avaient des miracles qui semblaient utiles dans le monde réel, mais les miens étaient plus adaptés au développement de mon village. Pourtant, j’avais l’impression de ne jamais avoir eu la chance d’utiliser mes miracles à leur plein potentiel.

« Pourquoi regardes-tu dans le vide, Yoshio ? On ne sort pas ? »

La question de Carole me ramena à la réalité. J’étais tellement plongé dans mes pensées que j’avais perdu de vue mon environnement. Elle et Destinée me regardaient anxieusement, la tête du lézard dépassant de son sac à dos en peluche.

Destinée venait avec nous. Sans son pouvoir, je n’aurais pas échappé à tous ces dangers. C’était notre garde du corps, ainsi que le compagnon de sommeil de Carol.

J’avais tapoté sa tête doucement.

« Tu es aussi né dans l’autre monde. »

Comme il était arrivé ici dans un œuf, il ne pouvait donc avoir aucun souvenir de l’endroit où il était né, mais j’étais sûr qu’il aimerait un endroit où il pourrait courir et explorer. Je considérais Destinée comme mon lézard domestique, mais c’était un basilic, une créature qui ne devrait pas exister dans ce monde. Il n’avait pas sa place ici. J’avais l’intention de demander aux développeurs de le renvoyer, s’ils le pouvaient.

« Allons-y, alors. Tu as tout pris, Carol ? »

Nous avions vérifié nos bagages à la porte d’entrée, cette même porte qui était pour moi une porte lourde et dominatrice. Deux mois plus tard, elle ne représentait plus aucune menace. J’avais attrapé la poignée de la porte et l’avais ouverte d’un coup sec.

« C’est parti ! »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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