Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 2 – Section 5 – Chapitre 6

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Chapitre 6 : La puissance du Destin et le frère de Sayuki

Yoshinaga se tenait devant moi, et ses deux complices me flanquaient par-derrière. J’étais encerclé sans aucun espoir d’évasion. Les visages des hommes étaient différents, mais ils arboraient tous le même sourire répugnant. Ma musculation n’avait jamais vraiment servi, je n’étais pas équipé pour le combat réel. Je n’avais même jamais frappé quelqu’un avant ! Si nous nous battions ici, je perdrais.

Si seulement j’étais aussi fort que Gams, je pourrais facilement renverser la situation.

J’avais considéré ce à quoi j’avais affaire : un couteau, une matraque, et un pistolet paralysant. De ces trois armes dangereuses, le pistolet paralysant était le plus gros problème. S’il me touchait, je serais complètement impuissant. J’avais retroussé mes manches pour montrer mes gros biceps et j’avais adopté une position que j’avais vue dans des vidéos de karaté en ligne. Mes mains et mes jambes tremblaient, mais je ne pouvais rien y faire.

« Huh. Tu vas te battre, même si tu es en infériorité numérique et que tu n’es pas armé ? Oui, oui, je peux voir tes muscles, mais penses-tu vraiment que tu peux gagner ? »

Malgré les paroles de Yoshinaga, ce dernier semblait déconcerté. J’étais au moins content d’avoir l’air fort. Je suppose que ma musculation avait porté ses fruits. Je devais utiliser son hésitation à mon avantage d’une manière ou d’une autre. C’était comme la fois où mes villageois avaient attaqué le camp des gobelins. Je devais utiliser chaque goutte de matière grise que j’avais pour trouver un plan.

« N’essayez pas de faire le malin, ou je pense que vous savez comment ça va se terminer », avais-je dit.

« On devient désespéré, n’est-ce pas ? C’est mauvais signe. Mais ne t’inquiète pas ! Mes copains ici ont leurs propres copains, si tu vois ce que je veux dire. Même si tu gagnes, tu ferais mieux de surveiller tes arrières. »

C’était pire que ce que je pensais. C’était peut-être du bluff, mais je ne pouvais pas en être sûr.

Ce que je savais, c’est qu’il hésitait. S’il était totalement confiant dans ce qu’il faisait, il n’aurait pas fait ça.

« Tous ensemble, maintenant, les gars ! »

Merde. Pourquoi ne pouvaient-ils pas venir à moi un par un comme dans les films ? Pourquoi devaient-ils avoir du bon sens ? !

Tous les trois abaissèrent légèrement leur position, prêts à bondir sur moi. J’avais observé Yoshinaga attentivement. Le vent glacial de l’hiver me piquait le visage et me faisait frissonner, mais je tenais bon. Je savais que je ne m’en sortirais pas. Je n’étais pas Gams. Je n’avais pas la force de gagner. Peut-être devais-je simplement crier et courir vers le magasin, en espérant que quelqu’un m’aide. Ce n’était pas une façon courageuse d’agir, mais je n’avais plus d’options courageuses à ce stade. J’avais abaissé mon centre de gravité et m’étais préparé à courir.

Les deux hommes derrière moi commencèrent à tousser.

« A-ah, ma gorge ! E-et… pourquoi je pleure ? ! Qu-Qu’est-ce qui se passe ?! »

Ils avaient commencé à haleter, à se frotter les yeux et à s’agripper à leur gorge.

Qu’est-ce qu’ils font ?

Ils se débattirent, se tordirent avant de s’effondrer sur le trottoir.

« Putain, qu’est-ce que tu as fait ?! », me cria Yoshinaga tout en agitant son couteau vers moi.

Il pouvait me menacer autant qu’il voulait, je n’avais pas de réponse à lui donner. Ses complices se tordaient tous les deux sur le sol, l’écume à la bouche.

Quelque chose de bizarre… vient de se passer.

Je veux dire, c’était évident. Mais c’était tout ce à quoi je pouvais penser. C’était ma chance, d’autant plus que Yoshinaga semblait aussi confus que moi. J’avais rabattu ma capuche sur mon visage pour cacher mon expression. Il faisait assez sombre pour qu’il ne puisse pas voir à quel point j’étais effrayé. Il était temps d’utiliser cette situation douteuse contre lui.

« Qu’est-ce que vous croyez que j’ai fait ? Vous croyez vraiment que je me suis pointé et que j’ai parlé au gars qui m’a poignardé sans plan de secours ? Vous devriez probablement emmener ces gars à l’hôpital, sauf si vous voulez qu’ils meurent. Si vous voulez finir dans le même état, n’hésitez pas à rester dans le coin. »

J’avais pris une voix basse et menaçante.

J’avais failli donner des coups de pied dans les corps au sol pour l’effrayer encore plus, mais je n’avais pas pu m’y résoudre.

« Dis-moi ce que tu as fait, bon sang ! Ce n’est pas fini ! »

Yoshinaga leva alors son bras de la même manière que précédemment, et deux autres hommes étaient sortis du minivan, se précipitant vers les gars au sol.

Il avait plus de renforts, hein ?

Le van était juste en face du magasin. Si j’avais couru là-bas, ces deux-là m’auraient attrapé à coup sûr. En gardant un œil sur moi, Yoshinaga fit un large cercle. Ce dernier essaya de hisser l’un de ses coéquipiers qui tressaillaient, mais à la place, il s’effondra lui-même.

« Hein ? »

Ce ne fut que maintenant que je remarquais que son renfort était également au sol. Cinq hommes au sol devant moi, tremblant et haletant. L’image était tellement surréaliste que mon cerveau avait du mal à tout assimiler.

« … Hein ? », avais-je répété.

Était-ce de la comédie ? Ou une farce ? Dans tous les cas, ça me faisait peur. Je n’avais aucun scrupule à les laisser là, mais je ne voulais pas finir comme suspect s’ils mouraient. Je leur avais donné à tous une légère tape sur la tête, mais aucun d’entre eux n’avait réagi. J’avais pris quelques grandes respirations pour me calmer, jetant des regards furtifs autour de moi. Aucun témoin. Je m’étais précipité vers le magasin, en feignant la panique. Apercevant les deux vendeurs au comptoir, j’avais haleté théâtralement pour reprendre mon souffle.

« S’il vous plaît, appelez la police et une ambulance ! Il y a cinq gars dehors sur le sol ! Ils ont l’écume à la bouche ! »

« V-vraiment ?! »

« Ouais ! Ils sont juste là ! »

J’avais pris un des assistants avec moi pour leur montrer. Une fois qu’ils avaient confirmé mon histoire, ces derniers prirent immédiatement contact avec les services d’urgence. J’étais franchement surpris de mes talents d’acteur… et un peu content. Je voulais laisser le personnel s’occuper des choses et partir, mais j’avais peur qu’ils vérifient les caméras de sécurité et voient que j’étais impliqué. De plus, le bus de Sayuki serait bientôt là. Je voulais aussi savoir pourquoi Yoshinaga et ses hommes s’étaient effondrés comme ça. Si j’attendais, j’obtiendrais peut-être ma réponse. Je pourrais aussi transmettre l’enregistrement que j’avais pris à la police pendant que j’y étais. Il y avait plus de questions que de réponses à ce stade, mais au moins ils pourraient arrêter Yoshinaga.

« Vous pouvez m’aider à les porter ? » me demanda le vendeur du magasin.

« Bien sûr ! »

Faisant à nouveau semblant de n’avoir aucune idée de ce qui s’était passé, j’avais aidé le vendeur à ramener les hommes à l’intérieur du magasin, les allongeant près de la fenêtre de devant. Ils disaient toujours à la télévision qu’il ne fallait pas déplacer les blessés, mais je me fichais pas mal de savoir si cela pouvait réduire leurs chances de survie.

Avec tout le monde à l’intérieur, tout ce que nous pouvions faire était d’attendre l’arrivée de la police et des ambulanciers. J’avais siroté le thé que les employés m’avaient donné et j’avais attendu. Les gens commençaient à se rassembler avec curiosité. Nous avions amassé une dizaine de badauds, malgré l’heure tardive.

« Oniichan ? C’est toi ? »

C’était Sayuki, et cette foule devait être les personnes qui venaient de descendre du bus. La police voudra probablement me parler. Je devrais peut-être renvoyer Sayuki chez elle d’abord. Je pourrais lui expliquer ce qui s’était passé (ou l’essentiel, du moins) plus tard.

« Ça ressemble à une intoxication alimentaire ou quelque chose comme ça, mais ces types se sont effondrés. Mais comme je les ai trouvés, je pense que la police voudra me parler. Pourquoi ne rentres-tu pas chez toi, Sayuki ? J’ai déjà demandé à papa de venir te chercher. »

« C’est fou… Je suis désolé, Oniichan. Tu ne te serais pas laissé entraîner là-dedans si tu ne m’avais pas attendu. »

« Ne t’inquiète pas pour ça. Je ne dois pas travailler demain, et tu dois te lever tôt. Ça te dérange de prendre ça avec toi quand tu partiras ? »

En lui passant mon sac à dos, je m’étais soudainement souvenu de quelque chose. J’avais glissé ma main dans mon sweat à capuche.

J’avais mis l’épais magazine que j’avais acheté plus tôt dans la poche de mon sweat, juste au cas où Yoshinaga essaierait de me poignarder à nouveau. Les pages étaient tordues par ma sueur. Je m’étais rendu compte que mes mains et mes genoux tremblaient encore.

« J’ai failli mourir… », m’étais-je murmuré à moi-même.

L’adrénaline se vidait de mon corps, et c’était tout ce que je pouvais faire pour rester debout.

La police et l’ambulance étaient arrivées environ dix minutes plus tard. Papa était arrivé à peu près au même moment et avait ramené Sayuki chez elle, me laissant avec la police pour répondre à la question de savoir comment j’avais découvert ces hommes. Je leur avais raconté comment ce type harcelait ma sœur et je leur avais fait écouter l’enregistrement. Ils me dirent qu’ils allaient ouvrir une enquête immédiatement. Heureusement, le son s’était coupé au moment où je les menaçais, et j’avais réussi à éviter toute accusation. Ce qu’ils avaient, c’était la preuve que Yoshinaga avait harcelé Sayuki et les détails de l’attaque qu’il avait prévue contre elle. La police m’avait emmené au poste pour me poser d’autres questions sur l’effondrement des hommes et ne m’avait pas relâché avant le matin. Ils m’avaient même reproché d’avoir essayé de résister et de ne pas avoir appelé la police immédiatement, en me disant à quel point j’étais en danger, etc.

Un policier m’avait cependant félicité.

« Il est rare de trouver quelqu’un capable de garder son sang-froid dans une telle situation, et il est facile pour les autres de critiquer quand ils ne sont pas impliqués. Il est tentant de penser que l’on va rester calme, mais quand on est réellement sur place, la panique prend le dessus et on perd la capacité de penser clairement. »

Les mots de cet officier me firent sentir un peu mieux.

Lorsque j’avais quitté le poste de police, le soleil matinal embrasait la ville. Je m’étais protégé les yeux avec ma main et j’avais louché vers le ciel.

« La vie dans la prison est vraiment aussi dure qu’on le dit. »

C’était peut-être ma seule chance de dire un truc aussi ringard, puisque je n’avais pas l’intention de me faire arrêter de sitôt.

« Euh… quoi ? »

« Ne le taquine pas, il a eu une nuit difficile. »

Je m’étais retourné pour trouver papa et Sayuki qui m’attendaient.

Ils m’ont entendu ! Ugh…

« C’est un jour de semaine, non ? Pourquoi vous n’êtes pas au travail ? »

« Parce que nous étions inquiets ! On est venu te chercher ! Je n’aurais pas été capable de me concentrer au travail. Et je suis aussi un peu responsable de ta présence ici, donc… je suis désolé. Et, euh… merci, Oniichan. »

Je m’étais déplacé d’un air gêné devant la franchise de ses excuses. Pourtant, sa gratitude m’avait donné l’impression que tout cela en valait la peine.

« Allons-y. Nous ne devrions pas traîner autour du commissariat de police pendant trop longtemps. »

J’étais monté à l’arrière de la voiture de papa. Sayuki s’était assise à côté de moi. Aucun d’entre eux n’avait dit quoi que ce soit, mais je pouvais voir qu’ils voulaient absolument savoir ce qui s’était passé. Je ne savais cependant pas trop quoi leur dire. Je pouvais prétendre que ça n’avait rien à voir avec Sayuki, mais si la police venait l’interroger, elle le découvrira tôt ou tard.

Entendre parler de Yoshinaga de ma bouche rendrait la chose plus facile à avaler. J’avais décidé de tout leur dire.

« C’était Yoshinaga ?! Ce séjour en détention ne lui a-t-il pas fait du bien ? Quelle ordure ! »

Sayuki commença à donner des coups de pied sur le siège passager devant elle.

Je ne pouvais pas lui reprocher d’être en colère. Il n’avait pas appris sa leçon et était devenu encore pire avec le temps.

« Je comprends que tu sois en colère, Sayuki, mais calme-toi. Et, Yoshio, nous allons devoir parler de ton comportement imprudent », dit papa à voix basse, les mots lourds.

Ce dernier essayait de retenir sa colère. La police m’avait déjà passé un savon, mais j’avais apparemment droit à un autre.

Je devrais vraiment m’arrêter et réfléchir avant de me lancer…

« Pourtant, je sais que tu as fait tout ça pour Sayuki. En tant que père, je dois admettre que je suis fier de toi. »

« Papa… »

Bon sang ! Il va me faire pleurer !

Papa me félicitait si rarement que je sentais ma poitrine se remplir de chaleur.

« Mais le fait qu’ils se soient tous effondrés d’une intoxication alimentaire en même temps est étonnant. Ça me donne envie de remercier celui qui veille sur nous, même si je ne crois pas en Dieu », dit Sayuki.

J’étais d’accord. La raison « officielle » pour laquelle ces cinq personnes s’étaient effondrées était toujours l’intoxication alimentaire. L’inspecteur à qui j’avais parlé avait mentionné qu’ils avaient tous mangé des huîtres pour le déjeuner avant la célébration, et que cela aurait pu être le cas. Comme je n’avais jamais eu d’intoxication alimentaire avant, je ne pouvais pas juger, mais ça n’avait toujours aucun sens.

Mais ce n’était pas comme si j’avais une meilleure explication. Je suppose que l’intoxication alimentaire pouvait provoquer de l’écume à la bouche, mais cela n’expliquait pas pourquoi ils se grattaient les yeux et luttaient pour respirer. Ils agissaient comme des gens empoisonnés par des produits chimiques, pas par de la nourriture. Une sorte de gaz, peut-être ? Mais je savais que je n’y avais pensé qu’à cause de ce que j’avais vu dans les dessins animés et les jeux. Un véritable poison était une théorie plutôt extrême.

« Mmm », avais-je répondu, sans m’engager.

« C’est tout ce que tu as à dire ? Oh, attends, j’ai oublié de te le dire ! Ton lézard était dans le sac à dos que tu m’as donné hier. Tu sais que tu dois le garder dans une température stable, n’est-ce pas ? Tu ne peux pas l’emmener en promenade par un temps pareil ! »

Je l’avais regardée fixement.

« Destinée était dans le sac à dos ? »

Destinée était avec moi pendant l’incident ? Est-ce que ça voulait dire que…

« Pas possible… »

Mais je ne pouvais pas me débarrasser du sentiment que j’étais sur quelque chose.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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