Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 2 – Interlude 

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Interlude : L’autre village et ses habitants

Un matin, j’avais reçu une mission importante du chef du village lui-même.

« Il y a quelques jours, des humains sont arrivés dans la Forêt Interdite. Je veux que tu gardes un œil sur eux pour discerner s’ils représentent une menace. »

Je m’étais mise au travail pour me préparer à ma tâche.

« Cela fait longtemps que les humains ne sont pas venus ici », m’étais-je murmuré.

Selon moi, cela faisait des années… non, des décennies. Nous, les elfes, vivions ici depuis des milliers d’années. De nombreux monstres violents avaient élu domicile dans cette forêt, ce qui avait tendance à éloigner les humains. Il n’y avait que nous, les monstres, et un troisième groupe dont je n’aimais pas parler. Autrefois, les nains et les humains s’étaient regroupés pour exploiter les mines dans les montagnes, mais la menace des monstres les avait vite fait fuir. Nous avions vécu dans une paix relative depuis, mais maintenant les humains étaient de retour.

Aucun moyen de savoir à quoi ils ressemblaient, mais avoir des humains ici n’était pas bon. Ma première tâche sera de me glisser parmi eux et de découvrir ce qu’ils voulaient ici.

J’avais caché mes longues oreilles sous mes cheveux et je m’étais habillée avec des vêtements un peu miteux. J’avais entendu dire que les humains étaient souvent peu sophistiqués, surtout les hommes. Je m’étais assurée que chaque partie de ma peau soit couverte, pour qu’ils ne puissent pas voir que j’étais une femme.

Voilà, ça devrait me faire paraître assez humaine. Faire cela était humiliant, mais ce travail était plus important que ma dignité.

Mes préparatifs terminés, j’avais laissé mon village derrière moi. Mes parents et les autres villageois s’inquiétaient de mon jeune âge, j’avais à peine plus de cent ans, mais ils n’avaient pas besoin de l’être. J’avais confiance en mes compétences au tir à l’arc et en mes connaissances médicinales. J’étais aussi avancée pour mon âge. Le chef du village devait le penser aussi, sinon il ne m’aurait pas choisie.

Bon, à vrai dire, j’avais un peu peur des humains, mais j’étais une elfe ! Nous vivions dans la Forêt Interdite bien avant qu’ils n’arrivent. Ça ne devrait pas être plus difficile que de faire frire un œuf.

*****

J’avais fait une erreur.

En chemin, j’avais vu une colonne de lumière soudaine et je l’avais suivie jusqu’aux humains. J’avais réfléchi, et je leur avais dit que j’étais un médecin itinérant. Ils m’avaient crue, mais j’avais fini par jouer le jeu jusqu’à ce que je leur montre un endroit plus sûr où vivre.

J’avais peut-être fait une erreur, mais mon travail consistait simplement à recueillir des informations, non ? Je savais au moins où ils étaient maintenant.

C’est vrai ! J’avais fait du bon travail !

Et tout cela pour gagner leur confiance et obtenir des informations plus précieuses. La patience était après tout la clé du subterfuge, et nous, les elfes, étions les créatures les plus patientes que l’on puisse trouver à des kilomètres à la ronde.

De plus, même s’ils étaient humains, je ne pouvais pas partir comme ça alors que l’un d’entre eux était blessé. J’étais médecin. S’ils montraient une quelconque hostilité, je m’enfuirais immédiatement, mais honnêtement, ils ne semblaient pas être de mauvaises personnes. Je n’allais pas baisser ma garde, mais… je n’aurais pas su à quel point les humains pouvaient être doux et innocents si je n’avais jamais rencontré Carol. Ne vous méprenez pourtant pas ! Tous les animaux sont mignons quand ils sont bébés, et peut-être que les humains étaient pareils. Je n’étais pas prête à m’allier à ces gens.

J’avais souvent parlé avec eux, mais je n’avais trouvé aucune preuve de mauvaises intentions. Les anciens du village parlaient toujours de la méchanceté de l’humanité, mais je commençais à avoir des doutes. Ils voyaient tous ce marchand ambulant comme la seule exception à la règle, mais ces humains semblaient également amicaux. Et en les regardant lutter pour survivre, je commençais à me dire qu’il était difficile de les considérer comme des ennemis.

Malgré cela, j’avais continué à donner à mon village des rapports réguliers sur leurs mouvements. Lorsque j’avais mentionné que je pensais que ces humains étaient des gens bien, on m’avait grondée et on m’avait dit que les humains étaient des maîtres de la ruse et du langage vicié. J’avais donc compris que ces humains avaient dû simplement me piéger avec leur sort.

Les anciens m’avaient raconté que lorsqu’ils étaient jeunes, ils avaient eux-mêmes été trompés par des humains, et que le résultat avait été une misère sans nom. Je devais me souvenir de ne pas baisser ma garde à partir de maintenant. En même temps, je devais m’assurer qu’ils ne me soupçonneraient pas, et donc continuer à les traiter gentiment et à me comporter de manière fiable. À leurs yeux, j’étais un médecin compétent. Tant que je gardais cette image, je pouvais garder leur confiance et apprendre davantage.

Je peux le faire !

Même parmi ces créatures grossières, je n’oublierais pas que je suis une elfe. Peu importe à quel point leurs petits étaient mignons. S’ils représentaient un danger pour nous, il était fort possible qu’on m’ordonne de les tuer. Mais cela n’allait pas arriver… pas vrai ?

*****

Le troisième jour, l’humain empoisonné récupéra. Même une elfe aurait du mal à résister au puissant venin d’un croc de loup-garou. Il devait être fort, à la fois dans sa tête et dans son esprit.

J’étais souvent allée à la chasse avec lui. Contrairement aux elfes, qui préféraient le combat à distance avec un arc, il excellait dans le combat de mêlée. Sa façon de combattre complétait la mienne, et nos chasses étaient bien plus fructueuses que je ne l’aurais cru. Comme il n’était pas bavard, il était difficile d’obtenir des informations, mais passer du temps avec lui n’était pas difficile.

Il avait une lueur sérieuse dans le regard qui pouvait être rebutante, mais il possédait aussi des qualités qui le distinguaient des hommes elfes que je connaissais. Les elfes étaient beaux et gracieux. Il ne l’était pas, mais il était possible que les hommes sauvages comme lui ne soient peut-être pas si mauvais.

Cela dit… je me sentais souvent observée de près quand j’étais avec lui. Quand je me retournais, je voyais cette jeune femme religieuse qui me souriait gentiment. Peu après, j’avais vu un regard glacial dans ses yeux. J’étais inquiète. Avait-elle réalisé qui j’étais ? Jusqu’à présent, personne ne s’était comporté comme s’il me soupçonnait, mais peut-être que cette humaine était particulièrement douée pour cacher ses soupçons. Comme l’avaient dit les anciens, je devais rester sur mes gardes.

Les humains étaient des filous. C’était ce que j’essayais de me dire, même si je ne pouvais pas me résoudre à étendre la même étiquette à la petite Carol. Si le pire arrivait, je pourrais peut-être la ramener dans mon village et m’en occuper là-bas.

*****

Après un moment, le Jour de la Corruption était arrivé, le jour qui marquait le moment où les Dieux Corrompus osaient se dresser contre nos Dieux Majeurs. La menace n’avait jamais été grave, mais dernièrement, les monstres de la forêt avaient agi de façon étrange. Ils avaient même commencé à se regrouper pour attaquer notre village. Ils étaient devenus si violents… je me languissais de l’époque où les murs de notre village pouvaient nous protéger.

Ce n’était pas seulement la férocité croissante des monstres qui m’inquiétait. S’ils formaient des groupes, quelqu’un devait les organiser. Une intelligence quelconque devait donc leur ordonner d’attaquer tous en même temps. Nous n’avions jamais eu affaire à ça auparavant.

La personne responsable de ça pourrait être un hérétique ou juste un monstre à l’intelligence inhabituellement élevée. Mais chaque mois, les blessures et les décès dans mon village augmentaient. J’avais prié le Dieu de la médecine aussi fortement que je le pouvais afin que le village s’en sorte encore ce mois-ci.

Les humains étaient conscients de l’approche du Jour de la Corruption, et je pouvais sentir leur malaise alors que leur agitation augmentait. La grotte dans laquelle ils vivaient était inconfortable, mais elle offrait au moins un certain confort. Elle était protégée par d’épaisses planches de bois, entouré d’une clôture faite de rondins. C’était bien pour la défense de tous les jours, mais je craignais que ça ne tienne pas face au jour le plus dangereux du mois. Les humains pensaient la même chose. Ce n’était donc pas une bande d’idiots. Mais seul l’un d’entre eux pouvait se défendre dans un combat. J’imagine qu’ils espéraient que je les aide à se défendre, bien que jusqu’à présent personne ne me l’ait demandé.

J’étais juste là pour les observer. Je n’avais aucune obligation d’aider. Au contraire, les choses seraient plus faciles pour moi s’ils mouraient. Je pourrais rentrer chez moi et dire à mes compagnons elfes que nous n’avions plus de raison de nous inquiéter. C’était l’issue idéale, mais ce n’était pas l’impression que j’avais. Passer autant de temps avec eux avait obscurci mon jugement.

Le chef du village voulait que je rentre chez moi, inquiet de mon manque de loyauté. Plus je passais de temps ici, plus j’avais envie de rester. Peut-être que leur tactique de tromperie fonctionnait vraiment sur moi. J’étais confuse. Perdue. Je ne savais pas quoi faire.

S’il vous plaît, Seigneur. Montrez-moi quel chemin je dois prendre.

*****

Ils ne m’avaient jamais encouragée à partir, mais quand j’avais dit que je partais, ils n’avaient pas essayé de m’arrêter. Ils m’avaient seulement remerciée et m’avaient gentiment dit au revoir.

Je ne les abandonnais pas, je suivais simplement les ordres du chef de mon village. Le Jour de la Corruption était proche, et il avait besoin de moi le plus vite possible.

Je lui avais dit que je reviendrais dès que je saurais si les humains avaient survécu au Jour de la Corruption. Il était réticent, mais il avait accepté. Beaucoup de villageois étaient de meilleurs archers que moi, et mon peuple comptait beaucoup de vaillants combattants. Je ne leur serais pas d’un grand manque ce mois-ci.

Je ne restais pas en arrière pour observer les humains par souci ou par pitié. En tant qu’elfe de la Forêt Interdite, c’était mon devoir de les voir mourir. C’était le mensonge que je m’étais dit.

Mais je devais l’accepter… J’étais heureuse avec les humains. J’appréciais chaque jour que je passais avec eux et je me sentais chez moi. À tel point que je m’étais surprise à souhaiter pouvoir y rester pour toujours. Mais je ne pouvais pas tourner le dos à mon village. J’avais décidé que jusqu’au jour où les humains et les elfes pourraient enfin se comprendre, je serais le pont qui relierait les deux races.

Cela pouvait attendre que le Jour de la Corruption soit terminé. Je ne pouvais pas revenir en arrière et dire que j’avais changé d’avis. Je m’étais donc à la place concentrée sur l’extermination de monstres avec mon arc, afin de réduire un peu les effectifs. Si les humains survivaient, j’irais m’excuser pour tout.

Puissions-nous nous en sortir, mes amis

*****

Dire que j’étais surprise était un euphémisme. Je n’en croyais pas mes yeux. Le Dieu du Destin avait pris possession de cette statue en bois. Il avait terrassé monstre après monstre, ses mouvements étaient aussi gracieux que ceux d’un danseur. Je ne pouvais pas regarder ailleurs. Était-ce vraiment le Dieu du Destin ? Grâce à son miracle, les humains avaient pu surmonter le Jour de la Corruption. J’étais jalouse. Le Dieu de la Médecine veillait aussi sur notre village, et nous recevions de nombreuses prophéties, mais pas aussi souvent que ces humains. Pourtant, j’avais été le témoin direct du genre de miracles dont notre Dieu était capable.

Mais la dernière prophétie datait de plusieurs mois. Depuis lors, nous n’avions reçu aucune communication ni vu aucun miracle. Personne ne le disait à voix haute, mais nous pensions tous la même chose : notre Dieu nous avait abandonnés.

J’avais pris mon livre saint dans mon sac. Comme d’habitude, la page que j’avais ouverte était blanche. Il n’avait envoyé aucun message. Quelle était la différence entre nous et les humains ? Avions-nous fait quelque chose pour contrarier notre Dieu ?

S’il vous plaît, Dieu, si vous veillez encore sur nous, donnez-moi un signe…

J’avais prié, mais je n’avais reçu aucune réponse. J’avais alors rangé le livre et j’étais retournée vers le village. Je devais leur dire que ces humains étaient des gens en qui nous pouvions avoir confiance.

« P-pourquoi ? »

J’étais revenue pour trouver mon village détruit.

J’étais tombée à genoux, la fumée me piquant les narines. La solide clôture qui avait protégé le village pendant des centaines d’années avait été complètement démolie, laissant le village sans défense. La place, autrefois réputée pour la beauté de ses fleurs multicolores, fut piétinée et tachée de sang. Aucun bâtiment n’avait été épargné, la plupart d’entre eux n’avaient même plus de toit. Des corps d’elfes et de monstres jonchaient le sol, défiguré et à moitié dévoré, les affreuses créatures festoyant dans leur victoire.

« Est-ce… Est-ce que quelqu’un est encore en vie ? ! C’est moi, Murus ! S’il vous plaît ! Que quelqu’un dise quelque chose ! »

Ça doit être un cauchemar !

J’avais fait de mes mains des poings et les avais frappées contre mes jambes repliées. J’avais réussi à me tenir debout. Je m’étais alors précipitée dans le village, en criant les noms de ses habitants. J’avais cherché mon bruyant ami d’enfance qui vivait à côté, le jeune trentenaire du même quartier, les anciens du village… mais il n’y avait plus personne.

« Que quelqu’un dise quelque chose, s’il vous plaît ! S’il vous plaît ! N’importe qui ! »

J’avais appelé nom après nom jusqu’à ce que ma gorge soit à vif, mais personne ne m’avait répondu. Je n’avais pourtant pas abandonné. Je me frayais un chemin à travers les décombres tout en vérifiant chaque bâtiment. Mes doigts étaient tachés de sang, ma peau glissante de sueur, et mon corps tremblait d’épuisement, mais je continuais à chercher des survivants.

« M-Murus ? C’est toi ? »

Une voix faible m’appela.

C’était le chef du village ?!

Je m’étais précipitée vers la voix, poussant à travers le toit effondré qui nous séparait. En dessous gisait le chef du village, éclaboussé de sang.

« Chef… »

J’avais commencé, mais ma gorge était si sèche que je n’avais pas pu continuer.

« Tu n’as pas besoin de parler. Je ne survivrai pas à cela. S’il te plaît, ne t’épuise pas davantage pour moi. »

Le chef posa alors sa main sur la mienne et secoua la tête alors que je tentais de déplacer la poutre qui l’écrasait.

« Écoute-moi, Murus. Le village a disparu. Cependant… »

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J’avais enterré les villageois en silence, un par un. J’avais peur de m’effondrer avant d’avoir pu creuser toutes les tombes, mais en tant que race à l’espérance de vie si longue, les elfes avaient l’habitude de préparer leur propre lieu de sépulture de leur vivant. Je n’avais finalement eu à creuser que les tombes des enfants et des adolescents elfes. Porter les corps avait également été plus facile que je ne le pensais. Souvent, je ne traînais que des morceaux de mes camarades villageois, de grandes parties de leurs corps ayant été arrachées et dévorées par les monstres.

Finalement, j’avais déposé le chef du village et j’avais poussé un profond soupir. J’avais joint mes mains pour prier afin qu’ils puissent trouver le repos. Je voulais organiser des funérailles en bonne et due forme, mais il y avait quelque chose que je devais faire d’abord. J’y avais pensé alors que je transportais tout le monde vers leurs tombes. Il était clair que certains des corps manquaient, même en tenant compte d’une erreur de calcul due à l’état des cadavres. Les enfants, en particulier, semblaient être absents. Le chef du village m’avait dit dans son dernier souffle que certains d’entre eux avaient été enlevés par les monstres.

Je pourrais m’affliger et pleurer plus tard. Pour l’instant, je devais prendre mes armes et partir. En tant que survivante de mon village, j’avais une nouvelle tâche, plus importante que la honte ou l’honneur. Tant qu’il y avait des survivants, je devais essayer.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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