Chapitre 6 : Chapitre 6 : Villageois en panique, Dieu en panique
La victoire de Gams semblait si facile, mais elle avait coûté cher.
« Tiens bon, Gams ! », avais-je dit en serrant les dents.
« Gams ! Il est si froid… », cria Chem tout en s’accrochant à son corps.
Rodice et sa famille étaient sortis du chariot.
« C’est bon, Chem. Il a encore un pouls, mais sa température corporelle est en train de chuter, et il est pâle. Et regarde cette blessure sur son bras… Je n’aime pas cette couleur. », dit Rodice.
Ce dernier se leva pour étudier l’un des loups tombés.
« Il a dû être empoisonné. Chem, as-tu des sorts qui guérissent le poison ? »
J’avais senti mes espoirs s’envoler à sa question. Peut-être que ma panique n’avait servi à rien.
« Je n’ai encore rien appris de tel. Avons-nous un antidote ? »
« J’ai bien peur que nous n’en ayons pas. »
Rodice secoua la tête et détourna son regard.
Lyra serra Carol contre elle en regardant. Comprenant qu’il n’y avait rien à faire, Chem prit la main de son frère. Des larmes coulaient sur son visage.
« Si on perd Gams, c’est fini pour nous », chuchota-t-elle.
J’avais essayé de me rappeler que ce n’était qu’un jeu en regardant mes villageois en deuil, mais mon cœur battait la chamade et j’étais au bord des larmes. Honnêtement, je pensais que c’était seulement le fait que leurs dialogues étaient textuels, et non vocaux, qui m’avait empêché de m’effondrer.
« S’il vous plaît, Dieu ! Sauvez mon frère ! Je suis prête à faire n’importe quoi ! Juste s’il vous plaît… S’il vous plaît, sauvez… »
Chem s’était mise à gémir, incapable de terminer sa demande.
Dieu… C’était vrai, j’étais Dieu. Il devait bien y avoir un miracle que je pouvais utiliser ! J’avais ouvert la liste, je l’avais parcourue aussi vite que possible, j’étais sûr d’avoir vu quelque chose d’utile…
« Pas le marchand… pas le chasseur… là ! »
J’avais trouvé ce dont j’avais besoin : « Faire apparaître un médecin itinérant. »
Aussi cher que ce soit, je ne m’étais pas soucié du coût. J’avais plus de 300 points maintenant, grâce à l’argent que j’avais versé aujourd’hui. C’était juste assez. Le coût élevé m’avait donné l’espoir qu’il serait efficace.
Mais va-t-il vraiment apparaître au moment où je fais le miracle ? Et s’il apparaissait à un endroit assez éloigné ?
« S’il vous plaît, faites que ça marche ! »
Mes jointures étaient blanches et j’avais serré les poings.
« Baisse d’un ton, Yoshio ! »
Maman m’avait appelé en haut des escaliers. Je tapais souvent des pieds sur le sol en signe de protestation quand elle se plaignait du bruit, mais je n’avais pas le temps d’être aussi mesquin maintenant.
« Ne serait-ce pas un peu bizarre qu’il apparaisse tout de suite ? Et si mes villageois ne lui faisaient pas confiance ? Attendez… il est minuit passé ! »
Les pensées tourbillonnaient dans ma tête comme une tornade tandis que je tapais furieusement.
« Tu m’entends, Gams ? Gams… »
« Y a-t-il un problème ? »
Mes villageois s’étaient retournés à la voix inconnue. Là, de l’autre côté du feu de joie, se tenait un jeune homme. Il avait de longs cheveux noirs soyeux, qui mettaient parfaitement en valeur sa belle apparence. En fait, je n’étais pas sûr que ce nouveau venu soit un homme ou une femme. Les traits de son visage androgyne ne laissaient pas deviner grand-chose, mais si je devais deviner, je dirais que c’était un homme. Il portait un manteau à capuche et portait un grand sac sur son dos. Il y avait plusieurs petits sacs accrochés à sa ceinture. Cela devait être le médecin !
« Qui êtes-vous ?! », Chem était sur ses pieds, s’interposant courageusement entre son frère et le nouvel arrivant.
Rodice saisit l’une des épées de Gams et prit une position défensive devant sa famille.
« N’ayez pas peur. Je suis un médecin itinérant. »
Mes villageois s’étaient échangés des regards méfiants. Cela semblait trop beau pour être vrai. J’avais alors appuyé sur la touche Entrée de la prophétie que j’avais déjà écrite, faisant briller le livre de Chem. Le livre s’était ouvert tout seul, et des mots apparurent sur la page blanche.
« Dieu nous parle ? »
Chem regarda alors le livre avec étonnement.
Elle commença donc à lire, oubliant dans sa hâte de lire à haute voix. Au fur et à mesure qu’elle lisait, des larmes commencèrent à couler de ses yeux.
« Merci, mon Dieu », murmura-t-elle avant de se mettre à sangloter.
J’étais content d’avoir pensé à leur envoyer une prophétie leur expliquant tout.
« Il semble que je sois arrivé juste à temps. Puis-je voir votre compagnon tombé ? », dit le médecin.
« Oui, s’il vous plaît ! », cria Chem sans hésiter.
Les autres villageois se taisaient en regardant, ne comprenant pas encore tout à fait la situation. Le médecin examina la blessure de Gams. Il sortit une petite bouteille et versa la moitié du contenu dans la bouche de Gams et l’autre moitié dans la blessure. Son expression douloureuse commença à s’adoucir sous nos yeux.
« Dieu merci, ça a marché. »
Je m’étais affalé sur ma chaise, la tension s’évacuant de mon corps tandis que je desserrais les poings.
Le fait que le médecin soit arrivé à temps m’avait vraiment rendu heureux. Soulagé, j’avais porté mon attention sur les autres villageois. Rodice et sa famille regardaient Chem et le médecin, l’air perplexe. Chem était tellement occupée à tenir son frère dans ses bras que Rodice avait pris son livre et avait commencé à le lire lui-même. Une lueur de compréhension était finalement apparue dans ses yeux. Comme je l’avais espéré, ma capacité à envoyer une prophétie quotidienne s’était réinitialisée à minuit.
« Je ferai preuve de clémence pour ce brave guerrier. Il n’est pas encore temps pour lui de me rejoindre. J’ai utilisé le pouvoir du destin pour vous envoyer un médecin. Même si de nombreuses épreuves vous attendent, n’oubliez pas que je veille sur vous. »
J’avais essayé de ressembler à un dieu en l’écrivant, mais j’étais tellement paniqué que je ne savais pas si j’avais réussi. Peut-être que si j’avais adopté un ton décontracté avec eux dès le début, je n’aurais pas à me soucier d’écrire de manière aussi formelle maintenant. J’aurais pu ainsi sembler moins divin, mais j’avais l’impression que cela les aurait beaucoup moins impressionnés. Si j’avais eu la possibilité de commencer un nouveau jeu, j’aurais aimé essayer d’être un dieu décontracté.
« Bon travail, tout le monde. »
Même si je sentais que le danger était passé, je continuais à surveiller mes villageois à la place de Gams.
J’avais regardé jusqu’au matin, même si je ne pouvais rien faire de plus. J’étais heureux de regarder Gams qui dormait paisiblement, guéri du poison.
Les villageois s’étaient levés avant six heures pour se mettre au travail. Chem s’occupait de son frère. Rodice prit une petite lance dans le chariot et monta la garde, conscient qu’il était le seul homme encore en état de se battre. Pendant ce temps, Lyra et Carol préparaient le petit-déjeuner ensemble. Le médecin était toujours là, mélangeant des médicaments avec un mortier et un pilon. Chem n’arrêtait pas de lui lancer des regards comme si elle voulait dire quelque chose, mais n’arrivait pas à trouver le courage de le faire. Finalement, elle prit une grande inspiration.
« Excusez-moi, Monsieur le Médecin… mais comment se fait-il que vous soyez ici ? »
Le médecin continuait à trier ses herbes tout en parlant : « Cette forêt est un endroit dangereux, mais elle est aussi pleine d’herbes médicinales utiles. J’étais en train d’en cueillir hier soir, et alors que je m’apprêtais à monter le camp, j’ai vu une colonne de lumière. J’ai senti que je devais aller voir, et je me suis retrouvé ici. »
« Le Seigneur vous a guidé », dit Chem.
« Je ne crois en aucun dieu. Je me fie uniquement aux bienfaits de la nature. Cela dit, je n’ai pas d’autre explication pour ce qui s’est passé hier soir. »
Donc le médecin était un non-croyant. Cela me fit m’interroger sur la religion dans ce monde. Peut-être que l’existence de Dieu était considérée comme un fait, mais que le fait de le suivre dépendait de l’individu.
« Dans combien de temps devez-vous rentrer chez vous ? », demanda Chem.
« Je ne peux pas laisser mon patient, même s’il semble que le pire soit déjà passé. Me permettez-vous de rester avec vous, ne serait-ce que quelque temps ? »
« Bien sûr. Restez aussi longtemps que vous le souhaitez ! Mais je crains que nous ne puissions pas vous offrir un abri. Est-ce que cela vous convient ? »
La présence du médecin me mettrait à l’aise. Si seulement il y avait un endroit pour qu’il puisse dormir. Le chariot était déjà bondé. Mes villageois n’avaient pas non plus de tente dans leurs réserves.
« Il est peut-être temps d’utiliser d’autres PdD. »
Il faudrait probablement quelques jours de plus avant que Gams soit à nouveau en état de se battre. Et même si Rodice pensait pouvoir protéger tout le monde en attendant, je n’avais pas beaucoup de foi en lui. Je ne pouvais pas m’empêcher de craindre qu’il y ait une autre attaque de loup avant que Gams ne soit de nouveau opérationnel. Pour l’instant, mes villageois avaient besoin d’un endroit où ils pouvaient s’abriter en toute sécurité.
Je ne me sentais pas à l’aise pour utiliser mes points après en avoir déjà dépensé autant, mais je ne voyais pas d’autre solution.
Je devrais peut-être faire apparaître un marchand ?
« Il y a une grotte à proximité, en fait, c’est une mine abandonnée. Elle nous fournirait un abri suffisant pour tous, et il pourrait y avoir des objets utiles laissés par les mineurs », dit le médecin.
Ouah !
Enfin un endroit où mes villageois pourront dormir en sécurité ! Ils avaient convenu que c’était une idée fantastique et étaient partis immédiatement vers la grotte. Avec Gams dans le chariot, mes gens avaient suivi le médecin sur le chemin de la sécurité.
Ils étaient arrivés à destination après seulement cinq minutes de voyage. Là, contre la paroi abrupte de la montagne, se dressait un mur improvisé de planches inclinées. Elles étaient disposées en demi-cercles d’environ trois mètres de rayon, bricolées ensemble pour protéger des éléments l’entrée de la grotte. Derrière elles se trouvait un ensemble de doubles portes suffisamment grandes pour y faire passer un chariot et une seule porte plus petite, comme une entrée ordinaire de maison.
« Cette grande porte est destinée aux cargaisons et aux gros objets, tandis que la plus petite est l’entrée proprement dite. Je crois qu’à l’origine, c’était une mine en activité, mais lorsque les mineurs ont trouvé un meilleur endroit à proximité, ils ont utilisé cet endroit pour le logement et le stockage », dit le médecin en ouvrant les grandes portes doubles et en faisant signe aux autres d’entrer.
Et alors que mes villageois et le chariot entraient dans la grotte, l’écran de jeu changea : le toit était devenu transparent et j’avais pu voir à l’intérieur.
« Bon sang, c’est plus grand que je ne le pensais », avais-je dit.
Il y avait encore beaucoup d’espace dans la grotte, même avec le chariot, les chevaux et les villageois à l’intérieur. Il y avait aussi plusieurs tunnels qui partaient de la zone principale, leur contenu étant caché derrière des portes. La grotte était sale, et on aurait dit que personne n’y avait vécu depuis des années. Pourtant, comparé au fait de dormir dans une charrette, c’était le paradis. Mes villageois s’étaient précipités pour examiner la grotte, leurs yeux s’illuminant.
« Il y a une petite pièce par ici ! », cria joyeusement Rodice, tout en regardant derrière l’une des portes.
« Il y a même un petit ruisseau d’eau de source ! Et un four en pierre ! Cet endroit a tout ce dont nous avons besoin ! Eh bien ça alors ! Mettons de l’ordre dans cet endroit ! », s’exclama Lyra.
Cette dernière retroussa ses manches tandis que sa fille sautillait joyeusement autour d’elle.
Je lui devais vraiment quelque chose.
Grâce au médecin, mes villageois avaient un endroit sûr pour dormir. Les planches qui protégeaient la grotte étaient épaisses et renforcées de fer, et il fallait une sacrée force pour les briser.
Finalement, mon peuple pouvait commencer à construire un vrai village.
merci pour le chapitre