Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 4 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : Le pire des scénarios

Partie 1

Un groupe de plus de vingt chevaliers était apparu à l’endroit où Lily avait vaincu la faucheuse. Ils s’étaient approchés avec une vitesse à laquelle on ne s’attendait pas de la part d’hommes en armure et s’étaient arrêtés à une courte distance de nous. Je n’avais même pas eu le temps de cacher Ayame ou Asarina.

Le couloir était bordé d’un mur à l’autre de grands boucliers prêts à l’emploi et d’acier nu pointé dans ma direction. Ils portaient l’armure des chevaliers de l’Alliance à laquelle Shiran était affiliée. Comme on pouvait s’y attendre de la part des élites sélectionnées pour affronter les monstres jour après jour dans les Terres forestières, leurs mouvements ne montraient aucune ouverture par laquelle se glisser.

« … Que faisons-nous, Maître ? » chuchota Lily en approchant son visage du mien.

« Attendons de voir pour l’instant, » avais-je répondu tranquillement.

Dans le même temps, j’avais serré Ayame contre moi pour l’apaiser alors que ses poils se hérissaient et j’avais ordonné à Asarina de se retirer par le biais de notre cheminement mental alors qu’elle grognait contre les chevaliers. Même s’ils pointaient leurs lames vers nous, ce n’était pas le moment de leur rendre immédiatement leur hostilité. Toute tentative de conversation se détériorerait immédiatement si je le faisais. Bien que, je n’étais pas sûr qu’ils me laisseraient dire quoi que ce soit pour commencer.

« Qu’est-ce que ça veut dire, monsieur ? Expliquez-vous tout de suite ! Pourquoi avez-vous des monstres à vos côtés !? » hurla l’un des chevaliers, le sang bouillonnant.

Même les autres chevaliers étaient furieux et semblaient prêts à me charger à tout moment. Si je n’avais pas été reconnu comme l’un de leurs sauveurs, cela aurait déjà tourné à la bataille. Cette réaction était tout à fait normale. Ces gens avaient combattu des monstres toute leur vie.

« Ce n’est pas possible… Un sauveur est-il responsable de cette attaque… !? »

J’avais déjà envisagé cette issue, et en effet, j’étais maintenant soupçonné d’être le meneur de l’attaque de la forteresse. Les choses n’avaient pas encore dégénéré jusqu’au pire cas possible, vu qu’ils ne faisaient que m’accuser, mais ce n’était qu’une question de temps à ce rythme. Je devais faire quelque chose avant que les choses n’empirent.

« Répondez-moi ! En fonction de votre réponse, même si vous êtes un sauveur… ! »

« Laissez-moi vous dire maintenant. Je n’ai rien à voir avec cette attaque. Je ne pourrais pas faire une telle chose même si je le voulais. »

« Avez-vous l’intention de feindre l’ignorance ? Les monstres à vos côtés sont une preuve indiscutable ! Les sauveurs de l’équipe d’exploration l’ont aussi dit, que c’était peut-être l’œuvre de l’homme ! Et dire que c’est vrai ! »

J’avais essayé de ne pas trop les stimuler, mais ils avaient repoussé mes explications avec une clameur hystérique. J’avais même l’impression d’avoir aggravé la situation. Voyant qu’ils ne risquaient pas d’écouter ce que j’avais à dire, j’avais plissé les yeux. Cela devenait rapidement le pire des scénarios.

Tout se passe exactement comme prévu, mais… Je n’avais pas été trop perturbé par ce résultat. Je m’étais préparé à cette situation dès que j’avais révélé mon pouvoir. L’animosité qu’ils me portaient, la malice qu’ils me lançaient, et la répulsion qu’ils me déversaient étaient toutes supportables tant que je m’y préparais. Il y avait aussi une autre chose que j’avais envisagée : l’énorme difficulté de prouver mon innocence ici.

Peu importe ce que je disais, il était douteux qu’ils m’écoutent. Les gens qui avaient le sang qui leur montait à la tête à cause de la peur et de la colère risquaient de nier promptement toute explication que je pourrais leur donner. Ma tentative précédente était en fait inutile. En fait, elle avait eu l’effet inverse. Essayer de les convaincre ne suffisait plus.

Leurs soupçons n’étaient pas en premier lieu fondés sur de vraies preuves. Ce dont j’avais besoin en ce moment, c’était d’une confiance cultivée sur une longue période. Je ne pouvais rien faire à ce sujet, puisque je venais d’arriver à la forteresse. Sans l’attaque en cours, j’aurais peut-être pu les convaincre qu’il s’agissait d’un malentendu. Mais je n’avais pas le temps de prendre les choses à la légère.

Je ne pouvais pas m’en sortir par la parole. Quoi qu’il en soit, je refusais d’être attaqué ou retenu, et combattre des gens qui pointaient leurs épées sur moi pour un malentendu n’avait aucun sens. Ce serait une vraie farce si nous nous épuisions les uns les autres et étions anéantis par les monstres envahisseurs.

Mon seul choix était de m’enfuir. Je pouvais me débarrasser des chevaliers qui me précédaient, traverser la forteresse pleine de monstres et m’échapper dans les bois. Si je pouvais aller aussi loin, je pourrais retrouver Rose et Gerbera. Cela semblait faisable si Lily et moi étions seuls. Les chances n’étaient pas grandes, cependant…

Même en mettant de côté mon propre bien-être, j’avais un parasite rampant qui poussait dans ma main gauche et je tenais un renard souffleur serré dans mes bras. Sans contexte, il était naturel de supposer que j’étais de connivence avec les monstres. En bref, notre groupe entier semblait suspect. Je devais au moins dissiper le malentendu concernant Mikihiko et Kei.

Heureusement, à en juger par ce qu’ils avaient dit, ces chevaliers avaient récemment parlé avec l’équipe d’exploration. Si j’arrivais à les convaincre d’accepter Mikihiko et Kei, je pourrais au moins assurer leur sécurité. C’était à peu près mon plan. Cependant, je n’avais pas été en mesure de le mettre en action.

« Arrêtez de débiter ces conneries irresponsables ! » Avant que je puisse faire quoi que ce soit, un rugissement de colère avait résonné dans le couloir. « Attaquer la forteresse !? On ne ferait pas une telle connerie ! »

Mikihiko s’était renfrogné et avait marché vers l’avant.

« M-Mikihiko… ? »

Je pouvais voir l’agitation se répandre parmi les chevaliers. Mikihiko, qui était fou de la commandante des Chevaliers de l’Alliance, avait certainement beaucoup d’occasions de socialiser avec ses subordonnés. Beaucoup de chevaliers ici présents connaissaient son caractère. Face à son ire alors qu’il niait frontalement leurs accusations, la pointe des lames des chevaliers commençait à vaciller.

« Mais, même si c’est le cas pour vous, monsieur, cet homme est… »

« Takahiro est le même, bon sang ! Il ne ferait jamais ça ! »

« C’est vrai. » Même Kei, qui était toujours agrippée à l’ourlet de mes vêtements, avait interrompu la conversation entre ses aînés. « Takahiro n’est pas ce genre de personne. »

« Kei… »

Elle tremblait de peur à cause de l’atmosphère imposante, mais il y avait un feu dans ses yeux. Je la protégeais il y a quelques instants, mais maintenant c’est elle qui me protégeait. J’étais déconcerté par le changement de flux ici et j’avais perdu mon timing pour dire quoi que ce soit. Mon camarade de classe à lunettes et la jeune fille encore dans son jeune âge regardaient fixement un mur de chevaliers à l’allure robuste.

L’impasse avait alors été brisée par la voix d’une femme venant de l’autre côté de la formation des chevaliers.

« Cette voix… C’est toi, Mikihiko ? »

« C’est dangereux, commandante ! »

« Ça ne me dérange pas. Faites place. »

Les chevaliers s’étaient séparés, et une grande femme en armure s’était avancée. Elle avait des cheveux courts argentés et une musculature tendue quelque peu atypique pour une femme. Je l’avais déjà rencontrée une fois. C’était la femme qui servait de commandant de la troisième compagnie.

« C-Commandante ! Vas-tu bien ? » hurla Mikihiko avec joie, incapable de cacher son bonheur avec son expression franche d’affection.

« Je vois que tu es également en sécurité, Mikihiko, » avait-elle répondu en haussant les épaules.

C’était une femme peu loquace, mais j’avais senti comme un soupçon de soulagement dans sa voix. Cependant, cela n’avait duré qu’un instant. Elle avait déplacé son regard vers moi avec des yeux aigus comme ceux d’un aigle.

« Et vous êtes… Majima Takahiro, c’est ça ? »

Elle m’avait sondé avec ses yeux. Elle était clairement méfiante à mon égard. Cependant, contrairement aux autres chevaliers, elle avait gardé assez de sang-froid pour avoir une conversation calme. Elle avait commencé à s’adresser à moi avec un ton prudent.

« C’est une apparence assez particulière. On dirait que vous avez caché des choses. »

« … Je m’en excuse, mais je n’avais pas vraiment le choix. »

« Je suis sûr que non. Une bénédiction pour manipuler les monstres est assez étrange. Elle deviendrait clairement problématique si elle était exposée au grand jour, et c’est en fait ce qui s’est passé. »

« Je suis heureux que vous compreniez ma situation, mais puis-je vous corriger sur un point ? Je ne manipule pas ces filles. Mon pouvoir ne fonctionne pas comme ça. »

« Est-ce la raison pour laquelle vous prétendez ne pas être à l’origine des monstres qui attaquent la forteresse ? »

Elle avait plissé les yeux, mesurant mon caractère. La conversation ne semblait pas aller dans mon sens. Il était clair comme le jour que mes mots ne résonnaient pas avec elle.

En nous voyant nous fixer l’un l’autre, Mikihiko avait ouvert la bouche en signe d’agitation.

« S’il te plaît, crois-moi, Commandante ! Takahiro nous a sauvés ! »

C’est à ce moment-là que ses yeux s’étaient mis à hésiter. Mikihiko avait apparemment déjà gagné sa confiance. Son plaidoyer pour mon innocence avait assez de force pour la faire vaciller, mais ce n’était toujours pas suffisant. Même si ces mots l’avaient ébranlée, ils n’avaient pas réussi à convaincre ses chevaliers.

C’est vraiment sans espoir… Je ne m’étais pas trompé dans mon évaluation de la situation. Au rythme actuel, Lily et moi n’aurions d’autre choix que de fuir. Ce qui nous avait empêchés de le faire immédiatement, cependant, c’était les bruits de pas accompagnés de cliquetis d’armures venant de derrière nous. J’avais fait claquer ma langue et je m’étais retourné pour leur faire face.

J’avais vraiment merdé. Nous aurions dû nous enfuir plus tôt. Maintenant que nous étions bloqués à l’avant et à l’arrière, s’échapper ne serait plus une mince affaire. C’était la même chose que lorsque nous étions pris en sandwich par des monstres. Nous devions avoir recours à au moins une bataille.

Cependant, je voulais éviter de combattre les humains autant que possible… Je m’étais retourné, rempli de tels regrets, et un petit soupir s’était échappé de mes lèvres.

« Aah... »

Plusieurs chevaliers de l’ Alliance couraient dans notre direction. Parmi eux, il y en avait un qui portait un casque blanc.

« … Shiran ? » Kei avait murmuré.

Le chevalier avait retiré son casque blanc, révélant une elfe avec ses longs cheveux attachés en queue de cheval. Même de loin, je pouvais voir son beau visage et l’identifier comme étant Shiran.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Shiran, son armure blanche tachée de ce que je supposais être le sang des monstres, avait placé son casque sous son bras et avait marché d’un pas vif sur notre chemin. Elle avait regardé le chevalier tombé qui avait été tué par le croc de feu et avait froncé les sourcils tristement, mais elle n’avait pas arrêté son pas.

« … ? »

Shiran n’avait apparemment pas vu Kei s’accrocher à moi ni mon apparence actuelle, à cause des ombres. Lorsqu’elle s’était approchée à quelques mètres, ses yeux bleus avaient saisi la situation. Un regard de perplexité s’était répandu sur ses jolis traits.

« Takahiro… ? »

Ses lèvres tremblantes avaient appelé mon nom. Ses yeux s’étaient promenés sur Asarina, qui sortait de ma main gauche, et Ayame, serrée dans mes bras. Le désarroi était clairement écrit sur son visage.

C’est une réunion bien pire que celle à laquelle je pouvais penser… Avant de m’en rendre compte, j’avais serré les dents avec force. Son expression traduisait la surprise et la perplexité. Ensuite viendraient l’animosité et la pointe de sa lame dégainée. C’était ma prédiction. Elle n’était pas une étrangère pour moi. Nous avions une certaine affinité et je la tenais en bonne estime. Même si je m’étais résolu, l’idée qu’elle en vienne à me haïr me faisait mal au cœur. Cependant, c’était inévitable à ce stade.

J’étais un maître des monstres. J’avais dit à Lily la veille au soir que je n’avais pas l’intention de rejeter cet aspect de moi. Je ne mentais pas. En tant que tel, c’était le résultat de ma décision. Tout ce que je pouvais faire était de lever les yeux, même si je voulais les détourner, serrer les dents et aller jusqu’au bout. C’était tout ce qu’il y avait à faire.

Shiran avait quitté Ayame et Asarina des yeux et avait vérifié l’état de Kei pendant quelques secondes. Puis, elle m’avait finalement regardé. C’était le moment du jugement. J’avais durci ma résolution et rencontré ses yeux.

Elle portait une expression franche. En voyant un homme accompagné de monstres devant elle, ses yeux bleus transparents… ne nourrissaient aucune suspicion ou hostilité.

« … Shiran ? » avais-je murmuré sans le vouloir.

Un changement de situation s’était alors produit juste devant moi. Je ne sais pas ce qu’elle avait vu en regardant Kei s’accrocher à moi, mais tous les signes d’agitation avaient disparu du visage de Shiran. Ses pas hésitants étaient devenus fermes. Les chevaliers qui l’accompagnaient s’étaient arrêtés, mais Shiran s’était approchée toute seule. Elle n’avait pas dégainé sa lame. Elle n’avait pas préparé son bouclier. Elle s’était simplement tenue à mes côtés comme si c’était tout à fait naturel. Elle avait ensuite regardé sa commandante avec détermination.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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