Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 3 – Histoire supplémentaire

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Histoire supplémentaire : La Mort par l’amour ~Point de vue de Katou Mana~

De haut en bas. J’étais secouée. L’oscillation me donnait de l’assurance, comme un bébé qui se berçait dans les bras de sa mère. Je me sentais un peu chatouilleuse, et un petit sourire s’était répandu sur mon visage.

« Vas-tu bien, Katou ? » demanda Rose en se tournant vers moi.

« Oui. »

Rose me portait alors que nous avancions dans la forêt. Les seules personnes avec moi étaient Gerbera et Rose. Gerbera portait presque tous nos bagages. Le seul bagage de Rose était moi.

Comme c’est pathétique. Je n’aurais pas dû être ici, mais juste avant de contacter le groupe composé de locaux et d’étudiants ainsi que Majima-senpai et Lily, je m’étais effondrée, perdant connaissance. C’est arrivé il y a quelques instants seulement. Je ne pouvais rien faire contre le contrecoup physique. Mon état était au plus mal. Je ne serais probablement pas en mesure de marcher pour le reste de la journée. Honnêtement, c’était encore un peu douloureux.

Cela dit, après m’être reposée pendant plusieurs heures sous le regard attentif de Rose, j’avais réussi à me remettre de mon état honteux. Pendant que je me reposais, Gerbera était allée confirmer où Majima-senpai était allé.

Le soldat portant un casque blanc qui nous avait détectés était un peu un problème, mais heureusement, Gerbera était connectée à Majima-senpai par leur cheminement mental. Elle pouvait savoir où se trouvait l’autre partie, elle avait donc pu se lancer à sa poursuite tout en restant hors de portée de vue.

Selon elle, il y avait une énorme structure en pierre au milieu de cette forêt dense. Les personnes que nous avions rencontrées avaient guidé Majima-senpai et Lily là-bas. Gerbera n’avait pas vraiment compris, mais c’était probablement une forteresse construite par les humains. Vu qu’elle se trouvait dans cette forêt dangereuse, ses défenses étaient probablement sans faille.

Si quelque chose devait arriver à Majima-senpai, Rose et Gerbera devraient intervenir. Mais ces filles ne connaissaient pas l’utilité d’une forteresse, c’était donc mon rôle de leur expliquer ce que c’était et de les prévenir des dangers. Mais cela n’arrivera qu’une fois que nous aurons réussi à nous installer quelque part.

Alors que je pensais à ces choses, j’étais montée sur le dos de Rose et nous avancions régulièrement dans la forêt. Ce n’était pas la première fois qu’elle me portait sur son dos comme ça. Marcher dans une forêt dépourvue de toute trace humaine était bien plus douloureux que je ne pouvais l’imaginer. Je n’étais rien d’autre qu’une fille élevée au Japon, où presque toutes les routes étaient en asphalte. Rose m’aidait souvent comme ça pour que mon corps faible ne ralentisse pas leur progression.

Heureusement, comme Gerbera était en tête, je n’avais pas à me soucier de retenir Rose. Peu importe le monstre qui nous attaquait, Gerbera pouvait s’en occuper toute seule.

« Fais attention, Rose. Le sol là-bas est devenu plutôt fragile. »

« Compris. »

Rose avait continué à marcher même si Gerbera l’avertissait des dangers de temps en temps. Ses pieds de marionnette foulaient la terre molle. La façon dont elle se traînait était semblable à celle d’une charrue retournant le sol. L’odeur de la verdure saturait mon nez, mais je pouvais sentir la vitalité du sol. C’était l’odeur de la vie, des feuilles mortes et des branches cassées qui retournent à la terre.

Cette forêt était remplie de mort à cause des monstres qui y sévissaient, mais elle était aussi étouffante de vie. J’avais l’impression que la vie insignifiante d’un simple humain ne pouvait qu’être écrasée par tout cela. Je m’étais demandé pourquoi j’étais encore en vie. C’était une sensation mystérieuse.

Il n’y avait pas vraiment besoin de dire que c’était dû à une rencontre fortuite. Lily avait sauvé Majima-senpai, et en retour il m’avait sauvée. Depuis lors, il m’avait toujours protégée. Il y avait même eu quelques occasions où je l’avais aidé. Je peux dire qu’il s’inquiétait de ne pas pouvoir me rendre la pareille.

Je n’ai pas besoin d’une telle chose, c’est ce que je pensais. Mon existence ici avait continué grâce à lui. Pas seulement ma vie, mais même mon cœur. C’est pourquoi il était parfaitement naturel de lui consacrer tout ce que j’avais. Le faire était plus que suffisant. Je n’avais pas besoin de récompense. En premier lieu, je n’avais jamais désiré une telle chose.

Et précisément parce que j’étais comme ça, je n’avais peur de rien. Il n’y avait qu’une seule chose que je craignais de perdre en moi : cette précieuse émotion dans mon cœur. Je savais que j’étais brisée. À ce rythme, je mourrais certainement quelque part avec facilité. C’est ce qui arrive lorsque le sens de la peur ne fonctionne pas correctement. Je deviendrais simplement un cadavre, m’accrochant à cette seule et unique émotion que j’avais acquise dans cette cabane, sans rien gagner d’autre.

Mais c’est très bien, c’est ce que je pensais. En vérité, je n’aurais pas pu résister à la soif de sang colossale de l’araignée blanche si ce n’était pas le cas. Ma particularité avait fini par lui être utile.

J’étais déjà un peu comme un cadavre, de toute façon. Un cadavre ambulant. Un mort-vivant. Le moment venu, quelque chose qui avait commencé à bouger par accident s’arrêtera simplement une fois de plus. C’est tout ce que je pensais de moi…

« Katou, » Rose m’avait appelée, me tirant de mes pensées. « S’il te plaît, dis-moi si c’est trop dur pour toi. »

Oups. J’ai fini par l’inquiéter sans raison parce que je n’ai pas répondu assez vite.

« Oh. Non. Je vais bien. »

J’avais secoué la tête en regardant le visage sans traits juste devant moi. J’étais reconnaissante qu’elle s’inquiète pour moi, mais d’un autre côté, je me sentais aussi coupable. Rose me traitait bien plus chèrement que je ne le faisais moi-même. J’étais sa toute première amie, après tout.

Si je devais mourir un jour, Rose serait sans doute en deuil. Cela m’avait fait ressentir un pincement dans la poitrine, malgré mon cœur supposé insensible et vide. Pourquoi ai-je demandé à Rose d’être mon amie ? Je ne pouvais pas comprendre ce que je pensais à l’époque.

J’aurais pu aider Rose sans devenir son amie. Et pourtant je l’avais fait, tout en sachant pertinemment que cela lui causerait du chagrin dans un avenir pas si lointain. Ma tête fonctionnait-elle si mal ? C’était logique. Ces mots avaient été si impulsifs. J’avais parlé avant même de m’en rendre compte. J’avais été négligente. J’avais un corps faible, tout ce dont j’étais capable était de penser. Et pourtant, je n’avais pas pu y réfléchir correctement sur le moment. J’avais juste dit ce qui me venait à l’esprit. Quelque chose n’allait pas chez moi à l’époque. On pourrait même appeler ça un acte suicidaire.

Un acte suicidaire… ? Cette phrase ne convenait pas vraiment à quelqu’un qui était pratiquement mort. Cela avait mis un terme à mes pensées. Cela ne servait à rien de penser à quelque chose qui était déjà passé.

J’étais déjà l’amie de Rose maintenant. Je ne pouvais pas revenir en arrière. J’aimais vraiment Rose, et je détestais vraiment l’idée de lui causer du chagrin à cause de ma gaffe, mais je ne pouvais plus rien y faire.

Alors j’avais réfléchi.

Je ne savais encore rien à l’époque.

Je ne savais pas comment deux négatifs faisaient un positif.

Je ne savais pas ce que signifiait vraiment un acte suicidaire pour quelqu’un qui était déjà mort.

Je ne savais pas à quel point Rose était une fille merveilleuse, dépassant de loin mes attentes.

Je ne savais rien. Et dans ce brouillard de résignation, j’avais continué à marcher, tel un cadavre amoureux.

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