Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 3 – Chapitre 9 – Partie 2

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Chapitre 9 : La curiosité de la marionnette ~Point de vue de Rose~

Partie 2

Gerbera n’avait pas bougé. Nous avions eu nos difficultés jusqu’à présent, alors bien qu’imparfaite, je reconnaissais encore cette fille comme ma petite sœur. Et elle était là, l’esprit en vrac, au bord des larmes, et ses joues de porcelaine si rouges qu’on aurait dit qu’elles brûlaient. C’était comme si elle allait s’envoler si je la touchais du doigt, même légèrement. Je ne pouvais pas bouger sans réfléchir.

Je m’étais spontanément tournée vers Mana pour lui demander de l’aide. Elle avait remarqué mon regard un instant plus tard et avait ouvert les yeux en signe de choc, comme pour dire : « Hein ? Moi ? », les lèvres pincées.

« Uhhh, ummm. D’accord. » Mana avait essayé de réfléchir à ce qu’elle allait dire. Sa voix semblait troublée. « Mizushima-senpai m’a dit une fois que certains types d’araignées enveloppent leurs œufs dans des cocons, je pense… »

« Je… C’est donc… ? »

En y repensant maintenant, s’en remettre à Mana ici n’était pas un très bon choix. Mana était sage et sensible aux subtilités du cœur, mais sa perspicacité se manifestait généralement après qu’elle se soit préparée au préalable. En bref, elle n’était pas très douée pour s’adapter. Un peu comme elle l’avait fait lorsque je l’avais déshabillée, se contentant de suivre le cours des événements. D’un autre côté, je me sentais tellement mal à l’aise que j’avais dû faire tout ce que je pouvais pour acquiescer à ce qu’elle disait.

« Œufs mis à part, je ne crois pas que Gerbera ait participé à des activités de reproduction. Pas avec notre maître, du moins. »

« Oh, non. Je ne dis pas qu’elle le fait avec quelqu’un d’autre que Senpai ou autre. Ce que je veux dire, c’est que, euh, en bref, elle s’entraîne probablement pour l’avenir. »

« Entraîne ? »

Comme je répétais avec curiosité ce qu’elle disait, Mana avait courtoisement commencé à expliquer, peut-être par habitude de nos conversations régulières.

« Pour dire les choses en termes humains simples, c’est un peu comme si certaines personnes allaient confectionner des vêtements pour le bébé qu’elles pourraient avoir un jour avec la personne qu’elles aiment. »

« Même si elles ne sont pas encore dans ce genre de relation ? Est-ce que c’est amusant ? »

Rétrospectivement, Mana n’aurait pas dû le dire aussi crûment. Et je n’aurais pas dû demander plus de détails avec autant de désinvolture. C’était un échec massif de nos deux côtés.

« — ! »

Gerbera, maintenant aussi rouge que possible, avait poussé un cri sans paroles et s’était enfuie en larmes.

 

 ◆ ◆

« Quel faux pas ! » murmura Mana, l’air mal à l’aise. « Je ne voulais pas l’agiter… »

« Tu essayais juste de lui dire qu’elle ne pouvait rien y faire parce que c’était l’instinct de l’araignée, non ? »

« Oui. C’est vrai, mais ça peut quand même être gênant, justement parce que c’est instinctif. J’ai choisi la mauvaise façon de la réconforter. »

« … C’est assez difficile, n’est-ce pas ? »

Après que Gerbera ait repris ses esprits et soit revenue, nous lui avions demandé de me faire des vêtements, puis nous l’avions laissée pour aller à l’endroit où nous pouvions voir la forteresse. En effet, il était très gênant d’être près de Gerbera alors que son visage était encore rouge et ses yeux encore larmoyants. Nous lui avions fait quelque chose de mal. Mana et moi avions réfléchi à cela alors que nous gravissions ensemble la colline.

« Hrm ? »

J’avais poussé à travers les fourrés avec indifférence, comme je le faisais toujours lorsque mes vêtements s’accrochèrent à une branche. C’était un peu ennuyeux. Il semblait que cela prendrait un certain temps avant que je m’y habitue. J’enfonçai le manche de ma hache dans le sol et m’en servis comme appui tandis que je tendais la main à Mana.

« Vas-tu bien, Mana ? »

« Je vais bien. »

Elle était un peu essoufflée, mais elle avait quand même pris ma main et avait grimpé jusqu’à ma position.

« Faisons une pause, » avais-je suggéré.

« N-Non. Il n’y a… pas besoin, » répondit Mana. Elle gardait ses mains sur ses genoux tandis qu’elle mettait de l’ordre dans sa respiration. « Je vis dans la forêt depuis un certain temps maintenant. Après tout ça, je me suis habituée à marcher dehors et j’ai acquis une certaine endurance. Tu n’as pas à t’inquiéter. »

« Tu as quand même une petite carrure. Ton corps est également délicat et fragile, je ne peux donc pas m’empêcher de m’inquiéter. »

« Rose, tu peux être un peu surprotectrice parfois, tu sais ? » dit-elle avec un sourire amer. « Eh bien, je suis honnêtement heureuse pour ça. »

« Cela fait seulement trois jours que tu t’es effondrée, Mana. Bien sûr, je suis inquiète. »

Selon nos plans initiaux, Mana était censée être avec mon maître dans cette forteresse. Mais juste avant leur départ, sa santé s’était soudainement détériorée.

« Mon maître semblait aussi plutôt inquiet pour toi. S’il te plaît, fais plus attention à ton propre bien-être. »

Les épaules de Mana avaient tressailli. « Vraiment ? Était-ce à ça que ressemblait Majima-senpai selon toi ? »

« Oui. Mon maître a pensé à toi dernièrement. Non. Même avant ça. Il ne l’a juste pas laissé paraître. C’est ce que je crois. »

Mon maître parlait avec Mana plus qu’avant. C’est arrivé après la soirée où il m’avait donné la permission d’enseigner la magie à Mana. Cette nuit-là, quelque chose avait changé en lui. Je ne pouvais pas imaginer ce qui avait causé ce changement d’état mental, mais je pouvais sentir que ce n’était vraiment pas mauvais pour lui.

Dès le début, mon maître s’était inquiété de Mana, même s’il avait avancé de vagues raisons pour le faire. Même lorsqu’il se méfiait d’elle et qu’il restait sur ses gardes, je me souvenais de moments où il lui parlait avec considération.

Le fait même qu’il ait fait l’effort de l’emmener avec lui, alors qu’elle n’était qu’un obstacle, mettait en évidence sa personnalité. En y repensant maintenant, mon maître avait utilisé le mot « responsabilité » assez souvent à l’époque.

Il avait certainement un grand sens des responsabilités. Mais quand il avait utilisé ce mot à propos de Mana, c’était comme s’il l’utilisait comme une sorte d’excuse. Mon maître, malgré sa méfiance et sa haine des humains, avait inconsciemment trouvé des excuses pour sauver cette fille dans la cabane. J’avais senti que c’était effectivement le cas.

Je ne savais pas ce qui l’avait déclenché, mais ces derniers temps, mon maître montrait ouvertement sa considération. Par conséquent, lui et Mana avaient plus d’occasions de converser qu’auparavant. La scène où ils s’encourageaient mutuellement alors qu’ils apprenaient à utiliser le mana était devenue monnaie courante. Les voir ainsi me rendait franchement heureuse.

Ils venaient du même endroit, avaient des circonstances similaires, et étaient tous deux humains. Comme on pouvait s’y attendre, Mana semblait heureuse de lui parler. Quand il l’appelait, elle avait souvent l’air heureuse. Les expressions de Mana étaient très faibles, mais ayant passé tant de temps à l’observer, je pouvais voir les légers mouvements de ses lèvres. Cependant, il ne semblait pas que mon maître l’ait remarqué.

« Je suppose que je ne devrais pas inquiéter Majima-senpai. OK, faisons une pause. » Mana avait brossé ses nattes et m’avait fait un signe de tête.

Après nous être reposés, nous avions continué à monter la colline en faisant des pauses périodiques. Après un petit moment, nous étions arrivés à une petite falaise. J’avais regardé au loin vers la forteresse d’apparence robuste, décolorée par le temps. C’est là que se trouvait mon maître. Comment allait-il maintenant ? S’était-il rapproché de son objectif ? Y avait-il quelque chose qui le troublait ou le déroutait ?

Avant de m’en rendre compte, mon attention était concentrée uniquement sur la forteresse qui surplombait le trou dans la forêt dense. Je n’étais pas collée à mon maître comme l’était Lily, mais malgré cela, je n’avais pas passé un jour sans voir son visage depuis que j’avais acquis un ego. C’était peut-être pour cela que l’idée qu’il soit si loin me laissait quelque peu inquiète.

Je voulais être à ses côtés. Je voulais le protéger, quel qu’en soit le prix. Mon corps était son bouclier. C’était mon rôle de serviteur. C’était mon ambition de toujours le faire, même si mon corps devait être réduit en miettes. En tant que tel, il était naturel pour moi de vouloir être à ses côtés en tant que serviteur…

Mais il y avait un autre sentiment présent dans mon cœur de marionnette. C’était le sentiment pur de vouloir simplement être près de lui. Cela n’avait rien à voir avec le fait de remplir mon rôle de serviteur. Je voulais simplement être aux côtés de mon maître et sentir sa présence. C’était clairement la même raison pour laquelle je voulais que mon maître me prenne dans ses bras.

Je ne rejetais plus ces émotions comme présomptueuses ou arrogantes par ignorance. Elles m’étaient désormais chères, et je les gardais près de mon cœur. C’était uniquement grâce à l’amie qui était à mes côtés. Elle m’avait appris que je ne pouvais pas réfréner mes émotions. Elle m’avait réprimandée, me disant que les efforts que je faisais en tant que jeune fille pour satisfaire mon désir de voir mon maître m’étreindre ne pouvaient être niés par personne. Elle m’avait dit que je ne devais pas abandonner. Elle m’avait encouragée, en me disant que mon souhait pouvait être exaucé.

Je n’oublierai jamais le jour où Mana était devenue mon amie. C’était le tournant décisif. Depuis ce jour, ses paroles m’avaient soutenue, m’accordant la capacité d’affronter mon propre cœur. J’espérais qu’un jour, je serais capable d’attacher un nom à cette émotion. Et si je pouvais transmettre ce sentiment à mon maître…

« … »

Combien de temps avais-je passé à contempler la forteresse décolorée comme ça ? Un vent fort avait soudainement soufflé sur nous, faisant bouger les arbres. Mes vêtements avaient volé. Cette sensation inhabituelle m’avait fait reprendre mes esprits. J’avais réalisé que je me tenais ici depuis un bon moment.

Quel oubli ! Je m’étais complètement perdue dans ce moment de rêverie. Cela aurait été bien si j’avais été seule, mais Mana était ici avec moi. Cela devait être ennuyeux pour elle. En plus de cela, elle m’avait tenu compagnie ici de nombreuses fois maintenant. Je lui avais fait quelque chose de mal. Alors que je réfléchissais à tout cela, je m’étais tournée vers Mana — et j’avais réalisé que j’avais vraiment mal compris.

Mana se tenait là, les yeux fixés sur la forteresse d’un regard infiniment sérieux. Le léger sourire sur ses petites lèvres renforçait l’impression fugace que son corps délicat et svelte possédait déjà. C’était comme si elle pouvait disparaître à tout moment. Et pourtant, c’était comme si son regard perçait la forteresse, refusant de se détourner. Elle n’avait pas montré un seul signe d’ennui. Elle n’avait même pas réalisé que je la regardais de côté. Donc, juste peut-être, elle regardait avec plus de passion que moi. Tout comme moi, ses sentiments se précipitaient vers la forteresse — et par conséquent, vers la personne qui s’y trouvait.

 

 

En bref, c’est ce que j’avais mal compris. J’avais complètement mal interprété l’ampleur des sentiments de Mana envers mon maître. C’est peut-être ce moment précis qui m’avait permis de réaliser quelque chose.

Au début, Mana était une cible à surveiller. Puis elle était devenue mon amie. Depuis le jour où je l’avais rencontrée, nous avions partagé notre temps ensemble. C’est pourquoi, s’il se passait un jour où je ne voyais pas le visage de mon maître, cela valait aussi pour elle. Nos conditions étaient identiques, et nos réactions étaient anormalement similaires. Dans ce cas, Mana partageait-elle aussi ce sentiment que je nourrissais dans ma poitrine ?

En voyant ça comme ça, je pouvais en fait comprendre certaines choses. Il fut un temps où Lily et moi nous méfiions de Mana. Quand on lui avait demandé ce qu’elle ressentait, Mana avait répondu. « Je ne suis pas en colère. » Elle avait poursuivi en expliquant que c’était parce que « je compatis avec vous, les serviteurs. »

Pourquoi une humaine sympathiserait-elle avec des serviteurs plutôt qu’avec notre maître, son semblable ? Était-ce peut-être parce qu’elle nourrissait les mêmes sentiments que nous ? Cette prise de conscience avait fait germer une certaine graine en moi. Ou peut-être qu’éclater comme un feu d’artifice serait une expression plus appropriée. Le temps que j’avais passé avec cette fille était la mèche, et maintenant elle était allumée. Mes pensées s’étaient dirigées à toute vitesse vers la vérité que Mana avait cachée pendant tout ce temps.

« Mana. »

J’avais appelé le nom de ma précieuse amie. Elle avait cligné des yeux plusieurs fois, reprenant ses esprits, puis s’était tournée vers moi.

« Oh, désolée. J’ai dû m’assoupir un peu. On rentre ? » dit Mana avec un petit sourire, comme si rien ne se passait.

Son comportement ne montrait aucune trace de la passion qu’elle avait lorsqu’elle contemplait la forteresse il y a quelques instants. Celle qui était devant moi était la Mana habituelle. Oui. La même que d’habitude… Donc, juste peut-être, Mana s’était sentie comme ça pendant tout ce temps ?

Qu’est-ce qui se passe ? Je ne pouvais pas m’empêcher d’être choquée. C’est Mana qui m’avait appris l’importance de ce sentiment dans mon cœur. Sans elle, j’aurais mis un couvercle sur ces sentiments que j’éprouvais envers mon maître, je les aurais enfermés dans l’entrepôt au fond de ma poitrine, les négligeant complètement. La raison pour laquelle j’étais capable d’embrasser ces sentiments maintenant était, de toutes les manières possibles, grâce à Mana.

Et pourtant, Mana elle-même se moquait de son propre cœur. Elle agissait comme s’il n’existait pas. Est-ce qu’une telle chose pourrait être autorisée ? Et par-dessus tout, est-ce que je pourrais vraiment faire semblant de ne pas voir ça ? Pourrais-je vraiment me considérer comme son amie si je le faisais ?

Mana avait commencé à revenir sur ses pas quand elle avait réalisé que je ne la suivais pas. Elle s’était retournée avec une expression de curiosité et avait demandé, « Qu’est-ce qui se passe, Rose ? »

« Mana. Que penses-tu de mon maître ? »

Elle avait sursauté.

Le visage de Mana, qui était habituellement si peu émotif, s’était crispé alors que son attitude neutre volait en éclats.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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