Monster no Goshujin-sama (LN) – Tome 3 – Chapitre 10 – Partie 4

Bannière de Monster no Goshujin-sama (LN) ***

Chapitre 10 : L’amie de la marionnette ~Point de vue de Rose~

Partie 4

J’avais enfin compris ce que je devais transmettre à cette fille qui avait tout abandonné. Je ne regrettais pas d’être devenue une vraie loque en essayant désespérément de la protéger. En agissant ainsi, j’avais pu réaliser une fois de plus ce qui était important pour moi, et à quel point c’était précieux.

« S’il te plaît, arrête de dire “quelqu’un comme moi”. S’il te plaît, ne disparais pas. J’ai besoin de toi, Mana. »

« R-Rose… ? »

« Ne viens-tu pas de dire que la journée que nous avons passée ensemble était amusante ? N’as-tu pas pris un réel plaisir à parler avec mon maître ? J’étais vraiment heureuse de te voir comme ça, Mana. Vraiment, vraiment heureuse. Alors, s’il te plaît… »

J’avais arrêté de penser aux petits détails. J’avais arrêté de penser à la façon de lui transmettre mes sentiments. Si faire de telles choses me faisait tenir ma langue, alors la logique et la raison n’avaient aucun sens. J’avais décidé de simplement exprimer tous ces sentiments dans mon cœur. Ce serait bien. Mana comprendrait sûrement. Je le croyais. Ainsi, j’avais parlé.

« S’il te plaît, vis. S’il te plaît, sois heureuse. Il n’y a aucune chance que mon histoire ait une fin heureuse si tu n’en as pas une aussi, n’est-ce pas ? »

« Eh bien… »

Mana avait l’air tout à fait étonnée. Elle venait de réaliser sa propre erreur de calcul.

En vérité, Mana avait échoué. Elle n’avait pas trouvé de valeur dans son propre bonheur. Elle avait continué à marcher, gardant pour elle ses sentiments pour mon maître, sans se soucier de son propre bonheur. Juste marcher et marcher. Elle avait perfectionné ce mode de vie au point que je ne pouvais rien y faire jusqu’à présent.

D’un autre côté, elle accordait vraiment de l’importance au bonheur de tous les autres. Sinon, elle ne m’aurait pas aidée si sincèrement en essayant d’exaucer mon souhait. Mana avait jeté son propre bonheur, mais elle ne pouvait pas ignorer le mien. C’était comme si elle niait ses propres efforts en agissant ainsi.

Mais par-dessus tout, son cœur était incapable de se moquer des autres par nature. Ainsi, vu que je ne pouvais pas établir mon propre bonheur sans elle, elle ne pouvait pas m’ignorer. En d’autres termes, Mana avait perdu l’occasion de renoncer à son propre bonheur.

« U-Uh… »

L’atmosphère éphémère qui avait entouré Mana pendant tout ce temps s’était évanouie. Ce sentiment qu’elle pouvait disparaître à tout moment n’était plus là. Elle était juste là. Elle était vraiment dans mes bras et me regardait.

« M-Mais, ça ne peut pas… ça ne peut pas être… » Son objection était maladroite et hésitante. À tel point qu’on ne s’attendrait jamais à ce qu’elle vienne de Mana. « Ton bonheur… n’a rien à voir avec… »

« Je vais me mettre en colère si tu dis que ça n’a rien à voir avec toi, Mana. »

Elle avait sursauté. Elle était comme un petit enfant effrayé. Alors, je lui avais parlé d’un ton aussi doux que possible.

« N’est-ce pas toi qui as dit que tu voulais qu’on soit amies ? »

« … Ah. »

C’était la seule erreur que Mana avait faite. Je ne me croyais pas cruelle et sans cœur au point de connaître les intentions tragiques de mon amie et de continuer à être heureuse toute seule. Si elle souhaitait vraiment disparaître discrètement, elle n’aurait jamais dû devenir mon amie. C’était un échec massif qu’elle ne pouvait plus reprendre. Je ne la laisserais pas revenir en arrière.

« S’il te plaît, ne dis pas quelque chose de si triste comme si tu n’avais plus rien d’autre que tes sentiments pour mon maître. »

Si Mana n’avait vraiment rien, alors elle était un monstre. Et si c’est le cas, alors juste en devenant mon amie, elle n’était plus un monstre. Elle était juste une fille. Elle était ma précieuse amie. Et vu qu’elle n’était pas un monstre, mes mots pouvaient l’atteindre.

« Laisse-moi prier pour la bonne fortune de mon amie. Montre-moi ton propre bonheur. Je ne veux pas d’une fin heureuse où tu ne serais pas là avec moi, Mana. »

J’avais essayé d’essuyer les larmes qui coulaient de ses yeux, mais j’avais remarqué que je n’avais pas vraiment de main pour le faire. Après avoir réfléchi un peu, j’avais utilisé la main avec laquelle je la portais pour pousser son visage contre mon corps. Les larmes avaient commencé à tacher les vêtements sur ma poitrine. Je pouvais sentir un léger frémissement contre moi.

« Rose, je suis… »

Elle ne pouvait pas en dire plus. C’était probablement la première fois depuis notre rencontre qu’elle redevenait une fille normale et qu’elle pleurait. Elle pleurait contre ma poitrine. Ses mains s’enroulaient autour de mon dos et s’accrochaient fermement à moi. Elle sanglotait simplement en silence. En tant qu’amie, je voulais la laisser pleurer à sa guise. Mais la situation ne semblait pas vouloir que cela se produise.

« Quel grossier personnage ! » avais-je marmonné.

« Rose… ? »

Mana avait levé la tête. Son expression était innocente, ses yeux rougis me regardaient droit dans les yeux.

« Désolé, Mana. Pourrais-tu t’appuyer contre moi et t’accrocher pour ne pas tomber ? Je n’ai qu’une seule main pour le moment. »

Mana avait hoché la tête et s’était enroulée autour de mon cou. J’avais attrapé la hache de rechange avec ma main droite maintenant libre. Mes yeux étaient fixés sur un liquide visqueux glissant le long de la falaise abrupte.

« Cette fois, c’est un slime… ? Non, il y en a encore plus ? »

Mon attention s’était détournée de la falaise, où j’avais repéré de multiples ombres qui descendaient le long des collines adjacentes. C’était mes camarades marionnettes magiques. Des loups gris, des crocs de feu, avaient rejoint la mêlée. Il y avait des arbres qui se tortillaient, des tréants, et des scarabées géants armés de lances, des scarabées poignards. Ils dévalaient tous la montagne à leur propre vitesse. Il y avait aussi des monstres que nous n’avions jamais vus auparavant, comme de gros insectes armés de deux faux, des ombres à l’apparence humaine composées uniquement du haut du corps, et des chiens à la tête aussi grande que leur corps. La majorité d’entre eux étaient des chenilles-taureaux, mais il y avait des dizaines d’autres monstres. Mis bout à bout, ils étaient des centaines. C’était clairement anormal.

« Pourquoi tant d’espèces différentes de monstres travaillent-elles ensemble !? » demanda Mana, réalisant elle aussi la situation dans laquelle nous nous trouvions. Elle avait dégluti en s’accrochant à mon cou.

Comme elle l’avait dit, l’apparition de plusieurs espèces de monstres en même temps était pratiquement sans précédent. Il n’était pas garanti que les monstres s’affrontent lorsqu’ils se rencontraient, mais fondamentalement, les monstres d’espèces différentes ne se rassemblaient pas.

« En plus de cela, il y a des monstres que l’on ne voit pas dans cette région, » avais-je commenté.

En plus du lapin rugueux qui nous avait attaqués, il y avait ici de nombreux monstres qui n’habitaient pas vraiment la région. La situation devenait de plus en plus bizarre. Je voulais comprendre ce qui se passait autant que possible, mais…

J’avais immédiatement mis fin à mes pensées et les avais laissées pour plus tard.

« Mana. Je trouve aussi cela étrange. Mais d’abord, nous devons surmonter le danger qui nous guette. »

« Oui… Tu as raison. »

Le slime suintant le long de la falaise se rapprochait lentement et sûrement de nous. En temps normal, je n’aurais pas fait grand cas d’un tel ennemi, mais là, j’étais à mi-chemin d’une falaise abrupte. Je ne pouvais pas bouger correctement. Tout mouvement important pourrait ébranler Mana.

« C’est assez sérieux. Que comptes-tu faire, Rose ? »

« En gros, c’est couler ou nager, mais je pense jeter ma hache. »

« C’est ce que je pensais que tu dirais, mais je pense que tu ferais mieux de ne pas le faire. Vu l’angle, ce slime va finir par nous tomber dessus si tu le fais. »

« Alors… on essaie de descendre lentement en gagnant du temps ? »

Heureusement, l’angle de la falaise n’était pas si raide. Je pouvais m’en sortir si je faisais attention. Le problème était de savoir si le slime allait nous rattraper ou non…

« Il vaut mieux agir que de perdre du temps à y réfléchir, » avais-je dit. « Si cela devient nécessaire, je pourrai l’intercepter. Si nous descendons assez loin, nous pourrons peut-être sauter au fond. »

« Je pense que c’est une bonne idée. »

« C’est un peu irritant de n’avoir qu’une seule main pour ça. »

C’était un obstacle à la fois pour descendre la falaise et pour intercepter le slime. Mais je ne pouvais rien faire contre mon état actuel. Nous devrions trouver une sorte de contre-mesure si nous parvenions à surmonter cela.

« Vu la situation, j’aurais dû préparer une forme d’attaque à longue portée. Je suppose que je devrais aussi avoir sur moi des pièces de rechange pour mes bras et mes jambes à tout moment. Mais si je le fais, il y aura trop de bagages pour… »

« Rose. »

Alors que je commençais à descendre la falaise aussi vite que possible tout en gardant mon attention sur le slime, Mana avait appelé mon nom.

« Qu’y a-t-il, Mana ? »

« S’il te plaît, protège-moi, d’accord ? »

« … ! »

Il était clair que ses mots faisaient référence à plus que cette situation. C’était un signe de changement chez cette fille qui avait accepté de disparaître un jour.

J’avais fait un grand signe de tête. « Bien sûr. Avec certitude. »

Je voulais prouver que je pouvais protéger ma petite, délicate et fragile amie. Quoi qu’il arrive. Je m’étais fermement juré que je le ferais, quand soudain, une ombre blanche était apparue.

Il semble que je n’aurai rien à faire, du moins pour cette fois.

« S’il te plaît, fais attention, Mana. Elle arrive. »

« Hein ? Wah ? Eek !? »

J’avais arrêté notre descente et m’étais à nouveau accrochée à Mana. L’instant d’après, une boule blanche avait percuté la falaise. Le slime, qui se trouvait au centre de la zone d’impact, avait éclaté en mille morceaux. Un grand tremblement avait parcouru la falaise alors que je m’accrochais fermement avec Mana dans mes bras. De petits cailloux pleuvaient sur nous sans cesse, accompagnés par le liquide collant qui s’écoulait du slime éclaté.

« Vas-tu bien, Rose ? »

Le nuage de poussière se dissipa, révélant une énorme araignée blanche. La façon dont elle s’agrippait au flanc de la falaise avec ses huit pattes lui donnait un grand avantage sur ce terrain. Même sans cela, il n’y en avait pas beaucoup qui pouvaient espérer l’égaler.

En me voyant, les sourcils bien dessinés de Gerbera s’étaient froncés.

 

 

« Il semble que vous ayez eu un moment difficile. Vous étiez dans une situation assez dangereuse. »

« Le fait de presque tomber à la suite de l’onde de choc à l’instant était la partie la plus dangereuse, juste pour que tu le saches. »

« Cela n’aurait pas été un problème. J’étais déjà prête à vous attraper. »

C’était probablement vrai, vu sa spécialité dans la manipulation des fils. Ses aspects les plus malheureux étaient assez présents dans la vie de tous les jours, mais lorsqu’il s’agissait de combattre, il n’y avait personne de plus fiable qu’elle dans le monde.

« Tu as mes remerciements, Gerbera. Tu nous as vraiment sauvées. »

« Ce n’était rien. Je vais vous tirer vers le haut maintenant. »

Gerbera avait grimpé jusqu’à nous et nous avait fermement attachés à ses fils. J’avais gardé Mana dans mes bras et j’avais marché le long de la falaise pendant que Gerbera nous tirait vers le haut.

« En tout cas, c’est une situation assez particulière. Cette racaille a même surgi jusqu’à l’endroit où je me trouvais. »

Il semblerait que Gerbera ait aussi rencontré cette grande armée de monstres. C’était étrange. Même elle, qui avait vécu bien plus longtemps que moi, n’avait aucune idée de ce qui se passait.

« Tu vas bien, Gerbera ? »

« Il n’y a pas besoin de demander. J’ai écrasé tous ceux qui sont venus à moi. Je n’avais cependant pas d’autre choix que de négliger ceux que je ne pouvais pas atteindre. Ils semblent pratiquement infinis… De plus, vous m’avez inquiété toutes les deux. Quand je vous ai trouvés suspendus à mi-chemin de la falaise, j’ai cru que mon cœur allait… »

Gerbera s’était soudainement arrêtée de parler juste quand nous avions atteint le sommet.

« Gerbera ? Quelque chose ne va pas ? »

J’avais tiré mon corps sur la falaise avec Mana et j’avais regardé le beau visage de Gerbera. Ses yeux rouges étaient grands ouverts dû à la surprise. Ce qu’elle regardait l’avait laissée sans voix. Je m’étais retournée pour regarder dans la même direction… et j’étais restée tout aussi silencieuse.

« La forteresse… »

La voix abasourdie de Mana résonnait dans l’air. L’énorme forteresse se retrouvait au centre de centaines de monstres qui grouillaient autour d’elle comme des insectes.

 

 

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire