Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 9 – Chapitre 8 – Partie 1

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Chapitre 8 : Les sœurs Bartfort

Partie 1

Des émeutes avaient éclaté dans toute la capitale. Les habitants fuyaient frénétiquement les zones dangereuses et Finley se retrouva prise dans le chaos. Elle tenait dans sa main gauche un sac de courses contenant quelques nouveaux vêtements et accessoires qu’elle avait achetés plus tôt. Jenna lui avait saisi la main droite et l’entraîna derrière elle.

« Marche plus vite, Finley ! »

« Jen, attends ! »

Oui. Finley était introuvable dans l’enceinte de l’école pour une raison simple : elle était allée jouer dans la capitale avec Jenna.

Lorsque Finley entendit le bruit d’une fusillade dans une rue éloignée, elle baissa la tête par réflexe. « Qu’est-ce qui se passe ? Hé, Jen ! »

« Si je le savais, mais cela doit être grave ! » Jenna lui répondit, trop paniquée par leur situation d’urgence pour utiliser des mots plus rassurants. « Mais je peux te dire ceci, nous ne resterons pas dans les parages pour le découvrir. »

En temps normal, Finley serait déjà rentrée au dortoir, mais elle était restée dehors et avait enfreint le couvre-feu en raison de l’invitation de Jenna. Elles profitaient de leur journée ensemble lorsque la folie avait commencé. Les deux filles avaient été surprises par la violence soudaine, mais dès qu’elles avaient réalisé que des combats avaient éclaté dans toute la ville, elles s’étaient empressées d’essayer de s’enfuir.

« On dirait qu’il se passe aussi quelque chose à l’académie », dit Finley. « J’ai vu un dirigeable là-bas — il y avait des Armures qui se battaient au-dessus de la capitale. »

Les sœurs étaient impatientes de se mettre à l’abri, mais elles n’avaient aucune idée de l’endroit où elles pourraient le faire. Jenna ne s’arrêta pas pour y réfléchir et ne jeta pas non plus un coup d’œil à Finley. Elle regarda devant elle en criant : « Assez bavardée ! Bouge tes jambes ! Les secours finiront par arriver. Nicks et Léon sont là. »

Malgré ses moqueries constantes à l’égard de son frère aîné et de son frère cadet, ses paroles laissaient entendre qu’elle comptait sur eux. Finley, en comparaison, avait vécu à la maison toute sa vie avant de venir à l’académie pour la première fois. Elle doutait que l’on puisse compter sur ses frères dans une telle situation.

« Penses-tu qu’on peut leur laisser le soin de le faire ? » demande-t-elle. « En es-tu sûre ? »

Jenna entraîna Finley dans une ruelle et plaqua son corps contre le mur, s’efforçant de calmer sa respiration. Toute cette course l’avait épuisée. « Tu es vraiment une idiote », parvint-elle à dire entre deux respirations haletantes.

Finley souffla en essuyant la sueur sur son visage. « Qui traites-tu d’idiote ? C’est de ta faute si nous sommes dans ce pétrin ! J’ai essayé d’y retourner plus tôt, mais non ! “Il n’y a pas de mal à enfreindre le couvre-feu”, tu as dit, et tu as continué à me traîner dans des endroits ! » Si Jenna ne l’avait pas poussée à sortir plus tard, elle était sûre d’être en sécurité à l’académie.

Jenna savait au fond d’elle-même que c’était elle qui était en tort, mais l’empressement de Finley à lui faire porter le chapeau l’avait refroidie. « Tu étais tout à fait d’accord ! Tu as dit que tu voulais aller dans un restaurant chic, et quand nous l’avons fait, tu as commandé la moitié du menu. Tu te souviens ? »

Elles commençaient à se chamailler sérieusement lorsqu’un homme surgit des profondeurs de la ruelle. Il était armé. Dès qu’elles l’aperçurent, les sœurs restèrent bouche bée, en partie par peur, mais surtout parce qu’elles le reconnaissaient.

L’homme était vêtu de l’uniforme de travail habituel du personnel de l’académie. Il pointa son arme sur les deux femmes et déclara : « Je crois que j’ai finalement eu de la chance. Vous allez venir tranquillement… ou sinon. »

Jenna s’était avancée devant Finley, l’air hargneux. « Rutart… Tu étais ici dans la capitale depuis le début, n’est-ce pas ? »

« Ne prends pas ce ton mielleux avec moi ! Si les choses étaient ce qu’elles devraient être, je serais baron… non, marquis à l’heure qu’il est ! » Son attitude laissait entendre qu’il se croyait capable de tous les exploits de Léon, si seulement on ne lui en avait pas volé l’occasion.

« Toi, un marquis ? Beaucoup trop irréaliste, tu ne trouves pas ? » Finley rétorqua sans ménagement, cachée dans l’ombre de sa sœur aînée.

« Imbécile », lui rétorqua Jenna, toute troublée. « Ne l’énerve pas —. »

Avant qu’elle n’ait pu terminer, Rutart appuya sur la gâchette. Un bruit sec retentit autour d’eux. Une fraction de seconde plus tard, Jenna s’effondra sur le sol.

« Jen !? » s’écria Finley.

Jenna s’agrippa à sa cuisse droite. Malgré ce qui devait être une douleur atroce, elle siffla : « Bon sang. Ça va à tous les coups laisser une cicatrice. »

« Jen, tu es blessée ! »

« Ce n’est qu’une égratignure », insista Jenna, alors que du sang jaillissait de la blessure. Heureusement, la balle n’était pas logée dans sa jambe, mais ce n’était pas une grande consolation. Elle l’avait transpercée de part en part — une blessure importante, quelle que soit l’échelle de mesure.

Le visage impassible de Rutart se maintint fermement tandis qu’il avançait. « Connaissez votre place. Vous êtes loin d’être à mon niveau. » Il était tombé en disgrâce comme sa mère, mais il conservait son odieuse fierté. « Vous serez mes otages contre Léon. Si vous ne voulez pas mourir, fermez vos gueules et faites ce qu’on vous dit. »

 

☆☆☆

 

Les deux jeunes filles furent guidées vers le repaire des Dames de la Forêt. L’endroit était en grande partie désert depuis que la représentante et ses larbins l’avaient quitté. Les deux sœurs avaient les mains liées dans le dos et un tissu entourait la jambe blessée de Jenna. De là où elles étaient allongées sur le sol froid et dur, elles entendaient les voix de trois personnes qui se disputaient. Trois personnes avec lesquelles Finley et Jenna — non, toute la famille Bartfort — avaient des liens amers.

L’une des voix était celle de Zola, qui portait désormais des haillons crasseux au lieu de robes voyantes. Ses cheveux et sa peau étaient en désordre, ce qui la faisait paraître bien plus âgée qu’elle ne l’était en réalité. Ses mains étaient cachées par une paire de gants noirs.

« Pourquoi est-ce que ce sont ces deux-là que tu as ramenés avec toi ? » hurla Zola, confuse et furieuse de leur situation. « Où est la princesse ? Je suis revenue après être allée chercher l’objet qu’on m’avait demandé et j’ai constaté que les autres femmes avaient disparu. La représentante aussi ! Je n’ai plus aucune idée de ce qui se passe ! Explique-moi ! »

Une autre voix venait de Merce, toujours aussi ostensiblement vêtue. La principale différence était son maquillage criard qui ressortait même dans l’obscurité de la nuit. Elle avait maigri au cours des quelques années qui s’étaient écoulées depuis la dernière fois qu’elles l’avaient vue, ce qui laissait supposer qu’elle avait traversé de nombreuses épreuves.

« Tu es totalement inutile ! Tu avais le choix entre de nobles dames et des civils à utiliser comme otages ! Il y avait même une princesse d’un gouvernement étranger présente à l’académie. Pourquoi ne nous as-tu pas amené quelqu’un de valeur ? »

Rutart se recroquevilla tandis que les deux femmes s’acharnaient sur lui. « J’aurais aimé amener quelqu’un de plus respectable, vous savez ! Mais Son Altesse et ces autres nobles ont surgi de nulle part, et je n’ai eu d’autre choix que de fuir. J’ai trouvé ces deux-là sur le chemin du retour, alors je les ai pris en otage. » L’attitude qu’il avait montrée à Finley et à Jenna avait disparu, remplacée par celle d’un lâche pleurnichard, fruit de l’influence constante de sa famille.

Rutart jeta un coup d’œil à Finley et Jenna. Zola et Merce suivirent son regard. Finley, frustrée, n’avait pu que leur répondre par un regard noir. J’aurais dû respecter le couvre-feu comme l’a dit Léon. Si elle était rentrée à l’heure prévue, elle n’aurait jamais été capturée et Jenna n’aurait jamais été blessée de la sorte.

« Désolée, Finley », dit Jenna en dépit de la douleur. « C’est arrivé seulement parce que je t’ai gardée dehors tard. »

« Je suis plus inquiète pour ta jambe. Est-ce que ça va ? »

« Ce n’est rien. »

La grimace de Jenna racontait une autre histoire. Finley réalisa maintenant à quel point elle avait été imprudente. Elle regrettait d’avoir contrarié Rutart.

Merce s’approcha des deux, ayant entendu leur échange. « Vous avez beaucoup râlé pour une blessure mineure. » Elle fit claquer son pied contre la tête de Finley. « Vous regarder, les filles, me met hors de moi. Vous n’êtes même pas de vraies aristocrates — vous vivez des restes que nous vous avons laissés ! »

Elle enfonça son talon dans la tête de Finley, exprimant sa frustration face aux circonstances actuelles. « C’est nous qui sommes issus de la vraie noblesse de sang ! Alors pourquoi continuez-vous à être considérés comme des membres haut-placés de la société alors que nous sommes traités comme de vulgaires racailles ? J’ai été forcée de porter ces vêtements ridicules et de sortir avec un homme que je n’aime même pas, juste pour pouvoir m’en sortir ! Tout ça à cause de vous ! Je vous le dis, vous allez payer pour toutes mes souffrances. »

« Ça fait mal ! » s’écria Finley.

Merce leva son pied. Puis elle l’abattit, frappant la tête de Finley encore et encore. Plus elle le faisait, plus Finley sentait la rage bouillir en elle. Non, ce n’est pas fini, pensa-t-elle. Je n’oublierai pas cela, et je me vengerai, quoi qu’il en coûte. Loin de trembler de peur, Finley entretenait sa colère et sa conviction.

Soudain, elle sentit un autre corps recouvrir le sien.

« Jen !? », s’exclama Finley.

Jenna avait drapé son corps sur celui de Finley pour protéger sa jeune sœur. Cette démonstration exaspéra Merce, qui s’était contentée de frapper Jenna du pied.

« Tu veux montrer la beauté de votre lien fraternel ? Aucune d’entre vous n’a de valeur ! Je prévois déjà que Léon vous abandonnera. Je vais vous tourmenter jusqu’à la mort, ici et maintenant ! »

Finley partageait vraiment cette opinion. Jenna et elle se disputaient constamment avec Léon, et il était toujours extrêmement froid avec elles. Si Colin était en danger, Léon se précipiterait à son secours sans poser de questions, mais elle doutait qu’il fasse la même chose pour Jenna et elle.

Ce grand frère pourrait vraiment m’abandonner. Bon sang. Je suppose que j’aurais dû faire un peu plus de gentille avec lui. J’aurais peut-être pu sauver Jen… Les pensées de Finley se tournèrent vers Jenna, qui la protègeait de la colère de Merce.

Zola regarda la torture se dérouler avec un sourire moqueur. « Merce, je veux bien que tu les maltraites, mais ne les tue pas. Qu’elles soient inutiles ou non, elles pourraient nous être utiles. C’est compris ? »

Merce prit des respirations haletantes, à bout de force. Ses lèvres se retroussèrent en un sourire sadique. « Tu as raison, mère. Mais tant que je ne les tue pas, je peux les battre à ma guise. N’est-ce pas ? » Elle termina à peine sa phrase qu’elle enfonça son pied dans l’estomac de Jenna.

« Hngh ! » Jenna gémit d’agonie.

« J-Jen !? »

Rutart commença à applaudir. « Un excellent spectacle. » Il arborait un sourire tout aussi méprisant.

Finley fulminait d’une colère à peine contenue. Je jure que si c’est la dernière chose que je fais, je montrerai à chacun d’entre vous ce que signifient les mots « enfer ».

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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