Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 8 – Chapitre 7 – Partie 1

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Chapitre 7 : Comte Roseblade

Partie 1

Le jour suivant, toute notre famille s’était réunie dans l’un des nombreux salons du château. Nous avions entouré Nicks, qui était assis sur un des canapés, la tête dans les mains.

« Nicks, à quoi pensais-tu en mettant tes bras autour d’une fille célibataire comme ça !? » demanda mon père. Il n’avait pas cessé de paniquer devant la situation. Les actions de mon frère auraient été correctes s’il s’était agi d’une fille ordinaire, mais cette fille était la fille d’un comte. Une fille de comte célibataire, comme l’avait souligné mon père.

« Ce n’était pas ce que vous pensez, » nous avait juré Nicks. « Je ne pouvais pas la laisser ainsi, pas quand elle était si triste. Et elle était si belle la nuit dernière. »

Il se justifiait en disant qu’elle avait l’air trop faible et vulnérable pour qu’il n’agisse pas. Sans surprise, la famille l’avait regardé avec un froid reproche.

« Je parie que tout était calculé, » dit Jenna.

Finley avait hoché la tête. « Ouais, je peux totalement voir ça. Mets l’ambiance juste comme il faut, et tu as la victoire dans la paume de ta main. »

Elles semblaient toutes deux convaincues que Nicks était tombé dans le piège de Mlle Dorothea. Après tout, Nicks n’était pas en position d’approcher facilement la fille du comte dans des circonstances normales.

« Maintenant que j’y repense, » dit Jenna, « il y avait un tas de choses qui semblaient anormales la nuit dernière. »

Nicks leva la tête. « Si tu savais que quelque chose se tramait, tu aurais pu me le dire ! »

« Comme si je m’intéressais à ta vie amoureuse minable. Bref, comment se fait-il que les hommes de notre famille soient si populaires ? Léon était une chose, mais maintenant il s’avère que Nicks est dans le même bateau. Est-ce qu’il y a quelque chose à propos de vous deux qui magnétise les femmes de la haute société ou quelque chose comme ça ? »

Finley était assise sur le canapé. Elle étudia Colin, la tête penchée. « Je suppose qu’on doit s’attendre à ce que Colin se marie aussi avec une fille de la haute société, hein ? »

« M-Moi, me marier ? N-Non pas du tout. »

Le fait de voir à quel point Colin était agité par cette simple suggestion poussa Finley à le taquiner encore plus. Elle se glissa plus près de lui et toucha le bout de son nez. « Nan, ça n’arrivera jamais à un petit garçon comme toi. Tu es une petite mauviette, toujours à te cacher derrière le dos de Noëlle. »

« Je ne le suis pas ! »

Leur conversation menaçait de dégénérer en une querelle mesquine, alors notre mère les avait séparés. « Nous sommes des invités ici, ne vous avisez pas de commencer à vous battre. Franchement ! Pourquoi nos enfants sont-ils si indisciplinés ? »

Finley avait commencé à bouder.

« Tu es aussi gamin que lui, à chercher la bagarre comme ça », dit Jenna en ricanant.

« Ça prouve que je suis encore jeune. Contrairement à toi », rétorqua Finley.

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? »

« Seulement la vérité ! Tu te souviens d’hier ? À la seconde où tu as dit que tu sortais de l’académie, tous les mecs sont partis. Pendant ce temps, il y avait des gars super sexy qui savaient que je n’avais pas encore été à l’académie. Ils sont quand même restés dans le coin pour me parler. »

« S’ils sont assez myopes pour choisir une enfant comme toi plutôt que moi, alors ils n’ont aucun goût. »

« Je pense que c’est le contraire », rétorqua Finley. « Ils savent qu’il n’y a aucun espoir pour l’avenir s’ils te choisissent, alors ils ont assez de bon sens pour choisir quelqu’un comme moi qui a un avenir prometteur. »

Je pourrais deviner pourquoi ils sont partis, en fait. Ma sœur était la fille d’un baron. Comme elle venait d’être diplômée, cela signifiait qu’elle était de la génération des filles aristocratiques gâtées et insupportables. Ce n’était pas étonnant qu’ils aient gardé leurs distances. Il n’y a pas si longtemps, les filles de barons et de vicomtes se promenaient avec des esclaves semi-humains qu’elles avaient baptisés « serviteurs personnels ». Cela passait à l’époque, mais depuis, les valeurs avaient lentement commencé à changer. Ou peut-être était-il plus correct de dire que la monarchie les avait volontairement réformées ? Peu importe. Ce qui importait, c’est que les choses avaient changé.

Finley allait bientôt entrer à l’académie. Après les vacances de printemps, elle serait officiellement une première année. J’avais étudié son visage alors qu’elle jetait un regard noir à Jenna.

« Les grandes sœurs, ça craint », je me l’étais murmuré à moi-même.

Finley était aussi assez horrible, pour être honnête. Elle me rappelait Marie dans notre vie précédente. Ce n’est que grâce au temps que j’avais passé dans la République d’Alzer et à Mlle Louise que j’avais commencé à changer d’avis sur la question : Les grandes sœurs qui n’étaient pas de ma famille pouvaient être des gens bien.

Mon regard s’était déplacé vers Jenna. Son expression était féroce et elle fixait notre jeune sœur. Notre mère l’avait remarqué elle-même, c’est pourquoi elle avait une main sur son front comme si elle luttait contre une migraine sérieuse.

J’avais lâché la première chose qui m’était passée par la tête. « Est-ce qu’on pourrait échanger Jenna contre Mlle Louise ? » Je ne faisais que dire ce que je pensais.

« N’est-ce pas toi qui as dit que les grandes sœurs étaient une source de malheur ? » Luxon me l’avait rappelé consciencieusement. « Ou Louise est-elle simplement moins menaçante à tes yeux ? »

« Allez, jette un coup d’œil à Mlle Louise. Ne te fait-elle pas penser que les grandes sœurs ne sont peut-être pas si mal ? Si j’avais une grande sœur gentille et affectueuse avec d’énormes seins comme elle, je serais plus qu’heureux de l’appeler ma famille. »

Jenna avait arrêté de regarder Finley et m’avait fixé avec un regard de dégoût total à la place. « Tu es vraiment un sale type, tu sais ça ? Tu veux une sœur qui réalise tes fantasmes tordus, c’est ça ? » Elle s’était entourée de ses bras pour se protéger et s’était éloignée de moi. Apparemment, elle avait mal interprété ce que j’avais dit en disant que je voulais une relation sexuelle avec ma sœur.

Tu n’as rien à craindre de ce côté-là, crois-moi.

« Ne t’inquiète pas, personne ne s’intéresse à toi sexuellement. Te voir nue ne m’exciterait pas le moins du monde », lui avais-je dit.

« Oh ? Et si c’était cette fille Louise ? »

J’avais secoué la tête. « Je ne la vois pas comme ça. De toute façon, c’est vraiment déplacé de demander comment je me sentirais en la voyant nue. »

« Puis-je te rappeler, » intervint Luxon, « Que tu as été le premier à faire une remarque aussi déplacée à ta propre sœur ? »

« Oui, parce que c’est ma vraie sœur. C’est comme ça que je suis censé la traiter », avais-je dit en ricanant.

Le reste de ma famille avait l’air d’en avoir assez de moi, m’ayant vu faire ça maintes et maintes fois. Mais c’était ma mère, en particulier, qui avait froncé les sourcils à la seule mention de Mlle Louise.

Mon père s’était raclé la gorge et avait essayé de changer de sujet. « Ahem, en tout cas, nous avons de la chance que le comte ait fermé les yeux. Nicks et moi allons aller nous excuser. Les autres, faites attention à vous en attendant. Surtout toi, Léon ! »

« Hein ? Moi ? »

« Ne rends pas ce désordre plus grand qu’il ne l’est déjà. Tu m’entends ? Je te l’interdis ! »

J’avais haussé les épaules. « C’est ma spécialité d’être bien élevé. Si tu dois avertir quelqu’un de faire attention à ses manières, ce devrait être Jenna et Finley. » J’avais jeté un coup d’œil au duo d’enquiquineuses.

Mes deux sœurs m’avaient regardé avec un mélange de confusion et d’agacement. Elles étaient restées silencieuses, mais elles pensaient probablement : de quel droit peux-tu dire ça, après tous les problèmes que tu as causés à la famille dans le passé ?

« On pourrait croire que je m’attends à ce comportement d’abruti de ta part, » dit Jenna. « Mais tu es vraiment un idiot. »

Finley hocha la tête. « Ouais, on a du bon sens de base contrairement à quelqu’un ici. Pourquoi ne pas jeter un second regard sur toi-même avant de commencer à blâmer les autres ? »

Ces deux-là m’agacent vraiment.

Louise avait amélioré ma position sur les grandes sœurs, mais je ne pouvais pas en dire autant des petites sœurs. Finley et Marie étaient la preuve vivante qu’elles étaient le mal incarné.

Puisque mon vieux et Nicks étaient partis s’excuser, j’avais aussi quitté le canapé. Ils m’avaient tous regardé avec méfiance.

« Quoi ? » avais-je dit. « Je viens avec vous. Je suis un marquis, vous vous souvenez ? Mon titre pourrait être utile ici. »

Je n’étais un marquis que de nom, certes, mais c’était mieux que rien.

Papa et Nicks avaient hésité avant d’accepter que je les suive.

 

☆☆☆

 

« Je ne pourrais pas être plus heureux d’avoir un gendre comme vous ! »

Nous avions rencontré le comte Roseblade dans l’un des salons du château. Il était meublé de façon coûteuse, j’avais pris cette opulence comme une déclaration, une façon pour les Roseblade d’étaler leur richesse. En tant qu’hommes d’une baronnie pauvre, nous avions trouvé le luxe de cette pièce écrasant, mais le comte Roseblade nous avait accueillis avec un énorme sourire sur le visage. Il avait écarté les bras en faisant face à Nicks.

Nicks était tellement abasourdi qu’il était resté là, la bouche entrouverte, pendant un moment avant que la réalité ne s’impose. « G-Gendre !? »

« Pourquoi, oui ? La seule raison pour laquelle vous avez pu enlacer ma fille sur le balcon comme ça, c’est parce que vous avez choisi de l’accepter comme votre fiancée. Sauf erreur de ma part ? » Le comte rayonnait d’une oreille à l’autre tout le temps qu’il parla, mais le sous-entendu de ses mots était clair. Vous n’êtes sûrement pas irresponsable au point de poser vos mains sur ma fille et de refuser de l’épouser, n’est-ce pas ?

Mon père était déjà paniqué et ne semblait pas pouvoir m’aider, mais cela ne l’avait pas empêché de faire de son mieux.

« Allons, Comte Roseblade. Vous ne pouvez pas sérieusement avoir l’intention de les marier ? Nous sommes peut-être des aristocrates, mais nous sommes des gens de la campagne. Et… et votre famille est bien plus respectable que la nôtre. »

Ce monde avait conservé une hiérarchie de statut, ce qui signifie que le mariage s’accompagnait d’une foule de règles lourdes. Certaines personnes pouvaient se marier et le faisaient au-delà de leur statut, mais d’autres renonçaient à tout leur honneur et leur prestige pour s’enfuir, perdant ainsi tout au passage.

D’ailleurs, les cinq idiots étaient un exemple de cette dernière catégorie. Ils avaient abandonné leur vie entière pour Marie — bien que dans leur cas, ils aient été dupés par son rôle d’héroïne sans défense. En perdant le soutien de leurs familles, ils s’étaient retrouvés dans une situation assez désespérée. La responsable de tout cela, Marie, s’était retrouvée dans la position peu enviable de devoir s’occuper de cinq bouffons sans emploi et sans le sou, ce qui était plutôt drôle.

Toute fois, il y avait toujours des exceptions à toute règle.

Le Comte Roseblade avait jeté un bref regard dans ma direction. « Vous n’avez pas à vous inquiéter. Le jeune frère de Nicks est un marquis. Il n’y a pas un homme dans ce royaume qui pourrait se plaindre publiquement de ces fiançailles, pas quand le fiancé de ma fille est issu de la même famille que le héros qui a gravi les échelons jusqu’au rang de marquis en une seule génération. »

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Claramiel

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