Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 7 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : Milady

Partie 1

Ideal était rentré chez lui, et Luxon avait pris congé du domaine en même temps. Marie et moi étions restés assis sur le canapé, où nous avions discuté de nos plans pour l’avenir. Comme notre discussion portait sur de nombreux sujets que nous ne pouvions pas révéler à d’autres personnes — comme les détails de ce monde de jeux vidéo otome et le fait que nous nous étions réincarnés ici depuis le Japon — nous ne pouvions pas les inviter à assister à notre conversation.

« Alors Lelia est dehors en train de s’amuser avec Émile, hein ? J’aimerais bien pouvoir faire la même chose, » avais-je soupiré.

Marie avait fait la grimace. « Tu as déjà eu un rendez-vous avec Noëlle, n’est-ce pas ? Vous vous êtes arrêtés dans un café en rentrant du marché ce matin. Noëlle était aux anges quand elle m’en a parlé. »

« Ce n’était pas un rendez-vous. »

« Arrête de tergiverser et décide-toi. N’as-tu pas pitié de Noëlle ? »

J’avais haussé les épaules. « Je me sens mal qu’elle ait craqué pour moi. Mais j’ai déjà deux fiancées, donc j’ai les mains liées. »

Incapable de contester mon raisonnement, Marie se pinça les lèvres. On ne pouvait pas me qualifier de fidèle, peut-être, puisque j’étais déjà amoureux de deux femmes différentes, mais cela ne changeait rien à la réalité : Noëlle devait se trouver un autre homme.

Marie jeta son regard sur le sol. « Sois honnête. Est-ce que tu détestes Noëlle ? »

« Non, je ne la déteste pas. »

J’étais presque sûr de l’aimer, en fait. Si je l’avais rencontrée avant les autres filles, je le lui aurais dit en face. Ou l’aurais-je fait ? Je pouvais admettre qu’elle était une femme très attirante, pour le moins. Gaie et énergique, elle avait un attrait complètement différent de celui d’Anjie ou de Livia.

« Si tu l’aimes bien, alors crache le morceau et mets les choses au clair ! C’est exactement pour ça que tu as laissé passer tant de chances dans ta dernière vie, tu sais ? »

J’avais secoué la tête. « Je ne vois pas ce que tu veux dire. Bref, revenons à Lelia. Je n’aurais jamais cru qu’elle se laisserait convaincre par Émile de suivre tous ses plans. »

L’impression que j’avais de leur relation dans le passé était qu’il était le veule qui se pliait à sa volonté. Je pensais qu’elle n’aurait aucun problème à annuler ses plans avec lui et à venir ici. Je m’étais trompé : Elle avait donné la priorité à ses besoins et avait refusé de se montrer. Avant, elle daignait assister à nos petites rencontres, même si elle s’en plaignait.

« Oui, c’est un peu inattendu, » admit Marie. « Émile était un gars très terre-à-terre dans le jeu. Pas du tout le genre à mettre la pression sur qui que ce soit. Son parcours était un peu fade… ou peut-être que “manque” est le meilleur mot pour le décrire ? Il n’y avait presque pas de scènes d’événements. »

« Peut-être parce que c’était le gars le plus facile à atteindre ? Je me souviens que tu as dit que même si quelqu’un n’arrivait pas à prendre l’itinéraire d’un autre gars, il pouvait quand même se retrouver avec Émile et finir le jeu, non ? »

Marie acquiesça en se rappelant sa propre expérience du deuxième jeu. « C’est peut-être pour ça. Il était le seul à avoir un nombre si minime d’événements, et son parcours se terminait essentiellement par une CG de lui avec le personnage principal et c’était tout. Quand vous aviez fait l’amour avec les autres, vous avez au moins eu une scène avec leurs compagnons vous félicitant. Émile n’a pas eu droit à grand-chose en comparaison. »

Pauvre Émile. Les développeurs le détestent ou quoi ?

« Je suppose que ce type n’a pas de chance », avais-je dit. « Et de toutes les personnes avec qui il pouvait finir, il fallait que ce soit Lelia. »

« Je suis sûre que n’importe qui d’autre pourrait dire la même chose de toi. De toutes les personnes dont elles auraient pu tomber amoureuses, Angelica et Olivia t’ont choisi. »

J’avais ricané. « Alors je suppose que Julius et les autres ont aussi tiré une main pourrie, puisqu’ils se sont retrouvés coincés avec toi. »

« Excuse-nous ! C’est moi qui ai pioché une main pourrie ici ! As-tu la moindre idée de la peine que je me donne pour ces débiles ? Si l’un d’entre eux trouve une autre partenaire, je serais plus qu’heureuse de fêter l’occasion et de les renvoyer chez eux. Si tu connais une fille prête à prendre l’un d’eux, amène-la ici ! »

On s’était lancé des regards furieux. Même discuter de ça était ridicule. Un choix plus sage serait d’éviter tout sujet qui nous hérisse le poil.

« Oh, c’est vrai », dit soudain Marie. « Il y a eu une rumeur à propos d’Émile. »

« Une rumeur ? »

« Il y avait un post sur Internet à son sujet. D’après ce post, si tu as pris Émile et que tu arrives au milieu du jeu, tous les autres amoureux commençaient lentement à disparaître. Leur théorie était qu’Émile était furieux de leur présence et qu’il les éliminait secrètement. Ils ont soutenu qu’il était le plus effrayant de tous les intérêts amoureux quand on considère cet angle. »

Les développeurs mettraient-ils vraiment quelque chose d’aussi sinistre dans le jeu sans aucun signe révélateur à lire par les joueurs ? « Non, je n’y crois pas. »

J’avais écarté cette possibilité si facilement parce que je m’étais souvenu de son air amical et accueillant quand je l’avais vu. Difficile de croire qu’un homme aussi gentil et doux puisse faire assassiner ses compagnons.

« Oui, je crois que tu as raison, » dit Marie. « Mais franchement, quel dommage ! Si j’avais été réincarnée dans la République, j’aurais pu m’en prendre à Émile comme l’a fait Lelia. »

« Donc tu en aurais aussi fait ton serviteur ? »

« Exactement ! » Elle avait fait une pause en réalisant ce qu’elle avait accepté. « Non, ce n’est pas ce que je… Bon sang ! »

On avait frappé à la porte pendant que nous bavardions. J’avais demandé à notre visiteur d’entrer, et la porte s’était ouverte pour révéler Mlle Cordélia, qui avait commencé récemment à avoir des cernes sous les yeux.

« Comte, il y a un invité qui veut vous voir », avait-elle dit.

« Un invité ? »

« Lord Loïc de la maison Barielle. Il demande une audience et souligne que l’affaire est urgente. Il mentionne également qu’il aimerait parler avec Dame Marie, si possible. »

Je m’étais demandé ce qui avait pu se passer pour que Loïc se précipite ici. J’avais échangé un regard avec Marie avant de me lever du canapé.

 

☆☆☆

 

Loïc était entré dans le réfectoire et avait été immédiatement entouré par Julius et les autres idiots.

« Pourquoi es-tu venu ici ? » demanda froidement Julius, les bras croisés sur sa poitrine. Le reste du groupe n’était pas plus accueillant, tout le monde était sur ses gardes.

Quand Marie et moi étions entrés dans la pièce, le visage de Loïc s’était éclairé. J’avais suivi son regard, il fixait directement Marie. « Ça fait trop longtemps ! » Il s’était incliné très bas, son corps formant un angle parfait de quatre-vingt-dix degrés.

Une Marie exaspérée lui répondit : « De quoi parles-tu ? Nous nous sommes vus à l’école, il n’y a pas si longtemps. »

« Cela fait cinq jours entiers depuis lors ! »

Le fait d’entendre qu’il considérait que cinq jours sans voir ma sœur était une « longue période » m’avait laissé assez sidéré.

Loïc tendit un cadeau à Marie. « Tenez, c’est le gâteau que vous avez mentionné vouloir manger tout à l’heure, milady. C’est un cadeau, alors savourez-le avec tous les autres. »

« Merci ! » Marie l’avait accepté avec empressement, les yeux brillants. Elle avait bercé le paquet avec précaution dans ses bras, ne voulant pas risquer d’écraser le gâteau à l’intérieur.

Attendez. Elle ne peut pas être si facile à convaincre, n’est-ce pas ?

Dans notre monde précédent, seuls les cadeaux coûteux, comme les vêtements et les accessoires de marque, la faisaient vibrer comme ça. Maintenant, elle était aux anges pour un petit gâteau ! Je me demandais si je devais me réjouir ou non de ce changement.

Jilk intervint immédiatement : « Mlle Marie, ne te laisse pas charmer par les cadeaux ! Et le comte Bartfort, s’il te plaît, dis-lui quelque chose comme tu le fais habituellement ! »

« Pardon ? » J’avais hoché la tête.

« Tu sais, cette habitude que tu as de donner un commentaire qui éviscère complètement l’autre personne. J’aimerais que tu utilises ce talent sur cet imbécile qui a choisi de parler avec tant de désinvolture à Mlle Marie et même de l’appeler “milady”. »

J’avais balayé la pièce du regard. Les autres idiots hochaient la tête en signe d’accord. Est-ce comme ça que vous me voyez, hein ?

« Je ne vois pas de problème avec le truc de Milady, par contre. » avais-je dit.

Brad se pencha en avant. « Cet homme a manifestement des sentiments pour Marie ! Ne le vois-tu pas ? »

« Et ? »

« Hein ? Eh bien, quand tu réagis comme ça, je ne sais pas vraiment comment répondre… »

Qu’est-ce qui leur fait croire que j’ai envie de me mêler de leurs histoires d’amour avec Marie ? Je n’étais intervenu dans le passé que parce que je pensais que le bien-être du pays était en jeu. Il n’y avait aucune raison pour moi de m’immiscer ici alors qu’il n’y avait aucun danger imminent.

J’avais jeté un coup d’œil à Loïc. « Il l’appelle comme ça parce qu’il la respecte, non ? Et contrairement à vous autres, il ne nous cause pas d’ennuis maintenant, donc je n’ai pas besoin de dire quoi que ce soit. »

« Merci pour vos aimables paroles, Comte Bartfort, » dit Loïc avant de faire face aux autres hommes, une expression de suffisance sur le visage. « Et voilà, Votre Altesse. Je vais faire ce que je veux. »

« J’aurais dû t’abattre quand j’en avais l’occasion, » grogna Julius. Ses dents étaient serrées par la frustration.

Marie s’affaira à préparer du thé. « Au fait, Loïc, c’est quoi cette affaire urgente pour laquelle tu es venu ici ? »

Loïc avait redressé sa posture. Son attitude envers Marie était bien plus respectueuse que celle des autres. « Bien que cela me chagrine de révéler quoi que ce soit de honteux sur la République, j’ai remarqué que les plus jeunes aristocrates et soldats font des mouvements suspects — en particulier la noblesse de rang inférieur dont les emblèmes sont bien inférieurs aux Six Grandes Maisons. »

Marie inclina la tête, comme si elle ne comprenait pas bien. Julius en profita pour intervenir et commenter en son nom. « Oui, c’est honteux en effet. »

J’avais presque envie de me tourner vers lui et de lui dire : « C’est intelligent, venant de l’homme qui a sali l’honneur du Royaume de Holfort ». Si lui et les autres avaient été plus intelligents, pour ne pas dire plus compétents, je n’aurais pas eu à souffrir autant que je l’ai fait jusqu’à présent.

Heureusement, Loïc avait ignoré Julius au profit de Marie. « S’il s’agit d’une simple agitation domestique, alors il n’y a pas vraiment de quoi s’inquiéter… mais il y a quelques éléments qui me semblent décalés. »

Marie avait fait signe à Julius de se calmer. « Qu’est-ce qui te tracasse dans tout ça ? »

« En fait, ils sont venus me solliciter, puisque je n’ai plus d’écusson à moi. Ils m’ont demandé si je voulais les rejoindre et aider à détruire le statu quo corrompu en faveur de la reconstruction à neuf du pays. »

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Claramiel

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