Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 7 – Chapitre 11 – Partie 3

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Chapitre 11 : Maître

Partie 3

De retour dans la cale du vaisseau principal de Luxon, un lit de type capsule avait été préparé pour Noëlle, équipé des capacités médicales les plus pointues. Ils l’avaient rapidement déposée dedans afin que Creare puisse l’opérer.

Livia avait regardé Noëlle à travers la vitre, des larmes coulant sur ses joues. « Je suis tellement désolée. Mon pouvoir seul n’était pas assez fort… »

« Liv, je pense que tu as fait un excellent travail, » dit Creare. « Sans toi et Rie, elle n’aurait jamais tenu aussi longtemps. »

Livia avait fixé le sol. Anjie avait attrapé son bras. « Tu as fait tout ce que tu pouvais. Tu peux être fière. »

« Mais je n’ai pas pu la sauver. » Les lèvres de Livia tremblaient. Puis les sanglots étaient arrivés, et elle avait enfoui son visage dans la poitrine d’Anjie. Anjie avait doucement entouré Livia de ses bras, la berçant tandis qu’elle demandait à leur amie robot, « Creare, tu as dit que c’était le vaisseau principal de Luxon, oui ? »

« Ouais. »

« Alors Léon a caché ça à tout le monde — même à nous — pendant tout ce temps. »

« Te sens-tu désillusionnée ? »

Anjie avait caressé le dos de Livia et avait secoué la tête. « Non, tout… tout prend enfin un sens. Je suis sûre qu’à sa place, j’aurais fait le même choix. »

Lelia avait observé leur groupe de loin, se sentant engourdie alors qu’elle titubait hors de la pièce.

 

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Lelia se dirigea vers le hangar de Luxon, où était amarré le petit vaisseau qui les avait transportés de la Licorne. Son regard se fixa sur lui. Elle trébucha sur son flanc et monta à bord, puis elle s’installa dans le siège du pilote et s’empara des commandes. Elle allait laisser le vaisseau principal derrière elle.

« Tout s’éclaire… Il s’avère que c’est moi qui me suis fait une fausse idée des choses. Quelle blague ! Je me suis réincarnée ici, et je savais comment papoter avec les gens, et d’une certaine manière… j’ai réussi à tout gâcher. »

Lelia avait fait un travail admirable pour gérer les adultes qui l’entouraient en utilisant les connaissances et l’expérience qu’elle avait acquises dans sa vie précédente, mais tout cela s’était retourné contre elle. Noëlle était censée être la protagoniste, et pourtant leurs parents n’avaient aucun amour pour elle — tout cela à cause des interventions de Lelia.

C’est ce qui lui avait permis de voir la vérité, après tout ce temps.

« J’ai fait la même chose que ma grande sœur, et j’ai fait souffrir Grande Soeur au passage. Ha ha… ! Je suis vraiment une idiote. »

Sa sœur aînée, dans sa vie précédente, était également douée pour le lèche-bottes. Elle avait gagné l’affection de leurs parents pour elle seule et n’avait pas hésité à vider la vie de Lelia de tout son bonheur, comme si elle lui était redevable. Ce n’était pas étonnant que Lelia la déteste du fond du cœur.

Lorsqu’elle avait réalisé qu’elle avait été réincarnée dans un jeu vidéo otome, auquel elle avait déjà joué, elle avait décidé de faire les choses différemment cette fois-ci — pour gagner la faveur de ses parents, quoi qu’il en coûte. Elle avait réussi, mais dans le processus, elle avait volé l’amour qu’ils devaient à sa sœur aînée dans cette vie. Elle était tellement obsédée par l’idée que personne ne l’aimait vraiment que cela lui échappait. Au lieu de cela, elle repoussait toutes les tâches difficiles sur Noëlle, croyant que c’était pour le mieux.

« Je suis horrible. De la vraie racaille. » Lelia avait guidé le vaisseau hors du hangar, en sanglotant. Dehors, elle avait repéré une créature borgne qui se dirigeait droit vers le vaisseau principal de Luxon. Son regard était directement dirigé vers elle. Il utilisa ses tentacules pour se propulser plus rapidement dans sa direction, une attaque de charge évidente.

Lelia avait guidé son vaisseau vers elle. Elle n’avait pas pris la peine de fuir.

« J’ai fait la même chose. Mon fiancé et ma sœur m’ont abandonnée pour être ensemble, et j’ai fait exactement la même chose quand j’ai volé Émile à Noëlle. »

Oui, sa sœur n’était pas la seule cible de sa haine. Elle détestait son fiancé qui l’avait abandonnée pour être avec sa grande sœur à la place. Il était méprisable. Et pourtant, n’avait-elle pas fait quelque chose de bien pire à Émile sans s’en rendre compte ? En mettant Émile et Serge sur une balance, elle avait pesé ses options comme si c’était son droit naturel de choisir entre eux… exactement comme son ex-fiancé l’avait traitée, elle et sa sœur. Elle ne se le pardonnerait jamais. Elle avait décidé à cet instant d’en finir, ici et maintenant.

« Je suis désolée, Émile. Tu peux faire ce que tu veux de moi, mais… s’il te plaît, arrête ça. Laisse Grande Soeur et Léon se revoir. »

Elle dirigea le vaisseau droit vers l’Arbre sacré. Ses branches se tendirent pour l’attraper. Le vaisseau entier était secoué et rebondi, et à travers ce voyage turbulent, elle regarda Arroganz avancer vers elle, sa main tendue.

« Tu avais raison depuis le début », avait-elle dit. « Je suis vraiment désolée. »

Les tentacules s’étaient resserrés autour du vaisseau. Il avait explosé.

 

☆☆☆

 

Presque aveuglé par l’explosion, j’avais demandé : « Pourquoi cette idiote était-elle sur le champ de bataille ? » Je savais que c’était Lelia qui pilotait. Quand l’explosion s’était calmée, j’avais réalisé que je serrais les dents du fond assez fort pour les éroder. Ce qui s’était passé avait déclenché un autre changement dans l’Arbre sacré.

« L’Arbre sacré s’est arrêté de bouger. Maître, soit prudent. »

« Qu’est-ce qui se passe ? » La situation était si difficile à suivre que j’avais renoncé à essayer de comprendre par moi-même. Tout ce que je voulais, c’était abattre le grand méchant pour qu’on puisse en finir avec tout ça. J’avais examiné l’Arbre sacré et j’avais réalisé quelque chose : il avait l’air d’être à l’agonie.

« Maître, c’est notre chance, » dit Luxon.

Ses mouvements avaient suffisamment ralenti pour nous donner une ouverture. Mais avant que je puisse en profiter, le dos de ma main droite s’était mis à briller. La lumière avait traversé les gants que je portais pour former l’Emblème du Gardien. « Qu’est-ce qui se passe ? »

Je pouvais entendre la voix de Noëlle qui filtrait d’une manière ou d’une autre. « Léon, s’il te plaît… Sauve Lelia. »

 

☆☆☆

 

Lelia avait ouvert les yeux pour voir qu’elle portait un uniforme scolaire familier. La pièce qui l’entourait était un flou blanc qui ne semblait pas tout à fait réel. Elle avait presque l’impression d’être piégée dans un rêve, mais la pièce lui était étrangement familière.

« Oh, c’est vrai… c’est ma chambre. »

Oui, sa chambre de sa vie précédente. Il y avait une télévision et une console de jeu, qui étaient restées allumées pendant qu’elle dormait. Un certain nombre de boîtiers de jeux étaient éparpillés autour d’elle, dont l’un était le deuxième volet de la série du jeu vidéo otome dans laquelle elle s’était réincarnée.

Quel rêve familier et déchirant ! Elle s’en était délectée un moment, puis elle avait soudain réalisé que quelqu’un se tenait à côté d’elle : Émile, vêtu de son propre uniforme scolaire.

« Émile ? », s’exclama-t-elle. Son cœur s’était rempli de culpabilité en se rappelant les terribles choses qu’elle lui avait faites. Elle s’attendait à ce qu’il explose de colère contre elle, même si elle s’excusait. « Je suis désolée. Je suis tellement, tellement désolée. Je n’ai été qu’horrible avec toi, Émile. »

Émile lui avait souri en retour, son expression étant beaucoup plus douce que celle qu’il arborait pour la dernière fois devant elle. Elle sentit qu’il était redevenu lui-même et se détendit. « C’est bon. C’est moi qui ne te comprenais pas vraiment. »

« Hein ? »

Émile jetta son regard sur la pièce. « Je n’en savais rien. Je vois… Les gens ont donc des vies antérieures après tout. »

Maintenant qu’il connaissait sa vie antérieure, Lelia ne pouvait que brûler de honte. Son regard était tombé sur ses pieds. « Je suis une personne terrible, n’est-ce pas ? J’ai détesté tout ce qu’ils m’ont fait, et puis je me suis retournée et j’ai fait exactement la même chose à toi et à ma sœur. J’ai pris les péchés des personnes que je détestais le plus et je les ai répétés pour blesser ceux qui m’entourent. » Sa propre inesthétisme était peut-être enfoui au plus profond d’elle-même, mais Lelia savait qu’il était là, et elle ne pouvait pas le supporter.

La voix d’Émile était douce et tendre quand il déclara : « Tu as souffert pendant si longtemps. »

La pièce avait changé. Elle révéla ses parents et sa sœur dans des images faibles et floues, ils tournaient en masse en grommelant autour de son ancienne personne.

« Pourquoi ne peux-tu pas être plus comme ta grande sœur !? »

« Tu es vraiment une imbécile. »

Ses parents l’avaient réprimandée, tandis que sa sœur regardait et riait.

« Quelle crétine ! Tu devrais vraiment apprendre à mieux gérer les choses. »

Elle avait reconnu les silhouettes, mais leurs visages étaient restés plats et sans traits. Elle pouvait à peine se rappeler à quoi ils ressemblaient. Malgré cela, la scène était si vivante qu’elle faisait resurgir des souvenirs. Elle s’était effondrée sur ses genoux. « Arrête. J’en ai vu assez. »

Émile s’était accroupi et l’avait entourée de ses bras dans une étreinte chaleureuse et réconfortante.

« Lelia, je suis vraiment désolé de ne pas avoir réalisé ce que tu as vécu. »

« Ce n’est pas de ta faute ! C’est moi qui ai tout gâché », avait-elle insisté.

 

 

Émile s’était détaché d’elle et avait ramassé le boîtier du jeu vidéo otome dans lequel ils vivaient. Ses doigts avaient effleuré l’illustration, passant en revue sa propre image. Les autres garçons étaient mieux représentés, ce qui rendait le manque de considération des développeurs pour sa présence dans le jeu encore plus évident. Étrangement, il sourit. « C’est vraiment étrange de penser… Je n’étais rien de plus qu’un personnage de fiction pour toi. »

Lelia s’attendait à ce qu’il perde son sang-froid et qu’il s’en prenne à elle, mais son sourire ne s’était jamais démenti lorsqu’il s’était tourné vers elle.

« Lelia, c’est ici qu’on se dit au revoir. Tu dois continuer à vivre. »

« Hein ? » Sa tête s’était levée.

« Au début, je te détestais du plus profond de mon âme. Mais maintenant que j’ai fusionné avec toi, j’ai pu apprendre tout sur ton passé. Savoir tout ce que tu as traversé m’a ouvert les yeux. » Il avait appris la vérité sur son ancienne vie et l’avait même acceptée. L’ironie était que maintenant qu’ils étaient arrivés à un accord, ils devaient se séparer. « Je veux que tu continues à vivre. Vis, et je te regarderai de loin. »

« Émile ? N -non. Je veux être avec toi ! » Savoir qu’il l’avait acceptée, elle et son passé, lui avait fait chaud au cœur, mais se le faire arracher si tôt après lui avait été dévastateur. Elle était encore en train de traiter ce désarroi quand un emblème apparut, sans prévenir, sur le dos de la main droite de Lelia. « Attends, c’est… ? »

« Je te donne l’emblème de la prêtresse, » dit-il. « Je te promets que je veillerai sur toi. Trouve le bonheur pour toi-même, Lelia. » Il s’était lentement fondu dans le paysage qui les entourait, mais sa voix avait continué à résonner. « Quelqu’un est arrivé pour te sauver. Il est temps… de repartir. »

Lelia avait tendu la main devant elle et, du bout des doigts, était apparue une image à moitié transparente de Noëlle. Son contour était si faible qu’elle ressemblait presque à un fantôme. Lelia était restée muette de surprise, alors même que Noëlle l’embrassait.

« Ne pourrais-tu pas au moins te comporter correctement sur mon lit de mort ? » grommela Noëlle avec colère, bien que la joie dans sa voix trahisse ses paroles.

« Grande sœur, je suis vraiment désolée. »

« C’est bon. Je te pardonnerai cette fois. C’est mon dernier acte de compassion en tant que grande sœur, compris ? »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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