Chapitre 12 : La vérité sur la maison Lespinasse
Partie 2
Après avoir entendu cela, même Noëlle avait dû compatir avec les filles.
« N’est-ce pas un peu cruel de sa part ? »
Bien que, je suppose que les deux filles arrivant en même temps l’ont déstabilisé.
Autant elle pensait que Léon était dans l’erreur, autant elle trouvait les actions d’Anjie et de Livia étranges. Le plus gros problème était qu’elles n’avaient pas réalisé leur propre faute dans tout ça.
« Peut-être aurions-nous dû mettre un peu d’ambiance avant, » murmura Anjie.
« Que devrions-nous faire la prochaine fois, Anjie ? » demanda Livia.
Ce ne serait pas mieux si vous alliez dans sa chambre une par une ? pensa Noëlle. Je comprends pourquoi il a tant de mal.
Les filles en face d’elle manquaient un peu de bon sens. Rien d’étonnant à cela, puisque l’une était une noble choyée tandis que l’autre était une innocente paysanne. Du moins, c’est ainsi qu’elles apparaissaient aux yeux de Noëlle.
Anjie avait tourné son regard vers Noëlle, en fronçant les sourcils. « Eh bien, comme vous pouvez le voir, il s’agit essentiellement d’une forteresse imprenable. Si vous pouvez le mettre à genoux, par tous les moyens, faites-le. »
« Vous savez, normalement une femme fiancée n’enverrait pas une autre femme après son futur marié, » dit Noëlle.
Livia gloussa. « Vous marquez un point là. Mais lorsque nous étions tous les trois reliés ensemble auparavant, Anjie et moi avons discuté. Nous avons décidé que si quelqu’un devait mettre la main sur Léon, nous vous préférerions à n’importe qui d’autre. »
Noëlle se renfrogna. « Je ne vais pas m’amuser avec un homme fiancé ! »
Anjie avait vu clair dans son jeu. « Dans ce cas, dépêchez-vous de trouver quelqu’un d’autre. Mais vous ne pouvez pas encore, n’est-ce pas ? Parce que vous vous accrochez encore à vos sentiments pour lui. »
Noëlle regrettait maintenant profondément cette escapade psychique. Avoir toutes ses émotions exposées à quelqu’un n’est pas une blague.
« Il est temps pour nous de partir. » Anjie avait commencé à se retourner, mais elle s’était arrêtée et avait jeté un coup d’œil à Noëlle par-dessus son épaule. « L’histoire de le mettre à genoux était une blague, au fait. Vous devriez trouver votre propre voie. Mais n’oubliez pas… »
Noëlle enfonça ses mains dans ses poches, baissant son regard. « Ouais, ouais. Je sais. Il y a plein de gens qui me veulent. C’est ce que vous voulez dire, non ? »
« Oui. Si vous venez au royaume, nous pouvons vous aider, mais si vous allez ailleurs, ce n’est pas de notre ressort. »
Les sourcils de Livia s’étaient froncés d’inquiétude. « Si quelque chose arrive, je vous prie de vous appuyer sur Léon. Il a tendance à en faire trop, mais je suis sûre qu’il vous sauvera si vous en avez besoin. »
Noëlle avait souri. Léon l’avait déjà sauvée de nombreuses fois maintenant. « Je sais. »
Sur ce, les filles étaient allées voir brièvement Léon une dernière fois avant de monter à bord de la Licorne.
☆☆☆
Anjie et Livia étaient parties au royaume. Quand j’étais revenu au domaine, j’avais trouvé Marie en train de sangloter devant l’entrée principale.
« Tu n’as pas trop l’air de changer ? » Je lui avais lancé un regard exaspéré.
Il n’y a pas si longtemps, je l’avais trouvée accroupie comme ça, des larmes coulant sur son visage comme une cascade.
« Cela ne peut pas être vrai ! Je refuse de le croire ! » s’écria Marie.
Jilk la regarda fixement, désemparé. « Je t’en prie, ressaisis-toi, Mlle Marie ! »
Une montagne d’antiquités invendues était placée à côté d’eux.
Marie avait relevé le visage et avait crié : « Je ne veux pas entendre ça de toi ! »
« M-mes excuses ! »
J’avais regardé la pile. Aussi convaincantes qu’elles aient pu paraître, ce n’était qu’un tas de contrefaçons inutiles.
« Remarquable. Pas un seul d’entre eux n’est authentique, » commenta Luxon. « Tu as dû gaspiller toutes les finances que le Maître avait préparées pour toi afin d’en rassembler autant. C’est presque impressionnant que tu n’aies pas pu trouver une seule antiquité authentique. »
En effet, ils étaient malheureusement tous des déchets.
« À chaque fois que j’en choisissais un, j’imaginais ton visage, Mlle Marie. C’est pourquoi je n’ai tout simplement pas pu en sélectionner un seul pour le vendre à quelqu’un d’autre », expliqua Jilk. Son excuse était comme la cerise sur le gâteau amer, il n’avait réussi à trouver autant de contrefaçons bien faites que parce qu’il les avait choisies expressément pour Marie.
Comment Marie réagirait-elle ?
« Espèce d’abruti ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu veux dire que je ne vaux pas l’article authentique, hein !? Je croyais que tu m’avais déjà dit que tu étais capable de choisir des choses qui rendraient une personne honnêtement heureuse ! Est-ce que tu essaies de dire que je suis le genre de femme radine qui se contente d’un tas de faux ? » Marie avait sauté sur ses pieds et l’avait attrapé par le col de sa chemise.
Alors que Jilk s’efforçait de répondre, Luxon et moi avions ricané.
« Eh bien, » avais-je dit, « tu es une fausse sainte, après tout. »
« Maître, ils peuvent t’entendre. De plus, le fait qu’il n’ait pas obtenu une seule vraie antiquité suggère une intention. Sommes-nous certains qu’il n’a pas délibérément choisi des contrefaçons ? »
Marie s’était à nouveau effondrée en pleurs. « Qu’est-ce qu’on va faire pour ça ? Nous avons utilisé chaque centime que nous avions. Comment sommes-nous censés nous permettre quelque chose maintenant ? Tu m’as juré que ça allait marcher et tu as pris toutes nos économies, alors que je voulais en économiser au moins la moitié ! »
Super. Donc cet abruti — je veux dire, euh, Jilk avait apparemment vidé tous leurs comptes pour sa combine.
Non, je n’aurais pas dû me corriger. C’est vraiment un imbécile.
Eh bien, Marie était aussi partiellement fautive. Bien qu’elle déteste risquer de l’argent, elle avait investi dans cette entreprise parce qu’elle avait considéré la vraie nature du business. N’importe qui d’autre l’aurait immédiatement vu pour ce qu’il était : un jeu d’argent.
« Tu as fait ton lit, maintenant tu dois t’y coucher », avais-je dit.
« Puis-je suggérer d’en apprendre davantage sur la gestion de l’argent ? », ajoute Luxon.
Marie avait levé le menton et s’était jetée à mes pieds en s’accrochant. « Sauve-moi ! S’il te plaît, donne-nous assez pour nos besoins quotidiens pour les trois derniers mois ! »
« Ne viens pas me demander de l’aide en pleurant ! C’est toi qui as gaspillé ce que tu avais. »
« Je n’aurais jamais imaginé que ça se passerait comme ça ! » s’emporta Marie. « Et je ne pensais pas non plus que cet imbécile s’enfuirait avec toutes nos économies ! »
L’agitation à l’extérieur avait fini par attirer l’attention des quatre autres idiots, qui avaient sorti leur tête l’un après l’autre.
« Marie, que se passe-t-il ? » demanda Julius, exprimant ce que tous se demandaient clairement. Ils avaient examiné la montagne de bibelots avant de jeter des regards froids à Jilk. « En tant que frère adoptif, j’ai honte. »
Brad tripota sa frange en reniflant. « Je n’ai jamais cru à l’idée qu’il avait un quelconque sens esthétique. »
« Tu ne t’en sortiras pas en faisant pleurer Marie comme ça, » cracha Greg.
Les lunettes de Chris brillaient d’une lueur sinistre. « Espèce de voyou. »
Ils avaient rapidement traîné Jilk dans le jardin arrière.
Marie jeta un coup d’œil au ciel, en riant de façon maniaque. « Aha… ah ha ha ha ! Ainsi se termine notre vie de luxe. Nous sommes redevenus des indigents. Quel court rêve ce fut ! » La lumière avait disparu de ses yeux. Cela m’avait fait mal de la regarder.
Carla s’était précipitée hors de la maison. « Dame Marie, soyez tranquille ! »
« Carla ? »
« J’ai économisé mon salaire. Ce n’est pas beaucoup, mais je pense qu’on peut tenir un mois entier avec ça. » En parlant, elle avait déposé de l’argent dans les mains de Marie.
Anxieuse, Marie avait failli se jeter sur lui, parvenant à peine à se contenir. Sa main droite se tendit vers lui, et elle dut le retenir avec sa main gauche. « Range-le. C’est de l’argent que tu as gagné, Carla. »
« Mais… ! »
« Je t’ai déjà dit non ! Dépêche-toi de l’enlever de ma vue pendant que je contrôle encore la situation… Je ne pense pas pouvoir tenir plus longtemps. S’il te plaît, Carla, range-le. Ne me rends pas encore plus malheureuse. »
« Lady Marieeee ! »
La scène était si tragique, comme tout droit sortie d’un film d’horreur, un ami implorant l’autre alors qu’il commençait à se transformer en zombie. « S’il vous plaît, mettez fin à ma misère ! Je ne veux pas m’en prendre à vous. Tuez-moi tant que je suis encore humain ! »
Ok, non. Ce n’est pas du tout ça. Rien du tout comme ça.
Noëlle fit son retour tardif au domaine, sacs de courses à la main. « Je suis de retour ! Hein ? Il t’est arrivé quelque chose, Rie ? Et c’est quoi ce gros tas d’antiquités ? »
« Oh, ça ? Eh bien, tu vois… » J’avais commencé à expliquer les circonstances.
Noëlle avait immédiatement sympathisé avec Marie. « Rie, même si ce n’est pas grand-chose, je ferai ce que je peux pour aider. Depuis que je suis devenue prêtresse, on m’a accordé une certaine allocation pour couvrir mes dépenses quotidiennes. Tu t’es bien occupée de moi, alors je peux même payer un loyer, si tu veux. »
Des larmes avaient coulé sur les joues de Marie. « Loyer… Un mot si noble. »
Noble, hein ? J’avais du mal à comprendre son utilisation du mot dans ce cas.
« Nous sommes des amies proches, n’est-ce pas, Rie ? Tu n’as pas à te retenir à cause de moi. Appuie-toi sur moi ! »
« Noëlle, merci beaucoup ! » Marie avait jeté ses bras autour de Noëlle.
Oh mon dieu, avais-je pensé. Je ferais mieux de participer aussi ou ça va être un cauchemar, je le sais.
merci pour le chapitre