Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 6 – Chapitre 10

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Chapitre 10 : L’utilisateur

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Chapitre 10 : L’utilisateur

Partie 1

« GAH ! »

Après que Serge ait enfoncé le manche de sa lance dans mon estomac, je m’étais retrouvé recroquevillé sur le sol, à vomir. Aussi coupable que je me sois senti de salir la chambre où logeait Mlle Louise, je n’avais pas le luxe de me soucier de l’hygiène. Alors que j’étais meurtri, Serge n’avait pas l’air d’avoir souffert, comme si le combat venait de commencer. Simplement, aucune de mes attaques n’avait touché sa cible.

« Comment diable fais-tu pour être aussi fort ? » avais-je marmonné.

Serge était certainement puissant. Très puissant. J’avais entendu dire auparavant qu’il avait suivi une formation d’aventurier, mais je n’avais pas imaginé que c’était à ce point.

Alors que je luttais pour me remettre, Serge m’avait frappé avec son pied. Ses attaques étaient aussi impitoyables que sa personnalité.

« Est-ce tout ce que tu as dans le ventre ? Où est le héros dont j’ai tant entendu parler ? Est-ce vraiment le Chevalier Ordure ? Ton seul pouvoir vient de l’artefact perdu. Sans lui, tu n’es rien. »

Il avait écrasé son pied sur moi, et j’avais dû serrer les dents. Du sang avait coulé sur mon menton. Je m’étais soulevé du sol. Je pensais qu’il s’épuiserait à force de me frapper, mais Serge était toujours aussi impatient.

« Haaah… Haaah… » J’avais sifflé. « Tu as vraiment de la combativité en toi. »

Normalement, l’endurance d’une personne devrait être épuisée à force de me frapper aussi continuellement qu’il le faisait, mais vu qu’il n’était même pas près de haleter, j’avais senti que quelque chose n’allait pas.

Serge m’avait regardé pendant que je me relevais. Il avait sorti quelque chose de sa poche — une petite bouteille remplie de liquide. Il l’avait bu à petites gorgées avant de jeter la fiole vide.

« Drogues, hein ? »

« Des améliorants corporels. Comme ça je peux continuer à te frapper. » Serge avait jeté un coup d’œil à Mlle Louise. Il parlait plus à son intention qu’à la mienne.

Mlle Louise était entourée de ses servantes. Son visage était pâle et elle secouait la tête. « N -non. S’il te plaît, arrête ça. »

Serge avait ouvert les bras. « Le plaisir ne fait que commencer ! Tu seras aux premières loges quand il commencera à vomir du sang, et tu pourras le voir mourir misérablement, les entrailles s’écoulant partout. »

C’est un peu extrême. Mais je suis plus préoccupé par ces médicaments. Marie les a mentionnées dans son journal. Elles donnent à l’utilisateur un regain de force temporaire. C’est un objet standard du jeu.

« Alors tu as même apporté des stéroïdes à ce combat, » avais-je dit.

« Pas de règles dans un match à mort. »

J’étais d’accord avec lui sur ce point — même si je n’en avais pas eu l’occasion, étant donné que son gros poing m’avait frappé et m’avait fait voler. Mon dos avait heurté un mur, qui s’était fissuré sous l’impact.

« Urgh ! » Le sang avait giclé entre mes lèvres.

Mlle Louise avait repoussé ses servantes et s’était précipitée vers moi, se plaçant devant moi de manière protectrice, les bras écartés.

Serge plissa les yeux. « Qu’est-ce que tu crois faire ? »

« Je ne peux pas laisser faire ça. Ne blesse pas Léon plus que tu ne l’as déjà fait. »

« C’est lui qui a commencé ! »

« Ça n’a pas d’importance ! Je veux que tu arrêtes ! »

Serge prit position avec sa lance, et les servantes lui crièrent dessus : « Seigneur Serge ! Lady Louise doit encore remplir son rôle ! Nous avons reçu l’ordre de l’emmener au sommet de l’arbre saine et sauve ! »

Il avait baissé son arme, me regardant froidement. « Je suis déçu par toi. Je pensais que tu te serais plus battu. »

Je grimaçais encore de douleur quand Mlle Louise m’avait aidé à me relever. Nous avions commencé à sortir de la chambre ensemble, ce qui avait incité ses servantes à nous arrêter. Mlle Louise leur avait dit d’un ton sec : « Restez en arrière ! Je ne vais pas m’enfuir, pas après avoir fait tout ce chemin. Mais si nous restons, Serge va probablement tuer Léon. Je l’emmène juste dans un endroit sûr, et je reviens tout de suite après. » Elle m’avait prêté son épaule, et j’avais réussi à sortir de la pièce en boitant.

 

☆☆☆

 

Louise soutenait Léon sur son épaule lorsqu’ils entrèrent dans le couloir. Ses larmes ne s’arrêtaient pas. Voir Serge frapper un homme identique à son défunt frère la remplissait d’une tristesse que les mots ne pouvaient exprimer.

« Tu es vraiment un idiot ! », l’avait-elle grondé.

« Ah ha ha. Désolé. »

Avant de quitter le domaine de sa famille, le père de Louise lui avait dit que le message de Léon était des excuses. Elle n’avait pas compris ce qu’il voulait dire, mais maintenant elle le comprenait.

« C’est donc ce que tu voulais dire », avait-elle dit.

« Es-tu en colère contre moi ? »

« Bien sûr que je le suis ! Tu as provoqué un incroyable désordre. J’implorerai la clémence en mon nom avant de mourir, mais je n’ai aucune idée de la façon dont les choses vont se passer. »

Louise avait toujours l’intention de se sacrifier, mais elle était prête à apporter le soutien qu’elle pouvait. Elle n’avait aucun moyen de savoir si ça aiderait une fois qu’elle serait partie.

« Il n’y a aucune raison pour toi de te pousser comme ça », avait-elle poursuivi. « J’ai choisi cette voie. Je te l’ai déjà dit, je suis contente d’être un sacrifice. Je veux aller aux côtés de Léon. »

En vérité, Louise avait peur. Une partie d’elle voulait que quelqu’un la sauve. En même temps, Louise ne pouvait pas supporter les cauchemars qu’elle faisait chaque nuit de son frère souffrant. Elle s’était convaincue qu’il ne se sentirait pas seul si elle était à ses côtés. C’était une façon de se faire pardonner pour avoir été impuissante face à sa mort, toutes ces années auparavant. Elle s’était résolue.

À sa grande surprise, Léon lui déclara : « Tu as toujours été très à cheval sur le devoir, même quand tu étais plus jeune. »

« Hein ? » Louise était perplexe. Léon parlait comme s’il l’avait connue à l’époque, alors qu’ils ne s’étaient rencontrés que récemment. Elle n’était pas en mesure de répondre, cependant, son insomnie l’avait privée de sommeil, ce qui avait affecté son jugement.

« J’avais prévu de tenir notre promesse d’assister ensemble au Festival du Nouvel An et de disparaître, mais ce stupide Arbre Sacré s’est mis en travers de mon chemin et a tout gâché. »

« De quoi parles-tu ? »

« C’est moi. Je veux dire, je suis ton Léon. N’as-tu pas compris ? »

« Arrête avec les blagues ! Ce n’est pas drôle ! »

Léon parlait comme s’il était réellement son frère mort, mais c’était impossible. Du moins, Louise voulait que ça le soit.

Léon avait passé une main sur son estomac, grimaçant même s’il avait forcé un sourire. Cela lui faisait mal au cœur. « Il y a longtemps… longtemps, quand nous dormions dans le même lit, je t’ai accusé d’avoir mouillé le lit. Tu te souviens ? Tu étais tellement énervée que tu n’as pas voulu me parler pendant une semaine. »

Louise n’avait jamais raconté cette histoire à l’autre Léon. « Comment peux-tu savoir ça ? »

« Je voulais m’excuser, alors j’ai fait une bague en papier et je te l’ai donnée en cadeau. Tu ne m’as pardonné qu’après avoir admis devant tout le monde que c’était moi et t’être excusé. »

Il s’était tellement emporté après qu’elle ait finalement cédé qu’il avait prétendu que la bague était un symbole de leur promesse de se marier un jour. C’était un souvenir plutôt embarrassant pour eux deux, alors elle avait essayé de ne pas en parler.

Les larmes sortaient plus vite. « Pourquoi.. Pourquoi ne me le dis-tu que maintenant !? »

Léon avait enveloppé Louise dans ses bras et lui avait expliqué doucement : « Cela ne ferait que te causer des problèmes si j’arrivais de nulle part, après m’être réincarné dans un nouveau corps. Ça ne me dérangeait pas de passer en coup de vent. Je voulais revoir tout le monde. »

« Tu aurais dû me le dire ! Pendant si longtemps, je… Je voulais m’excuser auprès de toi ! » Louise sanglota contre la poitrine de Léon. Elle voulait en dire plus, mais les mots ne sortaient pas. Elle était maintenant convaincue que sa première intuition au sujet de Léon était juste, et elle croyait pleinement qu’il était la réincarnation de son petit frère. Elle avait ignoré les incohérences, se concentrant plutôt sur ce qu’elle voulait être vraie.

« Je savais que tu braillerais comme ça, alors je n’ai rien voulu dire. Je ne t’en veux pas. Je te l’ai dit à la fin, n’est-ce pas ? »

Louise acquiesça, se souvenant des dernières heures de Léon. Elle n’avait rien pu faire d’autre que de le regarder souffrir.

« Penses-tu sérieusement que je voudrais que tu te sacrifies pour moi ? Je te souriais à la fin, n’est-ce pas ? »

« Oui. Oui, tu l’as fait. »

 

☆☆☆

 

Alors que la mort se rapprochait du petit frère de Louise, des médecins réputés se pressaient dans sa chambre, les yeux rivés au sol. Aucun d’entre eux n’avait été capable d’aider, même si Albergue suppliait pour son salut.

« Je vous donnerai tout ce que vous voulez ! Alors s’il vous plaît, sauvez mon fils ! Vous êtes des experts renommés — j’ai entendu dire que vous pouviez même ramener les morts à la vie ! »

L’un des médecins secoua la tête. « Les morts ne peuvent pas être ressuscités. C’est une rumeur exagérée. Bien que je pense que l’état de votre fils soit une honte, je ne peux en discerner la cause. Je ne peux même pas commencer à deviner pourquoi son corps s’est détérioré de cette façon. C’est presque comme si son âme se battait pour quitter sa chair. »

Aussi étrange que cela puisse paraître, Léon n’était pas atteint d’une quelconque maladie, son corps dépérissait sans raison apparente. C’est pourquoi aucun des médecins ne pouvait faire quoi que ce soit pour lui.

« Un shaman a dit la même chose ! Si c’est vrai, alors aidez-nous à clouer son âme en place ! »

Naturellement, Albergue avait également rassemblé des experts dans ce domaine particulier, mais tous avaient abandonné.

« Nous sommes des médecins, pas des chamans. »

Albergue avait serré les poings si fort que ses ongles avaient creusé dans la peau douce de ses paumes, faisant couler le sang.

Louise avait serré une des mains de Léon dans la sienne. « Tu ne peux pas mourir, tu entends ? Nous avons fait des promesses, tant de promesses. Je ne te laisserai jamais tranquille si tu les romps et si tu me quittes. Tu vas être le Gardien, tu te souviens ? Et nous allons nous marier, n’est-ce pas ? »

Léon lui avait souri malgré la douleur, ce qui n’avait fait qu’aggraver son mal de cœur.

« Désolé. Je vais tenir ma promesse envers toi. Quand tu auras des problèmes, je te jure… que je sauterai dans le vide… pour te sauver. » La douleur s’était réveillée, et il n’avait pas pu continuer.

Louise avait secoué la tête et avait placé ses bras autour de lui. Comme un enfant, elle s’était accrochée désespérément à lui, comme si cela pouvait enraciner son âme en place.

« Ne me laisse pas ! Ne laisse pas ta soeur derrière toi ! »

Léon était mort le même jour.

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Partie 2

« Je ne voudrais jamais que tu te sacrifies, » dit Léon.

Louise avait secoué la tête. « Mais alors… pourquoi est-ce que j’entends ta voix ? Tu m’as crié de te sauver ! »

« Les fleurs ne s’épanouissent pas sur l’Arbre Sacré. Il doit y avoir une explication derrière tout ça. »

« Que veux-tu dire ? »

« Je suis en train d’y réfléchir. C’est pourquoi j’ai besoin que tu me fasses confiance et que tu attends jusqu’à ce que je sois sûr. »

Avant que Louise ne se rende compte de ce qui se passe, Léon l’avait entraînée sur le pont, où Arroganz attendait. Des soldats et des armures gisaient effondrés tout autour de lui.

Léon s’était tourné vers Louise. « Je suis désolé pour tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant, mais je te jure qu’à partir de maintenant, nous serons ensemble pour toujours. »

Elle avait jeté ses bras autour de lui, s’accrochant.

Leur moment avait été de courte durée, car le pont avait violemment tremblé.

« Whoa ! » Léon avait crié de surprise.

Louise jeta un coup d’œil autour d’elle et se rendit compte qu’ils prenaient de l’altitude. « Il flotte vers le haut ? »

Le vaisseau était suspendu dans l’air depuis que le Einhorn l’avait éperonné, mais maintenant il bougeait à nouveau.

Léon avait serré ses bras autour de Louise et avait essayé de monter dans Arroganz. « Viens, par ici. »

« Attends ! Il se passe quelque chose d’étrange ici. »

 

☆☆☆

 

Serge avait sprinté dans l’un des couloirs du vaisseau. « Cette femme… Elle nous a trahis au dernier moment. » Il les avait surveillés, elle et Léon, après leur départ, et maintenant il se précipitait sur le pont pour les poursuivre.

Quand il était arrivé, il avait trouvé Léon et Louise en train de s’enlacer. Quelque chose en lui avait claqué. « Hé, hé. Tu penses vraiment que tu peux t’enfuir si tard dans le jeu ? »

Léon était resté silencieux pendant que Louise répondait : « Serge, laisse-nous tranquilles. »

Ayant entendu toute leur conversation, il se mit à rire de manière dérisoire. « Crois-tu vraiment que ton petit frère est revenu à la vie ? Quel idiot sans espoir ! As-tu oublié que ce menteur est né exactement à la même époque que ton Léon ? »

Si ce Léon était vraiment son frère réincarné, alors il serait étrange qu’ils soient nés à peu près en même temps. C’était un doute évident à avoir, mais cela avait ébranlé Louise. « Léon ? » Elle demanda, en se tournant vers lui.

Léon n’avait rien dit, et Serge avait sorti son arme de poing.

« Maudit imposteur. C’est peut-être facile de tromper Louise puisqu’elle est dans un état de faiblesse, mais tu ne vas pas duper les autres. Tu es un faux héros — tout en paroles et sans action. Et maintenant, tu vas mourir. »

« Léon ? » Louise avait appelé à nouveau, d’une voix désespérée. « Dis-moi une chose. Qu’as-tu écrit dans cette bague en papier ? C’est un secret que personne ne connaissait, sauf toi et moi. Si tu es vraiment qui tu dis, tu devrais savoir ce que c’était, non ? »

C’était une question à laquelle personne d’autre ne connaîtrait la réponse.

« Euh… » Léon s’était raclé la gorge, refusant de croiser son regard. « Je crois que ça disait “Je t’aime” ? »

Mauvaise réponse. Louise l’avait repoussé, le visage déformé par le dégoût. « Tu m’as trompée. »

 

 

« C’est dommage », déclara Léon. « Ça se passait si bien. »

Le grand vaisseau était finalement arrivé au sommet de l’Arbre Sacré. Louise avait reculé, mettant de la distance entre elle et Léon. Il avait essayé de la tirer vers lui, mais Serge avait tiré sur le sol entre eux, l’arrêtant.

« Ne bouge pas, » avait-il prévenu. « Reste là et regarde. Regardez, la fleur de l’arbre sacré est enfin visible. »

Il y avait un seul chrysanthème blanc au sommet de l’arbre, et une centaine de tentacules minces, semblables à des cordes, en sortaient. Ils s’étaient élancés dans l’air, à la recherche de Louise. Une voix avait résonné autour d’eux.

« Grande sœur, où es-tu ? Je n’arrive pas à te trouver. »

Reconnaissant que la voix était celle de son petit frère, la voix de Louise était devenue rauque lorsqu’elle avait répondu : « Ici. Je suis là ! Ta grande sœur est là, Léon ! »

Les tentacules réagirent et se dirigèrent vers elle. Léon, qui avait assisté à la scène, s’était précipité sur Louise pour essayer de l’arrêter, mais Serge avait tiré à nouveau. Cette fois, il n’avait pas pris la peine de tirer un coup de semonce, la balle avait touché sa cible.

« Guh ! »

Léon s’était volontairement jeté dans la trajectoire de l’arme pour s’assurer qu’elle ne touche pas Louise, mais en conséquence, il n’avait pas pu l’attraper. Elle avait sauté du pont, et les tentacules l’avaient attrapée, l’entraînant vers la fleur.

« Mlle Louise ! » s’écria Léon, la main tendue vers elle. Comprenant que c’était inutile, il s’était retourné et avait regardé Serge.

« Nous passons au deuxième round, et personne n’est là pour te sauver cette fois. » Après avoir vidé son chargeur, Serge avait jeté son arme. Il fouilla dans sa poche et en sortit une autre fiole, qu’il avala avant de la jeter par-dessus son épaule. Puis il attrapa sa lance.

Léon commença à marcher tranquillement vers Serge. Il n’avait fait aucun mouvement pour prendre une arme.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Cette arme à ta hanche n’est-elle qu’un collecteur de poussière ? Au moins, attrape quelque chose avant que je… »

« Tu es une nuisance. Dégage le passage. »

« Quoi !? »

En un clin d’œil, Léon s’était élancé vers l’avant et avait frappé Serge au visage avec son poing. Serge s’était effondré sur le pont. Il avait suffi d’un seul coup pour que la situation change drastiquement. Léon ne s’était plus occupé de lui après cela, il était monté dans Arroganz, où il avait retrouvé Luxon.

« Ce n’est pas notre plan initial. N’as-tu pas pu sécuriser Louise ? » demanda Luxon.

« Tout allait bien jusqu’à la fin. Bon sang ! Je n’arrive pas à croire qu’ils avaient un secret juste entre eux deux. C’est la faute de l’autre Léon si nos plans ont été bousillés. »

Serge avait essayé de se relever, mais Léon avait fait plus de dégâts qu’il ne le pensait, il n’arrivait pas à se relever. Les médicaments qu’il avait pris lui assuraient une douleur minimale, mais son corps ne coopérait pas. Léon n’avait même pas pris la peine de jeter un coup d’œil vers lui avant de se glisser dans le cockpit d’Arroganz et partir.

Du sang s’écoulait du nez de Serge qui serrait les dents. « Tu vas faire comme si je n’étais pas là, hein ? Bâtard. Alors il se servait juste de moi ! » Léon avait délibérément laissé Serge le frapper. Lorsque cette prise de conscience avait frappé Serge, il avait tremblé de colère. Jamais auparavant il n’avait goûté à une telle humiliation. Toute la confiance qu’il avait construite avait commencé à s’effondrer.

 

☆☆☆

 

J’étais assis en sécurité dans le cockpit d’Arroganz alors que nous approchions de la fleur en fleuraison au sommet de l’Arbre Sacré. Des tentacules dégoûtants en sortaient encore.

« Cette chose fait-elle vraiment partie de l’Arbre Sacré ? »

C’était un peu trop dégoûtant à mon goût. Des centaines de ces tentacules s’agitaient dans tous les sens, refusant de me laisser approcher. Comme si ce n’était pas assez mauvais, il y avait des dispositifs à colonne déployés autour de la zone.

« Luxon, qu’est-ce que c’est ? »

« Des défenses qu’Ideal a créées. Il m’a aussi brouillé tout ce temps, pour m’empêcher de les analyser. »

« Je ne peux pas croire Serge. Irait-il vraiment si loin ? »

« Eh bien, même si cela a pris du temps, j’ai fini l’analyse. Normalement, j’aurais dû les détruire avec le canon primaire de mon corps principal, mais tu n’as pas réussi à convaincre notre cible, donc nous n’avons plus cette option. »

« Je te l’ai dit, ça se passait plutôt bien jusqu’à la fin ! » m’étais-je emporté. « Bref, que peux-tu me dire sur la fleur ? »

Nous nous étions séparés plus tôt pour qu’il puisse mener son enquête. Les systèmes de défense d’Ideal nous avaient empêchés de progresser jusqu’à présent, c’était donc notre première chance d’obtenir des réponses.

« La fleur n’a aucun lien avec l’Arbre Sacré. Elle y est actuellement connectée, mais elle ne fait que siphonner de l’énergie. »

« Alors est-ce tout à fait autre chose ? » avais-je supposé.

« Je détecte une armure démoniaque. Pas une entière, mais une partie d’un noyau qui a été laissé derrière et a possédé l’arbre. »

« Tu dois te moquer de moi. »

La première chose à laquelle j’avais pensé, c’était au vieil homme que j’avais combattu lors de notre guerre avec l’ancienne Principauté de Fanoss. Il avait failli me tuer en utilisant cette même technologie. Les armures démoniaques étaient une arme que les nouveaux humains avaient conçue pour combattre les intelligences artificielles comme Luxon. Pour résumer, c’était vraiment un emmerdement sans fond.

« Non, pas du tout. »

« Et tu me dis qu’il tient Mlle Louise est en lui ? Alors ça veut dire… »

Si l’armure démoniaque l’avait consommée, elle était irrécupérable. Il n’y avait aucun moyen de les séparer une fois qu’ils avaient fusionné, et un humain qui fusionnait ne vivait pas longtemps.

« Non, » dit Luxon. « Tant que le noyau est intact, nous pouvons la sauver. C’est une chance qu’il le soit. Cependant, si nous n’agissons pas rapidement, elle va vraiment fusionner complètement. »

« Alors, sortons-la de là dès que possible. »

Mais pourquoi une armure démoniaque a choisi Mlle Louise en premier lieu ? Pourquoi a-t-elle fait tout ce chemin pour imiter la voix de Léon ? Il ne peut pas vraiment être piégé à l’intérieur, n’est-ce pas ?

Non, c’était impossible. À moins qu’il ait réussi à aspirer son âme d’une manière ou d’une autre ? Mes pensées étaient un fouillis.

Luxon m’avait interrompu, « Je crois que je comprends. L’armure démoniaque cherchait quelqu’un avec la protection divine de l’Arbre Sacré. »

« Il faisait quoi là ? »

« C’est parti. »

La fleur s’était rapidement fanée, devenant une énorme graine. Une fissure était apparue, et une énorme main en était sortie. Une armure noire, exactement comme celle que j’avais vue auparavant, était sortie de la coquille.

« Ne me dis pas que Mlle Louise est à l’intérieur de cette chose ? »

« Elle est à tous les coups intégrée à l’intérieur, » dit Luxon. « Elle l’utilise comme source d’énergie. Une création si méprisable. Dois-je m’en débarrasser ? »

« Après avoir sauvé Mlle Louise. »

J’avais rapproché Arroganz, et l’armure démoniaque avait ouvert les bras et utilisé la voix de Mlle Louise pour déclarer : « Merveilleux. Cette femme est un noyau parfait. Toute mon énergie s’était tarie depuis longtemps, mais maintenant j’en ai une quantité inépuisable pour me soutenir ! Je peux l’utiliser pour détruire le monde entier ! »

J’avais chargé vers lui, balançant ma hache de guerre. La lame avait totalement échoué à scier l’ennemi qu’elle s’était brisé à l’impact.

« Comment cette chose peut-elle être si dure ? »

« C’est différent du Chevalier Noir. C’est une armure complète, presque parfaite. Son pouvoir est également amplifié. »

J’avais serré les dents. « Tu aurais dû le dire plus tôt ! » J’avais fait un bond en arrière, me débarrassant de ma hache cassée. J’avais attrapé mon fusil à la place et j’avais visé, mais il avait évité chacun de mes tirs. « C’est rapide ! »

« Bien sûr que oui. Les vieux humains ont énormément lutté contre les armures démoniaques. Cependant, d’après les données que je reçois maintenant, il semble qu’elle soit à la moitié de sa force originelle. »

« Merci. Je comprends maintenant. Ça va être très dur de battre cette chose et de sauver Mlle Louise. Alors ? Des idées brillantes ? » avais-je demandé en esquivant les poings de l’ennemi.

« On retire Louise de l’armure et on pénètre dans son noyau. Le problème principal est que tu n’as pas réussi à la convaincre plus tôt. Je doute qu’elle veuille quitter l’armure de son plein gré. En fait… »

Alors que l’armure démoniaque s’élançait à nouveau, j’avais sorti une faux et j’avais paré son attaque.

« Je ne te pardonnerai pas. Tu vas payer pour m’avoir trompée », siffla Mlle Louise, pleine de haine. On ne dirait pas que c’était l’armure qui parlait cette fois.

« Est-elle consciente là-dedans !? »

J’avais tapé du pied dans l’armure pour mettre de la distance entre nous, et elle avait de nouveau ouvert ses bras.

« Merde ! »

Quand je l’avais repoussé d’un coup de pied, l’armure avait transpercé la jambe d’Arroganz. Je n’avais pas eu à me demander longtemps comment elle y était parvenue, car j’avais aperçu une queue qui remuait dans l’air derrière elle.

« Cette chose est dangereuse. »

« L’armure dans son intégralité est dangereuse. Cela dit… » Luxon s’était tu.

Deux voix s’échappaient de l’armure. L’une était clairement Mlle Louise. L’autre, je suppose, appartenait à Léon.

« Ahh, Léon, j’ai l’impression que nous sommes enfin de nouveau ensemble. »

« Grande sœur, battons ce type ensemble. Il va payer pour t’avoir trompée. »

« Oui. Faisons-le, Léon. »

L’armure démoniaque s’était à nouveau dirigée vers moi, et j’avais accéléré pour lui échapper. J’avais une solide avance, mais même les capacités supérieures d’Arroganz ne pouvaient pas tenir l’ennemi à distance, il gagnait lentement sur moi.

« Cela me rappelle les cauchemars que je fais face à ce vieil homme », avais-je grommelé.

« Maître, ce n’est pas le moment de plaisanter. Nous n’avions pas prévu qu’une armure démoniaque se réveille comme ça. Que devons-nous faire ? »

Alors que l’armure démoniaque me poursuivait, des globes oculaires grotesques apparaissaient partout, libérant de la magie. L’air autour d’elle était devenu glacial, et des glaçons pointus, en forme d’aiguille, avaient commencé à se former. Elles se déplaçaient dans l’air à ma poursuite, et peu importe comment j’esquivais, elles se dirigeaient vers moi.

« Ce sont des missiles ! »

« Engage l’ennemi, » dit Luxon.

 

 

Il avait éjecté le couvercle du conteneur sur le dos d’Arroganz, libérant ses propres missiles pour détruire les glaçons. En même temps, il avait déployé les drones qui y étaient stockés. Des robots ronds équipés de mitrailleuses s’élancèrent dans les airs, abattant les projectiles restants. Arroganz avait tiré ses propres balles.

L’armure démoniaque répliqua avec plus de magie, et l’air se remplissait d’explosions et de sorts déviés. Cette bataille se transformait en une bataille tape-à-l’œil.

« Et maintenant, qu’est-ce que je vais faire ? » m’étais-je demandé, en continuant à employer des manœuvres d’évitement tout en essayant de trouver comment sauver Mlle Louise.

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Partie 3

Marie avait assisté aux événements du début à la fin alors qu’elle se tenait sur le pont de l’Einhorn, et même maintenant, elle observait le déroulement de la bataille.

La vue de l’ennemi avait rappelé à Anjie le chevalier noir. « Pourquoi une de ces choses est-elle ici ? Mais qu’est-ce qui se passe ? »

Livia avait serré les mains, inquiète. « Penses-tu que Léon va s’en sortir ? »

« Il a pu vaincre le Chevalier noir, mais nous n’avons aucune idée de ce dont cet ennemi est capable. C’est impossible à dire. »

« Oh non ! »

Jilk, Brad, Greg et Chris flottaient autour du Einhorn dans leurs propres armures. Julius s’était retiré sur le pont pour garder un œil sur Loïc.

« Cette espèce de fleur sur l’arbre sacré, est-ce normal ? » demanda Marie à Loïc.

« Non, pas à ce que je sache. » La voix de Loïc commençait par être désinvolte, mais il avait rapidement corrigé son ton, paraissant plus poli quand il déclara : « Je veux dire, non, madame. Ce n’est pas normal. En tout cas, je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose auparavant. Il n’y a pas d’exemple enregistré d’une fleur s’épanouissant sur l’arbre. »

« Alors pourquoi allez-vous jusqu’à l’offrir en sacrifice humain ? »

« La décision a été prise par les chefs des six grandes maisons. Après avoir perdu à plusieurs reprises contre le comte Bartfort, je pense qu’ils sont terrifiés à l’idée que l’Arbre sacré puisse les abandonner. »

Julius avait fait la grimace. « Donc Bartfort est le catalyseur. »

« Je ne suis pas d’accord. Tôt ou tard, je suis sûre qu’ils auraient proposé quelqu’un. La volonté de l’Arbre Sacré est absolue dans la République d’Alzer. Surtout s’il parle de manière à ce que tout le monde puisse l’entendre. Dans ce cas, plus de gens sont susceptibles de croire en lui et en ses demandes. »

Marie se tenait la tête dans ses mains. Si Louise meurt sur nous, Albergue deviendra le boss final ! Je ne veux surtout pas affronter ça ! On a fait tout ce chemin. Tu ne peux pas me dire que tout ça n’avait aucun sens, ou… hein, Noëlle ?

Noëlle se tenait là avec le jeune arbre dans ses bras, observant le champ de bataille à l’extérieur. L’écusson sur le dos de sa main droite brillait faiblement.

Julius gardait également un œil sur la situation. Il était chagriné de ne pas pouvoir sortir et aider. « J’aimerais pouvoir faire quelque chose, mais nous ne ferions probablement que gêner. » Après tout, les Armures que lui et ses amis utilisaient étaient toutes des copies inférieures d’Arroganz. Ce qui signifie que si Arroganz se battait, ils n’avaient aucune chance.

« Julius, ne dis pas ça. Il faut que tu l’aides ! » Marie l’avait supplié. « Même avec Arroganz, Léon ne peut pas battre cette chose, n’est-ce pas ? Mais tu es bien plus compétent en matière de pilotage, je le sais. Je suis sûr que tu peux couvrir la faiblesse de ton armure avec ta technique. »

« Tu te trompes, » dit Anjie.

« Qu-Qu’est-ce que tu veux dire !? »

« Léon est fort. Il lutte seulement parce que son ennemi a pris Louise en otage. Si seulement on pouvait rectifier ce problème, alors Léon serait capable de… »

Avant qu’elle ne puisse finir sa phrase, Noëlle parla : « Laissez-moi faire. »

Les yeux de Marie s’étaient tournés vers Noëlle. Maintenant, le jeune arbre sacré brillait aussi. « Quoi ? Noëlle, qu’est-ce que tu… »

« Si vous voulez sortir Louise de là, il va falloir la convaincre d’abord, » dit Noëlle. « Mais si ça continue comme ça, on ne pourra même pas lui parler. C’est là que j’interviens. Si je peux me rapprocher, ma voix l’atteindra. »

« E-Es-tu sûre de ça !? »

« Je pense que oui, en tout cas, » balbutia Noëlle.

Livia avait secoué la tête. « Non. Nous ne pouvons pas vous laisser vous mettre en danger, Mlle Noëlle. »

Heureusement, Loïc assurait les arrières de Noëlle. « Non, ça a vraiment une chance de marcher. J’ai entendu dire que la Prêtresse pouvait communiquer directement avec le cœur des gens, en supposant qu’ils aient aussi un écusson. J’ai lu quelques histoires relatant ce phénomène, en fait, et selon elles, la Prêtresse peut utiliser l’arbre pour se connecter à d’autres personnes. Si elle peut s’approcher suffisamment pour toucher Louise, elle devrait pouvoir lui parler. »

« Attendez ! » interrompit Marie, qui rechigna à l’idée. « Elle est la prêtresse du jeune arbre, pas de l’arbre sacré. Ce sont deux choses distinctes. On ne peut pas la laisser… »

Avant qu’elle n’ait pu terminer, une lumière blanche avait jailli de Livia, créant des motifs sur sa peau tandis que ses cheveux flottaient vers le haut.

« Gyaaah ! Elle s’allume comme un fantôme ! » cria Marie.

« La ferme, » Anjie l’interrompit. « Livia, es-tu prête pour ça ? »

« Je ne peux pas encore le contrôler entièrement, mais je devrais pouvoir le faire, ne serait-ce que pour un court moment. »

« Je vais t’aider. Noëlle, tu viens aussi. »

Incapable de suivre ce qui se passait, Noëlle fronça les sourcils. « Hein ? Euh, hum… »

Anjie avait attrapé sa main et l’avait tirée. « Vous avez dit que votre voix pouvait l’atteindre, non ? Et que vous pourrez la convaincre ? Alors Livia et moi allons nous y mettre. »

Noëlle accepta timidement la main tendue de Livia. Livia prit doucement le jeune arbre et le plaça entre elles trois. Elles s’étaient tenues par la main en formant un cercle autour de lui, et le jeune arbre commença à briller encore plus fort.

« Ça ne durera pas longtemps », avertit Livia. « Si vous voulez la persuader, faites-le rapidement. »

« J’ai compris. » Noëlle avait fermé les yeux.

Au même moment, l’armure démoniaque à l’extérieur avait ralenti. Marie aurait pu le remarquer si ses yeux n’avaient pas été rivés sur les trois femmes à l’intérieur. Elles étaient enveloppées d’une faible lumière. Marie n’avait aucune idée de ce qui se passait.

Pas du tout. Tu es en train de me dire qu’Olivia accède à son pouvoir de la Sainte toute seule ? Sans aucun objet pour l’aider ? Comment fait-elle ça ?

Choquée par la croissance soudaine de Livia, Marie avait tourné son regard vers l’extérieur.

Maintenant si Noëlle peut juste convaincre Louise…

 

☆☆☆

 

Le paysage qui accueillait Noëlle était bizarre.

Incroyable, avait-elle pensé. Avec ça, je vais vraiment pouvoir atteindre Louise avec ma voix.

Elle avait envoyé sa conscience sur un plan psychique. Tout ce qui l’entourait était flou et indistinct. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, ne sachant pas où aller, quand elle sentit quelque chose brûler violemment.

« Par ici, » dit une voix. « Ne vous éloignez pas de nous. »

C’était Anjie. Noëlle avait été surprise de voir qu’Anjie brûlait d’une flamme de haine, et que cette colère était dirigée contre Noëlle.

« Euh, d’accord… »

Les émotions de Livia étaient également visibles, se manifestant par une épaisse et visqueuse boule de jalousie. Elle avait gardé une forme humaine, tout comme Anjie, et en les regardant, Noëlle s’inquiétait de sa propre apparence.

Livia avait serré la main de Noëlle. « Pour l’instant, nous devons faire ce que nous sommes venues faire ici. »

Aussi terrifiée que soit Noëlle, elle était plus préoccupée par le fait de sauver Louise. « O-ouais, je sais. » Elle craignait les émotions des autres filles à son égard, mais elles lui avaient aussi permis de mieux comprendre à quel point elles tenaient à Léon.

Alors que Noëlle chercha Louise, elle jura : « Louise, je vais te ramener coûte que coûte, et tu vas enfin écouter tout ce que j’ai à dire ! »

 

☆☆☆

 

Dans le plan psychique de Louise, elle était enlacée par derrière par un Léon plus jeune. Comme ce n’était pas la réalité, ils étaient tous deux complètement nus et leurs silhouettes étaient floues. Mais même s’il était derrière elle et que sa silhouette était déformée, elle pouvait encore sentir sa présence.

« Grande sœur, tu dois le tuer », plaida son petit frère.

« Je le ferai. Quoi que tu veuilles, je m’assurerai que tu l’aies. »

 

 

L’armure démoniaque s’était jetée sur Arroganz, exerçant une puissance si écrasante qu’elle avait poussé Arroganz dans un coin. À l’intérieur, il n’y avait que Louise et son petit frère. Elle était vraiment heureuse.

« Léon, nous serons ensemble pour toujours, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr que oui. Pour toujours. Et tu feras tout ce que je te demande, n’est-ce pas, grande sœur ? »

« Oui. Je ferai tout ce que tu veux. Après tout, je suis… »

Les intruses — Noëlle, Livia, et Anjie — étaient apparues de nulle part, l’interrompant.

« Elle est là ! » cria Noëlle. « Louise, qu’est-ce que tu fais ? »

« Noëlle ! » Louise cria. L’hostilité roulait sur elle par vagues, déformant le plan psychique.

Anjie jeta ses bras en avant, créant une barrière qui les protégea des attaques magiques de Louise. « Noëlle, dépêche-toi de la convaincre ! »

Livia avait été celle qui avait créé un chemin vers le plan psychique de Louise, mais leur entrée avait été forcée, ce qui signifiait qu’elles ne pouvaient pas y rester longtemps. « S’il vous plaît, soyez aussi rapide que vous le pouvez. Ce… pouvoir que j’ai est difficile à contrôler… »

Voyant la façon dont Livia grimaçait de douleur, Noëlle ne perdit pas de temps. « Louise, ça suffit. Léon n’a dit ces mensonges que pour t’aider. Il voulait te sauver. »

« La ferme, la ferme, la ferme ! N’entachez pas mes précieux souvenirs ! Comment osez-vous vous imposer… ? Vous allez payer pour ça. Je vais vous le faire payer ! » Louise avait perdu la raison.

Son jeune frère, qui l’enlaçait toujours par derrière, avait souri. « C’est vrai. Nous ne pouvons pas les laisser s’en tirer comme ça, grande sœur. Tuons-les. Je les déteste aussi. Tuons-les tous. »

« Oui. Noëlle est l’horreur qui a essayé de te prendre à moi. Nous allons l’anéantir ! » Dès que Louise avait déclaré cela, un blizzard s’était déchaîné autour d’eux.

Alors qu’elle essayait de les chasser de son plan psychique, à l’extérieur, dans le monde réel, l’armure démoniaque avait libéré toute l’étendue de sa puissance. Elle avait drainé tout le mana qu’elle pouvait de Louise pour alimenter ses attaques sur Arroganz.

« Ah ha ha ha ! Tombe en ruine ! Le monde n’a pas besoin d’un faux ! » Malgré toute l’estime que Louise avait pour lui, elle avait l’intention de lui ôter la vie.

Noëlle s’était mordu la lèvre. « Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Tu es toujours si calme et posée. Que s’est-il passé ? Tu te souviens de la façon dont tu t’es extasié sur Léon ? »

Le visage de Louise s’était déformé de colère. La haine montait du plus profond d’elle-même. « Qu’est-ce que tu en sais ? C’est toi qui m’as pris Léon ! »

« Louise, essaies-tu de dire que tu… »

« Il était si précieux pour moi. Non, plus que ça, je l’aimais ! Et pourtant, mon adorable petit Léon t’a choisie à sa place. Tu sais à quel point ça m’a vexée ? Et maintenant que j’ai enfin trouvé le bonheur, tu essaies aussi de me l’enlever ! »

La puissance de l’armure démoniaque continuait à augmenter. En un rien de temps, le givre envahit le champ de bataille, recouvrant les feuilles et les branches de l’Arbre Sacré tandis que le blizzard balayait la zone. L’armure brandissait deux lames de glace alors qu’elle se jettait sur Arroganz.

Arroganz avait levé ses bras pour bloquer, mais ils avaient été tranchés.

« Léon ! » Noëlle cria.

Louise avait gloussé. « Ah ha ha ! Maintenant, c’est à mon tour de te voler ton Léon. Il ne restera alors plus qu’un seul Léon au monde, celui qui passera l’éternité avec moi. »

Noëlle lui avait lancé un regard noir. « Penses-tu vraiment que ton petit frère voudrait... »

En dehors du plan psychique, en combattant l’armure démoniaque, Léon avait posé la même question. « Penses-tu vraiment que ton petit frère choisirait de te sacrifier comme ça !? »

Louise s’était figée sur place. « Tais-toi. Un faux comme toi n’a pas à parler de lui ! »

« Quoi ? Tu l’as déjà réalisé ? » Léon s’était moqué. « Je vois. Tu faisais juste semblant d’être ignorante. Tu ne peux pas le nier, n’est-ce pas ? Toutes les histoires que toi et ta famille m’avez racontées sur ton frère étaient claires : ce n’est pas le genre de type à sacrifier sa propre sœur. »

Le cœur de Louise avait vacillé. Il a raison, a-t-elle pensé. Léon ne me sacrifierait jamais. Mais c’est juste parce qu’il s’est senti si seul tout ce temps.

Après s’être convaincue, elle s’acharna sur Arroganz. « N’essaie pas de me manipuler ! »

« Le problème, c’est que je pense que tu es déjà manipulée. Pourquoi ne pas tester pour voir si c’est le vrai Léon ou pas ? S’il l’est, alors il devrait être capable de répondre à n’importe quelle question que tu lui poses. »

Louise avait cessé de bouger.

Inquiet, le garçon qui s’accrochait à son dos demanda : « Qu’est-ce qui ne va pas, grande sœur ? »

Louise jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, pour essayer de voir son visage. La silhouette était si floue qu’il était difficile de le distinguer. « Léon… Léon, que penses-tu de Noëlle ? »

« Pourquoi demandes-tu ça tout d’un coup ? Cela n’a pas d’importance, n’est-ce pas ? »

Une fois que la graine du doute était plantée dans son esprit, elle semblait ne faire que grandir. Louise devait être certaine.

« Ne te souviens-tu pas de Noëlle ? Tu dois t’en souvenir. Vous vous entendiez si bien, et vous avez tellement joué ensemble. Tu te souviens ? Comment tu te faufilais dehors juste pour passer du temps avec elle ? »

Noëlle était restée bouche bée. « Quoi ? »

Comprenant ce que Louise essayait de faire, Anjie avait mis une main sur la bouche de Noëlle. « Restez tranquille. Les choses pourraient prendre une tournure intéressante. »

Anxieuse, Louise ne cessait de demander à la silhouette floue de répondre. « Ça ne te rappelle rien ? Vous étiez fiancés, et vous étiez si proches. »

Son petit frère avait souri. « C’est vrai. Je m’en souviens. Mais tu es la personne la plus importante au monde pour moi, grande sœur. »

Louise avait secoué la tête. « Non. Léon a toujours chéri Noëlle plus que tout. Après leurs fiançailles, il n’y avait qu’elle. Je suis arrivée en seconde. Qu-Qui êtes-vous ? Pourquoi avez-vous sa voix et son visage ? » Elle avait rapidement mis de la distance entre elle et l’imposteur.

Noëlle tendit la main et la saisit. « Louise, dépêche-toi ! Par ici ! »

Hélas, la forme de l’imposteur s’était lentement transformée en une inquiétante armure démoniaque. « J’étais si près du but. Ah bon. Je suppose que je peux encore me servir de toi. »

Il avait tendu son énorme main et avait attrapé Louise. Au même instant, Noëlle et les autres filles avaient été expulsées de son plan psychique.

« Louise ! » Noëlle avait tendu une main vers elle. Louise l’avait attrapée, mais elles étaient trop loin. Les filles avaient été expulsées, et Louise avait été absorbée par l’armure.

« Bien. Maintenant, je peux recommencer à déchaîner ma fureur. Une fois que je t’aurai utilisé pour ce que tu vaux, je devrai trouver un remplaçant », dit l’armure en dévorant l’énergie de l’emblème de Louise, ce qui lui donnait encore plus de puissance.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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