Le manuel du prince génial pour sortir une nation de l’endettement – Tome 7 – Chapitre 4 – Partie 4

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Chapitre 4 : Une stratégie tourbillonnaire

Partie 4

L’armée de Bardloche utilisait actuellement un bâtiment de Nalthia comme quartier général. Le prince et ses hauts responsables étaient restés enfermés dans la salle de réunion toute la journée et toute la nuit pour enquêter et décider de leur prochain plan.

Quelqu’un aboya dans la pièce. « Vous plaisantez ! Êtes-vous sérieux ? »

La voix, maintenant rauque en raison de la fureur, venait du prince Bardloche, lui-même. Ses chefs étaient assis en rang devant lui. Bien que leur maître soit furieux, leurs expressions étaient résolues, prêtes au combat.

« Je ne dirais jamais ça sur un coup de tête ou pour sauver la face. Comprenez que cette décision a été prise à l’unanimité. Laissez-moi le dire encore une fois : Votre Altesse, profitez de cette occasion pour procéder au baptême. »

« … ! » Le visage de Bardloche se tordit instantanément. « Avez-vous oublié que nous avons pris cette ville pour la justice !? Nous devions mettre un terme aux idées tyranniques de Demetrio ! Vanter la justice et chasser Demetrio, pour refaire la même chose, fera de moi une risée pour des générations. »

« Personne ne rit. Vous devez savoir, Votre Altesse, que le peuple souhaite un nouvel Empereur le plus tôt possible. Avec cette victoire éclatante, ils sont maintenant certains que vous, Prince Bardloche, êtes le plus apte à remplir ce rôle, et ils espèrent votre ascension rapide. En les trahissant et en retournant sur notre propre territoire, nous deviendrons la risée de tous ! »

Ils ne reculaient pas, même quand Bardloche les grondait. C’était tout le contraire, en fait. Bardloche n’avait pas le contrôle sur eux.

« … Et Manfred ? Nous avons collaboré à la condition que je retourne dans mon propre domaine après avoir mis un terme à Demetrio. Si je le trahis, il ne restera pas silencieux. »

« C’est exactement ce dont nous avons besoin. Si vous battez le prince Demetrio et le prince Manfred, il n’y aura pas de plus grande preuve que vous êtes qualifié pour devenir empereur. »

Bardloche avait fait de son mieux pour mettre un terme à cette discussion. Les deux camps s’invectivaient. La tension montait… jusqu’à ce que Lorencio tape sur la table et attire leur attention, mettant fin à son silence.

« Faisons une courte pause. Vous perdez votre sang-froid. »

« Sire Lorencio, l’affaire est grave. Nous n’avons pas de temps à perdre ! »

« C’est précisément la raison pour laquelle nous devons faire le vide dans nos têtes. Si nous pouvions placer le prince Bardloche sur le trône par des vœux pieux, ce serait fait depuis longtemps. »

Lorencio était un comte et le plus ancien d’entre eux. Les autres chefs s’étaient tus, bien qu’à contrecœur.

« … Très bien. Nous allons faire une courte pause. Rassemblez vos idées, » déclara Bardloche.

La réunion avait été suspendue pour une courte durée.

 

Glen s’était dirigé directement vers la chambre de Lorencio dès son arrivée.

« Ah, Glen. Je suis occupé pour le moment. Gardons ça pour plus tard. »

Lorencio semblait être au milieu de quelque chose, mais Glen était persistant.

« Mes excuses, mais cela concerne le baptême. Je crains de devoir vous parler immédiatement. »

« Oh, alors tu es déjà au courant. Je suppose que tu as entendu les rumeurs pendant ta patrouille ? » demanda Lorencio en invitant Glen à s’asseoir. « Alors quelles sont les nouvelles que tu apportes ? »

« Le peuple de Nalthia veut que le prince procède au baptême, mais j’ai la preuve que cela fait partie du plan du prince Demetrio… Non, que c’est le plan du prince Wein. »

Glen avait raconté comment il s’était rendu dans le nord pour localiser la source des rumeurs, qu’il était tombé sur des agents secrets dans l’entrepôt, qu’il avait engagé la bataille, mais n’avait pas réussi à les capturer.

Lorencio avait réfléchi un moment avant de parler. « … Glen, est-ce que quelqu’un d’autre que toi et moi est au courant ? »

« Non. »

Lorencio avait hoché la tête. « Dans ce cas, ne parle de cette affaire à personne. Fais comme si ça n’était jamais arrivé. »

« Quoi ? » Glen avait cligné des yeux. « S’il vous plaît, attendez. J’accepterai la punition qui m’attend pour avoir laissé les coupables s’échapper. Mais à ce rythme… »

« Le prince Bardloche accomplira la cérémonie du baptême. N’est-ce pas merveilleux ? » demanda Lorencio avec un sourire sauvage qui le fait paraître plus jeune que son âge. « Le prince Bardloche est peut-être troublé pour l’instant, mais il se rendra vite compte qu’il ne doit pas laisser passer cette occasion. Je suppose que je dois être reconnaissant au prince Wein. Il nous a fait gagner du temps pour persuader le peuple. »

« Monsieur ! L’ennemi a dû laisser faire, car il a un moyen de gagner ! Nous sommes en train de sauter dans leur piège ! »

« Si c’est un piège, on peut le surmonter, » raisonna Lorencio. « Tu ne comprends pas ? L’Empire a besoin d’un souverain. Que se passerait-il si nous laissions passer cette opportunité ? Cela déclenchera une bataille politique avec le plus jeune prince, et nous continuerons à perdre du temps. »

Lorencio avait raison.

Si on lui demandait une réponse, Glen savait que c’était maintenant ou jamais. Il aurait été d’accord s’il n’avait pas su que tout ceci était orchestré par une certaine personne.

Cependant, Glen connaissait bien les personnes en question. Ninym et Wein avaient arrangé tout ça en coulisse.

« Monsieur, nous devrions dire au Prince Bardloche au moins… ! »

« Non. Tu peux partir. »

Ses supplications étaient vaines. Il n’y avait rien qu’il puisse faire. Glen avait quitté la pièce, le visage assombri, tout en sentant qu’une nouvelle bataille les attendait.

 

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« Au fond, il n’y a pas que les citoyens qui s’impatientent, » dit Wein dans une salle de Bellida. « Pour le sujet impérial commun, il est évident que la manière la plus sensée de résoudre ce problème est la discussion, mais ils ne se rallieront à cette idée que s’ils peuvent voir la lumière au bout du tunnel. Sans progrès, leur patience aura des limites, et ils voudront des mesures plus extrêmes pour faire le travail. Cela vaut pour les citoyens et les factions. »

Demetrio était le seul autre dans la pièce. Wein n’aurait jamais imaginé qu’ils se retrouveraient face à face à travers un bureau lorsqu’ils rejoindraient les équipes.

Wein poursuit : « Ce n’est pas tout. Les factions ne servent pas seulement les chefs par loyauté. Elles pensent à l’honneur futur, aux concessions, aux récompenses, accordées par l’empereur choisi. Leur patience est à bout, alors qu’ils attendent deux ans sans que rien ne vienne récompenser leurs efforts. »

« … Je vois où vous voulez en venir, » répondit le Prince Demetrio en hochant la tête avec une expression douloureuse. « L’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de devenir empereur était que je commençais à perdre le contrôle sur eux. »

« Pas vrai ? J’imagine que vous n’êtes pas le seul. Peu de gens verraient une opportunité de victoire et ne sauteraient pas dessus. Mais leur capacité à raisonner leurs subordonnés s’amenuise. Tout ça parce qu’ils ont gagné cette grande bataille contre votre armée. »

« … Ne soyez pas trop arrogant. »

« Désolé. » Wein avait haussé les épaules.

Demetrio avait jeté un regard noir à Wein pendant un moment, mais avait décidé de continuer malgré son déplaisir évident.

« Bardloche sera-t-il d’accord ? »

« Les factions du prince Bardloche et du prince Manfred sont en compétition. Même si l’une d’entre elles gagne, elles prendront un grand coup. J’imagine que le Prince Bardloche espérait absorber votre faction, renforcer son influence, et écraser le Prince Manfred lors de la prochaine bataille. »

Wein poursuit : « Cependant, le peuple le pousse à monter sur le trône, et même ses subordonnés sont d’accord avec lui. Sa faction est composée principalement d’hommes de l’armée. Comme il règne sur des gars qui sont violents pour vivre, Bardloche perdra sa popularité et son respect s’il fait preuve de faiblesse. — Il va faire le grand saut. Il n’y a aucun doute là-dessus. »

« … Et s’il fait ça, Manfred ne pourra pas rester assis et regarder. Il n’aura d’autre choix que de mener ses forces au combat. »

« Et pendant que ces deux-là se mordent les talons, nous allons faire main basse sur les gains. »

« Ngh... » Demetrio gémit.

Wein jouait une seule carte : cimenter le désir du peuple de Nalthia. Et cela avait donné à Demetrio une chance de gagner. Comme la prévoyance du prince étranger était terrifiante.

« J’aimerais donc commander la prochaine bataille, » déclara Wein.

Dans toutes les autres circonstances, le simple fait qu’un prince étranger demande à contrôler ses forces serait une déclaration de guerre. Demetrio savait que cet homme était un poison et il avait donc gardé ses distances. Wein était mortel.

Alors, allait-il boire le poison ou pas ?

« … Pouvez-vous gagner ? »

« J’ai mes méthodes. Il s’agit d’utiliser un peu de créativité. »

Demetrio ferma les yeux un instant avant de répondre d’une voix tendue. « … Laissez-moi le temps d’y réfléchir. »

Demetrio attendrait jusqu’à la dernière minute pour se décider, mais Wein ne le pressa pas davantage, presque comme s’il était certain que Demetrio finirait par boire le poison sans y être incité.

« Je peux attendre. Cela me laisse le temps d’apprécier un bon verre de vin avant que la bataille n’éclate entre les deux plus jeunes princes. »

Wein avait souri et avait soulevé le verre de vin dans sa main.

 

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« … Il m’a eu, » murmura le Prince Manfred en regardant une carte. « Maintenant, je dois combattre Bardloche. »

Il avait été informé que le prince central avait l’intention de procéder au baptême.

« Mon frère est trop stupide pour son propre bien. Je n’imaginais pas qu’il soit devenu avide du jour au lendemain pour me devancer. Il a manifestement perdu le contrôle de sa faction et a été poussé dans cette voie. »

Manfred poursuivit : « C’est le Prince Wein qui leur a demandé de faire ça. — N’est-ce pas, Strang ? »

« Sans aucun doute. » À côté de lui, Strang hocha respectueusement la tête. « Bien sûr, ils sont loin, donc nous ne pouvons pas obtenir de preuves. Mais il n’y a pas si longtemps que ça que le Prince Demetrio a été vaincu, et nous nous retrouvons soudainement face à Bardloche. Il est dans une position parfaite pour balayer et voler le butin. Très bien vu par le Prince Wein. »

« Ça me semble un peu bâclé et forcé… mais vous le connaissez mieux. Si c’est ce que vous dites, je vous crois sur parole. »

Manfred savait que Strang avait été ami avec Wein, Glen et Lowellmina à l’école militaire. Le prince impérial avait d’abord soupçonné Strang d’être de connivence avec des forces extérieures, mais l’homme était plus attaché à sa ville natale qu’à ses amis. Manfred était certain qu’il ne le trahirait pas, pour autant que la ville natale de Strang y trouve son compte.

« Nos prochaines étapes sont cruciales… Alors, pouvons-nous gagner ? »

« Oui, » répondit Strang sans perdre une seconde. « L’armée de Bardloche est composée de militaires, ce qui la rend assez puissante. Cela signifie qu’à peu près tout le reste est leur faiblesse. Maintenant qu’ils sont épuisés par leur combat contre Demetrio, je pense que nous avons de bonnes chances de gagner. »

Ce n’était pas son ego qui parlait. À l’école, Wein avait toujours eu les meilleures notes de sa classe, mais Glen avait pris de l’avance en arts militaires et Strang en tactique. C’est pourquoi Manfred en avait fait son bras droit.

« Hmm… Dans ce cas, de quoi devons-nous nous préoccuper ? »

« L’armée de Demetrio. Plus spécialement, Wein. Nous devons les empêcher de nous frapper par le côté alors que nous sommes engagés dans un combat avec Bardloche. C’est critique. »

Manfred hocha la tête. Parce qu’il les avait laissés en liberté, il devait maintenant faire face à l’armée de Bardloche. Il savait qu’ils devaient faire quelque chose. En fait, il était douloureusement conscient de ce fait.

« … Strang, le temps est venu de mettre en œuvre le plan que vous avez suggéré de préparer. »

« Oui. La faction du prince Demetrio a subi d’importants dommages, nous sommes donc susceptibles d’obtenir des résultats optimaux… Je n’aurais pas aimé l’utiliser un jour, puisque je suis techniquement un sujet impérial, bien que je sois originaire des provinces. »

« C’est un sacrifice fait au nom de la victoire. Avancer avec nos plans. »

« Compris. » Strang s’était incliné.

 

Demetrio contre Bardloche.

Ce combat avait été remporté par Bardloche.

… Sauf que cela n’avait rien réglé et n’avait fait qu’inviter à davantage de chaos.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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