Le manuel du prince génial pour sortir une nation de l’endettement – Tome 3 – Chapitre 5 – Partie 1

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Chapitre 5 : L’ennemi d’hier est celui d’aujourd’hui…

Partie 1

La révolte inattendue du général Hagal avait été un choc énorme pour les citoyens du Natra.

Pourquoi une personne qui avait la confiance de la famille royale et l’avait fidèlement servie agirait-elle de la sorte ? Tout le monde y pensait, et toutes sortes de rumeurs et de spéculations s’étaient répandues.

Mais personne n’avait pu se mettre d’accord sur une conclusion. C’est parce que Hagal, le chef de file, n’avait pas donné un seul mot de protestation.

Même ceux qui essayaient de décider s’il méritait la clémence avaient du mal à trouver une défense. Lever l’épée contre son maître était un péché. S’il avait mis en avant ses réalisations comme une raison valable de l’épargner, il aurait peut-être pu éviter l’exécution. Mais il semblerait qu’Hagal n’avait pas le désir d’aller jusqu’au bout.

S’il n’avait aucune envie de se sauver, personne ne pourrait changer cela. Le tribunal avait déclaré Hagal coupable, et il avait été condamné à mort. Il avait été décapité dans la journée. La plupart des seigneurs et les autres personnes qui avaient participé à la révolte furent également exécutés.

Bien que cela ait été une nécessité, les troupes militaires du Natra avaient perdu un membre essentiel, ce qui avait provoqué une inquiétude dans la nation. Mais cette crainte avait été effacée de la manière la plus surprenante qui soit.

C’était surtout en raison de la ridicule proclamation de Cavarin comme quoi Wein aurait tué leur roi Ordalasse, récemment disparu.

« Quelle insulte à notre prince héritier ! »

« J’ai entendu dire qu’un type nommé Levert a pris la relève, et que c’est lui qui a tué le roi. »

« Ils inventent juste une raison pour aller à la guerre… ! »

« Utilise-t-il la mort du général Hagal comme une opportunité ? C’est une bande de bêtes qui ont juste l’air humaines. »

Ainsi, la peur des citoyens s’était rapidement transformée en rage envers Cavarin. Cette réaction avait dû être partiellement motivée par leur désir inné de se débarrasser de leurs craintes.

Quoi qu’il en soit, avec la guerre imminente contre Cavarin à l’horizon et l’espoir de voir Wein les vaincre, il n’avait pas fallu longtemps pour que les gens ne parlent plus de la mort de Hagal — .

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Retour au présent.

Portant sur ses épaules l’espoir de son peuple, Wein était à la base de l’armée restante de Marden.

Il n’y avait qu’une seule raison : former une alliance officielle contre Cavarin.

« Je me demande ce qu’ils vont apporter à la table des négociations ? » demanda Ninym à Wein alors qu’ils attendaient dans la salle. « Tout va dans leur sens, n’est-ce pas ? »

« Je dirais que oui. Un malentendu regrettable a rendu la relation entre Natra et Cavarin instable, et nous avons convenu de nous soutenir mutuellement en tant que force unie sur le champ de bataille s’ils agissent en renfort pour nous. La partie Marden ne pouvait pas demander mieux, » répondit Wein.

« Un “malentendu malheureux”, » déclara Ninym.

« Tu sais, tout cela me fait aussi mal, » déclara Wein.

« Ce n’est pas l’impression que j’ai, » répliqua Ninym.

« Eh bien, ce sont des choses qui arrivent. » Wein avait haussé les épaules.

« Au fait, je sais que nous avons impliqué l’Armée restante pour réprimer les rebelles, mais n’y avait-il pas une possibilité qu’ils nous trahissent ? » demanda Ninym.

Wein avait porté sur ses épaules le péché d’avoir tuer un roi. L’armée restante avait la possibilité de le capturer et de l’utiliser dans les négociations diplomatiques avec Cavarin.

Mais Wein avait secoué la tête. « Ce serait délicat. Tout d’abord, il est impossible que l’Armée restante veuille se joindre à Cavarin d’un point de vue émotionnel. Même d’un point de vue économique, nous ne savons pas quand le régime de Levert va s’effondrer, et même s’ils concluent un accord, Cavarin pourrait finalement ne pas payer leur dû. De plus, plus que toute autre chose, j’ai été aux côtés de Zeno tout au long de la bataille. »

Au moment où il avait fini sa phrase, la porte s’était ouverte et Jiva était apparu.

« Prince Régent. Nous sommes prêts pour la réunion, » déclara Jiva.

« J’ai compris. Allons-y, Ninym, » déclara Wein.

Wein et Ninym quittèrent la pièce et continuèrent dans le couloir. Jiva leur avait parlé en les guidant.

« Au fait, Votre Altesse, j’ai entendu dire que vous aviez pris grand soin de Zeno, » déclara Jiva.

« Bien sûr. Elle était une compagne de voyage importante, » déclara Wein.

« Merci beaucoup. J’ai été surpris lorsque le message est arrivé, nous demandant de cacher notre armée. » Jiva leur avait offert un sourire ironique alors qu’ils arrivaient devant leur destination. « Le Prince Helmut vous attend. Entrez, je vous en prie. »

Jiva avait ouvert la porte. Accompagné de Ninym, Wein l’avait suivi à l’intérieur.

Wein avait vu la personne qui l’attendait. Ses yeux s’étaient légèrement élargis et il avait fait un petit sourire.

« Puis-je vous demander votre nom une fois de plus, prince Helmut ? » demanda Wein.

« Zenovia. »

Zeno — Zenovia — avait placé sa main sur sa poitrine pendant qu’elle répondait.

« Je suis la princesse aînée du royaume de Marden, Zenovia Marden. Je suis heureuse de faire votre connaissance, prince Wein, » déclara Zeno.

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« Vous n’êtes pas très surpris, » avait noté Zenovia, souriant alors qu’elle était assise en face de Wein. « Je suppose que vous l’aviez remarqué ? »

« Non, vous m’avez vraiment eu, » répondit Wein.

Contrairement à ce qui se passait lorsqu’ils voyageaient ensemble, il n’y avait aucun doute qu’elle était une fille. Il savait depuis le tout début qu’elle était déguisée en garçon, mais maintenant qu’elle était habillée différemment, il avait du mal à la reconnaître.

Surtout avec ces gros seins. Wein ne pouvait pas cacher sa surprise de voir comment elle avait réussi à les dissimuler avant ça.

« — Hé. » Ninym avait poignardé l’arrière de la tête de Wein avec son stylo. Sois sérieux, semblait-elle dire. Wein s’était frotté la tête.

« J’ai réalisé que vous, Zeno — je veux dire, princesse Zenovia — vous faisiez partie de la famille royale lorsque nous étions à Cavarin. Cependant, je n’étais qu’à moitié sûr que le prince Helmut et vous étiez la même personne, » déclara Wein.

« Vous étiez à moitié sûr ? Et qu’est-ce qui vous a fait réaliser que vous étiez sûr ? » demanda Zenovia.

« Votre réponse lorsque j’ai demandé des renforts, » répondit Wein.

« … Je vois, c’était donc votre objectif. Il semble que vous puissiez résoudre n’importe quel mystère, même par la conversation la plus banale, Prince, » déclara Zenovia.

Zenovia avait souri avec ironie, et Wein répondit à son tour.

« J’ai également une question. Votre charade avec le Prince Helmut était-elle une tentative pour remonter le moral des soldats ? » demanda Wein.

« Vous avez raison, » avait admis Zenovia d’un signe de tête. « Quand Cavarin a attaqué la capitale, j’ai pu m’échapper grâce à notre plus fidèle serviteur, Jiva. J’ai alors décidé de former une armée afin de reprendre la capitale, mais comme vous pouvez le voir, je suis une femme. »

Qu’elle soit de la famille royale ou non, elle était toujours une femme. Dans un pays aussi fortement influencé par les enseignements de Levetia que Marden, il n’est pas surprenant qu’elle n’ait pas le statut requis pour répondre à cette vocation.

« Cependant, les autres membres de la famille royale avaient tous été exécutés, et il n’y avait personne d’autre pour prendre la place. Lorsque le prince Helmut a été mis à mort, personne n’a pu dire que c’était lui. C’est pourquoi j’ai pris son nom, mis un casque et une armure, et j’ai fait semblant d’être lui 24 heures sur 24, » expliqua Zenovia.

 

 

« Mais n’était-ce pas gênant pour vous ? » demanda Wein.

« Pas du tout. L’armure était si légère que même moi je pouvais la porter. De plus, le fait que seuls quelques vassaux choisis connaissaient mon visage était ma grâce salvatrice, et j’ai donc pu continuer à vivre en tant que neveu de Jiva, Zeno, » expliqua Zenovia.

Que signifiait pour ses vassaux le fait de ne pas connaître le visage de leur princesse aînée ?

Dans le fond, Ninym murmura. « La princesse aînée n’a guère fait d’apparitions publiques, rarement vues en raison de sa mauvaise santé. Il y avait même une rumeur selon laquelle elle était décédée. »

« C’était en effet une rumeur. Comme vous pouvez le voir, je suis en bonne santé, » déclara Zenovia.

C’est là que Zenovia semblait se moquer d’elle-même avec une certaine autodérision.

« En vérité, mon Père… Sa Majesté… m’avait sévèrement réprimandé et m’avait fait enfermer dans la villa royale. Ironiquement, c’est pourquoi j’ai été la seule à pouvoir m’échapper, » expliqua Zenovia.

Je vois, pensa Wein. Il connaissait bien l’amour qu’elle avait pour son pays. Il n’était pas difficile d’imaginer que son père enfermerait sa grande fille qui refusait de faire taire sa juste indignation face à son règne corrompu. C’était une histoire parfaitement probable.

En réfléchissant à cela, Zenovia s’était penchée sur la question.

« Prince Wein, puis-je orienter notre réunion vers une discussion sur une alliance ? » demanda Zenovia.

« Bien sûr, c’était mon intention. Je n’ai pas l’intention d’annuler ma promesse antérieure. Nous allons lutter contre Cavarin avec le Front de libération pour libérer la capitale de Marden, » répondit Wein.

« … »

« Quelque chose ne va pas dans ça ? » demanda Wein.

« Pour être parfaitement honnête, je ne sais pas si je dois poursuivre le combat avec Cavarin, » déclara Zenovia.

Non seulement Wein et Ninym, mais aussi Jiva, à côté d’eux, avaient eu l’air surpris.

La princesse continua. « J’ai pensé que si je pouvais juste aller à la capitale de Cavarin et rencontrer les saintes élites, nous aurions peut-être une chance. Que je gagnerais leur soutien si seulement je pouvais attirer leur attention sur notre détresse et sur la barbarie de Cavarin. Mais j’ai été beaucoup trop naïve. J’étais aussi préoccupée que possible par ma nation, mais je n’avais aucune des compétences requises pour la diriger. »

Zenovia avait pensé aux saintes élites qu’elle avait rencontrées dans la capitale de Cavarin. Chacun d’entre eux était plein de volonté. Et juste devant elle, elle le sentait aussi venir de Wein.

« Comment puis-je reprendre la capitale de Marden et faire revivre la nation ? Comment puis-je lutter contre des individus comme vous ? Même si je prétendais être Helmut au départ, je ne sais pas combien de temps je pourrai continuer cette mascarade, » déclara Zenovia.

« … »

« Et si les efforts du Front de libération ne faisaient que nuire inutilement aux citoyens ? C’est ma plus grande crainte. » Zenovia avait alors souri. Elle était un peu peinée. « Qu’en pensez-vous, prince Wein ? Pouvez-vous persuader quelqu’un comme moi ? »

Tous les yeux dans la pièce s’étaient tournés vers Wein. Il se tut un instant en réfléchissant.

« Zeno. » Wein l’avait intentionnellement appelée par ce nom. « D’abord, vous devriez corriger cette attitude arrogante. »

« Hein !? » Zenovia avait cligné des yeux en signe de surprise. « Pensez-vous que je suis arrogante… ? »

« Protéger les citoyens impuissants ? Les guider ? C’est de l’arrogance, comme je n’en ai jamais vu. Si vous me demandez, les citoyens peuvent vivre seuls, sans roi ou autre, » répliqua Wein.

Tout le monde dans la salle avait l’air stupéfait. Wein les avait tous affrontés et avait développé sa théorie.

« Ne regardez pas de haut vos gens, Zeno. L’autorité est une illusion, et chaque citoyen a la volonté et la capacité de tuer un roi. C’est pourquoi les rois gouvernent d’une main prudente, et leurs sujets continuent à observer si ce roi leur apporte un quelconque avantage. Ce n’est pas une voie à sens unique. Il doit y avoir un bénéfice mutuel pour construire ce que nous appelons un pays, » continua Wein.

« … »

« C’est pourquoi, Zeno, vous devez utiliser les gens autant que possible pour atteindre vos propres objectifs. Après tout, les gens vont vous tordre le cou à la poursuite des leurs. Je vais le dire pour qu’il n’y ait pas d’erreur : la vraie nature des relations entre un roi et ses sujets n’est rien d’autre que de la complicité, » acheva Wein.

Wein avait terminé son explication puis il avait regardé Zeno. Ses yeux semblaient lui demander : « Alors, qu’est-ce que tu vas faire ?

« … Puis-je vraiment le souhaiter ? Reprendre Marden ? La libérer de l’emprise de Cavarin ? » demanda Zenovia.

« Naturellement, » déclara Wein. « Faites en sorte que vos gens se battent et reprennent ensemble Marden. Vous pourrez vous préoccuper du gouvernement et de tout le reste une fois que ce sera réglé. Même si vous n’avez pas les compétences nécessaires maintenant, les gens peuvent changer. Même si vous échouez, vous mourrez ou serez la cible de critiques. Et il n’y a pas beaucoup de différence entre les deux. Il est inutile de s’inquiéter d’une erreur de calcul. »

« … Je suis certaine que vous êtes le seul sur le continent à pouvoir appeler cela une erreur de calcul, Prince Wein. » Zeno avait souri avec ironie. Contrairement à avant, elle semblait plus détendue. « Merci. Vous avez effacé toutes mes craintes. Je vais affronter Cavarin pour réaliser mon souhait. »

« Ça ressemble à un plan… Alors, dans ce cas, résolvons un dernier problème, princesse Zenovia. Il s’agit de votre déguisement d’Helmut, » déclara Wein.

« Avez-vous un plan quelconque ? » demanda Zenovia.

« Bien sûr. En fait, c’est simple. — N’est-ce pas, Prince Helmut ? » répondit Wein.

Hein ? Zenovia avait l’air confuse.

Wein souriait.

« Je comprends votre inquiétude. Une fois que vous aurez affronté Cavarin, il y aura toujours une faible chance que quelque chose se produise. Mais même si vous échouez, vous avez toujours la princesse Zenovia à confier à notre nation, » déclara Wein, comme s’il jouait dans une pièce de théâtre.

Zenovia frissonna. Après tout, elle comprenait ses intentions.

« Si ce moment arrive, je ferai de mon mieux pour mettre la princesse Zenovia sur le trône. Il y aura une certaine opposition à une reine au pouvoir, mais avec le soutien de ma nation, ce sera fait, » déclara Wein.

« Prince Wein, vous…, » commença Zenovia.

Le prince Helmut allait mourir officiellement lors de la prochaine bataille contre Cavarin. Selon l’histoire, Zenovia, qui avait été confiée aux soins de Natra, s’élèverait comme le véritable successeur de Marden. Elle serait ainsi libérée de son apparence de Helmut.

Si elle acceptait ce plan, la coopération de Natra serait essentielle pour son ascension au trône, et il serait probablement difficile de défier leurs souhaits à partir de maintenant.

« Quoi ? Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. — Nous sommes amis, non ? » Wein avait réprimandé Zenovia, qui était devenue plus timide.

Puis il avait complètement changé et avait poursuivi les négociations sur ses propres intérêts nationaux. Même après qu’ils aient repoussé Cavarin et que le royaume de Marden ait été ressuscité, il était sûr de profiter de leur instabilité politique.

Zenovia ne pensait pas qu’il était vague ou évasif. Elle avait plutôt le sentiment qu’elle comprenait son caractère. Ce prince nommé Wein était gentil et traitait tout le monde de la même façon en toutes circonstances.

« … Prince Wein, puis-je soulever un dernier point ? » demanda Zenovia.

« Dites-le, » déclara Wein.

« Tout à l’heure, vous avez traité la Sainte Élite de tas de faux-semblants, mais vous n’êtes vraiment pas mieux, » déclara Zenovia.

Wein avait haussé les épaules. « Je prends ça comme un compliment. »

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4 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. amateur_d_aeroplanes

    Désinformation et manipulation… Avec lui, les livres d’Histoire ne sont que des contes 🤣

    • L'inconnu Nantais

      J’adore ce genre de personnage qui n’ont rien du preux chevalier type paladin en armure etincelante qui défend la veuve et l’orphelin.

  3. Merci pour le chapitre.

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