Acte 5
Partie 10
« Ouf. On dirait qu’ils ont mordu à l’hameçon. » Alors qu’il regardait le jeune homme aux cheveux roux sauter dans la rivière, Yuuto avait poussé un soupir de soulagement.
Il avait entendu l’histoire de Tokugawa Ieyasu se salissant lui-même après que Takeda Shingen l’ait poursuivi dans la bataille de Mikatagahara, alors il pensait qu’il avait été préparé à ça. Mais il n’avait jamais imaginé qu’une retraite de combat était si angoissante. C’était bien pire que ce qu’il pensait.
« Beau travail, Yuuto ! » Albertina l’avait appelé en lui offrant une tasse d’eau obtenue à partir de l’estomac séché d’un mouton. Félicia étant partie, elle avait proposé d’être son garde du corps à sa place.
Yuuto avait pris la tasse et avait englouti avidement son contenu, puis s’était effondré dans un char.
« Je ne veux plus jamais aller à la pêche, » soupira-t-il en étirant ses membres.
Ils avaient utilisé « l’ermite pêcheur » — une stratégie où les forces d’une armée étaient divisées en trois parties. L’une d’elles devait battre en retrait devant les forces ennemies en servant comme appât, puis les attirait à l’endroit où les deux autres les attendaient. Puis le reste de l’armée les encerclera et les exterminera.
Cette stratégie aurait été inventée et mise en pratique par Shimazu Yoshihisa pendant la période des États belligérants du Japon.
Il y avait d’autres stratégies similaires dans le monde entier. Les Mongols auraient été maîtres dans l’utilisation de fausses retraites pour encercler et détruire l’ennemi.
La stratégie qu’il avait choisie pour cette bataille était une adaptation de cela.
De la façon dont Yuuto le voyait, la clé de la stratégie de l’ermite pêcheur se trouvait dans l’appât. S’ils couraient trop tôt, l’ennemi sentirait un piège. Ce n’était qu’après une vraie bataille que vous pouviez faire sentir à l’ennemi qu’il vous avait vraiment battu. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’ils n’auraient aucune idée qu’ils tombaient dans un piège soigneusement tendu.
À ce moment-là, toute incongruité ressemblerait à une coïncidence, quelque chose que l’on pourrait facilement ignorer quand on appuya sur la touche pour « tuer ».
Cela semblait facile, mais une retraite d’un combat pour attirer l’ennemi était extrêmement difficile. Toute retraite pourrait facilement se transformer en déroute totale.
Ce n’était que parce qu’ils étaient dirigés par Skáviðr, un homme qui avait vécu beaucoup de retraites de ce genre dans sa vie, et parce que l’accent mis sur les lois donnait au Clan du Loup un degré de cohésion qui était impossible à cette époque, qu’ils pouvaient même espérer y arriver.
« “Ne montrez jamais votre carte d’atout d’abord. Et si c’est le cas, assurez-vous d’avoir quelque chose d’autre dans votre manche,” » Yuuto s’était mis à cité pour lui-même. « C’est un bon conseil. »
C’était une réplique d’un manga populaire d’avant la naissance de Yuuto. C’était encore quelque chose que vous pouviez beaucoup trouver sur internet, et Yuuto l’avait vu plusieurs fois.
Il était vrai que la tactique « le Marteau et l’Enclume » était bien au-delà de toute autre tactique utilisée à l’heure actuelle. C’était Yuuto qui était en vérité l’atout du Clan du Loup.
Mais il n’y avait pas de garanties absolues dans ce monde. Vous ne pouviez jamais savoir comment une bataille allait se dérouler. S’il utilisait la même tactique encore et encore, l’ennemi finirait par trouver un moyen de s’y opposer.
Donc, au cas où, il avait pensé à une autre carte pour la mettre dans sa manche.
Une autre raison pour laquelle le plan avait été couronné de succès était la confiance absolue de ses soldats en lui, mais Yuuto ne s’en était pas encore rendu compte à cette époque.
« Très bien, je suppose qu’il est temps de mettre fin à tout ça », avait-il dit. « Tout le monde est-il prêt ? »
L’armée du Clan de la Foudre était aux trois quarts de l’autre côté de la rivière, et ils semblaient avoir presque atteint l’autre côté.
Cependant, le sourire sur le visage de Steinþórr avait soudain été remplacé par un regard empli de tension.
L’ennemi devait avoir creusé des tranchées, parce que l’infanterie légère était apparue de nulle part de l’autre côté, tenant d’étranges arcs dans leurs mains. Puis ils avaient commencé à faire pleuvoir des flèches sur les forces du Clan de la Foudre alors qu’ils traversaient la rivière.
« Tch ! » Steinþórr avait grogné alors qu’il fait tourner son marteau en cercle, empêchant la pluie de flèches de le frapper.
Mais les chevaux devant lui n’avaient pas eu autant de chance. On leur avait donné une armure pour cheval pour bloquer les flèches, mais celles-ci ne pouvaient pas arrêter les flèches en fer.
Avec un cri de mourant, ils étaient tombés dans la rivière sans jamais se relever.
« Gyah ! »
« Gfwah ! »
Les soldats du Clan de la Foudre derrière lui avaient crié en raison de l’agonie présente partout.
Steinþórr avait saisi fermement son marteau et il avait fait inconsciemment grincer ses dents.
« Il a tendu une embuscade pendant qu’on les poursuivait... C’était une erreur d’avoir baissé ma garde devant ce spectacle. Mais tes vieilles tactiques ne peuvent pas m’arrêter maintenant ! » Steinþórr avait crié en sautant en avant de son char, atterrissant sur le dos de l’un de ses chevaux tombés au sol et sautant de nouveau vers l’avant.
Il avait parcouru une distance aussi importante que la hauteur de trois ou quatre hommes en un seul bond, atterrissant fermement de l’autre côté.
« Maintenant, il est temps pour vous de payer pour avoir massacré mes hommes à distance comme des lâches ! Et vous allez payer de vos vies ! » cria le roux.
Les archers du Clan du Loup se figèrent de peur devant le hurlement du tigre, et ils ne firent pas le prochain tir. Ils étaient complètement dépassés par l’intensité de son aura.
« Hmph. Vous ne respectez pas exactement les règles, n’est-ce pas, Dólgþrasir ? » demanda l’homme aux cheveux longs, qui réapparaît devant lui.
« Hmm ? Tu ne vas plus t’enfuir, n’est-ce pas ? » Les lèvres de Steinþórr étaient devenues un sourire.
« Correct. Mon maître m’a donné l’ordre de vous arrêter ici. » Skáviðr avait baissé sa lance et avait chargé sur son cheval en plein sur Steinþórr.
Alors qu’il chargeait, son cheval commençait à se déplacer de plus en plus vite. C’était exactement ce que Steinþórr voulait.
« Penses-tu que tu peux faire ça ? » Le sourire de Steinþórr était celui d’une bête carnivore. Cet ennemi le fascinait, mais l’homme s’était déjà échappé deux fois, et il commençait à se sentir frustré. Il était très heureux de voir son ennemi venir à lui.
« Haha ! »
La lance était arrivée à la vitesse de l’éclair, mais Steinþórr avait attendu jusqu’au dernier moment pour esquiver, puis l’avait saisi par la poignée et avait fait tomber son marteau.
La lance de Skáviðr, qui avait survécu à tant d’attaques de Steinþórr, s’était facilement brisée.
Steinþórr avait jeté les restes de la lance qu’il tenait par-dessus son épaule et avait ri. « J’ai appris à contrer tes techniques. Il en faudra plus comme toi pour m’arrêter. »
« Ouais, je n’ai jamais pensé que je pourrais combattre un monstre comme vous seul, » répondit Skáviðr.
« Euh !? »
Alors que Skáviðr souriait, Steinþórr avait vu une femme qu’il reconnaissait derrière lui. Une valkyrie d’argent, tenant une épée bien au-dessus de sa tête. Elle le chargeait sur un cheval noir comme le charbon.
« Steinþórr ! Je suis venue vous faire rembourser pour la façon dont vous vous êtes moqué de moi ! » cria Sigrun.
« Haha ! Trop facile ! » Steinþórr avait facilement esquivé son attaque, mais quand il avait voulu la frapper après qu’elle soit passée derrière lui, ce qui ressemblait à un serpent noir l’avait fouetté et s’était enroulé autour de son marteau.
« Est-ce que ça irait si je participais aussi au jeu ? » Une fille avec de longs cheveux dorés et des vêtements amples qui semblaient n’avoir rien à faire sur un champ de bataille montait un cheval et tenait un fouet dans une main.
Il l’avait reconnue. C’était la fille qui se tenait à côté du patriarche du Clan du Loup. La force qui tirait sur son marteau était beaucoup plus grande que les bras minces d’une fille ne pouvaient produire. C’était clairement une Einherjar.
« Gaah ! Lâchez-moi ! » cria-t-il.
« Oh, mon Dieu, comme c’est dangereux, » déclara la nouvelle arrivante.
Pendant qu’il tirait fort sur le marteau, la fille avait laissé le fouet se détendre et se relâcher. Peut-être qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas le battre dans une épreuve de force pure.
Mais Skáviðr avait profité de l’ouverture ainsi créée pour tirer et frapper avec la lame se trouvant avant ça à côté de lui. Et de l’autre côté, Sigrun avait frappé avec sa propre épée.
« Gwaaaah ! » Steinþórr avait gémi de douleur, car il avait été attaqué à la fois par le nouveau et l’ancien Mánagarmrs. Même lui avait été forcé de se placer sur la défensive contre ces attaques féroces.
Mais alors l’indomptable tigre qu’était le patriarche du Clan de la Foudre s’était mis à rire. « Ha ! Vous êtes trois, et c’est le mieux que vous pouvez faire !? »
« Qui a dit qu’on n’était que trois ? »
« Gwah !? » Steinþórr avait entendu le son de quelque chose sifflant dans l’air, et il avait rapidement fait bouger son corps. Il avait senti que quelque chose avait caressé ses joues.
« Ne nous oublie pas non plus, » le jeune homme à l’arc avait déclaré ça. « Nous avons une très vieille dette à vous faire rembourser. »
C’était le jeune homme qui lui avait déjà tiré des flèches de l’autre côté de la rivière. Haugspori, et il lui parlait.
Trois chariots étaient passés devant l’archer.
Ils avaient des lances attachées à leurs roues et ils avaient découpé tous les soldats du Clan de la Foudre qui avaient traversé la rivière.
Il avait reconnu la fille aux cheveux roses dans le char du milieu. Il s’agissait de la jeune patriarche du Clan de la Corne. Les deux hommes à ses côtés étaient musclés et très solides. Tous deux avaient des runes brillantes sur leur épaule gauche. Les quatre Einherjars du Clan de la Corne, les Brísingamen, étaient tous là.
« Vous êtes contre sept Einherjar », ricana Skáviðr. « Avez-vous toujours envie de rire ? »
Même s’il gloussait, Skáviðr n’arrêtait pas d’attaquer.
« Ngaaaaaaaah ! »
« Laissez-moi vous dire quelle est votre plus grande faiblesse. Vous voyez, vous êtes trop fort. Vos alliés derrière vous ne peuvent pas suivre, n’est-ce pas ? » Skáviðr avait raison.
L’eau n’était pas si profonde, mais elle montait jusqu’à la taille d’un homme. Et ils avaient également été exposés à une grêle de carreaux d’arbalète. La plupart des membres de l’armée du Clan de la Foudre avaient de la peine à avancer. Et tous ceux qui traversaient la rivière seraient confrontés aux chars des Einherjars.
Steinþórr avait été complètement coupé du reste de ses forces.
Avec un hurlement, l’homme mince du Clan du Loup avait lancé une attaque latérale.
Il était sur le point de le bloquer avec son marteau lorsqu’un frisson s’était abattu sur sa colonne vertébrale. C’était son instinct qui parlait. Steinþórr l’avait écouté en pliant son corps sur le côté, et la lame de la guerrière d’argent du Clan du Loup s’était élancée à travers l’espace qu’il avait fait.
Il avait bloqué la lame passant à côté de lui avec son bras et avait essayé de la faire tomber de cheval en faisant un virage serré, mais une flèche venant de son côté l’avait forcé à lâcher prise et cela l’avait repoussé.
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Merci pour le chapitre et bonne continuation!
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