Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 12 – Chapitre 5 – Partie 6

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Chapitre 5 : Acte 5

Partie 6

« Ça vient, ça vient, ça vient, ça vient — ! »

Erna, chef de l’escadron d’assaut spécial du Clan de l’Épée, qui avait été chargé de l’aile droite de l’armée de l’Alliance des Clans Anti-Acier, s’était penchée en arrière et avait crié vers les cieux.

Elle avait senti un puissant esprit de combat se développer dans son cœur.

Elle avait senti une force débordante dans chaque partie de son corps.

Elle avait l’impression qu’elle pouvait gagner contre n’importe qui en ce moment.

« Woooo ! Ernaaa ! Je suis aussi prête à y aller ! »

Hrönn hurla également d’excitation et positionna son arme ver le haut — une lance géante qui ne correspondait pas du tout à sa petite taille.

Il n’y avait plus aucune trace d’infantilisme en elle. En ce moment, elle ressemblait à une bête affamée prête à trouver et à dévorer sa proie.

« Vous êtes toutes les deux plus simples d’esprit que jamais. Vous vous perdez toujours dans le pouvoir du Maître. »

Thír porta une main à sa joue et laissa échapper un soupir déçu.

Cependant, malgré ce qu’elle disait, ses yeux abritaient également une lumière dangereuse, presque violemment affamée.

Sa langue était sortie, léchant sa lèvre supérieure.

« Rappelez-vous juste que ce pouvoir est une arme à double tranchant pour son utilisateur. C’est pourquoi nous devons terminer les choses ici aussi vite que possible. Allez, vous deux ! »

« Bien ! »

Les trois Einherjars avaient mené l’aile droite à la charge et, comme une vague, ils s’étaient écrasés sur le flanc gauche de l’armée du Clan de l’Acier.

« Hm, j’ai l’impression que mon cœur est porté par une puissante excitation. Je me sens aussi physiquement énergisé, comme si j’avais accès à un puits de force sans fond. Mais, honnêtement, je n’aime pas ça. »

Au même moment, dans l’aile gauche, Sígismund fixait son poing serré, l’expression tordue d’agacement.

Il était le patriarche du Clan du Croc, le fier dirigeant de sa nation.

Il était destiné à faire en sorte que les gens le servent, pas à suivre les ordres de quelqu’un d’autre.

Et pourtant, il y avait une puissance qui agissait sur son cœur, le poussant à se battre indépendamment de sa propre volonté.

Il ne pouvait penser à rien de plus vexant que ça.

Grâce à la volonté de fer de Sígismund et à sa fierté inébranlable en tant que patriarche du clan, il avait pu garder la tête froide, mais on ne pouvait pas en dire autant des soldats sous son commandement.

« Wôwaaah ! Dépêchez-vous et laissez-moi me battre ! »

« Tuez, tuez, tuez ! »

« Je vais tuer tous les membres du Clan de l’Acier jusqu’au dernier ! »

Ce n’était plus un simple esprit de combat qui les animait, mais une violente soif de sang qui semblait jaillir d’eux.

Il était difficile de croire qu’il s’agissait des mêmes hommes qui, il y a quelques instants à peine, tremblaient de peur devant les bombes de tonnerre que le Clan de l’Acier leur lançait.

Ils étaient, de l’avis général, une armée totalement différente en ce moment.

Cela aussi avait agacé Sígismund.

C’étaient ses enfants sous serment, et leurs enfants sous serment.

En tant que patriarche, voir leurs cœurs si facilement manipulés par une puissance extérieure était tout sauf agréable.

« Pourtant, il est indéniable que nos chances de victoire sont incroyablement minces sans compter sur les effets de ce “pouvoir” ridicule. Tch… Je déteste tout ce qui se passe ici. »

Sígismund maudit amèrement et fit claquer sa langue en signe de frustration.

Même s’il ne l’admettait pas à voix haute, il était aussi incroyablement agacé par la façon dont il avait été amené à voir, grâce à cette guerre, à quel point il avait surestimé son importance par sa propre ignorance.

Le régénérateur du Clan de l’Acier, Suoh-Yuuto.

Le patriarche du Clan de l’Épée, Fagrahvél.

Comparé à eux, Sígismund était insignifiant.

Cette pensée continuait à remonter à la surface de son esprit, malgré tous ses efforts pour essayer de l’enfouir.

Il secoua violemment la tête pour faire le vide dans son esprit et cria à ses hommes.

« Très bien, les gars, soyez tous attentifs ! Nous allons montrer au Clan de l’Acier à quel point les guerriers du Clan du Croc sont terrifiants ! »

« Yeeeaaaaaahhhh ! »

Comme s’ils n’attendaient que ces mots, les soldats du Clan du Croc s’étaient mis à pousser des cris de guerre et s’étaient lancés vers le flanc des forces du Clan de l’Acier.

Une flèche s’était envolée depuis les lignes du Clan de l’Acier, transportant une bombe de tonnerre qui avait explosé en s’approchant d’eux.

Plusieurs personnes se trouvant près du cœur de l’explosion avaient été projetées par le souffle, souffrant de brûlures douloureuses.

Cependant, c’était le seul dommage qu’ils avaient subi. À ce stade, ce n’était rien pour eux.

Les autres soldats ne s’étaient pas montrés inquiets et avaient continué à se précipiter en avant, déferlant comme une vague vers les lignes du Clan de l’Acier.

Le son d’une autre volée avait rempli l’air. Cette fois, une multitude de flèches volaient directement sur eux.

Il s’agissait de flèches au pouvoir de pénétration si puissant qu’elles pouvaient traverser entièrement des boucliers en bois sans grande résistance.

Ces flèches terriblement destructrices avaient été tirées sur eux sans pause.

Cependant, même si ces flèches leur transperçaient le corps en plusieurs endroits, les soldats continuaient leur charge sans broncher.

Bien sûr, ceux qui avaient subi des blessures mortelles n’avaient pas pu continuer à courir très longtemps. Ils avaient fini par s’effondrer sur le sol, sans bouger.

Cependant, jusqu’à ce dernier instant, ils avaient dépensé leur dernière énergie à servir de bouclier humain aux soldats qui couraient derrière eux.

Une fois qu’ils avaient traversé la tempête de flèches, les soldats avaient alors été confrontés à un mur fait de métal sombre qui brillait faiblement dans la lumière.

Le fait que leurs ennemis aient préparé une chose aussi incroyable était un peu impressionnant. Mais même ainsi, cette barrière n’était pas du tout haute comparée aux murs du château de Dauwe.

Les soldats du Clan du Croc s’y précipitèrent et utilisèrent le dos des hommes devant eux comme point d’appui pour grimper et saisir le rebord supérieur. L’un après l’autre, ils avaient escaladé le mur de métal.

À l’instant où l’un d’entre eux avait remonté son corps sur le rebord, une lance avait jailli de derrière le mur, le poignardant et le renvoyant au sol.

Pour les soldats du Clan du Croc d’il y a quelques minutes, après avoir été si sévèrement repoussés par ces défenses de fer, ils se seraient demandés comment ils pourraient passer, et auraient probablement eu le moral brisé.

Cependant, à cet instant, aucun d’entre eux n’avait montré une once d’hésitation ou de doute.

Le Clan du Croc n’avait cessé de poursuivre son attaque.

« Argh… Ok, ça pourrait être un peu mauvais. »

Yuuto avait froncé les sourcils et avait gémi.

Techniquement, l’armée du Clan de l’Acier était toujours en train d’avancer, dominant la compétition entre les deux camps… mais quelque chose semblait très étrange ici.

Dans la guerre, la victoire et la défaite étaient déterminées par l’élan de la bataille.

Ne pas tenir compte des pertes ou des chances écrasantes — refuser de se rendre et se battre courageusement jusqu’au dernier homme — ce genre de situation n’existait pas sur un vrai champ de bataille.

La plupart des soldats de l’armée d’un clan étaient recrutés dans les différents villages et villes agricoles de son territoire.

La loyauté de ces recrues n’était pas vraiment profonde. S’il leur apparaissait que leur camp allait perdre, ils se retournaient brusquement et fuyaient pour sauver leur peau, se dispersant comme des graines de pissenlit au vent.

C’est ce qui est étrange ici — ces conventions ne semblent pas s’appliquer du tout.

Les rangs de l’ennemi ne montraient aucun signe de rupture.

La différence de puissance entre les deux camps était claire comme le jour. Même les hommes les moins expérimentés de leur rang auraient rapidement compris qu’ils n’avaient aucune chance de gagner. Mais aucun d’entre eux ne s’était tourné vers la fuite.

« Bon sang, en fait, ils se défendent encore plus fort qu’avant… ! »

Yuuto recevait rapidement de plus en plus de rapports de ses escouades de première ligne qui affirmaient que les troupes ennemies avaient « changé » d’une certaine manière. Elles se battaient comme si elles avaient été possédées par une sorte d’esprit vengeur.

On aurait dit qu’ils n’étaient même plus humains. Même en l’entendant de seconde main, l’image était étrange d’une manière qui donnait la chair de poule à Yuuto.

Cependant, pour l’instant, il importait peu que Yuuto les trouve dérangeants ou non. Ils représentaient une menace certaine, et il fallait s’en occuper rapidement.

Peu importe combien d’entre eux avaient été tués, ils ne cesseront jamais de venir.

Quelque chose comme ça pourrait facilement user l’esprit d’une personne si ce n’était pas contrôlé.

Pour commencer, l’armée du Clan de l’Acier luttait déjà contre toute la fatigue accumulée au cours de leur marche forcée.

Les encouragements qu’ils avaient reçus avaient remonté leur moral et contribué à leur faire oublier cela, mais c’était comme s’ils étaient retenus par une corde qui avait été tendue. Il y avait de fortes chances que ce moral retombe au moment où quelque chose dans cette bataille les poussait un peu trop fort.

Et, comme si le moment était parfaitement choisi pour ajouter à cette pression, deux autres rapports étaient arrivés avec de très mauvaises nouvelles.

« Seigneur Réginarque ! L’aile droite détachée des forces ennemies a lancé un deuxième assaut sur notre flanc. Même les explosifs n’ont pas été capables de les arrêter cette fois-ci ! »

« C’est la même chose avec leur aile gauche, mon seigneur. Ils ont déjà fait pression jusqu’au Mur des Chariots, et on me dit que nous ne pourrons pas les retenir longtemps si cela continue ! »

« Tch. Alors ça se passe exactement comme je le craignais, » dit Yuuto en claquant la langue en signe de frustration.

La plus grande faiblesse des formations de phalanges était qu’elles étaient vulnérables aux attaques par l’arrière et les côtés.

Afin d’atténuer cette faiblesse, Yuuto avait pris la décision de protéger les flancs de son armée à l’aide de barricades de type « Mur de Chariots », où des soldats sur leurs bords lançaient des bombes tetsuhau pour effrayer et étourdir l’ennemi, tandis que des arbalétriers derrière eux lançaient des flèches en continu en utilisant des tirs de volée à trois rangs.

Cette configuration devait permettre à une petite partie de ses hommes d’empêcher les soldats ennemis de se rapprocher de ses flancs, mais il commençait à être difficile de savoir combien de temps ils seraient capables de maintenir cette situation.

Dans tous les cas, au rythme où allaient les choses, il y avait une très forte probabilité que la formation du Clan de l’Acier soit encerclée — et par la suite écrasée — bien avant qu’elle ne puisse percer la ligne défensive centrale de l’ennemi.

« Grand Frère, si ça continue comme ça, on est foutu ! Que devons-nous... Ah !? »

Avant que Félicia ait pu finir de formuler sa question, elle s’était arrêtée et avait haleté.

L’aura autour de Yuuto s’était transformée.

Chaque fois que Félicia avait été témoin de ce changement et qu’elle avait ressenti la force écrasante de la présence et l’incroyable pression qu’il projetait, elle s’était toujours trouvée incapable de s’empêcher de frissonner — moitié par peur, moitié par plaisir.

Le lion rugissant dans son cœur s’était réveillé. Ici se tenait le futur conquérant de ce monde.

« Il semblerait que je n’ai plus d’autre choix que de devenir sérieux avec eux aussi. »

« Merveilleuses nouvelles ! Il semblerait que l’escouade de Hrönn sur l’aile droite ait enfin réussi à franchir la barricade de chariots de l’ennemi et qu’elle s’enfonce dans leur formation au moment où nous parlons ! »

« Je… Je vois… Donc Hrönn a réussi… dans sa mission. »

Alexis avait livré son rapport avec excitation, et si Fagrahvél n’avait pu répondre qu’entre deux halètements, ce fut avec un léger sourire.

Hrönn était la plus jeune membre des Demoiselles des Vagues, mais même parmi les nombreux guerriers forts et courageux du Clan de l’Épée, elle était, au moins, parmi les trois premiers en termes de valeur au combat.

Alors qu’Erna était une Einherjar dont les pouvoirs étaient concentrés sur l’amélioration de la force de ses jambes, Hrönn était une Einherjar dont les pouvoirs étaient concentrés dans ses bras.

Il est fort probable qu’elle ait utilisé ses bras incroyablement puissants pour ouvrir une brèche dans le mur de chariots de l’ennemi.

Les fortifications étaient faites de chariots, naturellement, ces chariots avaient été amenés sur des roues.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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