Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 12 – Chapitre 4 – Partie 5

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Chapitre 4 : Acte 4

Partie 5

Jusqu’à il y a quelques instants, l’ennemi était totalement caché, dissimulant sa présence. De ce fait, ils n’avaient pas encore pu encercler complètement le groupe de Thír. De petites ouvertures subsistaient encore.

Toutes les trois s’étaient faufilées rapidement et habilement à travers ces ouvertures, échappant ainsi au filet.

« Ne croyez pas que je vais vous laisser vous échapper ! Mes hommes, attrapez-les ! »

Au commandement de Hveðrungr, ses soldats s’étaient tous rapidement mis en chasse.

Même s’ils n’étaient pas à cheval, ils possédaient tous une force impressionnante au niveau des jambes, et ils s’étaient lancés à la poursuite à grande vitesse.

Thír et Hrönn étaient toutes deux des Einherjars, mais elles n’avaient pas la force surhumaine des jambes qu’avait Erna.

Elles n’avaient pas pu se libérer complètement de leurs poursuivants, et alors qu’elles couraient de plus en plus loin, leur manque de familiarité avec le plan de la ville avait été leur perte.

« Ah ! Un cul-de-sac !? »

L’une des routes qu’elles avaient empruntées menait droit à un mur solide.

Le chemin qu’elles avaient emprunté était déjà encombré de soldats qui leur bloquaient le passage, alors revenir en arrière jusqu’à la dernière intersection n’était pas une option.

« A-t-on fini de jouer à notre petit jeu de chasse maintenant ? »

L’homme masqué se faufila entre les soldats qui bloquaient l’entrée des trois Einherjars et s’avança devant eux.

« Oui… il semble que c’est le cas. »

Thír répondit lentement, s’efforçant de rétablir sa respiration et de reconstituer un peu d’endurance.

Efforcez-vous à tout moment de vous placer dans la meilleure condition possible, la mieux préparée.

C’était le credo du guerrier que Thír suivait, et qu’elle avait enseigné à Erna et à ses autres élèves.

« Je suis… impressionnée que vous ayez compris notre plan. Vous saviez qu’on s’était cachés parmi vous, qu’on était entrés dans la ville et qu’on allait essayer d’ouvrir la porte. »

« Héhé, c’est parce que j’ai appris que la personne qui commande vos armées a un sacré goût pour les stratégies et les astuces rusées. Je me suis rendu compte que le simple fait de nous rassembler ici avec tous les autres à Vígríðr était trop simple — il manquait une touche d’élégance. Et c’est là que ça m’a frappé. Vous voyez, j’ai moi-même utilisé ce même plan à Gashina. »

« Je vois. »

Et donc, Hveðrungr avait utilisé cette connaissance pour organiser une embuscade, un acte de vengeance qui reflétait délibérément ce qu’il avait subi jusqu’à présent.

Il avait une personnalité vraiment tordue.

« Oh, au fait, si vous en avez l’occasion, j’aimerais que vous transmettiez un message à cette personne de ma part. Dites-lui qu’il y a un dicton amusant venant d’un pays lointain qui dit : “L’astucieux est la proie de son propre piège.” En supposant que vous en ayez l’occasion, bien sûr. »

« … Je m’en souviendrai, juste au cas où. »

« Maintenant, je pense que nous avons assez plaisanté. Je suppose que vous n’avez pas envie de vous rendre ? Je suis sûr que vous retenir toutes les trois sera une vraie lutte pour moi, et je ne veux certainement pas perdre de bons hommes dans le processus. Ce serait tout simplement stupide. Je peux vous promettre que si vous vous rendez maintenant, vous serez traitées assez gracieusement. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

Hveðrungr avait écarté les bras et avait pratiquement murmuré ces derniers mots avec un sourire joyeux.

Sa gentillesse affectée le rendait encore plus rebutant.

S’il faisait exprès de produire cet effet, alors il avait vraiment une personnalité tordue. Thír avait de plus en plus l’impression que cet homme apprécierait probablement de converser avec Bára.

« Cependant, si vous choisissez de vous battre… Dans ce cas, oh, j’espère que vous êtes préparées à la douleur. Après tout, il y a tellement de secrets que nous devons vous soutirer… par exemple, comment avez-vous été capable de suivre la position et les mouvements de mes hommes et moi ? »

L’homme masqué montra enfin son vrai visage, ses lèvres se retroussant en un rictus. Il n’était guère plus qu’un démon masqué maintenant.

« Donc, c’est ce que vous cherchez. »

Savoir que l’ennemi s’infiltrait dans la ville, et le laisser faire quand même, c’était faire un pari assez sérieux et risqué. En d’autres termes, il avait dû considérer qu’il valait la peine de prendre ce risque afin de percer le mystère qui le frustrait.

Et, en fait, il avait largement raison dans son jugement.

Sans faire quelque chose pour atténuer l’avantage de cette « puissance », le Clan de l’Acier n’avait sûrement aucune chance de victoire.

Cet homme était intellectuellement vif, avant-gardiste, courageux, fort dans un combat, et audacieux par-dessus le marché.

Même en tant qu’ennemi, Thír le trouvait impressionnant.

Cependant, elle savait aussi que lorsqu’il s’agissait d’intelligence vraiment aiguisée et rusée, il y avait un démon encore plus redoutable que lui.

« Héhé, je m’excuse de vous interrompre pendant que vous êtes occupé à vous féliciter, mais êtes-vous vraiment sûr que c’est bien pour vous d’être ici en ce moment ? »

« Quoi ? » Hveðrungr la regarda avec suspicion.

C’est à ce moment-là que c’est arrivé.

Le bruit fort et métallique des gongs de guerre en bronze résonnait dans l’air.

« Non… ce n’est pas possible… »

Il semblerait que cet homme était vraiment un malin.

En quelques secondes, il avait déjà commencé à comprendre ce qui se passait en ce moment.

Voyant cela, Thír décida qu’elle allait parler et prouver que son hypothèse était correcte.

« Oui, c’est vrai. Nous trois étions une diversion. Nos ordres étaient d’essayer d’ouvrir la porte nous-mêmes si nous le pouvions, et si nous échouions, d’attirer les forces ennemies loin de la porte, permettant à quelqu’un d’autre de l’ouvrir. »

« Grrgh… »

L’homme masqué se mordit la lèvre inférieure dans ce qui semblait être une frustration douloureuse.

Voir ce genre d’expression sur un homme qui avait une confiance absolue en son propre pouvoir était un vrai régal.

Et donc, Thír avait décidé de remuer le couteau dans la plaie pour son propre plaisir.

« Le moment même où vous nous avez découvertes et où vous étiez sûrs d’avoir lu tout ce que nous avions prévu, que vous nous aviez surpassé et que vous aviez gagné… c’est exactement le moment où vous avez perdu contre nous. Oh, c’est vrai. Récemment, j’ai appris de quelqu’un une phrase pratique pour décrire une telle situation. Quelle était cette phrase… ? Oh, “L’astucieux est la proie de son propre piège.” Je crois que c’est comme ça que ça se passe ? »

C’était une intense moquerie.

Ce côté sadique de Thír était la raison pour laquelle Erna et Hrönn avaient si peur d’elle.

C’est parce qu’elle savait comment dire des choses qui allaient droit au cœur d’une personne.

« Khh… ! Tuez-les ! Tuez-les jusqu’au dernier, et faites en sorte qu’elles souffrent ! »

Hveðrungr avait hurlé de fureur, montrant une fois de plus sa vraie nature.

Thír s’était beaucoup amusée à le tourmenter, mais elle considérait maintenant qu’elle était peut-être allée un peu trop loin.

L’aura de pure méchanceté qui se dégageait de lui était en fait assez incroyable.

Il s’agissait bien de l’homme qui avait auparavant fait d’un clan de nomades une nation puissante contrôlant les terres de l’ouest de Miðgarðr jusqu’à l’ouest d’Álfheimr.

Sa présence était suffisamment intimidante pour que même un vétéran comme Thír grimace.

Il semblait qu’Erna se retenait elle aussi, mais Hrönn, plus jeune et moins expérimentée, était submergée par la pression et semblait complètement terrifiée.

Elles avaient déjà accompli leur rôle. Il devrait être possible d’utiliser leur carte maîtresse maintenant.

« Erna ! »

« Ah… C’est vrai ! »

Dès que Thír avait prononcé son nom, Erna avait passé un bras autour de la taille de Thír et l’autre autour de celle de Hrönn…

Et elle s’était envolée dans les airs.

Bien sûr, Erna n’était pas un oiseau. Elle n’avait pas la capacité de voler.

Cependant, « décoller » était la seule façon dont les spectateurs auraient pu le décrire, car c’est exactement ce à quoi elle ressemblait lorsqu’elle avait sauté dans les airs en utilisant la force surhumaine de ses jambes que lui conférait sa rune.

« Quoi !? »

Même Hveðrungr avait été complètement surpris par la vue.

Et c’était tout naturel qu’il le soit.

Sauter de la rue jusqu’au toit d’un immeuble tout en portant deux personnes était un exploit stupéfiant, quelque chose qu’un être humain ne devrait pas être capable de faire.

Même dans le vaste monde d’Yggdrasil, les deux seules personnes capables d’accomplir une telle chose étaient probablement Erna et feu Steinþórr, le tigre avide de combats.

Même avec le talent de stratège de l’homme masqué, il n’aurait jamais été capable de prévoir une telle méthode d’évasion.

La raison pour laquelle le groupe de Thír avait osé se lancer dans ce plan d’infiltration était précisément parce qu’elles savaient qu’elles avaient cette méthode à utiliser en cas d’urgence.

« Eh bien, on se reverra un jour, Monsieur l’Homme Masqué. »

Thír fit un signe de la main, puis courut sur le toit du bâtiment et sauta au niveau de la rue de l’autre côté.

Naturellement, personne n’avait réussi à la rattraper après ça.

Le son des gongs de guerre en bronze résonnait au loin.

« C’est le signe. On dirait que tous ceux qui se sont faufilés ont réussi à faire leur part du travail. »

Parlant d’une voix exubérante, Bára s’était retournée pour regarder Fagrahvél, qui avait répondu d’un simple signe de tête.

« Une autre mission réussie pour les Demoiselles des Vagues. Maintenant, attention à toutes les troupes ! » Fagrahvél se leva de sa chaise, dégaina son épée et la pointa sur Vígríðr.

« Avancez sur Vígríðr ! Chaaarge ! »

Les beaux traits et la noble apparence de Fagrahvél, qui lui avaient valu le surnom de Seigneur de la beauté, étaient associés à son armure d’or étincelante, et lorsqu’elle brandissait son épée et donnait un ordre, c’était un spectacle pittoresque en effet.

C’était le genre d’atmosphère et d’image qui inspirait la vénération de ses soldats.

« Yeeeaaaahhhh ! »

Les troupes de l’armée de l’Alliance des Clans Anti-Acier avaient poussé des cris de guerre jubilatoires et s’étaient précipitées vers Vígríðr, où le combat avait rapidement éclaté avec les soldats défendant la ville.

Les sons des ordres de campagne aboyés et le cliquetis des armes en métal se répercutaient bruyamment, jusqu’à la formation du commandant, plus loin au milieu de l’armée.

« Hmm, on dirait qu’ils mettent en place un sacré combat. »

Bára avait supposé qu’une fois les portes ouvertes, la ville tomberait facilement, donc c’était un peu inattendu pour elle.

Cette cavalerie était terriblement forte et compétente.

Peut-être qu’ils retardaient les choses en se battant particulièrement fort.

Mais au final, ça ne devrait pas durer longtemps.

Les humains souffraient de fatigue comme toute autre créature vivante, et ils avaient certainement leurs limites.

Le côté défensif n’avait pas d’autre choix que de se battre continuellement sans repos, tandis que le côté attaquant pouvait échanger ses soldats attaquants en vagues alternées.

Il était clair comme le jour lequel d’entre eux avait le dessus ici.

Le flux et le reflux des combats avaient continué toute la nuit, jusqu’à ce que le soleil se lève.

C’était très probablement le moment où les soldats défenseurs devaient atteindre les limites de leurs forces, surtout après avoir combattu sans relâche toute la nuit.

Ce n’était plus qu’une question de temps avant que les défenses de Vígríðr ne tombent, et la ville serait à eux.

Fagrahvél et Bára en étaient toutes deux totalement convaincues.

Et c’est là que c’est arrivé.

« C’est une urgence ! »

Le prêtre impérial Alexis s’était frayé un chemin à travers la formation du commandant, pratiquement en sprintant, en criant d’une voix stridente.

C’était quelqu’un qui était toujours posé et sûr de lui, d’une manière qui rendait difficile de comprendre ses motivations. C’était la première fois que Bára ou Fagrahvél le voyait agir de la sorte.

Que s’est-il passé ?

« L’armée principale du Clan de l’Acier est… elle est déjà presque là ! »

« Qu… Qu… Quoi… !? »

« H-Huuuuh !? »

Face à ce qui devrait être une situation totalement impossible, Fagrahvél et Bára ne savaient plus quoi dire.

Lorsque l’armée de l’Alliance des Clans Anti-Acier avait déclaré la guerre au Clan de l’Acier et commencé l’invasion, Hárbarth avait confirmé, grâce à ses pouvoirs, que le gros de l’armée du Clan de l’Acier se trouvait sur le territoire du Clan de la Foudre, dans la région de Gashina.

Il leur aurait fallu au moins quinze jours de plus pour parcourir la distance entre là-bas et ici. Fagrahvél frissonna et balbutia à voix haute : « Qu’as-tu fait, Dieu de la guerre ? Quelle sorte de magie as-tu utilisée ? »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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