Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 12 – Chapitre 3 – Partie 1

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Chapitre 3 : Acte 3

Partie 1

À peu près au même moment où le Régiment de Cavalerie Indépendante décorait sa jeune histoire de sa première victoire, Yuuto arrivait à cheval à Gimlé, la capitale du Clan de l’Acier.

Il avait voyagé à toute vitesse jour et nuit, et avait atteint Gimlé juste avant ses soldats.

C’était au milieu de la nuit, et malgré le fait que le Réginarque qui régnait sur sept clans était rentré chez lui, il n’y avait personne pour l’accueillir. Les gardes à la porte de la ville avaient été choqués par son arrivée soudaine et inattendue.

Bien sûr, on pouvait dire que c’était normal, car Yuuto était arrivé avant les messagers qui annonceraient son retour.

Yuuto s’était tenu à son entraînement physique quotidien, mais la majorité de son temps était encore consacrée au travail de bureau.

Après s’être forcé à parcourir en un jour et demi une distance qui demanderait à l’infanterie sept jours de marche, il était complètement épuisé. Malgré cela, il utilisa sa volonté pour se maintenir conscient, et après qu’il soit descendu de cheval, Félicia et lui se précipitèrent dans le palais.

« S-Seigneur Réginarque !? »

« S’il vous plaît, attendez, mon seigneur. Mère est actuellement endormie… »

« C’est urgent, et on n’a pas le temps. Laissez-moi passer ! »

Yuuto n’avait pas eu le temps d’expliquer ou de répondre aux questions.

Il passa les gardes à la porte et entra dans la chambre.

« Linéa ! »

« Zzz… Zzz… »

Même lorsqu’il criait son nom, sa douce respiration était la seule réponse.

Chaque jour, elle se levait plus tôt que la plupart des gens pour commencer son travail, et se couchait plus tard que la plupart des gens chaque nuit. Il n’est que logique qu’elle soit une grande dormeuse.

Yuuto n’aurait rien voulu de plus que de la laisser se reposer en paix, mais il n’avait pas ce luxe pour le moment.

« Désolé, Linéa, il faut te réveiller. »

Il attrapa ses épaules et la secoua.

« Nn. Nn... »

« Es-tu réveillée maintenant ? »

« Hm… Héhé, Père… Oh, je t’aime tellement. »

« Bwuh ? »

Cette confession romantique était si abrupte qu’elle avait choqué Yuuto, et pendant un court instant, il oublia la raison pour laquelle il était si pressé.

Il sentit son visage rougir de chaleur.

Bien sûr, ce n’était pas comme si les sentiments de Linéa pour lui étaient une surprise. Son attirance pour lui était quelque chose qu’il ne comprenait que trop bien.

Mais le fait qu’elle murmurait cela alors qu’elle était à moitié endormie lui indiquait à quel point elle gardait ces sentiments dans son cœur, et c’était beaucoup à encaisser.

« Hmph… » À côté de lui, Félicia gonfla ses joues d’un air maussade. « Pour ta gouverne, Grand Frère, moi aussi je pense toujours à toi quand je dors ! »

Pourquoi agis-tu comme ça alors que c’est toi qui nous a piégés, Linéa et moi ? se dit Yuuto. Apparemment, elle avait ressenti le besoin d’être compétitive après avoir vu le visage de Yuuto devenir timidement rouge en réaction à Linéa.

« Nous n’avons pas le temps de discuter de ce genre de choses en ce moment ! Hé, Linéa, réveille-toi ! »

Incapable de supporter l’embarras, Yuuto s’était empressé de recommencer à secouer Linéa.

Enfin, cela avait semblé porter ses fruits, car Linéa avait lentement ouvert les yeux.

« Hn... Père… ? »

« Hey, désolé de te réveiller. Le truc c’est que — mmph !? »

Au moment où ses yeux avaient rencontré les siens, elle l’avait attiré dans une étreinte et avait couvert ses lèvres des siennes.

Et une fois qu’elle avait relâché ses lèvres, elle avait commencé à frotter sa joue contre la sienne.

« Héhé. Père… ♥ ! »

Apparemment, elle était encore à moitié endormie.

D’une certaine manière, c’était beaucoup plus dur à accepter que la confession.

Avec la douce sensation de son corps contre le sien… la façon dont elle communiquait ses sentiments d’adoration pour lui… il ne pouvait empêcher son corps de réagir.

« Hmph ! Eh bien, si tu veux frimer comme ça devant moi, alors je vais devoir me joindre à toi et te montrer que… »

« Ce n’est pas une compétition ! »

 

 

Malheureusement pour Yuuto, il était coincé dans une bataille perdue d’avance, qui avait continué pendant un certain temps jusqu’à ce que Linéa soit, enfin, complètement réveillée.

« P-Pardonne-moi, Père. J’étais tellement sûre que je rêvais encore, et… ! »

Linéa s’était prosternée devant Yuuto pour s’excuser.

Yuuto avait tendu une main pour l’arrêter. « Non, c’est — c’est bon. C’est moi qui suis fautif d’avoir fait irruption ici et de t’avoir réveillée au milieu de la nuit comme ça. Mais plus important encore, quelle est la situation de la guerre ? » Sa voix s’était faite plus pressante et il avait abordé le sujet pour lequel il était venu ici.

Il avait déjà perdu du temps à cause de ce qui venait de se passer. Il n’avait pas l’intention de perdre une seconde de plus pour quoi que ce soit d’autre.

Linéa avait un peu de mal à gérer les surprises, mais son esprit travaillait incroyablement vite. En un rien de temps, son expression était passée de celle d’une fille normale à celle d’une dirigeante nationale, la jeune femme qui dirigeait l’administration d’une nation puissante.

« Le château de Dauwe est tombé, » répondit-elle franchement.

« Quoi !? Attends, sérieusement !? C’est arrivé bien trop vite ! »

En entendant une nouvelle aussi horrible, même Yuuto n’avait pu s’empêcher d’exprimer un choc ouvert.

La campagne qu’il avait menée contre le Clan de la Foudre faisait partie d’un plan pour attirer ses ennemis, et la forteresse de Dauwe avait été la pierre angulaire de ce plan.

« Quels étaient les effectifs de l’ennemi, et quelles méthodes utilisaient-ils ? »

Les premières questions qui vinrent à l’esprit de Yuuto furent les mêmes que celles posées par le patriarche du Clan du Frêne, Douglas. Après tout, la réputation de forteresse solide et imprenable du château de Dauwe était quelque chose que Yuuto avait souvent entendu.

Juste avant d’organiser sa cérémonie de mariage, il s’y était secrètement rendu pour se faire une idée précise de la situation.

« Bien que j’aie du mal à le croire, le récit indique qu’elle a été capturée par la force uniquement, par un assaut frontal. »

« … Hmm. Mais même s’ils ont une énorme armée, ce n’était pas le genre de forteresse qu’ils auraient dû être capables de capturer si facilement. »

Le château de Dauwe avait été construit en tirant pleinement parti de la géographie du terrain sur lequel il se trouvait, de sorte que même une armée extrêmement importante n’aurait pas pu tirer parti de l’avantage que lui conférait son nombre.

Elle était si bien fortifiée que si Yuuto était chargé de la capturer sans l’utilisation du trébuchet, il jetterait honnêtement les bras en l’air et la qualifierait de cause perdue.

C’était exactement la raison pour laquelle il avait compté sur elle dans le cadre de son plan. Sachant que le groupe des forces du Clan Anti-Acier attaquant par l’est serait le plus important, il avait supposé que Dauwe serait capable de les maintenir en place pendant un bon moment.

Qu’elle tombe aux mains de l’ennemi en l’espace de quelques jours seulement était une chose qu’il n’aurait jamais envisagée en temps normal.

En d’autres termes, en regardant cette situation de l’autre côté, il y avait quelque chose d’inhabituel à l’œuvre ici.

« On dirait qu’ils ne vont pas être faciles à gérer après tout, hein ? … Qu’en est-il des forteresses dans d’autres régions ? »

La frontière Est n’était pas la seule zone attaquée.

Il avait appris que les territoires de l’ouest étaient attaqués par les restes de l’ancien Clan de la Panthère, ainsi que par l’armée du Clan du Sabot. Il voulait également en savoir plus à ce sujet.

« Le Clan du Blé semble lui aussi être dans une situation très difficile. Ils ont envoyé un message demandant de l’aide dès que possible. Pour l’instant, j’ai envoyé le commandant en second du Clan de la Corne, Haugspori, dans leur direction avec des renforts. »

« Je vois. C’était une bonne décision. » Yuuto avait acquiescé.

Haugspori était connu pour être un peu volage en termes de personnalité, et un playboy impénitent quand il s’agissait de femmes, mais il était peut-être le choix le plus approprié pour ce genre de cas.

L’objectif principal, à court terme, n’était pas de repousser l’ennemi, mais de lui résister.

Si l’on confiait le commandement des troupes à un homme au sang chaud, il risquerait d’être impatient de prendre l’avantage et de subir des pertes inutiles. En revanche, on pouvait compter sur Haugspori pour prendre des décisions réfléchies.

« Quant à Frère Ská, j’ai reçu un message de sa part qui disait : “Vous ne devez pas vous inquiéter pour le Clan de la Panthère. Envoyez des soldats dans d’autres régions qui en ont besoin.” »

« Héhé. En effet, ça lui ressemble. »

Après une série de renseignements qui ne parlaient que des difficultés auxquelles ils étaient confrontés, recevoir un message qui semblait si fiable avait naturellement fait sourire Yuuto.

Skáviðr était le patriarche de l’actuel Clan de la Panthère sous la domination du Clan de l’Acier, et bien que sa force et ses accomplissements en tant que guerrier soient nombreux, il était principalement connu dans toute la région de Bifröst comme quelqu’un qui excellait dans la guerre défensive.

Dans son service précédent en tant que général chargé de protéger la ville occidentale de Myrkviðr, il s’était également habitué à combattre la cavalerie armée. Si cet homme disait qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter, alors il devrait pouvoir s’en remettre à lui et porter son attention ailleurs.

« Auquel cas, on finit par revenir au problème de l’Est. Hmm… » Yuuto fronça les sourcils.

La perte du château de Dauwe avait été un coup très douloureux — il n’y avait pas deux façons de le dire.

On disait que les Einherjars étaient aussi rares qu’un sur dix mille. Et en ce moment, juste sur le front de l’est, les armées des Clans de l’Épée, des Nuages, des Crocs, du Bouclir et de la Lance travaillaient toutes en tandem. Il n’était pas difficile d’imaginer qu’en plus du nombre combiné de leurs soldats normaux, ils avaient sûrement un nombre proportionnel de puissants Einherjars.

Il était probable que parmi eux se trouvait un Einherjar avec des pouvoirs que Yuuto ne connaissait pas, quelque chose d’équivalent à la force imparable que possédait Steinþórr.

Cependant, ils n’étaient pas les seuls à avoir un pouvoir qui défie l’ordinaire. Le Clan de l’Acier pouvait les égaler à cet égard.

« Je compte sur toi, mon frère. Il faut que tu tiennes le coup jusqu’à ce que j’y arrive. »

Du point de vue de Hveðrungr, le fait de découvrir qu’il était tombé dans la tromperie d’un ennemi avait signifié que sa première bataille en tant que commandant du régiment s’était terminée comme une expérience amère pour lui.

Cependant, du point de vue de l’armée des forces Anti-Acier, c’était à peu près la même chose.

Les cavaliers qui les avaient attaqués avaient fait fi de leurs rangs, puis avaient facilement brisé le piège qui leur avait été tendu, s’échappant complètement.

Le camp de l’armée avait subi des pertes de plusieurs centaines de personnes, contre seulement quelques dizaines pour l’ennemi. Quelle que soit la façon dont vous le regardez, c’était une défaite totale.

On pouvait également dire que la frustration liée aux événements de la bataille était beaucoup plus forte de ce côté-là.

« C’est complètement au-delà de ce que j’avais imaginé… »

C’était le matin suivant l’attaque, et Bára était accroupie pour examiner l’une des barricades calcinées, grommelant pour elle-même, déçue.

Ce genre de barrière était quelque chose que les chevaux n’auraient pas dû pouvoir franchir, mais l’ennemi avait utilisé une sorte d’arme inconnue pour faire sauter les barrières. C’était vraiment quelque chose qu’elle n’aurait pas pu imaginer.

Même si son stratagème avait fonctionné comme prévu et qu’elle avait d’abord piégé l’ennemi, ils l’avaient quand même retournée contre elle. C’était une première pour elle.

« Je comprends maintenant. C’est vraiment une sérieuse crise. »

Cependant, elle ne parlait pas de l’arme étrange, qui avait fait un bruit terrible comme le tonnerre et produit une force suffisante pour faire sauter ces poteaux.

Bien sûr, l’arme elle-même était en effet une menace en soi. Mais une fois qu’elle avait appris à son sujet, elle serait en mesure de le contrer.

La menace la plus terrifiante était le fait que l’ennemi créait régulièrement de nouvelles armes comme celle-ci.

« C’est vrai, Theeen. Si nous ne les écrasons pas rapidement, ils seront trop forts pour que nous puissions les gérer. »

Rien que cette fois-ci, il y avait eu la cavalerie armée qui s’était frayé un chemin à travers le champ de bataille, et l’étrange lame de fer qui avait brisé l’épée préférée d’Erna, et puis ces soi-disant « bombes de tonnerre », des armes à projectiles minuscules, mais destructrices. Chacune de ces armes suffisait à elle seule à faire basculer le cours d’une bataille.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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