Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 12 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : Acte 1

Partie 2

Avec la validation d’un motif juste de leur côté, ils criaient pour augmenter leur propre moral au combat et épuiser la volonté de riposte de leur ennemi. Il s’agissait, en fait, d’une tactique standard utilisée lors d’une offensive de siège.

« Donnez-nous Lágastaf ! Donnez-la-nous et nous épargnerons le reste de vos vies ! »

« C’est une sale prostituée qui a ouvert ses jambes à l’ennemi juré de son frère ! »

« Si elle veut tellement un homme, on sera tous très heureux de lui donner ce qu’elle veut ! »

« Hee heh heh, on va jouer avec elle jusqu’à ce qu’elle casse ! »

Les railleries et les cris avaient commencé à devenir de plus en plus vulgaires.

C’était une époque où, après la prise de villes et de villages, il était normal que les soldats envahisseurs pillent à leur guise.

À Yggdrasil, le pillage après une victoire au combat était coutumier, considéré pratiquement comme un droit. De tels actes étaient considérés comme une juste récompense pour les soldats qui avaient risqué leur vie sur le champ de bataille.

La beauté sensuelle de Lágastaf était bien connue même dans le Clan du Sabot, et les soldats à l’extérieur étaient apparemment excités de la prendre comme partie de leur récompense.

« Oh, mon Dieu, je ne peux pas écouter ça plus longtemps. »

Lágastaf avait posé une main sur sa joue et avait souri, sans avoir l’air d’avoir été blessée par ce qu’elle entendait.

C’était une femme qui occupait la position honorable de patriarche, de seigneur d’un clan. Aussi douce qu’elle soit, elle était clairement quelqu’un avec des nerfs extraordinaires.

Et la vue de son incroyable sang-froid la faisait paraître fiable et forte aux yeux des gens qui l’entouraient.

« Votre calme est toujours aussi rassurant, Mère. Même dans une situation aussi grave, vous êtes toujours la même. »

« Je crains que ce ne soit nous, les hommes, qui nous laissions paniquer. J’en ai honte. »

« Oui, nous devons prendre exemple sur vous. »

Fortement impressionnés, les officiers exécutifs du clan avaient tous acquiescé.

Cependant, au fond de son cœur, Lágastaf ne pouvait pas ignorer le désespoir croissant qu’elle ressentait.

Alors qu’elle semblait assez jeune, peut-être dans la vingtaine au plus, elle avait en fait plus de quarante ans.

À Yggdrasil, les normes en matière de santé, de nutrition et de connaissances médicales étaient abyssales par rapport à l’ère moderne. En d’autres termes, Lágastaf était déjà à un âge où il ne serait pas inhabituel qu’elle meure.

De plus, en tant que femme, elle devait faire face à de nombreuses difficultés supplémentaires pour unir et contrôler les hommes du clan.

Elle ne souhaitait rien d’autre que de prendre sa retraite en tant que patriarche et de laisser la position entre les mains d’un successeur, mais son problème était qu’il était pratiquement impossible de trouver un homme capable de répondre aux normes élevées qu’elle avait fixées.

Je sais qu’un homme avec un esprit et une présence aussi dignes que le seigneur Yuuto est incroyablement rare, et je ne serais pas injuste au point de demander la même chose. Mais… si seulement un seul de ces hommes avait la moitié de la grandeur qu’il a en lui…

Son père juré Yuuto avait commencé comme patriarche du Clan du Loup, et le Clan du Loup avait autrefois été un petit clan comme le sien. Et pourtant, le Clan du Loup de Yuuto avait été béni par un assortiment de chefs puissants, intelligents et talentueux. Pourquoi son Clan du Blé était-il si pauvre en talents ?

Lágastaf jeta un autre coup d’œil aux visages de ses officiers, et tout en prenant soin de ne pas les laisser remarquer, elle laissa échapper un petit soupir déçu.

Je me sens mal pour mon défunt mari, mais je me demande si je ne devrais pas simplement demander à Père s’il pourrait m’accorder un peu de sa semence pour avoir un héritier.

Elle savait parfaitement que ce n’était pas le moment, mais alors qu’elle était assise là, elle se surprenait à y réfléchir sérieusement.

Gimlé.

C’était une ville construite près de l’intersection des rivières Körmt et Élivágar.

Ce bassin fluvial fertile s’appelait Iðavöllr, un nom qui signifie « les champs brillants », et c’était l’une des rares régions céréalières d’une telle ampleur dans tout Yggdrasil. Gimlé était déjà prospère depuis longtemps grâce à sa situation géographique, mais depuis qu’elle était devenue la capitale du Clan de l’Acier, une nation qui se développait à un rythme effréné, la ville avait vu son trafic augmenter et s’épanouir comme jamais auparavant.

De longues files d’attente s’étendaient depuis les portes d’entrée du mur extérieur, avec des marchands et des voyageurs attendant d’entrer dans la ville, et l’artère principale était bordée d’étals vendant toutes sortes de marchandises, si serrés qu’il n’y avait plus d’espace entre eux.

En effet, les rues de la capitale du Clan de l’Acier débordaient d’énergie et de vie — en revanche, les visages des plus hauts responsables administratifs du clan actuellement réunis au cœur de la ville étaient tous plutôt sombres.

« Père m’avait expliqué les choses au préalable, et je pensais donc m’être préparé à affronter cette situation, mais le fait de voir les choses se dérouler réellement de cette manière reste un choc… »

Jörgen avait poussé un soupir de détresse en regardant le contenu des trois messages qu’il tenait dans ses mains.

C’était un homme au visage incroyablement féroce, avec des cicatrices sur la joue et en travers d’un sourcil, et il avait le genre de présence imposante et intimidante qui ferait fuir de peur le voyou moyen de la rue.

Il avait aussi le rang qui correspondait à cette apparence : il était le patriarche du Clan du Loup, le clan largement considéré comme la famille la plus distinguée du Clan de l’Acier. De plus, il était l’assistant du commandant en second du Clan de l’Acier, le troisième membre le plus haut placé dans l’administration du clan.

En face de Jörgen, Linéa fronça les sourcils. « Oui, et la situation dans toutes ces régions est pire que ce que nous avions prévu. C’est peut-être la preuve que nos ennemis nous considèrent comme une menace, qu’ils mettent toutes leurs ressources dans le combat pour ne pas gâcher cette opportunité. »

L’apparence de Linéa donnait l’impression qu’elle n’était rien d’autre qu’une adorable petite fille, mais elle était en fait la supérieure de Jörgen, le commandant en second du Clan de l’Acier.

Du point de vue de Jörgen, la fille était pratiquement une enfant en ce qui concerne son âge, mais il ne se permettait pas de la sous-estimer le moins du monde à cause de son apparence.

D’une part, il n’avait pas l’intention de mettre en doute le jugement de Yuuto, qui l’avait spécifiquement choisie pour ce poste, et d’autre part, il avait vu de ses propres yeux comment elle avait géré personnellement toutes les affaires administratives d’une grande nation comme le Clan de l’Acier, et il reconnaissait pleinement son incroyable perspicacité.

« Avons-nous pris des mesures pour informer Père ? » demanda Jörgen.

« J’ai déjà fait faire des copies de ces documents et je les ai envoyés à cheval », avait répondu Linéa. « Nous avons également fait construire des postes provisoires de base le long de la route de Gashina. Les rapports devraient arriver entre aujourd’hui et demain. »

« C’est un travail rapide. » Les lèvres de Jörgen s’étaient retroussées en un sourire.

Jusqu’à il y a quelques jours, le Fort Gashina et ses environs étaient le territoire du Clan de la Foudre, et il était donc impossible d’y envoyer des informations par pigeon voyageur. La raison en est que le système de pigeons voyageurs utilisait l’instinct de retour des oiseaux pour les envoyer à leur destination, et le Clan de l’Acier n’avait pas encore de pigeons provenant d’un poulailler installé à Fort Gashina.

Cela signifiait qu’envoyer un messager à cheval était la meilleure option restante, mais les chevaux étaient aussi des créatures vivantes, et ne pouvaient pas supporter d’être forcés à courir continuellement sur de grandes distances.

La solution consistait à placer des postes à intervalles fixes le long d’un itinéraire — en d’autres termes, il fallait que des chevaux de remplacement soient prêts et attendent à chacun de ces postes. De cette façon, les informations pouvaient être envoyées par messager à cheval rapidement sur de longues distances. C’est ce qu’on appelle le système des postes.

Yuuto avait eu l’idée de mettre en place ce système sur tout le territoire du Clan de l’Acier en prévision d’urgences comme celle qui se produisait actuellement, et actuellement la plupart des routes entre les principales villes du Clan de l’Acier étaient reliées par des postes. Cependant, ce fut une surprise pour Jörgen d’entendre que des postes avaient déjà été installés pour les relier à Gashina, une région qu’ils avaient capturée il y a seulement quelques jours.

« Le temps est essentiel en ce moment, » dit Linéa. « Plus tôt nous transmettrons cette information à Père, plus de vies supplémentaires pourront être sauvées. »

« En effet, c’est exactement comme vous le dites. » Jörgen avait hoché la tête profondément, avec une expression humble et révérencieuse. « Père est après tout un dieu de la guerre réincarné. Je n’ai aucun doute que même cette crise sans précédent est quelque chose qu’il sera capable d’écarter. »

Yuuto était déjà apparenté à un être divin aux yeux de Jörgen. Il croyait vraiment que le jeune homme avait été envoyé par la déesse Angrboða pour sauver son peuple.

« Oui, » dit Linéa, « j’en suis aussi certaine… Cependant, si nous laissons à Père le soin de tout résoudre, alors à quoi bon nous accorder ces postes extrêmement honorables et de haut rang ? »

« Ha ha ha, c’est vrai. Il faudra au moins quatre jours de plus pour que Père retourne à Gimlé. Nous devrions faire tout ce que nous pouvons pendant ce temps. »

« Oui, et j’apprécierais beaucoup si vous pouviez m’instruire de manière appropriée. »

« Pardon ? » Jörgen avait froncé les sourcils en trouvant ça suspect.

Cette remarque lui avait paru étrange. Si l’on prend comme exemple la discussion précédente sur les postes de relais provisoires, la compétence de cette fille était claire comme le jour. Quel besoin aurait-elle pour qu’il lui apprenne quoi que ce soit à ce stade ?

« Jörgen, j’ai entendu les histoires des nombreuses fois où vous avez dirigé des troupes sur le champ de bataille dans votre jeunesse. Jusqu’au retour de Père à la capitale, je suis commandante en chef de l’armée du Clan de l’Acier à sa place, mais à ma grande honte, je dois admettre que je n’ai aucune confiance en moi lorsqu’il s’agit de stratégie sur le champ de bataille. »

Pendant une seconde, Jörgen n’avait pas compris ce qu’il venait d’entendre. Une fois qu’il l’avait fait, il n’avait pas pu retenir un rire. « … Pffhaha, c’est une sacrée chose à dire à haute voix ! »

La relation entre la commandante en second d’un clan et le commandant en second adjoint n’était pas simple.

En tant que membres de deuxième et troisième rangs de l’administration d’une nation, ils étaient des rivaux politiques pour le poste de successeur du patriarche, et la lutte pour le pouvoir dans les coulisses était une histoire commune dans de nombreux clans.

Bien sûr, Jörgen n’était pas aussi ambitieux que la plupart des gens à cet égard — d’une part, en raison de son âge, il était presque certain qu’il allait mourir bien avant Yuuto — mais il avait toujours un certain désir pour le poste de commandant en second, car il lui accordait également l’honneur d’être l’« aîné » du père juré qu’il aimait et respectait.

Montrer sa faiblesse devant lui ne pouvait pas être considéré comme un geste sage de la part de Linéa.

Mais Linéa avait été élevée avec une éducation à la politique et au leadership dès son plus jeune âge. Il n’y avait aucun moyen pour elle d’ignorer la dynamique désordonnée qui accompagne leurs positions.

En d’autres termes, il pouvait supposer que Linéa savait parfaitement à quel point il était insensé de lui montrer des faiblesses, mais elle avait quand même choisi de le faire pour demander son expertise.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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