Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 12 – Chapitre 1 – Partie 1

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Chapitre 1 : Acte 1

Partie 1

 

« Quoi… !? E-Es-tu sûr de ça !? »

En recevant le rapport de son messager, le patriarche du Clan du Frêne, Douglas, avait écarquillé les yeux comme des soucoupes, et il avait élevé la voix en panique sans se soucier de son image.

C’était quelqu’un qui régnait sur un clan entier, et naturellement, cela signifiait que c’était un homme aux nerfs solides.

Et pourtant, même lui ne pouvait s’empêcher de frissonner en entendant le chiffre qu’il venait d’entendre.

« Trente mille !? D’où vient ce nombre absurde !? En premier lieu, où ont-ils bien pu trouver autant de soldats !? »

« Des bannières ont été aperçues, indiquant que nous avons là le Clan des Nuages, le Clan des Crocs, celui de l’Épée, de la Lance et du Casque. Les forces ennemies semblent être les armées combinées de cinq clans, monseigneur ! »

« Rrgh… » Douglas avait gémi et s’était mordu la lèvre inférieure. « Je pensais que le Clan de l’Épée allait nous envahir, mais pas aussi le Clan de la Lance et le Clan du Casque… »

Même après avoir rassemblé tous les soldats disponibles dans leur territoire, il n’en avait qu’environ quatre mille au total. En entendant qu’il devait faire face à un ennemi presque huit fois plus nombreux, Douglas pouvait sentir son visage se vider de son sang.

Le messager poursuit. « Monseigneur, l’ennemi est actuellement en marche vers le château de Dauwe ! On estime qu’ils l’atteindront dans environ deux jours. »

Le château de Dauwe était une forteresse aux murs très épais qui avait été construite à l’extrémité est du territoire du Clan du Frêne pour se protéger de la menace des puissants Clan des Nuages et Clan des Crocs.

Au cours des longues années qui avaient vu se succéder les générations, elle avait connu une accumulation constante de renforcements et d’améliorations défensives, et c’était maintenant l’une des forteresses les plus solides de toute la région de Bifröst.

De plus, comme Yuuto avait prédit que plusieurs de leurs nations voisines organiseraient une tentative d’invasion combinée, ils avaient pris des contre-mesures appropriées à l’avance.

Une garnison complète de trois mille hommes — presque quatre-vingts pour cent des combattants disponibles du Clan du Frêne — était stationnée dans la forteresse, ainsi qu’un grand nombre d’armes, de nourritures et de fournitures. De plus, la forteresse était commandée par Hrymr, le général le plus compétent du Clan du Frêne. C’était sans aucun doute le meilleur ensemble de préparations défensives qu’ils auraient pu mettre en place.

Cependant, le fait que leurs ennemis soient aussi nombreux était quelque chose qui dépassait toutes leurs prévisions.

« Est-ce qu’on va pouvoir tenir jusqu’à l’arrivée des renforts de Père… !? »

Douglas déglutit nerveusement.

Le rideau se levait maintenant sur une nouvelle bataille, une bataille d’une ampleur dépassant de loin tout ce qui avait été vu dans l’histoire d’Yggdrasil.

« P… Père ! Il y a un message urgent du Clan du Frêne. Ils demandent des renforts immédiats ! »

Lorsque l’enfant subordonné du patriarche du Clan de la Griffe, Botvid, avait fait irruption dans son bureau avec la nouvelle, la première réponse de Botvid avait été un sourire amer.

« Hmph, alors c’est finalement en train d’arriver. Pour l’instant, calmez-vous. Allez-y, buvez un peu d’eau. » Il fit un geste du menton, dirigeant l’homme paniqué vers le pichet d’eau sur son bureau.

Il était complètement calme.

Il savait déjà, grâce à des discussions antérieures avec Yuuto, que plusieurs des clans voisins allaient tenter en tandem de faire la guerre au Clan de l’Acier. Et grâce à son propre réseau de renseignements indépendant, il avait reçu des rapports indiquant que les clans de l’Épée, des Crocs et des Nuages avaient participé à une cérémonie de réconciliation, jurant une nouvelle alliance entre eux.

En tant que tel, il savait parfaitement que cette situation allait arriver, et il n’avait aucune raison de perdre son sang-froid à cause d’elle maintenant.

Grâce à sa capacité à se présenter comme imperturbable et maître de la situation dans des situations comme celles-ci, il avait obtenu le soutien et le respect de ses subordonnés.

C’était un exemple de la perspicacité de Botvid, et c’est cette perspicacité qu’il avait utilisée pour se frayer un chemin vers le pouvoir.

« Alors, quelle est l’importance des forces ennemies ? »

Botvid aborda la question après avoir attendu un moment que son subordonné reprenne son souffle.

Il s’agissait de quelque chose sur lequel il avait déjà demandé à ses espions d’enquêter.

L’ennemi devait probablement déployer environ quinze mille hommes.

En comparaison, le Clan du Frêne ne serait même pas capable de rassembler 5 000 personnes.

Avec ces chiffres, la bataille s’annonçait difficile…

« Trente mille. »

« Quoi !? C’est absurde, qu’est-ce que vous dites !? Je n’ai jamais entendu parler d’une armée de cette taille ! Êtes-vous sûr que ce chiffre n’est pas juste un bluff pour nous démoraliser !? »

Botvid avait complètement oublié les calculs mentaux qu’il était en train de faire et s’était penché pour interroger son subordonné.

Pris par surprise avec un nombre deux fois supérieur à ce qu’il avait prévu, l’homme connu dans le monde entier comme la Vipère de Bifröst avait perdu le contrôle de soi pour lequel il était connu.

« Je ne peux pas dire que j’en suis certain, monseigneur… Cependant, l’information provient du Clan du Frêne, et je ne pense pas qu’ils raconteraient délibérément un mensonge qui risque de nous démoraliser, nous, leur allié. »

« Hrmh… » Botvid fronça les sourcils.

Il y avait déjà un accord sous serment avec le patriarche Douglas du Clan du Frêne pour envoyer des renforts une fois l’ennemi envahi.

Cependant, à l’heure actuelle, le Clan de la Griffe ne pouvait envoyer qu’environ trois mille soldats, et même selon les estimations les plus généreuses, le Clan du Frêne n’avait même pas cinq mille soldats mobilisés.

« Contre trente mille, il est douteux que nous soyons même capables de tenir assez longtemps pour que les renforts de l’armée principale du Clan de l’Acier arrivent, » marmonna Botvid, frustré.

Selon ses estimations préalables, avec un ennemi de quinze mille personnes, le célèbre château de Dauwe, imprenable, était un élément sur lequel ils pouvaient compter.

Il s’était dit que se terrer dans la forteresse et attendre un siège leur ferait gagner assez de temps. Mais maintenant…

« … Il semblerait que, pour la première fois depuis un bon moment, je vais être coincé dans une bataille difficile. »

L’invasion à grande échelle de la coalition d’encerclement du Clan de l’Acier commençait également du côté ouest du territoire du Clan de l’Acier.

La scène de cette bataille particulière était le Fort Kisaganeka, situé à l’extrémité nord du territoire du Clan de la Panthère.

« Monseigneur, un grand nombre de cavaliers sont apparus à l’horizon ! Nous avons confirmé leurs bannières — ce sont des forces appartenant au faux patriarche ! »

« Alors ils sont là. » Le commandant avait simplement marmonné ces mots en réponse au rapport d’une voix détachée, sans même hausser un sourcil.

À première vue, il y avait quelque chose de troublant, voire de sinistre, chez cet homme.

Son visage était d’une pâleur mortelle et ses joues étaient creuses, comme s’il souffrait d’une quelconque maladie. Pourtant, ses yeux étaient comme ceux d’un faucon, brillants d’une lumière vive.

Il s’appelait Skáviðr.

À l’origine, il avait été l’assistant du commandant en second du Clan du Loup, mais Yuuto l’avait reconnu à la fois pour sa loyauté et ses nombreuses réalisations, et lui avait attribué le poste de patriarche du Clan de la Panthère, qui contrôlait une bande de territoire dans l’ouest d’Álfheimr.

« Héhé, je vois que même après avoir été si complètement vaincus par mon seigneur, ils refusent toujours d’apprendre, » déclara Skáviðr, et afficha un sourire venimeux qui donna des frissons à tous ceux qui le virent.

Les attaquants étaient les restes de l’ancien Clan de la Panthère, qui avaient fui vers le nord lorsque le Clan de l’Acier les avait conquis et absorbés. Naturellement, ils ne reconnaissaient pas Skáviðr ou le Clan de la Panthère, filiale du Clan de l’Acier, comme légitimes.

Ils avaient choisi leur propre nouveau patriarche et s’étaient proclamés le véritable Clan de la Panthère. Cependant, Skáviðr avait officiellement reçu le droit de succession du précédent patriarche du Clan de la Panthère, Hveðrungr. Et, en tant que patriarche de son nouveau Clan de la Panthère, Skáviðr ne pouvait évidemment pas se permettre d’accorder une quelconque validité aux vestiges de l’ancien Clan de la Panthère.

Afin de les délégitimer, il les appelait dédaigneusement « le faux patriarche et ses alliés ».

Honnêtement, cela semblait être le genre de geste transparent qui ne tromperait personne, et ce n’était pas non plus son style. Mais c’était comme ça que la politique fonctionne.

« C’est l’opportunité parfaite pour nous. Si nous les éliminons ici et maintenant, je pourrai m’appeler le patriarche du Clan de la Panthère sans plus d’opposition. De plus, cela éliminera la menace qui pèse sur notre nord, et rendra la reconstruction de notre territoire beaucoup plus facile. »

La main de Skáviðr se dirigea vers la poignée de l’épée à sa taille, et la chaise en bois grinça lorsqu’il se leva lentement.

Des termes tels que « vestiges » ou « le faux patriarche et ses alliés » donnaient l’impression que les restes de l’ancien Clan de la Panthère n’étaient rien de plus qu’un petit groupe de rebelles, mais la vérité était qu’ils étaient encore assez nombreux pour fonctionner comme un clan à part entière, et qu’ils contrôlaient une large étendue de territoire dans l’ouest de Miðgarðr. Ils étaient toujours une nation ennemie.

En l’espace de moins d’un an, le Clan de la Panthère était passé d’un simple clan nomade parmi tant d’autres à Miðgarðr à la plus grande superficie de tous les clans d’Yggdrasil. Tout cela était dû à l’incroyable habileté de leur cavalerie armée d’élite. Leur nombre total avait peut-être été réduit, mais les cavaliers qui restaient constituaient certainement une menace redoutable en tant qu’ennemis.

Ils ne pouvaient pas être sous-estimés.

« Tuez le traître Lágastaf ! »

« Rendez à ces salauds sans honneur la justice qu’ils méritent ! »

« Frappez-les au nom des dieux ! Ils se sont retournés contre Sa Majesté le Þjóðann ! »

Des cris de colère et des malédictions fusaient dans l’air de toutes les directions.

Il s’agissait d’un petit château fort dans la périphérie ouest du territoire du Clan du Blé. Les soldats du Clan du Sabot l’avaient complètement encerclé.

« Mon Dieu, ils sont vraiment pleins d’énergie. »

Dans le hall central de la forteresse était assise une femme d’une beauté captivante qui gloussait pour elle-même comme si elle ne tenait aucun compte de l’air tendu qui enveloppait l’endroit.

C’était le patriarche du Clan du Blé, Lágastaf, la femme même dont les soldats dehors réclamaient le sang.

Le Clan du Blé était autrefois une filiale du Clan du Sabot. Lorsque le patriarche du Clan du Sabot, Yngvi, était mort au combat, ils avaient rapidement fait alliance avec le Clan du Loup de Yuuto, celui qui l’avait tué.

Pour les gens du Clan du Sabot, c’était une trahison du Serment du Calice du Clan du Blé, une offense impardonnable de déloyauté.

Bien sûr, les soldats du Clan du Sabot n’étaient pas là à crier comme ça juste parce qu’ils étaient en colère.

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