Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout.
Table des matières
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 1
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 2
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 3
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 4
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 5
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 6
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 7
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 8
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 9
- Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout. – Partie 10
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Chapitre 4 : Il n’y a pas de Dieu dans ce monde, mais il semble que des démons et des anges se cachent partout.
Partie 1
Ce sorcier n’avait aucun talent pour la sorcellerie. Il avait une carence grave en mana nécessaire à l’utilisation de la sorcellerie. Néanmoins, il y avait une raison pour laquelle il devait devenir plus fort, peu importe le coût.
Sa petite sœur.
Il ne se souvenait pas si leurs parents les avaient abandonnés ou s’ils étaient morts. Il n’avait pas d’autres parents, alors la protection de sa petite sœur bien-aimée était devenue le sens de la vie de Decarabia.
Il y avait un nombre limité de moyens par lesquels les deux individus avaient pu survivre quand ils étaient enfants. Il était impossible de le faire en maintenant un sens moral. Il volait, chapardait de la nourriture, se faisait tabasser de temps en temps et vivait une petite vie secrète dans l’obscurité. La seule façon d’échapper à cette vie était soit de s’en sortir, soit de mourir sur le bord de la route.
Et la façon la plus simple pour un enfant de s’en sortir était de devenir un sorcier. Cependant, il n’avait plus de temps à perdre. Il était à l’âge où il était sur le point d’être adulte, et un jour il serait arrêté par les adultes et jugé comme un adulte. C’est précisément parce qu’il avait survécu jusqu’à cet âge qu’il avait commis un nombre considérable de crimes, et c’était tout à fait raisonnable qu’il soit exécuté.
Si cela devait arriver, il ne pourrait pas protéger sa sœur. Et un certain jour, alors qu’il était paniqué à l’idée en cherchant à résoudre ce problème, il avait appris l’existence d’un certain outil.
L’Oeil du Roi d’Argent — un artefact magique qui avait rapidement amélioré le mana de chacun et lui avait accordé une connaissance infinie. Dans un tour de chance, il avait appris à connaître le sorcier qui le possédait. S’il le volait, il pourrait devenir sorcier. Et puis, il avait été témoin de quelque chose pendant qu’il suivait le sorcier en attendant l’occasion qui se présentait.
Le sorcier qui possédait l’Oeil du Roi d’Argent avait été tué.
Il était clair qu’il s’agissait d’un sujet dangereux. Néanmoins, il n’avait plus d’autre choix que de voler l’Oeil d’Argent à son propriétaire aujourd’hui décédé. Ainsi, l’Oeil d’Argent l’avait reconnu comme son réceptacle.
Maintenant doté d’un pouvoir énorme en tant que sorcier, il avait été libéré de la menace des adultes. Il était maintenant capable de donner à sa petite sœur une vie ordinaire. Ces jours-là passèrent si bien qu’il pouvait même voir son rêve se réaliser. Cependant, un certain jour, il avait fini par rencontrer ce sorcier.
Un jeune homme qui possédait des yeux argentés comme l’Oeil du Roi d’Argent. Il avait donc défié ce jeune homme, et ensuite…
« … Hein ? Que s’est-il passé après ça ? » se demanda Decarabia.
Decarabia pencha la tête sur le côté tout en rôdant dans la forêt de l’île inhabitée, surveillant le groupe de Zagan. La blessure qu’il avait reçue de l’épée sacrée était plus profonde qu’il ne le pensait et prenait plus de temps que prévu pour guérir.
Il se souvenait du fait qu’il avait affronté Zagan ce jour-là et qu’il avait perdu contre lui. Cependant, il ne se souvenait pas vraiment comment tout cela s’était terminé.
Attends un peu ! De toute façon, pourquoi me suis battu-je contre lui ?
Decarabia essaya de chercher la réponse dans son esprit, mais l’Oeil du Roi d’Argent, incrusté dans son orbite, palpita violemment comme s’il était en train de s’infecter. Peut-être parce que son cache-œil était cassé, les palpitations semblaient bien pires que d’habitude. Il s’était gratté l’œil pour essayer d’arrêter les palpitations, il s’était arraché la peau et avait fait couler le sang sur le sol. Mais même ainsi, les palpitations ne s’arrêtaient pas, et il continua à se gratter jusqu’à ce que même des morceaux de viande tombent. Et alors qu’il continuait à se gratter, il n’avait même jamais pensé à un seul doute qu’il aurait dû avoir.
Où est passée sa petite sœur bien-aimée ?
◇◇◇
« Comment vont tes blessures, Kuroka ? » demanda Zagan.
Quelques heures s’étaient écoulées depuis la disparition de Decarabia. Le soleil se couchait. Et Kuroka s’était accroupie, berçant ses genoux sur la plage teintée par le soleil couchant. Alors que Zagan l’appelait, la cait sith ne leva pas la tête pour le regarder, mais agita plutôt ses deux queues.
« … Je vais bien. Le pouvoir de guérison de Mlle Néphy est le même que celui de Mlle Nephteros, ça ne fait pas mal du tout. En plus…, » Kuroka toucha son cou qui avait été sur le point d’être écrasé par Decarabia. « De toute façon, je n’avais vraiment pas l’impression que ça laisserait une blessure… Monsieur, avez-vous fait quelque chose avec votre sorcellerie, n’est-ce pas ? »
Zagan avait été grièvement blessé lors du dernier affrontement, mais ce n’était pas non plus comme s’il se recroquevillait sur ses genoux. Il avait réussi à placer l’Écaille des Cieux entre la main de Decarabia et le cou de Kuroka sur l’impulsion du moment.
Ce type est plutôt faible pour qu’il ne puisse pas briser l’Écaille des Cieux.
Il était probable que le mana qu’il possédait en tant que sorcier n’était pas vraiment très haut. Naturellement, puisqu’il avait au moins battu un Archidémon, il avait sûrement les moyens de compenser la carence.
Zagan fixa intensément le visage de Kuroka. « Tes blessures ont l’air d’aller très bien, mais tu n’as pas l’air bien du tout. »
Les queues de Kuroka se baissèrent en même temps que ses épaules.
« Monsieur, c’est douloureux si vous êtes gentil avec moi… S’il vous plaît, laissez-moi tranquille, » déclara Kuroka.
« Eh bien, j’ai compris, » déclara Zagan.
Zagan s’était plutôt assis à côté de Kuroka. Et pendant qu’il était assis là, en silence, à regarder le soleil couchant, les oreilles triangulaires de Kuroka frémissèrent d’une manière troublée.
« … Je suppose que c’est comme ça que vous êtes. Vous êtes vraiment quelqu’un qui essaie de protéger les enfants et les plus faibles, hein ? » déclara Kuroka.
Decarabia avait déclaré qu’il ciblerait Kuroka et Chastille avant de s’en prendre à Zagan. Chastille avait les Chevaliers Angéliques et Barbatos avec elle, mais Kuroka n’avait que des non-combattants comme Lilith et Selphy. C’est pour ça que Kuroka était toute seule ici, comme ça. C’était évident qu’elle le faisait pour les protéger, mais c’était gênant si elle était mal comprise.
Zagan poussa un soupir et tapota la tête de Kuroka.
« Idiote. Qui protégerait ceux qui se recroquevillent parce qu’ils sont faibles ? Tu t’es battue pour moi. Tu as été vaincue pour moi. Et tu te recroquevilles ici pour moi. Je ne suis pas un roi si faible d’esprit que je l’ignorerais, » déclara Zagan.
Decarabia avait prétendu qu’il commencerait avec Kuroka et Chastille. Par conséquent, la raison pour laquelle Kuroka était ici toute seule à avoir l’air déprimée était d’attirer le sorcier dehors. Kuroka avait finalement levé le visage et s’était tournée vers Zagan. Elle avait alors laissé échapper un rire faible.
« Vous avez vraiment tout vu, hein, Monsieur ? » demanda Kuroka.
« C’est parce que la façon dont tu essaies de porter ton fardeau toute seule, sans aucun sens, est la même méthode que Raphaël, » déclara Zagan.
Après avoir mentionné le nom de Raphaël, Kuroka avait baissé la tête d’une manière troublée.
« Père va bien, n’est-ce pas ? » demanda Kuroka.
« Oui. Il se dévoue fidèlement au château. Si tu t’inquiètes pour lui, viens me voir. Le château est juste à côté de la ville, » déclara Zagan.
« … Je vais y réfléchir… Monsieur, avez-vous fini d’arranger les choses ? On dirait que vous avez fait un tour complet de l’île, » déclara Kuroka.
Kuroka avait essayé de changer de sujet. La raison pour laquelle Zagan n’était venu voir Kuroka qu’après tant de temps se soit écoulés, c’était parce qu’il était occupé à faire autre chose.
« Ce n’est rien d’aussi élaboré qu’un piège. Ce domaine est devenu mon domaine, mais il ne fonctionnait pas encore comme tel. Tout ce que j’ai fait, c’est installer la barrière la plus simple, » répondit Zagan.
Kuroka secoua la tête en réponse. « Je ne connais pas grand-chose à la sorcellerie, mais est-ce difficile à faire, même pour un sorcier comme vous, Monsieur ? »
« Non, ce qu’on appelle la sorcellerie est fondamentalement planté dans le “dessin d’un cercle magique”. Un cercle magique dessiné personnellement peut voir sa durabilité et son effet améliorés en remplaçant des parties du dessin par des chants et des objets, » répondit Zagan.
« Alors, avez-vous dessiné un grand cercle magique qui pourrait couvrir toute l’île ? » demanda Kuroka.
« Oui. Bien qu’il y ait un moyen de réduire le nombre d’étapes pour y parvenir. Si vous en faites bon usage, même vos pas peuvent devenir une pierre angulaire du cercle magique, » répondit Zagan.
Son effet durerait probablement environ deux ans. C’était plus que suffisant pour quelque chose qu’il avait monté sur place.
« Ce type devrait encore être quelque part sur cette île. Je vais pouvoir le localiser avec ça, » annonça Zagan.
Ce que je veux vraiment identifier, c’est le moyen par lequel il se déplace.
Selon les attentes de Zagan, il n’y avait aucun moyen de se déplacer normalement. Cela dit, il n’avait pas l’air d’un sorcier si habile qu’il pouvait utiliser la téléportation comme Barbatos. Zagan avait une théorie sur ce qui se passait, mais il n’avait aucune preuve définitive. S’il pouvait trouver où se cachait Decarabia, il pouvait savoir comment il se déplaçait.
Kuroka ouvrit les yeux avec émerveillement.
« Alors, avez-vous trouvé ce sorcier ? » demanda Kuroka.
« Ouais. Mais de toute façon. » Zagan avait sorti un petit poisson fumé qu’il avait tenu dans sa main. « D’abord, remplis ton estomac. »
Zagan avait mis le poisson dans la main de Kuroka, et avait commencé à mâcher l’un des siens. La bouche de Kuroka s’était ouverte en raison de la surprise.
« Me remplir l’estomac ? Est-ce bien de ne pas attaquer maintenant ? » demanda Kuroka.
« Écoute-moi Kuroka. C’est une erreur que les amateurs font souvent. Il est nécessaire de mettre en colère ton adversaire lorsqu’il se venge ou qu’il riposte, » expliqua Zagan.
« Le mettre en colère ? » demanda Kuroka.
« Tout à fait. La colère rétrécit le champ de vision, obscurcit les yeux et fait en sorte que l’on ne peut voir que soi-même. L’humiliation que tu peux leur accorder comme ça durera toute une vie. Quand on est unilatéralement tourmenté par la colère et l’humiliation, il ne reste que le désespoir. Et une fois que tu regardes leur silhouette hurler lamentablement, tu as enfin accompli ton châtiment, » expliqua Zagan.
« … Je suis vraiment contente de ne pas être quelqu’un sur qui vous voulez vous venger, Monsieur, » déclara Kuroka.
Kuroka était devenue pâle pour une raison quelconque, mais Zagan continua sans s’en formaliser.
***
Partie 2
« Revenons au sujet initial. Un sorcier peut survivre deux ou trois jours sans manger quoi que ce soit, mais c’est une tout autre histoire si l’on se demande s’il se fâchera de voir d’autres personnes manger de la nourriture délicieuse. Avec la personnalité de ce type, il nous surveille aussi, » déclara Zagan.
C’était un harcèlement assez mesquin, mais il était efficace précisément parce que la faim était l’un des trois désirs qui faisaient avancer les êtres vivants.
C’est différent si c’est quelqu’un comme moi ou Néphy qui a cessé de ressentir quoi que ce soit, mais Decarabia est le genre de personne à être guidé par ses désirs.
C’est pourquoi une attaque contre sa faim serait très efficace. Et cela signifiait que Zagan attirait Decarabia à tout moment. La barrière n’était pas nécessaire pour cela. Et ainsi, il avait fait un spectacle en dévorant les petits poissons fumés.
« Ça s’appelle du niboshi, non ? C’est la première fois que je fume du poisson, mais on dirait que ça irait bien avec de l’alcool. On dirait que Lilith nous a aussi préparé de l’alcool de Liucaon. En veux-tu un peu ? » demanda Zagan.
« Je perds complètement le sens de mon environnement si j’ai de l’alcool, alors l’alcool est un peu… Est-ce que le niboshi convient à vos goûts ? » demanda Kuroka.
« Ouais. Même le fait d’avoir des choses simples, comme des produits fumés, est après tout une découverte récente pour moi, » répondit Zagan.
Kuroka avait ri de la réponse de Zagan.
« Alors même vous racontez des blagues, hein, Monsieur ? Les produits fumés ne sont-ils pas disponibles partout sur le continent ? Comme le jambon, le bacon, le fromage, et tout ça, non ? » demanda Kuroka.
« … Hm. Tu as sans aucun doute raison, » répondit Zagan.
Zagan n’avait jamais pensé à manger de la nourriture aussi chère avant de rencontrer Néphy, et en premier lieu, il ne savait pas comment la nourriture fumée était préparée. Les repas de Zagan à l’époque étaient entièrement composés de viande séchée qui était marinée dans du sel. C’était quelque chose qui se faisait habituellement quand le bétail était trop vieux. Dans le cas de Zagan, il chassait des animaux dans la forêt. Franchement, une moitié était pourrie. Zagan avait découvert bien plus tard que ce type de viande était un dernier recours pour les fermiers qui étaient sur le point de mourir de faim et n’avaient pas d’autre choix.
Ce qui était encore plus tragique, c’est qu’il avait donné la même chose à Néphy lorsqu’il l’avait rencontrée pour la première fois. Depuis lors, Néphy était devenue obsédée par le sens du devoir qu’elle avait de faire elle-même quelque chose pour ses repas. Ses repas étaient délicieux, mais ça lui faisait un peu mal au cœur.
Après avoir un peu parlé, Kuroka avait semblé remettre un peu d’ordre dans ses sentiments et avait commencé à parler de quelque chose qu’elle avait de la difficulté à dire.
« J’ai été… traitée par Mlle Néphy tout à l’heure, » déclara Kuroka.
« Hm. J’ai entendu, » répondit Zagan.
« Mlle Néphy m’a dit… qu’elle pourrait guérir mes yeux, » déclara Kuroka.
C’était seulement évident.
Il est impossible de le restaurer complètement avec la sorcellerie, mais le mysticisme est une autre affaire.
Les dommages aux yeux de Kuroka étaient arrivés il y a trop longtemps. Pour faire quelque chose avec la sorcellerie, ils devraient voler les yeux de quelqu’un d’autre, ou créer des yeux magiques artificiels et les transplanter. De plus, il faudrait que ces yeux empruntés soient constamment remplis de mana pour qu’ils soient efficaces. On ne pouvait pas vraiment appeler cela une guérison « complète ».
Il y avait une possibilité que le mysticisme de Néphy puisse renverser complètement ce fait. Néphy elle-même n’aimait pas le pouvoir, mais elle l’utiliserait si c’était pour le bien d’autrui. En tout cas, cela aurait dû être une bonne nouvelle pour Kuroka, mais son expression n’était pas joyeuse du tout.
« Pour une raison inconnue… Je ne pouvais pas lui répondre…, » déclara Kuroka.
Il semble que la raison pour laquelle Kuroka se sentait si déprimée n’était pas à cause de sa défaite, mais à cause de ce fait. Ou plutôt que de se sentir déprimée, c’était comme si elle était inquiète.
« Hmm. As-tu peur de voir la lumière ? » demanda Zagan.
« … Oui. » Kuroka acquiesça à sa question impitoyable. « Mon peuple a été massacré par des sorciers, j’ai rejoint Azazel, et en pensant que c’était un châtiment parfaitement naturel, j’ai tué des sorciers. » Kuroka enterra son visage dans ses genoux et marmonna. « … J’ai tué… beaucoup… »
« Ne t’inquiète pas pour ça. De toute façon, les sorciers font beaucoup de choses pour que des individus essaient de les tuer tout le temps. Ils deviennent des sorciers en le sachant très bien. Ceux qui se font tuer, ce sont les imbéciles, » déclara Zagan.
« Vraiment… !? Et s’il y avait des gens comme vous parmi ceux que j’ai tués ? Peut-être… qu’il y avait ceux qui m’auraient tendu la main…, » déclara Kuroka.
« Si je pouvais voir à nouveau, j’aurais l’impression de voir mes péchés d’autant plus clairement. »
Zagan pourrait deviner que c’était ce que Kuroka insinuait. C’est pour ça qu’elle avait peur.
« Espèce d’idiote. Si un sorcier faisait une telle chose, ce serait certainement un piège. Les tuer est le bon choix, » déclara Zagan.
Kuroka s’était gratté la tête comme si elle était soudainement agressée par un mal de tête.
« … J’ai peut-être mal formulé le mot. Plutôt que de s’entendre, je me dis qu’il y avait peut-être une autre façon de les traiter que de les tuer…, » déclara Kuroka.
« Ce n’est pas non plus un choix louable, » répondit Zagan.
Cependant, ce n’était pas comme si Zagan ne comprenait pas ce qu’elle disait.
C’est ce que Néphy et Chastille essaient d’accomplir…
Zagan avait croisé les bras et s’était creusé la cervelle dessus pendant un certain temps avant d’arriver à une réponse.
« Kuroka, tu es la dernière cait sith survivante de Liucaon, non ? » demanda Zagan.
« … Oui, » répondit Kuroka.
« Alors, penses-y de cette façon. Tu te dois de survivre. Tant que tu vivras, tu resteras la preuve de l’existence de ton peuple. Et donc, tu as tué des sorciers pour survivre. Tu as fait ça, car tu recevais la faveur de l’Église en tuant des sorciers. C’était nécessaire. Essaie d’y penser comme ça, » déclara Zagan.
Kuroka était restée stupéfaite par sa logique autoritaire. Elle avait ensuite renvoyé un sourire tendu comme si on ne pouvait rien y faire.
« Monsieur, ai-je l’air de vouloir mourir ? » demanda Kuroka.
« Je ne sais pas si tu veux mourir, mais on dirait que tu ne sais pas pourquoi tu vis, » répondit Zagan.
Les épaules de Kuroka tombèrent sombrement.
« Lilith m’a grondée… pour la même chose… Et quand j’ai dit que je devais passer le reste de ma vie à expier pour ceux que j’ai tués…, » commença Kuroka.
Même Zagan s’en étonnait.
« Je suis sûr qu’elle s’est fâchée. De son point de vue, elle a finalement retrouvé son amie d’enfance qu’elle n’aurait jamais pensé revoir, mais cette amie dit pratiquement qu’elle n’a aucune raison de continuer à vivre, » déclara Zagan.
« Mais j’ai une raison de vivre, » répondit Kuroka.
« On ne peut pas appeler ça vivre. Vivre, c’est jouir du plaisir, satisfaire ses désirs et obtenir de la joie. Tu ne peux pas appeler juste éviter la mort en vivant, » répliqua Zagan.
Kuroka déplaça son regard sur le sol d’une manière déconcertée.
« … Je veux dire… est-ce vraiment bien de le justifier comme ça… ? » demanda Kuroka.
« Y a-t-il un problème ? » demanda Zagan.
« Je pense juste que peut-être vivre devrait être quelque chose de plus pur et de plus noble, » répondit Kuroka.
Zagan avait finalement fait irruption avec un sourire comme pour la féliciter. « Regarde-moi ça. Tu comprends tout à fait. Vivre est vulgaire, misérable et inesthétique. C’est précisément pour cela que ceux qui font de leur mieux pour vivre sont beaux et nobles. »
« Même si c’est inesthétique… est-ce noble ? » demanda Kuroka.
« Ouais. Ce qui te manque, c’est le désir. Commence par avoir quelque chose que tu souhaites. Quelque chose que tu aurais du mal à obtenir, » répondit Zagan.
Comment a-t-elle interprété ses paroles ? Kuroka avait encore le regard tourné vers Zagan, mais elle avait quand même ouvert la bouche pour parler timidement.
« J’ai toujours peur… de voir la lumière. Mais, il y a une chose que je veux essayer, » elle avait ensuite pointé ses yeux droits sur le visage de Zagan. « Je veux savoir… quel genre de visage vous avez, Monsieur. »
Même Zagan savait ce que cela impliquait pour la fille aveugle.
« Très bien. Fais ce que tu veux, » déclara Zagan.
Avec la permission de Zagan, Kuroka avait timidement mis le bout de ses doigts sur le visage de Zagan. Au moment où ses majeurs étaient entrés en contact, ses deux mains avaient tremblé de peur. C’était comme si elle allait salir son visage rien qu’en le touchant. Mais même ainsi, son index, son annulaire, son pouce et son auriculaire étaient entrés en contact un à un comme pour confirmer que Zagan était vraiment là. En un rien de temps, le soleil s’était complètement couché et ses doigts exposés au vent nocturne étaient devenus froids.
Qu’est-ce que c’est ? Même moi, je suis tendu maintenant.
Kuroka bougea les doigts un par un, et poussa un soupir de soulagement. Ses mouvements étaient lents et semblaient réticents à se séparer de lui. Peu de temps après, elle avait fini d’inspecter le visage de Zagan, et elle avait eu un sourire troublé en baissant les mains.
« Je vous remercie beaucoup. C’est comme ça que vous êtes, hein, Monsieur ? » déclara Kuroka.
« Était-ce comme tu l’imaginais ? » demanda Zagan.
« Non, c’est un peu plus effrayant que je ne l’imaginais, » répondit Kuroka.
« Alors, tu es sur la bonne voie. Es-tu satisfaite ? » demanda Zagan.
Kuroka secoua la tête.
« Ensuite, je veux savoir à quoi ressemble le visage de mon Père. Puis Lilith, et Selphy… Je suis sûre qu’elles ont changé, » déclara Kuroka.
En entendant cette réponse, Zagan caressa la tête de Kuroka.
« Une bonne réponse. Alors, tu comprends, » déclara Zagan.
« Heehee. J’aurais dû confirmer comment était votre visage quand vous étiez petit, Monsieur, » déclara Kuroka.
« … Oublie ça, c’est tout, » Zagan gémit d’une grimace.
Eh bien, en tout cas…
Le sourire de Kuroka lorsqu’elle avait laissé échapper un rire étrange semblait tout à fait naturel, et en pensant à cela comme une compensation, ce n’était pas un si mauvais sentiment.
***
Partie 3
Zagan poussa un soupir alors que les pas commençaient à s’approcher d’eux en provenance de la forêt.
« C’est donc ici que vous étiez. Je vous cherchais, mon seigneur. »
Et celle qui l’appelait d’une voix plutôt éhontée, c’était Gremory. Elle était accompagnée de Foll, Néphy, Nephteros, Lilith et Selphy. Bref, toutes les femmes sauf Chastille étaient présentes.
En vérité, elles regardaient toutes de loin ce qui se passait depuis un certain temps déjà. Il semblait qu’elles attendaient, voyant que Zagan et Kuroka avaient une conversation sérieuse. Faisant demi-tour pour y jeter un coup d’œil, Zagan plissa ses sourcils.
« C’est quoi ces tenues ? » demanda Zagan.
« Keeheeheehee, apparemment c’est une robe indigène de Liucaon appelée yukata. Lady Lilith les a préparées pour nous, alors on les a essayées, » répondit Gremory.
Leurs vêtements ressemblaient à ce que Kuroka portait habituellement, mais les ourlets des robes étaient beaucoup plus étroits et semblaient difficiles à enfiler. Elles étaient décorées de belles broderies de fleurs et de papillons et autres, et bien qu’elles soient très voyantes, elles donnaient aussi une impression plutôt calme. La première à attirer l’attention de Zagan fut, naturellement, Néphy.
Assez inopinément, Néphy portait une tenue rouge vif. Des fleurs blanches et roses avaient été brodées autour de ses manches et de sa poitrine, donnant une impression très joyeuse. En pensant à sa tenue de femme de chambre habituellement calme, cela lui paraissait très voyant sur elle.
Donc même ce genre de vêtements vibrants convient à Néphy, hein ?
Il fut involontairement envoûté par cela, amenant Néphy à devenir rouge vif alors que le bout de ses oreilles tremblait.
« Comment est-ce, Maître Zagan ? » demanda Néphy.
« Hmm. Je pense que c’est bien. Euh… Tu es très… jolie, » déclara Zagan.
Il avait vraiment l’impression qu’il était capable d’exprimer ouvertement ses sentiments pour une fois, et Néphy avait utilisé un éventail d’or pour couvrir son visage pendant qu’elle hochait la tête.
« Merci beaucoup, » déclara Néphy.
Lilith et Selphy étaient ensuite sorties de derrière Néphy. Lilith portait un yukata rose légèrement plus modéré, tandis que Selphy en portait un bleu clair.
« Comment cela me va-t-il, Votre Majesté ? Selphy et moi, on a habillé tout le monde, vous voyez ? » déclara Lilith.
« C’est du beau travail, en effet. Je vous offrirai une récompense plus tard, » déclara Zagan.
Zagan répondit avec une expression tout à fait sérieuse, laissant Lilith quelque peu décontenancée.
« Est-ce quelque chose qui mérite d’être récompensé ? » demanda Lilith.
« Superrrr ! Monsieur Zagan nous donne une récompense ! » déclara Selphy.
Ensuite, Foll était arrivée en titubant. Elle portait un joli yukata orange assorti à ses cheveux verts. Il y avait un ballon d’enfant décoré et un peigne semi-circulaire brodé dessus, et il semblait avoir été fait pour les enfants.
« Zagan, et moi ? » demanda Foll.
« Hm. Il te va bien. As-tu assez mangé ? » demanda Zagan.
Zagan croyait qu’elle en avait assez de leur petite compétition de pêche de l’après-midi, mais cela n’avait pas changé le fait qu’ils étaient encore très loin de la forme du Dragon.
« Je vais bien, » répondit Foll en bâillant. « Mais j’ai sommeil maintenant. »
« C’est normal. Après tout, il fait nuit dehors. Nous dînerons bientôt, donc tu pourras te coucher bientôt, » déclara Zagan.
« Hm. »
Et finalement, Zagan s’était tourné vers Nephteros, qui laissait son regard vagabonder comme si elle s’ennuyait.
« Nephteros. Montre-moi le tien aussi, » déclara Zagan.
« Hm… Comment est-ce ? » demanda Nephteros.
Sa belle-sœur portait un yukata violet apaisant. Le motif semblait être une paire avec celui de Néphy et était également brodé de fleurs similaires.
Comment Richard essaiera-t-il de séduire Nephteros après avoir vu ça ?
C’était un peu mesquin, mais Zagan voulait que le chevalier angélique fasse de son mieux pour courtiser Nephteros, qui était assez problématique pour ça.
« Hmmmm. Ça te va bien, n’est-ce pas ? Comme je m’y attendais de ma belle-sœur, » déclara Zagan.
« Vraiment ? » demanda Nephteros.
Zagan avait souri de satisfaction et Nephteros avait saisi le bout de ses manches et se retourna sur place. En la voyant faire, Néphy avait aussi souri.
« Tu es magnifique, Nephteros, » déclara Néphy.
« Toi aussi, Néphélia, » répondit Nephteros.
Elles étaient encore un peu gênées, mais les voir se sourire les unes aux autres donnait vraiment l’impression qu’elles étaient sœurs. Après que tout le monde eut entendu les impressions de Zagan, Gremory fit signe à Kuroka de venir.
« Allez, Lady Kuroka. Vous devriez aussi vous changer. En tant que fille de Raphaël, vous êtes aussi un peu comme une servante ici. N’est-ce pas le devoir d’un serviteur de plaire aux yeux de son roi ? » demanda Gremory.
« Plaire à ses yeux ? N’y a-t-il pas un ennemi dans le coin ? Si on le met de côté, est-ce vraiment bien qu’on s’amuse un peu ? Même Lady Chastille est prise pour cible en ce moment, n’est-ce pas ? » déclara Kuroka.
« Keehee, ne vous inquiétez pas. Cette pleurnicheuse a cet idiot de Purgatoire avec elle. Eh bien, il n’est pas très fort comparé à ce Decarabia ou qui que ce soit d’autre. Cependant, cela prendra du temps pour l’achever, donc c’est bon, » déclara Gremory.
Elle avait alors affiché un sourire éclatant et avait rapproché son visage de celui de Kuroka.
« Par-dessus tout, mon seigneur n’a pas encore annulé son ordre pour que nous puissions profiter de notre pause. Si nous ne nous amusons pas, nous nous révolterions contre les ordres de notre seigneur, » déclara Gremory.
Kuroka répondit alors à Gremory avec un soupçon de colère au visage. « … Qu’est-ce que vous racontez ? Ce sorcier a reflété sa sorcellerie tout à l’heure, n’est-ce pas ? Comment un sorcier est-il censé le vaincre ? »
Gremory fixa Kuroka avec émerveillement. « Ce n’est pas si impressionnant que ça, vous savez ? Nous n’avons pas amené le golem, mais même moi, je pourrais probablement le vaincre en moins d’une minute, et je suis presque sûre que la petite Lady Foll le tuerait vraiment en un instant. »
Foll pencha la tête sur le côté, tout en y réfléchissant, puis elle hocha la tête en signe de tête.
« Probablement, en une bouchée ? » répondit Foll.
Voyant sa fille faire cette affirmation, Zagan avait souri comme s’il faisait l’éloge d’un élève qui réussissait bien.
« Hm. Une évaluation sans compter sur l’esprit, le dédain, ni l’humilité. C’est la bonne analyse, » déclara Zagan.
« Hehehehe…, » Zagan caressa la tête de Foll alors qu’elle souriait de joie.
« Alors, pourquoi a-t-il été si malmené dans le combat ? » demanda Kuroka.
« Qui sait ? Mon seigneur est capricieux, je ne peux même pas deviner ses véritables intentions. C’est probablement qu’il était juste en train de penser à quelque chose, n’est-ce pas ? » répondit Gremory.
Elle avait mis le doigt sur la tête.
Ce type a parlé comme s’il me connaissait déjà. De plus…
L’art martial utilisé par Decarabia était dans la tête de Zagan. Il semblait y avoir un nombre incalculable de styles et d’écoles dans les arts martiaux, mais Zagan sentait que ce que Decarabia utilisait était très similaire au sien. De plus, cet incident s’était produit juste après que Zagan ait reçu des informations aussi étranges d’Alshiera. Il ne pensait pas que cela n’avait aucun rapport. Par-dessus tout, il y avait cet œil artificiel répugnant.
Roi aux yeux d’argent.
Alshiera était obsédée par l’utilisation de ce nom. Serait-ce vraiment une coïncidence que deux personnes aux yeux argentés se présentent ? C’est pourquoi Zagan voulait savoir qui était exactement cet homme et n’avait pas essayé de le tuer. Eh bien, il y avait aussi la raison pour laquelle tuer normalement un sorcier qui utilisait les arts martiaux ne serait pas non plus suffisant.
Gremory s’était mise à rire et avait mis sa main sur la joue de Kuroka.
« Eh bien, si mon seigneur ne l’a pas tué, c’est simplement parce qu’il n’en avait pas besoin, ou peut-être était-il plus pratique de le garder en vie. Quand il vaut mieux les tuer, mon seigneur est celui qui est impitoyable à l’improviste. Bref, vos soucis ne sont qu’une anxiété inutile. » Gremory s’en était prise à Zagan. « Ah ! Maintenant que j’y pense, mon seigneur. Je suis la seule dont vous n’avez pas encore fait l’éloge ! »
« Hein ? Dois-je le faire ? » demanda Zagan.
« Bien sûr que si ! » répondit Gremory.
Le yukata de Gremory utilisait le noir comme ton de base et était brodé de papillons d’allure glamour. La grand-mère sous la forme d’une belle femme avait fait un tour sur place.
« Comment est-ce ? Je suis plutôt belle dans une telle tenue, non ? » demanda Gremory.
« Va dire ça à Kimaris. Tu le connais depuis longtemps, n’est-ce pas ? » demanda Zagan.
Pour une raison quelconque, Gremory avait serré les doigts l’un contre l’autre et était devenue rouge au visage.
« Hwah ? Je n’ai pas vraiment ce genre de relation avec Kimaris… Je ne dis pas que je le déteste ou quoi que ce soit…, » commença Gremory.
Cette idiote hurle sur son pouvoir de l’amour absurde ou quoi que ce soit d’absurde pour tout le monde, mais elle est complètement inutile quand il s’agit d’elle ?
C’était vraiment une grand-mère ennuyeuse. Alors que Zagan soupirait d’exaspération, Gremory reprit son sang-froid et se remit à tirer.
« Gah ! Kimaris n’a rien à voir avec ça, hein !? Regardez ce yukata ! Non, regardez-moi ! Et félicitez-moi ! » déclara Gremory.
« Pourquoi es-tu de si bonne humeur aujourd’hui ? » demanda Zagan.
Gremory avait même les larmes aux yeux.
« Ne savez-vous pas déjà mon seigneur ? C’est peut-être ma dernière nuit dans ce monde. Je m’en fous si vous ne faites que parler de moi ! Je veux au moins que quelqu’un me félicite d’être jolie dans ce dernier moment de ma vie ! » déclara Gremory.
Elle gémissait de désespoir au point que Kuroka ne pouvait plus cacher sa sympathie pour elle.
« Monsieur, lui est-il arrivé quelque chose ? » demanda Kuroka.
« Aah... Elle a mis en colère son professeur, un Archidémon, et s’est enfuie loin de sa punition. Si l’on découvre qu’après s’être enfuie, elle se promenait en s’amusant comme elle l’entendait, ça ne finira pas très paisiblement, » répondit Zagan.
« Argh… Pouvez-vous-même appeler le fait de passer la moitié d’un mois à ne rien faire d’autre que de la recherche sur la sorcellerie sans une seule chance d’aimer une belle fille qui vit ? Non ! Vous ne pouvez pas ! Si je dois être morte de mon vivant, je préfère mourir sur le champ après tout ce que j’ai fait ! » s’écria Gremory.
Gremory marchait sur la plage de sable tout en faisant une affirmation si résolue qu’elle était presque rafraîchissante. Elle leva alors les yeux vers Zagan.
« Peu importe qui c’est, que quelqu’un me complimente, » déclara Gremory.
« Aah, tout va bien. Ce yukata te va bien. N’importe qui qui le verrait te louerait, » déclara Zagan.
Comme prévu, cela devenait de plus en plus pitoyable de la regarder, alors Zagan s’y était conformé, face à quoi Gremory s’était timidement gratté la joue.
« Hein… ? C’est un peu embarrassant d’être loué si honnêtement comme ça, » déclara Gremory.
« Qu’est-ce que tu veux… ? » demanda Zagan.
Elle commençait à donner la migraine à Zagan, mais cela le rendait aussi un peu nostalgique.
Maintenant que j’y pense, Stella aimait aussi ce genre de chahut.
C’était la fille sur la photo de l’enfance de Zagan. Il s’inquiétait pour Marc, mais Zagan n’avait aucune idée de ce qui lui était arrivé depuis. Marc avait disparu tout à coup, mais Stella avait complètement disparu avant qu’on s’en rende compte. En y repensant normalement, elle était morte ou avait été attrapée par des marchands d’esclaves, mais en y réfléchissant plus, Zagan espérait qu’elle était encore en vie.
Zagan secoua les souvenirs qui se remplissaient soudainement dans sa tête, et désigna la mauvaise grand-mère.
« Écoute-moi Kuroka. Eh bien, je ne te dirai pas d’aller si loin, mais tu devrais suivre ses traces quand il s’agit de te livrer à tes désirs sans vergogne, » déclara Zagan.
Kuroka avait l’air assez troublée, comme on pouvait s’y attendre, mais avait néanmoins hoché la tête avec un sourire rafraîchissant.
« Compris. C’est la première fois que je vois quelqu’un d’aussi concentré sur la vie. Je vois. Misérable, inesthétique… et pourtant… magnifique… n’est-ce pas… ? Hya !? » répondit Kuroka.
Une giclée de sang avait jailli du nez de Gremory.
« Joli… pouvoir de l’amour… Je n’ai… aucun regret…, » balbutia Gremory.
Elle s’était ensuite effondrée dans une mare de son propre sang.
« Zagan… Elle l’a encore fait…, » murmura Foll.
« Laissez-la en paix, » déclara Zagan.
Zagan avait ensuite tapoté Kuroka sur la tête.
« Eh bien, c’est comme ça. Va t’habiller avec elles et amuse-toi bien, » déclara Zagan.
« Et vous, Monsieur ? » demanda Kuroka.
« Moi ? Eh bien…, » répondit Zagan.
Zagan jeta un coup d’œil à Néphy. C’était une rare occasion où elle était bien habillée. De plus, la plage la nuit avait créé une bonne ambiance. Il avait envie de passer du temps seul avec elle. Et après avoir peut-être lu cette atmosphère, Nephteros avait coupé dans leur conversation.
« Maintenant que j’y pense, qui peut s’occuper de la cuisine ? Je ne l’ai jamais fait avant, » déclara Nephteros.
Avec cette seule phrase, un silence désespéré domina la région. Lilith fixa le sol d’un regard désagréable, et Gremory était affalée sur le sol, handicapée par un sourire. Il semblait aussi qu’ils ne pouvaient pas non plus vraiment compter sur Chastille et les Chevaliers Angéliques.
Ou plutôt, ils patrouillaient l’île pour s’occuper de Decarabia. Ce n’était pas vraiment le moment pour eux de penser au dîner. Si Zagan emmenait Néphy, qui cuisinerait ? Et celui qui avait brisé ce lourd silence, c’était une voix insouciante incapable de lire l’atmosphère.
« Ouaip ! Juste ici ! Je fais souvent de la cuisine au château, donc je peux faire le dîner ici ! » déclara Selphy.
« Attends, Selphy… N’as-tu pas de fierté royale ? » fit remarquer Lilith.
« Ma fierté a coulé avec ce bateau à Suflaghida ! » déclara Selphy.
Foll avait ensuite carillonné, se frottant les yeux endormis. « Je peux… aussi… faire un peu. Je suis… la grande sœur… après tout… »
Eh bien, mis à part Foll qui s’assoupissait, Selphy était personnellement entraînée par Raphaël, elle serait au moins capable de cuisiner… probablement.
Nephteros murmura alors plein de curiosité. « Hmmmm… Puis-je aussi faire quelque chose ? »
« C’est d’accord ! Que tout le monde me suive ! » déclara Selphy.
Voir Selphy être la plus fiable ici était une situation terriblement inquiétante, mais Zagan ne pouvait rien faire d’autre que de les voir partir. Néanmoins, c’était une occasion rare de voir cette idiote faire de son mieux pour créer une opportunité pour lui. Ainsi, Zagan tendit la main à Néphy.
« Alors, va-t-on se promener, Néphy ? » demanda Zagan.
« Tout le plaisir est pour moi, Maître Zagan, » répondit Néphy.
Et alors qu’ils commençaient tous les deux à marcher, Kuroka les appela.
« Euh, Mlle Néphy, » déclara Kuroka.
« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Néphy,
Kuroka serra étroitement ses mains tremblantes, puis rassembla sa détermination pendant qu’elle continuait.
« J’ai… toujours peur de voir le monde. Mais, une fois que j’aurai pris la décision d’y faire face, pourrais-je vous demander de faire quelque chose ? Je veux…, » Kuroka s’étouffa avec ses paroles, mais, elle se calma et parla clairement. « Je veux revoir le monde une fois de plus, pourriez-vous… me guérir… ? »
Néphy s’approcha de Kuroka et enlaça la jeune fille tremblante.
« Oui. J’attendrai aussi longtemps que vous le voudrez, il n’y a donc pas lieu de paniquer. Ne vous pressez pas, et s’il vous plaît soyez gentille avec vous-même aussi, » répondit Néphy.
Après ça, Kuroka avait enfin libéré la raideur de ses épaules et avait hoché la tête.
« Merci… beaucoup…, » déclara Kuroka.
Ainsi, Zagan et Néphy marchaient main dans la main.
« … Comme c’est incroyable… C’est la femme dont il est tombé amoureux. »
Son doux murmure n’avait été entendu par personne et avait disparu dans les vagues de l’océan.
***
Partie 4
« Hm. Ce soi-disant yukata est très différent pour les hommes, hein ? » déclara Zagan.
Néphy avait apporté des vêtements que Zagan pouvait porter. C’est probablement Gremory qui lui avait demandé de l’apporter, anticipant qu’ils iraient faire une promenade le long de la plage. C’était une grand-mère gênante, mais elle avait aussi beaucoup de goût dans ces moments-là. Zagan portait un yukata gris foncé qui avait des manches moins flottantes que la version féminine, et plus d’espace pour bouger ses jambes à l’intérieur.
Hochement de tête avec une légère teinte de rouge sur les joues. « Ça te va bien, Maître Zagan. »
« H-Hm. C’est un peu gênant de ne pas avoir ma robe, mais ce n’est pas si mal de temps en temps, » répondit Zagan.
« Les vêtements que tu portais quand tu étais petit étaient aussi jolis, tu sais ? » Néphy murmura joyeusement.
« … Je veux que tu oublies tout ça, » déclara Zagan.
Pour Zagan, son passé était amer, douloureux et c’était quelque chose dont il ne voulait pas se souvenir. Néanmoins, après qu’il soit devenu petit, les noms des autres enfants avec lesquels il traînait à l’époque étaient revenus à l’horizon. Il s’était rendu compte que son passé était quelque chose qui le pourchasserait à jamais comme une ombre.
Même si je ne reviens qu’au jour où j’ai rencontré Néphy, je lui ai fait manger quelque chose d’horrible…
Il n’oubliait pas le visage de Néphy lorsqu’il lui apporta de la viande séchée fanée et du lait pourri. Le visage sans émotion de Néphy, provoqué par la perte de sa volonté de vivre après son enfance dans le village caché des elfes, s’était raffermi complètement par sympathie et par sens du devoir. Et en y repensant, Zagan avait relâché un marmonnant.
« J’ai l’impression de l’avoir déjà dit, mais tu as vraiment changé, Néphy, » déclara Zagan.
« Vraiment ? » demanda Néphy.
« Ouais. Tu es capable de me montrer toutes sortes d’expressions maintenant, » déclara Zagan.
Eh bien, même si ses expressions faciales étaient faibles, ses oreilles étaient assez abondantes pour exprimer ses émotions tout ce temps. Après lui avoir fait remarquer cela, Néphy avait regardé Zagan d’une manière quelque peu vexée.
« N’as-tu pas toi aussi changé ? » déclara Néphy.
« Erk, l’ai-je fait ? » demanda Zagan.
Eh bien, il avait l’impression d’être capable d’exprimer ses sentiments avec plus d’honnêteté, mais même maintenant, il était toujours en détresse pour savoir comment dire les bons mots au bon moment. Il ne pouvait pas vraiment prétendre qu’il avait beaucoup progressé. Tel fut le cas, mais Néphy hocha la tête avec bonheur.
« Pour le dire franchement, ça ne fait plus mal, hein ? » déclara Néphy.
« Plus mal… ? Je ne pense pas avoir de vieilles blessures…, » déclara Zagan.
Tandis que Zagan s’interrogeait un instant, Néphy secoua la tête.
« Tu l’as dit… “Posséder du pouvoir n’est pas mal”. Quand tu m’as dit ça une fois, Maître Zagan, tu avais l’air d’avoir mal, tu sais ? » déclara Néphy.
Et cela avait rafraîchi la mémoire de Zagan.
« Est-ce mal pour les faibles de vivre ? Te sens-tu bien de montrer ton pouvoir ? »
C’était arrivé il y a longtemps, mais Zagan avait été maudit comme ça par une fille qu’il ne connaissait pas. Après ça, Zagan avait renoncé à attendre quoi que ce soit des autres. Il avait perdu tout attachement aux gens. Il ne croyait qu’en lui-même, ne comptait que sur lui-même et vivait seul.
Zagan regarda ses vêtements avec un sourire amer.
Je me demande ce que le moi de l’époque dirait s’il me voyait maintenant ?
Il portait des vêtements étrangers tout en s’amusant, marchant à côté de la fille qu’il aimait. Il se promenait constamment en protégeant les autres. Il avait obtenu une fille, une belle-sœur et des subordonnés bruyants. C’était tout ce qu’il avait nié à l’époque.
C’est exactement pour ça qu’il secouait la tête comme si de rien n’était.
« J’ai déjà oublié ça. Je suis sûr que ce n’est qu’un souvenir sans importance pour l’instant, » déclara Zagan.
Il ne se souvenait même pas à quoi ressemblait la fille. Elle avait été poursuivie par un bandit ou quelque chose comme ça et s’était perdue dans le domaine de Zagan, mais c’était le visage du bandit dont Zagan se souvenait mieux. C’était un jeune homme aux cheveux roux voyant. Et maintenant qu’il y avait réfléchi, l’un seul de ses yeux était…
« Hein ? Oh ! » Zagan avait crié sans le vouloir.
« Qu’y a-t-il, Maître Zagan ? » demanda Néphy.
« Ce n’est rien, je me suis enfin souvenu de qui est Decarabia. C’est un bandit que j’ai déjà tué, » déclara Zagan.
« Hein ? Bandit ? Tu viens de dire… tué ? Il avait l’air vivant… non ? » demanda Néphy.
« Eh bien, il y a de rares cas où un gars ne mourra pas après avoir été tué, » déclara Zagan.
Les membres du Clan de la Nuit comme Alshiera en étaient un exemple. Les morts-vivants étaient les mêmes en ce sens qu’ils pouvaient toujours se déplacer malgré leur mort. Et puis il y avait eu des cas comme celui de l’Archidémon Bifrons qui avait pu se faire exploser la tête et le cœur et les régénérer comme si de rien n’était. Cependant, si on lui demandait si Decarabia était une existence si terrifiante, Zagan ne pouvait que secouer la tête.
« En fait, ce type était-il un sorcier ? Je croyais que c’était juste un bandit. Ou peut-être qu’il est devenu sorcier après avoir été tué par moi… non, dans ce cas, ce serait bizarre pour lui d’être vivant. Hmm…, » déclara Zagan.
À l’époque, Zagan n’était encore qu’un amateur complet qui ne pouvait même pas mettre sa spécialité à profit pour dévorer la sorcellerie. En y repensant, il n’était qu’un des voyous parmi les sorciers. Et Decarabia était quelqu’un qui avait été tué par Zagan à l’époque avec une telle facilité que cela n’était même pas resté dans sa mémoire. C’était un véritable faiblard.
Alors comment est-il devenu un sorcier qui pouvait se battre avec des Archidémons ?
Si ce que Michael lui avait dit était vrai, c’est qu’il avait déjà tué l’un des Archidémons. Il était possible qu’il ait simplement grandi, mais on pouvait se demander si un petit poisson qui ne ressemblait à rien de plus qu’un bandit était capable d’une telle croissance. Eh bien, Zagan était passé d’enfant de la rue à Archidémon en l’espace de quelques années, alors c’était peut-être la façon dont le monde fonctionnait.
Tandis que Zagan se creusait la tête à propos de tout cela, Néphy acquiesça d’un signe de tête convaincu.
« Cela veut-il dire qu’il a volé ta sorcellerie à l’époque, Maître Zagan… ? » déclara Néphy.
Les yeux de Zagan s’étaient écarquillés.
Oh oui, j’ai raconté à Néphy comment la sorcellerie dévorante fonctionnait.
Cela expliquerait pourquoi Decarabia était capable de refléter la sorcellerie, et pourquoi il ne pouvait pas atteindre Zagan malgré sa capacité à vaincre d’autres sorciers. Zagan caressa la tête de Néphy comme un professeur qui faisait l’éloge d’un élève qui avait bien réussi.
« Tu as raison. C’est plus logique de penser qu’il l’a volé à l’époque, » déclara Zagan.
« Cela signifie-t-il qu’il y a d’autres possibilités ? » demanda Néphy.
Zagan ne pouvait pas lui donner une réponse immédiate. Cependant, ce n’était pas quelque chose qu’il n’avait pas non plus à cacher, alors il avait continué à l’expliquer de toute façon.
« Son œil a la même couleur argentée que les miens. Alshiera semble terriblement obsédée par ça, alors ce point a retenu mon attention, » déclara Zagan.
« … Hein ? » Néphy trouvait cela tout à fait incompréhensible.
« Je veux dire, ça avait l’air artificiel, mais n’était-ce pas la même couleur que les miens ? » demanda Zagan.
De plus, il se spécialisait dans le renforcement de son corps et son style tournait autour du combat avec ses poings. Il y avait une ressemblance remarquable entre les deux hommes. Zagan n’était sûrement pas le seul à penser après avoir été témoin de leur bataille.
« Ce n’est pas du tout la même chose. » Néphy était étrangement obstinée, laissant Zagan abasourdi. « Tu n’as aucune pitié pour tes ennemis, mais tu ne veux pas tourmenter et jouer avec les faibles. Tout le monde t’appelle son roi et t’idolâtre, il n’y a aucune chance qu’une ordure aussi vulgaire puisse te ressembler. Même s’il essaie de t’imiter, ce n’est qu’un effort pitoyable et incompétent, » déclara Néphy.
Zagan avait rendu un sourire tendu à Néphy.
Mon Dieu, qu’est-ce que c’est que ça ? Je ne peux pas la battre.
Zagan se souvient qu’il y a quelque temps, Nephteros s’était fait passer pour Néphy et avait essayé de s’approcher de lui. À l’époque, Zagan avait le même ressentiment à son égard qu’il la dénigrait.
« Si tu veux faire semblant d’être Néphy, fais un petit effort pour la copier ! »
Eh bien, il était certainement vrai qu’il y avait un point commun entre Zagan et Decarabia. Il y avait aussi une raison plus que suffisante pour qu’il en veuille à Zagan. La similitude de leurs pouvoirs pourrait aussi s’expliquer par le fait qu’ils y voient une fixation sur Zagan pour se venger. Cependant, même si Zagan comprenait cela…
« J’ai l’impression que… tout est lié d’une manière bizarre ici…, » déclara Zagan.
« Parles-tu de ce qu’a dit Mlle Alshiera ? » demanda Néphy.
« Cela dit, c’est de plus en plus incompréhensible…, » déclara Zagan.
Decarabia était-il devenu un sorcier avant ou après que Zagan l’ait tué ? Était-il un bandit à l’époque ? Et s’il l’était, comment était-il lié à Marc ?
Cette foutue Alshiera. Est-ce qu’elle vient de dire quelque chose avec désinvolture pour me déconcerter après tout ?
Zagan avait poussé un gémissement et s’était soudain arrêté.
« Maître Zagan ? » demanda Néphy.
« Chut, c’est Barbatos et Chastille, » déclara Zagan.
Les deux individus qui étaient encore plus gênants que Zagan se tenaient debout sur la plage nocturne.
***
Partie 5
Il n’y avait nulle part où se cacher sur la plage. Zagan et Néphy se rendirent rapidement dans la forêt et regardèrent l’ami indésirable de Zagan et la pleurnicheuse. Après avoir jeté un coup d’œil attentif à leur environnement, ils avaient aussi trouvé plusieurs Chevaliers Angéliques qui veillaient sur Chastille à l’ombre des arbres. Richard était aussi parmi eux.
Aaah… Dans ces moments-là, les sorciers et les chevaliers angéliques pensent la même chose, hein ?
Eh bien, il y avait ceux qui avaient les mains sur leurs épées et qui étaient tout à fait déterminés à abattre Barbatos s’il faisait quoi que ce soit de mal. Et alors que Zagan les avait observés, son regard avait soudain rencontré celui de Richard.
Hm. Je suppose que je vais le lui demander.
Zagan avait dessiné un cercle magique dans l’air et l’avait envoyé à Richard.
« Quelle est la situation ? » demanda Zagan.
C’était de la sorcellerie de communiquer sur de longues distances. Ce n’était pas aussi sophistiqué que la communication télépathique dont Barbatos était capable, mais c’était plus qu’assez pour se chuchoter à l’autre dans ce cas. Richard fut surpris d’entendre une voix venant du cercle magique tout d’un coup, mais il retrouva rapidement son sang-froid et répondit.
« Après que Lady Chastille se soit changée en tenue de Liucaon, Sire Barbatos l’a appelée en utilisant la chasse au sorcier comme prétexte, » déclara Richard.
« Quoi ? C’est Barbatos qui l’a appelée… ? C’est quelque peu inattendu, » déclara Zagan.
« Je suis d’accord. Et comme certains d’entre nous n’ont pas été capables de cacher leur intention de tuer lors de telles actions, nous avons fini par nous faufiler dans la forêt comme ça, » déclara Richard.
Même s’il avait dit « quelques-uns d’entre nous », il n’y avait que trois Chevaliers Angéliques ici à part Chastille et Michael. Ce qui voulait dire qu’ils étaient tous enragés et que l’un d’entre eux avait probablement retrouvé sa présence d’esprit et avait retenu les autres.
Zagan repensa à ce que Chastille portait. Elle portait un yukata bleu avec une magnifique broderie d’oiseau. Au premier coup d’œil, il semblait que Chastille était toujours dans son mode de vie privée, mais elle avait toujours l’air étrangement mature. Et peut-être parce que Barbatos était aussi nerveux, ni l’un ni l’autre n’avait rien dit quand ils avaient regardé dans la mer.
« Depuis combien de temps font-ils ça tous les deux ? » demanda Zagan.
« Ça fait environ une minute, » répondit Richard.
« … Quelle irritation… ! Excuse-toi, Barbatos, » murmura Zagan.
Si Foll et ses autres subordonnés les entendaient, ils répondraient sûrement par un « Est-ce vraiment à toi d’en parler ? ». Cependant, personne ici n’avait voulu lui faire remarquer cela. Richard avait simplement fait un signe de tête profond.
« Franchement. À cause de cela, nous en avons assez d’attendre et nous sommes sur le point de dégainer nos épées, » déclara Richard.
« Ce n’est pas comme si je ne comprenais pas ce que vous pensez, mais gardez le contrôle. Si vous vous mettez en travers de la route, cela pourrait aggraver la situation, » déclara Zagan.
Voyant que Zagan et Richard confirmaient la situation avec un air sérieux, les oreilles de Néphy s’agitaient d’une manière troublée.
« Maître Zagan, cela s’applique aussi aux chevaliers angéliques, mais… n’étiez-vous pas tous en patrouille à la recherche du sorcier ennemi ? » demanda Néphy.
« Oublie ces bêtises. La romance naissante entre Chastille et Barbatos n’est-elle pas beaucoup plus critique ? Néphy, ne t’inquiètes-tu pas de ça ? » demanda Zagan.
« Hmm… C’est… Euh… Je suis…, » balbutia Néphy.
Finalement, Néphy s’était alignée à côté de Zagan et avait participé à l’espionnage. Et après un court instant d’attente, Chastille semblait marmonner quelque chose.
« Tch, on n’entend vraiment rien d’aussi loin, » murmura Zagan.
Ils parlaient apparemment à voix basse, et même avec son sens aigu de l’ouïe, Zagan ne comprenait pas ce qu’ils disaient.
Si j’utilise la sorcellerie trop près d’eux, ils le remarqueront, mais je n’ai pas le choix !
Zagan dessina une fois de plus un cercle magique dans l’air. C’est la même chose qu’il avait envoyée à Richard tout à l’heure. Cette fois, il l’avait jeté aux pieds de Chastille comme s’il lançait un frisbee.
« Hm ? Quelque chose vient de bouger… ? » demanda Chastille.
« Hein ? N’est-ce pas juste les vagues ou un crabe ? » demanda Barbatos.
Il semblerait que Zagan s’en soit tiré sans qu’ils s’en rendent compte. Zagan forma un cercle avec son index et son pouce pour signaler à Richard et aux autres que son plan était un succès. Et les Chevaliers Angéliques levèrent les poings en l’air, enchantés.
Cependant, comme cette sorcellerie relayait le son dans les deux sens, Zagan leva l’index et pressa Néphy de se taire. Mettant de côté l’excitation des spectateurs, Chastille se tortillait les cheveux dans les doigts en marmonnant.
« C’était censé être des vacances, après tout. Je n’ai pas apporté mon armure sacrée. Cela dit, comment dire... Je suis plutôt réticente à me battre en ne portant qu’un maillot de bain ou autre chose… ou plutôt…, » balbutia Chastille.
Il semblait que Barbatos posait des questions sur son yukata, et Chastille était en train de trouver des excuses.
N’est-ce pas bien de dire que ça te va bien ou quelque chose comme ça !
Zagan avait maudit son ami indésirable tout en regardant leur échange dans la vexation, puis avait relayé ce qui se passait au groupe de Richard à l’aide de signaux manuels. Les Chevaliers Angéliques agonisèrent de la même manière, et alors que l’un d’eux allait dégainer son épée avec un regard sérieux sur son visage, un autre le retint désespérément.
Barbatos répondit alors d’une voix troublée.
« N’est-ce... N’est-ce pas bien ? Personne ne se soucie de ce que tu portes, » déclara Barbatos.
Zagan et Néphy se couvraient le visage.
Espèce d’imbécile ! Tu devrais juste dire que n’importe quelle tenue te conviendrait, n’est-ce pas ?
Sérieusement, comment son ami indésirable était-il si intelligent et en même temps si stupide ? Même les épaules de Chastille se baissèrent face à ce commentaire.
En voyant la réaction de Zagan et Néphy, les autres Chevaliers Angéliques lui avaient envoyé un regard curieux. Zagan avait l’impression que les chevaliers angéliques sauteraient dans la bataille s’il l’expliquait tel quel, mais ce n’était pas comme s’il pouvait simplement les laisser de côté sur la situation réelle. Après avoir relayé ce qui se passait avec ses mains, Zagan tendit la paume de sa main pour leur dire d’attendre.
« Aah... Je veux dire… Je ne me moque pas de toi ou de quoi que ce soit d’autre ? N’est-ce pas bien de porter ce qu’on veut ? De toute façon, personne ne penserait que c’est mauvais, » déclara Barbatos.
« Hwah ? U-Ummmm… Je-Je vois…, » déclara Chastille.
Chastille détourna le regard comme si elle n’était pas si insatisfaite des phrases maladroites de Barbatos. Il semblait que pour l’instant, le fait qu’il la complimentait arrivait quand même à être transmis. Zagan fit un signe avec son poing et signala aux Chevaliers Angéliques que la situation n’était pas mauvaise, et Richard hocha la tête en retour avec une expression sévère indiquant qu’ils ne devaient pas sauter aux conclusions hâtives.
Ensuite, c’est Barbatos qui avait commencé à parler. « Cette fois-ci… Je ne me moquais pas non plus vraiment de toi, ok ? »
« Hein ? » demanda Chastille.
Chastille ne s’y attendait pas du tout et l’avait regardé avec surprise. Zagan relaya immédiatement ce qui se passait aux Chevaliers Angéliques, et le seul Chevalier Angélique qui ne se contrôlait pas était prêt à passer à l’action, mais ses partenaires firent de leur mieux pour le maintenir au sol.
Et sans montrer aucun signe de savoir qu’il y avait des présences à l’extérieur, Barbatos avait continué.
« Comment le dire... Ce n’est pas comme si être une pleurnicheuse était si mal que ça, non ? N’est-ce pas bien mieux que d’avoir de l’arrogance ? » demanda Barbatos.
Chastille s’était pincé le front devant sa catégorisation difficile à comprendre. Néphy était aussi de plus en plus irritée de les voir et s’accrochait étroitement au bras de Zagan. Zagan s’inquiétait de ce qui se passait, mais sa femme était beaucoup trop mignonne. Et donc, il frotta sa joue contre la sienne pour la réconforter.
« Hwah !? »
Les oreilles de Néphy frémirent lorsqu’elle éleva la voix.
« Ha ? As-tu dit quelque chose ? » demanda Chastille.
« Hein ? Non. Je n’ai pas… Je veux dire, était-ce moi… ? » demanda Barbatos.
Tous deux parvinrent à une étrange compréhension, ce qui donna à Zagan et à Néphy un sentiment de soulagement.
« … Ne me taquine pas, Maître Zagan, » murmura Néphy.
Néphy gonfla adorablement ses joues et fixa Zagan du regard tandis que les Chevaliers Angéliques leur jetaient un coup d’œil en regardant encore la situation, mais c’était maintenant le point critique. Après s’être calmée, Chastille répondit d’un ton empli de doutes.
« Hmm… En d’autres termes, tu veux dire que tu ne te moques pas de moi quand tu me traites de pleurnicheuse tout le temps ? » demanda Chastille.
« Ha ? D’habitude, je me moque de toi à ces moments-là, tu sais ? » déclara Barbatos.
« … »
Incapables de le supporter, Zagan et Néphy s’étaient tous deux effondrés et s’étaient tenu la tête. Et peut-être après avoir remarqué que ce qu’il avait dit était en vérité assez mauvais, Barbatos s’était corrigé.
« Oh, non, ce n’est pas ce que je veux dire. C’est vrai que je me moque de toi, mais ce n’est pas comme si j’essayais de t’énerver ou de te faire chier… Quoi qu’il en soit ! C’est comme ça que c’est ! » déclara Barbatos.
« Je ne comprends vraiment pas du tout…, » déclara Chastille.
Zagan ne le comprenait pas non plus et était à peu près au point où il allait lui-même venir et frapper Barbatos, mais Chastille avait fait un sourire tendu, ayant été poussé bien au-delà du simple étonnement.
« Eh bien, je suppose que dès le départ, tu es ce genre de personne. J’ai l’impression de ne pas comprendre ce que tu essayes de dire, » déclara Chastille.
« Tu dis que tu comprends ou pas.... ? » demanda Barbatos.
« Je me le demande… ? » déclara Chastille.
Pour l’instant, il semblerait qu’ils aient réussi à sortir de l’impasse. Zagan avait relayé le fait que la situation était passée d’une situation désastreuse à une meilleure situation avec des signaux de mains. La situation était si irritante que Richard essuyait maintenant la sueur de son front. Ensuite, Chastille marmonna comme si tout cela était tout simplement inévitable.
« Hmm, cette fois-là, c’était aussi ma faute…, » déclara Chastille.
« Hein ? As-tu fait quelque chose ? » demanda Barbatos.
« Euh, je veux dire, ne t’ai-je pas frappé ? Je ne voulais pas faire ça. Désolé, Barbatos, » déclara Chastille.
« O-Oh…, » s’exclama Barbatos.
Zagan secoua le poing en l’air pour dire que la situation était en train de changer radicalement. Les Chevaliers Angéliques se penchaient maintenant vers l’avant en retenant leur souffle. Et puis, Barbatos avait répondu d’un ton gênant.
« Aaah, moi aussi… Euh, c’était de ma faute. Je ne pensais pas que tu te fâcherais autant. Je ne le répéterai pas… ce n’est pas vraiment quelque chose que je peux te promettre, mais je serai prudent, » déclara Barbatos.
« Je veux que tu me promettes que…, » commença Chastille.
Les épaules de Chastille se baissèrent dut à l’épuisement, mais néanmoins, elle souriait certainement.
« Mais, je suppose que c’est comme ça que tu es. Je n’en demanderai pas plus, » déclara Chastille.
« Ha, comme c’est hautain, » déclara Barbatos.
« C’est toi qui dis ça ? » répliqua Chastille.
Il semblait qu’ils avaient réussi à se réconcilier. Zagan poussa un long soupir puis leva les deux mains pour signaler que l’opération était un succès. Les Chevaliers Angéliques étaient à la fois en fête et en rage, mais il était clair qu’ils étaient tous soulagés d’être libérés de cette situation vexante. En outre, chacun d’entre eux souriait. Zagan lui-même souriait sûrement.
C’était plutôt amusant.
Il avait l’impression de comprendre Gremory et Manuela un tout petit peu. Eh bien, c’était gênant quand c’était lui qu’on regardait, mais quand même, il trouvait ça étrangement agréable. Et juste à ce moment-là…
« HYAHYAHYAHYAHYAA ! Ne vous amusez-vous pas un peu ici !? Laissez-moi vous rejoindre ! »
Un rire fou avait retenti sur la plage.
Decarabia !?
Il avait déclaré qu’il ciblerait Chastille et Kuroka en première, mais c’était vraiment le pire moment pour le faire. La réaction de Zagan avait été immédiate. Avant même de faire un seul pas, il avait déployé une barrière de vent. La barrière multicouche du vent avait scellé tous les sons. C’est ce qu’il avait préparé plus tôt dans la soirée, donc il avait pu le déployer en un instant, coupant tout le son entre Decarabia et Barbatos. Et avec sa prochaine étape, le paysage de l’île s’était déformé.
Ce n’était pas comme si l’espace lui-même était déformé. À l’aide de Memorandum, Zagan avait dessiné le paysage avec sa propre imagination. Au moment où Barbatos et Chastille se retournèrent pour regarder, ils ne pouvaient plus voir Zagan, Néphy, les Chevaliers Angéliques, et naturellement, même Decarabia.
Et à ce moment-là, le corps de Zagan était déjà dans le ciel, donnant un coup de pied circulaire à Decarabia. C’était une forme d’arts martiaux pour donner un coup de pied à pleine puissance. Decarabia se concentrait entièrement sur Chastille, et ne reconnaissait même pas que Zagan était là au moment où un talon s’enfonçait dans le visage.
Il était tombé dans le sol, s’était écrasé dans les arbres, s’était enfoncé dans la terre et avait été envoyé de l’autre côté de l’île. Tout s’était passé en moins de trois secondes. Zagan flottait encore dans le ciel, mais Barbatos et Chastille ne pouvaient pas le voir à cause de la barrière qui leur masquait la vue. Au moment où Zagan frappa Decarabia, Barbatos et Chastille avaient finalement fini de faire demi-tour.
« Hein ? J’ai l’impression d’avoir entendu son rire tout à l’heure, » déclara Chastille.
« Ça ressemblait plus à des cris qu’à des rires, n’est-ce pas ? Je ne l’ai entendu qu’une seconde… Ça ne veut-il pas dire qu’il a été trouvé par cet abruti de Zagan et frappé au visage ou quoi ? » demanda Barbatos.
« … C’est possible. Commençons par chercher Zagan, » déclara Chastille.
« C’est tout à fait ça. »
Tous les deux commencèrent à courir le long de la plage, mais Barbatos se retourna pour regarder Chastille, et marmonna tranquillement. « … Eh bien, ces vêtements ne sont pas mal, tu sais ? »
Immédiatement après, Chastille était tombée sur ses fesses de façon dramatique, mais c’était une tout autre histoire.
***
Partie 6
« Tu as dit que tu t’appelais Decarabia, c’est ça ? Tu as de la chance. Je suis de bonne humeur en ce moment. Alors je jouerai avec toi jusqu’à ce que tu sois satisfait, » déclara Zagan de bonne humeur alors qu’il atterrissait doucement sur le sol… mais il n’était pas clair si Decarabia pouvait l’entendre, étant complètement couvert d’arbres brisés et de terre.
Je n’aurais jamais pensé que regarder le romantisme des autres serait aussi amusant.
Eh bien, si ça finissait par les faire couper leurs liens, il avait l’impression que ça finirait par être plutôt déprimant, alors il vaudrait probablement mieux limiter le nombre de ces expositions annexes, mais c’était vraiment insupportablement amusant.
Et à ce moment-là, Zagan avait applaudi dans ses mains, après s’être soudainement souvenu de quelque chose.
« Mais, je suppose que ma subalterne le dirait ainsi. Apparemment, c’est plus beau de voir de loin avec affection de telles questions vexantes. Il vaut mieux ne pas se mettre en travers de leur chemin, » déclara Zagan.
Si Decarabia s’y était plongé, il aurait probablement été abattu par Barbatos et Chastille. Ayant seulement été mis à l’écart par Zagan, on pourrait même dire que Decarabia avait été sauvé. C’était un détail où Zagan espérait un peu de gratitude.
Decarabia se tenait debout sans expression. Peut-être parce qu’il avait reçu un coup de pied trop fort, il avait l’air étourdi comme s’il ne savait même pas où il était.
Hm ? Ses blessures semblent être pires qu’avant ?
Sans son cache-œil, la zone autour de son pitoyable œil droit était couverte de sang. Plutôt que de dire que sa blessure de l’épée sacrée n’avait pas encore guéri, il était plus approprié de penser qu’il s’était infligé cela.
Et à ce moment-là, Richard et d’autres personnes étaient arrivés en courant.
« Seigneur Archidémon ! Nous vous assisterons ! » déclara Richard.
« Hm. Mais restez discret. Si nous faisons trop de grabuge, Chastille et Barbatos ne pourront pas maintenir l’ambiance. Je veux retourner les regarder après ça, » déclara Zagan.
Ou peut-être préférerait-il laisser cela de côté et retourner se promener sur la plage de manière détendue avec Néphy à ses côtés. Tandis que Zagan réfléchissait sérieusement à cette question, Decarabia semblait enfin revenir à la raison et bondit dans les airs en riant.
« HYAHAH ! Tu l’as vraiment fait maintenant ZAGAAAAN ! Ne t’ai-je pas dit que je te garderais pour plus tard !? » s’écria Decarabia.
Decarabia s’était tordu le haut du corps et avait envoyé son poing comme une flèche. Et en réponse, Zagan avait placé les deux poings tendus vers lui.
« Ne sois pas si froid. N’est-ce pas toi qui as commencé à faire l’idiot en premier ? » demanda Zagan.
« Gak !? »
Le poing droit de Zagan s’était enfoncé dans le visage de Decarabia, laissant les Chevaliers Angéliques agités.
« Son poing a touché ? »
Quand ils s’étaient battus plus tôt dans l’après-midi, tous les coups de poing de Zagan avaient été facilement esquivés. Les Chevaliers Angéliques en avaient été les témoins.
Zagan avait fait un rire comme s’il avait gagné à la loterie.
« Oh ? Ai-je obtenu un résultat ? Ça fait un moment que je ne l’ai pas fait, mais ça s’est plutôt bien passé. Je devrais peut-être aller l’enseigner aux mômes à Kianoides la prochaine fois, » déclara Zagan.
Des deux mains que Zagan avait poussées vers l’avant, sa main gauche était entrée en collision avec le poing de Decarabia, tandis que sa main droite s’était cognée contre son visage. Il s’agissait de l’un des arts martiaux qu’il avait appris quand il était enfant de rue. S’il y avait un certain niveau d’efficacité même contre les sorciers, alors ce ne serait pas si mal d’enseigner aux gosses de la ville qui seraient ciblés comme la vulpine nommée Kuu.
Du sang avait jailli du nez de Decarabia. Cependant, son visage était torsadé avec un sentiment d’extase.
« Heehee, c’est vrai. Ne prends pas des airs comme ça et n’utilise pas les arts martiaux que tu connais ? Montre-moi ce que tu as de mieux ! HYAHAHAHAAAAH ! » Après avoir ri, Decarabia s’arrêta complètement.
« Mais tu sais ? Pourquoi n’utilises-tu pas un peu de sorcellerie ? Es-tu si faible que tu ne peux plus utiliser la sorcellerie en utilisant les arts martiaux ? Tu ne l’es pas, n’est-ce pas ? C’est impossible que mon Zagan soit si faible, non ? Te moques-tu de moi ? Tu es un taquin, hein ? Si tu continues à me taquiner, je te taquine tout de suite, tu vois ? » déclara Decarabia.
« Ne dis pas de telles choses dégoûtantes. C’est ce qu’on appelle le sang-froid des forts, » déclara Zagan.
« HYAH ! Tu n’es vraiment qu’un taquin ! » Decarabia jeta alors son regard sur le côté, là où Néphy courait vers eux. « HEEHEHEE ! Est-elle ta favorite, n’est-ce pas !? »
Decarabia brisa le blocus des Chevaliers Angéliques et s’élança droit vers Néphy.
« Hm. C’est ma femme bien-aimée. Tu peux considérer le fait d’avoir pu apercevoir sa silhouette comme le plus grand trésor de ta vie, » déclara Zagan.
Zagan avait prédit les actions de Decarabia et avait sauté dans la même direction en même temps. Il avait ensuite enroulé sa jambe autour du cou de Decarabia et l’avait forcé à s’allonger par terre.
« GWAH !? » s’écria Decarabia.
Le cou de Decarabia avait été écrasé et avait laissé échapper un jet de sang. Et lui donnant un autre coup de pied à la tête, le cou de Decarabia était maintenant plié à un angle impossible, mais il se leva comme s’il n’avait pas vraiment reçu de choc.
« Hak... Comment… bizarre… hrrrgh… hrrrgh… pourquoi ne veux-tu pas devenir sérieux… grrrrrrgh… même quand je la vise… elle ? » demanda Decarabia.
Decarabia avait parlé d’une voix étrange comme s’il était sous l’eau, puis avait utilisé ses deux mains pour redresser son cou et se régénérer instantanément. Et Zagan répondit simplement avec un air renfrogné et troublé.
« Voyons voir. C’est ce qu’on pourrait appeler de la compassion. La raison pour laquelle tu brandis un pouvoir si défectueux pourrait être considérée comme étant de ma responsabilité, après tout, » déclara Zagan.
Decarabia le regarda avec surprise. « Quoi ? »
« Hm. Par où dois-je commencer ? Je ne sais pas à quel point tu en es conscient, mais… cette magie de réflexion que tu utilises est à l’origine quelque chose que j’ai utilisé, » déclara Zagan.
C’était la sorcellerie que le jeune Zagan avait utilisée pour tuer le sorcier Andras. Cependant, ce n’était rien de plus que quelque chose créé sur l’impulsion du moment par un amateur complet. Il y avait plusieurs défauts difficiles à couvrir, alors Zagan les avait développés beaucoup plus loin. Il s’agissait là de l’origine de sa capacité à dévorer la sorcellerie.
Je n’ai pu utiliser la sorcellerie que quand j’ai tué ce type.
S’il avait volé les connaissances de Zagan à l’époque, il était évident qu’il ne soit capable que de réfléchir la magie.
« Hein… ? » La bouche de Decarabia s’ouvrit, et Zagan continua.
« Cette sorcellerie n’est capable que de refléter la sorcellerie qui t’a été envoyée dessus. Il ne peut pas mettre un terme au renforcement physique, et il ne peut pas bloquer une attaque indirecte comme celle de l’ombre de Barbatos, » déclara Zagan.
Le style de combat original de Barbatos était une technique d’assassinat où il se cachait dans l’ombre de son adversaire et lui volait la vie sous ses pieds sans permettre aucune résistance. Peu importe à quel point on excellait dans les arts martiaux, ils mourraient s’ils étaient soudainement poignardés dans le dos par un couteau.
« De plus, il y a le souffle du dragon, le mauvais œil des fomoriens, et même les attaques dans les rêves par un succube. Tu ne peux bloquer aucune de ces capacités propres aux races. Une fois que ta capacité a été vue une fois, elle ne fonctionnera pas à moins que ce ne soit fait par surprise, » déclara Zagan.
C’est pourquoi Gremory et Foll ne voyaient pas Decarabia comme une menace. C’était des sorciers qui étaient considérés comme des candidats Archidémon. Elles pouvaient voir une faille dans la sorcellerie d’un seul coup d’œil, et elles avaient probablement toutes les deux remarqué sa relation avec la capacité de Zagan à dévorer la sorcellerie.
« Si j’utilisais ma capacité complète à dévorer un sorcier contre ta capacité à n’utiliser qu’un pouvoir aussi défectueux, ne serait-ce pas tout simplement de la lâcheté ? » Zagan avait alors pris une position d’arts martiaux. « C’est pour ça que je t’affronterai en n’utilisant que mon art. »
Decarabia se tenait là dans un étourdissement comme s’il n’entendait pas Zagan, mais peu de temps après, il avait applaudi des mains, ayant pensé à quelque chose.
« Je ne comprends pas vraiment, mais tu dis que tu penses pouvoir me battre sans utiliser la sorcellerie ? Donc dans ce cas, si je te fais utiliser la sorcellerie, c’est ma victoire, non ? » demanda Decarabia.
« … Eh bien, je suppose que oui ? » répondit Zagan.
Zagan n’avait jamais pensé que parler à quelqu’un qu’il n’arrivait pas à comprendre serait si fatigant. Il ne put pas retenir un soupir. Quoi qu’il en soit, après que Zagan l’eut confirmé, Decarabia se mit à rire encore une fois de façon maniaque.
« Heeheehyaaaaah. Alors, laisse-moi te montrer ma spécialité ! » déclara Decarabia.
Decarabia rassembla du mana dans ses gantelets. Cependant, ce qui donnait une aura encore plus inquiétante était son œil droit argenté, maintenant libéré de son cache-œil. Le mana corrompu avait balayé la zone et s’était mis à vomir.
Cet œil artificiel est-il vraiment un appareil magique ?
L’œil lui fournissait peut-être du mana. Et pendant que Zagan analysait ça, la sorcellerie de Decarabia était terminée.
« HYAHAH ! Fais-les exploser en morceaux ! “Tourbillon de Vent” ! » s’écria Decarabia.
Un vortex de mana fut tiré du gant de Decarabia. C’était un torrent de puissance qui réduirait en atomes tout ce qui le touchait. Ce n’était pas une sorte de sorcellerie sophistiquée qu’un candidat Archidémon utiliserait. C’était un simple exploit de force qui avait libéré une quantité massive de mana. Cependant…
« Argh… Qu’est-ce que c’est que ce pouvoir… !? »
Les Chevaliers Angéliques avaient reculé. La quantité de mana déchargée par cet œil d’argent était colossale. C’était au point d’empiéter sur le territoire de l’Emblème de l’Archidémon.
Hmph. Je me demandais pourquoi il l’avait caché en utilisant un cache-œil, mais on dirait que c’était pour le sceller.
Le mana avait clairement surpassé les capacités de Decarabia. Il n’était pas capable de le contrôler. Il ne pouvait que le libérer. Le simple fait de déverser une telle quantité de mana sur une base régulière avait probablement été la cause de la détérioration de la santé mentale de Decarabia.
Le cache-œil avait probablement aussi eu un effet en le protégeant de la malédiction de l’œil artificiel, mais ce cache-œil avait disparu maintenant. Ainsi, s’il utilisait les arts martiaux tout en exerçant un tel pouvoir, même un Archidémon serait incapable d’échapper à son coup.
Zagan s’avança vers cette puissance sinistre.
« Maître Zagan ! » hurla Néphy. C’était tout à fait naturel. Comme Zagan l’avait déclaré, ce n’était pas de la sorcellerie, mais un simple torrent de destruction.
Et Zagan marchait vers ça sans aucune défense, incapable de dévorer quoi que ce soit, et ne renforçait même pas son corps. Il se laisserait même distancer par les Chevaliers Angéliques sans leur Armure Sacrée comme ils étaient maintenant. S’il était pris par ce torrent de destruction, il serait sûrement réduit en cendres en un instant.
Et c’est précisément pour ça que c’est humiliant pour lui.
« Ne crains rien, Néphy. Un tel jeu d’enfant qu’on ne peut même pas appeler de la sorcellerie ne peut même pas me laisser une seule égratignure, » déclara Zagan en riant.
Il avait fait un pas en avant dans le vortex.
***
Partie 7
Et celui qui avait ouvert ses yeux en raison de la surprise… c’était Decarabia.
Même s’il était dans ce torrent de destruction qui aurait dû briser son corps en un instant, Zagan se tenait là comme si ce n’était rien.
Et il avait fait un autre pas en avant.
Le torrent de destruction avait touché l’ourlet de son yukata et l’avait déchiré. Néanmoins, Zagan n’était pas du tout perturbé. C’était comme si cela n’était qu’une brise fraîche pour lui.
Le mana, qui est tout simplement en train de devenir sauvage, est assez brut, après tout.
La sorcellerie de Decarabia était quelque chose comme lancer un filet grossier. Il était robuste et couvrait une large gamme, mais il comportait de nombreux grands trous. Zagan avançait simplement à travers les trous situés sporadiquement dans le vortex.
C’était la propre sorcellerie de Decarabia. Il l’avait aussi sûrement remarqué. Et son visage était complètement gelé par le choc.
« Peux-tu… voir cela… ? » demanda Decarabia.
« … ? Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda Zagan.
Zagan pencha la tête sur le côté dans la confusion. Mais quand même, il n’avait pas arrêté de marcher. En le voyant faire, Decarabia était maintenant pleinement convaincu.
« Ne fais pas l’imbécile. Tu peux voir le flux de mana, n’est-ce pas ? » demanda Decarabia.
« N’importe quel sorcier est capable de ça, non ? » demanda Zagan.
Zagan n’avait aucune idée de la raison pour laquelle Decarabia était si surpris. Et voyant son exaspération, Decarabia secoua violemment la tête.
« Bien sûr qu’ils peuvent ! J’ai eu cet œil précisément parce que je n’ai pas vu ces conneries ! » s’écria Decarabia.
« Comme si ça m’intéressait. Ça ne veut-il pas dire que tu n’étais pas fait pour devenir sorcier ? » demanda Zagan.
Zagan n’avait aucun moyen de le savoir, mais c’était quelque chose que Decarabia ne pouvait jamais permettre de dire. Ses yeux s’ouvrirent si largement qu’il eut l’impression que son œil artificiel allait tomber, et toute expression disparut soudain de son visage.
« Je vais te tuer, putain ! » cria Decarabia.
Le mana qui était dispersé dans leur environnement convergea vers le gant de Decarabia. On pourrait dire que sa frappe surpassait celle d’un Archidémon.
Je vois. Avec cette quantité de mana, il est possible qu’il ait vaincu au moins un Archidémon.
Malheureusement, peu importe ses efforts, ce pouvoir n’atteindrait jamais Zagan. Le poing de Decarabia s’était refermé. Contrairement à ce qu’il faisait lorsqu’il contrecarrait les coups de Zagan, cela possédait assez de puissance pour le réduire à de la viande hachée avec une simple touche. Le coup ne pouvait pas être détourné sans y toucher, et si Zagan devait échanger des coups avec lui comme avant, son poing se briserait.
Et avec cette frape extrême qui s’approchait de lui, Zagan avait pris position pour la première fois. Il abaissa rapidement son corps et le poussa vers la poitrine de Decarabia où le mana était probablement le moins concentré.
Il marchait en avant à un rythme si détendu tout à l’heure, et maintenant, il s’était soudainement mis à plonger. Decarabia avait perdu sa cible, et son gantelet avait complètement loupé sa cible. Cependant, son œil s’était détraqué à l’instant d’après et Zagan s’était rapproché de lui. Et maintenant, son gantelet gauche se rapprochait de Zagan.
Mais c’est trop tard.
Zagan avait levé le poing plus vite que Decarabia ne pouvait le faire. Cependant, les vagues de mana provenant du gant de Decarabia avaient fait que Zagan avait légèrement perdu sa posture. Le poing de Zagan avait juste effleuré le menton de son adversaire.
« HYAHAH ! Tu as raté ! » s’écria Decarabia.
Cependant, juste à cause de cette égratignure, le poing de Zagan s’était brisé. Sa peau s’était fendue, ses muscles s’étaient brisés, et même ses os avaient été exposés. Sa sorcellerie annulée, il n’y avait aucun moyen d’arrêter la douleur, et un choc brutal s’éleva jusqu’à son cerveau.
Le poing gauche de Decarabia s’avança. Zagan avait serré les dents, tordu son corps et échappé au gantelet. Il avait évité un coup direct, mais le mana lui avait effleuré le dos et cela avait envoyé du sang dans l’air comme une fontaine.
Mais je l’ai quand même esquivé !
Zagan était intervenu et avait frappé avec son autre poing. Son coup de poing était pratiquement tout ce qu’il pouvait rassembler avec le reste de ses forces, mais il était beaucoup trop faible pour éliminer Decarabia. De plus…
« Qu’est-ce qui ne va pas Zagan !? Ne peux-tu pas à peine appeler ça un coup de poing, n’est-ce pas !? » demanda Decarabia.
Decarabia avait d’abord utilisé les arts martiaux. Ce poing était censé être la dernière chance de Zagan, mais il avait été esquivé tout simplement. Il avait à peine effleuré le menton de Decarabia.
Et même s’il l’avait raté, il était assez près pour effleurer le menton de Decarabia. Même son poing gauche s’était brisé, émettant un son horrible. Ses deux poings qui pouvaient piétiner tous ses ennemis jusqu’à présent étaient impitoyablement réduits en moignons sanglants.
Decarabia poussa un soupir déçu. « Aaah... C’est fini… Je pensais que tu serais ainsi la plus grande preuve de ma force… »
Zagan ne possédait plus aucun pouvoir avec ses deux bras languissant à ses côtés. Même s’il essayait de donner des coups de pied, il ne pourrait pas prendre une position correcte sans ses bras et le coup de pied perdrait de son acuité à cause de lui. Tout était décidé. C’est pour ça que Zagan avait fait un rire sans peur.
« Ouais. C’est fini. C’est ta défaite, Decarabia, » déclara Zagan.
« Hein ? » Avant même qu’il ne comprenne ce que cela signifiait, Decarabia tomba la tête la première vers le sol. « Ah… Argh ? Que… s’est-il passé ? »
Zagan lui montra la tête du doigt avec sa main mutilée.
« Tu ne le savais pas ? On peut guérir les blessures par la sorcellerie. Tu peux aussi manipuler ton cerveau pour effacer la douleur. Cependant, la sorcellerie est incapable de guérir un choc au cerveau, » déclara Zagan.
En d’autres termes, c’était une commotion cérébrale. Un coup au bout du menton avait fait secouer le cerveau et l’avait frappé contre le crâne. C’était encore plus intense pour les coups peu profonds qui ne faisaient qu’effleurer le menton. Les coups au menton de Zagan avaient frappé des deux côtés, de sorte que le cerveau de Decarabia avait probablement eu une danse intense là-dedans. Les nerfs du corps de Decarabia étaient en désordre complet, et il n’était même pas capable de se lever.
Naturellement, il s’en remettrait avec le temps, et étant donné la spécialité de Decarabia dans la régénération, cela ne prendrait sûrement que quelques secondes.
Cependant, quelques secondes sans défense devant l’ennemi suffisent amplement pour se faire tuer.
Zagan avait ramassé une pierre pointue avec sa main mutilée.
« La source de ton mana, c’est l’œil artificiel, non ? On dirait que même un enfant pourrait l’arracher avec quelque chose d’aussi simple qu’une pierre pointue, hein ? » déclara Zagan.
Decarabia était complètement déconcerté comme s’il ne pouvait pas saisir la situation actuelle. Zagan avait ensuite fait basculer le rocher en direction de l’œil de Decarabia.
« GYAAA — . »
Il avait poussé un petit cri. Et puis une sensation gênante s’était répandue dans tout son corps. Le rocher de Zagan s’était arrêté sous les yeux de Decarabia.
« Ça ne me dérange pas de te tuer, mais j’ai quelques questions à te poser avant. Tu me donneras des réponses, tu m’entends ? » déclara Zagan.
Sur ce, Zagan grinça légèrement son poignet, et les blessures causées par le contact avec le mana de Decarabia disparurent en un instant, et même ses vêtements en lambeaux furent remis à la normale.
C’est quelque chose pour laquelle Lilith et les autres filles ont faite des pieds et des mains pour me préparer après tout.
Zagan avait encore assez de bon sens pour se sentir mal à l’aise de casser quelque chose qui lui avait été prêté. Et c’est alors que des pas avaient commencé à s’approcher d’eux.
« Hm ? As-tu déjà réglé les choses ? »
C’était Nephteros. À côté d’elle se trouvait Kuroka, avec ses épées courtes à portée de main, et elle portait aussi un yukata. Derrière elles se trouvait Gremory, qui portait Foll sur son dos. Et Michael était aussi avec elles. Juste un pas en arrière, Barbatos et Chastille étaient aussi arrivés. Selphy et Lilith n’étaient pas présentes. Dès le début, elles n’étaient pas des combattantes, alors elles veillaient probablement sur la nourriture.
Zagan leur retourna une onde lumineuse, puis regarda Decarabia de haut. Il aurait déjà dû se remettre de la commotion cérébrale, mais il semblait que c’était assez humiliant et choquant pour lui de perdre sans qu’aucune sorcellerie ne soit utilisée sur lui. Il n’avait montré aucun signe d’effort pour se relever.
« J’ai des tonnes de questions à te poser, mais… voyons voir… Comment es-tu encore en vie ? » demanda Zagan.
« De… De quoi parles-tu… ? » demanda Decarabia,
« Je t’ai tué. Je t’ai explosé le haut du corps. Ce n’était pas quelque chose que tu aurais dû pouvoir régénérer à partir de ce que tu sais… ? » répondit Zagan d’un ton perplexe.
Les pouvoirs de Zagan étaient encore rudes à l’époque, mais il avait déjà dépassé de loin les capacités d’un sorcier moyen quand il s’agissait de renforcer son corps. Il lui était impossible de perdre contre d’autres sorciers dans un combat de force pure, et s’il était sérieux, il pouvait changer le terrain même avec ses frappes.
Le pitoyable bandit qui avait reçu un tel coup de poing n’avait pas seulement perdu son visage, mais tout le haut de son corps avait été réduit en morceaux sanglants et dispersé dans l’air. C’était au point où Zagan lui-même avait l’impression d’être allé trop loin. C’était peut-être l’une des raisons pour lesquelles la fille qu’il avait sauvée à l’époque avait été si secouée.
Decarabia avait l’air complètement déconcerté en élevant la voix. « Qu’est-ce que tu racontes ? Tu m’as arraché l’œil droit… »
« Plutôt que de l’arracher, il serait plus juste de dire que rien n’a été laissé de côté à part cet œil artificiel ? » répliqua Zagan.
« Tu m’as arraché le cœur…, » déclara Decarabia.
« Je n’y connais rien dans ce genre de chose, mais c’est vrai que ton cœur a volé avec tout le reste, » déclara Zagan.
« Tu m’as tué ! » s’écria Decarabia.
« Hm. Alors pourquoi es-tu en vie ? » demanda Zagan.
Decarabia commença à se gratter sauvagement à l’œil droit. « Hein ? Alors, qui… qui suis-je ? Qui ? Qui qui quiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !? »
Decarabia commença à divaguer de façon incompréhensible, laissant même Zagan grimacer et reculer un peu.
Ce type peut-il encore tenir une conversation ?
Zagan attendait plus de lui après avoir obtenu cet indice d’Alshiera.
« Attends, Zagan. » Foll sauta du dos de Gremory et l’appela. Et après avoir titubé. « Zagan, c’est maudit. »
« Eh bien, ouais, » déclara Zagan.
« Il a été dévoré par la malédiction, il ne reste presque plus rien, » déclara Foll.
Cela signifiait que cela avait empiété sur son ego jusqu’à un point fatal.
« … Donc il est vraiment inutile, » déclara Zagan.
Zagan poussa un soupir de déception, mais Foll secoua la tête.
« Mais je peux peut-être y faire quelque chose, » déclara Foll.
« Quoi ? Vraiment ? » demanda Zagan.
« Peut-être. Mais il est peut-être trop tard, » répondit Foll.
Decarabia avait levé les yeux vers une Foll, et s’était soudainement figé.
« Toi… Toi ? Je… protège… ma… sœur… morte ? Tué ? Qui suis-je, toiiiiiiiiiiiiiiiiiii ? »
Ses cris dépassaient déjà le domaine du langage et s’enfonçaient dans le domaine de l’incohérence alors qu’il se levait à ses pieds.
« Tch, quel type ennuyeux ! » s’exclama Zagan.
Voyant que le mana se rassemblait une fois de plus dans ses gantelets depuis son œil artificiel, Zagan serra le poing. Cependant, Foll s’était interposée entre eux. Et après s’être frotté les yeux, elle avait tendu la main. Seules quelques personnes présentes avaient pu comprendre ce qui s’était passé dans l’instant qui avait suivi.
Le mana noir était sorti de la main de Foll. Il s’était manifesté instantanément dans une masse et s’était transformé en mâchoires énormes plusieurs fois la taille de Foll. C’était la tête d’un dragon massif.
« Dragon Noir Marbas. »
C’est le nom que Foll avait prononcé. Sa forme originale était celle d’un dragon avec de belles écailles vertes. Et ce qui s’était manifesté ici, c’était un sinistre dragon noir, le Dragon noir Marbas, le dragon maléfique qui s’était transmis dans la légende de Liucaon. La calamité qui se manifestait auparavant lorsque la malédiction d’un dragon et d’un Archidémon se mêlait. C’était sa lie.
« Ah… »
Decarabia ne pouvait même pas crier alors qu’il était avalé par les mâchoires du dragon. Le sorcier connu sous le nom de Decarabia fut vraiment relégué aux oubliettes en une seule bouchée, comme Foll l’avait dit.
***
Partie 8
La fille avait seulement un frère aîné. Il était maladroit, un peu rusé, mais c’était un frère aîné qui était toujours gentil avec la fille.
Les frères et sœurs n’avaient pas de parents et vivaient une vie où ils cherchaient de la nourriture dans les ordures qu’ils trouvaient dans les ruelles de la ville. Mais même ainsi, son frère était instruit. Il savait lire. Il lui avait même appris à lire un peu et lui avait offert un livre d’images qu’il avait volé quelque part comme cadeau.
Le livre d’images était devenu son trésor. Elle le lisait fièrement à haute voix aux autres enfants sans abri, et la jeune fille s’immergeait dans le monde du livre d’images.
Et un jour, son frère devint sorcier.
Il avait perdu un œil, et avait un œil artificiel flippant à sa place, mais son frère était toujours gentil. Il lui avait offert de jolis vêtements, lui avait donné de délicieux repas et lui avait même donné une maison où vivre. Elle avait même pu se laver et on lui avait donné le bonheur d’une personne « normale ».
Cependant, pour une raison inconnue, elle n’avait jamais été autorisée à entrer dans la chambre de son frère. Elle ne pouvait plus aller à la rencontre des enfants avec lesquels elle avait grandi dans la rue, mais elle était quand même reconnaissante envers son frère. De temps en temps, les enfants qui s’inquiétaient pour elle venaient la voir, alors elle ne se sentait pas seule. Ils avaient ri d’elle en disant qu’elle avait l’air d’une personne complètement différente.
Cependant, après que cela soit ainsi pendant un certain temps, son frère était devenu étrange. Il s’enfermait dans sa chambre, et il y avait des moments où il ne se montrait pas devant elle, même quand elle l’appelait. Quand ils se rencontraient de temps en temps, il commençait à se gratter l’œil droit au point de faire couler le sang, et une odeur nauséabonde sortait de sa chambre qui puait l’or et le sang corrompus.
Incapable de le supporter plus longtemps, la jeune fille attendit que son frère sorte et elle entra dans sa chambre. Ce qu’elle avait trouvé… c’était l’enfer.
Un mur entier était couvert de sang pourri et de viande. Il y avait un lit massif au milieu de la pièce avec des outils indescriptibles éparpillés tout autour.
Et sur le lit, il y avait les corps d’enfants morts avec des expressions angoissées encore présents sur leurs visages. Elle pouvait dire que c’était les enfants de rue qui venaient lui rendre visite. Et juste à ce moment-là, son frère était revenu. La fille s’était enfuie en hurlant, alors que des larmes coulaient de ses yeux.
Cependant, son frère l’avait poursuivie.
Elle s’était échappée dans la forêt voisine, mais elle avait été attrapée.
« Même toi, tu me trahis ? » Son frère lui avait crié dessus.
Il avait déchiré ses vêtements et l’avait agressée.
Aah, donc ma vie s’arrête ici, se dit-elle.
Et juste à ce moment-là, un jeune homme seul était arrivé. Il avait regardé son frère comme s’il était un déchet et l’avait impitoyablement tué comme s’il écrasait un insecte. Tout ce qui restait de son frère, c’était la moitié inférieure de son corps penché sur elle. Son frère avait quitté ce monde. Et puis…
◇◇◇
« … Geh, dégueulasse, » s’écria Foll.
Foll avait craché un corps humain hors de la bouche du dragon noir, et Zagan avait caressé doucement le dos de sa fille bien-aimée.
« Hé, ton estomac va bien ? Ne mets pas de trucs bizarres dans ta bouche, » déclara Zagan.
« Zagan, si surprotecteur. »
Foll avait ensuite craché quelque chose d’autre de la bouche du dragon noir. Ce qui roulait sur le sol avec un son léger, c’était l’œil d’argent artificiel.
« Foll, as-tu brisé la malédiction à l’intérieur du dragon noir ? » demanda Zagan.
« Hm. Comme c’était une malédiction, alors j’ai pensé qu’elle pourrait peut-être juste manger la malédiction… Mais, c’est vraiment dégoûtant, » déclara Foll.
« … C’est assez incroyable… mais tu ne devrais plus le faire, » déclara Zagan.
« Je ne veux pas non plus le faire, » déclara Foll.
Zagan baissa les yeux vers l’homme craché par le dragon noir. Il avait perdu son œil d’argent, son manteau avait disparu et les bandages de mauvais augure qui l’entouraient étaient défaits. On aurait même dit que son corps était plus petit qu’avant. Néanmoins, il était apparu qu’il était vivant, et s’était mis à tousser intensément.
« Argh… ah… Za… gan… ? »
Néanmoins, il avait appelé Zagan dès qu’il l’avait remarqué. Zagan brossa doucement la tête de Foll.
« Bien joué. Tu as été super, Foll. On dirait qu’il a retrouvé assez d’énergie pour avoir une conversation. »
Cela dit, il n’était pas sûr qu’il était au courant de ce qui venait d’arriver à son corps. Après avoir reçu des éloges, Foll avait souri comme un enfant et avait saisi la main de Zagan qui la caressait. Elle l’avait ensuite frotté encore plus contre sa tête.
C’est peut-être la première fois que je vois Foll si heureuse ?
Après avoir caressé sa fille bien-aimée, Zagan avait finalement remarqué l’irrégularité devant lui.
« Hein ? Ce type pourrait-il être… ? » demanda Zagan.
Le corps de Decarabia avait rétréci. Zagan pensait qu’il était quelque peu dissous dans le dragon noir, mais ce n’était pas le cas. Son corps nu était délicat et sa taille élancée. Par-dessus tout, il avait maintenant des seins qui n’auraient pas dû être présents sur un homme.
Decarabia était-il en fait une fille ?
Zagan avait immédiatement nié cette pensée. Même lui pouvait faire la différence entre les sexes d’un seul coup d’œil. L’ossature squelettique de Decarabia était celle d’un homme, et il avait une pomme d’Adam dans la gorge. La sorcellerie pourrait changer la structure musculaire pendant le renforcement, mais elle ne ferait pas disparaître les seins ou quoi que ce soit d’autre. En d’autres termes, le Decarabia que Zagan avait vaincu et celle qui s’était effondrée ici étaient physiquement différentes personnes.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? La malédiction de cet œil artificiel change-t-elle le sexe ? » demanda Zagan.
Une malédiction était une calamité que l’on ne pouvait pas mesurer sur les simples échelles de la sorcellerie. Elle pouvait même changer quelqu’un d’enfant à adulte et vice versa, donc ce n’était pas si bizarre que ça de pouvoir changer de sexe, mais à ce moment-là, le seul point commun était la couleur de ses cheveux. Il y avait eu beaucoup trop de changements ici.
Non… pour commencer, c’est peut-être l’œil artificiel lui-même qui a créé le sorcier connu sous le nom de « Decarabia » ?
Dans ce cas, ça expliquerait comment le bandit que Zagan avait tué s’était encore une fois présenté devant lui. Mais alors qui était cette fille ? Au moins, elle n’était pas le bandit Decarabia que Zagan avait tué avant. Cependant, lorsqu’il était allé jeter un coup d’œil à son visage, il n’avait pas pu le voir clairement à cause de la salive et de la saleté qui l’avaient souillé.
« Hein… ? Tiens le coup…, » déclara Zagan.
Mais précisément parce qu’elle était si sale, Zagan avait l’impression de la reconnaître. Et ainsi, il parlait d’un ton comme s’il n’arrivait pas à le croire lui-même.
« Ce n’est pas possible… Es-tu… ? Stella ? » demanda Zagan.
C’était le nom de l’une des enfants abandonnées qui traînait avec Zagan et Marc. Mais c’est aussi ce qui l’avait convaincu.
Stella et moi avons appris les arts martiaux avec Marc…
Il était alors inévitable que leurs styles se ressemblent, Zagan ne connaissait personne d’autre qui ait appris ces arts martiaux.
La fille leva les yeux vers Zagan avec un regard vide.
« Ste… la… ? Argh… » Elle s’était coincé la tête avec ses mains et s’était tortillée. « Stella… ? Moi… ? Alors… mon frère… ? Qui… suis-je… !? »
« H-Hey ! Stella ! Reste consciente ! » déclara Zagan.
Zagan était resté complètement confus.
Frère ? Sœur… ? Ce n’est pas possible… Decarabia et Stella étaient frères et sœurs ?
Mais dans ce cas, qui était le Decarabia qui se tenait devant Zagan il y a quelques instants ? Une fille… ?
Stella tendit la main comme si elle l’implorait pour quelque chose.
« Zagan… sauve…, » commença Stella.
Et juste au moment où il était sur le point de saisir sa main…
« Mon Dieu, comme on s’y attendait de l’Archidémon Zagan ! Même celui qui a vaincu l’Archidémon Andrealphus n’est rien devant toi, hein !? Hm ! Je croyais vraiment que tu allais gagner ! »
Celui qui faisait des éloges tout en tapant des mains de façon exagérée n’était autre que Michael. Stella le regarda d’un air réflexif et, tout à coup, baissa ses épaules en tremblant.
« Ah… A-A-A-A-A-A-A-Aaaaaaaah… Impossible… Professeur…, » déclara Stella.
Michael leva l’index en secouant la tête.
« Oh ? Je ne pense pas que je n’ai eu une jolie petite fille comme toi en tant qu’étudiante ou assistante ou quoi que ce soit d’autre, tu sais ? Mais quoi qu’il en soit, c’est aussi le devoir d’un Archange de guider de telles jeunes filles perdues, » déclara Michael.
Un son métallique aiguë avait retenti soudainement dans l’air. Michaël avait dégainé son épée sacrée avant que personne ne s’en aperçoive, et sa lame vibrait maintenant dans l’air. Zagan l’avait repoussée avec son poing. Après avoir jeté ses vêtements sur les épaules de Stella, Zagan portait soudainement sa robe habituelle.
C’était la même sorcellerie qu’il avait utilisée quand il avait été transformé en enfant. Il se tint alors devant Stella et Foll comme pour les couvrir.
« Foll. Je te la laisse. C’est peut-être vrai qu’elle est quelqu’un de précieux pour moi, juste derrière toi et Néphy, » déclara Zagan.
« … Hm. Je ferai de mon mieux, » déclara Foll.
Après avoir vérifié que sa fille lui avait fait un signe de tête rassurant, Zagan avait regardé Michael, qui avait simplement haussé les épaules sans montrer une once de timidité.
« Arrêtez vos blagues, vous voulez bien ? Ne vous ai-je pas déjà dit que je n’avais pas l’intention de m’emmêler avec vous ? » demanda Michael.
« Ferme-la. Combien de temps comptes-tu continuer cette farce éhontée, Michael ? Ou devrais-je plutôt t’appeler comme ça... Archidémon Andrealphus ? » déclara Zagan.
« Quoi… !? »
Plusieurs voix emplies de surprises s’étaient fait entendre d’un seul coup. Les Chevaliers Angéliques étaient tous sous le choc, et Chastille secouait la tête comme si elle n’y croyait pas du tout.
« S’il te plaît, attends, Zagan. Il n’y a pas de doute que cet homme est l’archange Michaël. Je te le garantis, » déclara Chastille.
« Je parie qu’il l’est. Cependant, ce type a un autre titre, » déclara Zagan.
« Et vous dites que mon deuxième titre est Archidémon ? » dit Michael en riant. « Ne soyez pas stupide. Il n’y a aucune chance qu’une épée sacrée choisisse un Archidémon, n’est-ce pas ? En plus, Andrealphus a été tué par Decarabia là-bas, non ? »
« Tu me donnes ce genre d’excuse ridicule après avoir fait des efforts pour le cacher. » Zagan avait pointé un doigt sur Michael. « Après la mort de Marchosias, tu es devenu le chef des douze Archidémons. Pensais-tu que j’oublierais ton visage après l’avoir vu quand j’ai hérité de l’Emblème de l’Archidémon ? »
« Hmm. Je vois. Tu es plus audacieux que jamais. J’ai l’impression que tu es devenu encore plus courageux depuis que tu es devenu un Archidémon, » déclara Michaël.
Alors que Michael lui répondit, un mana étouffant inonda la zone. Et sur la main droite d’Andrealphus se trouvait un Emblème de l’Archidémon, tout comme celui de Zagan.
« Impossible… Impossible… » Chastille gémit désespérément.
« Prétendre que quelque chose est impossible, c’est tout simplement abandonner toute pensée. C’est négligent d’utiliser un tel mot en tant que l’un des Archanges qui forment les homologues des Archidémons, Chastille, » déclara Andrealphus
« Si je relâche ma garde, je vais me faire tuer. » Dès que l’instinct de Chastille lui avait dit ça, elle avait tenu son épée sacrée prête. Il y avait ici une pression écrasante qui donnait l’impression de pouvoir couvrir toute l’île. Zagan, cependant, l’avait simplement ignoré comme quelque chose d’ennuyeux et avait légèrement balancé son poing comme s’il frappait un insecte.
Et avec un bruit sourd, la pression sur l’île s’était dispersée. La lumière avait disparu des sceaux d’Andrealphus et de Zagan.
« Je croyais t’avoir dit d’arrêter ta farce éhontée, Andrealphus, » déclara Zagan.
« … Tu viens de gâcher tous mes efforts pour créer une ambiance dramatique. » La pression écrasante disparut complètement, et en un tour de main, Andrealphus se gratta la tête comme si c’était tout simplement fastidieux. « Eh bien, ne sois pas si en colère. Laisse-moi te dire que je n’ai pas du tout menti, d’accord ? En effet, je n’avais rien prévu, car c’était trop gênant. C’est vrai aussi que ce type a tué celui qui jouait l’Archidémon Andrealphus. »
Zagan plissa ses yeux. « Un homoncule ? »
« Bingo, » répondit Andrealphus.
Tout comme il se demandait comment une personne pouvait détenir le titre d’Archange et d’Archidémon, il s’était avéré que le rôle de l’Archidémon avait été laissé à un homuncule après qu’il ait fait une copie de lui-même.
Bien qu’il semble que celui que j’ai rencontré à cette époque soit la vraie affaire.
Nephteros s’était mordu les lèvres. Ce n’était pas suffisant pour la secouer complètement, mais ce n’était sûrement pas quelque chose qu’elle aimait écouter.
« Il y a environ une chance sur mille qu’une mutation se produise quand tu fais un homoncule, tu vois ? Il y a donc des cas où l’on naît avec un ego. Eh bien, je lui ai laissé le rôle de l’Archidémon, mais il semble que le fait d’avoir Decarabia comme disciple était hors de sa portée… il était en fait très doué, » déclara Andrealphus.
C’était complètement absurde qu’un Archidémon cherche à se venger d’un autre, mais le fait que cet homme ait pourchassé Decarabia était peut-être une vengeance dans un certain sens.
« N’avais-tu pas l’intention de me contrarier ? Alors pourquoi as-tu amené Decarabia ici ? » répondit Zagan.
Decarabia ne possédait aucune sorcellerie pour sauter par-dessus l’espace. Cependant, aucun navire ne s’approchait de l’île. Zagan avait déjà vérifié que personne n’était présent sur cette île quand il était arrivé. Dans ce cas, comment Decarabia est-il arrivé ?
« Oh franchement, comment ai-je fini par être celui qui l’a amené ici ? Mon bateau a coulé et j’ai fini par dériver ici aussi, tu sais ? » déclara Andrealphus.
« Et je n’ai rien entendu sur qui d’autres étaient sur ce navire, » déclara Zagan.
Son bateau était le seul à s’approcher de cette île en dehors de celui qu’utilisait le groupe de Zagan. Et ainsi, Andrealphus haussa les épaules, impuissant.
« Oups, je suppose que j’avais oublié ça. J’étais le seul à déplacer le vaisseau, mais j’ai l’impression qu’il y avait peut-être quelqu’un d’autre à bord, » déclara Andrealphus.
Son phrasé détourné irritait Zagan. Certes, cet homme n’avait pas menti, mais il ne leur avait pas non plus dit toute la vérité. Il était le même qu’Alshiera à cet égard.
« Espèce de salaud…, » déclara Zagan.
« Attends, ce n’est pas juste que tu sois le seul à pouvoir poser des questions ici. Tu n’as jamais entendu parler de rendre hommage à tes aînés ? » Andrealphus se tourna alors vers Foll. « Au fait, petite dragonne. Tu avais un concours de pêche, non ? »
« Nous l’avons fait. Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Foll.
Andrealphus avait alors fait un sourire sociable.
« J’ai commencé tard, mais je participe aussi. J’ai attrapé ce Decarabia là-bas. Comment était-ce ? Tu ne crois pas que j’ai pêché la meilleure proie ? » demanda Andrealphus.
Foll se retourna pour regarder Stella derrière elle, et après avoir fait semblant d’y penser pendant un moment, elle fit un petit signe de tête.
« C’était vraiment le plus… horrible au goût, » déclara Foll.
Andrealphus acquiesça d’un signe de tête. « Alors, c’est comme ça. Ça ne veut pas dire que j’ai aussi droit au prix ? »
« Hmm. Alors, qu’est-ce que tu souhaites ? Essaie de le dire, » déclara Zagan.
Zagan savait très bien quelle serait sa réponse, il n’y avait pas besoin de demander, mais il l’avait quand même fait. Et Andrealphus avait fait un sourire impudent comme s’il l’avait anticipé.
« J’aimerais que tu me rendes ma disciple là-bas. J’ai passé pas mal de temps avec elle, » déclara Andrealphus.
Je vois, pas une étudiante ou un accompagnateur… mais une disciple.
C’était vrai qu’il n’avait pas menti. Les étudiants et les disciples étaient semblables, mais les disciples sous-entendaient qu’on leur enseignait la sorcellerie caractéristique de chacun. Zagan jeta un coup d’œil sur Stella qui se mit à trembler violemment au début, puis répondit avec un sourire.
« Je refuse, » déclara Zagan.
« … C’est ce que je pensais…, » répondit Andrealphus.
C’était la dernière chose qu’ils avaient à dire, et c’était aussi le signal du début de la bataille. Zagan serra les poings. Andrealphus avait saisi son épée sacrée. Et les deux Archidémons s’avancèrent.
***
Partie 9
Un écho métallique retentissait continuellement dans l’air. On aurait dit que les deux Archidémons se regardaient l’un l’autre sans bouger un seul muscle. Mais malgré cela, des étincelles aveuglantes voltigeaient constamment entre eux.
L’Écaille des Cieux était déjà enroulée autour du poing de Zagan, et chaque fois que des étincelles surgissaient dans l’air, son poing semblait flou. Le poing de Zagan et l’épée sacrée d’Andrealphus s’affrontaient continuellement.
Andrealphus frappa directement avec son épée sacrée sur Zagan, et Zagan utilisa le dos de son poing pour frapper le plat de l’épée. Zagan avait alors pointé son poing droit sur le visage d’Andrealphus, qui avait été rapidement bloqué par son épée.
Ayant frappé deux fois l’Écaille des Cieux, même l’Épée Sacrée avait des fissures qui couraient le long de son bord. Cependant, il avait consommé le mana autour d’eux pour se restaurer immédiatement. Andrealphus s’était déplacé pour frapper avec un balayage horizontal une fois de plus, et Zagan avait bloqué et avait retourné la frappe en nature, ce qui avait une fois de plus envoyé des étincelles volantes dans l’air.
L’un et l’autre se contentaient de délimiter le champ de vision de l’autre, n’utilisant qu’une seule main pour se battre. C’est exactement pour ça qu’ils avaient l’air de ne pas bouger pour ceux qui les regardaient. Et avec leur échange d’attaques et de défenses toujours en cours, Andrealphus avait fait entendre une voix ennuyante.
« Hé Zagan. C’est ce que nous appelons une répétition inutile. Ça ne finira jamais comme ça, tu sais ? » déclara Andrealphus.
« Tu as déjà vu les cartes que je dois jouer alors que je n’ai encore rien vu. Je serai un peu prudent à ce sujet, » déclara Zagan.
« Oh, tu as raison, n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas comme si j’avais mis Decarabia sur toi parce que je voulais voir ce que tu pouvais faire, tu sais ? Et si je te montrais l’une de mes cartes en guise d’excuse ? » demanda Andrealphus.
Andrealphus arrêta ses attaques et saisit la lame de sa propre épée sacrée, faisant couler le sang le long de la lame.
« Ça fait un bon bout de temps. Chante à ta guise, » déclara Andrealphus.
Zagan avait levé les poings en l’air.
Est-ce là le pouvoir spirituel de l’épée sacrée ?
Tout comme Chastille pouvait manipuler la lumière et Raphaël pouvait manipuler les flammes, cet homme était aussi capable de libérer le pouvoir de l’épée sacrée. Et donc, quelle puissance un Archidémon pourrait-il tirer d’une épée sacrée ? Zagan s’était mis sur ses gardes avec vigilance, et avait été laissé complètement abasourdi à l’instant d’après.
« Confession angélique — Zachariel. »
Une lumière noire avait jailli de l’épée sacrée. La lame tremblante émettait un son semblable à celui d’un instrument à vent. Cela aurait dû paraître plutôt inquiétant, mais c’était une mélodie qui, d’une certaine façon, calmait le cœur. La lumière noire n’avait pas agressé Zagan, mais plutôt enveloppé le corps d’Andrealphus.
« Regarde bien, Chastille. Cela fait deux cents ans que cela n’a pas été utilisé dans ce monde. Même Raphaël n’a pas pu atteindre ce stade. C’est la forme finale de l’épée sacrée, » déclara Andrealphus.
Ce qui s’était finalement manifesté, c’est une sinistre, mais belle armure ornée d’ailes. Sa taille avait facilement doublé celle d’Andrealphus lui-même, qui était assez grand au départ. Ses gantelets semblaient assez grands pour saisir un corps humain dans chaque main, et il tenait une énorme lance faite de lumière. Sa forme semblait féminine. L’ensemble de l’armure faite de lumière paraissait transparent et se chevauchait avec le corps d’Andrealphus.
Andrealphus avait sorti de son armure ointe une boîte en bois frappante. Il semblerait qu’il l’ait sortie de ses bagages sans qu’ils ne le voient faire. C’était une nouvelle boîte de tabac emballé. Il en sortit une, en arracha grossièrement le bout et le cracha, le mit dans sa bouche, alluma le bout avec de la sorcellerie, et fit sortir une bouffée de fumée satisfaite.
« Il y a beaucoup de séraphins enfermés dans chacune des épées sacrées. Eh bien, c’est en quelque sorte un pilier vivant, » déclara Andrealphus.
« Séraphins… ? » demanda Zagan.
Même Zagan n’avait jamais entendu parler de tels êtres.
Mais ce n’est peut-être là que le secret du pouvoir des épées sacrées…
Même lorsque Néphy sculpta les mêmes mots en Célestians que sur les épées sacrées, elle était incapable de conférer à quoi que ce soit autant de pouvoir que les originaux.
« Il y a des monstres dans ce monde que nous appelons des démons, tu as déjà dû les combattre une ou deux fois maintenant. Ils sont des choses que quelqu’un au niveau d’un Archange ne peut vaincre qu’en échangeant sa vie. Tu ne t’es jamais demandé pourquoi le monde n’est pas encore fini malgré ça ? » demanda Andrealphus.
« Tu dis que ces soi-disant séraphins les ont combattus ? » demanda Zagan.
« C’est ce qu’on dirait ? Du moins, c’est ce que le vieux Marchosias a dit, » déclara Andrealphus.
Entendant une fois de plus le nom de l’Archidémon précédent, Zagan plissa ses yeux.
Encore Marchosias ? Ce nom me suit partout depuis mon arrivée à Atlastia…
Bien que, si Marchosias avait dit cela, alors en tant que celui qui était impliqué avec des démons il y a mille ans, c’était probablement la vérité. De plus, Zagan savait bien que c’était le cas. Il y avait quelque chose de paranormal dans ce monde comme les dieux et les démons de la légende. Les démons, qui étaient dignes de l’image des démons, existaient vraiment. Dans ce cas, il aurait dû y avoir quelque chose qui soit conforme à l’image des dieux.
C’était vraiment vexant que tous ceux qui étaient au courant, qu’il s’agisse de Marchosias ou d’Orobas, le Sage Dragon, soient déjà morts avant qu’il ne puisse le leur demander.
« Mais pourquoi n’y a-t-il jamais rien lu sur les séraphins ? S’ils possédaient un tel pouvoir, il devrait y avoir une sorte d’enregistrement d’eux, » déclara Zagan.
« Aah, à propos de ça…, » Andrealphus répondit avec un regard exaspéré et un sourire amer, « le vieux Marchosias les a effacés jusqu’à leurs racines. »
« Quoi !? » s’exclama Zagan.
« Il semble qu’il en voulait à tout le monde. Il les a anéantis jusqu’à ce qu’il n’y ait même plus de preuve qu’ils ont existé. C’est pourquoi je ne peux pas vraiment te répondre si tu me demandes ce que sont exactement ces séraphins. Je ne mens pas, tu m’entends ? » déclara Andrealphus.
Même s’il ne peut pas me répondre avec précision, il doit avoir un indice…
Il voulait poser la question, mais tant qu’Andrealphus en parlait ainsi, il était clair comme de l’eau de roche qu’il esquiverait la question. Andrealphus avait simplement ri pour laisser entendre qu’il n’avait plus l’intention de le dire à Zagan.
« Oups, c’est ma faute. Nous nous sommes éloignés du sujet. Bref, cette épée sacrée a un séraphin enfermé dedans. Ce que nous appelons la confession est la forme ultime de l’épée sacrée où un chevalier angélique revêt le séraphin lui-même. » Après avoir expliqué tout cela, Andrealphus retira sa cigarette encore allumée. « Maintenant, assez de temps d’arrêt. Tu ferais mieux de ne pas taper dans le seau en tant qu’Archidémon en service actif, compris ? »
Et le séraphin abaissa sa lance de lumière. Zagan avait saisi son manteau des deux mains et leva les yeux avec admiration vers le séraphin.
« Je vois… Tu l’enfiles, hein ? Ce séraphin ou peu importe comment tu l’appelles, peut s’étendre de façon inattendue jusqu’au même point que la sorcellerie, » déclara Zagan.
La lance de lumière était descendue, et cette lumière noire s’était arrêtée à un cheveu de la tête de Zagan.
« Écaille céleste du Ciel de l’Ouest. »
Le bras gauche de Zagan était enveloppé dans un énorme gant de mana. Il s’étendait à partir de son épaule et était à peu près de la même taille que la Confession d’Andrealphus. C’était un bras gauche entièrement fait de l’Écaille des Cieux. Ce bras gauche avait saisi la lance de la confession et l’avait arrêtée. Et alors ce sort avait pris la forme d’un bras gauche, il y avait évidemment un autre…
« Écaille céleste du Ciel de l’Est. »
Un énorme gant de mana avait pris forme sur le côté droit de Zagan.
La forme complète de l’Écaille des Cieux est la Forme du Dragon, mais c’est une technique trop exagérée pour l’utiliser contre une personne seule.
La puissance déchargée par la Forme du Dragon était trop grande. La destruction d’une seule cible détruirait également tout ce qui se trouve à proximité. Il n’était pas bien adapté pour détruire une petite cible. Par-dessus tout, il ne serait pas capable de suivre la vitesse de cet homme. C’était une forme de l’Écaille des Cieux que Zagan avait conçue pour combattre exactement de tels adversaires. Le ciel occidental avait bloqué la lance. Ainsi, le ciel oriental était libre d’agir.
« C’est parti, ne meurs pas non plus, tu m’entends ? » déclara Zagan.
Le poing du ciel oriental avait frappé. Andrealphus fit entendre un sifflement amusé et brandit le bras gauche de la Confession. Une lumière noire s’était rassemblée autour de lui, prenant la forme d’un bouclier, interceptant le ciel oriental. Le pouvoir destructeur dont ils étaient capables était donc…
« Donc, c’est égal…, » déclara Zagan.
« … C’est ce qu’on dirait, » répondit Andrealphus.
Avec l’ouverture créée par le poing droit de Zagan, la lance de lumière avait glissé hors de la portée du ciel occidental. L’épée d’Andrealphus fut remplacée par une lance et le poing de Zagan par un gantelet. Et leur précédent échange de frappes s’était répété. La vitesse était la même qu’avant, mais l’ampleur des destructions était beaucoup plus grande. Néphy et les autres observateurs n’étaient plus en mesure de rester à proximité et se retirèrent.
Et à ce moment-là, Andrealphus s’était mis à rire comme pour provoquer Zagan.
« Quelle gaffe ! Ou peut-être que c’est juste incomplet ? Tu as fait des pieds et des mains pour le façonner d’après la main d’un humain, alors tu aurais aussi au moins dû fabriquer une arme, » déclara Andrealphus.
Le poing droit de Zagan qui entrait en collision avec le bouclier était bien, mais le bras gauche qui bloquait la lance commençait à montrer des fissures. Même l’armure la plus dure commencerait à se briser si elle était frappée à plusieurs reprises par une épée. Il était inévitable que le ciel de l’Est et de l’Ouest finisse par se briser, à condition qu’ils soient juste formés pour imiter les bras pendant qu’ils étaient attaqués par cette lance. Cependant, Zagan avait laissé échapper un grognement comme si tout cela n’était pas grand-chose.
« As-tu des trous pour les yeux ? Ce sont des poings, car je n’ai pas besoin de plus, » déclara Zagan.
Il était vrai que la lance de la confession endommageait le ciel de l’Est et de l’Ouest, mais au moment où la lance était arrivée pour une autre frappe, les fissures étaient déjà régénérées. La sorcellerie connue sous le nom d’Écaille des Cieux était celle qui dévorait à l’infini toute la puissance du voisinage et la transformait en un bouclier solide. L’aura d’une épée sacrée n’en était pas exempte. L’Écaille des Cieux absorbait l’aura de la Confession et se régénérait.
Réalisant maintenant que son propre pouvoir était dévoré, un regard de joie éclata sur le visage d’Andrealphus.
« Haahahaa. Je vois. Je comprends maintenant pourquoi Orias a hésité à faire de toi un Archidémon ! Donc tu peux dévorer les Archidémons et les Archanges, hein ? Oooh, comme c’est effrayant, » déclara Andrealphus.
Même si Zagan dévorait à la fois son mana et son aura, la Confession ne montrait aucun signe d’affaiblissement. Au contraire, la lance de lumière semblait être remplie d’encore plus de puissance, et creusa une fissure massive dans la terre. Sa pointe pouvait déjà atteindre jusqu’au bord de la plage, et s’il la jetait à l’eau, elle enverrait une vague soufflant comme une seconde attaque. Cette île sombrerait sûrement en un rien de temps s’il le faisait.
« Est-ce qu’ils sont tous les deux des monstres ici… ? » gémit Barbatos.
Cependant, Zagan répondit froidement.
« C’est mon domaine. Ce serait une perte si cette île coulait. Ça ne te dérange pas de mourir, n’est-ce pas ? » demanda Zagan.
« Ne sois pas comme ça. Tu l’as peut-être oublié, mais mon premier métier est celui de sorcier, tu sais ? » déclara Andrealphus.
La Confession était son pouvoir en tant qu’Archange. Cet homme n’avait pas encore montré son pouvoir d’Archidémon. Et à ce moment-là, Chastille avait crié.
« Zagan, le sol ! »
Et Zagan l’avait finalement réalisé en l’entendant crier. En un rien de temps, un cercle magique massif avait été creusé dans le sol avec Andrealphus en son centre.
Il a dessiné un cercle magique avec la pointe de sa lance en attaquant !?
Il ne frappait pas seulement avec sa lance noire de façon insignifiante, sa pointe avait dessiné un grand cercle magique émettant une lumière noire.
Mais, la sorcellerie que je peux dévorer.
C’était censé être le cas, mais Andrealphus agita le doigt en l’air.
« Whoa, peux-tu vraiment maintenant le faire ? » demanda Andrealphus.
Et la sorcellerie d’Andrealphus s’était activée. Il s’agissait probablement d’une grande sorcellerie appropriée à un Archidémon.
Mais je l’ai dévoré !
La sorcellerie d’Andrealphus avait été brisée, était devenue la nourriture de Zagan, et était maintenant enroulée autour du bras de Zagan. Il avait certainement senti que tout cela arrive…
Mais soudain, la poitrine de Zagan s’était ouverte.
« Qu’est-ce que… le… ? » s’écria Zagan.
Il était incapable de cacher son malaise.
Impossible… Je l’ai vraiment dévoré !
Pour preuve, le mana de Zagan avait été amplifié proportionnellement à ce qu’il avait absorbé.
« Oh ? Comme c’est mystérieux. Ça a marché. Ce n’était peut-être pas de la sorcellerie, hein ? » déclara Andrealphus.
En entendant Andrealphus dire cela, Néphy et Nephteros déglutirent toutes les deux.
« Ce n’est pas possible… Du mysticisme céleste… ? » demanda Néphy.
« Il n’y a aucune chance. Je veux dire, il est humain, non ? » demanda Nephteros.
La mystique céleste était un miracle qui ne pouvait être utilisé que par les hauts elfes. Si les humains étaient capables de l’utiliser, alors Bifrons n’aurait en premier lieu pas créé Nephteros.
***
Partie 10
Zagan avait alors regardé sa propre blessure.
La blessure elle-même… vient de l’épée sacrée… ?
Comment avait-il pu passer outre sa capacité à dévorer la sorcellerie et l’Écaille des Cieux ? Zagan avait regardé sa blessure. Il utilisait la sorcellerie pour se guérir, mais la blessure elle-même ne se refermait pas. C’est aussi arrivé quand Chastille l’avait coupé, l’aura de l’épée sacrée empêchait la sorcellerie de faire quoi que ce soit.
Le sang éclaboussait au sol, créant une mare rouge à ses pieds. Zagan n’avait aucune chance de gagner à moins qu’il n’ait réussi à percer le secret avant de tomber à genoux.
La sorcellerie était tissée par ce cercle magique à ses pieds, non ?
Puisqu’il avait été sculpté à l’aide de l’aura d’une épée sacrée, la simple sorcellerie serait incapable de le détruire.
« Ciel de l’occident. »
Zagan utilisa le ciel occidental pour se protéger de la lance de la Confession tout en conduisant le Ciel Oriental directement d’en haut.
L’Écaille des Cieux peut même absorber l’aura de l’épée sacrée.
C’était censé être le cas…
« Whoa, je ne peux pas te laisser faire ça — Zachariel ! » s’écria Andrealphus.
Une lumière noire avait jailli de l’épée sacrée elle-même et repoussa le ciel oriental.
Pour qu’il puisse manier l’épée sacrée même en manipulant la Confession ?
De plus, il y avait la mystérieuse sorcellerie qu’il était incapable de dévorer. C’était comme affronter trois ennemis en même temps.
« Cet instant, c’est tout le temps que tu as pour y réfléchir. Continuons, je t’en prie, » déclara Andrealphus.
Zagan avait réuni le ciel occidental et le ciel oriental comme pour fortifier ses défenses.
C’est de la sorcellerie, j’ai vraiment dévoré quelque chose. Le problème, c’est que je l’ai dévoré, mais cela s’est quand même activé.
« Prends ça ! » s’écria Andrealphus.
La sorcellerie d’Andrealphus s’était activée une fois de plus.
« Urgh !? »
Et une fois de plus, le sang avait jailli du corps de Zagan.
Pas encore !
Sa capacité à dévorer la sorcellerie fonctionnait normalement. L’Écaille des Cieux n’était pas cassée non plus. Ou plutôt, les deux étaient remplis d’encore plus de pouvoir.
Donc il entre en contact ?
Andrealphus avait fait un spectacle en tapant son épée sacrée contre son épaule.
« N’est-il pas temps que tu abandonnes ? C’est assez impressionnant que tu aies pris cette attaque deux fois et que tu sois toujours debout. Tu es probablement déjà le meilleur de tous les Archidémons actuels quand il s’agit de solidité pure, tu sais ? » déclara Andrealphus.
La deuxième frappe avait profondément entaillé le côté droit de l’abdomen de Zagan. Cela faisait couler encore plus de sang que lors de la première frappe.
La première était une frappe horizontale. La seconde… une poussée ?
Le fait qu’il ne pouvait pas guérir les blessures signifiait que c’était quelque chose causé par l’épée sacrée ou la Confession.
En d’autres termes, la sorcellerie elle-même n’est pas un moyen d’attaque.
C’était la sorcellerie qui avait provoqué un phénomène terriblement troublant. Et ayant reçu un tel avertissement amical, Zagan avait fait un spectacle en frappant la blessure dans son abdomen.
« Tu es très gentil, là, » déclara Zagan.
« C’est tout à fait vrai. Les vieux schnocks ne sont-ils pas censés élever des jeunes vers un avenir prometteur ? » demanda Andrealphus.
« C’est une considération non désirée. J’ai compris l’essentiel, » déclara Zagan.
Andrealphus avait plissé un front.
« Hmmmm. On ne dirait pas que tu bluffes. Ok, cette fois je ne vais pas retenir ma frappe, compris ? » déclara Andrealphus.
Andrealphus répondit comme s’il insinuait que c’était un indice, ce à quoi Zagan répondit avec un sourire tendu.
« Je te dis que c’est une considération non désirée. Se retenir est quelque chose que les forts disent aux faibles, » répliqua Zagan avec arrogance, faisant sourire Andrealphus avec bonheur.
« Comme c’est gentil. Les jeunes ont besoin d’être au moins aussi énergiques, » déclara Andrealphus.
Andrealphus avait pris la boîte de tabac dans sa poche.
« Oups, c’est le dernier, hein… ? Hé, tu fumes ? » demanda Andrealphus.
« Non. Je ne fumerai rien qui pourrait aggraver le goût des repas de ma fiancée, » déclara Zagan.
« Eh bien, c’est malheureux. Tu rates la moitié de ta vie ici… Tu peux juste expirer tous les mauvais sentiments après avoir fait un travail sanglant avec ça. Si tu gagnes, je te donne ça, » déclara Andrealphus.
« Je te dis que je n’en veux pas, » répliqua Zagan.
« Maintenant, tais-toi et essaie au moins une fois. Voilà…, » déclara Andrealphus.
Andrealphus avait jeté la boîte. Et au même moment, les deux Archidémons avaient donné un coup de pied au sol. Le cercle magique aux pieds d’Andrealphus brilla, et sa mystérieuse sorcellerie s’activa.
Le principe de dévorer la sorcellerie est de dessiner un cercle magique identique à celui de votre adversaire.
En tissant exactement le même cercle magique, mais une fraction de seconde derrière l’autre, il était possible de détourner le flux de mana. C’était le principe derrière le pouvoir de Zagan, et aussi la théorie de base derrière la capacité de Decarabia de refléter la sorcellerie. Mais que se passerait-il s’il arrivait trop tard ? Que se passerait-il si la sorcellerie originale finissait de s’activer en une fraction de seconde avant qu’il ne détourne le flux ?
C’est pourquoi Zagan avait copié le cercle magique encore plus vite qu’avant. Il l’avait fait plus vite que ce qu’il faudrait pour refléter la sorcellerie, plus vite que ce qu’il faudrait pour la détourner. Plus vite qu’Andrealphus lui-même. Il avait volé la sorcellerie d’Andrealphus avant même de l’absorber. Ainsi, Zagan et Andrealphus activèrent leur sorcellerie en même temps.
« Qu-Quoi… ? »
Quand Zagan avait essayé de parler, sa voix n’était pas sortie correctement.
« Hmm. Donc, tu avais vraiment tout vu après ne l’avoir vu que deux fois. Plutôt impressionnant. »
Il savait que c’était une communication télépathique. Ils vivaient dans un monde sans couleur. Et en plus, la boîte de cigares était en l’air, Néphy déglutissait, Chastille agrippait son épée sacrée à la recherche d’une ouverture, le feuillage flottant des branches d’arbres au-dessus, tout s’était tout arrêté. S’il y avait un moyen d’expliquer ce phénomène…
« Arrêt du temps… C’est ta sorcellerie !? »
Et Andrealphus fit un sourire amer.
« Ce n’est pas comme si ça s’était vraiment arrêté. Le temps passe encore, petit à petit. C’est nous deux qui avons été accélérés, tu vois. Une seconde est devenue une demi-heure pour nous, plus ou moins. »
C’était un monde qui fonctionnait pendant dix-huit millièmes d’une seconde. La capacité de Zagan à dévorer la sorcellerie avait pris un dixième de seconde et donc, elle était arrivée trop lentement avant.
Andrealphus avait préparé la Confession.
« Alors, réglons ça tout de suite. »
« Je suis d’accord. Je suis en vacances, là. »
Le ciel oriental et occidental de Zagan fonctionnait toujours face à la Confession d’Andrealphus. D’ici, ce serait un pur match entre l’épée et le poing.
« Je dis ça, mais je n’aime pas l’idée d’être deuxième quand c’est ma sorcellerie qui est en jeu ici. C’est parti ! » déclara Andrealphus.
Andrealphus fut le premier à agir. D’un seul pas oppressif, il avait fendu la terre encore plus qu’avant. Cependant, Zagan avait aussi progressé à ce moment-là. Il ouvrit son poing et tendit la paume du ciel occidental devant lui. La lance noire de la Confession était venue droit sur lui et était entrée en collision avec le ciel occidental, provoquant la formation de fissures dans les défenses de Zagan ainsi qu’une sensation terne. La pointe de la lance avait percé le ciel occidental et s’était avancée sur Zagan.
L’Écaille des Cieux est-elle cassée !?
C’était la première fois que cela se produisait depuis que Raphaël l’avait fait. Cependant, la lance de la confession s’était également arrêtée.
« Pas mal ! Mais j’ai toujours ça — Zachariel ! »
Une lumière noire avait jailli de l’épée sacrée et arriva avec une frappe horizontale.
Cependant, il n’est pas aussi puissant que la Confession !
Zagan avait dirigé le ciel oriental vers elle.
« Arrête ça, Ciel Oriental ! »
Et même lorsque la lame avait coupé à travers le gantelet, elle avait réussi à attraper d’une manière splendide l’épée.
« Tch, sérieusement ? »
Même s’il avait l’air perturbé, Andrealphus était toujours un Archidémon. Il lâcha immédiatement son épée sacrée et appela de nouveau la Confession.
« Mais maintenant, tu n’as plus les mains pour jouer, fais-le — Confession ! »
La Confession avait libéré la lance noire et s’était servie de son bras restant avec le bouclier pour effectuer une attaque d’assaut. Son ciel occidental et oriental étant épuisé, Zagan était maintenant sans défense, mais Zagan avait néanmoins le sourire aux lèvres.
« Tu as choisi une mauvaise décision, Andrealphus, » déclara Zagan.
Maintenant que la Confession ne tenait plus la lance noire, le ciel occidental avait pu la dévorer entièrement. Et avec tous ses dommages réparés par l’aura qu’il en avait retirée, il avait pu retrouver toute sa fonctionnalité.
« Capture cette salope, Ciel Occidental ! »
C’était en fait la Confession qui était maintenant sans défense. Avec l’arrivée du ciel occidental sur son flanc, il n’avait rien à faire pour l’arrêter. La voix d’Andrealphus avait même une pointe d’admiration pour lui.
« Splendide. Mais tu rates le coup décisif. »
Même si Zagan avait percé les techniques d’Andrealphus, le ciel oriental et le ciel occidental étaient maintenant scellés. Et cet homme était capable de manipuler la Confession tout en maniant son épée sacrée, il était plus que capable de combattre sans l’une ou l’autre. Il avait fait un bond en arrière hors de portée du ciel oriental et du ciel occidental.
« Un coup décisif ? J’en ai un juste ici. »
Zagan répondit sans crainte à Andrealphus.
Tu n’es pas le seul à savoir te battre, tu sais ?
Zagan avait utilisé le ciel oriental et occidental pour sceller l’épée sacrée et la Confession. Et dans ses mains se trouvait tout le mana qu’il avait absorbé de la sorcellerie dévorante jusqu’à maintenant.
« Guh !! »
Le poing gauche de Zagan s’était avancé. L’armure sacrée d’Andrealphus s’était brisée comme du verre lors du choc. Les sensations de côtes cassées et d’éclatement des entrailles avaient été transmises à la main de Zagan.
« Ga… hak… »
Et ce qui attendait la tête d’Andrealphus, maintenant tombée et crachant du sang, était le poing droit de Zagan.
« Ça fait longtemps que je n’ai pas fait ça sérieusement. Tu es censé être le plus fort, non ? » demanda Zagan.
Zagan avait enfoncé son poing droit dans le visage d’Andrealphus. La couleur était revenue dans le monde. Le paysage gelé avait recommencé à bouger. Andrealphus s’était envolé face en l’air et s’était écrasé après avoir traversé les arbres de la forêt.
Tous ceux qui regardaient le combat avaient ouvert les yeux en état de choc, incapable de comprendre ce qui s’était passé, alors que le feuillage tombait doucement sur le sol.
Et avec tout ce qui s’était passé, Zagan avait levé la main droite en l’air, à l’endroit même où la boîte de cigares tombait. Zagan enleva la dernière cigarette, et imita les actions d’Andrealphus en mordant le bout. Il le plaça dans sa bouche, claqua des doigts, et il prit finalement une bouffée.
Des cendres rouges chaudes étaient tombées de la pointe, et un violent stimulus avait traversé sa poitrine pendant qu’il inhalait la fumée. C’était la première fois qu’il faisait l’expérience d’un tel stimulus, et cela lui donnait un sentiment d’exaltation qu’il trouvait difficile à décrire. Et après avoir profité de cette sensation pendant un moment, il avait soufflé la fumée.
« Je vois. Ce n’est pas mal, mais ce n’est pas vraiment quelque chose à consommer avant le repas, » déclara Zagan.
Et ainsi, les choses avaient été réglées entre Zagan et le plus fort Archange, qui avait également servi comme le plus fort Archidémon.