Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 6 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes

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Chapitre 3 : Ceux qui vivent au fond de la mer ne sont vraiment pas honnêtes avec eux-mêmes

Partie 1

« Je vois. Il faut une sirène pour te guider à travers l’océan, » murmura Zagan en admirant ce qui était devant lui. Cela faisait deux jours qu’il avait décidé de se rendre à la conférence.

La capitale océanique, Atlastia, était une métropole au fond de l’océan, loin du continent où se tenait la Conférence continentale interraciale des aînés. En fait, c’était quand même assez loin pour qu’un bateau de Kianoides mette plus d’une semaine pour s’y rendre, mais heureusement, les sirènes pouvaient manipuler les courants d’eau. Grâce à ce pouvoir, il était possible d’y arriver en une seule journée.

Je n’ai que quatre jours avant mon rendez-vous… Finalement, Zagan n’avait jamais eu l’occasion d’acheter de nouveaux vêtements. Et tout au plus, il avait deux jours libres pour se préparer. Il devait se dépêcher. C’est pourquoi il avait regardé autour de lui, paniqué. Puisqu’ils étaient censés être au fond de l’océan, il y avait d’innombrables poissons qui nageaient au-dessus d’eux. Cependant, son champ de vision était médiocre, de sorte que tout ce qui se trouvait à plus de dix pas semblait flou. Il était apparemment à une profondeur où la lumière du soleil ne pouvait pas les atteindre, mais mystérieusement, il faisait clair comme le jour autour de lui. C’était différent de la façon dont les sorciers utilisaient la sorcellerie pour voir dans le noir. Cela dit, ce n’était pas comme s’il y avait une source de lumière claire. C’était comme l’air… ou plutôt, l’eau elle-même brillait.

Ce n’était pas de l’herbe qui poussait sous ses pieds, mais des algues et du corail. Il n’y avait pas du tout d’air autour d’eux, juste de l’eau de mer. La raison pour laquelle il pouvait respirer malgré cela semblait être la puissance des sirènes. C’était apparemment l’entrée d’une ville ou d’un pays, de sorte qu’il pouvait apercevoir au loin quelque chose de semblable à un temple construit par l’homme. Les pierres qui dépassaient de là semblaient avoir des lumières à l’intérieur, et un examen plus attentif avait révélé des fenêtres et des entrées. Je pensais que, pour l’instant, Zagan ne pouvait repérer personne d’autre que les poissons.

« C’est un endroit assez mystérieux, n’est-ce pas ? » demanda Néphy d’une voix envoûtante alors que sa main serrait celle de Zagan comme un étau. À part elle, seule Foll, qui avait également dû faire enlever la malédiction, et Selphy, qui avait servi de guide, accompagnaient Zagan. Et puisqu’ils se rendaient à la conférence, Néphy portait une robe de soirée au lieu de son uniforme de bonne habituel.

Dans tous les cas, Zagan et Foll portaient leurs vêtements habituels lorsqu’ils seraient retournés à leurs formes originales. Mais ce n’était pas comme s’ils les portaient sous leurs vêtements actuels ou quoi que ce soit d’autre. Au lieu de cela, ils utilisaient la sorcellerie pour plier l’espace lui-même et le dissimuler autour d’eux, ce qui donnait presque l’impression qu’ils portaient des vêtements invisibles.

Raphaël et Kimaris étaient restés pour surveiller le château. Je ne peux en aucun cas laisser mes subordonnés s’informer sur cette forme, alors ils feraient mieux de les garder occupés…

Ce n’était pas comme s’il y en avait parmi eux qui se révolteraient pour une telle chose, mais être traité comme un enfant était beaucoup trop douloureux. Bien sûr, ils n’avaient pas de mauvaise volonté, mais c’était quand même assez ennuyeux.

« C’est comme être au-dessus de l’eau et en même temps à l’intérieur. C’est bizarre, » déclara Foll en lui faisant un petit signe de tête. Ils se promenaient normalement et n’avaient pas du tout l’impression que leurs vêtements étaient mouillés. C’est du moins ce qu’ils pensaient, mais Selphy nageait dans les airs. D’une certaine façon, c’était comme s’ils marchaient dans un épais brouillard persistant, ce qui signifiait probablement qu’il y avait une barrière dans la région. Cependant, s’il y en avait, c’était vraiment énorme.

« Ce n’est pas de la sorcellerie, mais c’est aussi différent du pouvoir des dragons… Si je devais le comparer à quelque chose, le mysticisme elfique me semble le mieux adapté, » déclara Zagan.

Est-ce l’un des pouvoirs perdus qui résident à Liucaon ? Cette conférence était plus proche de Liucaon que du continent. On disait qu’une puissance différente de la sorcellerie demeurait dans cette nation insulaire, ce qui remplissait d’espoir Zagan.

« Ça se ressemble, n’est-ce pas ? Je sens ici quelque chose comme le pouvoir des esprits qui ne devrait pas être dans l’eau. Peut-être qu’ils empruntent du pouvoir à de tels êtres ? » murmura Néphy en observant ce qui l’entourait.

« Il semble que c’est comme le pouvoir d’un trésor sacré qui a été transmis par la famille royale, » répondit Selphy d’un ton plutôt indifférent.

« … Est-ce que c’est bien pour toi de le révéler à des gens de l’extérieur ? » demanda Zagan.

« Ne sommes-nous pas tous de la même famille ? » demanda Selphy.

« J’ai entendu dire que les serviteurs sont comme la famille, alors tu l’es, » Foll hocha la tête et elle répondit à la place de Zagan, car il était trop embarrassé pour répondre à Selphy.

« Wôw ! Tu dis qu’on est très proches, non ? » s’exclama Selphy semblant clairement très heureuse. Zagan ne comprenait pas pourquoi elle serait heureuse de la déclaration de Foll, mais il n’avait pas pris la peine de le mentionner parce qu’il ne s’en souciait pas vraiment.

« Bref, c’est mon royaume. Mais il n’y a que quelques centaines de personnes qui vivent ici, donc c’est plus un petit village, » déclara Selphy.

Comme les elfes et les dragons, les sirènes étaient une espèce en voie de disparition. Et comme seulement plusieurs centaines d’habitants vivaient dans ce royaume, il était difficile d’imaginer qu’ils survivraient les cent prochaines années. Heureusement, son existence était un secret bien gardé. Si les sorciers réussissaient un jour à le flairer, les sirènes s’éteindraient du jour au lendemain.

« Est-ce que cette conférence ou quoi que ce soit d’autre a toujours lieu ici ? » demanda Zagan.

« Je ne sais pas. Mais, c’est la première fois que je la vois moi-même, alors ils la déplacent probablement, non ? » demanda Selphy.

« Je suis surpris que tu puisses t’appeler un membre de la royauté alors que tu en sais si peu, » déclara Zagan.

« Haha… C’est dur de se souvenir de choses qui ne t’intéressent pas, non ? » déclara Selphy.

« Maintenant que j’y pense, quelles races s’en viennent ? » Néphy se tourna vers Selphy et lui posa cette question. Cependant, Selphy avait simplement baissé la tête sur le côté comme si elle n’avait jamais réfléchi à la question, ce qui était tout à fait logique.

« Voyons voir. Je ne sais pas combien de races se réunissent pour cette conférence, mais les plus rares sont les dragons comme Foll, ainsi que les elfes comme Néphy ou Nephteros, » Zagan avait répondu à la question de Néphy. Puis, il avait tendu les doigts en commençant à les compter en disant. « À part ça, il y a des fomoriens comme Gremory, des léonins comme Kimaris, des tabaxis comme Kuroka… Oh, et j’ai entendu dire qu’il y a aussi des fées. Cependant, le terme fée englobe beaucoup de choses. Les elfes et les cait siths sont inclus dans cette catégorie. »

« Les tabaxis et les cait siths sont-ils de races différentes ? » Néphy pencha la tête sur le côté quand elle posa cette question.

« On peut le dire. Cela dit, il s’agit seulement de savoir si les parties humaines ou félines sont plus importantes, alors ils sont largement considérés comme étant la même race. Cependant, la qualité de leur mana est clairement différente, donc les sorciers notent certainement la différence, » déclara Zagan.

« Ouaip ! De plus, j’ai entendu dire que les cait siths possèdent la même quantité de mana que les sirènes et les succubes ! Ils sont tous les trois très spéciaux au Liucaon ! » s’exclama Selphy en poussant sa main droite en l’air.

« Je vois. Vous êtes bien informée, n’est-ce pas ? » répondit Néphy.

« Hehehehe. Je suis aussi une sirène. Ces vieux bonhommes m’auraient crié dessus si je n’avais pas autant appris, » expliqua Selphy. Malheureusement, il avait probablement fallu tous les efforts que les bonhommes avaient pu rassembler pour lui forcer la tête avec ce peu d’information.

« Ce sont toutes des espèces plus rares. Les Avians comme Manuela, les lycans, les canus et les nains peuvent être trouvés partout où vous regardez. À part ça…, » Zagan avait traîné derrière eux en pensant aux autres races. Puis, un certain nom lui était soudain venu à l’esprit, alors il l’avait dit. « Hm… Je ne sais pas s’ils feraient partie des races du continent, mais… le Clan de la nuit. Il y en a plus beaucoup qui portent ce nom. »

C’était probablement la première fois que Néphy entendait ce nom, car ses oreilles tremblaient, ce qui montrait son intérêt pour la question.

« Comment sont-ils ? » demanda Néphy.

« Pour dire les choses simplement, se sont des morts-vivants. Cependant, ils sont fondamentalement différents des zombies et des squelettes que les sorciers créent. Ils peuvent survivre sans être approvisionnés en mana, et ils ne peuvent pas être tués. Cependant, vous pouvez apparemment les briser en morceaux assez petits pour les empêcher de faire quoi que ce soit, » répondit Zagan. Il n’était pas sûr si même le Phosphore du Ciel était assez puissant pour les achever, puisque leur constitution était plutôt unique. Cela dit, Zagan n’en avait jamais rencontré.

« Wôw, il y a quelqu’un d’aussi effrayant ici, hein !? Je me demande s’ils m’écouteront chanter, » Selphy s’était mise à rire sans réfléchir en disant cela, ne voyant apparemment pas Néphy pâlir à côté d’elle.

« Qui sait ? Eh bien, l’Église a leurs yeux pointés sur eux, donc tu ne les verrais jamais sur le continent. De toute façon, ils sont forts, ce qui les résume bien, » déclara Zagan.

D’après la façon dont Selphy parlait, il semblait que le Clan de la Nuit n’avait rien à voir avec la conférence.

Et, comme ils parlaient de ces choses, ils arrivèrent au temple. Il s’agissait d’un vieil édifice fait d’un matériau étrange qui n’était ni du métal ni de la pierre. Il ne savait pas ce qu’était l’usure sous la mer, mais, vu l’épaisse couche d’algues et de sédiments qui s’y accumulaient, il avait deviné que cela existait depuis au moins deux cents ans. Il y avait plusieurs lumières autour de lui, et on aurait dit qu’il y avait quelque chose, mais…

***

Partie 2

« Zagan. Quelqu’un arrive, » Foll avait fait entendre sa voix en signe d’alarme pendant que Zagan observait son nouvel environnement. Puis, elle avait montré du doigt une fille qui courait vers eux en criant quelque chose et en agitant la main de toutes ses forces.

« Oh ! N’est-ce pas Lilith !? Heeey, Lilith ! C’est moi ! C’est moi ! La sirène, Selphoomph !? » Selphy cria de joie en la voyant et nagea vers la fille, mais elle fut interrompue par une claque impitoyable.

« Espèce d’imbécile ! Pourquoi es-tu si décontractée avec tout ça ? Aucune princesse de l’une des trois grandes familles royales ne s’est jamais enfuie de chez elle, tu sais !? Ne réalises-tu pas que tu vas te faire gronder ? Et comment se fait-il que tu n’aies même pas essayé de me contacter ? » demanda Lilith.

 

 

Sa dernière phrase semblait sans rapport avec tout le reste, mais elle montrait clairement qu’elle était l’amie de Selphy. Selphy dérivait dans l’air avec ses yeux qui tournoyaient, mais assez tôt, elle avait repris connaissance et s’était mise à rire sans une once de timidité dans sa voix.

« Ahahahah, désolée pour ça. Mais si j’avais été en contact, ces vieux m’auraient trouvée. Je suis vraiment désolée, alors ne pleure pas, Lilith, » déclara Selphy.

« Je ne pleure pas, idiote ! Ce que tu fais à l’extérieur n’a rien à voir avec moi ! » s’écria Lilith.

En un rien de temps, la fille qui avait giflé Selphy l’avait serrée dans ses bras avec des larmes dans les yeux. Apparemment, contrairement à sa langue aiguisée, c’était une bonne personne à l’intérieur.

« … Gremory sauterait de joie si elle voyait cela, » déclara Zagan d’une voix monotone.

« … Tu as raison. Ne pas l’amener était un bon choix, » Foll était d’accord.

Et avec cela, la fille regarda vers le groupe de Zagan, les ayant finalement remarqués.

Elle semblait avoir à peu près le même âge que Selphy, soit 15 ou 16 ans. Ses cheveux cramoisi vif étaient attachés des deux côtés de son visage et elle avait des cornes qui sortaient de sa tête. Elle ressemblait presque à Gremory, mais les ailes en forme de chauve-souris sur son dos étaient une différence assez évidente.

Un succube, hein ? C’était une race qui pouvait apparemment traverser le monde des rêves. C’était la première fois que Zagan en rencontrait une, et elle semblait être quelqu’un de haut standing, puisqu’elle portait une robe d’une seule pièce et avait une jolie cape drapée sur son dos.

« Et qui êtes-vous ? Un petit morveux gâté ? » Lilith essuya ses larmes, puis dirigea un regard noir sur Zagan en posant cette question.

Eh bien, je suppose que c’est la patrie de Selphy… Ce n’était pas si inhabituel de trouver d’autres personnes comme elle dans la région.

« Oh, voici mon seigneur, Monsieur Zagan. Et ceux qui sont derrière lui sont, comme, sa… femme ? Fiancée ? C’est Mlle Néphy et leur fille, Foll. Les gars, cette fille est mon amie d’enfance, Lilith, » déclara Selphy.

« Hmm, fille… ? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? Et comment a-t-il une fiancée à son âge ? Est-ce quelqu’un d’important ? » demanda Lilith.

« Ça va prendre, genre, beaucoup trop de temps à te l’expliquer ! Je te raconterai tout plus tard, » déclara Selphy.

« Quand as-tu déjà dit ça et bien expliqué les choses ? » demanda Lilith.

Argh, c’est tellement ennuyeux. Je veux juste poser des questions sur la malédiction et partir d’ici… Ayant peut-être remarqué l’irritation de Zagan, Néphy lâcha la main et fit face à Lilith.

« C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis Néphélia, disciple du Maître Zagan, servante… et récemment, je suis devenue son amoureuse, » déclara Néphy.

« Hm… ? Attendez, attendez… Je me sens comme… J’ai déjà entendu le nom de Zagan… ? » Lilith pencha la tête sur le côté dans la confusion en disant ça.

« Pourquoi ne vous présentez-vous pas aussi ? » demanda Néphy avec un sourire plat sur son visage. Sa voix sonnait un peu froide, ce qui faisait déglutir involontairement la succube.

« Euh, d’accord… Mon nom, hein ? Très bien, très bien. Nettoyez vos oreilles et écoutez attentivement. Je suis Lilithiera Fauna Hypnoel, première princesse des succubes et descendante du fier roi aux yeux d’argent. Je suis membre des trois grandes familles royales, alors n’oubliez pas de me respecter ! » déclara Lilith.

« Vraiment ? Eh bien, Mlle Lilithiera, bien qu’il soit un peu présomptueux de ma part de dire cela, permettez-moi de vous donner un seul conseil, » déclara Néphy en serrant l’épaule de la jeune fille avec un bruit sourd, puis en lui faisant un sourire rafraîchissant et continua. « Je ne suis pas si douce que je continuerai à sourire quand on ridiculise mon Seigneur. »

L’atmosphère s’était figée instantanément.

Merde, c’est mauvais. Néphy est folle… C’était une fille qui ne laissait jamais transparaître sa colère en surface, mais il semblait qu’elle était trop sensible à cause de la transformation de Zagan.

« D-D-D-D-D-Désolée…, » Lilith trébucha sur ses excuses alors qu’elle commençait à trembler et que des larmes coulaient dans ses yeux. Elle avait assez peur pour s’évanouir à tout moment, alors même Zagan avait sympathisé avec elle.

« C’est bon, Néphy. Ne te fâche pas comme ça. Une morveuse devrait être disciplinée par ses parents, non ? » Zagan lui avait demandé de s’en tenir là, et Néphy l’avait remerciée avec une expression insatisfaite sur son visage. Après avoir été libérée de cette pression, Lilith s’était faiblement agenouillée.

« Néphy, tu t’es trop énervée. Les mauvais enfants devraient être grondés, pas blessés, » affirma Foll en se tournant vers Néphy avec un regard de pitié pour Lilith dans ses yeux.

« Oh… Tu as… raison. Mes excuses, Mlle Lilithiera, je suis allée trop loin, » s’inclina Néphy en disant cela, ayant enfin retrouvé la raison.

« Allez-vous bien ? » demanda Foll en tendant la main à Lilith.

« H-Hmph ! Ce n’est rien… Attends, quoi !? » Lilith avait poussé un cri.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Foll.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu-Quoi… Qu’est-ce que vous êtes ? Pourquoi est-ce que quelque chose comme ça existe dans le monde… ? » demanda Lilith.

Hm ? A-t-elle remarqué que Foll est un dragon ? Les succubes étaient une espèce rare, mais elles avaient peu de force, surtout si on les compare aux dragons. C’est pourquoi sa réaction avait été parfaitement…

« Ohhhh, Lilith, tes seins n’ont toujours pas, genre, grandi du tout, hein ? » Selphy déchaîna cette déclaration cruelle d’une manière désinvolte, ce qui fit que Lilith serra amèrement sa poitrine plate. Elle avait été frappée par ces mots justes après avoir été grondée par Néphy, ce qui rendait tout cela trop dur pour une fille dans l’adolescence. Lilith s’agenouilla une fois de plus, se taisant alors que son visage se tordait à cause de l’humiliation.

« Pourquoi t’es-tu fâchée ? » Foll s’était tournée vers Néphy et lui avait posé cette question en raison de l’immense sentiment de pitié qui s’emparait d’elle.

« C’est… Maître Zagan a souffert d’une enfance difficile, tout comme moi, mais contrairement à moi, il travaille dur pour s’en sortir. C’est pourquoi j’ai pris cela comme une insulte personnelle, car cela me rendrait encore pire…, » répondit Néphy.

« Je vois. C’est ce qui t’a mis en colère, hein ? » déclara Zagan, se froissant les cheveux comme s’il s’était mis d’accord avec ça. Contrairement à ce qu’elle prétendait, sa réaction semblait indiquer qu’elle était en colère parce qu’une personne qu’elle aimait se faisait insulter devant elle.

Peut-être que les souvenirs de Néphy ont pris un nouveau sens… Son changement d’expression et ses manifestations d’émotion étaient des choses qu’il croyait qu’elle avait ramenés du village elfique caché. Au début, il avait supposé que c’était seulement parce qu’elle avait été transformée en enfant, mais peut-être qu’à la place, la visite de son ancienne maison avait déclenché un changement…

« Écoute-moi, Néphy. Les vrais forts ne sont pas affectés par un chahut aussi insignifiant. Ne t’abaisse pas à son niveau, » ordonna Zagan.

« Maître Zagan…, » Néphy marmonna en s’accroupissant devant Zagan, puis répondit d’une voix digne. « Les gens sont constamment blessés par des paroles irréfléchies. Ne rien ressentir face à eux est un signe que ton cœur a gelé. C’est pourquoi il vaut mieux se fâcher quand on est insulté. »

Zagan ne pouvait pas croire qu’il avait oublié quelque chose d’aussi simple. Et ainsi, il avait envoyé un regard sombre sur Lilith, car il l’avait blâmée pour Néphy qui le grondait.

« Je vois… C’est vraiment de ta faute ! » déclara Zagan.

« Qu’est-ce qu’il a, ce morveux ? » Lilith avait hurlé ces mots alors que des larmes coulaient sur ses joues, laissant Foll et Selphy stupéfaites.

« C’est si mesquin, Zagan…, » déclara Foll.

« C’est la première fois que je vois M. Zagan être un gros crétin…, » déclara Selphy.

Eh bien, c’est vrai que je ne ferais pas normalement une excuse aussi nulle devant Néphy… pensa Zagan en gémissant devant leurs regards de reproches. Heureusement, Néphy avait un sourire agréable sur son visage, ce qui lui avait remonté le moral.

« Maître Zagan est mignon quand il est enfantin, » affirma Néphy. Sa réaction avait semblé la satisfaire. Et en voyant sa rare expression heureuse, il sentit ses genoux s’affaiblir. Toutefois, Foll semblait avoir ses propres idées sur la question.

« Ce Zagan est-il différent de quand il est adulte ? La seule différence entre un enfant et un adulte n’est-elle pas leur pouvoir ? » Foll, dont le corps ne faisait que grossir, demanda, car elle était apparemment incapable de comprendre les différences entre adultes et enfants. Se sentant désolé pour elle, Zagan tendit la main vers la tête de Foll.

« … Zagan, qu’est-ce que tu fais ? » demanda Foll.

Il tendait la main pour caresser la tête de sa fille, mais il ne pouvait pas s’en approcher dans sa forme actuelle.

« Je ne peux pas l’atteindre. Baisse la tête, » déclara Zagan.

« Comme ça ? » demanda Foll alors qu’elle s’abaissait avec réserve, ce qui permit finalement à Zagan de lui caresser la tête.

« Écoute-moi, Foll. Les gens accumulent de l’intelligence en grandissant. Et je crois que l’intelligence n’est pas seulement la connaissance, mais la capacité de comprendre, » déclara Zagan.

« La capacité de comprendre… ? » demanda Foll.

« C’est bien ça. Écoute, Foll, tu as peut-être atteint le corps d’un adulte, mais tu n’as pas encore accumulé une telle intelligence. Tu n’apprendras jamais la vraie différence entre un adulte et un enfant si tu ne regardes pas au-delà du niveau de la surface, » déclara Zagan.

« C’est difficile à comprendre, » dit Foll en croisant les bras et en s’interrogeant sur l’idée pendant un moment.

« J’ai l’air jeune maintenant, mais je suis toujours ton parent. Je serai strict avec toi quand il le faudra, » déclara Zagan.

« Es-tu en train de dire que Lilith est encore une enfant ? » demanda Foll en tournant son regard vers Lilith.

« … C’est bon de voir que tu comprends au moins ça, » déclara Zagan.

« Hé, vous tous ! Ne croyez pas que vous vous en tirerez à la légère après avoir ridiculisé la prochaine chef des succubes ! Je déposerai une plainte formelle à l’Église ! » rugit Lilith en devenant rouge vif à cause des commentaires de Zagan et Foll. Cependant, en entendant le mot Église, tout le monde à part elle avait mis la tête sur le côté.

« Qu’est-ce que l’Église a à voir avec ça ? » demanda Zagan.

« Quoi ? Je veux dire, vous n’avez pas l’air d’être de l’Église… Hein ? Attendez, qui êtes-vous ? » demanda Lilith. Il semblait qu’elle les avait mal interprétées jusque-là.

« Hein ? Lilith, n’es-tu pas venue nous saluer ? » demanda Selphy.

« Je ne l’ai pas fait. C’est ta maison, donc je n’ai pas besoin de te guider, n’est-ce pas ? Je suis venue ici pour —, » Lilith avait arrêté de parler alors qu’elle sentait quelqu’un s’approcher d’eux.

« Bonjour, vous êtes là. Est-ce ici que se tient la Conférence continentale interraciale des aînés ? » Ce n’était nul autre que l’archange Chastille Lillqvist.

***

Partie 3

Pourquoi Chastille est-elle ici ? Le corps de Zagan s’était raidi en entendant cette voix familière. Et en regardant derrière elle, il remarqua que Nephteros et Kuroka l’accompagnaient. Il y avait aussi plusieurs autres Chevaliers Angéliques, mais peut-être par chance, les trois idiots n’étaient pas parmi eux.

Alors qu’il se demandait pourquoi elle était là, Zagan se souvint des paroles de Raphaël tout à l’heure. « Après tout, le représentant des humains est choisi dans l’Église. »

Il avait mentionné que Chastille serait leur choix le plus probable, mais Zagan ne s’attendait pas vraiment à la voir. Et ainsi, il se cacha derrière Néphy avec agitation. 

« Néphy ? Attends, pourquoi es-tu là ? » demanda Chastille alors que ses yeux s’élargissaient de surprise.

« Chastille ? Eh bien, c’est plutôt difficile à répondre…, » Néphy traînait en essayant de trouver une excuse. Zagan avait voulu que sa situation soit gardée secrète, mais elle n’était pas très douée pour mentir, alors elle avait l’air troublée alors qu’elle parlait avec la tête penchée sur le côté.

« Hm… ? Attends… Euh, je ne pense pas que ce soit possible, mais celle là-bas… Foll ? » demanda Chastille, alors qu’elle était clairement confuse en regardant Foll.

« Ouais. C’est moi. Tu l’as compris malgré le fait de ne pas être un sorcier. Comme c’est admirable, Tête de Poney, » répondit Foll.

« Que s’est-il passé ? Et il n’y a que vous deux ? Je ne vois Zagan nulle part… n’est-il pas là ? » demanda Chastille en se massant les sourcils comme si elle avait mal à la tête.

« C’est, euh… »

Merde. Chastille est en mode travail… C’était généralement une grosse pleurnicheuse, et une épave totale, mais tout changeait quand elle était en mode travail. Cela la rendait extrêmement fiable en tant qu’alliée, mais ce n’était pas ce dont Zagan avait besoin pour le moment.

« Que dites-vous, Lady Chastille ? N’est-il pas juste là ? » déclara Kuroka en pointant Zagan du doigt, ses oreilles triangulaires frémissant curieusement.

« Hein ? »

C’est vrai. Elle distingue les gens par leur odeur et leur présence, n’est-ce pas ? Zagan avait peut-être rétréci, mais rien d’autre n’avait vraiment changé chez lui. Et ainsi, il semblait que la perception de Kuroka de Zagan n’avait pas non plus été modifiée.

« Attends une minute… Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda Nephteros, apparemment déconcertée.

« A-Attends un peu… Qui est ce gamin ? Pourquoi ressemble-t-il autant à Zagan ? Ne me dis pas… ! » Les yeux de Chastille s’ouvrirent en grand comme si elle venait de réaliser la vérité avant de continuer. « Est-il l’enfant illégitime de Néphy et de Zagan ? »

Je vois qu’elle est redevenue comme d’habitude… Il semblait que malgré le fait d’être en mode travail, le choc de tout cela l’avait fait revenir à son état normal. Sentant que continuer à se taire ne ferait que causer d’autres problèmes, Zagan s’était avancé à contrecœur.

« Tu as réagi exactement de la même façon quand tu as vu Foll pour la première fois, » déclara Zagan.

« Hein !? Si tu le sais, alors… Pas possible, es-tu vraiment Zagan ? » déclara Chastille.

« Si tu veux rire, vas-y. J’ai fini comme ça après avoir échoué avec de la sorcellerie, » déclara Zagan.

« … Je ne rirai pas. Comment un sorcier de ton niveau a-t-il fini comme ça ? » Chastille avait posé cette question, espérant entendre une réponse, mais…

« HAHAHAHAHAHAHAHAHA ! Es-tu sérieux ? Es-tu vraiment Zagan !? »

Putain de merde. Comment ai-je oublié ? Si Chastille est là, alors cet idiot aussi… Zagan se rendit compte qu’un homme lugubre s’était soudain faufilé hors de l’ombre aux pieds de Chastille. C’était Barbatos.

« HAHAHAHAHAHAHAHAHA ! Je n’arrive pas à y croire ! Cet idiot de gamin est Zagan ? Je suppose qu’il est temps de se venger. Je vais t’achever et devenir un ArchidAMPH ! »

Le poing de Zagan s’était enfoncé dans la joue de Barbatos avant qu’il ait fini de parler. Il avait instantanément percé ses molaires, puis l’avait envoyé jusqu’au fond de la mer. Finalement, le substrat rocheux s’était effondré et le visage de Barbatos s’était volatilisé.

Chastille posa la main sur sa tête, l’air presque gêné, tandis que Kuroka semblait profondément émue, puisqu’elle tapait dans ses mains. Foll et Nephteros, par contre, ne semblaient pas du tout s’en soucier, tandis que Néphy affichait un sourire tendu comme si c’était une vue courante. Les valeurs aberrantes évidentes étaient Selphy et Lilith, qui tremblaient en se serrant l’une contre l’autre.

« Hm… J’avais l’intention de le tuer avec ça, mais il semble que cette forme me limite, » affirma Zagan en regardant la main qu’il avait utilisée pour frapper Barbatos. Le nombre de circuits qu’il pouvait construire en même temps n’avait pas été réduit, mais il semblerait qu’il y avait maintenant une limite à ce que sa force puisse être augmentée. Il n’avait même pas été capable de faire ressortir vingt pour cent de sa pleine puissance.

C’est un énorme problème… Il devait corriger ça avant qu’ils n’aient des ennuis. À ce moment-là, Kuroka semblait aussi avoir remarqué que quelque chose n’allait pas, alors elle s’était avancée en plissant ses sourcils.

« Euh… Monsieur, vous êtes… accroupis ? » demanda Kuroka, jugeant probablement la taille de Zagan d’après l’origine de sa voix. Cependant, il semblait qu’elle n’avait pas encore compris qu’il était devenu un enfant.

Le chat est déjà sorti du sac, alors je ne devrais pas l’oublier… Zagan prit la main de Kuroka et la plaça contre son propre visage. Il avait déjà entendu dire que les aveugles pouvaient saisir la forme des visages des gens en les touchant.

« Hum… Non, attends, hein ? » Les yeux de Kuroka s’ouvrirent en grand en raison de l’étonnement alors qu’elle se mit à trembler.

« Comprends-tu maintenant ? C’est ma forme actuelle, » déclara Zagan.

« Oh… Je vois…, » répondit Kuroka. Il semblerait qu’elle ait détesté toucher les visages des gens, puisque sa main tremblait encore.

« Oups, c’est ma faute, » déclara Zagan en lâchant sa main. Et une fois qu’il l’avait fait, elle avait reculé extrêmement vite.

« Kuroka, qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Nephteros en se tournant vers sa compagne.

« Oh, c’est juste que… mes mains… sont sales… alors toucher le visage de quelqu’un est un peu…, » déclara Kuroka, mais il était évident qu’elle se sentait plutôt gênée. Il semblait que Nephteros et Kuroka s’étaient rapprochées alors qu’elles vivaient à l’Église, ce qui plaisait énormément à Zagan.

« Hein… Kuroka ? Tout à l’heure… vous avez dit Kuroka, n’est-ce pas ? » demanda Lilith en déglutissant de façon audible.

« Hm ? Elles n’ont pas l’air sales. As-tu touché quelque chose de sale récemment ? » Nephteros plissa ses sourcils et posa cette question sans même penser à Lilith.

« Hmm, euh, euh, oui ! Je ne sais pas vraiment ce que c’était, mais c’était moelleux ! » déclara Kuroka.

« Sérieusement… ? Hé, sirène, es-tu d’ici ? Y a-t-il un endroit où elle peut se laver les mains ? » demanda Nephteros.

Cependant, avant que Selphy ne puisse répondre, Lilith fit entendre sa voix désespérée.

« Hé ! Es-tu... Kuroka ? Celle de la maison Adelhide !? » demanda Lilith.

« Hein… ? Oui. C’est moi, » Kuroka hocha la tête malgré sa confusion.

« C’est moi ! La succube Lilithiera ! Tu jouais beaucoup avec Selphy et moi, non ? » s’exclama Lilith alors que les larmes commençaient à couler dans ses yeux.

« Tu es… Lilith ? » murmura Kuroka alors que ses yeux s’élargissaient de surprise. Et en entendant cela, Lilith avait placé ses bras autour de Kuroka.

« WAAAAAAAAAAAAAH ! J’étais si inquiète ! Tu aurais au moins pu nous dire que tu étais encore en vie, gros nigaud ! » déclara Lilith.

« Désolée. Il s’est passé beaucoup de choses, » déclara Kuroka.

Elles se connaissent… Kuroka était une thérianthrope de Liucaon, Lilith y était membre de la royauté et Selphy résidait dans l’océan qui le reliait au continent. Ce n’était pas si étrange qu’elles soient liées d’une façon ou d’une autre. De plus, elles étaient toutes d’un âge proche, donc c’était logique qu’elles soient des amies d’enfance.

« Wôw ! Quelle coïncidence ! Kuroka, peux-tu dire qui je suis ? » demanda Selphy en se joignant à elles pour un câlin.

« Je vois que tu es toujours la même. Je me souviens de toi, » répondit Kuroka. Elle était bousculée par les deux indisciplinées, mais elle avait quand même l’air très heureuse.

« Alors, comment vont tante et oncle ? » demanda Selphy. Malheureusement, il semblait qu’elle n’avait pas réussi à lire l’ambiance.

« Je vois. Maintenant que j’y pense, tu t’es enfuie de chez toi avant que ça arrive…, » murmura Lilith alors que son visage se raidissait.

« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Selphy en penchant la tête sur le côté. Cependant, il avait semblé un peu cruel d’obliger Kuroka à l’expliquer elle-même, alors Zagan s’était avancé.

« Le peuple de Kuroka a péri. Elle est actuellement protégée par l’Église. Pas vrai, Chastille ? » demanda Zagan.

Il était temps pour Chastille de se remettre de son choc. Alors qu’il se concentrait sur elle, Chastille lui fit un signe de tête ferme.

« Ouais. La prêtresse Kuroka fait un excellent travail à l’Église et est actuellement ma conseillère. Elle m’a été d’une grande aide, » déclara Chastille.

« Alors, c’est aussi pour ça que tes yeux… ? » Le sentiment d’optimisme sans fin de Selphy semblait s’estomper lorsqu’elle avait posé cette question.

« Oui. Comme je l’ai dit… beaucoup de choses se sont passées…, » Kuroka répondit avec un sourire troublé, ce qui fit baisse les épaules de Selphy et lui fit baisser la tête.

« Je ne savais pas du tout… Désolée…, » déclara Selphy.

« Tu n’as aucune raison de t’excuser. D’ailleurs, quelqu’un m’a sauvée, donc je n’ai pas de regrets, » affirma Kuroka en regardant vers Zagan.

« Je ne vois pas ce que tu veux dire. Honnêtement, tu devrais remercier Raphaël. Cela n’avait rien à voir avec moi, » répondit Zagan en haussant les épaules.

« Je vois… Même toi, tu es gêné, hein, Monsieur ? » déclara Kuroka.

Kuroka avait dit cela avant de frapper Lilith dans le dos et de lui demander. « Allez, n’es-tu pas là à cause de tes devoirs ? »

« … Je-Je-Je-Je sais, » déclara Lilith.

Après s’être finalement rappelé pourquoi elle était là, Lilith était devenue rouge vif et avait pris ses distances. Et même si ses yeux étaient encore rouges et enflés, le succube souleva les bords de sa jupe et fit la révérence devant eux.

« Je m’excuse pour ma présentation tardive. Je m’appelle Lilithiera Fauna Hypnoel. J’ai été envoyée pour guider les représentants de l’Église. Serait-il correct de supposer que vous êtes les envoyés ? » demanda Lilith.

Il semblerait que Lilith ait été envoyée pour servir de guide au groupe de Chastille. Sa déclaration avait attiré l’attention de tout le groupe de l’Église.

« Archange Chastille Lillqvist. Il semble que la prêtresse Kuroka n’ait pas besoin d’être présentée, mais voici mon amie personnelle, Nephteros. Et les autres sont mes subordonnés. Nous serons à votre charge, » déclara Chastille.

« … Et qui est-ce ? » demanda Lilith en montrant Barbatos du doigt, qui était toujours enterré la tête la première dans le sol.

« Un allié… probablement ? » répliqua Chastille avec hésitation. Elle n’aimait probablement pas encore l’idée d’appeler un sorcier aussi odieux un ami, ce qui était tout naturel, mais…

S’est-il passé quelque chose ? Zagan ressentait autre chose que du dégoût dans les mots de Chastille. Pendant qu’il essayait de reconstituer les choses, Chastille s’était approchée de Lilith.

« Il finira par se joindre à nous, alors laissez-le là, pour l’instant, » déclara Chastille.

« Vraiment…  !? Eh bien, peu importe. La capitale océanique est protégée par le Trésor sacré des sirènes, un sorcier ordinaire n’est donc pas une menace réelle, » déclara Lilith.

Selphy l’avait déjà mentionné, mais il semblait qu’il y avait vraiment un trésor sacré ici. Et c’était une arme à égalité avec les épées sacrées.

« En parlant de Trésors sacrés, est-il semblable à celui de Liucaon ? Je m’y intéresse en tant que manieuse d’une épée sacrée, » déclara Chastille.

« C’est juste une réplique, donc je doute qu’il ait beaucoup de pouvoir. Quant à l’original…, » Lilith jeta un coup d’œil sur Kuroka. Et peut-être, voyant son regard, Kuroka fit un signe de tête.

« Le Trésor sacré de Liucaon est connu sous le nom de ciel sans lune. Il se compose d’une paire d’épées opposées, » déclara Lilith.

« Hein, une paire d’épées ? Vous ne pouvez pas vouloir dire…, » le visage de Chastille s’était raffermi à mesure que ses mots s’éloignaient.

« Oui. C’est mon peuple qui a consacré le ciel sans lune, » déclara Kuroka en dégainant ses lames. Cela avait vraiment surpris Zagan et Nephteros.

Est-ce pour ça que ces épées courtes aient réagi au mysticisme céleste ? Si tel était le cas, les trésors sacrés étaient probablement liés aux épées sacrées et aux elfes.

« La maison de Selphy Neptuna, la maison de Kuroka Adelhide, et ma maison Hypnoel sont les trois grandes familles royales qui ont hérité des Trésors sacrés de Liucaon, » déclara Lilith en gonflant fièrement sa poitrine.

En d’autres termes, il n’y a que trois trésors sacrés… Les épées courtes de Kuroka étaient aussi fortes qu’une épée sacrée. L’idée qu’une petite nation insulaire comme Liucaon avait en sa possession trois artefacts de ce genre était assez terrifiante. Pourtant, cela signifiait qu’il y avait une possibilité que l’un d’entre eux puisse le guérir.

« Maintenant, chers invités. Nous ne savons même pas si les derniers invités vont venir, alors vous êtes probablement les derniers, » dit Lilith en montrant du doigt le temple.

« Mes excuses pour le retard… Attends, qui a disparu ? » demanda Chastille.

« Le nouvel Archidémon. Il n’a jamais envoyé de réponse, donc il ne viendra probablement pas, » répondit Lilith.

« Hein ? Par Archidémon, vous voulez dire…, » Chastille regarda Zagan, mais il avait mis son doigt sur ses lèvres pour l’exhorter à se taire.

Je me fous de cette conférence. Je suis juste ici pour trouver un moyen de retrouver ma vraie forme… Il n’avait vraiment pas eu le temps de parler à des étrangers.

« Tu me suis, n’est-ce pas, Kuroka ? As-tu le temps de parler ? » demanda Lilith.

« Oui. Rattrapons-nous, Lilith, » déclara Kuroka.

Selphy n’avait rien dit quand elle avait vu ses deux amies d’enfance partir. Et peu de temps après, Zagan l’avait giflée.

« Ça fait mal, Monsieur Zagan…, » déclara Selphy.

« Comme si ça m’intéressait. Écoute, tu es trop bruyante, alors tu nous fais nous démarquer. Dégage, va-t’en, » déclara Zagan.

« Voulez-vous dire que je devrais y aller avec Lilith et les autres ? » demanda Selphy en regardant Zagan avec surprise.

« … Je me fiche d’où tu vas. Fais ce que tu veux, » déclara Zagan.

« Merci. Je n’oublierai jamais cette dette, ou ce que vous avez fait pour Kuroka ! » Selphy avait tapoté la tête de Zagan avec des paillettes dans les yeux quand elle avait dit ça.

« Peu importe. Va-t’en, espèce d’ennui sur patte, » déclara Zagan.

Après que Zagan l’eut cruellement repoussée, Selphy agita le bras en l’air si vigoureusement qu’elle avait l’impression qu’elle allait s’envoler à tout moment avant de courir après ses amies.

***

Partie 4

« Pourquoi doivent-ils toujours exagérer ? » dit Zagan en laissant échapper un soupir.

« Je ne crois pas que ce soit le cas, » Néphy avait réfuté avant de continuer, « Même si vous prétendez que ce n’était pas grand-chose, vous avez sauvé toutes ces filles. C’est pourquoi je crois que tu devrais honnêtement accepter leur gratitude. »

« Hm… »

Pour une raison quelconque, Néphy semblait beaucoup plus stricte quand Zagan était sous cette forme. Ou attends, était-ce un mot plus approprié ? Quoi qu’il en soit, ses réactions avaient été très différentes des réactions habituelles, ce qui avait troublé Zagan.

De la gratitude, hein ? Il ne se souciait pas vraiment de recevoir de la gratitude, mais il savait qu’il était très mauvais pour l’exprimer. Honnêtement, il ne l’avait presque jamais fait.

C’est mauvais… pensa Zagan en s’éclaircissant la gorge avec une toux.

« Alors, Néphy…, » Zagan étendit la main, mais il ne put atteindre la tête de Néphy sous sa forme actuelle. Cependant, il avait réussi à toucher la frange de Néphy quand il se tenait sur ses orteils. Et alors qu’il le faisait, Néphy sentit ce qu’il essayait de faire et baissa légèrement la tête.

« Est-ce que c’est bien ? » demanda Néphy.

« Oui, oui, » dit Zagan en commençant à caresser maladroitement la tête de Néphy.

« Néphy, merci de t’être fâchée pour moi tout à l’heure. Mais il n’y a pas besoin de te forcer. Je préfère comme d’habitude » déclara Zagan.

Zagan avait-il été capable d’exprimer correctement ses sentiments ? Ce n’était pas difficile à dire, puisque le bout des oreilles de Néphy était devenu rouge vif.

« Ce n’est pas juste, Maître Zagan. Dire de telles choses à un moment comme celui-ci est…, » répondit Néphy, puis avait posé sa propre main sur celle de Zagan. Elle n’avait rien dit de plus, mais elle n’avait pas non plus lâché sa main. Ils étaient simplement restés ainsi pendant un certain temps avant que Foll ne les interrompe.

« Zagan, Nephteros revient, » déclara Foll.

« Quoi !? » s’exclamèrent Zagan et Néphy alors qu’ils se séparaient l’un de l’autre dans une grande agitation. Peut-être en raison de la chance, la visibilité était mauvaise, alors Nephteros ne semblait pas vraiment soupçonner quoi que ce soit lorsqu’elle s’était approchée du groupe de Zagan. Un jeune chevalier angélique la suivait, mais son visage ne lui était pas familier.

« Attendez, Lady Nephteros. C’est dangereux pour vous de marcher seule, » déclara le chevalier.

« Ne devrais-tu pas escorter Chastille ? Inutile de me suivre, » répondit Nephteros.

« Vous êtes aussi quelqu’un que j’ai juré de protéger. Je resterai à vos côtés, » déclara le chevalier.

Il semblait qu’il était là pour surveiller Nephteros, ou la protéger, ou autre.

Sa force… est quelque part près du sommet, hein ? Il était au moins à égalité avec les trois idiots. Cependant, il était loin d’être proche de Chastille ou de Kuroka.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Ne devrais-tu pas être avec Chastille ? » demanda Zagan.

« Kuroka et les autres sont là, donc ça devrait aller. Plus important encore…, » Nephteros s’éloigna et détourna son regard. Le bout de ses oreilles pointues tremblait alors qu’elle rassemblait sa détermination et disait. « Tu es troublée par cette tournure des événements, n’est-ce pas ? Je vais te donner un coup de main. »

Même sa peau foncée était devenue rouge vif quand elle avait dit ça.

Je vois… Elle a probablement répété ces répliques tout ce temps, hein ? Zagan avait été charmé par cela et avait plissé ses yeux. Si sa belle-sœur faisait tant d’efforts, ça ne servait à rien de la refuser. Il avait donc décidé d’accepter son offre.

« Bien sûr. Merci. Je ne sais même pas de quoi j’ai besoin en ce moment, mais je vais compter sur toi, » répondit Zagan.

« C’est un peu dur à gérer. Tu ne devrais pas me mettre la pression comme ça ! » Nephteros avait détourné son visage dans un souffle, bien que Zagan n’ait pas négligé le léger sourire qui se levait sur son visage.

« Tu es si mignonne, Nephteros ! » s’exclama Foll.

« Hein… ? Attends, tu es… Foll, c’est ça ? Est-ce que cela a quelque chose à voir avec le fait que tu grandisses ? » demanda Nephteros.

« Ouais. Mais avant cela… bienvenue, Nephteros, » dit Foll en la serrant dans ses bras.

Foll était vraiment inquiète pour Nephteros…

« … Je suis de retour, » répondit Nephteros d’un ton sérieux. Et après cela, son regard s’était naturellement tourné vers Néphy.

« … »

Un lourd silence s’était abattu sur elles.

C’est mauvais… En vérité, il s’agissait de leur première vraie rencontre depuis l’incident au sommet du navire de Bifrons. Elles s’étaient rencontrées dans le village elfique caché, mais Nephteros n’était pas vraiment dans un état d’esprit calme à l’époque, alors elles n’avaient échangé que quelques mots courts et polis. Et la nuit venue, Néphy était devenue une enfant.

De plus, bien que Zagan ait mentionné qui l’hébergeait, il n’avait jamais informé Néphy qu’il l’avait acceptée comme belle-sœur, ce qui était directement lié à sa croissance. C’est pourquoi il avait continué à surveiller nerveusement les deux elfes. Et alors qu’il s’inquiétait de ce qu’il fallait faire, l’une d’elles avait pris la parole.

« Ça fait longtemps, Mlle Nephteros. J’ai entendu dire que vous êtes actuellement chez Chastille. Trouvez-vous que c’est un inconvénient ? » demanda Néphy.

« … Pas vraiment. Cette fille est d’une attention irritante, et les gens de l’Église sont aussi très gentils, » répondit Nephteros.

« C’est un soulagement. S’il vous plaît, faites-moi savoir si quoi que ce soit vous dérange. Je ferai tout ce que je peux pour aider, » déclara Néphy.

Néphy essaie de sonder leur distance… Zagan avait été complètement étonné par ce fait. Si elle se comportait de façon trop familière, Nephteros la rejetterait. Mais cela dit, si elle se montrait trop réservée et la traitait froidement, la distance entre les deux elfes ne ferait qu’augmenter. Malgré la ligne fine, Néphy arrivait à marcher sur cette corde raide.

« Ne m’en voulez-vous pas du tout ? » demanda Nephteros en penchant la tête.

« Hein ? Pourquoi le ferais-je ? » demanda Néphy alors qu’elle se tenait là avec un regard confus sur son visage.

« Pourquoi ? Je veux dire, je mérite votre mépris, n’est-ce pas ? Je vous ai attaquée, et j’ai prétendu être vous… Il y a… beaucoup de choses que j’ai faites…, » déclara Nephteros.

Je vois. Nephteros doit se sentir extrêmement coupable… Je ne m’y attendais pas. Il était logique qu’elle regrette ses actions, mais Zagan venait de supposer qu’elle essaierait de justifier ses actions au lieu d’accepter tout le blâme.

Il semble que Chastille ait vraiment sauvé cette fille…, Zagan admirait honnêtement son changement de caractère.

« Je ne peux pas rester en colère pour toujours, » répondit Néphy avec un sourire un peu amer sur son visage. Et ces mots semblaient frapper Nephteros, alors que son expression se transformait en une expression d’indignation.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Arrêtez d’essayer d’agir comme une personne plus grande ! » déclara Nephteros.

« Non, ce n’est pas ce que je fais…, » marmonna Néphy. Et, comme d’habitude, elle avait croisé les bras et avait réfléchi avant de répondre. « Vous n’avez rien fait comme écraser sous mes yeux un petit oiseau chanteur qui a été mon ami pendant des années, ou m’ignorer pendant seize ans malgré le fait de vivre dans la même maison, ou dire, “Vous ne devriez même pas être autorisé à vivre”, non ? Ça veut dire que vous n’en avez pas fait assez pour que je vous déteste vraiment. »

Néphy avait retrouvé un sourire amer après avoir dit tout cela.

« Personnellement, c’est le genre de souvenirs que je considère douloureux. Je détestais ce que vous faisiez, Mlle Nephteros, mais ce n’était pas assez grave pour me faire vous détester…, » déclara Néphy.

« N’avez-vous pas… eu une vie beaucoup plus dure que la mienne ? » s’enquit Nephteros alors qu’elle commençait à avoir du mal à parler.

« Je me le demande ? À mon avis, les souvenirs douloureux diffèrent d’une personne à l’autre. Par exemple, Maître Zagan a vécu des épreuves beaucoup plus douloureuses que moi, mais il les traite comme si elles n’étaient pas importantes, » déclara Néphy.

« Non, vraiment, mon cas n’était pas si sérieux. C’est juste des choses comme mon premier souvenir d’avoir été dit qu’un égout infesté de rats était mon chez-moi, ou les fois où j’ai été battu à mort pour avoir essayé de voler de la nourriture ou de l’argent. Honnêtement, je le prends plutôt bien, » répondit Zagan, paniqué lorsque la conversation se tourna vers lui. Il y avait le jeune homme qui partageait son pain avec lui, la jeune fille qui lui lisait un livre d’images, et tant d’autres personnes qu’il considérait comme des amis, ce qui signifiait qu’il n’avait pas vraiment souffert.

Dans son esprit, la vraie souffrance était la solitude. La solitude était une douleur insupportable pour ceux qui connaissaient autrefois la chaleur des autres, mais aussi un ver venimeux qui rongeait les émotions humaines. Ou du moins, c’était comme ça que cela avait affecté Zagan. Peu importe ce qu’il faisait, il ne trouvait aucun sens à sa vie, et il ne ressentait absolument rien. Cependant, il n’aimait pas l’idée de mourir misérablement plus que toute autre chose, alors il avait simplement continué à accumuler du pouvoir.

« Tu as eu la vie dure…, » dit Foll avec un léger gémissement.

« C’est la première fois que je réalise mon impuissance depuis que j’ai rejoint les Chevaliers Angéliques…, » Richard, le jeune Chevalier Angélique qui était resté silencieux jusque-là, se mit à pleurer. Et peut-être parce que son chagrin était contagieux, Nephteros avait aussi poussé un soupir déprimé.

« … Il serait stupide d’essayer de rivaliser, » marmonna Nephteros en se brossant les cheveux et poursuivit. « Je vais continuer à vous appeler Néphélia. Je sais qu’on m’a dit que vous étiez ma sœur aînée, mais c’est difficile à accepter tout de suite. »

« Oui. Je n’ai pas mon — hein ? Sœur aînée… ? » Les oreilles pointues de Néphy se raidirent en perdant le fil de sa pensée. Puis, elle avait dirigé son regard déconcerté sur Zagan.

« Oh… Eh bien, c’est comme ça. Nephteros est en fait ta petite sœur, donc… J’ai décidé de l’accepter comme ma belle-sœur, » déclara Zagan.

« Hein ? Tu ne le lui as pas dit ? » Nephteros semblait douter de ses oreilles, ce qui fit détourner son regard de Zagan.

Je ne peux pas lui dire que j’ai oublié parce que mon esprit s’est tellement emballé à planifier notre rendez-vous… Naturellement, il y avait aussi le fait qu’il ne pouvait pas mentionner la création de Nephteros, mais quand même, il aurait pu au moins le mentionner indirectement.

« Attendez un instant, s’il vous plaît. Il n’y avait pas d’autres elfes aux cheveux blancs dans ce village. Et s’il y en avait eu, ils auraient souffert un peu comme moi, alors une petite sœur serait…, » fit remarquer Néphy d’un ton déconcerté.

« O-Oh. C’est aussi quelque chose que je voulais te dire. Tu vois, Nephteros n’est pas née dans ce village, et toi non plus. Tu leur as été confié parce que ta mère craignait que tu ne sois prise pour cible si tu restais parmi d’autres hauts elfes, » déclara Zagan.

Néphy trébucha en entendant cette étonnante révélation.

« Néphélia ! » s’écria Nephteros en se déplaçant pour la soutenir. Malheureusement, les bras enfantins de Zagan étaient beaucoup trop courts pour l’atteindre.

Pourquoi mon corps ne m’écoute-t-il pas ? Zagan s’était mordu la lèvre avec frustration devant son impuissance.

« … Tenez le coup. Gardez votre sang-froid. Ça ne devrait pas être difficile. Vous venez de dire que rien de ce que j’ai fait ne vous a effrayé, vous vous en souvenez ? » Nephteros avait parlé d’un ton franc. Ses paroles semblaient presque méprisantes, mais Zagan savait que c’était sa façon d’encourager les gens. Néphy l’avait sûrement compris ainsi, puisque peu de temps après, elle s’était relevée d’elle-même.

« Toutes mes excuses. J’étais juste… un peu surprise, » s’exclama Néphy avant de serrer la main de Nephteros et de dire. « Je n’étais… jamais vraiment seule. Ce sentiment est probablement… le bonheur… Je pense ? »

« Je vois, » répondit Nephteros tandis que ses oreilles frémissaient.

« Alors, Mlle Nephteros, savez-vous quelque chose sur notre mère ? » demanda Néphy.

« Je ne l’ai rencontrée qu’une seule fois, donc pas vraiment… Elle est toujours en vie, » déclara Nephteros.

« Vraiment… ? » Le ton de Néphy indiquait clairement qu’elle se sentait à la fois soulagée et blessée.

« Êtes-vous heureuse ? Ou lui en voulez-vous ? » demanda Nephteros.

« Je me le demande… ? C’est trop soudain, alors je ne sais pas trop comment je me sens…, » déclara Néphy.

« … Eh bien, c’est compréhensible, » déclara Nephteros.

Même Nephteros était encore en train de mettre de l’ordre dans ses sentiments, alors la confusion de Néphy avait un sens total.

« Bref, arrêtez de m’appeler Mlle Nephteros. J’ai utilisé votre prénom tout ce temps, » déclara Nephteros.

« Vous l’avez fait, n’est-ce pas ? Compris… Nephteros, » déclara Néphy.

Ce moment vraiment gênant fut celui où les deux elfes s’étaient finalement reconnues comme sœurs.

***

Partie 5

Zagan avait reparlé de leur situation difficile une fois que Nephteros s’était jointe à eux.

« Tu es donc ici pour trouver autre chose que de la sorcellerie qui peut résoudre votre problème ? » demanda Nephteros.

« J’ai honte de l’admettre, mais oui, » répondit Zagan.

« Même l’Archidémon Orias a jeté l’éponge, il n’y a donc pas de quoi avoir honte, » commenta Nephteros, puis elle croisa les bras et dits. « Je comprends la situation, mais dans ce cas, ne serait-il pas mieux d’assister à la conférence ? Les anciens seraient sûrement ta meilleure chance. »

« Pourquoi irais-je là-bas alors qu’ils débattent du sort des étrangers ? Je me fiche de tout cela, et si je vais leur demander de l’aide, ils vont imposer des conditions gênantes, » répondit Zagan.

« Ouais, tu t’en fous complètement…, » dit Nephteros en levant les yeux.

« Qu’est-ce que tu essaies de dire ? » demanda Zagan.

« Eh bien, c’est un peu difficile à croire alors que tu as aidé Kuroka et moi après nous avoir parlé une ou deux fois seulement, » répondit Nephteros. Et en réponse, Zagan avait simplement baissé la tête sur le côté pendant qu’il réfléchissait sur ses actions.

« Il est certainement vrai que si Maître Zagan les rencontrait, il essaierait d’assumer lui-même tous leurs fardeaux. Il faut attendre la fin de la conférence avant de faire quoi que ce soit, » déclara Néphy avec un air de joie dans sa voix.

Même Néphy dit ça ? En entendant son amoureuse réitérer l’argument de Nephteros, Zagan s’était accroupi et s’était couvert le visage. Il était choqué d’avoir échoué dans le rôle d’un Archidémon arrogant.

« Dans ce cas, on ne peut pas aller kidnapper quelqu’un ? » s’enquit Barbatos.

« C’est une option viable, mais c’est leur domaine. Comme je suis maintenant, ce serait un choix dangereux, donc ce devrait être notre dernier recours, » répondit Zagan. Ils possédaient des trésors à la hauteur des épées sacrées et un pouvoir qui n’était ni sorcellerie ni mysticisme, ce qui en faisait une menace bien réelle.

« Attends, vraiment ? Tch… Tu as raison. Mes ombres ne s’ouvrent pas correctement, » déclara Barbatos.

Tout le monde ici présent avait baissé la tête en entendant cela. Et, après s’être retournés, ils avaient finalement remarqué que Barbatos s’était remis et s’était joint à leur conversation.

« Quand diable t’es-tu réveillé ? » demanda Zagan.

« Hein ? Quelque part autour de “Je te préfère comme d’habitude”, je crois ? » répondit Barbatos.

« Attends, Zagan. L’homme à tout faire est plutôt habile. Ce serait du gâchis de le tuer maintenant, » déclara Foll en attrapant rapidement Zagan et en l’arrêtant avant qu’il ne termine Barbatos. Puis, elle s’était tournée vers Barbatos et avait dit. « Hé, fais attention à ce que tu dis. Zagan ne se sent pas très tolérant en ce moment. »

« Oh s’il te plaît. Sais-tu combien de fois il a failli me tuer ? » répondit Barbatos avec désinvolture. Dans un certain sens, c’était impressionnant qu’il n’ait jamais pensé à changer son attitude malgré tout cela. Cependant, Nephteros avait incliné la tête sur le côté avec curiosité, alors qu’elle était confuse par la tournure des événements.

« Pourquoi es-tu si en colère ? Parce qu’il a écouté ta conversation ? Mais qu’est-ce qu’il y a de si mauvais là-dedans ? Tu avais l’air de bien t’amuser quand tu caressais la tête de Néphélia… » s’enquit Nephteros. Zagan et Néphy se couvrirent le visage et s’effondrèrent sur place.

« Lady Nephteros, il vaudrait mieux que vous ne parliez pas de telles choses devant les gens en question, » Richard, le jeune Chevalier Angélique, avait pris la parole pour la corriger.

« Hein ? Pourquoi ? Est-ce immoral ? » demanda Nephteros.

« Euh, non, pas exactement, mais, euh…, » Richard avait trébuché sur ses paroles. Il ne semblait pas être une mauvaise personne, mais son bon sens était clairement inefficace face aux dragons, aux elfes et aux sorciers. Et sentant cela, Foll décida d’intervenir.

« Zagan et Néphy sont timides. Ils sont gênés que d’autres personnes aient vu tout ça, donc tu ne dois pas le montrer trop clairement, » déclara Foll.

« Hm… Je vois. Je m’en souviendrai, » déclara Nephteros.

Malheureusement, le fait que leur fille leur explique en détail la situation n’avait fait qu’aggraver leur traumatisme mental.

« T’intéresses-tu à ce qu’ils font ? » demanda Foll.

« Un peu. Je veux savoir ce que c’est, » répondit Nephteros avec des mots et un signe de tête honnête quand elle regarda Zagan et Néphy.

Arrête ! Arrête ça ! À ce moment-là, Zagan voulait se pelotonner et mourir.

« Tu essaies de parler plus comme un adulte maintenant, n’est-ce pas ? » demanda Nephteros en jetant un regard pénétrant sur Foll.

« Mhm. Je suis la grande sœur maintenant, donc je le dois ! » s’exclama Foll. Zagan avait trouvé la façon dont sa fille avait poussé sa poitrine avec orgueil extrêmement puéril. Cependant, Nephteros n’avait pas du tout semblé la remettre en question. Au lieu de cela, elle s’était contentée de mettre les mains devant son corps d’une manière pensif.

« Veux-tu dire que l’esprit grandit avec le corps ? Ce n’est cependant pas vraiment le cas pour moi…, » déclara Nephteros.

« Non, non. Ce n’est pas bien. Zagan a dit que les adultes envisagent les choses sous différents angles, ce qui signifie probablement que nous sommes censés voir les choses d’un autre point de vue. Zagan ne peut évidemment plus faire ça, puisqu’il vient de le faire avec Néphy de façon inattendue, donc j’ai besoin de prendre sa place, » déclara Foll.

« Argh…, » Zagan avait gémi alors que sa conscience s’évanouissait à cause de ce barrage incessant. Il savait qu’elle n’avait aucune mauvaise volonté, mais c’était quand même une pilule difficile à avaler.

« Je vois. J’ai vraiment l’impression qu’il me reste encore beaucoup à apprendre, » marmonna Nephteros, impuissante.

« Q — Quoi qu’il en soit ! Si ce que Selphy a dit est vrai, il devrait y avoir des gens qui vivent ici. Commençons par poser des questions, » déclara Zagan en utilisant la sorcellerie pour améliorer sa vision et en repérant plusieurs structures près du temple. C’était probablement là où vivaient les sirènes.

« Zagan. Nous nous démarquons beaucoup. Nous aurons l’air suspicieux, » souligna Foll.

« Il n’y a pas de raison de s’inquiéter. La conférence est une excuse parfaite. Il devrait y avoir beaucoup d’étrangers ici, pour que cela ne paraisse pas étrange si nous errons, » déclara Zagan en secouant la tête avec un air de sang-froid.

« Cette façon de penser d’un autre point de vue est… vraiment difficile, » affirma Foll alors que ses épaules s’affaissaient de déception.

« Non, il est important de penser également aux risques. Tu as marqué un point, » déclara Zagan.

« Vraiment ? » demanda Foll alors que ses joues rougissaient malgré ses mots plutôt brusques.

« Oui, vraiment, » répondit Zagan. Et après ça, il avait dit. « Eh bien, c’est décidé. Allons explorer cet endroit. Ça ne te dérange pas, Nephteros ? »

Nephteros était la belle-sœur de Zagan, pas sa subordonnée, donc il n’avait pas le droit de lui donner des ordres.

« Compris, Zag…, » déclara Nephteros.

« Quoi ? » demanda Zagan.

« Maintenant que j’y pense, comment devrais-je t’appeler ? » s’interrogea Nephteros, clairement confuse. Pour elle, Zagan était un sorcier de rang supérieur, un ancien ennemi, son protecteur actuel et un beau-frère. Elle était probablement confuse par toutes ces informations contradictoires.

« Appelle-moi comme tu le veux. Mais comme je l’ai déjà dit, épargnez-moi toutes les formalités, » déclara Zagan.

« Alors… Grand Frère, » déclara Nephteros.

Quand elle avait dit cela, toutes les personnes présentes avaient été choquées au plus profond d’elles-mêmes. Ils la regardaient avec émerveillement, essayant désespérément de démêler son processus de pensée.

« … Quoi ? » demanda Nephteros.

« Non, hmm… Eh bien, peu importe. Je suppose que c’est très bien, » déclara Zagan.

Qu’est-ce que c’est que ça ? J’ai exactement le même sentiment étrange que quand Foll m’appelle papa… Quoi qu’il en soit, ce n’était certainement pas désagréable, alors Zagan avait simplement hoché la tête malgré la gêne qu’il ressentait.

***

Partie 6

« Alors… pourquoi me suis-tu, Barbatos ? » s’enquit Zagan. Il les suivait alors qu’ils se dirigeaient vers la ville des sirènes, de sorte que leur groupe se composait actuellement de Zagan, Néphy, Foll, Nephteros, son escorte Richard, et Barbatos.

Je dois retourner à mon corps d’origine avant mon rendez-vous avec Néphy… Zagan ne croyait pas que Barbatos serait utile, alors il voulait qu’il parte. Et il y tenait particulièrement à cœur, car il aurait pu s’agir d’une sorte de voyage en famille sans son intrusion.

« La dame-chatte est là-bas, alors tout ira bien. En fait, je ne peux même pas m’approcher de Chastille quand elle est là, alors je n’ai pas d’autre choix que de passer du temps avec toi, » déclara Barbatos en riant et en lui brossant les cheveux.

« Hm… ? Eh bien, peu importe, » déclara Zagan.

Barbatos parlait sur un ton irrité, mais Zagan ne savait pas vraiment s’il détestait Kuroka, ou s’il était en colère, car il ne pouvait pas être à côté de Chastille.

 

 

Non, attends… Ça ne peut pas être que les deux… ? Zagan commença à penser que quelque chose avait changé à propos de Barbatos. Et d’après leur interaction antérieure, Chastille ne semblait pas totalement insatisfaite de lui, alors qu’est-ce que tout cela pourrait bien signifier ? Il était plutôt curieux, mais il savait qu’il devait donner la priorité à sa propre romance.

Alors qu’ils se rapprochaient d’une route qui se trouvait encore à une certaine distance du temple, le groupe était tombé sur une zone couverte de quelque chose qui semblait être de la neige verte.

Cela avait l’air d’être d’un vert bronzé. Et, bien sûr, ce n’était pas vraiment de la neige, mais des fragments de débris verts ressemblant à de la mousse qui étaient éparpillés dans la région. En y pénétrant, ils avaient laissé une empreinte de pas derrière eux et avaient dispersé les débris dans l’air. Cela ressemblait vraiment plus à de la neige qu’à quoi que ce soit d’autre.

Comme les sirènes nageaient tout simplement, les amas de débris étaient toujours restés tels quels. Ainsi, bien qu’il n’y avait pas de débris près des bâtiments, il y en avait beaucoup à leurs pieds.

Est-ce… du sable ? Non, ce sont les restes d’êtres vivants…, pensa Zagan en essayant d’en prendre dans sa main. Il n’y avait pas d’odeur de pourriture, mais les fragments irréguliers ressemblaient davantage à des os fragmentés qu’à des grains de sable. Et, en même temps, il pouvait voir qu’ils n’étaient pas en fait verts, mais blancs. Zagan leva les yeux en l’air, et bien qu’il soit faible, un peu de lumière du soleil coulait qui descendait jusqu’ici. Il semblerait que la couleur de la lumière qui pouvait les atteindre était limitée, alors à cette profondeur, ils n’avaient en grande partie qu’une lumière verte, ce qui les avait amenés à penser que les débris étaient verts.

Les maisons qui les entouraient étaient probablement construites à l’origine avec des pierres transformées, mais maintenant elles étaient couvertes de débris, de balanes et d’algues marines, et les pierres ne pouvaient plus être distinguées individuellement. Une faible lumière s’échappait des ouvertures des centaines de bâtiments en forme de dôme qui s’étendaient devant lui. C’était un spectacle fantastique qui faisait croire que d’innombrables poissons luisants flottaient.

« Hm… C’est d’une beauté inattendue, n’est-ce pas ? » Zagan marmonna cela.

« Oui. Je le pense aussi, » ajouta Néphy en acquiesçant, apparemment de bonne humeur.

Si faire une promenade dans un lieu spécial est considéré comme un rendez-vous, alors ceci peut être un…, cependant, il y en avait plusieurs autres individus autour d’eux, ce qui avait en quelque sorte gâché l’ambiance. Pourtant, Zagan était honnêtement heureux tant que cela plaisait à Néphy. Et, tandis qu’ils regardaient ce paysage, il entendit soudain la voix de Barbatos.

« Hey, Zagan. »

Sa voix ne résonnait pas dans l’air. Au lieu de ça, il avait eu l’impression que ça sonnait dans sa tête. Et ainsi, Zagan avait plissé ses yeux pendant un moment, mais immédiatement réalisé sa nature et avait répondu.

« Communication télépathique ? Quand as-tu appris ça, Barbatos ? »

C’était la sorcellerie qui permettait aux gens de communiquer avec les autres par la pensée. Cependant, ce n’était pas aussi simple que ça en avait l’air. Bien qu’imparfaite, elle signifiait s’immiscer dans les pensées d’une autre personne. Si l’écart de pouvoir était trop grand, ou si le sorcier ne se spécialisait pas dans le domaine, il ne s’activerait même pas. Par conséquent, Zagan n’avait pas pu lui-même l’utiliser.

Cependant, Barbatos avait échoué dans ces deux conditions, mais avait réussi à communiquer par télépathie avec Zagan. Un tel exploit aurait été impossible il y a à peine six mois, et il semblait donc qu’il prenait de l’ampleur à sa façon.

Le fait qu’il se donne du mal pour s’en servir signifie qu’il ne veut pas que les autres nous entendent, non ? Zagan réalisa son intention et attendit tranquillement sa réponse.

« Qui s’en soucie. Écoute, il y a quelque chose que je veux vérifier. C’est à propos de Bifrons, » Barbatos avait relayé ce message d’une voix irritée. Dans un tour surprenant, il était apparu que Barbatos utilisait la télépathie par considération pour Nephteros. Bifrons ne pouvait plus comparaître devant Nephteros parce que Zagan avait jeté la sorcellerie sur cet Archidémon pour le forcer à conclure une paix. Considérant le fait que Bifrons était aussi un Archidémon, il leur avait été possible de le briser, mais il n’y avait aucun signe de cela jusqu’ici.

« De Bifrons ? »

« … Étais-tu sérieux à propos de ce que tu as dit à la fin ? » demanda Barbatos.

Zagan plissa ses sourcils. Il ne se souvenait pas d’avoir dit quoi que ce soit d’étrange à l’époque, mais il semblait que Barbatos le pensait différemment.

« Je parle du fait que Bifrons est tombé amoureux de Nephteros. Un tel monstre est-il capable d’émotions humaines ? » demanda Barbatos.

Le seul qui avait été témoin de la conclusion de la confrontation de Zagan avec Bifrons était Barbatos. Et ses doutes à ce sujet n’étaient pas totalement infondés. Si Bifrons n’aimait pas Nephteros, alors la punition que Zagan avait donnée à l’Archidémon n’aurait pas été du tout une punition. Et pourtant, Zagan avait commencé à répondre instantanément, comme si ce n’était pas si grave que ça.

« Ces mots étaient un simple poison. Quand on leur fait remarquer quelque chose, les gens commenceront le plus souvent à le remarquer, » déclara Zagan.

« Hein ? Alors, c’était du bluff ? Es-tu un putain d’idiot ou quoi ? » s’exclama Barbatos alors qu’il commençait à jurer sur Zagan d’un ton furieux avant d’être coupé.

« Non, non. Bifrons est amoureux de Nephteros. Cependant, s’il n’était pas au courant de ce fait, cela n’aurait pas été une grande punition. C’est ce que je veux dire par mes mots étant un poison, » déclara Zagan.

« Cependant, je ne pense pas vraiment que ce soit le cas…, » Barbatos avait insisté sur le fait que ça ne valait rien, ce qui avait irrité Zagan.

« J’ai accordé à Nephteros une sorcellerie qui pourrait tuer Bifrons. Cela dit, c’est quelque chose que j’ai jeté sur place, pour qu’un Archidémon puisse facilement le démonter, » déclara Zagan.

Il utilisait une version simplifiée de l’Écaille des Cieux pour faire voler la tête de Bifrons, mais ce n’était pas suffisant pour le tuer. Pourtant, ce n’est pas comme si Bifrons n’avait pas ressenti la douleur.

« Et pourtant, Bifrons est resté silencieux et l’a simplement accepté. Je suppose que voir Nephteros ravie d’avoir accompli quelque chose qu’elle pensait impossible rendait Bifrons heureux, alors il l’a permis, » déclara Zagan.

« Et est-ce pour ça que tu penses que Bifrons est amoureux ? N’est-ce pas un peu tiré par les cheveux, non ? »

« Tu as peut-être raison. Cependant, la raison pour laquelle je suis si confiant est qu’après que Nephteros ait découvert la vérité, Bifrons n’a jamais essayé de la tuer directement, » déclara Zagan.

« Ouais, tuer quelqu’un dont on est amoureux serait un sacré gâchis…, » marmonna Barbatos. Le fait qu’il croyait vraiment cela montrait qu’il était peut-être une bonne personne dans l’âme.

« Bifrons aurait pu mettre fin à la vie de Nephteros à tout moment, mais il n’a même jamais essayé. Ou plutôt, Bifrons ne pouvait pas. Je suppose que Bifrons essayait de faire revenir Nephteros après l’avoir coincée. Mais malheureusement, elle a fini par s’enfuir jusqu’à mon domaine, » Déclara Zagan.

Il n’était pas clair si Bifrons était au courant de sa propre conduite à l’époque, mais même un Archidémon aurait dû comprendre que cela ne valait pas la peine de faire de Zagan un ennemi.

« Y a-t-il des idiots qui se battraient avec quelqu’un qu’il ne pourrait pas vaincre dans leur propre domaine ? Bifrons a osé me défier dans mon domaine après avoir perdu sur le bateau, ce qui signifiait qu’il n’avait pas d’autre choix, » déclara Zagan.

C’était parce que Bifrons savait qu’il essaierait de sauver Nephteros. Et si c’était le cas, Bifrons ne la retrouverait jamais. C’est pourquoi il ne pouvait que lutter désespérément pour remporter une victoire.

« Bifrons n’avait ni le temps, ni les mains libres pour jouer, ni la chance de remporter la victoire, et ne faisait pas attention à sa propre apparence lorsqu’il essayait de la récupérer. Personne ne ferait tout ça pour un simple outil. Je suis certain que c’était seulement possible parce qu’au fond, Bifrons pensait qu’elle était la chose la plus importante dans sa vie, » déclara Zagan.

C’est pourquoi Zagan était convaincu que Bifrons était amoureux de Nephteros. Et comme Bifrons n’était même pas au courant, il avait utilisé des mots vénéneux pour faire du mal à l’Archidémon.

« Un trou du cul fou peut tomber amoureux de quelqu’un…, » Barbatos semblait presque avoir peur de le croire.

« Ce n’est pas si étrange que ça, n’est-ce pas ? Plus vous vivez seul, plus vous vous sentez seul. Bifrons était toujours seul, donc après avoir expérimenté le confort de la compagnie de quelqu’un pour la première fois, il était tout naturel qu’il tombe amoureux, » déclara Zagan.

Et pourtant, bien que conscient de ce fait, Zagan avait volé Nephteros. Le châtiment d’un Archidémon était vraiment cruel.

« … » Barbatos n’avait rien dit de plus, mais bizarrement, Zagan n’avait rien senti de plus de sa part. Et juste comme ça, il avait fermé le lien télépathique entre eux. Quand Zagan avait jeté un coup d’œil à Barbatos, qui était juste derrière lui, il l’avait vu se gratter la tête d’une manière contradictoire.

Cette réaction… Est-il vraiment… ? Zagan croyait à peine que ce fût déjà le cas, mais il semblait que Barbatos le savait aussi maintenant.

« Quelque chose ne va pas, Maître Zagan ? » demanda Néphy en remarquant le mélange de sympathie et de confusion sur le visage de Zagan.

Zagan baissa la voix et chuchota en réponse.

« Oh… Hum, la dernière fois, il m’a demandé quelques conseils sur sa vie amoureuse, alors je me demandais comment répondre, » Zagan avait baissé la voix et avait chuchoté en réponse.

« Mon Dieu… le Seigneur Barbatos est vraiment du genre sérieux à cet égard, » murmura Néphy alors même que le bout de ses oreilles devenait légèrement rouge.

On dirait que tout le monde connaît déjà ton secret, Barbatos…

Juste cette fois, Zagan avait encouragé son ami indésirable.

***

Partie 7

Bien qu’ils se promenaient au milieu de la ville, peut-être à cause de l’apparence de Barbatos, ils étaient incapables de trouver une seule personne.

Ce n’est pas comme si c’était loin… Sans parler de bruissement des vêtements, cela paraissait étrange sous l’eau, car Zagan entendait les gens s’agiter et respirer à l’intérieur des maisons. Cependant, ils semblaient tous sur leurs gardes et ne regardaient que de loin. Il se peut que les sirènes aient été une race très prudente. Zagan restait là, clairement troublé par la façon de demander de l’aide quand il entendit soudain une voix suspecte.

« Heeheeheeheeheehee... Quelle surprise ! C’est vraiment surprenant. Dire qu’un jour viendra où je vous retrouverai. »

Derrière moi ? Zagan s’était retourné pour faire face à l’intrus. 

« Bonjour, Roi aux yeux d’argent. »  

Cependant, celle qui se tenait devant lui était une petite fille. Elle semblait avoir à peu près le même âge que la forme actuelle de Zagan, sinon un peu plus âgée. Au plus, elle avait douze ou treize ans. Elle était probablement la fille d’un des participants à la conférence, puisqu’elle avait deux pieds, ce qui signifiait qu’elle n’était pas une sirène. De plus, ses cheveux dorés étaient attachés des deux côtés et ses yeux étaient comme une lune dorée. Elle portait également une robe noire couverte de volants et portait un jouet en peluche à l’allure excentrique dans ses bras minces.

Ses cheveux et ses vêtements lui donnaient une impression qui lui rappelait Lilith. Cependant, le jouet en peluche dans ses bras était la chose la plus accrocheuse à son sujet. Il avait l’air presque… immortel. Il y avait des fils épais qui y étaient intentionnellement placés, révélant les endroits où il avait été rapiécé. D’une certaine façon, c’était unique, bien que flippant semblait être le terme le plus approprié. En tout cas, Zagan ne l’avait pas du tout reconnue.

« Qu’est-ce que tu veux ? » demanda Zagan. Il aurait été bien de l’ignorer, mais il s’était arrêté parce qu’elle était la première personne qu’il avait réussi à rencontrer dans la région.

Roi aux yeux d’argent… Je pense que Lilith a mentionné ce nom tout à l’heure… Les yeux de Zagan étaient aussi censés être argentés, mais probablement plus proches du bleu ou du gris. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas la preuve qu’il appartenait à une espèce particulière. Bien sûr, c’était rare, mais cela n’avait aucune valeur comme les elfes ou les dragons. Quoi qu’il en soit, cette fille était peut-être quelqu’un qui possédait le pouvoir, ce qui signifiait qu’il était possible qu’elle puisse aider à dissiper la malédiction de Zagan.

« Heeheeheehee, tout comme cet enfant, vos yeux sont comme de jolis coquillages, » affirma la jeune fille en tendant la main vers Zagan d’une manière désirable. En y regardant de plus près, il était devenu évident que les yeux du jouet en peluche étaient faits de coquilles qui avaient la forme de gros boutons.

« Qu’est-ce que tu racontes ? Je ne te connais pas, » déclara Zagan.

Se sentant un peu effrayé, Zagan avait reculé. Cependant, la jeune fille n’y prêta aucune attention et s’en approcha encore plus.

 

 

« Malgré tout, je vous connais… Quelle nostalgie ! Comme c’est vraiment nostalgique. C’est tellement nostalgique que j’ai envie de me faire plaisir et d’en boire ici, » déclara la fille.

C’est alors que Zagan s’était rendu compte que la jeune fille qui souriait d’un sourire méfiant avait deux crocs qui sortaient de sa bouche.

« Fais-tu partie du Clan de la Nuit ? » demanda Zagan.

Vampires, Les Rois Sans Vie, Nosferatu. C’était des existences inhumaines qui avaient toutes sortes de noms détestables. Ils étaient autrefois humains, mais pour une raison inconnue, ils s’étaient détachés du cercle de la vie et de la mort. Ils étaient les êtres les plus abominables au monde. Et, en même temps, ils étaient la personnification même de l’aspiration de tous les sorciers, l’immortalité. C’est pourquoi les sorciers les appelaient avec respect le Clan de la Nuit.

Cependant, parce qu’ils étaient encore plus hérétiques que les sorciers, l’Église les opprimait vraiment. Et comme il n’y en avait pas beaucoup au départ, ils avaient pratiquement disparu du continent. Il semblait qu’ils s’étaient aussi échappés à Liucaon pour survivre… bien qu’il ne soit pas clair si ce terme était approprié pour ceux qui ne connaissaient rien des concepts de vie et de mort.

Elle n’est pas aussi jeune qu’elle en a l’air, hein ?

« Oh, vous vous souvenez enfin de moi, Roi aux yeux d’argent, » les lèvres rouge vif de la fille du Clan de la Nuit s’étaient tordues en un sourire quand elle avait dit ça.

« … Non, je te dis que tu as la mauvaise personne devant toi. Mon nom est —, » commença Zagan.

« J’en suis tout à fait consciente. Vous êtes celui qui a hérité du sceau de Marchosias, le nouvel Archidémon, le Seigneur Zagan, » déclara la fille, puis avait réajusté la position du jouet en peluche dans son bras et avait soulevé l’ourlet de sa jupe avec son autre main pour faire la révérence.

Est-ce qu’elle est juste une bouffonne malgré tout ce qu’elle sait ? Zagan s’était mis sur ses gardes alors qu’il réfléchissait à de telles pensées.

« Dans ce cas, pourquoi m’appelles-tu Roi aux yeux d’argent  ? » Zagan avait commencé à l’interroger, mais la fille avait disparu sous ses yeux.

Est-elle partie ? Zagan n’avait pas été négligent, et pourtant, il l’avait complètement perdue de vue. C’était une pensée terrifiante.

« Maître Zagan ! » hurla Néphy. Et dès qu’il entendit sa voix, il sentit une sensation de froid et d’humidité le long de son cou.

« Mais même ainsi, le goût de votre sang, votre odeur et la couleur de vos yeux sont tous les mêmes…, » affirma la fille. Elle avait instantanément tourné autour de Zagan pour arriver juste derrière lui. Et puis, elle avait commencé à lui lécher le cou avec sa langue rouge vif.

A-t-elle l’intention de sucer mon sang ? Il y avait des anecdotes selon lesquelles le Clan de la Nuit avait besoin de sucer le sang des autres pour maintenir leur existence. Zagan avait essayé de la repousser, mais ses doigts étaient serrés contre son épaule, empêchant toute forme d’évasion.

 

 

« Zagan n’aime pas ça. Stop ! » s’exclama Foll en saisissant la tête de la fille. Malheureusement, la vampire avait regardé Foll avec ses yeux froids.

« Je croyais que vous n’étiez qu’une enfant avec un grand corps, mais il semble que vous soyez une bonne baby-sitter. Gentille fille, gentille fille. »

« … J’ai l’impression que tu es dangereuse, alors ne touche plus à Zagan, » ordonna Foll alors qu’elle mettait plus de force dans son bras et essayait d’écraser la tête de la fille. Cependant, le corps de la jeune fille était arrivé au sol avant que Foll ne puisse le faire.

« Heeheeheehee, comme c’est effrayant ! Je vois. Même un jeune dragon est une menace. Je commence à craindre pour ma vie, » déclara la jeune fille alors que son corps se décomposait en un nombre incalculable de chauves-souris, puis se reconstruisait en l’air.

« Alors, tu devrais mourir, » déclara Foll alors qu’elle se tenait devant le Zagan nouvellement libéré. Et puis, elle avait balancé son bras et avait tissé d’innombrables cercles magiques sur son chemin. En voyant ces cercles magiques, Zagan devint soudain pâle.

Attends… C’est quoi ce nombre de circuits ? Zagan, qui possédait la capacité de dévorer la sorcellerie, pouvait voir à travers le nombre de circuits tissés dans la sorcellerie en un instant. Chaque cercle magique que Foll tissait ensemble contenait près de dix mille circuits, ce qui était ridicule. Le Phosphore des Cieux, que Zagan hésitait à enseigner à Foll, avait un peu moins de dix mille circuits, mais ici, elle en faisait des dizaines de milliers en un instant.

Dans sa forme actuelle, Foll pourrait facilement manipuler la forme du Dragon et la Grande Fleur à cinq pétales.

Peu de temps après, les cercles magiques s’étaient empilés en trois endroits. Ils ressemblaient à la carcasse d’un énorme canon. Et en vérité, c’était exactement ce qu’ils étaient.

« Disparais, » murmura Foll. Et quand elle l’avait fait, les trois piles de cercles magiques avaient libéré trois lumières distinctes et vives. Le premier avait lâché un rayon de chaleur intense qui faisait bouillir l’eau et même brûlait la vapeur pour la réduire à néant. L’une d’elles était une onde qui avait gelé au-dessus de l’atmosphère brûlée elle-même et l’avait écrasée en morceaux. Et le dernier était un marteau de foudre qui pouvait changer la forme d’une montagne.

Chacun d’entre eux était une puissance de destruction qui dépassait de loin ce que le souffle de Foll pouvait normalement gérer, mais tous les trois étaient utilisés le long d’une seule ligne précise qui ne laissait même pas échapper une seule petite décharge électrique. Ils avancèrent, puis finirent par avaler la vampire, mais…

« Heeheeheeheeheehee, comme c’est violent ! Les dragons devraient faire preuve de plus de retenue, » avait déclaré la jeune fille en flottant de façon décontractée.

Elle ne l’a pas esquivé… A-t-elle bloqué... Non, c’est impossible, ce qui veut dire… Zagan avait laissé ses pensées s’emballer avant d’arriver à la réponse.

« Je vois. Les membres du Clan de la Nuit sont à la fois ici et pas ici en même temps, » déclara Zagan.

C’était un peu comme si la lune ne se brisait pas parce que quelqu’un jetait un caillou à son reflet dans un lac. Le groupe de Zagan n’était témoin que d’un mirage, donc il n’y avait aucune raison de le détruire.

Un Archidémon d’un certain âge les appelait des calamités avec une volonté. Même si quelqu’un parvenait à détruire son corps, il ne mourrait pas, car il n’avait aucune idée de la mort. De plus, si l’on poignardait un pieu dans leur cœur et qu’on les réduisait en cendres, ils ne cesseraient d’exister dans le monde qu’un seul instant. Avec le temps, ils réapparaîtraient.

Se préparer à une calamité pourrait aider à minimiser les dégâts, mais ne pourrait jamais réellement les prévenir, et on pourrait dire la même chose du Clan de la Nuit.

« Oh mon Dieu. Vos yeux argentés voient à travers tout, mais je ne peux pas vraiment admirer quelqu’un qui révèle le secret d’une dame, » la fille avait confirmé ce qu’il avait dit sans montrer aucun signe de vouloir le cacher, mais Foll ne semblait pas comprendre le sens de ses mots.

« Quel pouvoir étrange… ! Je ne sais pas ce que c’est, mais est-ce suffisant pour te tuer ? » demanda Foll. Elle semblait s’énerver à cause du comportement provocateur de la vampire. Alors, elle ouvrit la bouche et prit une grande respiration.

« Arrête, Foll ! Si tu lâches ton souffle maintenant, tu vas faire exploser la ville ! » déclara Zagan.

« … » Foll garda le silence. Cependant, elle l’avait sûrement remarqué elle-même.

Foll ne peut pas contrôler son pouvoir en ce moment… Elle avait soudain acquis le corps et la puissance d’un adulte. Au début, elle avait hésité devant la simple tâche de se promener, alors qu'elle ne pouvait pas contrôler son mana. La sorcellerie du triplex qu’elle venait d’utiliser était splendidement précise, mais c’est parce qu’elle n’avait même pas fait ressortir la moitié de son pouvoir. Si elle devait faire tout son possible, surtout en utilisant son souffle de dragon, il était clair comme de l’eau de roche de ce qui se passerait.

Ainsi, Foll retira à contrecœur le souffle qu’elle s’apprêtait à déchaîner. Il semblait que la fille du Clan de la Nuit avait prévu que Zagan l’arrêterait, car elle ne montrait aucun signe indiquant qu’elle était perturbée.

« Pourriez-vous ne pas vous fâcher autant ? Tout ce que j’ai fait, c’est pour vous avertir, puisque vous êtes venus de si loin pour venir ici, » demanda-t-elle.

« Cela signifie-t-il que tu participes à la conférence des aînés ? » demanda Zagan, cherchant le sens de ses mots.

« C’est bien que vous le croyez, » déclara l’autre.

« Hein ? Elle fait partie du Clan de la Nuit, non ? Pourquoi quelqu’un qui n’a même pas à se soucier de survivre se soucierait-il de l’extinction des autres races ? » Barbatos s’était mis à parler, semblant plutôt confus.

« … Oh, mon Dieu, ce vulgaire sac de viande périssable et pourri peut parler ? » répliqua la jeune fille en le fixant d’un regard vexé.

« Tu cherches la bagarre ? » Barbatos avait rugi de colère.

« Arrête, Barbatos. Tu as tort là, » dit Zagan en poussant un soupir. Les membres du Clan de la Nuit avaient après tout encore des sentiments. Même Zagan pouvait dire que la petite remarque de Barbatos toucherait un point sensible.

« Alors ? Je suis sûr que tu ne m’as pas approché pour énerver Foll, alors que fais-tu ici ? » demanda Zagan avec un regard fatigué dans les yeux.

« Hm, je me demande… Je suis celle qui est déconnectée du cycle de la vie et de la mort. Un simple spectateur. Je ne peux rien faire à ceux qui possèdent la vie, » dit la jeune fille en riant évasivement, puis en murmurant, « … Il y a mille ans, je n’ai fait que regarder. »

« Il y a mille ans… ? » demanda Zagan.

Qu’est-ce que ces mots impliquaient exactement ?

Raphaël a aussi rêvé de quelque chose se déroulant à l’époque… Que s’est-il passé pendant cette période ?

« Oh, c’est vrai. Un avertissement. Je suis venue vous donner un avertissement. Je vous présente mes excuses. C’était tellement nostalgique et amusant que je l’ai involontairement oublié, » déclara la fille.

« Un avertissement ? »

« Oui. Si vous souhaitez être récompensé, vous devez d’abord écouter les demandes des autres, » déclara la vampire.

Et, comme si c’était un signal, il entendit le bruit de pas qui se rapprochaient.

« Attendez ! C’est quoi ce vacarme ? » Lilith s’était précipitée vers eux et avait commencé à demander des réponses. Il semble qu’elle soit venue voir la ville après avoir appris que des ennuis commençaient à se produire.

Eh bien, ils pourraient probablement voir la sorcellerie de Foll depuis le temple… Et c’est là que Zagan avait finalement compris la vérité. La fille vampire avait provoqué ce tumulte pour attirer Lilith ici. Elle n’avait qu’à les provoquer et à faire en sorte que l’un des compagnons de Zagan se déchaîne pour attirer son attention. Et, comme si cela ne suffisait toujours pas, elle avait juste besoin de parler de façon détournée pour gagner du temps. C’était un plan brillant, qui avait déjà fonctionné avant même que Zagan ne réalise ses intentions.

« Hé, le gosse de riche là-bas. Qu’est-ce qui se passe ici ? » demanda Lilith en faisant face à Zagan.

« … Tu sais qui c’est, n’est-ce pas ? » demanda Zagan en montrant du doigt la fille qui flottait au-dessus d’eux.

« Hein ? Qu’est-ce que c’est ? Eeek ! Lady Alshiera ! Qu’est-ce que vous faites là ? » hurla Lilith, se raidissant complètement quand elle se tourna vers la vampire.

Son visage déterminé était teinté de terreur, et la jeune fille nommée Alshiera riait simplement comme si elle trouvait sa réponse étrange.

« Oh, mon dieu, si ce n’est pas mon mignon petit faon. Je vois que tu es venue jusqu’ici juste pour me rencontrer. Devrais-je te donner une récompense ? » demanda Alshiera.

« Ce serait impensable ! Je ne peux pas recevoir une récompense d’une alliée aussi impressionnante ! » Lilith répondit d’une manière docile alors qu’elle tremblait si vigoureusement que c’était pitoyable.

Je suppose qu’elle est aussi impliquée avec cette femme… C’était un monstre indemne après avoir été attaqué par Foll. Lilith n’était même pas une sorcière, il n’était donc pas étonnant que la pauvre succube n’ait pas osé s’opposer à elle. Et, comme sa personnalité était si facile à comprendre, il était clair que Lilith était une victime qui avait été traînée ici sur les caprices de la vampire.

« Hé, est-ce que cette fille en sait vraiment autant ? » demanda Zagan en claquant la langue et en se tenant devant Lilith.

« Je suis si contente que vous compreniez vite. Mon mignon petit faon est très intelligent. Cette enfant possède la réponse à votre question, et si elle ne peut pas vous répondre, alors vous ne trouverez pas votre réponse ici, » dit la vampire en riant, comme si elle appréciait le début d’une pièce amusante. Et Zagan, à son tour, la regarda en réponse avec une expression franchement mécontente.

Tu veux que je demande à cette fille ennuyeuse… ? Il détestait l’idée, mais bizarrement, il n’avait pas l’impression que la vampire mentait… Cela dit, elle n’avait pas non plus l’air de dire la vérité.

« Eh bien, très bien. Je te croirai, mais il y a une chose que je ne comprends pas. Qu’est-ce que tu as à y gagner ? » demanda Zagan.

« Hé, calmez-vous ! Vous ne pouvez pas lui parler comme ça ! Vous allez vivre quelque chose de pire que la mort si vous n’arrêtez pas ! » s’exclama Lilith. Et après que Zagan eut repoussé Lilith, qui tirait sur ses vêtements avec un visage pâle, la vampire se mit à rire.

« N’est-ce pas la nature humaine de vouloir rendre quelque chose encore plus amusant ? » demanda la vampire.

Zagan était étonné et stupéfait par le fait qu’un être qui était immortel puisse parler de la nature humaine.

« Eh bien, je vous dis adieu, mon roi aux yeux d’argent bien-aimé, et… Azazel, » déclara la vampire.

« Quoi !? » s’exclama Lilith, clairement confuse par son choix de mots.

« Azazel..., » marmonna Zagan. Pourquoi a-t-elle mentionné ce nom ? Il voulait en savoir plus, mais malheureusement, la fille s’était transformée en une masse de chauves-souris et s’était envolée.

Elle venait de mentionner le nom de la treizième épée sacrée sur laquelle Zagan enquêtait. Mais il avait aussi découvert que c’était le nom du côté obscur de l’Église. Et pourtant, la vampire l’utilisait comme le nom d’une personne même si le seul membre d’Azazel dans la région était Kuroka, qui n’était même pas présente. Rien n’avait de sens.

« … Tch, c’était qui ? » demanda Zagan en claquant la langue, irrité.

« Ce n’est pas bon ! Si vous vous impliquez avec cette personne… avec Lady Alshiera, on vous imposera des exigences déraisonnables, et si vous ne les respectez pas à la lettre, vous vivrez un enfer… »

Elle semblait être la patronne de Lilith… ou plutôt, quelqu’un de plus haut placé qu’elle. Bien que, d’après sa réaction, ce n’était manifestement pas quelque chose que l’on pourrait résumer aussi simplement.

Mais… Lilithiera… Alshiera… En plus d’avoir des noms similaires, même leurs vêtements et leurs coiffures se ressemblent. Zagan ne croyait pas qu’une fille hautaine comme Lilith puisse copier le regard de quelqu’un qu’elle détestait, alors…

« N’est-elle pas l’une de tes alliées ? »

« Lâchez-moi un peu ! Cette personne aime juste nous regarder nous tortiller… Oh, je ne pense pas qu’elle nous déteste ou quoi que ce soit…, » déclara Lilith.

Qu’est-ce que c’est que ça ? Cela me rappelle Gremory et Manuela… La réaction de Lilith était semblable à celle des filles que ces deux-là avaient taquinées jusqu’à la soumission. C’est pourquoi Zagan pouvait dire que Lilith était quelqu’un de malheureux qui intéressait Alshiera. Et dans ce cas…

« Elle parlait de toi quand elle a dit Azazel ? » demanda Zagan.

« Hein ? Elle n’était pas… Je pense. Cette personne parle toujours par énigmes, donc il vaut mieux ne pas s’en faire. Je veux dire, elle vous a même appelé le Roi aux yeux d’argent… Attendez… » Lilith s’était soudainement arrêtée et avait jeté un coup d’œil au visage de Zagan.

« Attendez… Vos yeux sont peut-être… argentés ? »

Zagan se demandait comment elle n’avait pas déjà remarqué, mais il s’est rendu compte qu’ils étaient au fond de l’océan. Les couleurs étaient confuses pour les non-sorciers ici, donc ça n’aurait pas été bizarre si elle n’avait pas remarqué.

« Ça te pose un problème ? » demanda Zagan en balayant Lilith d’une grimace. En y repensant, il s’était rendu compte qu’au cours de son enfance, lorsqu’il avait commis des vols sur la route, ses camarades avaient gardé leurs distances avec lui parce qu’ils trouvaient ses yeux flippants. Ainsi, il n’aimait pas que les autres se concentrent sur cet aspect de lui.

« Vous plaisantez… Pourquoi Lady Alshiera appellerait-elle ce gamin par ce nom… ? Hé, attendez. Zagan… c’est ça ? Qu’est-ce que vous faites là ? » Lilith avait commencé à s’interroger sur les motivations de Zagan quand elle s’était rétrécie en tombant en état de choc.

Zagan savait qu’elle refuserait de répondre à ses questions s’il ne répondait pas, alors il avait poussé un soupir de résignation et avait cédé.

« Tu devrais au moins te rappeler les noms des invités que tu as invités. Je suis l’Archidémon Zagan, le successeur de Marchosias, » déclara Zagan.

Après avoir entendu cela, Lilith avait été gelée sur place pendant un court moment, puis était devenue complètement pâle et s’était effondrée avec un bruit sourd.

***

Partie 8

« Alors après ça, vous avez fini par venir ici, non ? »

Incapable de laisser Lilith telle qu’elle était après son effondrement, le groupe de Zagan s’était dirigé à contrecœur vers le temple où se tenait la conférence des aînés, puis s’était dirigé vers ce qui semblait être une salle d’attente dans le temple. Contrairement à l’extérieur, la pièce était entièrement meublée et surtout, elle était remplie d’air au lieu d’eau. Il n’y avait rien tel un lit, mais l’espace était assez grand pour accueillir quelques dizaines de personnes et il y avait même des canapés comme à la surface. Il y avait plusieurs lampes lumineuses installées dans la pièce, ce qui signifiait qu’il n’y avait pas un abat-jour bleu sur tout pour une fois. Cela avait probablement été fait par considération pour toutes les autres races. Même s’ils pouvaient respirer, ceux qui vivaient à la surface se sentiraient plus à l’aise dans un endroit rempli d’air.

Le groupe de six de Zagan, ainsi que le groupe de Chevaliers Angéliques de Chastille, était assis dans la zone. Plus loin dans le coin se trouvaient Kuroka, Selphy et Lilith, qui était encore très pâle. Et, lorsque Chastille parla, apparemment par pitié pour la pauvre fille, Zagan répondit d’un air amer.

« … On dirait que plus rien ne va dans mon sens. Est-ce à cause de cette forme ? » s’enquit Zagan.

« Si c’est le cas, n’est-ce pas une bonne occasion d’obtenir de l’aide de Néphy et des autres ? Normalement, tu es trop fort, alors ils n’ont jamais l’occasion de t’aider, » répondit Chastille. En se faisant gronder par Chastille, Zagan avait grimacé.

« Ce ne sont pas tes affaires. L’idée que je vais grandir en étant sauvé est stupide, et c’est quelque chose que seuls les individus impuissants croiraient, » répondit Zagan avec un ton fort et réfléchi, ce qui fit baisser le regard de Chastille avec des yeux tristes. Zagan savait qu’il exprimait sa colère d’une manière irritante, mais il croyait que c’était la faute de la vampire Alshiera pour s’être frotté à lui plus tôt.

Mon esprit pourrait être influencé par la transformation de mon corps… en tout cas, c’est ce qui s’était passé dans le cas de Néphy. Quand Zagan avait dix ans, il détestait tout ce qu’il y avait au monde, et il l’avait dit clairement à tout observateur.

« Lord Archidémon. Lady Chastille ne disait ça que par considération. C’est l’une de ses vertus. S’il vous plaît, choisissez vos mots plus judicieusement, » Richard avait coupé dans la conversation, incapable de laisser les mots de Zagan sans réponse. Il n’avait sûrement pas non plus de mauvaises intentions. Cependant, ses paroles irritaient encore plus Zagan. Et, alors que Zagan essayait d’ouvrir la bouche pour parler, il fut soudain enlacé par-derrière.

« Ce n’est pas grave. Maître Zagan est tout simplement mauvais pour s’exprimer. Je vous assure qu’il ne se moque pas de Chastille, » déclara Néphy. Il semblait que c’était elle qui l’avait enlacé. Et même en serrant Zagan dans ses bras avec amour, elle avait poursuivi : « Mais, si nous voulons choisir nos mots avec plus de sagesse, alors vous devriez aussi bien le faire. Ne parlez pas de “vertus”, Sire Chevalier Angélique. Les vertus d’une personne… peuvent être la malédiction d’une autre. Par exemple, si quelqu’un décide d’agir et de blesser un “enfant maudit” parce qu’“il y a un enfant ici qui a été affligé par son poison…”. »

Il y avait ceux qui agissaient innocemment, faisaient du mal aux autres, puis essayaient de les sauver pour paraître « vertueux ». De telles personnes avaient laissé leurs illusions se déchaîner au point où elles avaient essayé d’imposer leur volonté aux autres et de les opprimer. Et le plus terrible, c’est qu’ils croyaient vraiment qu’ils faisaient une bonne chose. Ils n’en avaient pas douté une seconde. C’est pourquoi Zagan détestait les gens égoïstes et irresponsables qui parlaient de leurs vertus.

« J’ai vécu de telles choses dans le passé, et je crois que Maître Zagan a souffert encore plus, alors s’il vous plaît, ne parlez pas de vertus de façon désinvolte, » déclara Néphy d’une manière catégorique. Elle avait été opprimée dans le village elfique caché pendant seize ans. Elle y avait vu des choses tellement répugnantes qu’elle avait perdu ses émotions. C’est exactement pour ça qu’elle comprenait la douleur de Zagan. Et, peut-être parce qu’elle l’avait compris, Richard s’était mordu les lèvres et avait baissé la tête.

« J’ai dépassé les bornes. S’il vous plaît, pardonnez-moi, » déclara Richard.

« … Désolé, je t’ai fait dire quelque chose de désagréable, » déclara Zagan en regardant Néphy avec une expression douloureuse présente sur son visage.

« Ne le sois pas. Je te l’assure, tu es aussi merveilleux sous cette forme que jamais, Maître Zagan, » déclara Néphy.

« Eh bien, c’est certainement vrai qu’il y a des gens sur qui je peux compter ici, » murmura Zagan en se grattant la joue. Il semblait ne plus pouvoir rester offensé par l’idée d’accepter de l’aide.

« N’oublie pas que je suis aussi quelqu’un qui est plus que disposé à t’aider, » proclama Chastille en lui souriant avec soulagement.

« Eh bien, je pense que cela vaut pour la plupart des gens ici…, » ajouta Nephteros. Zagan haussa simplement les épaules quand il entendit les paroles de sa belle-sœur. Et quand il l’avait fait, Lilith s’était finalement rétablie et s’était levée.

« Lilith, vas-tu bien ? » Kuroka lui demanda d’une voix inquiète.

« Je vais bien. Je vais bien. Il n’y a pas moyen qu’un Hypnoel soit en état de choc à cause d’un truc comme ça ! » répondit Lilith. Ses genoux tremblaient encore d’un cliquetis, mais la succube gonfla sur sa poitrine alors même que son visage était empli de spasmes. Puis, elle avait regardé Zagan et lui avait demandé. « Alors, êtes-vous vraiment un Archidémon ? »

« J’ai peut-être l’air petit en ce moment, mais c’est comme ça qu’on m’appelle, » répondit Zagan.

Lilith grimaça comme si elle n’était pas totalement convaincue, mais personne d’autre ne le niait, alors elle ne pouvait rien faire d’autre que d’accepter la réalité. Et finalement, elle avait abandonné, elle s’était agenouillée sur place.

« Alors, Archidémon nouvellement couronné et estimé, permettez-moi de vous demander ceci en tant que succube Lilithiera qui représente les anciens. Pourquoi n’avez-vous pas rencontré les anciens alors que vous étiez ici ? » demanda Lilith.

« Pas besoin d’être si poli. Je ne me suis jamais soucié de la courtoisie, donc je ne m’attends pas à cela de la part de quelqu’un d’autre, » déclara Zagan. Certaines des personnes présentes faisaient la grimace, mais cela n’avait pas vraiment d’importance.

« Alors… Je vais accepter cette offre, mais je veux quand même une réponse. Êtes-vous comme le Seigneur Marchosias ? Ou pas ? » Lilith avait l’air quelque peu troublée par ses paroles, mais elle s’était quand même levée en posant cette question.

Marchosias… ? Zagan avait plissé les sourcils quand il avait entendu ça. Son nom n’était pas apparu parce que Zagan avait hérité de son sceau. Est-ce que cet Archidémon avait fait quelque chose dans ces terres ?

« La réponse à cette question est claire. Je suis différent de Marchosias. Pour être honnête, je ne l’ai jamais rencontré, donc je ne sais rien de ce qu’il t’a fait, » déclara Zagan.

Zagan avait hérité de Marchosias son Emblème de l’Archidémon, mais il ne voulait certainement pas qu’on le blâme pour ses actions.

« On dirait que vous avez mal compris quelque chose. Le Seigneur Marchosias était une grande personne. C’est lui qui nous a abrités, nous, les races en voie d’extinction, » expliqua Lilith en le regardant d’un air vide.

« Abrité… ? Un Archidémon vous a aidé ? Es-tu sûr que tu parles d’un Archidémon, le plus odieux des sorciers ? » demanda Zagan. C’était une question valable. La plupart des races étaient au bord de l’extinction à cause des sorciers, donc le sort de celui qui les aidait était inconnu.

Pourquoi le nom de Marchosias le suivait-il alors que Zagan essayait de trouver un moyen de dissiper sa malédiction ? Rien dans son héritage n’avait à voir avec le fait de dissiper les malédictions…

« Êtes-vous différent ? Je n’ai pas encore tous les détails, mais n’avez-vous pas sauvé Kuroka et Selphy ? » demanda Lilith en penchant la tête sur le côté. Il semble qu’elle ait été informée de certains détails par ses amies.

Argh, pourquoi ont-elles mentionné cela… ? Zagan détourna son regard de Lilith par embarras.

« J’étais juste inquiet pour Kuroka parce qu’elle est de la famille de l’un de mes subordonnés, et Selphy a rencontré Néphy par hasard. Ai-je l’air d’un imbécile au cœur tendre qui sauverait des étrangers ? » demanda Zagan avec arrogance, mais Selphy se leva en un instant et leva la main.

« Objection ! Sire Zagan m’a sauvée quand j’avais l’air d’être sur le point d’être mangé par un monstre ! En plus de ça, il s’est vraiment blessé et n’a rien dit ! »

« J’ai aussi une objection. Il m’a sauvée des esclavagistes avant même de savoir que j’étais de la famille du Seigneur Raphaël. Je n’étais rien pour lui à l’époque. »

Selphy et Kuroka s’y étaient opposées, et même Chastille et Nephteros avaient finalement rejoint le mouvement.

« Alors, j’objecterai aussi. Laisser en vie un chevalier angélique de l’Église comme moi n’aurait dû être qu’un obstacle, mais Zagan m’a sauvée plusieurs fois. »

« Moi aussi… Par où devrais-je commencer ? Je ne peux même pas tout énumérer… »

Je vous supplie de vous taire ! Zagan voulait toutes les engueuler, mais sa voix avait été tuée par la honte. Et alors qu’il se couvrait le visage, Foll ne pouvait plus s’en empêcher et parla à sa place.

« Zagan est timide. N’en dites pas plus. » Foll s’était interposée pour faire cette déclaration. La réponse de sa fille avait été inutilement douloureuse, et elle n’avait fait que faire rire Lilith.

« Eh bien, on dirait que vous êtes différent du Seigneur Marchosias. C’est la première fois que je vois quelqu’un qui est exactement le contraire de Selphy. »

« Tu as, genre, totalement raison. C’est comme si je te regardais, Lilith. »

« Argh…, » avait gémi Lilith. Son commentaire irréfléchi avait été impitoyablement renvoyé sur elle, ce qui avait fait que Lilith avait bloqué sa poitrine à plat pendant qu’elle subissait une agonie. Ne sentant rien progresser à ce rythme, Zagan avait rassemblé sa volonté et avait levé le visage, à ce moment-là il avait remarqué quelque chose.

Lilith… tremble ? Les poings de Lilith, qui étaient à ses côtés, tremblaient légèrement. Elle était probablement terrifiée maintenant qu’elle savait que Zagan était un Archidémon. On dirait qu’elle n’avait pas pu ne pas avoir peur. Et pourtant, elle souhaitait toujours parler. Ce fait avait rempli Zagan d’intérêt.

***

Partie 9

« … Hmm. Tu es libre de penser ce que tu veux, mais que veux-tu de moi ? » demanda Zagan.

« Il s’agit de notre pacte avec le Seigneur Marchosias… J’aimerais que vous lui succédiez, » répondit Lilith après avoir remis de l’ordre dans sa respiration.

« Hmm… Je ne comprends pas vraiment. Marchosias n’était pas un Archidémon qui se livrait à un massacre inutile, mais je suis certain qu’il n’était pas non plus un philanthrope. Alors pourquoi a-t-il fini par protéger des races comme la tienne ? »

Il semblait que la réponse à sa question serait plutôt longue, alors Zagan claqua des doigts et utilisa la sorcellerie pour tirer l’une des chaises se trouvant autour d’eux. Lilith était la seule debout. Elle avait regardé la chaise de façon inattendue pendant un moment, mais elle s’était placée dans le siège.

« Voyons voir… C’est une longue explication. Est-ce que c’est d’accord ? » demanda Lilith.

« Ça ne me dérange pas, » déclara Zagan avec fermeté. Et comme si elle était maintenue par des fils, Lilith se redressa et se mit à parler.

« D’abord, je pense que je devrais parler du Roi aux Yeux d’Argent. Selon les légendes, il y a environ mille ans, le monde était au bord de la destruction en raison d’une bataille avec un Dieu Grotesque. Et celui qui nous en a sauvés, c’est le Roi aux Yeux d’Argent. Il a utilisé une énorme quantité de mana et d’armes anciennes pour tuer le Dieu Grotesque. »

Après avoir dit cela, Lilith avait soudain sorti quelque chose qui ressemblait à un petit bouclier.

Non… est-ce un miroir ? Il tenait bien dans ses deux mains, et bien qu’il soit fait de métal, il était si finement poli qu’il reflétait parfaitement son visage. Les miroirs étaient aussi souvent utilisés comme outils dans la sorcellerie. De nos jours, il était courant d’utiliser un film d’étain ou de mercure sur une feuille de verre, mais dans le passé, on utilisait des métaux polis ou des pierres précieuses. Comparés au verre, ils étaient beaucoup plus robustes et, même aujourd’hui, ils étaient restés utiles.

« Les trésors sacrés transmis dans ma maison d’Hypnoël, la maison d’Adelhide de Kuroka et la maison de Neptunia de Selphy, étaient les armes que le roi aux yeux d’argent portait. On dit que nos trois grandes lignées sont ses descendants directs. »

« Hmm. Eh bien, il est assez courant que les héritages se transmettent par le sang…, » marmonna Zagan. Et à ce sujet, il était également naturel pour une famille de se diviser en branches sur une période de mille ans.

Vu l’étendue de leurs races, le Roi aux Yeux d’Argent a accueilli des membres de plusieurs races, hein ? Si c’était quelque chose qui impliquait leurs ancêtres, alors ils ne pouvaient pas simplement rire des paroles profondes d’Alshiera.

« Le Seigneur Marchosias était un ami juré du Roi aux Yeux d’Argent qui a combattu à ses côtés. C’est pourquoi il a protégé Liucaon, le pays de ses descendants. On dit que nous, les succubes et les sirènes n’avons réussi à survivre que parce que nous avons la protection d’un Archidémon, » expliqua Lilith en traçant son doigt à la surface du miroir. Elle semblait se concentrer sur Kuroka, qui était assise derrière elle. Quand le peuple de Kuroka avait été attaqué, Marchosias était encore en vie. Selon toute vraisemblance, les sorciers qui les avaient attaqués avaient été punis. Ils étaient sûrement morts depuis longtemps, néanmoins, l’attaque elle-même n’avait pas pu être empêchée. Il se pouvait que Marchosias soit affaibli à l’époque.

Ami juré… était-ce aussi l’époque où le Dragon Sage Orobas et Marchosias sont devenus amis jurés ? pensa Zagan en tournant son regard vers Foll. C’était probablement la raison pour laquelle ils s’étaient battus côte à côte il y a six mois. Cependant, le problème était de savoir contre quoi exactement ils se battaient.

« Quant aux documents datant d’il y a mille ans, il reste peu de documents, même sur le continent. Dans tous les cas, une sorte d’incident qui surpassait les différences entre les sorciers, l’Église et nos races s’est probablement produit, » murmura Zagan à lui-même dans une tentative de mettre de l’ordre dans ses pensées.

Par exemple… l’invasion du Seigneur-Démon… Il avait l’impression que plusieurs fils s’étaient enfin tissés.

« Je ne sais pas comment elle s’est transmise sur le continent, mais on dit que c’est une bataille terrible qui a détruit de nombreux pays et races. Le Roi aux Yeux d’Argent a emmené au Liucaon les races qui ont combattu dans cette guerre, et les a protégées avec ses Trésors Sacrés, » Lilith avait déclaré cela, puis avait regardé Selphy et avait dit, « Le continent n’a pas encore foncé sur Liucaon, car les sirènes utilisent leur Trésor sacré pour manipuler les courants marins. »

« Hein ? Notre Trésor sacré est, genre, quelque chose d’aussi incroyable ? » Selphy, qui était censée être une princesse, semblait surprise. C’était presque comme si c’était la première fois qu’elle entendait ce fait.

« Je vois… Alors pourquoi avez-vous besoin de la protection d’un Archidémon ? » commenta Zagan d’un signe de tête.

« Nous ne sommes pas assez arrogants pour croire que nous pouvons protéger notre pays et tous ses habitants avec seulement trois trésors sacrés. Si cela avait été possible, le peuple de Kuroka n’aurait pas péri…, » répondit Lilith, puis elle regarda droit dans les yeux de Zagan et elle déclara. « Nous avons besoin d’un pouvoir plus fort pour assurer notre survie. On dit que vous avez vaincu deux autres Archidémons, donc nous sommes prêts à faire n’importe quoi pour obtenir votre protection. »

Je vois… Ils l’ont décidé après avoir analysé toute la situation… Les yeux de Zagan s’étaient élargis quand il était arrivé à cette conclusion. Il semblait qu’il était considéré comme une existence spéciale même parmi les Archidémons en raison de ses batailles contre Bifrons et Orias, donc il n’y avait pas de sorciers qui risqueraient de s’attirer sa colère. Et c’était exactement la raison pour laquelle Lilith lui avait fait cette demande d’une manière si directe.

Elle connaît aussi la solitude… Il avait l’impression qu’il comprenait pourquoi elle était prête à aller si loin malgré sa peur. L’une de ses deux amies d’enfance avait fui leur maison et on ne savait pas où elle se trouvait, et l’autre était présumée morte. Quel genre d’émotions turbulentes aurait-elle pu ressentir tout ce temps ? Honnêtement, même Zagan ne pouvait pas le deviner. Il avait donc décidé qu’il devait confirmer quelque chose.

« Je comprends ce que tu dis. Au fait, quel ordre t’a-t-on assigné dans ce rôle de négociatrice ? » demanda Zagan.

« Je n’ai pas été… ordonné par qui que ce soit… Pour être honnête… les anciens étaient censés vous le demander directement…, » Lilith sauta d’un bond et marmonna ces mots en réponse.

« En d’autres termes, tu as décidé de me parler franchement, à moi, un Archidémon, de ton plein gré ? »

« Je veux dire… vous dites que vous ne rencontrerez pas les anciens, et si je vous laisse partir d’ici, nous ne nous reverrons peut-être plus jamais, alors…, » la voix de Lilith baissa quand elle avait commencé à avoir l’impression d’avoir fait quelque chose qu’elle n’aurait pas dû faire. Et pourtant, Zagan répondit avec un sourire.

« Très bien. J’aime bien ça. Je m’occupe de ta foutue demande, » déclara Zagan.

« Vraiment !? » s’exclama Lilith, son expression s’illuminant en un instant.

« Cependant, je ne tiendrai pas la promesse de Marchosias. Tu as piqué mon intérêt, alors je vais te placer sous mon aile. Je n’ai pas l’intention de protéger des étrangers, » déclara Zagan.

« Ce n’est pas bon ! Les autres seront en danger si vous n’acceptez pas de les aider ! »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? J’ai dit que j’accepterais ta foutue demande. Je te prêterai mon nom, et je ne me plaindrais pas, peu importe qui tu décideras de protéger avec, » déclara Zagan.

« Uhhhh… ? » murmura Lilith. Elle ne pouvait pas suivre ses paroles, alors Kuroka était intervenue pour dissiper sa perplexité.

« En fin de compte, c’est la même chose. Si toi, tu protèges Liucaon, ce sera comme si c’était lui. »

Et finalement, Lilith avait poussé un soupir de soulagement.

« Je vous remercie de votre considération, Archidémon… mais pourquoi devez-vous le dire d’une manière aussi détournée ? » demanda Lilith.

« Monsieur Zagan est tout timide, comme toi ! » commenta Selphy.

Ce stupide poisson… la ferais-je rôtir pour le dîner ? Zagan avait jeté un regard malicieux sur Selphy, mais la sirène lui avait simplement souri et lui avait fait signe en réponse comme si elle ne comprenait rien du tout. Lilith regardait aussi Selphy d’un air irrité, mais elle s’était immédiatement calmée et avait fait face à Zagan une fois de plus.

« Alors, que voulez-vous qu’on vous donne pour lier cette promesse ? »

Zagan avait enfin l’occasion de parler de ce qu’il était venu faire ici, alors il s’était calmé et avait hoché la tête. Puis, il jeta un coup d’œil à Néphy, qui hocha également la tête comme pour l’encourager.

Dire que je serais soulagé par un acte aussi simple…

« Ma fille et moi sommes actuellement sous les effets d’une malédiction gênante. Je veux le pouvoir et les connaissances de Liucaon pour la dissiper, » expliqua Zagan en montrant Foll du doigt. C’était la seule raison pour laquelle il était allé à Atlastia. Et en entendant cette demande, le visage de Lilith s’était raidi complètement.

« Pourquoi pensez-vous que nous pouvons dissiper une malédiction qu’un Archidémon ne peut pas ? » demanda Lilith.

« Vous avez ces trésors sacrés ou quoi que ce soit d’autre, n’est-ce pas ? Et même si ce n’est qu’un fragment, n’avez-vous pas tous hérité des pouvoirs de ce Roi aux Yeux d’Argent ? » demanda Zagan.

« … Compris. J’obtiendrai la coopération des anciens et nous essaierons tout ce qui est en notre pouvoir, mais… n’en attendez pas trop de notre part, OK ? » dit Lilith après avoir baissé la tête pendant un moment. Et, les laissant ainsi, elle s’était enfuie en toute hâte.

Eh bien, avec ça, j’ai enfin atteint mon premier objectif… Zagan était retombé dans le canapé. Ça aurait été génial si Lilith avait ramené un indice avec elle.

« Tu t’es bien débrouillé aujourd’hui, Maître Zagan, » lui déclara Néphy d’une voix chargée d’admiration.

« Je suis sûr que tout le monde est épuisé. »

« Peut-être, mais tu as travaillé extrêmement dur. Bon travail. »

Réalisant qu’il s’habituait à être traité comme un enfant, Zagan était devenu agité. Il remarqua alors que Foll était devenue silencieuse. Sa fille était une personne de peu de mots, mais la dernière conversation était centrée sur elle, alors elle aurait dû s’en mêler. Cependant, elle regardait simplement le plafond sans rien dire.

« Quelque chose ne va pas, Foll ? » demanda Zagan.

« … Ce n’est rien du tout, » répondit Foll.

D’après sa réaction, Zagan avait des doutes, mais il ne l’avait pas pressée parce qu’il avait peur de lui causer du tort. Il avait donc perdu l’occasion de le faire. Peut-être était-ce parce qu’il était dans le corps de l’enfant. Ou peut-être qu’il était épuisé comme Néphy l’avait laissé entendre. Quoi qu’il en soit, après s’être détendu, Zagan avait été submergé par un sentiment de somnolence et s’était endormi avant même de s’en rendre compte.

***

Partie 10

« Zagan dort-il ? »

Les sirènes avaient préparé des chambres à coucher pour leurs invités, alors après que Zagan se soit endormi, Néphy l’avait couché dans un lit. Et quand elle était sortie de la chambre, elle avait trouvé Foll qui l’attendait.

« Oui. Il était probablement fatigué par le long voyage. Je dois dire que son visage endormi était si adorable…, » déclara Néphy.

« … Néphy, tu as l’air heureuse, » déclara Foll.

« Ce n’est pas vrai ! » Néphy secoua la tête quand sa fille la taquina. Puis elle l’avait admis. « Non, je suis peut-être heureuse. »

« Néphy ? » Foll inclina la tête sur le côté, clairement confuse.

« Avec le Maître Zagan tel qu’il est maintenant, nous pouvons faire beaucoup pour lui. Il compte enfin sur moi, et sur toi aussi, Foll… » Néphy déclara cela avec un sourire tendu avant de dire. « … Non. Ce n’est pas bon. Même si le Maître Zagan est troublé par cette transformation, je dis que je suis heureuse de ses problèmes. »

« Non… J’ai compris…, » déclara Foll en s’accroupissant tranquillement devant la porte et en se serrant les genoux.

« Zagan m’a dit qu’il voulait que je reste un enfant. J’ai l’impression de le comprendre un peu maintenant. Si Zagan était un adulte, il ne se fâcherait pas et ne serait pas gâté comme ça. »

La personne en question n’avait pas l’intention d’être gâtée, mais à des moments comme lorsque Néphy et Foll lui donnaient trop de nourriture, il leur disait ce qu’il voulait ensuite. C’était en partie parce que Néphy et les autres le poussaient à adopter un comportement enfantin, mais elles étaient heureuses qu’il l’ait accepté et ait agi en conséquence.

« Zagan et Néphy… Vous ne vous êtes pas amusés comme ça, mais vous ne pouvez pas revenir en arrière. Pour l’instant, Zagan ne ressemble qu’à un enfant, » déclara Foll d’une voix triste, puis elle poussa un soupir et poursuivit. « C’est pourquoi il m’a donné ce que je voulais, car il savait que j’allais apprendre une leçon. »

« En vérité, tu le savais déjà et tu n’aimais pas ça, n’est-ce pas ? » demanda Néphy en s’asseyant à côté de sa fille.

« Ouais…, » répliqua Foll alors qu’elle enterrait son visage dans ses genoux. Puis elle ajouta. « Mais moi aussi, j’étais heureuse. Vraiment heureuse. »

« Ce n’est pas grave. Les gens doivent passer par ce genre de choses pour devenir de bons adultes, » expliqua Néphy lorsqu’elle avait commencé à caresser la tête de sa fille. Ce fut également le cas pour Néphy. Penser à ses expériences passées et aux leçons qu’elle avait apprises grâce à elles était douloureux, alors elle avait vécu sans rien ressentir du tout. Cependant, en rencontrant Zagan, elle avait vécu plus de choses qui avaient mis sa vie en perspective, avait acquis une fille comme Foll, et avait fait venir de nombreux résidents au château. Et pourtant, malgré tout cela, elle se sentait encore dépourvue quant à ce qui concernait l’expérience de la vie.

En fin de compte, Néphy ne se croyait pas vraiment adulte, mais elle avait l’impression d’être sur le point de le devenir grâce aux nombreuses leçons qu’elle avait apprises.

« Même si j’ai grandi, je suis encore une enfant…, » murmura Foll d’un ton peu convaincant.

« Oui. Et j’en suis aussi une, » déclara Néphy.

« Tu l’es ? » demanda Foll en regardant Néphy avec émerveillement.

« Oui. Pendant longtemps, tout ce que j’ai fait, c’est me recroqueviller sans essayer d’apprendre quoi que ce soit… Mais maintenant, je ne peux pas rester une enfant…, » expliqua Néphy. Dans le passé, elle avait laissé les elfes de son village qui l’opprimaient se faire massacrer, et pour une raison inconnue, elle était la seule survivante.

Il aurait peut-être été préférable de les sauver… Cependant, si elle l’avait fait, sa vie serait restée la même, et elle n’aurait jamais rencontré Zagan. C’est pourquoi elle n’avait jamais pensé une seule fois à vouloir revenir sur sa décision. Même si elle était confrontée à cet instant une fois de plus, elle permettrait simplement qu’ils soient à nouveau massacrés. Il aurait été possible de les sauver, mais le village ne serait pas resté si elle l’avait fait. Et sans le village, ils auraient finalement été découverts par les humains, ce qui aurait eu exactement le même résultat.

Néphy avait décidé de vivre en portant ce fardeau du passé. Sans s’enfuir, elle l’avait accepté, l’avait porté, avait correctement regardé vers l’avant et avait continué sa marche. C’était la réponse qu’elle avait trouvée en regardant son village détruit. Et, par conséquent, elle ne pouvait pas rester une enfant plus longtemps. C’était tout ce qu’il y avait à faire.

« Alors, Zagan a-t-il aussi été forcé à devenir un adulte ? » Foll pencha la tête sur le côté quand elle posa cette question.

« Oui. Je suis sûre que c’est le cas… Cependant, la situation du Maître Zagan était encore plus urgente… »

Ce que Néphy et Zagan avaient en commun, c’est qu’ils n’avaient personne pour les sauver. Ils étaient tous les deux complètement seuls. Bien sûr, il y avait ceux qui aimaient la solitude. Par exemple, les gens qui désiraient la solitude lorsqu’ils étaient épuisés par la foule. Cependant, c’était différent de ce que Néphy et Zagan avaient vécu. Ce qu’ils ressentaient était une douleur appelée « solitude ». Et face à cela, Néphy avait décidé de fermer complètement son cœur, tandis que Zagan avait choisi de devenir plus fort. S’il n’avait pas pris cette décision, il serait mort. Mais malheureusement, il était devenu assez fort pour repousser toute détresse sans effort, comme une épée assez forte pour couper droit à travers son propre fourreau. Néphy croyait que c’était une force vraiment triste, c’est pourquoi elle voulait devenir son fourreau. Elle voulait devenir forte pour aider Zagan à garder sa force sous contrôle afin qu’il puisse mener une vie plus normale.

En ce sens, je peux vraiment comprendre les sentiments de Foll…

« Je me demande… ce que je suis… en ce moment… » murmura Foll en se serrant la poitrine.

« Foll…, » Néphy avait essayé de lui parler quand des pas avaient soudain commencé à s’approcher d’elle depuis le couloir. Elle se tourna vers eux et dit. « Mlle Lilith ? »

C’était le succube. Et, comme Néphy l’appelait, elle avait approché.

Maintenant que j’y pense, j’ai fini par la menacer plus tôt… La jeune fille semblait plutôt arrogante, mais cela n’excusait pas le fait qu’elle la traitait plutôt mal.

« Oh, euh, vous êtes… l’amoureuse de Zagan ? Et sa fille… n’est-ce pas ? » Lilith leur parla alors qu’elle commençait à reculer timidement. Néphy devint timide lorsqu’on l’appela son amoureuse, et elle se couvrit involontairement le visage, Lilith continua. « E-Euh, j’ai fait appel… pour qu’il y ait une enquête sur la malédiction… Les anciens ont promis de mettre leur cœur en coopération, donc je pense qu’une réponse devrait venir… bientôt… »

« Merci beaucoup. Désolée pour tout à l’heure, » déclara Néphy.

« Faites-vous semblant d’être des bébés ? » Foll les appela avec découragement alors qu’elle prenait connaissance de leurs bégaiements constants.

« Je m’excuserai si j’ai tort, mais vous êtes sa fille… non ? » demanda Lilith en regardant Foll avec un sentiment clair de confusion dans les yeux.

« Hmm. Zagan est mon papa. »

« Ne voulez-vous pas dire ça d’une façon indécente, n’est-ce pas ? » demanda Lilith.

« Comment ça pourrait être indécent ? » demanda Foll.

« Pouvez-vous utiliser le mot “papa” d’une manière indécente ? » demanda Néphy.

Foll fixa Lilith d’un regard vide, et même Néphy ne comprenait pas non plus ce qu’elle disait, alors elle pencha la tête sur le côté.

« Je-je-je ne sais rien ! » s’exclama Lilith en scellant sa bouche d’un air agité.

« Si vous le dites… On a parlé de la malédiction tout à l’heure, n’est-ce pas ? Foll avait à l’origine à peu près le même âge que le Maître Zagan semble avoir maintenant, » Néphy avait répondu à cette question que Lilith n’avait même pas posée.

« J’ai entendu ça, mais vous n’êtes pas humain, n’est-ce pas ? Si vous êtes sa fille alors que vous êtes d’une race différente, cela signifie-t-il que vous avez été adoptée ? » demanda Lilith.

« Oui… J’ai été laissée toute seule après la mort de mon père, alors Zagan est devenu mon père, » expliqua Foll avec un signe de tête en réponse à la perplexité de Lilith.

« Vous devez être d’une espèce assez rare si un Archidémon vous a adoptée…, » déclara Lilith.

« Oui, je suis un dragon, » déclara Foll.

« Hein… ? » Lilith s’était figée quelques instants, puis avait continué : « Hein, un dragon ? Ceux qui pensent que tous les êtres vivants sont des proies et se tiennent au sommet de tous les prédateurs ? Les terreurs du ciel qui font même fuir des démons ? Ces monstres à égalité avec les dieux qui peuvent facilement massacrer tout et n’importe quoi ? Voulez-vous dire ce dragon ? »

Cette description était ridicule. Qu’est-ce que c’était que les dragons dans l’esprit de cette fille ? Foll se leva et leva les deux mains.

« Grrrrr, je vais vous manger ! » rugit Foll en se levant et en levant les deux mains.

« EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ! » Lilith cria, trembla violemment, et tomba derrière Néphy en réponse. Et, après avoir vu cette réaction, Néphy regarda Foll avec émerveillement.

« Allons, Foll. N’es-tu pas désolée de la taquiner ? » demanda Néphy.

« Je ne pensais pas qu’elle aurait si peur…, » marmonna Foll. Lilith frissonnait encore intensément derrière Néphy.

« Ce n’est pas grave. Pour l’instant, je n’ai pas faim. Je ne mangerai personne, » déclara Foll.

« Il y a quelque chose qui ne va pas avec la façon dont vous le dites ! » Lilith cria encore une fois, mais elle ne pensait pas sérieusement que Foll était son ennemie, alors elle se jeta nerveusement dans le dos de Néphy.

« Quel genre de légendes sur les dragons sont transmises à Liucaon ? » demanda Néphy.

« Voyons voir… Pour nous, c’est surtout la bataille entre le Dragon Sage Orobas et le Dragon Noir Marbas. C’est l’une des histoires écrites dans les aventures du Roi aux yeux d’argent, mais la grandeur et la terreur des dragons ont été transmises avec cette légende, » expliqua Lilith en baissant sa garde.

« Je veux entendre cette histoire ! » demanda Foll en bougeant en raison de l’excitation en entendant le nom de son père. Lilith avait gonflé sa poitrine avec fierté et avait sorti une petite lyre de nulle part.

« Je suppose que je n’ai pas le choix ! Considérez cela comme un honneur ! Ma chanson est généralement réservée aux membres de la royauté ! » proclama Lilith. Son attitude ne permettait pas de savoir si elle le faisait à contrecœur ou par pure joie.

« Quelque temps après que le Roi aux Yeux d’Argent eut vaincu le Dieu Grotesque, le Dragon Noir Marbas foula les terres de Liucaon. Ainsi, notre roi aux yeux d’argent se mit à subjuguer la bête. Au cours de son voyage, il survola dix montagnes et parcourut une centaine de rivières, pourchassant le Dragon noir sur des milliers de kilomètres. Finalement, il finit par rattraper son retard, mais à ce moment-là, son voyage avait duré plus d’un an. »

La chanson de Lilith n’était pas tant une chanson qu’un conte accompagné de la mélodie de sa lyre. C’était une forme d’art qui commençait à s’estomper, tout comme la mystique céleste de Néphy et le chant de Selphy.

Est-ce la raison pour laquelle Mlle Alshiera nous a dit de demander à Mlle Lilith à ce sujet ? Peu importe la raison, Foll l’écoutait attentivement avec des étincelles dans les yeux, ce qui était suffisant.

« Et ayant atteint le Dragon Noir Marbas, notre roi s’affligea, “Oooh, pourquoi Marbas !? Pourquoi toi, qui t’es vaillamment battu à mes côtés pendant de nombreuses batailles, massacrerais-tu des innocents ?” Car vous voyez, le Roi aux yeux d’argent et le Dragon noir Marbas étaient des amis jurés qui avaient combattu le Dieu Grotesque ensemble. »

Le Dragon Noir n’avait pas répondu, alors ils s’étaient battus. Selon sa chanson, le Roi aux Yeux d’Argent avait essayé de l’arrêter, mais Marbas était incroyablement puissant, et le Roi aux Yeux d’Argent ne pouvait se résoudre à blesser son ancien allié. La bataille fit rage pendant trois jours et trois nuits, se terminant par la défaite du roi aux yeux d’argent. Mais la chanson de Lilith ne s’arrêta pas là.

« Et ainsi, le Dragon noir déclara : “Oh, Yeux d’argent. Ta silhouette est devenue celle d’une bête inesthétique. Tu ferais bien de continuer à vivre, piégé dans ta pitoyable silhouette. Pauvre, pauvre, pauvre, Yeux d’Argent !” Le Dragon noir jeta une malédiction sur le roi, et le roi fut transformé en monstre. »

Une malédiction qui transforme sa silhouette… Néphy fut surprise d’entendre le mot malédiction, mais assez tôt, les engrenages se mirent à tourner dans sa tête. Ça aurait pu être un indice sur la façon de résoudre le problème de Zagan et Foll ?

« C’est ainsi que le roi se tourna vers le Dragon Sage Orobas. Avec l’apparence d’une bête, le roi était incapable de descendre vers les habitats humains, et son voyage dura encore trois ans. »

Il semblait qu’il était enfin temps pour Orobas d’apparaître. Cette connaissance avait permis à Foll de se redresser et de hocher la tête à plusieurs reprises.

« Alors le Sage Dragon dit. “Ô yeux d’argent, la seule chose qui peut dissiper ta malédiction est le baiser d’une jeune fille qui ne connaît rien de l’impureté.” Hélas, la silhouette du roi était celle d’une bête inesthétique ! Qui l’aimerait tel qu’il était ? »

Après cela, le Roi aux Yeux d’Argent se déplaça selon les conseils d’Orobas, et demanda un baiser à une fille aveugle qu’il avait sauvée et nourrie. Cependant, quand ils s’étaient approchés, elle avait découvert qu’il était une bête. Heureusement, la jeune fille croyait au Roi aux yeux d’argent et ils avaient échangé un baiser, ramenant le roi à sa forme humaine. Par la suite, il avait une fois de plus défié le Dragon Noir Marbas aux côtés du Dragon Sage Orobas.

« Chevauchant le dos du Dragon Sage, le roi poursuivit sa lutte pendant sept jours et sept nuits. Les deux nouveaux alliés s’étaient retrouvés lourdement blessés, et au moment où leur volonté s’estompa, les crocs d’Orobas ont finalement percé le cou de Marbas ! »

Alors même que la bataille touchait à sa fin, le Dragon Noir Marbas est resté en vie. Le Roi aux Yeux d’Argent essaya de lui sauver la vie, mais Marbas utilisa le dernier de ses pouvoirs pour lancer une attaque, et le roi fut forcé de porter le coup final avec son épée. On disait que Marbas ne ressentait plus de joie lorsqu’il passait d’une bataille à l’autre, alors il se tourna vers des atrocités pour trouver de nouvelles formes de plaisir. Et quand le Roi aux Yeux d’Argent mit fin à son règne de terreur, le Dragon Marbas le remercia au moment où il fit sortir son dernier souffle. Le roi aux yeux d’argent avait alors compris qu’une main ferme était nécessaire pour guider son peuple, et l’histoire se termina par l’ambition du roi d’être un chef à la fois bon et strict.

C’est une histoire plutôt triste… Même si le roi aux yeux d’argent et le dragon noir Marbas étaient les amis les plus proches, il avait dû le tuer.

« Ouf… Comment était-ce ? » Lilith essuya la sueur de son front et sourit d’oreille à l’autre pendant qu’elle terminait sa chanson.

« Wôw… Père était cool, » déclara Foll.

« Hein ? Père ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Lilith en penchant la tête sur le côté.

« Le père de Foll était l’estimé Dragon Sage Orobas qui était dans cette chanson, » répondit Néphy avec un sourire tendu.

« QUOI !? » Lilith sauta de surprise, mais Néphy ne s’en rendit pas compte lorsqu’elle commença à détourner les yeux vers l’horizon.

« Un baiser… peut-il vraiment dissiper une malédiction ? » demanda Néphy.

« Eh bien, c’est assez courant dans les histoires… Il y en a une sur un prince qui s’est transformé en grenouille redevenue normale grâce à un baiser, et une sur une belle endormie qui s’est réveillée par un baiser… »

« Zagan a dit que les baisers sont très spéciaux dans la sorcellerie, » ajouta Foll d’un signe de tête.

« Je vois… Malheureusement, je ne suis pas très familière avec de telles histoires, » déclara Néphy.

« Quel gâchis ! Mais je suis aussi jalouse ! » s’exclama Lilith en secouant vigoureusement la tête avec chagrin.

« Êtes-vous jalouse de moi ? » demanda Néphy.

« Ouais ! Vous pouvez profiter des histoires sans aucune connaissance préalable. Les histoires sont plus amusantes quand on ne connaît pas la fin. Il n’y a rien de mieux que ça, » déclara Lilith.

Je vois. Mais c’est intéressant. Ce n’en est pas quelque chose que j’aurais pu voir de mon point de vue… Néphy avait juré de penser à tout sous un jour optimiste, mais elle avait l’impression d’être confrontée à son inexpérience.

Si par hasard, un baiser peut dissiper une malédiction… Néphy avait essayé de toucher ses propres lèvres pendant qu’elle avait cette pensée. Puis, elle avait imaginé les lèvres de Zagan se refermant sur les siennes.

Comme c’est audacieux ! Est-ce que le Maître Zagan… permettrait un tel acte… ? Le cœur de Néphy battait la chamade. Et voyant cela, Lilith pencha la tête sur le côté.

« Est-ce que ça va ? Vos oreilles sont rouge vif, » déclara Lilith.

« Je… Je vais bien ! »

Logiquement, il n’y avait aucune chance qu’une malédiction que deux Archidémons avaient renoncé à dissiper puisse être résolue avec un seul baiser. Si c’était si facile, Zagan l’aurait testé tout de suite. Ainsi, Néphy avait chassé ses folles illusions de sa tête dans un état d’agitation.

« Vous êtes bien informée, Mlle Lilith. La plupart des succubes sont-elles très familières avec de telles chansons ? » Néphy interrogea la jeune fille pour essayer de changer de sujet, mais Lilith la regarda avec une expression un peu amère.

« Les chants des succubes ne sont pas si spéciaux. Le chant de Selphy est bien meilleur, mais… »

« Hmm ! Si c’est quelque chose dans laquelle je ne devrais pas fouiner, alors s’il vous plaît oubliez que j’ai même demandé, » Néphy avait bougé pour retirer sa question quand elle avait senti la tension dans l’air, mais Lilith avait secoué sa tête.

« Non. Ce n’est pas grave. Comment le dire… ? C’est parce que c’est quelque chose que Lady Alshiera m’a appris…, » déclara Lilith.

Foll et Néphy la regardèrent avec surprise en entendant cela.

« Par Lady Alshiera, vous voulez dire celle de tout à l’heure ? » demanda Néphy.

« Ouais. Quand Selphy et Kuroka ont disparu, elle m’a réconfortée en m’apprenant à chanter. C’est la seule fois où elle a fait quelque chose pour moi sans demander de compensation, » déclara Lilith.

Si c’était le cas, alors qui était exactement cette fille qu’ils viennent de rencontrer ?

Elle… semblait un peu seule…

Elle était comme Zagan quand Néphy l’avait rencontré pour la première fois, tout comme Néphy elle-même quand elle avait décidé de tuer ses émotions. Plusieurs jours s’écoulèrent sans qu’ils n’aient jamais l’occasion de la revoir.

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Un commentaire :

  1. PS : Le Site en question est en Anglais. et les volumes restants sont les volumes 7,8 et 9. le 6 vous y êtes déjà en fait *sueur*

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