Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 6 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j’ai rétréci. Et maintenant ?

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Chapitre 2 : Ma mignonne fille a grandi et j’ai rétréci. Et maintenant ?

Partie 1

« Ça fait longtemps, jeune homme. »

Il déclara ça en regardant le petit vieillard debout sous ses yeux. Non, le vieux n’était pas si petit que ça. C’était juste qu’il était beaucoup trop grand. Il était assez grand pour enjamber facilement ce vieil homme, ce qui le rendait clairement plus grand que tout être humain. C’était une pensée qui lui passait par l’esprit alors que sa conscience était dans la brume. C’était un rêve. Et dans ce rêve, il était devenu quelqu’un d’autre.

On pouvait apercevoir un léger sourire à travers le trou dans le capuchon du vieil homme.

« Je suis sûr que tous les humains ressemblent à des enfants de ton point de vue, mais c’est étrange d’être appelé jeune homme à mon âge. Tu n’aimerais pas non plus qu’on te traite de lézard géant, n’est-ce pas ? »

Et il souleva un rire chaleureux en réponse au cynisme du vieil homme.

« Hahahaha, tu es le seul qui ose me parler d’une manière aussi frivole… Allons, il n’y a pas besoin de s’offusquer d’une plaisanterie aussi triviale. »

Le vieil homme poussa un petit soupir en réponse à son attitude ravie.

« Et tu es à peu près le seul qui peut encore me faire soupirer… En tout cas, ça fait un millier d’années depuis, hein ? »

Les paroles du vieil homme lui avaient piqué le cœur. Il se sentait seul, et le seul qui pouvait comprendre ce sentiment était ce vieil homme. Cependant, il avait simplement plissé ses yeux.

« En parlant de mille ans, j’ai trouvé une fille qui lui ressemblait beaucoup l’autre jour, » déclara le vieil homme comme s’il se souvenait de quelque chose.

« Hm… Cela pourrait-elle être… une haute elfe ? »

« Ouais. C’est un cas d’atavisme. Malgré tout, cette fille a de magnifiques cheveux blancs. Au cours des mille dernières années, “elle” a été la seule à pouvoir se comparer à un tel niveau de pureté. Nos jeunes semblent vouloir en savoir plus sur elle, alors j’ai fini par l’abriter. »

En écoutant le vieil homme, il ferma les yeux, se délectant de sa nostalgie. Ce qui lui était venu à l’esprit, c’était l’image d’un garçon humain, d’un homme et d’une fille. C’était un très vieux souvenir, donc leurs visages et leurs vêtements étaient tous flous. On ne savait pas exactement ce qu’ils étaient pour lui, mais ils étaient restés dans son cœur jusqu’au point où le simple fait de penser à eux le rendait heureux. C’est pourquoi il ne riait pas des actions du vieil homme, mais hochait la tête en ressentant du bonheur.

« J’aimerais la rencontrer au moins une fois. Je n’ai pas eu l’occasion d’échanger des mots avec elle il y a mille ans. »

« Ce serait bien si tu le pouvais. Il semble qu’elle a besoin d’être sauvée. Cependant, je ne suis malheureusement pas très bien adapté à une telle chose. »

« De telles questions gênantes. »

« N’est-ce pas vous, les dragons, qui guidez l’humanité ? »

Il poussa un gémissement en entendant la réponse du vieil homme. Et puis, après une courte pause, il avait tranquillement levé son visage.

« Si je possédais un tel pouvoir, cela ne serait jamais arrivé. »

Lui et le vieil homme regardèrent au loin où le monde commençait à se déformer. Ce qui ne devrait pas exister essayait de se manifester dans le monde. Et voyant cette vue, le vieil homme forma à nouveau un léger sourire.

« Tu peux sûrement les guider. C’est pourquoi Salomon, “elle” et moi étions tous heureux. C’est précisément pour cela que nous étions désespérés, et avons donc lutté contre eux, » déclara le vieil homme, sa voix chargée de gratitude. Puis, il lui avait demandé. « Maintenant que j’y pense, tu as eu une fille, n’est-ce pas ? Est-elle en bonne santé ? »

« Ce n’est qu’une fille qui vient d’apprendre à marcher. Cependant, elle sera un jour le dernier dragon de ce monde. Ça me fait penser que j’ai peut-être fait quelque chose de cruel. »

« Le dernier dragon…, » marmonna le vieil homme avant de continuer sur un ton affectueux, « J’aimerais aussi rencontrer cette enfant. »

« Alors il en est de même de mon côté. Te rencontrer serait une bonne occasion pour elle d’apprendre à connaître le monde, » déclara le dragon en levant les yeux silencieusement et en regardant la distorsion devant eux. Puis, il parla d’une voix lugubre, déclarant : « Azazel est brisé, et nous n’avons même pas la moitié des épées sacrées ici. Le seul Emblème de l’Archidémon que nous possédons est celui sur ta main. Ça ne se passera pas comme il y a mille ans. » Et malgré tout cela, il avait souri en disant. « Mais c’est un bon jour pour mourir. »

Le vieil homme avait ouvert la bouche en raison de la surprise, puis fit un rire. « Jusqu’à notre prochaine rencontre, Sage Dragon Orobas. »

« J’ai hâte de rencontrer cette haute elfe qui lui ressemble beaucoup, Archidémon Marchosias. »

C’était une scène un peu avant que Zagan et Néphy ne se rencontrent pour la première fois. C’était un souvenir perdu que personne au monde ne connaissait.

***

Partie 2

« Je me demande ce que cela signifie ? » demanda Néphy. Sa voix était habituellement faible, et pourtant maintenant elle sonnait fort comme le tonnerre. Au premier coup d’œil, il ne semblait même pas y avoir un soupçon de colère sur le visage de Néphy. On pourrait même dire qu’elle souriait par rapport à son moi sans expression habituel. Et pourtant, Foll et Gremory, qui devaient s’agenouiller devant elle, se recroquevillaient toutes les deux.

« … Désolée. »

« Vous avez tout faux, Lady Néphy. Je n’avais rien d’autre que d’agir avec les meilleures intentions… Oui, je suis vraiment désolée… »

 

 

Ils étaient actuellement dans la salle du trône. Néphy était partie à la recherche de Zagan et des autres quand ils ne s’étaient pas présentés au petit déjeuner, et après avoir découvert Zagan dans son état d’enfant, elle avait commencé à interroger les deux coupables, Gremory et Foll. Elle était actuellement assise au sommet du trône de Zagan à sa place, regardant les deux avec un sourire froid… Cependant, le sol à ses pieds s’était soudain couvert de mousse. Le mysticisme de Néphy semble s’être activé quand elle s’énervait. Il n’était même pas nécessaire de demander maintenant, puisqu’il était clair qu’elle était de mauvaise humeur.

Je n’avais pas vu Néphy aussi en colère depuis longtemps…, juste après que Zagan et Néphy se soient rencontrés, ils avaient été attaqués par les Chevaliers Angéliques et Zagan avait été blessé dans la bataille. C’était la première fois que Néphy utilisait le mysticisme devant lui. Ce n’était pas aussi grave que cette fois-là, mais sa colère était encore palpable.

Honnêtement, je ne voulais vraiment pas qu’elle me voie comme ça…, le pire cauchemar de Zagan s’était réalisé. Il y avait des choses sur son passé qu’il ne voulait pas qu’elle sache parce qu’il l’aimait. Il n’avait pas vraiment vécu une vie honnête à l’époque, alors le fait d’avoir un souvenir aussi frappant de son passé sur son visage lui faisait mal.

Foll ne pouvait plus porter sa robe habituelle, alors elle empruntait des vêtements de Gremory. Malheureusement, ils étaient un peu trop provocateurs, car c’était les vêtements que Gremory portait lorsqu’elle était retournée dans la force de son âge. En la regardant, il était clair que Foll était une femme de dix-huit ans. Zagan, d’un autre côté, n’en avait même pas l’air. Il semble que leurs âges aient été échangés. Ou du moins, leur âge physique, en tout cas, puisqu’il était difficile de comparer l’espérance de vie d’un dragon à celle d’un humain.

D’ailleurs, Gremory avait bien compris qu’elle ne pouvait pas essayer de tromper Néphy en prenant la forme d’une vieille femme ou d’une petite fille et qu’elle lui faisait sérieusement face dans sa forme première, mais son visage était trempé de sueur. Entre Foll et Gremory, il semblait que Gremory serait la première à s’effondrer complètement si cela continuait, alors Zagan s’était éclairci la gorge avec une toux.

« Hum, Néphy… ? Ce n’est pas comme si Gremory faisait l’imbécile, d’accord ? C’est aussi ma faute, puisque je n’ai pas bien contrôlé l’Emblème de l’Archidémon, alors ne sois pas trop en colère… » Zagan l’avait implorée d’avoir pitié d’elles. Même s’il avait hésité à couper dans la conversation au début. Et, alors qu’il essayait d’agir comme médiateur, Néphy l’avait serré dans ses bras.

« Mais que le Maître Zagan devienne si adorable… si petit comme ça…, » déclara Néphy.

« Qu’allais-tu dire tout à l’heure ? En fait, peux-tu aussi me reposer sur le sol ? » demanda Zagan. Même lui en était réduit à se plaindre dans une telle situation. C’était parce que Néphy le tenait dans ses bras comme une poupée en peluche et ne voulait pas lâcher prise. Zagan avait d’abord pensé à se cacher. Cependant, lorsqu’il avait été pris dans cette forme disgracieuse par la personne à qui il voulait le plus le cacher, il s’était figé sur place. Finalement, il s’était réveillé… et ça avait fini comme ça.

D’ailleurs, il n’y avait pas de vêtements pour enfants dans le château, alors Zagan portait toujours sa robe maintenant ample. À cause de cela, il était incapable de bouger correctement, et ne pouvait même pas s’échapper des genoux de Néphy. Regardant cette scène, Gremory s’était plaqué la poitrine et lui avait montré son pouce.

« Hnnngh, belle masse d’amour —, Erk, n-non, c’est rien, » déclara Gremory.

Pourquoi cette grand-mère n’avait-elle pas pu apprendre sa leçon ? Gremory fut réduite à un désordre tremblant alors que Néphy la regardait d’un regard froid qui ressemblait à une dague de glace. Le plus effrayant, c’est que Néphy souriait encore tout le temps, ce qui avait même fait transpirer Zagan.

Quoi qu’il en soit, elle savait que la situation ne serait pas résolue même s’ils continuaient à intimider Gremory, alors Néphy s’était pincé le front en allant droit au but.

« … D’après ce que j’ai compris, vous êtes incapable de ramener le Maître Zagan à la normale, n’est-ce pas ? » demanda Néphy. Tous les trois avaient accompli un rituel pour aider Foll à vieillir. Le fait que Zagan soit également devenu plus jeune avait été un effet secondaire imprévu. Quand le mana sortait du contrôle des circuits et qu’il devenait sauvage, il se transformait souvent en une « malédiction » qui différait en nature de la sorcellerie. Dans un tel cas, même la capacité de Zagan à dévorer la sorcellerie ne pouvait l’annuler. Normalement, quiconque possédait autant de mana qu’un Archidémon ne serait pas maudit, mais…

« Le pouvoir de mon seigneur et de Lady Foll est devenu fou en même temps. C’est déjà quelque chose qui sort du domaine de la sorcellerie. Je ne peux pas le ramener à la normale avec mon pouvoir… Si je dis que c’est une situation où un dragon et un Archidémon ont collaboré pour jeter une malédiction, est-ce que vous comprenez ? » demanda Gremory avec une expression d’humiliation.

« Une malédiction… » marmonna Néphy. Quand on regardait dans le village elfique caché, Néphy avait été mise au ban de la société comme une enfant maudite, de sorte que cette parole avait fait trembler son corps.

Même Gremory a l’air déprimée…, normalement, elle ne faisait que déconner sans se soucier de rien, mais il n’y avait toujours pas d’erreur sur le fait qu’elle était une sorcière puissante. Non seulement sa sorcellerie spécialisée s’était déchaînée, mais elle n’avait pas réussi à remettre les choses en ordre. Cela avait vraiment dû être humiliant pour — .

« Même si j’ai apporté une telle démonstration de puissance d’amour, je ne peux même pas la reproduire ! Quelle humiliation ! » déclara Gremory.

« Mlle Gremory, » déclara Néphy, sèchement.

« … Désolée. Je plaisante, je plaisante. Je me consacrerai corps et âme à trouver un moyen d’y remédier, » répondit Gremory. La voix sans émotion de Néphy avait réduit Gremory à se prosterner sur le sol, suppliant pour le pardon. Néphy, par contre, avait l’air d’avoir mal à la tête et se pinçait à nouveau le front.

« Pour l’instant, expliquez ceci d’une manière que même un amateur comme moi comprendrait, » demanda Néphy. Il était tout à fait naturel que Gremory n’ait rien pu faire d’autre que de faire des bruits incohérents avec Néphy dans cette position, alors Foll avait parlé en son nom.

« Zagan ne voulait pas me donner de pouvoir parce que je suis petite, ce qui m’a fait décider de grandir. Mais nous n’avions pas assez de pouvoir avec Gremory et moi, alors j’ai demandé à Zagan de nous aider, » déclara Foll.

Néphy avait l’air troublée, apparemment sans savoir comment réagir au fait que sa fille était maintenant plus grande qu’elle.

« Et puis nous avons échoué, et c’est arrivé, » déclara Foll en tenant le dos de sa main droite. L’Emblème de l’Archidémon que Zagan possédait flottait sur le dos de la main droite de Foll. Cependant, il baissa les yeux et aperçut que le sceau tissé de mana était toujours là. Celui sur la main de Foll était le même alors qu’il était tissé avec du mana, mais c’était plus comme une tache de naissance qu’autre chose.

« C’est probablement ce qu’on appelle un stigmate. Depuis que j’ai créé un lien pour partager le mana avec Foll, le sceau a été transcrit sur sa main, » déclara Zagan.

« Un stigmate… ? » dit Néphy en penchant la tête sur le côté.

« C’est un phénomène où ta cicatrice apparaît sur quelqu’un d’autre comme si c’était la sienne. On dirait qu’ils les traitent comme quelque chose de sacré dans l’Église, mais c’est troublant quand ils apparaissent sur les sorciers. Si elle est mal gérée, il est tout à fait possible qu’une fois que l’un d’entre nous meurt, l’autre doive suivre le voyage… Cela dit, le lien que j’ai ouvert avec Foll est à sens unique. S’il y a des effets, ils ne seront probablement transférés que de moi à elle, » répondit Zagan.

« Pourrait-il être... C’est ça, cette sensation de chaleur sur mon dos ? » demanda Foll en regardant autour d’elle dans la confusion.

« Ah, c’est probablement le cas, » répondit Zagan. Comme Zagan était assis sur les genoux de Néphy et qu’il ne pouvait pas s’échapper, une sensation indescriptible agréable lui parcourait le dos. La raison pour laquelle il n’avait pas pu se calmer, c’est parce qu’il avait remarqué les choses qui s’insinuaient en lui.

« Quoi qu’il en soit, mon mana coule actuellement vers Foll sans aucune restriction. C’est probablement la cause de ce ridicule échange d’âge. C’est logique, puisque tout ça s’est mal passé pendant le rituel de Gremory, » déclara Zagan.

Le problème central était la stigmatisation du sceau que Foll leur montrait. Le corps de Foll avait grandi, mais ce n’était pas comme s’il y avait eu un effet sur son esprit, donc son explication était un peu manquante. Et après que Zagan eut complété son explication, Néphy acquiesça d’un signe de tête convaincu.

« Nous avons utilisé l’Emblème de l’Archidémon pour amplifier une sorcellerie qui à l’origine n’avait aucun effet sur un dragon. C’est mon insouciance qui lui a permis de devenir comme ça. C’est inutile de blâmer Gremory pour l’instant, » déclara Zagan.

« … Mon seigneur. N’êtes-vous pas étrangement fixé sur ce point ? Ce n’est pas comme si j’étais la seule à être blâmé ici, » demanda Gremory. Cependant, Zagan avait complètement ignoré sa voix particulièrement mécontente et avait continué son explication.

« Je suis venu à la salle du trône parce que je pensais que si je récupérais certains de mes pouvoirs, je pourrais trouver une solution, mais… eh bien, il semble que ça ne marchera pas, » déclara Zagan.

Il y avait d’innombrables barrières qui renforçaient les pouvoirs de Zagan autour de son domaine. Et l’endroit où son pouvoir était le plus renforcé était sa salle du trône, mais il semblait que la situation était beaucoup plus difficile qu’il ne le pensait au départ, puisque son retour ici n’avait rien changé.

Néphy écoutait attentivement son explication, mais elle ne savait pas qu’elle caressait la tête de Zagan pendant tout ce temps. De plus, il avait trouvé cela réconfortant de façon inattendue et ne lui avait pas non plus dit sans ménagement d’arrêter.

J’ai l’impression de comprendre un peu mieux Foll maintenant… Être traité comme un enfant aurait dû être vexant, mais il y avait quelque chose de tellement confortable face à quoi il n’avait pas pu résister.

« Attendez, cela signifie-t-il que vos pouvoirs se sont affaiblis, Maître Zagan ? » fit remarquer Néphy, complètement décontenancée.

« Hmm…, » chuchota Zagan en levant l’index jusqu’aux lèvres, puis dit : « Eh bien, oui, je ne suis plus aussi puissant qu’avant. Par exemple, si je devais reconstruire la barrière autour de ce château, cela prendrait plusieurs jours au lieu de plusieurs minutes. Et en ce moment, je ne suis peut-être même pas capable de dévorer la sorcellerie en fonction des capacités de mon adversaire. »

***

Partie 3

Comme il l’était, même le Phosphore du Ciel qu’il avait l’intention d’enseigner à Foll était hors de portée. Ils ne pouvaient pas permettre qu’un tel fait soit connu des autres, alors Néphy s’était couvert la bouche en pleine panique. Heureusement, les seuls présents ici étaient Zagan, Néphy, leur fille Foll et Gremory. Gremory était un fidèle serviteur de Zagan, il pouvait donc affirmer qu’elle ne voulait pas en parler à d’autres. Cela dit, cela n’avait pas changé le fait que Zagan se trouvait dans une position plutôt périlleuse.

« Maître Zagan…, » Néphy murmura d’une voix affligée, puis pencha la tête sur le côté comme si un certain doute lui venait à l’esprit avant de dire. « Si la source de cet incident est le sens unique, pourquoi ne pas le changer pour aller dans les deux sens ? »

Eh bien, même s’ils ne s’embrassaient pas sur les lèvres, ils pourraient obtenir le même résultat si Foll embrassait le front ou la joue de Zagan pour ouvrir l’autre voie. Cependant, Gremory secoua simplement la tête.

« Ne l’ai-je pas déjà dit ? C’est une malédiction, pas un simple dysfonctionnement. En vérité, le fait que le flux de mana n’est qu’à sens unique peut être précisément ce qui l’empêche de s’aggraver. Nous risquons de déséquilibrer la situation si nous agissons trop rapidement, » répondit Gremory.

« Que se passerait-il si nous le faisions ? » demanda Néphy.

« Dans le pire des cas, Zagan pourrait mourir, » déclara Gremory.

Néphy avait dégluti, puis elle serra Zagan plus fort.

Je ne peux pas lui en vouloir. Je ferais exactement la même tête si quelqu’un me disait que Néphy était en grand danger…

« En d’autres termes, c’est complètement différent de quand je suis devenue plus petite… non ? » Néphy laissa sortir ces mots d’une voix tremblante.

« Bien que je regrette de le dire, vous avez raison, » déclara Gremory.

À l’époque où Néphy fut transformée en enfant, tous les aspects de la sorcellerie étaient sous le contrôle total de l’Archidémon Orias. En ce sens, c’était sans danger.

Et alors qu’il réfléchissait à de telles choses, une pensée lui vint à l’esprit.

Hm ? Orias est le professeur de Gremory, non ? En d’autres termes, Orias et Gremory utilisaient la même sorcellerie, et en tant qu’Archidémon, le pouvoir et l’expérience d’Orias étaient à un tout autre niveau. C’était elle qui avait fait de Néphy une enfant auparavant, et son pouvoir englobait à la fois la sorcellerie et le mysticisme. Il lui serait possible de faire quelque chose contre cette malédiction gênante. Gremory semblait également avoir réalisé cette possibilité et regarda fixement Zagan dans les yeux.

« Voyons voir… Et si on se fiait à ton professeur ? » demanda Zagan.

« Je vais essayer de la contacter, » déclara Gremory.

« Maître Zagan, connaissez-vous le professeur de Mlle Gremory ? » demanda Néphy, étonnée par leur échange.

« Hein ? Ah…, » Zagan était à court de mots en réalisant que sa déclaration était plutôt imprudente.

Merde. Si je lui dis que je vais compter sur Orias, Néphy me suivra. Même maintenant, elle l’enlaçait si fort qu’il était clair qu’elle ne voulait jamais le laisser partir. Il n’était pas question qu’elle le laisse voyager seul dans son état actuel.

Orias était la vraie mère de Néphy. Cependant, les souvenirs de Néphy de ce fait étaient flous, et elle ne connaissait toujours pas la vérité. Zagan l’avait rencontrée par hasard l’autre jour, mais à cause de la dispute avec l’Archidémon Bifrons, ils s’étaient séparés pour le moment.

C’est pourquoi Zagan ne voulait pas que leurs retrouvailles se déroulent dans de si sombres circonstances. Et pendant qu’il se creusait la tête pour trouver une solution au problème, Gremory secoua la tête d’une manière grave.

« Mon maître est aussi un Archidémon, donc mon seigneur l’a déjà rencontrée dans le passé. Cependant, il vaut peut-être mieux que vous ne la rencontriez pas, Lady Néphy, » déclara Gremory.

« Pourquoi est-ce que c’est comme ça ? » demanda Néphy.

« Ne l’ai-je pas déjà dit ? Elle est ma professeur. Le même professeur qui m’a inculqué l’essentiel du pouvoir de l’amour. Une haute elfe comme vous, qui est pleine de pouvoir d’amour, ne peut pas se rapprocher d’elle en toute sécurité, » déclara Gremory.

« Eeek... » cria Néphy, apparemment à court de mots.

Hé ! Arrête ça ! Ce sera encore plus compliqué quand Néphy et Orias se reverront ! Cependant, ils avaient maintenant une raison de garder Néphy à distance. Et même si cela lui faisait beaucoup de peine de le faire, Zagan fit un léger signe de tête pour confirmer la déclaration de Gremory.

« … Tu as tout à fait raison. Même moi, je peux imaginer ce qui se passerait si cet Archidémon rencontrait Néphy, » déclara Zagan, ce qui signifiait qu’il pouvait imaginer les retrouvailles réconfortantes entre mère et fille.

« Est-ce acceptable que ce genre d’individu rencontre Maître Zagan alors qu’il est sous cette forme adorable ? » Néphy ajouta cela timidement.

« Hein ? Euh, je me demande… ? Mon professeur ne s’intéresse pas à l’humanité, alors je pense que ça devrait aller, » déclara Gremory.

Hé ! Ne sois pas inquiète ! Et Néphy, ne me traite pas d’adorable ! Zagan croyait qu’Orias était une personne parfaitement respectable. Il n’avait aucune confiance qu’il pourrait rendre hommage à cette vieille femme si elle commençait à dire des choses que Gremory disait souvent comme le pouvoir de l’amour. Et bien qu’elle soit devenue pâle à la suite de toutes ces discussions, Néphy avait quand même fait preuve de sa volonté.

« Parlons de toutes nos options. Que pensez-vous quant à la façon de ramener Maître Zagan à la normale ? » demanda Néphy.

« Comme je l’ai dit, compter sur mon professeur est notre première option. Ma sorcellerie de manipulation de l’âge est quelque chose que mon professeur a développé, donc elle serait la mieux placée pour m’aider, » déclara Gremory en levant le doigt pour commencer à compter les options. Quand elle avait soulevé son deuxième doigt, elle avait dit. « L’étape suivante est de rompre d’une manière ou d’une autre le lien qui a été créé plus tôt. Cependant, cela comporte un risque similaire à celui de reconnecter le lien, puisqu’il est possible de provoquer une nouvelle explosion de mana qui pourrait mettre en danger leurs vies respectives. On peut penser que c’est une option, mais ce devrait être notre dernier recours. »

Néphy retenait son souffle en hochant la tête, et Gremory leva un troisième doigt en réponse.

« Enfin, nous pouvons compter sur les techniques d’un autre continent, » déclara Gremory.

« Un autre continent… ? » demanda Néphy.

Gremory hocha simplement la tête lorsque Néphy inclina la sienne sur le côté.

« Toute la sorcellerie de ce continent a la même racine. Rien d’autre ne peut être fait si mon professeur n’est pas capable de le ramener à la normale. Cependant, le pouvoir qui diffère de la sorcellerie existe sur l’île de Liucaon. C’est la raison pour laquelle il est utile de nous concentrer davantage sur cette question, » déclara Gremory.

« Dans ce cas, ne peut-on pas faire quelque chose avec le mysticisme de Nephteros ou même avec le mysticisme céleste ? » répondit Néphy.

« Peut-être, mais je pense que c’est peut-être difficile. Le mysticisme est certainement puissant, mais vous et Nephteros n’en avez pas le contrôle total. Quant au mysticisme céleste…, » Gremory hésita à parler davantage. Cependant, Zagan et même Foll avaient compris ce qu’elle essayait de dire. C’était la raison pour laquelle sa fille maintenant adulte avait hésité en ouvrant la bouche pour parler.

« J’ai l’impression que… le mysticisme céleste est une puissance qui n’existe que pour la bataille…, » déclara Foll.

Dans un combat, c’était une force écrasante qui pouvait anéantir un château en un seul coup. Combinez cela à son pouvoir de guérison, et le mysticisme céleste était beaucoup trop puissant. C’était comme si c’était une arme développée pour combattre quelque chose qui dépassait la compréhension humaine.

En entendant cela, les bouts d’oreilles de Néphy frémirent grandement.

« Une puissance… qui n’existe que pour la bataille… ? » répéta Néphy d’une voix hésitante. La sorcellerie était à l’origine un moyen pour les sorciers de satisfaire leurs désirs. Ce n’était pas une puissance développée dans le but de détruire ou de combattre. Cependant, parce qu’il y avait un lien direct entre l’acquisition du savoir et l’acquisition du pouvoir, tous les sorciers expérimentés avaient fini par devenir puissants. D’une certaine manière, Zagan était un monstre parmi les monstres, car il n’avait jamais développé sa sorcellerie que pour devenir plus puissant.

Bien que Néphy soit encore une débutante, elle le comprenait. Et à cause de ça, ses yeux s’étaient élargis sous le choc.

Oh, je vois. Elle doit penser que son pouvoir n’est destiné qu’à blesser les autres… Zagan s’était raclé la gorge avec une toux pour tenter d’attirer son attention. Et puis, une fois qu’il avait réussi, il avait commencé à parler.

« Ne te méprends pas, Néphy. La plupart des technologies dans le monde sont différentes de la sorcellerie en ce sens qu’elles ont été développées en temps de guerre. Les conflits ont donné naissance à des épéistes compétents et leurs efforts ont donné naissance à des techniques comme la forge et le moulage. Puis, ces techniques, à leur tour, ont donné lieu au développement d’outils agricoles, d’accessoires métalliques et de toutes sortes d’autres choses, » déclara Zagan.

« Est-ce que… c’est vrai ? » demanda Néphy.

« Ça l’est. Essentiellement, Foll dit que le mysticisme céleste est actuellement dans cette phase préliminaire. Elle veut simplement dire que c’est quelque chose qui n’a pas encore été appliqué dans d’autres domaines. N’est-ce pas vrai ? » demanda Zagan en regardant Foll, qui hocha la tête avec un bob.

« Ouais. C’est pourquoi, même si le mysticisme céleste est fort, il n’est pas fait pour les choses délicates, » répondit Foll.

L’expression de Néphy s’était relâchée en entendant cela. Et puis, pour une raison quelconque, elle avait commencé à caresser la tête de Zagan.

« Fufufufu, merci de m’avoir remonté le moral, Maître Zagan. Vous êtes certainement intelligent, » déclara Néphy.

« N-Néphy ? Pourquoi me traites-tu comme un enfant ? » Zagan commença à pleurnicher.

« Toutes mes excuses. J’avais presque l’impression d’avoir affaire à Foll, » répondit Néphy en s’excusant, mais cela ne l’empêchait pas de caresser la tête de Zagan.

Ce n’est pas mal, mais… Ce n’était pas la première fois que Néphy lui caressait la tête, mais avant elle le faisait d’une manière beaucoup plus réservée. En ce moment, elle agissait avec audace, à tel point qu’elle avait l’impression que tout son corps était caressé. En conséquence, Zagan avait poussé involontairement un soupir de satisfaction.

« Hein !? Non, ce n’est pas le moment ! » hurla Zagan en reprenant ses esprits.

Oublie le rendez-vous, je ne pourrai même pas m’acheter des vêtements comme ça ! Il ne lui restait plus qu’une semaine pour se préparer, donc le temps était compté.

« Nous n’avons pas de temps à perdre, Gremory ! Contacte immédiatement Orias ! » déclara Zagan.

« Comme vous voulez, » répondit Gremory. Puis, elle se leva et lui fit un profond salut avant de sortir de la salle du trône.

***

Partie 4

Zagan leva les yeux vers Néphy après avoir vu son fidèle serviteur.

« Voilà la situation, Néphy. J’ai une petite affaire à régler, alors je vais quitter le château. Occupe-toi de l’endroit pendant mon absence, » ordonna Zagan en s’asseyant sur ses genoux.

Je dois me préparer pour quand Néphy et Orias se réuniront enfin !

« Comme vous le souhaitez…, » Néphy avait l’air un peu décontenancée quand elle avait répondu. Et elle avait simplement hoché la tête quand il avait sauté de ses genoux.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Zagan.

« Maître Zagan, rencontrer un autre Archidémon dans de tels vêtements est un peu…, » déclara Néphy.

La robe habituelle de Zagan était beaucoup trop grande pour lui dans sa forme actuelle. Franchement, il ressemblait moins à des vêtements qu’à une grande couverture.

« Pourquoi ne pas porter mes vêtements ? » demanda Foll en tapant des mains.

« … Tu sais ce que tu dis, Foll ? » répliqua Zagan, l’air complètement exaspéré. C’était vrai que ses vêtements s’adapteraient à sa nouvelle taille, mais il n’y avait aucun moyen qu’il puisse porter des vêtements de fille. Même Néphy secoua la tête à l’idée.

« J’adorerais voir ça, mais il a besoin de vêtements officiels, » déclara Néphy.

« Attends, Néphy. Comment ça, ça te plairait ? » demanda Zagan. Elle se comportait bizarrement depuis qu’il était revenu à sa forme jeune, ce qui l’avait rendu confus. Cependant, les personnes présentes ici n’avaient pas prêté attention à son comportement.

« C’est ma faute si Zagan a rétréci, alors je vais aller en ville chercher des vêtements, » déclara Foll, qui s’était courageusement porté volontaire pour agir, mais cela avait fait trembler les oreilles de Néphy.

« Cela ira-t-il si tu es toute seule ? » déclara Néphy.

« Je ferai de mon mieux, » déclara Foll.

Même si son corps était maintenant plus grand, Foll était toujours à l’intérieur la petite fille de Zagan et de Néphy, c’est pourquoi tous les deux étaient nerveux à l’idée qu’elle voyage seule.

« Je viendrai avec toi. Peut-être que nous pouvons même rencontrer Orias pendant que nous sommes là-bas et gagner du temps, » répondit Zagan. Il n’y avait aucune garantie qu’Orias serait capable de le soigner sur place, mais ça valait quand même le coup d’essayer. Zagan avait dû essayer de résoudre son problème de taille le plus tôt possible, puisqu’il avait un rendez-vous à venir qui était maintenant en danger.

« Avant cela, Néphy, » déclara Foll.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Néphy.

« Mes pieds sont tous engourdis…, » répliqua Foll, ses yeux ambrés au bord des larmes après avoir été obligés de s’asseoir sur ses talons pendant tout ce temps.

Ses sens n’ont pas encore rattrapé la nouvelle longueur de ses membres…, elle avait même besoin de l’aide de Gremory pour se changer en ce moment. Néphy n’avait pas eu d’autre choix et s’était précipitée jusqu’à Foll.

« Tu es peut-être plus grande que moi maintenant, mais tu es encore une enfant dans le besoin, » déclara Néphy d’un ton affectueux. Elle était l’image même de l’amour maternel.

Néphy avait saisi les bras tendus de Foll et parvint à la tirer vers le haut. Et après qu’elle l’ait fait, il était évident que Foll était la plus grande des deux femmes. Elle n’était pas d’une tête plus grande, mais Néphy devait quand même lever la tête pour regarder ses yeux.

« Je suis la plus grande maintenant, alors ça fait-il de moi la maman ? » Foll pencha curieusement la tête sur le côté quand elle posa cette question.

« Cependant, je ne pense pas que nos âges soient si différents…, » répondit Néphy.

« Et si je devenais la grande sœur ? » Les yeux de Foll brillaient d’excitation quand elle avait dit cela, ce qui avait laissé Zagan confus.

Je suppose que rien à part sa taille n’a vraiment changé… Foll était également ravie quand la petite Néphy l’a appelée « Grande Soeur » dans le village elfique caché. Normalement, elle était toujours la plus petite, donc elle avait dû apprécier ce sentiment.

Immédiatement après, le bruit d’une déchirure avait retenti dans l’air.

« Oh, mes vêtements se sont encore déchirés, » murmura Foll sèchement. Dès qu’elle avait gonflé sa poitrine, ses vêtements s’étaient retrouvés incapables de contenir son corps et s’étaient déchirés aux coutures.

« Que dois-je faire ? Je les ai eues de Gremory… » Foll baissa les épaules en disant ça. Et Zagan, à son tour, avait simplement tapé son petit talon contre le sol. Puis, un cercle magique s’étendit aux pieds de Foll qui fit remonter les fibres déchirées au niveau de sa poitrine. C’était de la sorcellerie élémentaire, mais Foll avait fait « oooh » d’une voix surprise.

« Comment as-tu fait ça ? » demanda Foll.

« … Hein ? Est-ce la première fois que tu le vois ? C’est de la sorcellerie de base, alors je t’apprendrai plus tard, » déclara Zagan.

« Wôw… Bon garçon ! » s’exclama Foll en tapotant doucement la tête de Zagan.

Putain de merde… Je n’arrive pas à croire que ma propre fille me traite comme un enfant… Zagan se gonfla les joues pour faire la moue alors que Foll baissait les yeux vers sa propre poitrine d’une manière troublée.

« Je ne comprends pas. Pourquoi s’est-il déchiré ? Je n’ai jamais eu ce problème avant…, » Foll marmonna dans la confusion. On aurait dit qu’elle ne savait toujours pas comment son corps avait grandi.

C’est un peu gênant pour moi de l’expliquer… Zagan pensa en passant en revue ce qu’il devait dire dans son esprit.

« C’est un peu difficile à expliquer, mais tu as grandi. Et peut-être parce que tu es un dragon, tu as bien plus gonflé dans certaines régions que Gremory…, » déclara Zagan.

C’est beaucoup trop direct. Qu’est-ce que je raconte !? Zagan avait été laissé au bord du gouffre du désespoir par le problème, mais Foll avait simplement ouvert en grand ses yeux avec surprise.

« Tes vêtements ne supportent-ils pas quand tes pouvoirs augmentent ? Je ne le savais pas, » déclara Foll.

« Oh… Eh bien, c’est quelque chose comme ça, » déclara Zagan en renonçant à l’expliquer. Puis, Néphy mit la main à la bouche pendant que ses oreilles frémissaient de joie.

« Dans ce cas, vous avez tous les deux besoin d’aller chercher de nouveaux vêtements. Foll, prends soin du Maître Zagan, s’il te plaît » demanda Néphy. Sur ce, Foll regarda Zagan, les yeux remplis d’attente.

« Zagan, je ferai de mon mieux en tant que grande sœur ! » déclara Foll.

« Hmm. J’attends beaucoup de toi, » déclara Néphy.

Un sourire avait fleuri sur le visage de Néphy alors qu’elle les regardait tous les deux. Et à ce moment précis, un coup terne avait retenti de la porte à la salle du trône.

« Qui est-ce ? » demanda Zagan.

« C’est moi, mon seigneur », répondit Raphaël.

« Tu n’es pas venu pour le petit déjeuner, alors je suis venu t’appeler… Il y a un problème ? » Raphaël interrogea Zagan d’une voix réduite de l’autre côté de la porte.

Eh bien, c’est probablement bien de le dire à Raphaël… Ils étaient en assez bons termes pour que Raphaël lui donne des conseils pour son rendez-vous, pour qu’il sache qu’il pouvait compter sur lui.

« Es-tu seul ? » demanda Zagan.

« En effet, » répondit Raphaël.

« Alors, entre, » déclara Zagan.

Raphaël avait ouvert la porte sans faire un bruit, puis entra dans la salle du trône comme s’il passait à travers la fissure. Il regarda autour de lui, et après avoir remarqué les états actuels de Zagan et de Foll, ses yeux s’ouvrirent en grand.

« Tu es… mon seigneur ? Et Foll ? » demanda Raphaël.

« C’est exact, » répondit Zagan à sa question, puis lui donna un résumé de ce qui s’était passé.

« Oh mon Dieu… quelle affaire ennuyeuse ! » déclara Raphaël.

« Ce n’est pas que nous n’avons aucune piste. Je déteste l’idée de m’endetter envers un autre Archidémon, mais je suis sûr qu’Orias peut aider, » déclara Zagan.

« Vraiment… ? » Raphaël murmurait alors que son expression montrait qu’il y avait un problème dans son esprit au-delà de la situation elle-même.

« S’est-il passé quelque chose de votre côté ? » demanda Zagan.

« … Non, ce n’est pas si grave. Plus important encore…, » Raphaël s’éloigna en regardant Zagan, puis Foll, puis Néphy et poursuivit : « Que ferez-vous pour le petit déjeuner ? ».

« … Oh ! » s’exclamèrent-ils tous à l’unisson. Ils avaient oublié que Néphy était venue les appeler pour le petit déjeuner. Un sorcier pouvait facilement passer une journée entière sans manger, mais l’option de ne pas manger le petit déjeuner que Néphy et Raphaël avaient préparé n’était même pas envisagée.

« Sire Raphael. Pouvez-vous nous l’apporter dans la salle du trône ? » demanda Néphy d’un ton résolu.

« Compris. J’ordonnerai aussi à ces serviteurs de ne pas s’approcher de la salle du trône, » déclara Raphaël.

« Bonne idée, » répondit Néphy. Zagan et les autres étaient émerveillés par sa capacité à lire un pas d’avance. Peu de temps après, il était revenu avec leur petit déjeuner.

« Je reviendrai plus tard pour prendre la vaisselle, pour que vous puissiez la laisser là, » déclara Raphaël avant de quitter à nouveau la salle du trône. La salle était équipée d’une petite table pour l’heure du thé, qui répondait parfaitement à leurs besoins actuels. Après s’être assise, Néphy avait ramassé Zagan et l’avait placé sur ses genoux.

« C’est quoi, l’idée ? » demanda Zagan.

« Il vous sera difficile de manger avec de tels vêtements amples. Permettez-moi de vous aider, » répondit Néphy en ramassant une cuillère alors que Zagan était encore sur ses genoux.

« Je peux me débrouiller seul pour manger ! » déclara Zagan.

« Vous sortez après le petit déjeuner, alors s’il vous plaît, comptez au moins sur moi dans des moments comme ça, » déclara Néphy.

Zagan s’était trouvé incapable d’agir avec force face aux supplications désespérées de Néphy. Il voulait désespérément résister, mais il avait cédé à ses caprices.

« … Juste cette fois, d’accord ? » déclara Zagan.

« D’accord ! » déclara Néphy.

« C’est ce que je veux, » dit Zagan en montrant du doigt un bol de soupe.

« OK, voilà, » répondit Néphy en ramassant joyeusement de la soupe avec la cuillère à la main et en la portant à la bouche de Zagan.

Gaaah ! Je suis heureux, mais aussi embarrassé ! Il trouvait sa silhouette enfantine tout à fait misérable. Qui aurait cru qu’être traité comme un enfant ferait un tel effet ? Cependant, comme Néphy semblait extrêmement heureuse de la tournure des événements, il ne pouvait pas montrer son mécontentement.

La respiration de Foll devint plus rude et nasale quand elle entendit leur échange.

« Zagan, prends du pain, » déclara Foll.

« Hé, pourquoi fais-tu ça aussi… ? » demanda Zagan.

« Tu devrais écouter ta grande sœur, » Foll insista obstinément sur les mots « grande sœur », ce qui laissait peu de choix à Zagan. Il ouvrit la bouche en dépit d’une frustration à l’intérieur, et sa fille en profita pour y jeter du pain mou.

« Est-ce que c’est bon ? » demanda Foll.

« C’est la nourriture que Néphy et Raphaël ont faite. As-tu besoin de le demander ? » demanda Zagan.

« Wôw… Bon garçon ! » s’exclama Foll alors qu’un sourire satisfait éclatait sur son visage.

Dois-je leur servir de jouet pendant les repas… ? Il souffrait d’être traité comme un enfant, mais sa fiancée et sa fille semblaient heureuses. En plus, ce n’était pas comme si elles se moquaient toutes les deux de Zagan. Il pouvait dire qu’elles avaient vraiment tiré une grande joie de la situation, ce qui l’avait laissé avec peu de raisons de se plaindre. C’est pour cela qu’il désigna le plat suivant qu’il voulait avec un minimum de résistance.

« Je veux le dessert après, » déclara Zagan.

« Mais il reste encore de la salade, Maître Zagan, » répondit Néphy. Il ne savait pas si elle voulait le gâter ou être sévère avec lui quand Néphy avait souri et avait ramassé du pudding dans sa cuillère.

« Zagan, tu peux aussi avoir mon pudding, » déclara Foll.

Il n’avait pas l’intention d’être gourmand, mais Foll avait aussi sorti sa cuillère comme si elle ne pouvait plus attendre.

Eh bien, je suppose que ce n’est pas si mal… Un roi devait continuer à agir comme tel malgré toutes les circonstances adverses.

Cependant, de l’extérieur, la scène ressemblait à une peinture d’un enfant hautain gâté par ses grandes sœurs.

***

Partie 5

Dans le bureau de l’Église.

Chastille était en train de mâcher du pain pour le petit-déjeuner, assise à son bureau.

« Hein ? Un rassemblement d’anciens ? » demanda Barbatos en sortant de l’ombre avec un morceau de viande dans les mains. Il possédait un visage malsain avec de grandes ombres autour des yeux, qui n’étaient pas vraiment différentes de la normale même si Nephteros les avait guéries l’autre jour, et plusieurs amulettes pendaient de son cou. Barbatos froissa ses cheveux mal coiffés en levant les yeux vers Chastille, qui s’éclaircit la gorge d’une toux suspecte.

« C’est une conférence importante où toutes les races du continent se rassemblent. S’il te plaît, ne cause pas d’ennuis, d’accord ? De plus, ne parle pas pendant que tu manges. C’est malpoli, » déclara Chastille.

« Oh, franchement ! Quel genre de conneries veux-tu exactement que je fasse ? Je t’ai protégée comme un gentleman pendant tout ce temps, alors ait au moins un peu confiance ! » déclara Barbatos.

« Je pense que tu essaierais de capturer toutes les espèces rares que tu verras, tu sais ? » déclara Chastille.

« Hein ? Eh bien, oui, je suis un sorcier. Pourquoi ne ferais-je pas ça ? » demanda Barbatos.

Chastille poussa un soupir pendant que son mal de tête s’installait. Cet homme était l’ami indésirable de Zagan, un ancien candidat Archidémon, et aussi le sorcier qui devait l’accompagner. On ne pouvait pas lui faire confiance, mais il était aussi plutôt fiable.

« Je te dis de ne pas faire ça. Écoute, je ne pars pas seulement au nom de l’Église. Ils m’ont choisie pour représenter tous les humains, » déclara Chastille.

« Ouais ouais, ne t’inquiète pas. Ton baby-sitter te suivra partout, » déclara Barbatos.

Barbatos était capable de parcourir n’importe quelle distance en un instant. C’était une capacité assez utile, mais cela signifiait aussi qu’elle ne pourrait jamais se débarrasser de lui.

Ce n’était pas quelqu’un de mauvais au fond de lui… Non, c’était un méchant pourri jusqu’à la moelle, mais en de rares occasions, il avait démontré un côté doux. Cependant, cela n’avait pas changé le fait qu’il était normalement un individu irrémédiable. Et juste au moment où Barbatos commençait à ricaner, une épée courte avait été poignardée sur le sol sous les yeux.

« C’est quoi ce bordel !? » s’écria Barbatos.

« Oh, désolée. Ma main a glissé. La prochaine fois, je m’assurerai de te le mettre sur le cou, » déclara Kuroka.

« Excuse-toi correctement, bon sang ! » s’écria Barbatos.

C’est Kuroka qui l’avait nargué sans une once de timidité dans sa voix. Elle était entrée dans la pièce avec une lettre en main, accompagnée de Nephteros et d’un chevalier angélique. Comme toujours, Kuroka portait deux épées courtes. Bien qu’à ce moment particulier, l’une était dans le sol devant Barbatos et l’autre était prête à le poignarder au visage.

« Espèce de salope… Qu’est-ce que tu fous, bon sang !? » s’écria Barbatos.

« Euh, je pensais juste faire un petit nettoyage… ? » répondit Kuroka. Puis, elle tourna ses yeux vides vers lui d’un regard froid et pencha la tête sur le côté avant de dire. « S’il te plaît, surveille ton langage, Monsieur le Sorcier. Sans Lady Chastille, je te couperais la tête ici et maintenant. »

« En veux-tu aux sorciers ou quoi ? » demanda Barbatos.

« Je ne leur pardonnerai jamais d’avoir volé mes amis, ma famille et la lumière dans mes yeux…, » déclara Kuroka.

« Merde, celle-ci est sérieuse…, » murmura Barbatos en fermant sa gueule. Kuroka était en bons termes avec Zagan, qui avait réglé les choses entre elle et Chastille, mais cela ne voulait pas dire qu’elle avait soudainement pardonné à tous les sorciers. En fait, elle se méfiait plus que jamais d’eux parce que Chastille semblait leur faire confiance aveuglément.

« Kuroka, être en colère contre lui chaque fois ne fera que te fatiguer, » déclara Nephteros, exaspérée.

« … Tu as échappé de justesse à la mort, Monsieur le Sorcier. Ne présume pas que tu t’en sortiras bien la prochaine fois, d’accord ? » dit Kuroka d’un ton sec alors qu’elle envoya voler l’épée à pieds avant de l’attraper habilement dans les airs.

« Vas-y, salope ! As-tu oublié que je t’ai sauvée la dernière fois !? » déclara Barbatos.

« Bon sang… Arrête, Barbatos. Tu as dit que tu venais au rassemblement des anciens, n’est-ce pas ? Tu devrais au moins aller te préparer pour le voyage, » déclara Chastille.

« Attends, ne vas-tu pas me dire de rester derrière ? » demanda Barbatos en la fixant d’un air émerveillé.

« Tu me suivras de toute façon, n’est-ce pas ? Dans ce cas, reste à mes côtés, » déclara Chastille.

« … D’accord, » Barbatos avait répondu avec hésitation comme s’il ne savait pas comment réagir. Et ainsi, il s’était enfoncé dans l’ombre et avait disparu.

Kuroka lâcha un « hmph » en regardant son ombre avec ses queues droites, mais Barbatos était parti, donc il n’y avait plus personne pour réagir à ça. Chastille devint impatiente en la regardant faire cela et décida de l’appeler.

« Il me taquine, Kuroka. Tu n’as pas besoin de faire attention à lui, » déclara Chastille.

« Lady Chastille, je sais très bien que c’est impoli de ma part de dire ça, mais cet homme est un monstre. C’est un méchant pourri jusqu’à la moelle. Je ne prétends pas que tous les sorciers sont mauvais, mais il l’est. Un Archange comme vous ne devrait pas vous associer à lui, » déclara Kuroko.

Que faire ? Je ne peux rien nier de tout cela, mais… Chastille avait été stupéfaite par l’argument solide de Kuroka. Heureusement, Nephteros avait décidé de lui lancer une bouée de sauvetage.

« C’est ce qui fait de lui le parfait garde du corps. Barbatos est un sorcier avide et égoïste, donc il ne vous trahira jamais tant que vous le payez bien, » déclara Chastille.

« C’est certainement une autre façon de voir les choses, mais…, » Kuroka marmonnait de mécontentement alors que Nephteros secoua la tête avec ses cheveux d’argent.

« Ce type ne protégerait-il pas Chastille gratuitement ? » demanda Nephteros.

« Hein… ? Pourquoi penses-tu qu’il ferait ça ? » demanda Kuroka alors qu’elle et Chastille penchaient la tête sur le côté. Puis, Nephteros avait répondu à sa question sur un ton factuel.

« Je veux dire, n’est-il pas amoureux de Chastille ? » demanda Nephteros.

Amoureux… ? De moi ? Non, attends… ? Amoureux de moi… ? Chastille était incapable de comprendre ce qu’elle venait d’entendre. Au bout d’un moment, un vocabulaire qui n’avait aucun sens dans ce contexte avait traversé son cerveau.

« Je te dis qu’il est fou amoureux de toi, » Nephteros avait reparlé afin de tenter d’endiguer l’immobilisme de Chastille.

« AWEGQWERGQQQQQQ !? » Chastille avait émis des sons, puis avait dit. « Qu’est-ce que tu dis ? »

« Quoi donc, Mlle Nephteros ! L’amour ? S’il vous plaît. S’il ressent ça, alors c’est plutôt un harceleur dégoûtant ! » déclara Kuroka.

« N-Non, tu n’as pas besoin d’aller aussi loin…, » fit remarquer Chastille, encore complètement choquée.

« Ai-je tort ? » dit Nephteros, en plissant ses sourcils.

« Tu te trompes complètement ! Je veux dire, c’est Barbatos ! » déclara Chastille.

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire… ? » répondit Nephteros avec étonnement. Puis elle déclara. « La voix de ce type monte d’une demi-octave chaque fois qu’il te parle. En plus, il a même commencé à t’appeler par ton prénom récemment. Et par-dessus tout, il est toujours de bonne humeur quand vous parlez tous les deux. »

« Hum, euh, euh, il n’y a aucune chance…, » murmura Chastille, l’air secoué à l’aube de la vérité.

Maintenant que j’y pense, il s’est sacrifié pour me sauver quand Kuroka a attaqué pour la première fois… Un sorcier qui ne se souciait que d’être payé n’aurait pas mis sa vie en danger. Et pourtant, Barbatos avait sauté devant elle pour servir de bouclier et s’était laissé couper et poignarder à plusieurs reprises. Chastille savait très bien qu’il n’était pas un homme qui ferait une telle chose, alors…

« En plus, quand tu lui as dit de rester à tes côtés, ses oreilles sont devenues rouges. Ça ne veut-il pas dire qu’il est amoureux ? » Nephteros avait porté son coup de grâce d’une manière calme et régulière.

« S-Stop ! S’il te plaît, arrête-toi là ! Si tu en dis plus, je ne saurai même pas comment lui faire face…, » Chastille marmonna d’un ton embarrassé.

« Notre meilleure ligne de conduite est de l’achever, n’est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, grâce à mon temps avec Azazel, je suis une experte, » déclara Kuroka.

« Arrête-toi là ! » cria Nephteros en saisissant la nuque de Kuroka, l’empêchant de partir pour mener à bien son intrigue odieuse.

« Veux-tu la preuve qu’il ne nous trahira pas, n’est-ce pas ? Eh bien, maintenant tu l’as. Pourquoi trahirait-il la femme qu’il aime ? » demanda Nephteros.

« C’est un bon point, mais…, » déclara Kuroka.

Ce Barbatos… avec moi ? Chastille pensait que l’idée était impossible, mais pour une raison ou une autre, il lui était difficile de la nier complètement. Et pendant qu’elle souffrait de ces sentiments, le Chevalier Angélique à côté de Nephteros avait eu un sourire tendu.

« Arrêtez, Lady Nephteros. La plupart des femmes n’aiment pas parler de leur vie amoureuse en public. »

« Vraiment ? » demanda Nephteros.

« Oui. N’avez-vous pas d’expérience dans ce domaine ? »

« Ce n’est pas le cas. Après tout, je suis loin d’être aussi vieille que j’en ai l’air, » déclara Nephteros en haussant les épaules. En vérité, il n’y avait même pas tout une année depuis sa création. Elle était terriblement blessée par le fait qu’elle n’était que le clone de Néphy, et qu’elle s’en inquiétait encore, mais curieusement, Chastille ne sentait même pas un soupçon d’agonie dans sa voix.

Il semble qu’elle en soit à un point où elle peut en parler maintenant…, Chastille priait pour que ce soit vrai, car rien n’aurait pu la rendre plus heureuse.

« Je suis sûr que vous finirez par rencontrer un homme qui vous chérit plus que tout au monde, Lady Nephteros, » dit le Chevalier Angélique d’une manière charmante.

« Je me demande s’il y a quelqu’un qui a si mauvais goût…, » déclara Nephteros.

« Il y en a un, c’est sûr. En fait, je vous le garantis. »

Elle est peut-être observatrice, mais elle est complètement ignorante quand il s’agit d’elle-même… Ce chevalier angélique, Richard, faisait partie de la patrouille qui était tombée sur Nephteros lorsqu’elle avait été attaquée par la chimère. Après s’être remis de ses blessures, il avait continué d’essayer d’interagir avec elle autant que possible, ce qui montrait clairement qu’il était amoureux de Nephteros.

« … Sire Richard, tenez bon, s’il vous plaît, » déclara Kuroka en poussant un long soupir. Ses oreilles s’étaient pratiquement affaissées de déception en les regardant interagir. Richard, cependant, n’avait fait qu’un sourire tendu en réponse.

Ne pensons plus à l’affaire Barbatos pour l’instant. Je suis sûre que c’est juste l’imagination de Nephteros… Chastille pensa en finissant par mettre de l’ordre dans sa tête et sa respiration.

Malheureusement, une nouvelle question lui était soudainement venue à l’esprit et l’avait jetée une fois de plus dans le désarroi. Qu’est-ce que je pense de Barbatos… ?

Cela ne faisait même pas une semaine qu’elle avait fait le point quand à son amour envers Zagan, alors Chastille s’était trouvée incapable de répondre à cette question.

***

Partie 6

« Arrête-toi ici, Foll ! » Zagan avait crié après Foll pendant qu’elle le tirait à travers Kianoides. Soit dit en passant, parce qu’ils ne trouvaient pas de vêtements convenant à Zagan, il avait simplement pris sa robe habituelle en enlevant tout le reste pour l’ajuster, puis il l’avait attaché le reste ensemble.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Foll en se retournant vers lui et en penchant la tête avec curiosité.

« Qu’est-ce qu’il y a ? As-tu besoin de le demander ? Pourquoi va-t-on dans cette boutique entre tous les autres endroits ? » demanda Zagan.

Ils se trouvaient actuellement devant leur magasin de vêtements habituel. Zagan l’utilisait souvent, et la vendeuse était quelqu’un avec qui il était en bons termes, mais…

« Tu as acheté mes vêtements ici. Ils ont aussi des trucs pour les garçons. Ce n’est pas grave, » déclara Foll.

« … Tu ne comprends pas. Si Manuela me voit comme ça, je suis foutu, » déclara Zagan.

« Hein ? Mais Néphy a dit qu’elle était gentille. Tu ne devrais pas être en danger, » déclara Foll.

Ce n’était pas un mensonge, mais Manuela n’avait pas non plus beaucoup de maîtrise de soi. Malheureusement, ils avaient tous les deux provoqué une certaine agitation juste à l’extérieur du magasin, ce qui avait évidemment attiré l’attention.

« C’est quoi tout ce bruit ? »

La porte s’était ouvert avec un claquement, et la vendeuse aviaire aux ailes vertes, Manuela, était sortie. Cette femme était une des meilleures amies de Néphy, ce qui signifie que Zagan la tenait en haute estime, mais… elle s’était souvent transformée en une véritable nuisance quand il s’agissait de vêtements.

Attends, je ne l’ai vue jouer qu’avec des filles. Peut-être qu’elle ne s’intéresse pas aux garçons… De plus, il y avait aussi la chance qu’elle n’ose pas faire l’imbécile avec lui parce qu’il était un Archidémon. Zagan avait quand même augmenté ses défenses au cas où, alors que Foll s’approchait d’elle.

« Nous sommes ici pour acheter des vêtements, » déclara Foll.

« Hein ? Hm… ? Je ne pense pas que ce soit possible, mais… es-tu Foll ? » Manuela plissa ses sourcils en posant cette question.

« Je le suis, » répondit Foll. Et à ce moment-là, elle s’était finalement rappelée à quoi elle ressemblait, alors elle avait étendu les bras et les ailes sur place.

« J’ai grossi, » expliqua Foll alors que le tissu autour de sa poitrine s’ouvrait à nouveau. Zagan avait dû réparer ses vêtements en un instant pour l’empêcher d’être complètement exposé.

« Je n’arrête pas de te dire de ne pas faire de mouvements brusques…, » marmonna Zagan, attirant l’attention de Manuela sur lui.

« Hum, ohhh, qui est ce gamin ? » demanda Manuela.

« Zagan, » répondit Foll.

« Pffft, » grogna Manuela avant d’éclater de rire et de dire, « Comment ça ! Il est si mignon ! Comment es-tu devenu si amusant… si délicieux… joyeux ? Hmm… Eh bien, peu importe. Tu es vraiment amusant maintenant, Zagan ! »

« N’invente pas des mots ! » Zagan avait rugi en se demandant pourquoi elle renonçait à trouver le mot juste si facilement.

« Geheheheh, eh bien, laisse-moi entendre tous les détails juteux à l’intérieur. On a deux clients payants ici ! » Manuela avait pris Zagan dans ses bras et l’avait emmené à l’atelier alors qu’il était perdu dans ses pensées.

Oh, je vois. Ça n’avait rien à voir avec le fait que je sois un Archidémon. Manuela ne s’intéresse pas aux adultes… Alors qu’on le traînait à l’intérieur, il aperçut un autre visage familier.

« Bienvenue ! »

La fille aux oreilles blanches et duveteuses qui les avait accueillies avec le sourire était une fille-renard. Son « uniforme » était une robe d’une seule pièce qui ressemblait à ce que portait Néphy. Les principales différences étaient la dentelle à froufrou sur toute la robe et le bandeau qui s’ajustait bien entre ses oreilles.

« Kuu ? Qu’est-ce que tu fous là ? » demanda Zagan.

« Hm ? Vous me connaissez ? Même si c’est le cas, vous devriez respecter vos aînés. Sinon, cette dame effrayante pourrait vous traiter comme un jouet ! » Les oreilles duveteuses de Kuu frémissaient d’agacement quand elle disait ça. On aurait dit qu’elle n’avait pas remarqué que l’enfant devant elle était Zagan.

C’est peut-être mieux comme ça… Agir comme un enfant innocent semblait préférable que d’avoir plus de gens au courant de sa situation. Il s’était donc mordu les lèvres et avait fait un léger sourire.

« Désolé, Mlle Kuu. Je vous ai déjà vu à l’Église, alors je l’ai dit sans réfléchir » affirma Zagan. Puis, un bruit sourd retentit derrière lui, et quand il se retourna, il aperçut Manuela qui roulait sur le sol avec ses mains sur le ventre.

 

 

Putain de merde ! Je me souviendrai de ceci… Même si elle était l’amie de Néphy, elle allait vraiment trop loin. Son comportement rappelait à Zagan Gremory, ce qui lui faisait avoir des frissons le long de la colonne vertébrale. Et après avoir interprété l’expression sur le visage de Zagan comme un regret, Kuu lui tapota la tête pour le réconforter.

« Vraiment ? Heehee, c’est bien que tu te sois excusé tout de suite… Oh, mais tu devrais vraiment travailler ton sourire. Ça ressemblait à ce que fait M. Zagan quand il se bat, » déclara Kuu.

Se souvient-elle de ce qui s’est passé quand Bifrons a pris le contrôle de son corps ? Le visage de Zagan s’était raidi dès qu’il l’avait entendue dire ça. Kuu avait beaucoup souffert quand Bifrons l’avait manipulée, c’est pourquoi Zagan avait demandé à Orias d’effacer ses souvenirs. Mais, en y repensant, il ne se souvenait pas qu’elle avait accepté sa demande.

Hm, il semble que j’ai aussi l’air d’être nul pour sourire… Zagan avait pensé à la façon dont Néphy s’était tiré les joues pour s’entraîner. Et quand il l’avait fait, il s’était rendu compte qu’il devait faire le même effort puisqu’il était son époux. C’est pour ça qu’il s’était tiré les joues. Il avait supposé que ses muscles faciaux étaient encore raides, mais il semblait que le fait de se transformer en enfant les avait tous étirés. Il n’arrêtait pas de les étirer encore et encore, et finalement, quelqu’un l’avait serré dans ses bras par-derrière.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Zagan. Il ne comprenait pas pourquoi Foll l’enlaçait si fort.

« Mignon. Mignon, » déclara Foll.

« Hein ? Qui traites-tu de mignon !? » Zagan avait protesté. Cependant, cela n’avait pas empêché Foll de frotter sa joue contre la sienne. Et quand il avait essayé de s’arracher, Kuu était venu lui caresser la tête une fois de plus.

« Les garçons détestent qu’on les traite de mignons, n’est-ce pas ? Mais tu sais, ce n’est pas si mal parce que ça nous donne envie de t’enlacer ! » déclara Kuu.

« Grrr…, » Zagan grogna en raison de l’ennui. Mais, en y repensant, il se souvient que Foll ne cessait de serrer Néphy dans ses bras et de la traiter de mignonne quand elle était devenue une enfant. Peut-être que ça voulait dire qu’elle avait l’habitude d’enlacer des choses mignonnes.

« Hm… Tu sais, tu ressembles un peu à M. Zagan. Tu es tout habillé comme un sorcier, toi aussi… Es-tu de sa famille ? » demanda Kuu en penchant la tête sur le côté.

« E-Eh bien…, » Zagan était devenu silencieux alors qu’il essayait de trouver une excuse.

« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Zagan est Zaghamph, » Foll avait essayé de révéler son secret malgré son hésitation, mais heureusement, Manuela était arrivée et l’avait fait taire en lui couvrant la bouche.

« Cet enfant est un parent éloigné de Zagan, Dagan. Oh, et cette jolie dame est sa sœur aînée, Farah. Ce sont les invités de Zagan, alors fais attention à tes manières avec eux, d’accord Kuu ? » Manuela avait dit cela en essayant d’aider Zagan à cacher son identité. Puis, elle chuchota à l’oreille de Foll et lui dit : « Joue le jeu, d’accord ? ».

Dans un virage inhabituel, Foll avait été rapide quant à l’assimilation de l’information, alors elle avait simplement basculé la tête en haut et en bas en réponse.

« Au fait, qui est exactement cette “dame effrayante” qui traite les enfants comme des jouets ? » demanda Manuela à Kuu en se tournant vers elle.

« Hein ? Qu’est-ce que vous racontez ? Vous devez être confuse ! J’ai juste dit que les mauvais enfants devraient être punis ! » s’exclama Kuu en redressant son dos d’un coup sec.

Oh, je vois. Manuela doit déjà la traiter comme un jouet… Zagan se sentait mal pour elle.

« Dagan est donc un parent de M. Zagan ? Je me demande si tu lui ressembleras quand tu seras grand ? Oh, dans ce cas, tu devrais apprendre à être gentil avec les filles avant qu’il ne soit trop tard ! » déclara Kuu.

Elle se souvient vraiment de tout, n’est-ce pas ? Zagan avait impitoyablement enfoncé son bras dans son cœur lors de leur dernière rencontre. Même si ses souvenirs avaient été effacés, cette douleur était probablement restée fraîche dans son esprit. Et en réalisant cela, Zagan avait été vaincu par un sentiment de culpabilité.

« Zagan semble inquiet à propos de ça aussi, et il a dit qu’il ne ferait plus des choses aussi méchantes. Alors, détendez-vous, s’il vous plaît. Vous n’aurez plus de souvenirs douloureux. Il ne le permettra pas, » déclara Zagan.

Zagan faisait de son mieux pour s’excuser, mais pour une raison quelconque, le visage de Kuu devenait rouge quand elle avait entendu ses paroles.

« Hnnngh... Oh, quel est ce sentiment ? C’est mauvais, Kuu. Ce n’est qu’un enfant, » marmonna Kuu en se serrant la poitrine, puis s’éloignant en s’éventant.

J’aurais dû savoir que des mots réconfortants n’allaient pas suffire… En fin de compte, il venait probablement de lui faire se souvenir d’un souvenir douloureux au lieu de l’aider à s’en remettre, et sachant cela, cela avait fait baisser les épaules de Zagan en raison de la déception.

« Zagan, tu ne devrais pas être trop gentil avec les gens dans ta forme actuelle, » déclara Manuela se tenant à côté de lui.

« Tu crois que j’ai été gentil ? S’il te plaît, je ne faisais que dire ce que je pensais, » répondit Zagan.

« Euh… Je veux dire, ce serait bien si tu étais toi-même normal, mais quand tu es tout petit, il y a quelque chose qui semble étrangement charmant… Même moi, j’ai du mal à te résister en ce moment…, » déclara Manuela.

« Charmant… ? » Zagan bégayait sur un ton indiquant sa confusion. Honnêtement, il comprenait un peu ce qu’elle voulait dire, mais le concept l’avait aussi confondu, alors il avait décidé d’y penser plus tard.

Attends, n’est-elle pas vraiment semblable à cette grand-mère… ? Il pria pour que Gremory et Manuela ne se rencontrent jamais, de peur que sa vie ne soit ruinée.

« Je ferai attention…, » répondit Zagan docilement, ce qui fit éclater le visage de Manuela en un large sourire.

« C’est l’heure de te changer ! » déclara Manuela.

« Non, je peux choisir mes propres vêtements… Hé, tu m’écoutes ? Attends, qu’est-ce que tu tiens ? Arrêts ! Ne t’approche pas ! » Zagan avait désespérément crié pour que Manuela s’arrête alors qu’elle s’approchait de lui avec une jupe et une robe d’une seule pièce dans ses mains.

« Fufufufu, tu es beaucoup plus mignon quand tu es timide… Foll, tiens-le en place, qu’on en finisse, » déclara Manuela.

« Oh, d’accord, » répondit Foll. Son corps avait peut-être grandi, mais elle était toujours la même fille innocente dans son cœur, alors elle faisait confiance à Manuela de tout son cœur.

« Arrêtez, laissez-moi partir… NOOOOOOOOON ! » cria Zagan.

Quelques minutes plus tard, Zagan était couvert de volants et de dentelle comme une petite princesse.

Comment ose-t-elle me faire ça ? D’habitude, Zagan ne s’approchait pas du vestiaire, alors il ne savait pas qu’y entrer était la même chose que tomber dans les fosses de l’enfer.

« Hnnngh ! Mes yeux n’avaient vraiment pas tort ! Tu as vraiment du potentiel ! Aie plus confiance en toi ! » déclara Manuela.

« Quelle confiance… ? Ne te fous pas de moi…, » Zagan marmonna docilement, semblant avoir perdu sa volonté de la combattre.

« Manuela, ce sont des vêtements de fille. Plus de farces, » déclara Foll en penchant la tête sur le côté dans la confusion. Puis, elle avait soufflé sur ses joues, et contrairement aux attentes de Zagan, les yeux de Manuela avaient brillé.

« Wôw, j’aurais dû m’en douter. Tu as peut-être grandi, mais tu es toujours aussi adorable… Regarde, tu vois Zagan tout de suite ? Ces vêtements ne lui vont-ils pas bien ? » demanda Manuela.

« Ils le font, mais je peux dire qu’il ne les aime pas, alors arrête, » demanda Foll. Zagan était choqué que sa propre fille le défende.

« Hm, je suppose que tu as raison. Wôw, tu es devenue une vraie grande sœur, Foll. Je suis fière de toi, » déclara Manuela en s’essuyant les yeux, qui semblaient sur le point de verser des larmes de fierté.

« Grande sœur… ! Ouais, je suis… sa grande sœur, » déclara Foll en gonflant sa poitrine avec ses joues rouges.

Cette partie d’elle est encore enfantine, mais peu importe… Zagan avait décidé de ne rien dire parce qu’il trouvait ses actions mignonnes.

« Eh bien, je suppose que ça suffit de jouer. C’était amusant, mais maintenant il est temps de choisir de vrais vêtements, » déclara Manuela en serrant les épaules de Zagan. Puis, elle l’avait fait tourner sur place une fois. Et juste au moment où il commençait à se demander ce qu’elle faisait, sa tenue à froufrous avait été remplacée par un costume fringant, livré avec une cravate bouffante. Il portait des vêtements plutôt serrés qui lui donnaient l’air d’un noble hautain, ce qui le choquait, mais cela rendait bien.

En fait, je voulais qu’elle m’offre quelque chose comme ça pour mon rendez-vous avec Néphy… Zagan avait prévu de lui demander de l’aide pour ça plus tôt, mais cela ne servait à rien maintenant. Après tout, il n’était même pas sûr qu’il reviendrait bientôt à sa forme normale.

Foll se tenait debout et frappa des mains avec des paillettes dans les yeux pendant qu’elle regardait Manuela changer ses vêtements en un instant.

« Tu es incroyable, » déclara Foll.

« Fufufufu, n’est-ce pas ? N’est-ce pas le cas ? Vas-y, félicite-moi encore plus ! » s’exclama Manuela. Ses compétences étaient plutôt impressionnantes, mais le fait qu’elle commençait à agir avec plus d’impudence avait frotté Zagan dans le mauvais sens du poil.

« … Es-tu un sorcier ? » demanda Zagan, sa confusion était évidente à cause de l’expression de son visage.

« Je suis simplement le commis d’un magasin de vêtements. Rien de plus, rien de moins. Plus important encore, que penses-tu des vêtements de Foll ? » demanda Manuela.

Il n’avait même pas remarqué qu’elle l’avait habillée, alors il s’était tourné vers elle pour admirer la nouvelle vue. Foll portait une robe d’une seule pièce avec un élégant morceau d’armure dessus. Les deux parties s’assortissaient et la rendaient belle, alors Zagan pensait que c’était un bon choix.

« C’est un peu serré, mais c’est aussi facile à se déplacer avec. Mais je n’ai pas besoin d’armure. Ce truc va juste se mettre en travers du chemin, » expliqua Foll en faisant un petit tour sur place. Bien sûr, Foll était jeune, mais comme elle était un dragon, son corps était encore protégé par ses écailles. Ils n’étaient pas visibles dans sa forme humaine, mais ils projetaient quand même une sorte de barrière magique qui rendait inutiles toutes les armes normales et la sorcellerie.

« Ce n’est pas ça, Foll. Tes seins sont vraiment lourds maintenant, non ? » demanda Manuela en secouant la tête devant la déclaration précédente de Foll.

« Comment le sais-tu ? » répliqua Foll en la fixant d’un air émerveillé.

« Je peux le dire rien qu’en regardant. Tu vois, ils commencent à te faire mal aux épaules quand ils sont si gros, mais le port d’un plastron allégera la charge. Penses-y comme à des sous-vêtements que tu portas par-dessus tes vêtements, » déclara Manuela en expliquant son raisonnement en détail.

« Je vois. Tu es incroyable, » répondit Foll, exprimant son opinion honnête.

Cependant, pour une raison ou une autre, tout ce discours sur les sous-vêtements avait fait rougir Zagan. Attends ! Pourquoi je trouve ça si embarrassant ?

Il pouvait comprendre qu’il rougirait s’ils parlaient des sous-vêtements de Néphy, mais c’était sa fille. Peu importe sa taille, il ne la verrait jamais comme autre chose.

Mon esprit est-il influencé par mon nouveau corps ? Quand Néphy était devenue une enfant, son esprit avait commencé à se dégrader en fonction de son âge. Peut-être qu’il avait des symptômes similaires. Il semblait qu’il n’avait pas beaucoup de temps, alors Zagan avait décidé d’agir immédiatement. Et juste à ce moment-là, la porte du magasin s’était ouverte.

« Bienvenue ! Bonjour, Mlle Gremory ! » Kuu, qui les observait de loin, avait réagi immédiatement face à l’intrus.

« Bonjour. Oh, mon Dieu, ton visage a l’air tout à fait charmant, n’est-ce pas ? »

« Je ne comprends pas vraiment ce que tu veux dire, mais merci ! »

Et celle qui était venue, c’était Gremory.

Hein ? Kuu connaît Gremory ?

Gremory leva la main et salua Kuu, puis regarda immédiatement Zagan. Cependant, au lieu de s’approcher de lui, elle s’était arrêtée juste devant Manuela.

« Bienvenue, camarade Gremory. »

« Bon travail, camarade Manuela. »

Cette ville est condamnée… Zagan était resté sans voix pendant qu’il les regardait toutes les deux échanger des saluts.

Si l’on en juge par l’emploi du terme camarade, ces deux-là étaient déjà bien au-delà du domaine des simples connaissances. Les deux femmes qui n’auraient jamais dû se rencontrer conspiraient déjà ensemble. Et tandis que Zagan devenait pâle devant cette réalité, Gremory s’adressa finalement à lui.

« Je pensais que tu viendrais ici. On dirait que tu as fini de te changer sans problème. Eh bien, je suis sûre que tu serais heureux d’apprendre que j’ai réussi à entrer en contact avec mon professeur, » déclara Gremory.

« Oh, euh, bon travail…, » Zagan avait dit ça et avait hoché la tête quand son expression avait commencé à s’assombrir.

« Allez ! Ça ne te ressemble pas d’avoir l’air déprimé. Ne t’inquiète pas, tu m’as moi et mon professeur à tes côtés, donc je suis certaine que tu reviendras à la normale en un rien de temps, » avait affirmé Gremory en gonflant fièrement sa poitrine.

Après ça, Zagan et Foll avaient suivi Gremory hors du magasin. Et bien sûr, ce qui les attendait, c’était — .

***

Partie 7

« Je suis vraiment désolée pour tous les ennuis que ma disciple insensée t’a causés, » déclara Orias, s’inclinant profondément et s’excusant auprès de Zagan dès qu’ils s’étaient rencontrés. Comme d’habitude, elle portait une capuche qui couvrait la majeure partie de son visage et une robe ample pour cacher sa nature de haute elfe. En fait, elle, Néphy et Nephteros étaient probablement les seuls hauts elfes vivants qui existaient. Et il se trouve qu’elle était aussi l’enseignante de Gremory, ce qui signifiait qu’elle pouvait facilement manipuler son propre âge physique. Cependant, les traits de son visage que l’on pouvait discerner étaient ceux d’une vieille femme, et sa voix était aussi rauque. Au fait, Gremory avait une grosse bosse sur la tête et pleurait. Dès qu’ils s’étaient rencontrés, Orias l’avait frappée du poing. 

« Euh, non. C’est dû à ma propre négligence, donc je ne la tiendrais pas pour entièrement responsable…, » déclara Zagan.

« Ne la gâte pas. Il y a aussi ce qui s’est passé au village caché. À l’époque, elle utilisait la sorcellerie pour vous regarder courir comme un poulet sans tête, » déclara Orias.

« D’accord, d’accord. Frappe-la autant que tu le veux, » déclara Zagan, car ses sentiments de sympathie pour elle avaient complètement disparu.

« Mon seigneur, je pense que ce serait bien de me traiter un peu plus gentiment…, » déclara Gremory.

« Demande-le après avoir réfléchi à tes actions, » déclara Zagan.

« Es-tu en train de me dire qu’elle a aussi fait d’autres choses ? » s’écria Orias. 

Le fait d’être fusillé du regard par deux Archidémons avait été plus que suffisant pour que Gremory s’agenouille en silence.

« J’ai l’impression d’être à genoux depuis ce matin…, » Gremory marmonna, clairement malheureuse.

« Il semble que tu aies entendu l’essentiel de Gremory, mais j’ai fini comme ça après que nous ayons échoué dans un lancement de sorcellerie. Je cherche un moyen d’inverser cette transformation, alors as-tu des idées ? J’ai bien sûr l’intention de te rembourser d’une manière convenable, » déclara Zagan lorsqu’il s’était tourné vers Orias. Puis, il s’inclina respectueusement devant elle, et Orias haussa simplement les épaules.

« Tu n’as pas besoin d’être si distant. Je te dois déjà beaucoup. Tu as apporté le bonheur à ma fille, ce que je ne pourrai jamais faire, » déclara Orias avant de se tourner vers Foll en disant. « Et celle-ci, c’est la dragonne, non ? J’ai entendu dire que c’est ta fille adoptive, non ? »

« Valefor. Tu peux m’appeler Foll, » déclara Foll.

« Dans ce cas, tu peux m’appeler mamie, » déclara Orias.

« Compris. Mamie, » répondit Foll avec une expression tout à fait sérieuse sur son visage, ce qui fit qu’Orias fronça le bout du nez d’une manière troublée.

« … Désolée. Je voulais dire ça pour plaisanter, » déclara Orias.

Cette personne est toujours en train de s’excuser, n’est-ce pas ? Zagan avait eu un sourire amer quand il avait réfléchi à sa blague. C’était peut-être la tentative d’Orias d’animer l’ambiance, mais elle semblait avoir échoué.

« Tu es la maman de Néphy, donc ce n’est pas étrange pour toi d’être ma grand-mère, » déclara Foll en penchant la tête sur le côté dans la confusion. Orias fut surprise d’entendre cela, puis sourit avec joie.

« Je vois que Néphy a une fille assez directe, » déclara Orias, puis elle jeta son regard vers Zagan et elle continua, « Maintenant, laisse-moi regarder. Montrez-moi vos mains droites, » demanda Orias. Puis, Zagan et Foll les tendirent, et l’Emblème de l’Archidémon apparut sur eux deux.

« Hm… Il semble que ce soit le même sceau, » déclara Orias.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » s’enquit Zagan. Orias, cependant, avait simplement touché le sceau sans répondre, et l’avait observé pendant un certain temps avant d’émettre un gémissement.

« Cela semble être une situation assez pénible. C’est la première fois que je vois une malédiction aussi compliquée, » déclara Orias.

« Est-ce difficile, même pour toi, de la dissiper ? » demanda Zagan.

« … Tu as raison. Désolée, » s’excusa Orias, inclinant la tête tout le temps profondément.

« S’il te plaît, lève la tête. Ce n’est pas à toi de t’excuser, » s’écria Zagan, apparemment agité.

« Pour l’instant, je vais te dire tout ce que je peux discerner. Tout d’abord, Zagan, ton sceau a perdu la plus grande partie de sa puissance. À ce stade, même si je devais supprimer son pouvoir avec le mien, cela n’aurait probablement qu’un effet sur toi, » affirma Orias en levant les yeux vers Zagan en s’excusant. Foll avait aussi un sceau maintenant, mais la partie principale était toujours celle de Zagan, ce qui signifie que le flux sortant de puissance n’avait aucun effet sur Foll.

« Suivant, Foll. Je suis sûr que tu es l’enfant d’une lignée exceptionnelle, même parmi les dragons. Le pouvoir en toi date de l’âge des mythes. En d’autres termes, c’est littéralement divin. C’est si vaste que je suis certaine que tu pourrais facilement défier la plupart des Archidémons actuels. »

« Je vois…, » Zagan marmonna, puis il déclara. « Foll est la fille du Sage Dragon Orobas, qui aurait vécu à l’âge des mythes, donc cela a du sens. »

Dans un virage inhabituel, les yeux d’Orias s’ouvrirent en grand, choquée d’entendre cela.

« C’est… tout à fait un malheureux destin. Ça me donne presque envie de croire au destin, » déclara Orias.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » s’enquit Zagan.

« Marchosias était l’ami juré du Sage Dragon Orobas, » déclara Orias en se tournant vers Foll avec un regard doux dans les yeux. Foll, d’un autre côté, avait dégluti d’une façon audible en entendant ça.

« D’une manière ou d’une autre, cela me rend nostalgique. »

C’était ce que Foll avait dit quand Zagan l’avait amenée au palais de l’Archidémon. Cela, plus le fait que le Palais de l’Archidémon était rempli de mécanismes qui utilisaient des sorts de dragon, fit Zagan se demander si le pouvoir de l’Archidémon Marchosias lui avait été accordé par Orobas.

« Est-ce une coïncidence… ? » marmonna Zagan.

« Je me le demande… Le successeur de Marchosias a fini par adopter la fille d’Orobas… On se demande si tout ça fait partie du plan de quelqu’un, n’est-ce pas ? » demanda Orias, puis une fois de plus se tourna vers Foll et dit. « Revenons à ce dont nous parlions tout à l’heure. Foll, ton pouvoir est quelque chose qui aurait dû se démêler lentement sur une longue période. La situation actuelle a été créée en essayant de supprimer artificiellement cette limite. C’est presque comme si toute l’eau d’un puits infini jaillissait d’un seul coup et inondait son environnement. »

« C’est… Tout est de ma faute…, » Foll déplaça son regard vers le bas, se critiquant pour tout le malheur de Zagan.

« Non. C’est juste un fragment. Si ton pouvoir devenait vraiment fou, Zagan et ma disciple idiote seraient déjà morts. C’est pourquoi tu devrais te considérer comme chanceuse et en tirer des leçons, » avait affirmé Orias. Ses paroles étaient à la fois gentilles et strictes, ce qui avait fait que Foll avait fait un signe de tête ferme en réponse.

C’est essentiellement ce que j’aurais dû lui dire… Il aurait pu utiliser son changement de forme comme excuse, mais Zagan savait que ce serait la même chose que de se mentir à lui-même. Franchement, toute cette affaire lui avait fait réaliser à quel point il était encore inexpérimenté.

« Maintenant, comme je l’ai expliqué, tu es actuellement comme dans le courant qui coule d’un barrage brisé. La clé, c’est l’Emblème de l’Archidémon, mais il a aussi été emporté par les eaux. Pour arrêter le débit, vous devez soit reconstruire le barrage, soit trouver la clé. Ce sont deux tâches extrêmement difficiles, mais ce sont vos seules options, » déclara Orias en parlant d’une voix douce de leur chemin à suivre. Sa réponse était assez vague, mais Zagan avait l’impression d’avoir saisi le tableau complet de la malédiction grâce à elle.

Dans ce cas, si nous coupons avec force le chemin que nous avons créé, Foll serait plus en danger que moi… S’ils enlevaient la source d’eau derrière le barrage brisé, le lac s’assécherait.

« Hm, peut-être que cette situation a été provoquée par ton sceau, Zagan, » déclara Orias.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Zagan. Cependant, au lieu de répondre immédiatement, Orias tendit la main droite.

« C’est mon sceau. Peux-tu voir que sa forme est un peu différente de la tienne ? » s’enquit Orias.

« Oui, » répondit Zagan. C’est quelque chose que Zagan avait vaguement réalisé quand il avait vu le sceau de Bifrons. Au premier coup d’œil, ils semblaient identiques, mais les sceaux de Zagan et d’Orias différaient légèrement dans leurs moindres détails.

« J’ai découvert quelque chose de semblable à ça. À savoir, les épées sacrées de l’Église. Ce qui est gravé dessus semble aussi être en Célestian, » déclara Zagan.

« C’est tout à fait exact. On pourrait dire que ces Emblèmes de l’Archidémon sont un type de circuit créé avec le Célestian. Bien qu’il soit peut-être plus juste de l’appeler un texte. Malheureusement, reproduire quelque chose de semblable serait difficile même pour moi, » répondit Orias. Zagan ouvrit les yeux en apprenant qu’il s’agissait d’une technique si avancée que même un Archidémon aurait de la difficulté à la reproduire.

« Néanmoins, j’ai mis du temps à démêler ce texte. Après tout, le temps était la seule chose que j’avais en abondance, » déclara Orias.

« Et qu’est-ce que ça dit… ? » demanda Zagan.

« Ce n’est pas si impressionnant que ça. Sceau, pouvoir, connexion, Dieu, mal. Quelque chose comme ça. Ce sont à peu près les seuls mots qui ont un sens, de toute façon. Les autres sont toutes des choses que je ne peux même pas comprendre. Cependant…, » Orias s’arrêta un moment et regarda Zagan droit dans les yeux avant de dire. « Dans ce sceau, il y a un mot qui signifie la main droite. »

« Main droite… ? » marmonna Zagan, apparemment confus. Pour autant qu’il le sache, tous les Sceaux de l’Archidémon se trouvaient à la droite de ceux qui les possédaient. Est-ce que ça avait un sens ?

« Hm… J’ai déjà pensé que c’est peut-être parce que les sceaux apparaissent toujours sur la main droite d’une personne. Cependant, cela ne semble pas lié, » déclara Orias, puis indiqua le sceau de Zagan et continua. « La partie de mon sceau qui signifie la main droite a été remplacée par quelque chose qui signifie le cœur sur le tien. »

Les yeux de Zagan s’ouvrirent et Orias lui fit un signe de tête silencieux.

« Pour les sorciers, le cœur n’est pas seulement la pierre angulaire de la vie, mais aussi le fourneau qui donne naissance à une énorme quantité de mana. En d’autres termes, il y a une forte probabilité que ton sceau produise le plus de mana parmi les treize. En tout cas, c’était le sceau d’Ancêtre, » déclara Orias.

C’était une révélation plutôt choquante, mais Zagan avait un autre point à l’esprit.

Le cœur, la main droite… Chacun est un morceau de corps. Dans ce cas, le sceau de Bifrons symbolisait probablement une autre partie du corps. Et cela avait fait réaliser à Zagan que…

« En d’autres termes, les Sceaux de l’Archidémon scellent vraiment le corps du Seigneur-Démon…, » marmonna Zagan d’un ton grave. Cela signifiait que le sceau de Zagan contenait le cœur du Seigneur-Démon, qui était comme une fournaise infinie de mana. Cela signifiait que la conjecture de Bifrons était correcte. Cependant, Orias avait fait entendre une voix emplie de doute.

« Seigneur Démon… ? Oh, c’est comme ça que tu l’appelles ? Je vois. C’est assez facile à comprendre, » déclara Orias.

Maintenant que j’y pense, seul Bifrons l’appelait le Seigneur-Démon…

« Eh bien, comment appelles-tu ça ? » demanda Zagan.

« Moi ? Je ne lui ai jamais donné de nom. Il n’y a jamais eu de besoin. Oh, mais voyons voir…, » Orias traîna, puis parla d’un ton quelque peu nostalgique. « Marchosias l’appela… l’Archidémon Primordial. »

Zagan ne pouvait pas dire ce que cela signifiait. Cependant, il correspondait au moins au nom du sceau. Après tout, c’était l’Emblème de l’Archidémon, pas l’Emblème du Seigneur-Démon.

Pourtant, j’ai l’impression que toutes nos hypothèses sont loin d’être fondées… Malheureusement, Zagan était beaucoup trop inexpérimenté pour comprendre la raison. Un Archidémon du niveau de Bifrons avait passé des centaines d’années à l’étudier juste pour créer un mysticisme céleste, donc un nouveau venu comme Zagan avait un long chemin à parcourir avant de pouvoir aller au cœur du sujet. Et comme ces pourparlers touchaient à leur fin, Orias s’était finalement détendue.

« Eh bien, je vais essayer de trouver un moyen de défaire cette malédiction, mais n’en attends pas trop. Une simple haute elfe ne peut pas espérer rivaliser avec le pouvoir des légendes, » déclara Orias.

« Non, tu m’as déjà été d’une grande aide. Permets-moi de te remercier, » déclara Zagan.

Après que Zagan eut humblement exprimé sa gratitude, Orias continua tranquillement.

« Zagan, tu es au courant pour Liucaon ? Je parle de la nation insulaire, » déclara Orias.

« Ouais. En fait, j’ai appris à connaître quelqu’un de là-bas récemment, » déclara Zagan.

« Je vois. Comme c’est fortuit. C’est le dernier conseil que je peux te donner. Essaye de compter sur Liucaon. Il y a plusieurs secrets qui nous sont restés et que nous avons perdus depuis un bon bout de temps. Les objets qu’ils utilisent pour les rituels, qu’on appelle les Trésors sacrés, ressemblent à des épées sacrées. Il y a peut-être là un pouvoir ancien qui peut faire quelque chose pour combattre cette malédiction, » déclara Orias.

Zagan avait entendu dire que des pouvoirs différents de la sorcellerie existaient au Liucaon, et Gremory avait même indiqué que c’était l’un de leurs choix possibles, donc cela semblait être une bonne piste.

De toute façon, c’est mieux que de rester assis sur mes pouces…

« Connais-tu la Conférence continentale interraciale des aînés ? » demanda Zagan.

« Bien sûr que oui. Je suis l’un des derniers elfes restants, donc j’ai au moins entendu son nom, » déclara Orias.

« Des gens de Liucaon seraient-ils présents ? » demanda Zagan.

« À tous les coups. C’est l’un des participants les plus importants, » répondit Orias.

« En fait, j’ai aussi été invité. Je ne sais pas exactement qui y assistera, mais j’envisage de faire une apparition, » déclara Zagan.

« Quoi !? Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit !? Rien que de penser à toute la puissance de l’amour de toutes les races qui se rassemblent me fait baver…, » Gremory avait eu une réaction viscérale en entendant ça.

« Tu dois m’aider à chercher un moyen de défaire la malédiction, espèce d’idiote irréfléchie, » Orias avait coupé l’excitation de Gremory d’un ton froid.

« S’il vous plaît, laissez-moi y aller pour l’instant ! Je promets d’aider une fois de retour de la conférence, alors donnez-moi juste une nuit libre ! » s’écria Gremory.

« As-tu été assez sincère avec moi pour que je permette une telle chose ? » demanda Orias.

« Espèce de démooooooooneeeee ! » cria Gremory.

Zagan et Foll retournèrent au château, laissant la Gremory hurlante derrière elle avec son mentor.

***

Partie 8

« Pfff ! Vraiment, Dieu merci. Monsieur l’Archidémon n’avait pas l’air de se soucier du tout de cette conférence, » dit Selphy, apparemment de bonne humeur alors qu’elle préparait une soupe dans la cuisine. Elle était de si bonne humeur qu’elle avait même commencé à fredonner. Et alors qu’elle l’avait fait, son patron, qui préparait le plat principal derrière elle, avait poussé un gémissement.

« Imbécile. Mon seigneur n’est pas en mesure de participer à cette bagatelle parce qu’il est beaucoup trop occupé, mais pensez-vous que vous pouvez vous en servir comme raison pour vous exempter ? » déclara Raphaël.

« Voulez-vous dire qu’un représentant pourrait être obligé d’y aller, alors que je ne devrais pas commence à fêter ça ? C’est tout à fait bien. Comme je l’ai dit, M. Archidémon n’avait pas l’air de s’en soucier. En plus, s’il y allait, tout le monde aurait peur, alors, ça marcherait mieux ! » déclara Selphy.

Selphy parla à l’homme plutôt effrayant d’une manière désinvolte. Le visage et la conduite de Raphaël étaient terrifiants, mais une simple conversation suffisait pour réaliser qu’il était au fond un homme bon. En fait, on pourrait dire qu’il était la personne la plus gentille que Selphy ait rencontrée. Eh bien, à part Néphy, en tout cas.

Il passe beaucoup de temps à m’entraîner pour mon travail, et me félicite si je réussis bien… Il était toujours droit et honnête, bien que peu de gens l’aient remarqué à cause de sa façon de parler. Il était très malheureux que son phrasé et son choix de vocabulaire aient été maladroits et aient créé des malentendus.

Cependant, cette partie de lui ressemble un peu à une amie de chez moi… Même Selphy avait au moins une personne qu’elle pouvait appeler une amie. Elle ne lui avait pas parlé depuis qu’elle avait fui sa ville natale, mais son amie d’enfance était quelqu’un qui parlait et agissait un peu comme Raphaël. Elle avait aussi laissé Selphy chanter tout ce qu’elle voulait.

« Hmph… Il semble que vous ayez aussi compris l’étendue du cœur de mon seigneur. Il a de véritables ambitions, il a donc une connaissance approfondie des techniques qui peuvent à la fois détruire et apprivoiser les masses ignorantes, » déclara Raphaël en ricanant devant elle.

« De véritables ambitions… Oh, comme, à propos de Mlle Néphy ? Eh bien, vous avez raison. Les voir flirter toute la journée le rend vraiment moins effrayant, » déclara Selphy.

Ce majordome convenait parfaitement à cet Archidémon, en ce sens qu’ils avaient tous les deux agi de manière déconcertante. L’Archidémon était cependant relativement facile à lire et surtout quand il s’agissait de la femme qu’il aimait. La façon dont il courait dans la confusion quand il s’agissait de parler à Néphy ne convenait pas à l’aura de terreur et de majesté qui entourait généralement les Archidémons. Et à ce moment-là, il avait l’air d’un garçon maladroit ordinaire.

Pourtant, il peut transformer un bateau entier en poussière avec un seul coup de poing… En gros, il pourrait pointer la tête de Selphy et l’envoyer dans l’au-delà en plaisantant. Et à cet égard, c’était vraiment un Archidémon. Cependant, si tous les autres Archidémons étaient des gens comme Zagan, le monde aurait probablement été un endroit beaucoup plus paisible.

« Hé ! Faites un peu attention ! » Raphaël avait rugi sur Selphy alors qu’elle se perdait dans ses pensées. Et quand elle leva les yeux, elle vit que le majordome la fixait d’un regard féroce.

« Arght, avez-vous découvert que je voulais un peu en goûter ? » demanda Selphy.

« Vous allez tout gâcher. Enlevez la marmite du feu, » déclara Raphaël.

« Oh, d’accord… Hm, quel goût ça a ? Ce ne serait pas mieux si c’était un peu plus sucré ? » Selphy déclara cela, puis avait immédiatement pris une serviette mouillée et avait retiré le pot du feu. Après avoir versé une partie de la soupe dans un petit plat et l’avoir goûtée, elle avait mis la tête sur le côté. Raphaël avait suivi son exemple et goûta aussi la soupe, mais secoua la tête à la place.

« Non, c’est bien. L’assaisonnement du plat principal est assez fort, il s’accordera donc bien avec le goût de cette soupe. Vous vous êtes admirablement bien débrouillée, » déclara Raphaël.

« Yaaay ! Monsieur Raphaël m’a louée ! » s’exclama Selphy en levant les mains en l’air pour célébrer. Et à ce moment précis, un grand thérianthrope s’était jeté dans la cuisine.

« Je suis désolé de vous déranger. Mes mains sont libres en ce moment, donc y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous aider ? » demanda-t-il.

Ce thérianthrope à la crinière touffue et au visage de lion était Kimaris. Comme Gremory, il était le serviteur de confiance de Zagan. En fait, tous les deux étaient si puissants qu’ils s’étaient disputé la première place parmi les disciples de Zagan. Cependant, malgré cela, il avait été si gentil qu’il était même passé les aider dans la cuisine quand il avait du temps libre.

« En effet. Vous arrivez au bon moment. On a presque fini ici. Prenez assez d’assiettes pour tout le monde, » Raphaël ne perdit pas de temps et avaient immédiatement aboyé ses ordres.

« D’accord, d’accord. Mlle Selphy, ces assiettes doivent être lourdes. Alors, laissez-moi m’en occuper, » déclara Kimaris.

« Merci, Monsieur Kimaris. Monsieur Raphaël a même fait l’éloge de ma soupe aujourd’hui, donc je suis, genre, totalement confiante sur le goût ! » déclara Selphy.

« Alors, j’ai hâte d’y goûter, » déclara Kimaris, puis il pencha la tête sur le côté et demanda. « Que ferons-nous des portions de Sire Zagan et de Foll ? Je crois qu’ils sont sortis en ce moment. »

« Je n’ai pas été informé de l’heure de leur retour, mais nous devrions quand même nous y préparer, » déclara Raphaël.

Kimaris accepta tranquillement les ordres du majordome, mais la curiosité le vainquit.

« … Au fait, s’est-il passé quelque chose aujourd’hui ? Je n’ai pas non plus vu Mlle Gremory, » déclara Kimaris.

« Hm… Je suis certain que mon seigneur vous en aurait informé directement lui-même, mais un petit problème s’est produit. Gremory l’accompagne dans sa chasse à la solution, » déclara Raphaël.

« … Qu’a fait Mlle Gremory cette fois ? » demanda Kimaris en se grattant la tête.

« Ce n’est pas comme si la coupable était forcément Mlle Gremory ! » déclara Selphy.

D’autres sorciers traitaient Gremory comme une grand-mère ennuyeuse, mais Selphy pensait qu’elle était une bonne personne. Elle donnait souvent des bonbons à Selphy et la regardait avec un large sourire. Pourtant, Kimaris, qui était censé être son meilleur ami, avait fait une expression sévère en secouant la tête.

« Non, si ce n’était pas sa faute, Sire Zagan aurait aussi demandé mon aide. Le fait qu’il ne l’ait pas fait doit vouloir dire qu’il ne veut pas que je me sente coupable de l’erreur de Mlle Gremory. Mais je suppose qu’il est aussi possible qu’il n’ait tout simplement pas eu le temps de me le dire, » déclara Kimaris, puis il s’arrêta et ajouta. « Et aussi, Lady Néphy a grondé Mlle Gremory hier. Elle avait l’air plutôt en colère, donc je suis sûr que c’était de sa faute. »

« … Oh, » murmura Selphy. Elle n’avait pas pu réfuter ce dernier point. L’idée même que Néphy se mette en colère semblait impossible, alors il devait y avoir une bonne raison pour que cela arrive.

« Maintenant que j’y pense, Sire Raphaël, avez-vous réussi à interroger Sire Zagan sur la question dont nous avons discuté ? » demanda Kimaris en se tournant soudain vers Raphaël.

« Argh… Non, il a été très occupé, donc je n’ai pas eu le temps, » répondit Raphaël d’une manière extrêmement vague, ce que Selphy trouvait assez étrange.

« Hein ? S’est-il passé quelque chose ? » demanda Selphy.

« Ce n’est rien d’important. Ça n’a rien à voir avec vous, » déclara Raphaël.

« Aww, allez ! N’est-on pas copains de cuisine ? Me laisser dehors, c’est vraiment méchant ! S’il vous plaît, dites-le-moi ! » Selphy avait fait une crise de colère, mais c’était Kimaris qui avait l’air de s’excuser.

« Mes excuses, Sire Raphael. J’aurais dû faire plus attention…, » déclara Kimaris.

« C’est correct. Ce n’est pas vraiment quelque chose qui a besoin d’être caché, » déclara Raphaël, puis se tourna vers Selphy et expliqua. « J’ai fait des rêves étranges dernièrement. Ce sont probablement les souvenirs d’un certain dragon. »

« Par dragon, vous voulez dire quelqu’un comme Foll ? Pourquoi un humain les verrait-il ? » demanda Selphy.

« En raison de certaines circonstances spéciales, j’ai du sang de dragon qui coule en moi… Quoi qu’il en soit, comme les visions sont si fréquentes, j’ai l’impression que ce dragon essaie de me dire quelque chose, » déclara Raphaël.

« Je vois. C’est pourquoi la petite dame est si attachée à vous, Monsieur Raphaël ! » Selphy acquiesça d’un signe de tête, clairement satisfaite de la déduction étrange qu’elle a faite.

« … » Raphaël et Kimaris regardaient Selphy comme s’ils étaient face à un gosse muet.

« Ce ne sont que des rêves. C’est bien de ne pas déranger mon seigneur avec des choses aussi mineures quand il est déjà dans le pétrin, » déclara Raphaël.

« Non, attendez. S’il s’agit de rêves, alors mon amie Lilith est une sorte d’experte, » Selphy déclara ces mots sur un ton inquiet. Elle pensait que Raphaël pourrait s’effondrer s’il portait ce fardeau tout seul.

« Je sais que cela peut paraître impoli, mais les sirènes ne sont-elles pas plus liées à une sorte de sommeil éternel ? » demanda Raphaël.

« Lilith est une succube. Elle peut entrer dans les rêves des gens et leur faire des farces. Parfois, quand je faisais une sieste, elle me faisait voir un rêve où j’étais tuée par des sorciers. Heureusement, quand je me suis réveillée, ma grande sœur me réconfortait ! » déclara Selphy.

« Êtes-vous certaine que vous n’avez pas vu ces rêves après avoir été frappés à la tête… ? » Raphaël avait laissé échapper une voix étonnée, mais il avait fini par céder, avait fait un sourire tendu et avait dit. « Eh bien, si l’occasion se présente, j’accepterais cette offre. »

« Je n’ai pas vraiment l’occasion de rencontrer mes amies de chez moi. Ce serait, genre, totalement gênant de me montrer après tout ce temps ! » Selphy avait expliqué sa situation difficile, ce qui expliquait aussi pourquoi elle était contente que Zagan ne tienne pas compte de la conférence.

« Raphaël ! Cette idiote de Selphy est-elle dans le coin ? »

Selphy entendit un ton un peu familier, mais la voix était celle d’un enfant qu’elle ne connaissait pas. Lorsqu’elle s’était tournée vers la source, elle avait vu un jeune garçon enfoncer pratiquement la porte en entrant dans la cuisine. Il avait l’air d’un héritier d’une famille noble, car il portait une chemise fringante et une veste élégante. Elle avait l’impression qu’il ressemblait à quelqu’un qu’elle connaissait, mais Selphy ne connaissait aucun enfant. Il était tout à fait possible qu’il ait été enlevé par l’un des sorciers.

Un enfant ? S’est-il perdu ou quoi ? Selphy le regarda avec émerveillement, troublée par l’apparition soudaine de l’enfant.

« Hein… ? Monsieur… Zagan… ? » Kimaris avait crié ces mots d’une voix choquée.

« Oh, tu es là aussi, Kimaris ? Parfait. Je te cherchais aussi, » répondit l’enfant d’un ton un peu hautain.

Pourquoi le nom de Zagan était-il sorti de la bouche de Kimaris ? Selphy avait supposé qu’il devait être fatigué après tout son travail. C’était soit ça, soit elle avait mal entendu. Elle ne savait pas qui avait amené ce gamin au château, mais elle avait pitié du fait qu’il était coincé ici. Ainsi, Selphy gonfla sa poitrine alors qu’elle se tenait devant le garçon.

***

Partie 9

« Tu dois te laver les mains en entrant dans la cuisine, tu vois ? Monsieur Raphaël va se fâcher si tu ne le fais pas. Et tu n’aimerais pas son visage quand il est en colère ! » déclara Selphy.

« Ferme-la. Plus important encore, guide-moi jusqu’à cette conférence ou quoi que ce soit d’autre. Tout de suite, » déclara Zagan.

« Franchement, tu es un sale gosse arrogant. Écoute, tu ne peux pas faire ça, OK ? Seuls Monsieur Raphaël et Monsieur Zagan peuvent être hautains par ici, » déclara Selphy en plissant ses sourcils.

« Je te dis que je suis Zagan ! » déclara Zagan.

« Oh, d’accord. Je suppose que ça fait de moi, genre, Mlle Néphy. Monsieur Zagan passe une bonne vingtaine de secondes à trébucher sur ses paroles quand il parle à Mlle Néphy, alors tu devrais — Owowowowowo ! » déclara Selphy.

Selphy était une adulte. Elle gonfla fièrement sa poitrine et décida de jouer le jeu avec le petit garçon, mais son visage fut soudain saisi par lui comme un aigle qui saisissait sa proie.

« Pourquoi diable sais-tu ça !? » demanda Zagan.

 

 

« Owowowowowowo ! » Selphy hurla d’agonie. Elle ne savait pas pourquoi ce gamin était en colère, mais sa force était anormale. Et voyant qu’elle perdrait conscience à ce rythme, Raphaël était intervenu pour l’arrêter.

« Mon seigneur. Si tu continues comme ça, elle va mourir. Est-ce que c’est d’accord ? » demanda Raphaël.

« Oh… Désolé, j’ai mal calculé ma force. Ça va, Selphy ? » demanda Zagan.

Heureusement, l’enfant avait laissé partir Selphy avant que sa tête ne soit écrasée.

« Sire Zagan. C’est quoi cette forme ? Comme je le pensais… Mlle Gremory a encore fait quelque chose ? » demanda Kimaris.

« Non, elle partage une partie du blâme, mais ce n’est pas vraiment sa faute… Hey, vas-tu bien ? Dois-je demander à Néphy de te traiter ? » demanda Zagan.

Comme Selphy ne semblait pas se remettre de la douleur, l’enfant avait jeté un coup d’œil au visage avec inquiétude.

Il est assez violent, mais peut-être qu’il n’est pas si mal… Pensant qu’elle ne pouvait pas faire en sorte qu’un enfant s’inquiète pour elle, Selphy avait souri et s’était levée… Elle avait les larmes aux yeux, mais on pourrait sûrement pardonner ça.

« Je vais bien ! Ta grande sœur est une vraie dure à cuire ! » déclara Selphy.

« Hé, je te dis…, » déclara Zagan.

Alors que l’enfant émettait une voix troublée, Kimaris s’était interposé pour interrompre la situation.

« Mlle Selphy, cet enfant est Sire Zagan. Même Mlle Gremory est capable de devenir une enfant et une vieille femme, non ? » demanda Kimaris.

« Hein ? Êtes-vous sûr qu’il n’est pas le petit-fils de Mlle Gremory ? » demanda Selphy.

« … »

Tout le groupe avait été stupéfait par sa stupidité. Et ainsi, ils passèrent l’heure suivante à expliquer que la sorcellerie de manipulation d’âge existait, et que le garçon devant elle était bien Zagan.

« Ce n’est pas possible ! La sorcellerie, c’est quelque chose d’aussi fou !? » déclara Selphy.

« Qu’est-ce que tu croyais que c’était avant ? » Zagan fixa Selphy d’un regard exaspéré en disant cela.

« Je compte sur toi, Selphy. Toi seul peux m’aider à retrouver ma forme originale. Guide-moi jusqu’à la conférence, » demanda Zagan.

« Mais j’ai toujours du mal à croire que vous êtes un petit Zagan. De plus, ce serait totalement gênant de montrer mon visage à ma famille, alors je ne veux pas, » Selphy avait commencé à grogner et elle avait ronchonné en réponse.

« Ne peux-tu pas m’aider… ? » Zagan avait abaissé ses épaules, l’air vaincu.

« Mais c’est vous qui m’avez sauvée de ce navire, et vous m’avez même donné un endroit où travailler. Cette fois, c’est à moi de vous sauver. D’accord ! Je vous emmènerai à cette conférence ! » proclama Selphy en gonflant fièrement sa poitrine.

« Vraiment !? Merci ! » Zagan leva les deux mains en l’air pour célébrer ce qu’il disait.

Maintenant que j’y pense, c’est la première fois qu’on compte sur moi… Selphy avait encore peur de la sorcellerie, mais la vie dans le château était surtout confortable, alors elle voulait faire tout ce qu’elle pouvait pour protéger ce lieu de chaleur.

« D’accord ! Puisque c’est réglé, préparons-nous. Je dois emmener Néphy cette fois-ci, donc il faut bien se préparer pour le voyage ! » Zagan avait prononcé ces mots d’un ton trop enthousiaste.

« Oh ! Attendez ! Pouvez-vous, genre, attendre un peu !? » Selphy avait appelé pour arrêter Zagan quand il avait commencé à s’enfuir de la cuisine.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda Zagan.

« Vous n’allez pas retourner au château avant un moment, n’est-ce pas ? Dans ce cas, je veux que vous écoutiez ce que Monsieur Raphaël a à dire, » déclara Selphy.

« Stop, Selphy, » Raphaël éleva la voix d’un ton un peu fâché, mais il était déjà trop tard.

« … Qu’est-ce que tu veux dire ? S’est-il passé quelque chose ? » demanda Zagan.

« Non, ce n’est pas quelque chose dont il faut s’inquiéter, » répondit Raphaël d’une manière obstinée. Il avait l’intention de le garder pour lui, mais Selphy s’était lancée et avait tout gâché.

« Monsieur Raphaël a fait des rêves bizarres ces derniers temps, alors il voulait vous consulter à propos de… Eeek ! » Selphy parlait de ses problèmes, ce qui avait poussé Raphaël à la fusillée du regard. Selphy s’était transformée en boule en réponse, mais Zagan s’était quand même retourné pour lui faire face.

« Raphael. Parle, » ordonna Zagan.

« Argh…, » Raphaël s’était renfrogné, mais s’était trouvé incapable de refuser la demande de Zagan. C’est ainsi qu’il lui avait raconté, à contrecœur, ses rêves.

« Les souvenirs d’Orobas ? » demanda Zagan.

« Oui. C’est probablement à propos de la dernière bataille qu’il a menée à mes côtés. Cependant, ce qui m’inquiète, c’est qu’il combattait quelque chose qui semblait différent d’un démon, » déclara Raphaël.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Le démon que tu as combattu n’était-il pas celui qui est maintenant une chimère dans le Palais de l’Archidémon ? » demanda Zagan.

« Celui que j’ai massacré était ce démon. Cependant, ce n’était pas la seule chose sur ce champ de bataille. Il semble qu’Orobas ait combattu quelque chose de bien plus puissant qu’un simple démon…, » déclara Raphaël.

« C’est impossible. Le seul qui pourrait être aussi puissant est le Seigneur-Démon. Mais…, » Zagan leva la main droite, et un sceau de lumière brilla à la surface tandis qu’il continuait. « Le Seigneur-Démon est scellé ici. Je n’ai jamais entendu parler de l’un des treize sceaux brisés. »

Au moins, quand Zagan avait hérité pour la première fois de l’Emblème de l’Archidémon, les treize étaient rassemblés.

« C’est pourquoi je crois aussi que c’est impossible, » déclara Raphaël.

« … Cela signifie-t-il qu’une autre menace majeure existe ? Non, ça ne peut pas…, » Zagan marmonna ces mots avec la tête basse, puis secoua la tête. Si des êtres aussi puissants avaient surgi aussi souvent, le monde aurait été détruit depuis longtemps. Cependant, il était également vrai que le Sage Dragon Orobas, qui avait survécu à l’âge des mythes, ne pouvait pas faire face à cet ennemi, donc il avait dû être extrêmement fort.

« Compris. Je ne connais pas la vraie nature de tes rêves, mais je m’en souviendrai. Était-ce ton seul souci ? » demanda Zagan.

« Non, il y a autre chose que tu dois savoir, » déclara Raphaël en se concentrant sur la main droite de Zagan avant de dire. « Il semble que le Sage Dragon Orobas et l’Archidémon Marchosias étaient de vieux amis. C’est peut-être aussi une amitié qui a duré un millier d’années. »

« … Je le savais déjà. Orias qui m’en a parlé. C’est la première fois que j’entends dire que cela a duré un millier d’années, » déclara Zagan quand ses yeux s’étaient élargis à cause de la révélation soudaine. En y repensant, même si Zagan avait hérité de l’héritage de Marchosias, il ne savait rien de son prédécesseur. Bien sûr, il était mort subitement de vieillesse, mais Zagan aurait aimé avoir laissé un peu plus d’information en préparation de son décès.

Non, attends… La vieillesse ? Je ne peux pas être…, Zagan avait été décontenancé.

« Raphael. Quand as-tu combattu aux côtés d’Orobas ? C’est important, alors réfléchi bien, » déclara Zagan.

« Hm… Cela fait environ six mois maintenant, donc deux mois avant de te rencontrer, mon seigneur, » déclara Raphaël.

En d’autres termes, il aurait fallu environ un mois avant que Zagan rencontre Néphy. Et à partir de là, Kimaris avait certainement remarqué ce qui se passait dans l’esprit de Zagan.

« Oh… Sire Zagan, est-ce que ça pourrait signifier… ? » demanda l’homme lion.

« … Oui, » répondit Zagan en serrant les dents, apparemment étonné par sa propre ignorance.

« C’est exactement la même période où l’Archidémon Marchosias est décédé, » déclara Zagan.

Suis-je un idiot ? Pourquoi n’ai-je jamais rien suspecté ?

« Alors… es-tu en train de dire que l’Archidémon Marchosias a aussi perdu la vie dans cette bataille ? » demanda Raphaël alors que ses yeux s’élargissaient à cause du choc.

« Ce serait une hypothèse raisonnable. Néphy a fini à la vente aux enchères où je l’ai achetée que parce qu’il est mort si soudainement, » déclara Zagan.

À l’origine, Néphy devait être vendue à Marchosias. Ce n’était pas hors du domaine des possibilités qu’il avait l’intention de l’utiliser pour prolonger sa vie, mais si c’était le cas, c’était encore plus étrange qu’elle soit encore en vie. Si ses années restantes étaient si courtes, il n’aurait pas eu d’importance si les démons ou un Seigneur-Démon venaient, il aurait donné la priorité à prolonger sa propre vie. Après tout, la plupart des gens se souciaient de leur propre vie avant tout.

« Maintenant que j’y pense, j’ai entendu une conversation dans mon rêve. Je ne m’en souviens pas très bien, mais j’ai l’impression que Marchosias a dit quelque chose à propos de l’hébergement de quelqu’un, » fit remarquer Raphaël, déconcerté par tout cela.

« Un abri ? Pas un enlèvement, mais une mise à l’abri ? Un Archidémon a dit ça ? » demanda Zagan.

« Je trouve ça un peu étrange, mais n’est-il pas sûr de penser qu’il parlait de Lady Néphy ? » demanda Raphaël.

Pourquoi un Archidémon voudrait-il l’abriter ? Bien sûr, c’est une haute elfe, mais ce n’est pas une raison suffisante. Étant donné sa race, l’idée qu’il avait l’intention de l’utiliser comme sacrifice semblait beaucoup plus convaincante…

J’ai peut-être besoin de passer en revue tout ce que je sais sur Marchosias… Il avait probablement appris tout ce qu’il pouvait en discutant entre eux, alors il était temps de passer à autre chose. De plus, Zagan devait ramener son corps à la normale, ce qui signifiait qu’il n’avait pas de temps à perdre.

« Je comprends. En tout cas, je doute fort que ces rêves soient une simple coïncidence. C’est peut-être une sorte d’avertissement. Je serais sur mes gardes quand je voyagerai, alors ne le laisse pas obscurcir ton jugement, » déclara Zagan.

« Comme tu veux, » répondit Raphaël. Puis, Zagan s’était tourné vers Selphy.

« Quant à toi… Eh bien, bon travail, » déclara Zagan.

« Hein ? Ai-je fait quelque chose ? » demanda Selphy.

« … Ce n’est rien, vraiment. Je pensais juste que c’est bien d’avoir quelqu’un d’aussi insensible que toi, » déclara Zagan.

« Ahahahah, arrêtez, vous allez me faire rougir avec ces compliments ! » déclara Selphy.

« Était-ce vraiment un compliment ? » demanda Raphaël en regardant Selphy. Cependant, elle n’avait pas prêté attention à ses paroles.

« Oh, c’est vrai. Pendant que je suis insensible, puis-je dire une dernière chose ? » demanda Selphy.

« Es-tu consciente que tu es insensible… ? Eh bien, très bien. En raison de l’occasion, dis ce que tu penses, » déclara Zagan.

« Euh, Mlle Selphy, il vaudrait mieux que vous fassiez preuve d’un peu plus de retenue, » dit Kimaris, tout à fait sur les nerfs pendant tout ce temps, mais Selphy avait simplement gonflé sa poitrine et ignoré son avertissement.

« Monsieur Zagan, vous devriez compter davantage sur ceux qui vous entourent ! Ça rend les gens vraiment heureux ! » déclara Selphy.

« … Compris. Je m’en souviendrai, » Zagan cligna des yeux, puis hocha la tête avec un sourire tendu quand il déclara cela.

« Ooooh... Vous savez, quand vous agissez honnêtement et que vous êtes mignon sous cette toute petite forme, mon cœur bat la chamade ! Vous devriez aussi essayer de parler comme ça à Mlle Néphy ! » déclara Selphy.

« … Veux-tu que je t’écrase encore le visage ? » demanda Zagan.

Zagan était peut-être minuscule, mais il était exactement la même personne dans son cœur. Ainsi, Selphy devint blanche comme un linge alors qu’elle secouait vigoureusement la tête.

***

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