Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas
Table des matières
- Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas – Partie 1
- Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas – Partie 2
- Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas – Partie 3
- Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas – Partie 4
- Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas – Partie 5
- Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas – Partie 6
- Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas – Partie 7
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Chapitre 3 : Étonnamment, il y a beaucoup d’individus gentils dans le monde, mais il y en a aussi beaucoup qui ne le sont pas
Partie 1
« B-Bienvenue, Sire Zagan. »
Kimaris et Gremory saluèrent Zagan alors qu’il rentrait dans son château. Tous deux étaient d’anciens candidats pour le poste d’Archidémon, et maintenant servaient comme subordonnés de Zagan. Tous deux étaient des sorciers qui pouvaient changer leur apparence à volonté. Kimaris était sous sa forme humanoïde avec sa crinière noire qui se balançait, et Gremory était sur son épaule sous la forme d’une petite fille. Pendant la journée, ils s’étaient rendus au Palais de l’Archidémon précédent, Marchosias. Ils avaient tous les deux obtenu la permission de faire « quelque chose » là-bas, et venaient de rentrer chez eux.
Néphy n’est pas là, hein ? Quelle rareté… ! Normalement, quand Zagan sortait, Néphy sortait toujours pour l’accueillir à l’entrée du château. Et pourtant, elle était introuvable cette fois-ci. C’était peut-être parce qu’elle était en train de préparer le dîner et qu’elle ne pouvait pas s’écarter de ça une minute, mais Zagan espérait surtout qu’elle n’était pas tombée malade, ou une autre chose du genre. Néanmoins, ses subordonnés s’étaient présentés pour le saluer, alors Zagan avait levé la main quand il avait répondu.
« Hmm. Bon travail. Vous venez de rentrer, non ? Parfait timing, » déclara Zagan.
« Oui. Vous étiez en ville, Sire Zagan ? » demanda Kimaris.
« Ouais, » répondit Zagan.
« Au fait, pourquoi es-tu sous cette forme ? Laisse-moi te dire que même si tu as l’air d’une enfant, je ne te gâterai pas comme Foll…, » Zagan regarda la petite Gremory en disant ça.
« Vous avez tout faux ! J’ai mal au dos quand je suis fatiguée et que je suis sous ma forme vieille ! » répondit Gremory.
Attends, ça veut dire qu’elle utilise cette version d’elle pour soulager les maux de dos… ? La forme standard de Gremory était celle d’une vieille femme au dos voûté, et elle se promenait comme ça sans même utiliser une canne. Il n’était pas surprenant que ce soit vraiment douloureux.
« D’ailleurs, sous cette forme, je peux me faire conduire par Kimaris sans qu’il en soit gêné, alors j’ai fini par penser que c’était une nécessité » continua Gremory en jouant avec les cornes de chèvre sur sa tête juvénile. C’était difficile à dire à travers sa crinière noire, mais il semblait que Kimaris rougissait. Le bout de son nez était un peu rouge.
« Kimaris, c’est probablement mal de trop la gâter, tu sais ? » déclara Zagan.
« … Oui. Je ferai attention, » répondit Kimaris.
Zagan sentait que leur lien ressemblait beaucoup à son amitié non désirée avec Barbatos. Bien que Kimaris hocha la tête, il pouvait dire qu’il laisserait Gremory monter à nouveau sur son épaule.
« Ce n’est pas comme si j’avais l’intention de me mettre entre vous deux. Bref, comment ça s’est passé au Palais de l’Archidémon ? » demanda Zagan.
Kimaris et Gremory échangèrent des regards, puis chacun d’eux fit une expression complexe.
« La perspective de restaurer le golem de l’Archidémon précédent semble plus intéressante que prévu. Je pense qu’il servira bien de mécanisme de défense. Cependant, en ce qui concerne l’autre question…, » répondit Kimaris.
« Mon seigneur, je ne pense pas être fait pour ça. Ou plutôt, ce n’est pas si je pouvais contrôler cette chose ! » déclara Gremory.
Eh bien, c’était logique après avoir vu sa silhouette usée. Gremory criait en faisant une grimace comme si elle avait complètement abandonné.
« Les sorciers ont tous un domaine d’expertise. Selon moi, je crois que la sorcellerie de Mlle Gremory n’est pas faite pour cela, » répondit Kimaris d’un signe de tête. La sorcellerie de Gremory était capable de s’immiscer dans l’écoulement du temps d’un être vivant. D’une certaine façon, on pourrait dire qu’elle était capable de manipuler la vie elle-même. D’autre part, Kimaris se spécialisait dans la sorcellerie qui manipulait le son. Ce n’était pas au niveau de Zagan, mais il était adapté au combat et il avait déjà apporté des résultats utiles avec lui.
« … Je vois. Mais vous êtes les seuls à pouvoir utiliser “ça”. Je m’en fous si ça prend du temps, faites-le fonctionner d’une façon ou d’une autre » déclara Zagan.
« Si mon seigneur insiste, je ne peux pas refuser, n’est-ce pas ? » déclara Gremory, hochant la tête à contrecœur malgré la grimace sur son visage.
« Je me sens bizarre de dire cela, mais est-ce vraiment correct pour nous d’être ceux qui utilisent “ça” ? Je trouve que c’est tout à fait un honneur… mais, comment dire… ? Cela ne voudrait-il pas dire que nous aurions trop de pouvoir ? » ajoura Kimaris.
« Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ? » répliqua Zagan, inclinant la tête sur le côté.
« Écoutez mes paroles, mon seigneur. C’est votre atout. De plus, c’est un atout tellement dangereux et extravagant qu’il peut changer le monde s’il était mal utilisé, mais vous ne faites que le distribuer à quelques nouveaux venus comme nous, » répondit Gremory à la place de Kimaris d’un ton étonné. En d’autres termes, ils craignaient que Zagan ne comprenne pas vraiment sa valeur.
« Hmm, voyons voir… Un Archidémon n’est pas un symbole parmi les monstres comme ceux qu’on trouve dans les histoires. C’est un titre donné à des gens qui sont à la pointe de la sorcellerie. Les autres Archidémons sont peut-être impatients de devenir de tels monstres, mais je me vois moi-même plutôt comme un roi. »
Orias pouvait avoir eu une mentalité semblable à celle de Zagan, mais elle était un roi solitaire qui n’avait pas de serviteurs. C’était juste un chemin différent de celui que Zagan avait pris.
« Un roi est celui qui récompense ses fidèles serviteurs. Vous avez déjà fait du bon travail, et j’aimerais que cela continue. C’est pourquoi je vous ai accordé le pouvoir en récompense, » répondit Zagan.
Gremory et Kimaris semblaient ne pas pouvoir croire ce qu’il disait.
« Est-ce que c’est étrange ? » demanda Zagan.
« Maintenant, je me demande… est-ce ainsi ? » Gremory marmonna en affichant une expression d’une gravité inhabituelle tout en baissant les yeux, puis poursuivit. « C’est certainement hors des sentiers battus pour un sorcier de penser comme ça. D’abord, les sorciers ne pensent qu’à eux-mêmes. Nous, les sorciers, qui vivons dans l’ombre, sommes bien plus méchants que vos pensées ne le suggèrent. Cela dit, vous n’êtes certainement pas comme ça. Ne vivant ni sur le chemin du mal ni sur celui de la justice, vous marchez sur une mince ligne… »
Ce n’était pas une critique, mais Gremory essayait de trouver la réponse elle-même. Et peu après, elle avait soudainement levé les yeux vers Zagan.
« Oh, je vois. C’est ça, la royauté, non ? » demanda Gremory.
Ayant trouvé la réponse, Gremory et Kimaris se prosternèrent devant Zagan.
« Tout est comme notre seigneur le veut, » déclara Gremory.
« Mais, dans ce cas, est-il acceptable de ne pas l’accorder à Foll également ? C’est quelque chose que vous auriez dû accorder à l’origine à Lady Foll, car elle est votre fille, Sire Zagan, » déclara Kimaris, puis leva les yeux vers le visage de Zagan comme pour vérifier son teint. Il avait certainement raison. Le travail que Zagan avait confié à ces deux individus était une chose pour lequel Foll était la plus appropriée en tant que sa fille adoptive, ainsi qu’une dragonne, et qu’une ex-candidate Archidémon.
De plus, le Palais de l’Arch1démon est plein de mécanismes qui utilisent des sorts de dragon pour se déplacer…, il était évident que Foll convenait le mieux à cette zone.
« C’est ce que j’avais prévu à l’origine. Même aujourd’hui, Foll désire une plus grande force, » déclara Zagan.
« Alors… »
Néanmoins, Zagan secoua la tête avec une expression stricte sur son visage.
« Une pensée m’a traversé l’esprit quand j’ai regardé Néphy dans le village elfique caché. Néphy et moi… ou plutôt, la plupart des sorciers n’avons pas eu une enfance digne de ce nom, non ? » demanda Zagan.
« C’est… »
Kimaris et Gremory semblaient soudainement s’en rendre compte et ne pouvaient pas lui répondre.
« C’est un peu étrange venant de moi, mais j’ai juste pensé que j’aimerais que Foll puisse en faire l’expérience, » déclara Zagan.
S’asseoir sur les genoux de Zagan et Néphy, se faire lire des livres d’images, se faire amadouer avec des bonbons, dormir ensemble… Zagan voulait qu’elle passe son temps à faire des choses qui étaient complètement évidentes pour une famille normale. Le fait qu’elle puisse atteindre une telle chose après avoir perdu son vrai père Orobas était déjà un miracle en soi.
« Le pouvoir que je vous ai accordé deviendra sûrement une malédiction qui vous lie. Le prix à payer pour atteindre le pouvoir est que vous ne pourrez plus vivre une vie sans rapport avec lui. C’est pourquoi… c’est trop tôt pour Foll. J’attendrai qu’elle grandisse encore un peu, » déclara Zagan.
« C’est bien le visage d’un père charmant. Cette petite dragonne est vraiment aimée, n’est-ce pas ? J’aimerais avoir un parent qui dit de telles choses. Permettez-moi de le dire une fois de plus… le joli pouvoir de l’amour ! » déclara Gremory en poussant un soupir nostalgique. Puis, elle forma un large sourire et demanda. « Hé, mon seigneur. Ne voulez-vous pas devenir mon papa ? Regardez, je suis une petite fille ! Et je ne suis pas non plus contre l’idée d’être formée au genre de femme que vous aimez… »
« Je ne veux pas, » Zagan avait refusé et lui avait fait un signe de la main.
« Je suis relativement sérieuse, vous savez ? » Gremory se gonfla les joues en disant ça.
« Kimaris n’aime pas ça. Arrête tout de suite, » déclara Zagan.
Et peut-être ébranlé par ces mots, Kimaris avait soudainement laissé tomber Gremory.
« FUGYA !? »
« Oh ! Désolé Mlle Gremory. Tes vêtements sont-ils sales ? » demanda Kimaris.
« Ne devrais-tu pas plutôt t’inquiéter pour mon visage ? » demanda Gremory.
Et tandis que Zagan regardait leur petite querelle, Kimaris avait pris la parole pour changer de sujet.
« En tout cas, Sire Zagan, n’aviez-vous pas des affaires à voir avec nous ? » demanda Kimaris.
« Oups, tu as raison, » répondit Zagan en baissant la voix et en disant. « Ce satané Bifrons est encore en train de se battre. »
Gremory et Kimaris se raidirent en entendant ce nom. C’était tout à fait naturel. Tous deux avaient déjà failli mourir parce qu’ils s’étaient impliqués avec Bifrons auparavant, et c’est pour se protéger de cela qu’ils avaient choisi de devenir les subordonnés de Zagan.
« Il semble que l’objectif réel de Bifrons soit autre chose. Pourtant, cela ne change rien au fait que Bifrons me regarde de haut en faisant ce qu’il veut sur mon territoire, » affirma Zagan, puis il avait soudainement ri et avait frappé la large poitrine de Kimaris avec un bruit sourd avant de dire. « Ce genre d’idiot doit prendre un bon coup sur le visage pour corriger ses manières, non ? »
Zagan avait poursuivi en décrivant l’« ennemi » qui avait été envoyé après eux. Après avoir entendu parler de ce que le groupe de Chastille avait combattu, Gremory devint pâle comme un fantôme. Cependant, en leur disant qu’il n’y avait rien à craindre, Zagan les informa d’une dernière chose.
« Vous m’entendez ? Ce type viendra nous embêter avec toute sa force si on le laisse nous marcher dessus. À ce rythme, les choses iront plus mal que tout ce qu’on peut imaginer. C’est pourquoi ça ne me dérange pas que vous mettiez “ça” à l’usage. Recevez-les avec courtoisie et abattez-les, » déclara Zagan.
« Comme vous le voulez, » s’exclama Kimaris, l’air d’abord surpris devant un sourire féroce digne d’un lion qui se levait sur son visage.
« Je dois dire que la vue de Bifrons moussant de la bouche sera tout à fait amusante, » ajouta Gremory avec un rire délicieux. Puis, elle poursuit. « Eh bien, nous ferions mieux de nous débarrasser de Bifrons bientôt. Sinon, vous n’aurez jamais de rendez-vous relaxant avec Lady Néphy. »
« … Hey, Gremory. Je ne pense pas que ce soit possible… mais as-tu prêté ce livre d’images à Foll avec cette idée en tête ? » demanda Zagan alors que son corps se raidissait.
« Keeheeheehee, bien que vous deux possédiez un talent superflu, vous êtes pires que tous les retardataires que je n’ai jamais rencontrés. Si je ne vous pousse pas un peu tous les deux, vous finirez par être coincés au même endroit pour toujours ? Hm ? Est-ce vraiment d’accord ? Non, ce n’est pas vrai ! Je ne supporte plus de regarder tout ça rester ainsi ! » proclama Gremory. Comme toujours, la vieille grand-mère avait fait tout ce qu’elle voulait, ce qui avait donné de la migraine à Zagan.
C’est vrai que je n’avais aucune idée de ce que je devrais faire moi-même… Cette grand-mère lui avait même envoyé un livre extrêmement descriptif pour le guider très simplement. Si elle n’avait fait qu’une farce, elle aurait pu taquiner Zagan autant qu’elle le voulait et le ridiculiser.
« … Et bien, j’étais vraiment inquiet de savoir comment rendre Néphy heureuse. Je suppose… que je dois te remercie pour l’instant, » lui répondit Zagan en se grattant la tête tout le temps.
Gremory avait regardé ça avec surprise pendant un moment, puis elle avait éclaté de rire.
« Il n’y a pas de plus grande joie que de voir mon seigneur se réjouir de moi. Une fois que les choses sont faites ici, vous voulez juste courir partout en chantant des louanges de votre amour à votre guise, hein ? Keeheeheehee... »
« … Je ne ferais pas ça. Bref, je vous confie le château à vous deux, » déclara Zagan.
« Laissez-nous nous en occuper ! » déclara Gremory.
La première fois qu’ils s’étaient battus, ils étaient dans le domaine de Bifrons, sur le bateau. Cependant, cette fois-ci, ce serait le contraire. Le château et la ville étaient le domaine de Zagan.
Je ne te laisserai pas me voler quoi que ce soit ici… Bifrons avait sûrement fait suffisamment de préparatifs, mais peu importe qui c’était, personne n’avait le droit de voler ce qui appartenait à Zagan.
Cependant, ce que Zagan, et même Bifrons, ne savaient pas encore… c’est qu’il y avait un individu qui s’était glissé dans ses terres au-delà de leurs attentes.
***
Partie 2
« Bienvenue à la maison, Maître Zagan. »
De retour à la salle du trône, Zagan trouva Néphy qui l’attendait. Il avait supposé qu’elle s’était retrouvée coincée en raison de la préparation du dîner, mais il semblerait qu’il avait tort.
Le fait qu’elle m’attende ici signifie qu’elle a quelque chose dont elle veut parler en privé, non ? Si ce n’était pas le cas, cette fille l’aurait sûrement attendu à l’entrée du château. Après avoir observé l’allure de Néphy une fois de plus, il avait l’impression qu’elle avait quelque chose dont elle voulait parler. Elle avait les mains jointes derrière le dos et regardait Zagan avec un regard d’appréhension bien visible sur son visage. Ses oreilles pointues frémissaient avec un sentiment d’impatience et de nervosité à son égard.
Euh… la façon dont elle réagit ici ne veut-elle pas dire qu’elle a découvert que j’étais en train de me préparer pour ce rendez-vous, non ? Zagan avait gardé le secret pour pouvoir la surprendre. Il serait dans le pétrin si elle l’apprenait soudainement.
« Qu-Qu’est-ce qui ne va pas Néphy ? Po-Pourquoi es-tu debout avec une telle solennité ? » Zagan avait crié à Néphy malgré ses nerfs piqués à vif.
« O-Oui, euh… en fait, il y a quelque chose que j’aimerais vous donner…, » Néphy avait sorti un petit paquet enveloppé dans du papier. Elle le tendit timidement à Zagan en disant cela. Cela avait été noué ensemble à l’aide d’un ruban rouge vif et cela avait semblé tout à fait charmant.
Est-ce… ce qu’on appelle un cadeau ? Zagan avait pensé à préparer quelque chose de son côté après avoir obtenu des conseils de Kuroka, mais il n’avait pas encore imaginé que Néphy pourrait lui en offrir. Il y avait aussi la question du pendentif d’Orias. Et pendant que Zagan était angoissé par toutes ces pensées, Néphy avait fini par le battre au poteau.
Attends. Que dois-je faire quand je reçois un cadeau de la fille que j’aime ? Était-ce quelque chose à mettre en décoration ? Ou attends, est-ce que c’était quelque chose qui pouvait être préservé en premier lieu ? Il avait reçu une couronne de fleurs de Néphy quand elle était devenue minuscule avant, mais à ce moment-là, il avait été capable de garder son sang-froid. Il avait utilisé la sorcellerie pour arrêter l’écoulement du temps pour l’empêcher de flétrir.
Cependant, cette fois-ci, c’était une autre histoire. Néphy était revenue à son âge habituel, et elle était avec son apparence quand Zagan était tombé amoureux au premier regard. Le fait qu’elle ait préparé un cadeau pour Zagan lui avait donné l’impression que cela avait un poids émotionnel différent. Et ainsi, tout ce que Zagan pouvait faire devant ce cadeau était de rester paralysé par la surprise.
Gaaah ! Ne sois pas si faible, Zagan ! Comment un puissant Archidémon peut-il s’agiter pour de telles choses chaque fois !? Gah ! Ceux qui ne s’agitent pas, ce sont les étranges ! Même la voix qui le réprimandait dans son propre esprit avait abandonné en un instant. Quoi qu’il en dise, c’était le premier cadeau qu’il recevait de la fille qu’il aimait. C’était vraiment impossible de garder son sang-froid. Et tandis qu’il était choqué, debout là, sans voix, il remarqua soudain que Néphy le regardait d’un air inquiet.
Oh… C’est vrai. Je dois regarder à l’intérieur ! pensa-t-il.
Zagan s’était raclé la gorge en toussant avant de parler. « Puis-je l’ouvrir ? »
« S’il vous plaît, faites-le, » déclara Néphy.
Veillant à ne pas abîmer l’emballage, car il voulait le garder en souvenir, il l’avait soigneusement défait pour trouver de la laine tricotée.
« C’est… un cache-nez ? » demanda Zagan.
Il était fait de laine rouge vif et avait une broderie complexe décorant ses bords avec du fil d’or. C’était la première fois que Zagan en tenait un en main, mais il en avait repéré ici et là en ville.
« Ce n’est peut-être pas nécessaire pour vous, puisque vous pouvez utiliser la sorcellerie, mais il commence à faire froid dehors. C’est pourquoi j’ai essayé de le faire… en pensant qu’il pourrait vous être utile, » répondit Néphy d’une voix feutrée.
« Qu-Quoi... ? C’est… fait à la main !? » s’exclama Zagan, ses yeux s’ouvrirent sous le choc en entendant cela.
« Oui, » répondit Néphy.
« Euh, cela n’a pas été fait par sorcellerie ou mysticisme, mais en tricotant… ? » demanda Zagan.
« Exact, » répondit Néphy.
Ce n’était pas quelque chose qui pouvait être fait en un ou deux jours par des moyens normaux, ce qui signifiait qu’elle tricotait depuis un certain temps. Cette prise de conscience stupéfiante avait profondément ému Zagan. Il s’inquiétait du froid qui s’annonçait, mais il ne pensait qu’à lui apprendre la sorcellerie pour qu’elle puisse y faire face. En tant que plus jeune Archidémon de l’histoire, c’était peut-être une pensée tout à fait naturelle, mais il avait vu beaucoup de vêtements d’hiver en ville. Et pourtant, pourquoi n’était-il pas parvenu à la même conclusion ?
Je suppose que je ne suis encore qu’un sorcier dans l’âme… Zagan se rendit compte que malgré son espoir de permettre à Néphy de vivre sous la lumière, il n’avait toujours aucune idée réelle de ce à quoi cela ressemblerait.
« Néphy. Comment… s’en sert-on ? » Zagan s’interrogea alors que ses pensées arrivaient à un problème majeur. Les gens de la ville les avaient enroulées autour de leur cou, mais peu importe ce qu’il essayait, il n’arrivait pas vraiment à le faire. Il avait l’impression qu’il s’étranglerait s’il mettait trop de force dans sa prise, ce qui le faisait se sentir mal pour l’écharpe. Cela dit, s’il était trop mou, il tomberait tout de suite. Il avait aussi l’impression que les extrémités du cache-nez étaient toujours trop courtes. Ainsi, avec ce qui ressemblait à un sourire enchanté, Néphy avait pris l’écharpe.
« Excusez-moi. Vous l’enroulez ainsi, » déclara Néphy en enveloppant doucement l’écharpe autour du cou de Zagan et en laissant tomber les extrémités restantes dans son dos.
« Hm… C’est assez chaud, » déclara Zagan.
« Cela vous semble-t-il utile ? » demanda Néphy.
« Oui. Je l’aime bien. Je t’en remercie. Je le traiterai avec soin, » déclara Zagan.
« … Je suis honorée, » Néphy avait baissé la tête. Elle était devenue rouge vif jusqu’au bout des oreilles quand elle avait dit cela. Et peut-être à cause du froid, ses mains, qu’elle avait tenues ensemble devant sa poitrine, étaient aussi rouges.
Néphy doit avoir froid dans ces vêtements, non ? Je me demande si elle serait contente si je lui achetais des gants…, Zagan était incapable de fabriquer des gants à la main, mais il pouvait jeter de la sorcellerie sur quelque chose qui avait déjà été fait pour la protéger du froid. Et avec cette pensée, il avait finalement eu l’impression d’avoir trouvé la réponse à ce qu’il voulait faire lors de leur rendez-vous.
Cependant, à ce moment précis, le tonnerre s’était abattu depuis le ciel noir.
« Oh non ! »
Cela s’était fait que toute la tension dans la pièce s’était dissipée. Cela avait surpris Néphy à ce moment-là. Après avoir poussé un petit cri, elle s’accrocha à Zagan, qui lui enroula son bras autour de la taille. Et malgré le fait que cela soit à travers le tablier, il pouvait sentir quelque chose de mou se pousser contre lui, le laissant secoué par ça.
Maintenant que j’y pense, le temps était plutôt mauvais aujourd’hui…, après que Zagan eut commencé à réfléchir à d’autres choses pour essayer de se calmer, il remarqua que Néphy tremblait dans ses bras. Plutôt que d’être surprise par la foudre, elle donnait l’impression de trembler à cause du froid.
« Hmm, Néphy, ne bouge pas, » déclara Zagan.
« D’accord ? Hm, euh ? » répondit Néphy.
Zagan porta doucement Néphy comme une princesse, puis s’était assis sur son trône. Par la suite, il avait défait l’écharpe autour de son cou à mi-chemin et l’avait également enroulé autour du cou de Néphy.
« Ne fait-il pas plus chaud comme ça ? » demanda Zagan.
« Oui… Hum, il fait très… chaud…, » Néphy murmura, redevenant rouge vif, tandis qu’elle tremblait d’une tout autre manière, amenant Zagan à douter soudainement de ses actions.
Attends… Portant le même écharpe pendant qu’elle s’assoit sur mes genoux… N’est-ce pas une situation où nous devons rester très proches l’un de l’autre… ? Zagan venait de faire quelque chose d’incroyablement audacieux sans même le savoir. Et alors qu’il était choqué par cette révélation, Néphy s’appuya contre lui. Son rythme cardiaque rapide fut transmis par sa poitrine, et Néphy appuya ses doigts minces contre la poitrine de Zagan pour tenter de partager le même sentiment.
« … Votre cœur bat très vite, Maître Zagan, » déclara Néphy.
« Le tien aussi, Néphy, » répliqua Zagan.
Réaffirmant qu’ils étaient, en fait, assez proches pour entendre le cœur de l’autre, les deux avaient commencé à rougir.
« Devrait-on… rester comme ça un moment ? » demanda Néphy.
« … Oui, » répondit Zagan.
Quand Zagan jeta un coup d’œil au visage de Néphy, il pouvait voir ses lèvres trembler comme si elle était coincée quelque part entre timidité et soulagement. Des larmes se formaient peu à peu dans ses yeux, mais ses mains s’agrippaient aux vêtements de Zagan comme si se séparer de lui n’était même pas une pensée présente dans son esprit.
Néphy est devenue un peu plus expressive dernièrement…, même quand elle était sans expression, il pouvait voir ce qu’elle pensait en regardant ses oreilles, mais cela avait vraiment un charme distinct lorsqu’elle montrait ses émotions ouvertement.
Cependant, Zagan remarqua une légère teinte de morosité dans l’expression de Néphy qui se mêlait à toute cette joie.
***
Partie 3
Je vois. Je suppose qu’elle s’inquiète encore pour Nephteros…, la veille, elle avait émis des doutes sur le fait qu’elle puisse être la seule à être heureuse, alors il devait l’aider à se mettre à l’aise.
« Maintenant que j’y pense, je suis allé à Kianoides aujourd’hui et j’ai rencontré Chastille, » déclara Zagan. Les préparatifs pour leur rendez-vous étaient naturellement restés secrets, mais à première vue, son but principal était de faire que Chastille enquête sur le Treizième. Il avait d’ailleurs également réussi à se procurer un livre d’images pour Foll. En entendant le nom de son amie, l’expression de Néphy s’était un peu illuminée.
« Je vois. Avait-elle l’air d’aller bien ? » demanda Néphy.
« Au moins, elle était comme d’habitude. Mais elle avait l’air occupée avec toutes sortes de choses. Bref, j’ai trouvé quelque chose d’amusant, » déclara Zagan.
« Quelque chose… d’amusant ? » Néphy pencha la tête sur le côté dans la confusion quand elle posa cette question, et Zagan la regarda avec un sourire aussi doux qu’il le pouvait.
« On dirait que Chastille s’occupe de Nephteros, » déclara doucement Zagan.
« Nephteros est avec Chastille ? » Néphy cligna des yeux quand elle répondit, ayant trouvé cette idée extrêmement surprenante.
« La personne en question semble vouloir garder le secret, mais oui, » répondit Zagan.
« Si c’est un secret, alors comment le savez-vous ? » demanda Néphy.
« Malgré tous ses efforts, elle n’a pas vraiment réussi à le cacher. Je l’ai su tout de suite sans qu’elle en parle, » déclara Zagan.
« Dieu merci…, » murmura Néphy en levant la main vers sa poitrine alors qu’elle se sentait soulagée.
« Hmm. Tu fais beaucoup confiance à Chastille, hein ? » s’enquit Zagan. Il savait que les filles étaient de bonnes amies, mais que c’était quand même surprenant.
« Chastille est la première personne, à part moi, à vous avoir vraiment compris, Maître Zagan. Je suis sûre qu’elle peut aussi sauver Nephteros, » Néphy acquiesça d’un signe de tête confiante en disant cela.
Chastille me comprend… ? Zagan avait fait une tête un peu bizarre en entendant ça. Eh bien, quand ils s’étaient rencontrés pour la première fois, il avait pensé qu’elle était un peu gênante, mais aussi une bonne personne. Pourtant, la proportion à vouloir taquiner la jeune femme était beaucoup plus prononcée qu’autre chose. Et grâce à ça, il la taquinait tout le temps de façon réfléchie. Il n’était pas vraiment sûr qu’elle le comprenait en tant que personne.
« Si l’on parle de confiance, il semble que vous fassiez aussi confiance à Chastille, Maître Zagan, » murmura Néphy d’un ton surpris.
« Hmm… vraiment ? » Zagan avait remis en question cette idée, bien qu’il se soit vite rendu compte qu’il n’avait jamais vraiment douté de Chastille. Il déclara alors. « Tu as raison. C’est peut-être le cas. Quand il s’agit de protéger quelque chose, Chastille est tout à fait capable. Au moins au point où je peux lui confier mon dos. »
« Oui, » répondit Néphy, hochant la tête joyeusement avant de gonfler ses joues.
« … Mais, Maître Zagan, vous parlez beaucoup de Chastille en ce moment, » déclara Néphy.
« Ne fais-tu pas la même chose, Néphy ? » demanda Zagan.
« C’est… vrai… mais… mais…, » la voix de Néphy s’était atténuée. Plutôt que d’être de mauvaise humeur, elle semblait plutôt triste. Zagan ne savait pas pourquoi elle boudait tout d’un coup. Et après avoir penché la tête sur le côté et réfléchi pendant un moment, il avait été soudainement surpris.
Hein ? Est-ce que ça pourrait être cette chose qu’ils appellent « jalousie » ? Après avoir regardé le visage et les oreilles de Néphy, il avait pu voir qu’elle pensait. « Je suis contente que vous louange mon amie, mais c’est déprimant de vous entendre parler d’une autre fille quand on est enfin seuls ensemble. » Bien sûr, il voulait dire à Néphy qu’elle était la fille la plus importante pour lui, mais…
Hmm. C’est un spectacle rafraîchissant… Et ainsi, il la regarda fixement. Peu de temps après, Néphy avait sûrement pensé qu’il y avait quelque chose d’étrange dans la façon dont Zagan n’avait rien dit pendant un moment, et l’avait regardé en faisant la moue. Leurs yeux s’étaient croisés, et bien qu’elle l’ait regardé ainsi, elle s’était immédiatement rendu compte qu’il la regardait tout le temps, ce qui avait rendu ses joues complètement rouges.
« … Maître Zagan, je doute que me regarder le visage soit si intéressant…, » déclara Néphy.
« Je ne suis pas d’accord, » déclara Zagan.
« Hein !? »
La réponse de Zagan fut instantanée, ce qui rendit les yeux de Néphy perplexes. Il en avait ensuite parlé avec une expression sérieuse.
« Tu m’entends, Néphy ? Je, euh… je t’aime… Je crois que je te l’ai déjà dit, » déclara Zagan.
« … Vous l’avez fait, » déclara Néphy.
« C’est pourquoi, euh, comment dire ça ? C’est naturel pour moi de regarder ton visage, Néphy, » déclara Zagan.
« … Je vois, » murmura Néphy.
Même Zagan pensait qu’il était un peu bête, mais Néphy acquiesça simplement d’un signe de tête tendre. Elle était assise avec une posture parfaite, mais ce n’était peut-être pas vrai parce qu’elle était assise sur ses genoux. Pourtant, la sueur coulait sur ses joues et ses lèvres tremblaient comme si elle était extrêmement secouée. Ses yeux azur se précipitaient dans tous les sens, apparemment incapables de décider ce qu’elle devait regarder.
Si tu l’acceptais de tout ton cœur, alors c’est moi qui en serai le plus embarrassé… !
Zagan s’était raclé la gorge avec une toux pour essayer de cacher sa gêne.
« Tu ne l’as peut-être pas remarqué, mais ton expression s’est un peu adoucie, Néphy. Profiter de ce changement est un plaisir précieux pour moi. Ne m’enlève pas ça, » déclara Zagan.
« … C-Comme vous le souhaitez ! » déclara Néphy.
Incapable de le supporter plus longtemps, Néphy se couvrit le visage de ses deux mains. Elle avait ensuite jeté un coup d’œil à Zagan à travers les trous entre ses doigts.
« Maître Zagan. Je me demande… si j’ai commencé à… sourire normalement ? » demanda Néphy.
Néphy s’en inquiétait-elle aussi ? Zagan n’avait jamais pensé qu’une telle question allait traverser les lèvres de Néphy, alors il avait été envoyé dans la confusion.
« Hm… Alors, qu’en penses-tu ? » demanda Zagan.
« Je m’entraîne, mais je ne suis pas vraiment sûr de pouvoir bien le faire…, » Néphy commença à tirer sur ses joues blanches rougissantes en parlant. Puis, elle s’était servie de ses deux index pour soulever les coins de sa bouche afin de tenter de modeler un sourire. Ses lèvres étaient certainement dans la forme d’un sourire, mais son regard était perplexe, et son comportement était maladroit, tuant l’illusion. Pourtant, elle était si sérieuse à ce sujet que Zagan avait ressenti un choc dans son cœur plus grand que tout ce qu’il n’avait jamais connu auparavant.
Arrête ! Si tu fais quelque chose d’aussi mignon sur mes genoux, alors mon cœur ne pourra pas le supporter ! Alors même qu’il tremblait violemment, Zagan contempla ça. À l’époque où Néphy était devenue une petite fille, elle souriait toujours avec une certaine réserve. Il ne l’avait donc jamais vue sourire de tout son cœur.
Pour être honnête, j’ai envie de voir Néphy s’entraîner avec ses sourires…
« Je m’interroge à ce sujet. Je l’ai déjà dit, mais tes expressions ont progressivement changé, Néphy. La façon dont tu souris de tout ton cœur n’est pas nécessairement la même que ce à quoi je pense, n’est-ce pas ? » demanda Zagan.
« Alors, que dois-je faire… ? » demanda Néphy.
« Pour l’instant, essaye de me montrer ton entraînement, » répondit Zagan en souriant.
« Hein… ? » marmonna Néphy, paralysée sur place.
« Maître Zagan, c’est juste un peu trop embarrassant, » Néphy lui répondit correctement, bien que sa voix soit de plus en plus faible à mesure qu’elle avançait dans sa phrase. Cependant, en voyant une réaction aussi mignonne, Zagan avait perdu le contrôle de ses actions.
« … Hmm. Je vois. C’est une honte. Désolé. C’était déraisonnable de ma part, » déclara Zagan en baissant ses épaules et en faisant une grimace comme s’il était désespéré. Cela avait amené Néphy à se mettre à bégayer dans une agitation totale.
« A-A-A-A-A-Attendez… Compris. Compris. Même si je suis incapable de bien le faire… pourriez-vous ne pas rire ? » demanda Néphy.
« Crois-tu que je me moquerais de toi, Néphy ? » demanda Zagan.
« … Vous riez souvent quand vous me voyez troublé par quelque chose…, » déclara Néphy.
Oh, franchement ! Je jure que ce n’est que mon visage qui se détend quand je vois quelque chose de mignon ! Zagan était à court de mots, car le fait que Néphy avait vu à travers lui l’avait frappé. Il avait l’impression que c’était une demande complètement déraisonnable, mais quand il y avait vraiment pensé, c’était Zagan qui lui avait toujours imposé des exigences déraisonnables. Chaque fois qu’il se demandait pourquoi il faisait ça à la fille qu’il aimait, il finissait toujours par se rappeler à quel point elle était mignonne quand elle faisait de son mieux pour satisfaire ses attentes. Et la voyant faire de son mieux une fois de plus, Zagan acquiesça d’un signe de tête résolu.
« Compris. Je promets de ne pas rire cette fois, » déclara Zagan.
« … D’accord, » déclara Néphy.
Son chemin de retraite étant coupé, Néphy baissa ses épaules. Ensuite, elle avait respiré à fond plusieurs fois, puis elle avait ouvert les yeux.
« Et voilà, j’y vais ! » proclama Néphy avant d’utiliser toutes ses forces pour former un sourire. Elle tenait ses mains sur le côté de ses lèvres, inclinait légèrement sa tête sur le côté, rétrécissait ses yeux et ouvrait doucement la bouche. Le sourire rappelait la petite Néphy du village elfique caché.
« Qu-Quoi !? » s’exclama Néphy.
Avant même qu’il ne s’en rende compte, Zagan enlaça Néphy. Les yeux de Néphy se mirent à bouger partout comme si elle n’avait aucune idée de ce qui se passait.
« E-Euh, Hmm… »
« … Oh, Euh… C’était… vraiment, vraiment, vraiment mignon, » déclara Zagan.
« Euh, quoi ? »
Après avoir entendu son opinion honnête, Néphy commença à se tortiller sauvagement dans ses bras. Ses oreilles tremblaient aussi violemment de haut en bas, exposant son agitation intérieure. Et puis, après avoir apparemment épuisé toutes ses forces, elle avait abandonné.
« C’est… la première fois… que vous dites quelque chose comme ça, Maître Zagan…, » murmura Néphy en se blottissant dans ses bas.
« Hein, vraiment ? » demanda Zagan.
Il était certainement vrai qu’il se plaignait toujours à quel point elle était mignonne dans son esprit, mais il ne se souvenait pas l’avoir jamais dit à haute voix.
Suis-je capable de le dire correctement maintenant que nous sommes dans une vraie relation ? Si tel était le cas, il devait lui dire correctement tout ce qu’il ne pouvait pas lui dire avant. Ainsi, Zagan caressa doucement la tête de Néphy pendant qu’il parlait.
« Tu seras peut-être plus à l’aise. J’ai cette pensée en tête depuis que je t’ai vue, » déclara Zagan.
Les oreilles pointues de Néphy s’élevaient tout droit avec assez de vigueur pour donner l’impression qu’elles faisaient un bruit de claquement, et son visage rougissement d’un rouge profond jusqu’au bout de ses oreilles. Peu de temps après, elle leva les yeux vers Zagan, les larmes aux yeux. Leurs cœurs battaient furieusement. Et à ce moment-là, ses lèvres roses avaient capturé son attention. Leurs visages se rapprochèrent complètement à chaque seconde qui passait. Et puis, au moment où leurs lèvres allaient se rencontrer…
« Yowch ! »
Quelqu’un s’était effondré dans la salle du trône avec un bruit sourd. Zagan et Néphy avaient sursauté et avaient essayé de se séparer l’un de l’autre, mais ce n’était pas possible à cause de l’écharpe attachée autour de leur cou. Tous les deux avaient titubé, puis s’étaient retrouvés dans un état où ils s’enlaçaient.
« Eh, eheh, eheheh…, » celle qui avait fait entendre sa voix avait de la sueur qui s’écoulait de son visage… ce n’était nul autre que la servante sirène, Selphy.
Merde ! Comment oses-tu t’immiscer alors que ça devenait bon !?
En y regardant de plus près, Zagan remarqua que Gremory, Kimaris, Raphaël, et même Foll, qui avait les yeux couverts par Raphaël, étaient tous là derrière elle.
« Salauds… Qu’est-ce que vous foutez là ? » demanda Zagan.
Zagan se leva avec Néphy encore dans ses bras, ce qui les fit tous se disperser pour tenter d’échapper à sa colère. Cependant, il n’était pas question qu’il se contente de rire et qu’il les laisse partir. Et ainsi, il se précipita dans tout le château avec Néphy fermement pressée contre son corps alors qu’elle cachait son visage dans l’embarras.
***
Partie 4
« Où… suis-je… ? » Nephteros parla d’une voix rauque alors qu’elle reprenait connaissance. Quand elle ouvrit les yeux, elle découvrit un plafond inconnu qui s’étendait au-dessus d’elle. Il s’agissait d’un plafond sombre et bas. Cependant, il semblerait qu’on s’en soit bien occupé. Les ombres de la pièce se projetant au plafond se balançaient, alors elle pouvait dire que la pièce était éclairée par des bougies. C’était le soir et elle semblait être dans un lit à l’intérieur d’une petite chambre.
« Vous êtes réveillée ? »
Quand elle s’était retournée pour regarder la source de cette voix digne, elle avait découvert une fille aux cheveux roux assise à côté du lit. C’était un visage qu’elle connaissait bien, et ça la fit se remémorer ses souvenirs. Si elle s’en souvenait bien, cette fille s’appelait Chastille. Elle était l’une des servantes de l’Archidémon Zagan. Même si elle était une chevalière angélique, c’était une fille au cœur fragile qui s’accrochait à un sorcier comme Nephteros en devenant en larmes. Pourtant, d’une manière ou d’une autre, elle était la manieuse d’une Épée Sacrée, et Nephteros s’était souvenue qu’elle était très puissante quand elle maniait ladite épée. Peut-être parce que c’était le soir, elle ne portait pas son Armure Sacrée, mais plutôt un uniforme bleu. Son Épée Sacrée était placée contre la chaise à côté d’elle.
Hm, pourquoi suis-je ici avec cette pleurnicharde… ? Ses pensées étaient embrouillées parce qu’elle venait de se réveiller. Son corps lui semblait être fait de plomb, et elle n’avait même pas l’impression de pouvoir lever ses bras. Tandis qu’elle restait coincée en place, abasourdie, Chastille lui tendit une tasse avec un regard inquiet bien visible sur le visage.
« Est-ce que ça va ? Voulez-vous de l’eau ? » demanda Chastille.
Nephteros s’était rendu compte que sa gorge était exceptionnellement desséchée quand elle entendit cette offre.
« Ce serait mieux pour vous de boire petit à petit, » déclara Chastille en soutenant sa tête pour la redresser un peu, puis en mettant la coupe sur ses lèvres. C’était un peu irritant que seulement une faible quantité se répande dans sa bouche, mais grâce à cela, sa gorge n’avait pas eu mal.
Quelle fille attentionnée… ! Maintenant qu’elle y pensait, cette jeune fille avait été la première à sauter pour protéger Nephteros quand elle s’était fait tirer dans le dos dans le village elfique caché par le mysticisme céleste. Même si c’était arrivé il y a quelques jours, elle était étrangement nostalgique. En pensant cela, Nephteros se souvint enfin de ce qui lui était arrivé.
« Attendez, où est-elle !? Qu’est-il arrivé à cette chimère ? » demanda Nephteros.
« Calmez-vous. Nous avons chassé la chimère pour l’instant. Mes subordonnés la poursuivent, mais ils n’ont pas encore trouvé ses traces, » expliqua Chastille. En entendant cela, Nephteros essaya de se lever, mais fut repoussée dans son lit par Chastille, qui tenta de la rassurer en lui disant. « Vous êtes en sécurité tant que vous restez ici, alors reposez-vous pour le moment. »
Nephteros n’aurait pas dû croire en de tels mots, mais elle avait été en quelque sorte soulagée de les entendre.
« Il semble que votre fièvre ait baissé. Pourtant, on dirait que vous avez perdu beaucoup de force. Je pense qu’il vaudrait mieux que vous dormiez encore un peu, » déclara Chastille en touchant doucement le front de Nephteros.
« … Pourquoi ? Pourquoi… m’avez-vous sauvée ? Était-ce l’ordre de Zagan ? » marmonna Nephteros d’un ton déconcerté.
« Je devrais peut-être commencer par montrer ma gratitude d’abord. Merci de protéger mes précieux subordonnés. Si vous n’aviez pas été là, je les aurais tous perdus, » déclara Chastille, regardant Nephteros avec émerveillement, puis souriant comme si elle l’admirait.
« Je… ne les ai pas sauvés… Ils… »
L’image des chevaliers angéliques qui avaient essayé de l’empêcher de se faire tuer l’un après l’autre lui était venue à l’esprit.
Si je n’étais pas venue ici, aucun d’eux ne serait mort…, c’était étrange d’être remerciée alors qu’elle avait causé tous ces décès. Et pourtant, Chastille secoua la tête.
« Vous les avez sauvés. Même si vous auriez pu vous enfuir, vous avez tenu bon et vous vous êtes défendu, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je dois vous remercier en tant que représentant des Chevaliers angéliques, » déclara Chastille.
« Vous êtes Chastille, c’est ça ? Celle qui est la servante de Zagan… ? » demanda Nephteros en levant les yeux vers son visage comme si elle ne pouvait pas le croire.
« Non, je coopère avec lui, mais je ne suis pas une servante, compris ? » répondit Chastille.
« … L’image que j’ai de vous dans mes souvenirs et celle que je vois en ce moment ne correspondent pas vraiment…, » déclara Nephteros.
Chastille agissait si différemment que Nephteros soupçonnait même qu’elle était une imposture.
« Bon sang… D’abord Barbatos et maintenant vous. Sérieusement, que pensez-vous de moi ? Tout ce que cela signifie, c’est que je me conduis différemment quand je suis au travail, » marmonna Chastille en baissant les épaules.
N’êtes-vous pas pratiquement une personne complètement différente… ?
« Pour en revenir au sujet initial, le fait que je… non, nous vous avons sauvés, n’a rien à voir avec Zagan. Nous avons simplement sauvé quelqu’un dont nous pensions devoir être sauvés, » continua Chastille.
« N’êtes-vous pas tous des chevaliers angéliques ? Est-ce bon pour vous de laisser les sorciers en vie ? » demanda Nephteros.
« Les chevaliers angéliques ne sont pas des assassins… Bien qu’il y ait toutes sortes de factions dans l’Église. Je fais partie de la faction qui veut vivre aux côtés des sorciers… Ou plutôt, on m’a confié sa direction. »
C’était une surprise. D’après les connaissances de Nephteros, les paroles de Chastille suffisaient à l’Inquisition pour leur donner assez de preuves pour la faire exécuter sommairement.
« Je suis surprise… que vous ayez réussi à survivre…, » déclara Nephteros.
« Ils ont essayé de me tuer plusieurs fois, mais tout ça a pris fin, » déclara Chastille.
Alors ils ont vraiment essayé de vous tuer…, Nephteros avait l’impression de comprendre pourquoi Zagan gardait Chastille à ses côtés.
J’ai l’impression que si vous la laissez seule, elle mourra d’ici le lendemain… Pourquoi un désir soudain de la protéger surgissait-il au sein de Nephteros ? Elles n’avaient pas vraiment beaucoup parlé au village elfique caché, mais cette fille donnait vraiment l’impression de quelqu’un qui disparaîtrait dès qu’elle se retrouverait seule.
« Pourtant, la raison pour laquelle je suis capable de penser de cette façon maintenant, c’est grâce à Zagan. Cet homme m’a sauvée malgré le fait qu’il savait que j’étais de l’Église, et il n’a jamais rien demandé en retour. Je pense que c’est ce qui a façonné mes croyances, » déclara Chastille en souriant timidement. Ses joues étaient rouges et son expression joyeuse semblait étrangement éblouissante à Nephteros.
Est-elle… ? Après y avoir réfléchi pendant un certain temps, Nephteros était arrivée à une réponse.
« Êtes-vous… amoureuse de Zagan ? » demanda Nephteros.
« Buhyaaa !? » Chastille poussa un cri incompréhensible et se leva rapidement. Grâce à cela, Nephteros fut finalement convaincue que la fille devant elle était la même personne du village elfique caché.
« Quel genre de bêtises éhontées vous dites !? » demanda Chastille.
« Ai-je dit quelque chose d’étrange ? » Nephteros pencha la tête sur le côté quand elle posa cette question, et Chastille devint rouge alors qu’elle penchait la tête. On aurait dit que la vapeur se mettrait à sortir de ses oreilles à tout moment.
« Je… Je… ne me sais pas vraiment…, » répondit Chastille. Et puis, après avoir regardé autour d’elle pour voir si quelqu’un d’autre écoutait, elle avait demandé. « Bien que ce soit un peu pathétique, pourriez-vous peut-être m’écouter ? »
« Eh bien, je suppose que oui… ? » répondit Nephteros.
Pour être franche, Nephteros n’avait aucune idée de la raison pour laquelle elles étaient soudainement en train de parler de ce sujet, mais de toute façon, elle n’était pas capable de se lever du lit. C’était dans tous les cas une bonne distraction. Chastille croisa les doigts, puis commença à murmurer quelques mots à la fois.
« Au début, même si c’était un homme qui prétendait être un sorcier vicieux et inhumain, je l’ai trouvé étrangement solitaire et un peu inquiet… De plus, il a fini par me sauver plusieurs fois… Et après y avoir réfléchi, mon cœur aussi… palpite. Est-ce vraiment quelque chose de… différent du simple respect ? »
Si ça ne décrivait pas une fille amoureuse, alors quoi d’autre pourrait le faire ? Sa réaction était pratiquement un cas d’école. Nephteros fut complètement étonnée par ce fait, mais Chastille secoua la tête.
« Mais il a Néphy, non ? Je veux qu’ils soient heureux tous les deux. N’ont-ils pas assez souffert tous les deux ? Il n’y a aucun moyen que je puisse les empêcher d’être heureux…, » déclara Chastille.
Nephteros se souvient de l’image de Néphélia qu’elle avait vue dans la boule de cristal où elle était maltraitée dans le village elfique caché. En voyant ça, même elle avait déjà voulu sauver cette fille.
Tout cela lui est vraiment arrivé… De plus, quand Zagan se remémorait de son enfance, c’était plein d’histoires horribles. C’est pour cela que Nephteros comprenait aussi le sentiment de vouloir que les deux soient récompensés pour avoir supporté tout cela.
« C’est pourquoi… même si ces sentiments sont plus que du respect, je pense que je devrais me taire et les emporter avec moi dans la tombe, » déclara Chastille.
« Comme c’est stupide…, » Nephteros l’avait carrément réfutée.
« Vous avez peut-être raison, » répondit Chastille avec un sourire tendu.
« … Avez-vous déjà pensé que vous êtes aussi quelqu’un qui devrait être récompensé par le bonheur ? » demanda Nephteros.
« Vous êtes… inopinément gentille, hein ? » dit Chastille en regardant Nephteros avec émerveillement.
« Peu importe…, » Nephteros détourna le regard en disant cela, ce qui fit rire Chastille.
« On a beaucoup parlé de moi. Et vous, qu’en pensez-vous ? » demanda Chastille.
Le corps de Nephteros avait tremblé au début. Chastille voulait probablement au moins savoir pourquoi elle était poursuivie par la chimère de Bifrons. Cependant, pour le dire franchement, Nephteros ne voulait pas lui dire… Ou plutôt, elle ne pouvait pas encore le lui dire. La réponse qu’elle avait reçue de l’Archidémon Orias et la découverte qu’elle avait fait grâce à cette révélation étaient beaucoup trop lourdes à supporter pour Nephteros. C’était au point où elle avait hissé le drapeau de la rébellion contre son maître Bifrons. Si Nephteros l’exprimait en mots, elle tomberait sûrement en larmes.
« Même vous, vous avez été sauvée par Zagan, n’est-ce pas ? Et après ça, vous avez fini par réparer son manteau pour le remettre dans un si bel état. Vous n’auriez pas fait ça pour n’importe qui, hein ? » Les paroles de Chastille étaient complètement inattendues.
« Ah, ça… ? » marmonna Nephteros, se sentant soulagée par le virage inattendu. Elle déclara alors. « Voyons voir… Je suis reconnaissante qu’il m’ait sauvée, et je le respecte aussi. De plus, il a aussi écouté mes problèmes sans se moquer de moi et m’a répondu sincèrement. Je ne nie pas que j’ai au moins pensé que ça aurait été bien s’il avait été mon maître. »
« Alors…, » commença Chastille.
« Mais, je pense que c’est différent, » déclara Nephteros.
Il était strict comme un professeur, fiable comme un père, et gentil comme un grand frère. Cela dit, ce n’était pas comme s’ils étaient si éloignés l’un de l’autre en âge. Au moins, Nephteros croyait vraiment que vivre à ses côtés lui apporterait beaucoup de joie.
Oh, je vois. Pour moi, il est…, pensa Nephteros.
« Je pense probablement… à lui… comme un grand frère, » chuchota Nephteros alors que son visage était encore pâle. C’était la première fois qu’elle sentait la chaleur d’une famille. C’est ce que Nephteros avait ressenti de Zagan.
« … Comme c’est mignon ! » s’émerveilla Chastille pendant un instant, puis marmonna d’incrédulité.
« Hein ? »
Les goûts de Chastille avaient-ils été déformés parce que son amour pour Zagan ne pouvait être réalisé ? Après que Nephteros eut senti un danger pour son bien-être, Chastille reprit enfin ses esprits et secoua la tête d’un air agité.
« N-Non ! C’est un malentendu ! » Chastille avait crié, alors qu’elle s’éclaircissait la gorge d’une toux et continuait. « Hmm, je ne suis pas Gremory, mais c’est comme si j’avais l’impression de vouloir vous protéger… De toute façon, je ne le pense pas d’une façon bizarre. Je ne me sentirais pas comme ça envers quelqu’un du même sexe. »
« Je me demande…, » Nephteros regarda Chastille d’un regard froid, ce qui fit que Chastille essaya de changer de sujet.
« Je n’ai peut-être pas le droit de vous le dire, mais est-ce vraiment ce que vous ressentez ? Je veux dire, c’est possible de tomber amoureux de quelqu’un qu’on considère comme un grand frère, non ? » demanda Chastille.
Si vous pensez vraiment cela, alors traitez vos propres sentiments avec plus de soin…, le comportement de Chastille exaspérait Nephteros, lui donnant envie de parler un peu d’elle.
« Je ne vivrai probablement pas assez longtemps pour tomber amoureuse, » déclara Nephteros.
« Hein… ? Qu’est-ce que vous voulez dire !? » cria Chastille, complètement décontenancée.
« Je suis… un peu fatiguée…, » déclara Nephteros en fermant les yeux, coupant la parole à Chastille.
Est-ce que je veux vraiment qu’elle entende mon histoire… ? Même si Chastille lui avait assuré qu’elle serait en sécurité, Nephteros ne croyait pas qu’elle survivrait très longtemps avec Bifrons à ses trousses. C’était probablement pour cela qu’elle voulait que Chastille en sache plus sur elle.
Malheureusement, lorsqu’elle s’en rendit compte, Nephteros était déjà retombée au pays du sommeil.
***
Partie 5
Nephteros s’était endormie en quelques secondes seulement.
Qu’est-ce qu’elle voulait dire à l’instant… ? Chastille frissonna à la pensée de ces paroles terrifiantes. Elle avait continué à fixer le visage de Nephteros pendant qu’elle dormait. Elle ne le ressentait pas beaucoup pendant qu’elles se parlaient, mais elle et Néphy étaient vraiment comme des jumelles. Même Chastille se demandait si c’était vraiment une coïncidence que ces deux filles aient le même visage.
Au bout d’un moment, Chastille replaça la frange qui recouvrait le visage de Nephteros. Quand elle avait rencontré cette fille, Nephteros était arrogante et agressive, mais après lui avoir parlé, Chastille avait découvert qu’elle était une fille gentille et juste un peu obstinée.
Quel genre de faction d’unification serions-nous si nous ne protégions pas cette fille ? Plutôt que de fouiner dans ses affaires, elle voulait protéger Nephteros. Chastille avait pris son Épée Sacrée et se leva de son siège. Nephteros avait déjà repris connaissance, alors pour le moment, il semblait qu’il n’y avait plus de danger immédiat pour elle. C’était probablement mieux de la laisser dormir paisiblement.
« Alors vous êtes revenu, Alfred, » déclara Chastille en trouvant un visage familier qui l’attendait dans son bureau. C’était l’un des Chevaliers du Ciel d’Azur qu’elle avait chargé de poursuivre la chimère. Alfred était resté silencieux alors qu’il lui fit un salut en réponse. La raison pour laquelle il n’avait pas haussé la voix était probablement par égard pour la personne blessée qui se reposait dans la salle de soins.
« Merci pour votre dur labeur jusqu’à très tard dans la nuit. Asseyez-vous pour l’instant, » dit Chastille en montrant du doigt une chaise.
« Merci beaucoup, madame, » déclara Alfred.
Comme on pouvait s’y attendre, Alfred n’avait pas pu dissimuler sa fatigue et s’était assis. Ensuite, il avait regardé les mains de Chastille.
« Étiez-vous en train de lire ? » demanda Alfred.
« Ce n’est rien d’important. Je regardais juste les dossiers de Monsieur Clavwell, » déclara Chastille.
« Les dossiers de Son Éminence le Cardinal… ? » demanda Alfred.
Cet homme était l’individu qui avait tenté d’assassiner Chastille. L’expression d’Alfred s’était assombrie en entendant cela, et Chastille hocha la tête.
« Il est possible que l’homme ait été impliqué dans les aspects les plus sombres de l’Église, alors j’enquête un peu, » expliqua Chastille.
« Le côté obscur…, » Alfred avait fait une expression sinistre en murmurant ces mots.
« … Savez-vous quelque chose à ce sujet ? » demanda Chastille. Honnêtement, elle ne voulait pas croire qu’une organisation d’assassins existerait dans l’Église. Elle l’examinait en priant pour que Zagan aille trop loin, mais avec ce qu’Alfred allait lui dire…
« J’en ai déjà entendu parler, » répondit Alfred, d’un ton bourru avant de continuer, « Il existe une force comprenant des Chevaliers angéliques, particulièrement forts et aux lèvres serrées. En apparence, il s’agit d’une force d’élite destinée à soumettre les Archidémons, mais il n’existe aucun document officiel sur leurs activités. »
Cela étant, il existait un côté obscur, que Clavwell y ait participé ou non.
Mais y a-t-il vraiment un Treizième ? Bien qu’il n’ait pas été capable d’abattre un Archidémon, le pouvoir d’une Épée Sacrée était énorme. S’il y avait une Épée Sacrée qui n’existait pas officiellement, une force qui la possédait aurait très probablement exercé son autorité plus ouvertement.
La chimère à elle seule est suffisante pour me causer un mal de tête, et maintenant…, Chastille secoua la tête de frustration.
« Je vous remercie. C’est une information précieuse… Comment se passe votre enquête ? » demanda Chastille.
« Madame. La chimère a continué sa fuite vers le nord de la forêt et semble avoir sauté dans un canal. Nous croyons qu’elle est probablement descendue en aval, mais il était impossible d’aller plus loin, » déclara Alfred.
« C’est une chimère intelligente, n’est-ce pas ? Devrions-nous supposer que le propriétaire est à proximité ? » demanda Chastille.
« Si c’était un sorcier normal, ce serait correct, mais je doute qu’un sorcier ordinaire ait pu créer cette chose, » déclara Alfred.
C’était aussi une préoccupation pour Chastille.
Cette chimère ressemble beaucoup au Seigneur-Démon de Boue du bateau…, selon Zagan, le coupable derrière la chimère était Bifrons, qui semblait plus que disposé à la déchaîner dans la ville. Il fallait retrouver le monstre.
Combien y a-t-il de gens qui pourraient s’y opposer ? La patrouille qui avait été décimée dans l’après-midi n’était pas remplie de troupes non qualifiées. Ils étaient tous des Chevaliers angéliques qui comptaient parmi les plus forts de Kianoides. Cependant, six individus n’avaient même pas réussi à égratigner la chimère. Si les gens de leur force étaient inutiles, alors seulement Chastille et les trois chevaliers pourraient réellement combattre la chose, ce qui était carrément impossible.
« Je pense que nous devrions nous consacrer à la défense. Et vous, qu’en pensez-vous ? » demanda Chastille.
« … À mon avis, c’est dangereux. Bien sûr, nous pouvons contrôler les dégâts causés à la ville, mais si nous dispersons nos forces, nous serons dispersés si elle nous attaque. De plus, tant que le propriétaire reste en liberté, il y a une forte probabilité qu’il en ajoute un autre du même type, » déclara Alfred.
« Zagan m’a dit qu’il s’occuperait de lui. Je lui fais confiance pour tenir parole, » déclara Chastille.
« L’Archidémon Zagan, vous dites ? Est-ce vraiment bien de lui faire confiance ? Même le Seigneur Raphaël a fait confiance à cette canaille…, » Alfred avait affiché une expression de frustration.
Le cas de Raphaël était quelque chose qui était caché même à l’intérieur de l’Église. Le seul à l’intérieur de l’Église qui savait avec certitude qu’il était encore en vie était Chastille. Cependant, les trois chevaliers étaient ses subordonnés depuis un certain temps déjà. Ils avaient remarqué que Raphaël vivait sous le patronage de Zagan pendant leur séjour avec elle. Alfred s’en plaignait et Chastille lui renvoya un sourire ambigu.
« Le Seigneur Raphaël est bien trop maladroit. Si vous dites ça, ne serait-il pas mieux de dire que c’est une chance ? Au moins, je pense qu’il y a de quoi être heureux, » déclara Chastille.
Raphaël avait l’air beaucoup plus vif au château de Zagan en tant que chevalier angélique. Avec le nombre de sorciers qui s’y multipliaient, il avait beaucoup de gens qui dépendaient de lui maintenant, et il semblait même qu’ils avaient accepté sa personnalité qui était facile à mal comprendre.
« Malgré cela, le Seigneur Raphaël fut considéré comme le plus redoutable des Archanges. Cette situation est-elle vraiment bonne ? » demanda Alfred, son expression devenant de plus en plus frustrée minute après minute.
Chastille comprenait ce qu’il essayait de dire. Actuellement, Raphaël servait de majordome dans un château de sorcier. Non seulement ça, mais c’était le château d’un Archidémon. Les Archanges étaient un groupe que tous les Chevaliers angéliques admiraient, il était donc difficile de l’accepter à l’approche de sa retraite comme ça.
« Il faudra vous y faire, Alfred. C’est ce qu’il veut, » déclara Chastille sur un ton calme.
« S’y habituer me semble une mauvaise idée…, » déclara Alfred.
« Vous trois, vous servez sous mes ordres, mais vous pourriez connaître le même sort un jour, vous savez ? » déclara Chastille.
Les trois chevaliers avaient compris que le fait de faire partie de la faction d’unification les mettait dans une position extrêmement périlleuse. Ils savaient aussi qu’ils étaient dans une position où ils pouvaient être assassinés à tout moment. Quand cela se produirait, même s’ils y survivaient, ils perdraient leur place dans l’Église. Dans ce cas, le seul endroit où ils pourraient vivre serait sous la protection de Zagan. Elle l’avait suggéré à moitié en plaisantant, mais Alfred était complètement déconcerté.
« Je ne préfère pas, » déclara Alfred.
« Alors, faites de votre mieux pour éviter ça, » déclara Chastille.
Si l’endroit où se trouve Raphaël était révélé, ils seraient très probablement forcés de subir des méthodes d’interrogatoire indescriptibles de la part de l’Église. Il valait mieux ne pas du tout évoquer son nom.
« C’était un lapsus. Pardonnez-moi, » s’excusa Alfred, puis il ferma sa bouche et inclina la tête.
« C’est très bien. Plus importants encore, nous ne savons pas quand la chimère réapparaîtra. Profitez de cette occasion pour vous reposer suffisamment, » déclara Chastille.
« Madame ! Prenez soin de vous, Dame Chastille, » Alfred salua en disant cela, puis quitta la pièce. Après l’avoir vu partir, Chastille s’appuya contre le dossier de sa chaise.
C’est vraiment fatigant…, au moment où elle pensait que sa montagne de paperasse de ces derniers jours avait finalement disparu, le tumulte avec la chimère avait commencé. En conséquence, elle n’avait même pas rencontré le nouveau prêtre, Kuroka. Tandis qu’elle plissa les coins de ses yeux, un rire retentit de son ombre.
« Heeheeheeheeheee, n’as-tu pas eu une conversation dangereuse tout à l’heure ? »
« Veux-tu dire à propos du Seigneur Raphaël ? Eh bien, ce n’est certainement pas quelque chose que nous devrions mentionner ici, » répondit Chastille.
« Tu paraissais avoir l’air heureuse qu’il soit mort pour ceux qui ne savent pas ce qui se passe, tu sais ? »
En repensant à sa propre conduite, Chastille avait trouvé qu’il avait raison. Pourtant, elle secoua la tête pour nier ses paroles.
« Arrête de dire n’importe quoi. Alfred comprend la situation. Je ne fais rien qui puisse causer des malentendus, d’accord ? » déclara Chastille.
« C’est très bien et tout, mais… argh, peu importe. Plus important encore, à propos de Zagan, » déclara Barbatos.
« Oh, tu l’as contacté, n’est-ce pas ? Je t’en remercie, » déclara Chastille.
Zagan était déjà au courant de la chimère lorsqu’il était venu lui rendre visite dans l’après-midi. De plus, il semble qu’il n’ait pas entendu parler de Nephteros et Chastille croyait que les choses s’étaient terminées sans qu’il s’en aperçoive aussi.
« Après avoir parlé de toi, il s’est énervé. On dirait qu’il va sérieusement essayer de tuer Bifrons, » déclara Barbatos en riant depuis l’ombre.
« Hein… ? Je sais qu’ils sont ennemis, mais pourquoi est-il si en colère ? » demanda Chastille.
« Qui sait ? Peut-être parce que son petit animal domestique a été attaqué ? » demanda Barbatos.
« Hein ? Petit animal domestique ? Ne veux-tu pas dire…, » commença Chastille.
Veut-il dire… moi ? C’était vrai qu’il n’avait d’yeux que pour Néphy, mais est-ce qu’il se souciait assez de Chastille pour se fâcher autant ? Son visage s’enflamma au fur et à mesure que cette pensée lui venait à l’esprit, et les paroles de Nephteros lui revinrent à l’esprit.
Avez-vous déjà pensé que vous êtes aussi quelqu’un qui devrait être récompensé par le bonheur ? Oui, Nephteros était vraiment une fille gentille.
Non, je ne peux même pas imaginer me blottir contre Zagan… Néphy aurait certainement été là pour assister à toutes les occasions qu’elle aurait eues, ce qui aurait fait que Chastille se sentirait coupable. C’est pourquoi elle n’était pas convaincue qu’elle était amoureuse.
Qu’est-ce que c’est que ce sentiment… ? Et tandis qu’elle réfléchissait à de telles pensées, ses paupières se baissèrent.
« Hey… la pleurnicharde… ? Oh, elle s’est endormie…, » déclara Barbatos.
Chastille pensait entendre de loin la voix de Barbatos, mais sa conscience s’était déjà évanouie. Et à ce moment précis…
« Pousse-toi de là ! »
Du sang avait coulé sur le bureau où Chastille était censée être seule.
***
Partie 6
Barbatos poussa sur la chaise de Chastille, la faisant tomber par terre d’une manière vraiment impressionnante.
« Qu’est-ce que tu fais !? » Chastille commença à reprocher à Barbatos d’avoir interrompu son repos, mais une tache chaude de liquide lui vint sur le visage. Et puis, quelque chose était tombé sur le sol juste devant ses yeux. C’était un bras. Et pas la sienne, mais celle d’un homme.
« B-Barbatos ! » rugit Chastille. En regardant de plus près, elle avait remarqué qu’il était sorti de l’ombre et qu’il s’accroupissait avec un bras manquant.
« GAAAAAAAAAAAH ! Espèce de salaud ! » hurla Barbatos en regardant une ombre bizarre pendant tout ce temps. La personne portait une robe noire comme celle d’un sorcier. Il ne semblait ni grand ni petit, mais parce qu’elle était courbée et couverte par la robe, son physique réel, et même sa race, ne pouvait être déterminé. Cette silhouette lui rappelait l’apparence de Valefor.
S’il y avait quelque chose qui se distinguait dans son apparence, c’était le masque bizarre qu’elle portait. Il était d’un blanc pur comme de la porcelaine, mais il n’avait rien qui ressemble à des yeux ou à une bouche. Le masque entier portait le symbole de l’Église, une croix, gravée sur lui. De plus, il y avait d’innombrables trous de la taille d’une aiguille sur tout le masque, qui étaient probablement utilisés pour voir à travers. Cependant, un masque sans semblant de visage était tout de même assez désagréable.
Il y a une croix, ça veut dire que c’est quelqu’un de l’Église… ? Cela semblait probable, mais sa présence inquiétante était étrange. L’étrange assaillant tenait une épée courte dans chaque main d’une manière sournoise. Le sang coulait sur les deux lames, et Chastille était finalement revenue à la raison.
« Replie-toi, Barbatos ! » cria Chastille en tendant la main pour ramasser son Épée Sacrée tombée. Malheureusement, le masque de l’agresseur était apparu sous ses yeux justes avant qu’elle n’en ait eu l’occasion. C’était assez près pour que son nez touche le masque. Elle n’avait même pas mis la main sur la poignée, mais il avait déjà réduit la distance.
« Collusion avec un sorcier découverte. L’archange Chastille Lillqvist a été considéré comme une traîtresse. »
Une voix étouffée était venue de l’autre côté du masque. Cependant, il n’avait aucune émotion en elle. Elle parlait d’une voix complètement robotisée, qui ressemblait au ton qui venait de ces golems créés par les sorciers, alors que les épées courtes dans ses mains se rapprochaient de la gorge de Chastille.
Vite !? Sans son Armure et son Épée Sacrée, Chastille n’était qu’une fille humaine ordinaire. Elle ne pouvait pas réagir à une telle vitesse.
« Tch ! Quelle emmerdeuse ! »
Dès qu’elle entendit cette voix, une main tendue derrière Chastille la fit se baisser. Elle n’avait pas ressenti d’impact contre le sol, mais elle avait émis un son comme si elle était projetée dans l’eau. Sa vision s’était évanouie et le temps qu’elle revienne, le dos de l’agresseur était devant ses yeux. Barbatos se tenait à côté d’elle, sifflant et essoufflé, probablement parce qu’il utilisait la sorcellerie pour échanger leurs positions. Cette fois, Chastille avait brandi correctement son Épée Sacrée.
« Argh, qui êtes-vous !? » demanda Chastille.
L’assaillant masqué avait incliné la tête d’un mouvement raide semblable à celui d’une marionnette d’étain.
« Brigade spéciale d’application de la loi Treize… Azazel. Je suis sous le commandement direct du pape, » déclara l’autre.
Les yeux de Chastille s’écarquillèrent en entendant ce nom.
Azazel… N’est-ce pas le nom de la treizième Épée Sacrée que Zagan a mentionné ? Est-ce que cela voulait dire que l’agresseur possédait une Épée Sacrée ? Les épées courtes dans ses mains semblaient être des lames tranchantes, mais elles ne ressemblaient pas à des Épées Sacrées. Il se nommait lui-même comme étant sous le commandement direct du pape, donc il était sûrement une existence extrêmement spéciale même au sein de l’Église.
Et il a été envoyé pour me tuer ? La faction d’unification s’opposait très certainement à la volonté du pape, mais cela semblait quand même un peu trop. Et juste à ce moment-là, elle entendit des bruits de pas qui s’approchaient de la porte du bureau.
« Dame Chastille ! Qu’est-ce qui se passe !? »
« Argh, la porte ne s’ouvre pas. Est-ce une attaque de sorcier ? »
Il semble qu’une sorte de piège ait été installé sur la porte. Les chevaliers qui étaient postés à l’extérieur du bureau enfonçaient la porte, mais elle ne montrait aucun signe de vouloir s’ouvrir. De plus, l’agresseur ne s’était pas inquiété, ayant clairement l’intention de ne pas partir tant que Chastille serait encore en vie.
Chastille avait jeté un coup d’œil attentif dans la zone. Il y avait une flaque d’eau rouge foncé qui se formait sous Barbatos, puisqu’il avait déjà perdu un bras. Il n’avait probablement pas eu le temps d’utiliser la sorcellerie pour le régénérer en ce moment. Il avait peut-être au moins réussi à s’enfuir, mais il n’y avait aucune chance qu’il participe à une bagarre. Ce bureau n’était pas non plus très spacieux. C’était bien trop exigu pour que Chastille brandisse son Épée Sacrée. D’un autre côté, l’agresseur avait utilisé des épées courtes et avait été assez rapide pour rapprocher la distance entre eux en un instant. Chastille avait l’intuition qu’elle serait décapitée si elle ne faisait que cligner des yeux.
Mais ce n’est pas une raison pour que j’abandonne… Après avoir calmé ses nerfs, Chastille avait placé son Épée Sacrée sur son épaule et l’avait tenue avec une poignée lâche.
« Barbatos. Je me mets un peu à l’aise. Ce sera bientôt fini, » affirma Chastille en regardant l’agresseur droit dans les yeux.
« Brille — Azrael ! » Chastille avait crié alors que son Épée Sacrée avait émis une lumière éblouissante. Elle n’avait pas l’intention d’utiliser l’aura de l’Épée Sacrée pour abattre un adversaire humain. Néanmoins, la lumière produite par son épée était capable d’ôter la vision à l’agresseur. Par contre, la lumière n’avait pas brûlé les yeux de Chastille, puisque son épée avait été hissée sur son épaule derrière sa tête. Utilisant cette petite fenêtre d’opportunité, elle avait fait basculer le plat de la lame à Azazel.
Je les ai eus maintenant…, c’était du moins ce qu’elle pensait, mais…
« Je vois. Intelligente, » déclara l’agresseur.
L’agresseur n’était pas là où Chastille avait descendu son épée. Il s’accrochait au plafond, regardant Chastille à travers son masque étrange.
A-t-il pressenti mon geste ? Chastille était une personnalité publique. Quand il s’agissait de l’Église, il était possible d’enquêter sur les pouvoirs de son Épée Sacrée et ses compétences personnelles. Ce n’était pas si étrange que ça que toutes ses capacités soient étudiées. Cependant, les connaître et être capable d’y faire face étaient des choses tout à fait différentes.
C’est un adversaire difficile… ! En ce qui concerne les compétences de l’épée, il était possible que l’agresseur soit au même niveau qu’elle et Raphaël. Ce n’était pas un adversaire qu’elle pouvait prendre vivant. Chastille avait glissé sa main gauche le long de sa poignée et l’avait saisie correctement pour frapper à pleine force. Et au même moment, l’agresseur était descendu du plafond.
« HAAA ! » Chastille balança son épée horizontalement, visant le moment où il allait atterrir, alors qu’elle lâchait ce cri de guerre. Malheureusement, l’agresseur n’avait fait que la bloquer avec son épée courte et cela l’avait fait tourner en plein vol.
Il a paré une Épée Sacrée en l’air !? Cet exploit n’était pas quelque chose que l’on pouvait faire avec facilité. Il portait probablement une Armure Sacrée sous leurs robes, mais ses réflexes étaient déjà au-delà du royaume des humains.
Chastille hissa sa poignée et replaça son Épée Sacrée. Et quand il avait atterri, l’autre épée courte de l’assaillant était arrivée sur elle. Des étincelles éblouissantes tombèrent sous les yeux de Chastille. L’épée courte perça le petit espace entre les mains de Chastille, frappant droit dans la poignée de l’Épée Sacrée. Si elle n’avait baissé que d’un pouce, elle aurait perdu ses doigts ou même son cou.
Elle avait senti une sensation de froid couler le long de sa colonne vertébrale, mais elle n’avait pas hésité. Il n’y avait aucun moyen qu’elle puisse. Si elle vacillait ne serait-ce qu’un instant, elle serait abattue.
Si je ne contre-attaque pas, je serai poussée dans un coin.
« YAAA ! » Chastille lâcha un rugissement et repoussa l’épée courte avec sa force. Peut-être parce que l’agresseur n’avait pas beaucoup de force physique, car il avait titubé et s’était penché vers l’arrière. Et avant qu’il n’ait pu corriger sa posture, Chastille avait fait une frappe par le bas.
Cependant, la frappe qui aurait dû toucher le flanc avait été esquivée lorsque l’assaillant s’était abaissé jusqu’au sol. C’était des mouvements souples, un peu comme ceux d’un serpent. Avec le saut de tout à l’heure et l’esquive, on pouvait dire que ces mouvements surhumains avaient fait que Chastille s’était remémoré la chimère de l’après-midi.
Chastille continuait à balancer son Épée Sacrée, mais à cause de l’exiguïté de la pièce, elle n’était pas capable de la brandir en étant à l’aise et ses coups étaient donc bien plus faibles. Elle ne parvenait même pas à surpasser son agresseur. D’autre part, les attaques de l’assaillant aux épées courtes visaient précisément les points vitaux de Chastille, l’obligeant progressivement à se battre sur la défensive.
Le bureau était beaucoup trop exigu pour qu’elle puisse manier son Épée Sacrée sans Armure Sacrée. La situation était beaucoup trop désavantageuse. En plus de cela, elle avait une personne blessée derrière elle et Nephteros dans la pièce voisine qu’elle devait protéger. Si elle battait en retraite, ils seraient tués tous les deux.
« TAAA ! » Chastille fit claquer son épée sur sa table de bureau avec un cri. Un bruit bruyant s’était fait entendre, et le bois brisé avait plu sur l’assaillant.
« Argh !? »
Comme on pouvait s’y attendre, il avait été incapable d’esquiver tous les fragments. L’assaillant s’était blotti contre le sol et avait enduré la pluie battante. Cependant, Chastille se sentait mal à l’aise là-bas.
Qu’est-ce que c’est que ça ? On aurait dit qu’il ne bougeait plus un instant ? Quelqu’un qui avait réussi à esquiver une attaque de l’extérieur de son champ de vision hésiterait-il vraiment face à un tour aussi bon marché ? Cela dit, Chastille n’avait pas eu le temps d’y réfléchir. Elle en avait profité pour couper un canapé. Cependant, l’agresseur n’était pas si bête qu’il se serait fait avoir deux fois pour la même attaque. Après avoir sauté en arrière sur une grande distance, il s’était échappé loin des fragments du canapé.
Je vous ai eu ! Le mur est derrière vous ! C’était un petit bureau, donc s’il était repoussé jusqu’au mur, il n’y avait aucun moyen pour lui d’échapper à la portée d’attaques de son Épée Sacrée. Le dos de l’agresseur était entré en collision avec le mur, et ses mouvements… ne s’étaient pas arrêtés.
« Hein… ? »
L’assaillant s’était tordu en plein vol et avait atterri avec les pieds contre le mur. Chastille avait eu ses yeux écarquillés devant ces mouvements, ce qui donnait l’impression qu’il avait des yeux à l’arrière de sa tête. Et c’est ainsi que Chastille, qui s’attendait à une ouverture, s’était complètement exposée à une attaque. L’assaillant avait donné un coup de pied sur le mur et s’était projeté vers elle comme une flèche.
« Bing —, »
Et l’instant d’après, les épées courtes s’approchèrent de son cou.
Je suis foutue.
« … Tch, t’es une vraie emmerdeuse, bébé pleurnicharde, » déclara Barbatos.
Dès qu’elle avait cru qu’elle allait être abattue, un gros dos avait obstrué sa vision.
« Barbatos ! »
L’épée courte plongea dans l’estomac de Barbatos.
« Heehee, je t’ai enfin eu ! » Barbatos avait saisi le bras et il garda l’épée courte coincée en lui, mais l’assaillant avait deux épées. L’autre épée descendit vers son épaule. Cependant, au lieu de crier de douleur, Barbatos se contenta de rire.
« Nettoie tes putains d’oreilles et écoute-moi ! Je suis Barbatos ! Un des anciens candidats d’Archidémon, Le Purgatoire Barbatos ! Mange ça, connard… Le quatrième rang du purgatoire, Flammes de l’Indignation ! » cria Barbatos.
Les Flammes de l’Indignation étaient une puissante sorcellerie comparable au souffle d’un dragon. C’était aussi la sorcellerie que Barbatos avait envoyée contre l’Archidémon Orias l’autre jour. Un mana rougeoyant se rassembla devant lui alors qu’il hurlait.
« Argh, lâchez-moi ! »
L’agresseur avait poignardé Barbatos à plusieurs reprises, mais il avait une force dans ses bras trop importants, la laissant incapable de s’échapper. Et puis, un rayon de chaleur s’était déclenché qui avait tout brûlé jusqu’à ce que ça devienne croustillant. Le rayon avait éclaté à travers le mur et réduit l’intérieur du bureau en cendres. La frappe avait même été assez puissante pour incinérer l’atmosphère et n’avait même pas laissé derrière elle une seule flamme.
« Qu’est-ce que t’en dis, connard ? Ne suis-je pas… fort… ? » Barbatos s’était effondré pendant qu’il parlait. Au moment où le flash s’était dissipé, l’agresseur n’était plus visible.
Il l’a eu, ou s’est-il enfuis ? Chastille avait cherché la présence de l’agresseur, mais il n’avait pu les détecter nulle part à proximité. Considérant que la menace avait disparu, elle s’était précipitée jusqu’à Barbatos.
« Barbatos, tiens bon ! » s’exclama Chastille, le soutenant en pleine panique. En plus d’avoir perdu un bras, il avait été poignardé à plusieurs reprises. Même un sorcier de la trempe de Barbatos ne pouvait pas survivre à ça. Chastille avait pâli, et des fragments de verre tombèrent du corps de Barbatos.
« Qu’est-ce que… C’est du verre ? Non, cristal… ? » demanda Chastille.
C’était probable les nombreuses amulettes que Barbatos avait autour de son cou qui s’était brisé. Heureusement, il semblait que ses blessures n’étaient pas si profondes, et il n’y en avait pas non plus beaucoup. Il avait l’air d’avoir mal, mais il respirait encore correctement. Alors qu’elle ramassait ces fragments, une voix l’appela de tout près.
« Il semble… qu’il se soit enfui… »
Après s’être tournée vers la voix familière, elle avait pu voir que la porte de la salle de repos était à moitié ouverte et qu’une jeune elfe noire s’accroupissait sur le sol, appuyée contre elle.
« Nephteros, c’est bien que vous soyez debout ? » demanda Chastille.
« Cela a-t-il vraiment de l’importance… quand il y a un tel vacarme juste à côté de moi… ? » demanda Nephteros.
En vérité, elle semblait s’être levée du lit pour venir aider, mais la voix de Nephteros laissait entendre qu’elle n’avait même pas la force de se lever. Chastille se souvient alors que Nephteros se spécialisait dans la mystique céleste qui manipulait les cristaux.
« Se pourrait-il que vous ayez protégé Barbatos ? » demanda Chastille.
« Je n’ai pas pu… tout bloquer. Si vous ne le soignez pas rapidement… il mourra…, » déclara Nephteros.
On peut peut-être le sauver. Dès qu’elle avait pensé cela, la porte derrière elle s’était enfin ouverte.
« Dame Chastille ! »
« Arrgh, que s’est-il passé ici… !? »
« Une tentative d’assassinat ! Retrouvez-le ! »
Ceux qui avaient fait irruption étaient les trois chevaliers dirigés par Alfred. Rassurée par leur présence, Chastille avait finalement pu lâcher son Épée Sacrée.
***
Partie 7
« Ça devrait au moins le garder en vie…, » déclara Nephteros en finissant de soigner Barbatos.
« Je dirais que cela l’aidera bien plus que ça…, » déclara Chastille.
Ce n’était probablement pas de la sorcellerie, mais du mysticisme. Nephteros elle-même semblait minimiser ses capacités. Cependant, même son bras démembré était reconnecté et son visage pâle avait retrouvé ses couleurs. Non seulement cela, mais les ombres qui étaient toujours autour de ses yeux avaient disparu, et il avait l’air en meilleure santé que d’habitude.
Nephteros poussa un soupir fatigué et s’appuya contre le mur. Chastille était alors tombée à genoux à côté d’elle.
« Désolée. Vous devriez aussi vous allonger et vous reposer, mais…, » commença Chastille.
« … Ce n’est pas vrai, » déclara Nephteros en secouant lentement la tête. Puis, elle poursuivit. « Vous avez dit tout à l’heure que le village elfique caché était comme un sanctuaire de l’Église, n’est-ce pas ? Il semble que nous, les hauts elfes, ayons des affinités avec de tels lieux. Je me rétablis plus vite que d’habitude. »
Cela n’avait pas vraiment changé le fait qu’il lui serait difficile de se lever et de marcher, mais on pouvait aussi voir que la douleur dans son souffle avait diminué.
« C’est pourquoi… Je dis que… ce n’est rien de spécial... Je pense… qu’il y a plus… de choses que je peux le faire, » dit Nephteros en levant timidement les yeux vers Chastille.
« Hein… ? Ce qui veut dire ? » Chastille pencha la tête sur le côté quand elle lui demanda d’expliquer davantage, et Nephteros détourna le regard en rougissant.
« Vous n’êtes pas douée pour sentir les choses. Je dis qu’il y a d’autres blessés… Les survivants… sont là, non ? Comme… ceux qui m’ont sauvée dans la forêt…, » déclara Nephteros.
En entendant ça, Chastille avait finalement compris qu’elle était volontaire pour soigner les chevaliers angéliques blessés.
Bien qu’elle soit l’opposé polaire de Néphy, elle lui ressemble peut-être à cet égard… Bien qu’elle ait ressenti cela, elle pensait toujours que c’était un peu différent.
Oh, je vois. Cette fille lui ressemble beaucoup… Il était brusque, hautain, et agissait comme si les humains étaient des ordures. Et pourtant, il était plus sympathique que quiconque.
À l’époque, j’étais une lâche qui ne pouvait rien faire malgré mon désir de le sauver… Par conséquent, c’était Chastille qui avait toujours compté sur lui. Si elle ne s’inquiétait pas de sa propre apparence à l’époque, lui tendant la main et l’enlaçant, alors en ce moment, elle serait peut-être celle qui serait à ses côtés. Et avec un coup de poing dans la poitrine, elle avait trouvé sa réponse.
« … Je vois. C’est comme ça que ça se passe, » déclara Chastille.
« Hein… ? Qu’est-ce que… Eek ! » Nephteros la regarda d’un air curieux et Chastille l’enlaça. Elle ne voulait plus jamais regretter ses actes. Elle croyait vraiment que cette fille était quelqu’un qu’il fallait sauver.
« Permettez-moi de vous remercier du fond du cœur pour votre offre. S’il vous plaît, sauvez mes précieux subordonnés, » déclara Chastille.
« N’ai-je pas dit que ce n’était pas grave ? » demanda Nephteros.
« C’est important pour moi, » déclara Chastille en serrant encore plus fort Nephteros.
« Celle qui est ici, celle qui nous a sauvés, moi et Barbatos, et qui offre maintenant de sauver mes subordonnés, n’est autre que vous, Nephteros, » déclara Chastille, déversant ses émotions et sa gratitude dans sa voix en caressant doucement les beaux cheveux argentés de Nephteros. Puis elle avait dit. « Souvenez-vous de ça. Si jamais vous avez besoin d’aide, je serai là pour vous. Peu importe ce que ça coûte, je vous protégerai. »
« … Vous exagérez, » murmura Nephteros. Cependant, en levant les yeux vers le visage de Chastille, elle avait été complètement décontenancée. Confuse par ce qu’elle avait vu, elle avait demandé. « Est-ce que vous… pleurez ? »
« Hein ? Oh, vous avez raison, » conclut Chastille. En un rien de temps, ses joues étaient mouillées. Cependant, ce n’était pas un mauvais sentiment. Alors, Chastille avait fait un sourire vif.
« Ne vous inquiétez pas pour ça, s’il vous plaît. Ça veut juste dire que j’ai remarqué mon propre amour non partagé, » déclara Chastille.
Oui. Il y a longtemps, l’homme qu’elle aimait souffrait. À l’époque, même lorsqu’elle avait été jetée dehors, rejetée et blessée, Néphy ne se souciait pas de sa propre apparence et avait essayé de sauver Zagan. D’autre part, Chastille n’avait pas été en mesure de rejeter sa position de manieur d’une Épée Sacrée ou son titre d’archange pour faire de même.
Tout était déjà réglé à ce moment-là. C’est pourquoi elle avait décidé qu’elle ne ferait que souhaiter le bonheur de ces deux-là. Cependant, même si Chastille le comprenait intuitivement, elle ne le comprenait pas assez bien pour le mettre en mots. C’était sûrement pour cette raison qu’elle s’était retrouvée avec des sentiments si flous à ce sujet.
« Hm…, » Nephteros continua à fixer Chastille, et bien qu’elle le fit d’une manière timide, elle enlaça son dos en disant. « … Je vais vous laisser rester comme ça… juste un petit moment. »
En réponse, Chastille avait accepté de tout cœur la gentillesse de l’elfe noire.
Une demi-heure plus tard, Nephteros avait terminé son traitement des chevaliers angéliques dans la caserne. Elle était à l’infirmerie, où il y avait une dizaine de lits alignés pour les blessés. Elle était escortée par les trois chevaliers. Il s’agissait, bien sûr, de précautions contre l’agresseur précédent.
« Eh bien, je suppose que tout le monde a été traité, » déclara Nephteros.
« Ouais. Est-ce que ça va ? Je pense que vous avez utilisé trop de force…, » déclara Chastille.
« … Je suis fatiguée, mais c’est tout, » répondit Nephteros.
En entendant cette réponse, Chastille eut une certaine idée en tête.
Le fait qu’elle parle de sa propre condition signifie qu’elle a un peu baissé sa garde, non ? Elles s’étaient montrées gênées l’une envers l’autre tout à l’heure, et on aurait dit que l’attitude de Nephteros s’était un peu adoucie.
« … Je pensais… qu’ils étaient tous morts, » déclara Nephteros en regardant les Chevaliers angéliques sur les lits. Il y avait quatre survivants parmi les membres de la patrouille, et deux individus avaient péri. Chastille était aussi désespérément pessimiste quant à leurs chances de survie après leur arrivée sur les lieux, mais heureusement, la puissance défensive de l’Armure Sacrée avait renforcé leur vitalité.
Au bout d’un moment, Chastille déplaça son regard vers le sorcier qui dormait dans le coin de la pièce. Il était l’un des subordonnés de Zagan et avait couru partout pendant la journée sans se reposer pour tenter de guérir les blessés.
« Zagan a envoyé un sorcier qui excelle dans la guérison, ainsi nous avons pu guérir ceux qui ne pouvaient être sauvés par les pouvoirs de l’Église, » déclara Chastille.
Plusieurs sorciers alternaient les quarts de travail, et cela avait été mis en place de sorte que l’un d’eux soit toujours à l’église. Au début, les sorciers étaient traités avec inimitié par ceux de l’Église, mais après avoir passé quelque temps sous le même toit, ils avaient pu développer un sentiment d’affinité les uns avec les autres. Le sorcier ici avait aussi fait de grands efforts pour guérir les Chevaliers angéliques, alors ils avaient naturellement commencé à l’aider. C’est pourquoi Chastille avait eu le loisir de vérifier l’état de Nephteros. Il y avait aussi le fait qu’il était tard le soir et que tout le monde s’était déjà endormi.
« Je suppose que je n’avais pas besoin de m’en mêler, » déclara Nephteros en haussant les épaules.
« Non, sans vous, nous n’aurions pas pu les traiter à ce point. D’ailleurs, il y en avait ici dont on nous a dit qu’ils étaient trop blessés, » déclara Chastille.
Le sorcier qui les soignait disait que s’il était capable de prolonger leur vie, mais qu’ils mourraient après quelques jours. Et pourtant, maintenant, ils étaient tous stables. Tout le monde dans l’église avait une énorme dette de gratitude envers Nephteros.
« En tout cas, c’est assez étouffant ici, » déclara Nephteros en regardant les Chevaliers angéliques derrière elle.
« On ne peut pas être sûrs que l’agresseur de tout à l’heure ne reviendra pas, donc on ne peut pas laisser tomber nos gardes, » déclara Chastille.
« Ce type s’appelait Azazel, non ? C’est la première fois que je vois la vraie chose, » déclara Nephteros en grognant.
« Que dites-vous ! Savez-vous quelque chose sur Azazel ? » Les yeux de Chastille s’étaient écarquillés en entendant ça.
« Hein… ? N’est-ce pas des assassins de l’Église ? Mât… Bifrons a dit de ne pas s’en mêler, » répondit Nephteros.
Assassins ? Ce n’est pas le nom d’une Épée Sacrée ?
« Dites-m’en plus. Azazel n’est-il pas le nom d’une Épée Sacrée ? » demanda Chastille en s’accroupissant devant Nephteros.
« Une Épée Sacrée… ? Je ne sais rien à ce sujet, mais j’ai entendu dire qu’une organisation au sein de l’Église porte ce nom… N’êtes-vous pas au courant bien que vous fassiez partie de l’Église ? » demanda Nephteros.
« Je n’en ai jamais entendu parler… Aussi, il est probable que le Seigneur Raphaël n’en a pas non plus entendu parler, » déclara Chastille en gémissant. Zagan prétendait qu’Azazel était le nom du Treizième, une Épée Sacrée. Cependant, il semble que ce soit aussi le nom d’une organisation.
Pourtant, l’Église a fait tout son possible pour utiliser le nom Azazel. Ça ne peut pas être sans rapport… Mais qu’est-ce que ça voulait dire exactement ?
« … Azazel est peut-être le nom d’une Épée Sacrée, » déclara Chastille.
« Vraiment ? Je n’en ai jamais entendu parler. Ça n’a pas de sens non plus. La fière Église ne se vanterait-elle pas si c’était vrai ? » demanda Nephteros.
« Vous n’avez pas besoin de nous faire paraître si mal…, » murmura Chastille. Elle comprenait que l’Église pouvait paraître quelque peu pompeuse, mais il fallait vraiment du culot pour dire cela droit au visage d’un chevalier angélique. Cependant, le fait de penser à la disposition naturelle de l’Église pouvait avoir conduit à une connexion étrange.
« Azazel est le nom de la Treizième Épée Sacrée, mais pour une raison inconnue l’Église ne la possède pas, ou peut-être qu’elle est jugée abominable ? » fit remarquer Chastille.
« Non, alors ils ne l’utiliseraient pas comme nom du côté obscur, n’est-ce pas ? Si c’était le nom d’une abomination, je ne pense pas qu’ils prendraient son nom comme le leur, » déclara Nephteros.
« Peut-être qu’ils n’ont fait qu’un à un moment donné… Je sais que l’Église a une raison de garder secrète l’existence de ce groupe du public, mais même les Archanges qui ne savent rien à son sujet est suspects. Et s’ils se spécialisaient vraiment dans l’assassinat et qu’on leur avait confié une Épée Sacrée, il y aurait eu des cas où ils auraient été envoyés pour affronter des sorciers… »
« Je vois, » déclara Nephteros d’un signe de tête. « Voulez-vous dire… que c’est pourquoi les sorciers qui ne font pas partie de l’Église le savent ? C’est certainement logique, mais qu’en est-il de la raison pour laquelle on juge que c’est abominable ? »
« C’est… Je ne sais pas. Peut-être qu’un sorcier l’a prise, ou que l’usurpateur est un traître, ou quelque chose du genre…, » déclara Chastille, clairement décontenancée. Puis, elle avait dit. « Non, attendez… »
Il y avait un problème beaucoup plus important que celui de savoir si Azazel était le nom d’une Épée Sacrée ou d’une organisation. Et quelque peu étonnée par le fait qu’elle ne s’en soit pas rendu compte plus tôt, Chastille interrogea Nephteros.
« Nephteros. J’aimerais connaître votre opinion, » déclara Chastille.
« À propos de quoi ? » demanda Nephteros.
« Pensez-vous que cela soit une coïncidence qu’un assassin se faisant appeler Azazel ait été envoyé après moi alors que vous étiez poursuivie par cette chimère ? » demanda Chastille.
« Êtes-vous en train de dire que c’est aussi Bifrons qui est à l’origine de cela ? Cela ne voudrait-il pas dire que votre Église est aussi la marionnette de Bifrons ? » demanda Nephteros alors que ses yeux dorés s’ouvraient en grand.
« Ce n’est pas nécessairement le cas. Ce sorcier n’aurait-il pas pu divulguer des informations insidieuses et guider les actions de l’Église ? » demanda Chastille.
Chastille abritait Nephteros. Et en conséquence, elle avait fini par se mettre en travers du chemin de Bifrons. Il y avait une forte probabilité que Bifrons mette Azazel en action pour l’expulser.
« Cet assassin a dit qu’il a découvert que vous étiez une rebelle, n’est-ce pas ? Ça voudrait dire qu’il n’avait pas prévu de vous tuer tout de suite ? » Nephteros jeta son regard en pensée pendant un instant en murmurant ces mots.
« Alors, vous étiez leur cible initiale ? » demanda Chastille.
« Cela semble logique. Comme vous l’avez dit, il serait après tout difficile pour les pions de Bifrons d’envahir l’Église elle-même…, » déclara Nephteros.
« Désolée. Même si j’ai dit qu’il n’y aurait pas de danger ici…, » marmonna Chastille en poussant un soupir.
« Ne vous inquiétez pas pour ça. De toute façon, je n’aurais jamais cru pouvoir m’éloigner de Bifrons, » déclara Nephteros.
« On va quand même s’en sortir ensemble, d’accord ? On doit toutes les deux s’en sortir vivantes, » déclara Chastille en tenant la main de Nephteros.
« … Hmph. Je n’ai jamais eu l’intention de m’allonger et de mourir, » déclara Nephteros.
Et c’est ainsi que la longue journée s’était finalement achevée.