Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 5 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Quand il s’agit d’un rendez-vous, la pratique rend cela parfait !

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Chapitre 2 : Quand il s’agit d’un rendez-vous, la pratique rend cela parfait !

Partie 1

Je ne peux… plus bouger…, les pieds de Nephteros s’arrêtèrent finalement quand elle s’appuya contre un tronc d’arbre. Elle n’arrêtait pas d’utiliser le mysticisme céleste tous les jours, sans nourriture, sans eau et sans repos, alors elle avait dépassé ses limites pour guérir grâce à la sorcellerie.

Elle était dans un endroit éloigné de la forêt où Bifrons l’avait trouvée, mais dans son désespoir de s’échapper, elle ne savait plus où elle était. Elle était passée un nombre incalculable de fois devant des champs et des villes en chemin, donc elle ne savait même pas où elle se trouvait sommairement. Et tout ce qui restait dans son esprit, c’était le fait d’être attrapé par ce monstre et dévoré dans un pays inconnu. Le ciel nuageux au-dessus de la tête qu’elle pouvait voir à travers sa vision trouble était assez sombre pour qu’elle en ait assez.

C’est le destin évident quant au fait d’avoir trahi mon maître, hein… ? Elle n’avait pas regretté de s’être enfuie. Mais quand même, elle voulait au moins que quelqu’un soit là avec elle à la fin, peu importe qui c’était.

« Haha…, » Nephteros gloussa d’un petit rire, car la première image qui flotta immédiatement dans son esprit fut le visage de Néphélia. C’était vraiment une femme désagréable de se montrer même à un tel moment. Mais quand même…

Elle a été aussi… la première à me tendre la main, n’est-ce pas… ? Même maintenant, elle détestait cette fille. Maintenant qu’elle connaissait la « vérité », les sentiments de Nephteros étaient même proches de ceux d’une malédiction. Cependant…

Être seule… c’est un sentiment si désagréable…, le temps qu’elle avait passé avec Néphélia… Non, elle ne savait pas vraiment si c’était correct de reconnaître cette petite fille à l’époque comme étant Néphélia, mais c’était seulement il y a quelques jours qu’elle avait passé du temps avec Zagan et les autres. Ce n’était même pas une éternité, mais seulement trois jours, et pourtant elle désirait revenir à ces temps-là. Et, comme la conscience de Nephteros commençait à s’évanouir, un bruit de bruissement lui arriva aux oreilles.

Il m’a finalement… rattrapée…, en tournant ses yeux dorés vers le son, ce qu’elle avait vu n’était pas le monstre que Bifrons lui avait imposé.

« Hé, celle qui s’est effondrée là-bas n’est-elle pas une sorcière ? »

Un groupe de chevaliers portant une armure d’argent était apparu à son regard. Et dans leurs mains se trouvaient des épées sur lesquelles étaient gravées des armoiries. C’était des Chevaliers Angéliques de l’Église. Nephteros savait qu’il s’agissait d’un groupe qui considérait les sorciers comme des « méchants » et estimait que les tuer était leur but dans la vie.

À la toute fin, je serai tuée par les Chevaliers Angéliques, hein… ? Elle détestait l’idée, mais estimait que c’était beaucoup mieux que d’être tuée par un monstre impensable. En tout cas, elle n’avait même plus assez de volonté pour les fusillés du regard. Et ainsi, comme si elle cédait à sa somnolence, Nephteros ferma les paupières…

« Restez conscientes. Voilà de l’eau. Pouvez-vous boire ? »

Pour une raison quelconque, les Chevaliers Angéliques n’avaient pas frappé avec leurs épées. Au contraire, ils agissaient envers Nephteros afin de tenter de la sauver.

« Hein… ? » Nephteros fut complètement déconcertée par la tournure inexplicable des événements quand l’un des chevaliers lui tendit une flasque.

De l’eau… ! Nephteros avait saisi la gourde avec ses mains tremblantes et la porta à sa bouche en toute hâte. L’eau froide qui coulait dans sa gorge séchée était accompagnée d’une douleur brûlante.

« Argh… Aie…, » gémit-elle.

Alors qu’elle était incapable de boire correctement, elle avait fait une crise de toux et l’eau avait coulé sur sa peau foncée.

Le Chevalier Angélique avait alors parlé pour la réconforter sans rire de sa silhouette inesthétique. « Ce n’est pas grave. Calmez-vous et buvez. »

Et alors que la douleur s’était calmée, Nephteros avait finalement réussi à parler. « Pourquoi… un Chevalier Angélique… ? »

Le Chevalier Angélique la regarda avec une expression de curiosité. « Nous patrouillions dans cette forêt. »

« Ce n’est… pas ce ça…, » Nephteros savait que les Chevaliers Angéliques et les sorciers étaient censés être ennemis. Et finalement, réalisant ce qu’elle essayait de dire, le Chevalier Angélique éclata d’un rire joyeux.

« Je ne sais pas qui vous êtes, mais nous ne sommes pas des misérables au point d’ignorer une femme qui s’est effondrée à la suite de blessures, » déclara l’homme.

C’était une déclaration vraiment incroyable. Et tandis qu’elle restait abasourdie par cette déclaration, un autre Chevalier Angélique éleva la voix.

« On dirait qu’elle est très affaiblie. Ne vaudrait-il pas mieux de laisser le bavardage pour plus tard et de la ramener au quartier général pour un traitement ? » demanda l’autre.

« Vous avez raison. Il y a aussi des rapports sur un monstre qui a été vu par ici…, » répondit le premier.

Monstre… Lorsqu’elle avait eu l’intuition qu’il s’agissait de la chimère qui la pourchassait, Nephteros avait eu les yeux écarquillés. La bête en avait après elle, alors il était donc évident qu’elle empiéterait sur cette forêt.

« Vous tous, fuyez… C’est… en train d’arriver, » déclara Nephteros.

« Ne vous inquiétez pas. Nous ne sommes pas assez faibles pour nous laisser distancer par un simple —, » commença le chevalier.

La voix du Chevalier Angélique fut soudainement noyée par une voix étrange. Puis, regardant tous vers la source de la voix, ils aperçurent un buisson dans la forêt qui se déchirait avant qu’un monstre aux innombrables membres montre finalement toute sa silhouette.

« Argh ! Quel est donc ce monstre répugnant !? » demanda l’un d’eux.

Le monstre pourchassait Nephteros. Plus vite que les Chevaliers Angéliques ne puissent utiliser leurs épées, il déplaça son bras comme pour l’écraser ainsi que les chevaliers.

« Aargh! »

Le bras du Chevalier Angélique qui soutenait Nephteros s’était cassé comme de la paille, mais heureusement, il avait survécu. Alors qu’il abandonnait l’idée de dégainer son épée, il sauta immédiatement vers l’arrière tout en s’accrochant à elle. Elle pouvait dire qu’il était un individu puissant en raison de ses actions. Cependant, il ne pouvait plus se battre.

Après avoir vu ces événements se dérouler ainsi, les autres Chevaliers Angéliques avaient dégainé leurs épées et avaient foncé sur le monstre.

« Richard ! Prenez-la et fuyez ! Appelez des renforts du quartier général ! » ordonna un autre.

« Argh… Désolé. Je vous laisse faire ! » déclara le chevalier qui tenait l’elfe.

Le Chevalier Angélique au bras cassé avait sûrement compris qu’il ne serait qu’un obstacle. Et ainsi, il souleva Nephteros, la plaça sur son cheval, puis le chevaucha lui-même.

Il n’y a aucune chance que de simples Chevaliers Angéliques puissent gagner contre une chimère qui possède un fragment du Seigneur Démon en son sein…, en quelques minutes, ils seraient réduits à de la viande hachée. Néanmoins, c’était une source inattendue de soulagement.

Si j’utilise ces types comme bouclier et que je m’échappe…, même si ce n’était que pour quelques minutes, si elle s’enfuyait sur un cheval, elle gagnerait assez de temps pour retrouver un peu de son endurance. Et avec assez de temps et d’endurance, elle pourrait au moins trouver un moyen de sceller ce monstre. Cela… aurait dû être le cas, mais…

« Hé, qu’est-ce que vous faites, femme !? » s’écria le chevalier.

« Allez-vous-en, c’est tout. C’est moi que cette chose poursuit, » déclara Nephteros en se glissant hors du bras valide du Chevalier Angélique et en frappant la croupe du cheval pour le faire avancer. Même elle ne comprenait pas pourquoi elle mettait de côté ses seuls moyens de survie. C’était peut-être simplement son désir de ne pas agir comme Bifrons.

En tout cas, je suis la seule qui a besoin d’être tuée par cette chose…, c’était pour ça qu’elle se battait. Quand elle descendit de cheval, l’un des Chevaliers Angéliques avait déjà été vaincu. Ils étaient sûrement incapables d’échapper aux bras du monstre. Ses bras et ses jambes étaient tendus sur le sol et il ne tremblait même pas. Le chevalier sur le cheval et le chevalier vaincu étant partis, il n’en restait plus que quatre, et les membres du monstre se précipitèrent sur eux.

« Selini Chavliodous ! » Nephteros posa ses deux mains sur le sol et chanta en Célestian, faisant percer une lame de cristal à travers la terre. La lame de cristal embrochait les membres du monstre comme pour protéger les Chevaliers Angéliques. En même temps, elle avait été frappée par une intense vague d’étourdissements et n’était plus capable de se tenir debout.

Je suppose qu’il n’y avait aucune chance que je récupère assez d’une simple gorgée d’eau…, Nephteros était déjà incapable de se lever, mais elle parvint quand même à faire entendre sa voix.

« Vous tous, fuyez ! Cette chose est immortelle ! Vous ne pouvez pas la tuer ! » cria-t-elle.

Ils avaient sûrement déjà compris la puissance massive que ce monstre possédait. Et pourtant, les Chevaliers Angéliques saisirent à nouveau leurs épées et firent face au monstre.

« Ça ne suffira pas. Combien de victimes y aura-t-il si cette chose atteint une ville ? D’ailleurs, quand celle que nous voulons protéger est debout et qu’elle se bat, il n’y a aucune chance que nous, Chevalier Angélique, nous puissions nous enfuir ! »

C’était le visage de ceux qui étaient prêts à mourir.

Pourquoi !? Même si je les laisse partir, vous êtes…, Nephteros savait qu’ils n’avaient aucune chance de gagner, pourtant les Chevaliers Angéliques avaient tenu bon contre le monstre. Et ainsi, elle étendit les mains pour essayer de les sauver, mais son mysticisme céleste ne se manifesta pas. Malheureusement, elle n’avait plus un seul fragment de mana en elle. Et tandis qu’elle se tenait là, un autre chevalier tomba à terre après avoir été transpercé par une attaque.

« Mais… fuyez…, » murmura-t-elle.

Un autre Chevalier Angélique avait essayé de sauver son camarade en frappant le bras du monstre, mais sa lame s’était tout simplement brisée. Et sur le moment, il s’était figé à cause de la perte de son arme et s’était fait piétiner par les pieds du monstre.

« Écoutez-moi et fuyez ! » Nephteros cria désespérément, mais son souhait ne les atteignit pas. Malgré leurs pertes, les chevaliers n’avaient pas faibli et avaient continué à attaquer avec leurs épées.

« Restez groupés jusqu’à l’arrivée des renforts ! Elle arrivera sans faute ! »

Le Chevalier Angélique qui criait avait été soufflé par le monstre, avait heurté un tronc d’arbre et s’était arrêté de bouger. Le chevalier restant passa devant l’un des bras du monstre à ce moment-là, et il avait bondi très haut au-dessus de lui.

« OOOOOOOOH ! Tombe en ruine, espèce de monstre ! »

Son épée frappa directement le crâne du monstre, mais ne parvint pas à l’ouvrir.

« Maudit sois-tu ! Va au diable ! Gaah ! »

Le monstre avait ouvert en grand la bouche et avait mordu le Chevalier Angélique, le coupant en deux. Délaissant le chevalier vaincu, le monstre s’était finalement tourné vers Nephteros. Sa gorge était devenue rauque à force de crier, et elle ne pouvait plus chanter en Célestian. Elle fixa le monstre dans une démonstration minimale de résistance alors que l’un de ses bras grotesques se balance vers elle.

« Bougez ! » Le premier chevalier vaincu lui cria dessus.

Il semblait encore capable de bouger malgré ses blessures, et il repoussa Nephteros sur le côté. Immédiatement après, le sang avait jailli de l’endroit que Nephteros occupait à peine un moment plus tôt. Nephteros n’avait même pas pu voir le visage du Chevalier Angélique qui l’avait sauvée.

« Pourquoi… ? » demanda Nephteros.

S’il avait simplement fait le mort tel qu’il était, alors il aurait pu s’en tirer. Il aurait dû pouvoir survivre, alors pourquoi a-t-il gâché sa vie ? Tandis qu’elle réfléchissait à la question, des larmes mouillèrent les joues de Nephteros.

N’aurait-il pas été mieux… si j’avais été la seule à mourir… ? Alors pourquoi ces Chevaliers Angéliques étaient-ils morts en essayant de la sauver ? Et pourquoi était-ce douloureux de voir mourir des gens dont elle ne connaissait même pas le nom ?

« Combien de temps… cela va-t-il continuer… ? » demanda Nephteros, clairement fatiguée. C’était correct pour elle de mourir maintenant. Elle aurait déjà dû abandonner, mais la situation vexante l’avait profondément frustrée. Elle ne pouvait plus utiliser le mysticisme céleste. Il en allait de même pour la sorcellerie. Elle n’avait plus aucun pouvoir en elle. C’est ainsi que Nephteros cria, incapable de comprendre ses propres sentiments.

« Comme si j’allais me faire tuer par quelqu’un comme vous ! Imbécile ! » cria Nephteros, ses paroles résonnèrent sans fin dans la forêt. Face à ce cri désespéré, le monstre avait simplement ouvert son énorme mâchoire pour dévorer Nephteros. Et alors qu’elle se rapprochait d’elle… elle avait été déchirée par la lumière.

« Hein… ? » Nephteros avait poussé une voix embrouillée alors qu’elle était doucement enlacée par quelqu’un.

« … Désolée d’être en retard. »

C’était une voix familière. Elle l’avait déjà entendue, mais c’était difficile à croire que la voix se donne l’impression d’être si fiable.

« Maintenant, je vais venger mes subordonnés. Créature immonde, vous affrontez la colère de l’archange Chastille Lillqvist ! » cria Chastille.

 

 

À un moment donné, sans savoir du tout où elle courait, Nephteros avait fini par trébucher dans la région de Kianoides. Et cette jeune fille qui se tenait devant Nephteros tel un héros tout droit sorti d’un conte de fées, elle aurait dû être une fille totalement peu fiable, mais Nephteros avait l’impression qu’elle avait été sauvée.

***

Partie 2

Pourquoi Nephteros, qui avait soudainement disparu dans le village elfique caché, était-elle ici ? Et comment exactement avait-elle été poussée dans un tel retranchement alors qu’elle possédait un pouvoir à peine inférieur à celui d’un Archidémon ? Chastille avait une montagne de questions à poser, mais la première chose qu’elle avait faite avait été de tenir Nephteros dans ses bras.

Je n’aurais jamais cru possible de voir cette fille pleurer…, elle croyait fermement qu’elle devait protéger cette fille. Chastille avait donc fait un rapide tour d’horizon de son environnement et s’était mordu les lèvres. C’était une forêt à la périphérie de Kianoides. C’était une forêt séparée de celle où se trouvait le château de Zagan et il n’y avait pas de monstres ou de créatures dangereuses qui y vivaient. Les marchands et les voyageurs l’utilisaient même pour passer pendant leurs voyages. Des bandits se présentaient parfois, mais c’était pour cela que l’Église faisait des patrouilles dans la région.

Et cette patrouille avait rencontré un monstre. Les Chevaliers Angéliques qui formaient un petit groupe de six avaient tous été vaincus, à l’exception de celui qui était allé chercher des renforts. Chastille pouvait dire d’un coup d’œil que la plupart d’entre eux étaient déjà morts. Celui qui en était responsable de ça semblait être une créature synthétique créée par la sorcellerie plutôt qu’un simple monstre. Il portait un vieux chiffon ressemblant avant ça à une robe, mais il possédait un si grand corps que tous les gens présents avaient dû le regarder en levant la tête. La robe n’était pas capable de dissimuler les innombrables membres qui en sortaient, mais ils n’étaient pas les membres d’une araignée, mais clairement ceux d’un humain.

Sa répulsion physique avait provoqué une envie de vomir. Mais plus que ça, cela avait rempli Chastille de colère, lui faisant bouillir le sang.

« Richard, occupez-vous de la fille ! Chevaliers du Ciel d’Azur, suivez-moi. Nous allons abattre ce monstre ! » Chastille appela les chevaliers qu’elle avait emmenés.

« Avec plaisir ! »

« Esquivez-le, Chastille ! » Nephteros poussa un cri aigu quand l’Archange bondit vers l’avant. Chastille leva les yeux et vit que la tête du monstre, qui aurait dû être coupée en deux, s’était régénérée et qu’elle était en train de faire sortir de la lumière de là.

Essaie-t-il d’envoyer quelque chose !? Même si elle sautait par réflexe, Nephteros était juste derrière elle. Si Chastille esquivait, Nephteros mourrait.

Alors… Je vais le couper depuis ici ! Dès qu’elle avait fait ce choix, Chastille avait dégainé l’Épée Sacrée de son dos.

« Brille — Épée Sacrée Azraël ! » Chastille avait crié son nom, ce qui entoura de lumière l’Épée Sacrée. Immédiatement après ça, un rayon de mana avait jailli de la tête du monstre.

Tout comme le Metatron de Raphaël manipulait les flammes, le pouvoir d’Azraël était la lumière. La lumière de l’Épée Sacrée avait intercepté le rayon du monstre et l’avait coupé en deux. Un peu après, le rayon avait tout simplement disparu, et tout ce qui restait était une brise froide.

Azraël était capable de couper même la lumière elle-même. Ayant peut-être considéré l’Épée Sacrée comme une menace, le monstre abaissa son corps, enfonça plusieurs de ses membres dans le sol, et avait bondi à une bonne distance vers l’arrière. Cet énorme corps, qui semblait peser plusieurs centaines de kilos selon une estimation approximative, flottait avec légèreté dans l’air.

Son agilité est assez gênante…, peu importe à quel point il ressemblait à un monstre, ces membres minces ne semblaient pas capables de supporter sa grande carrure. Il utilisait sûrement la sorcellerie ou un pouvoir similaire pour se tenir droit. Dans ce cas, il y avait une possibilité qu’il soit capable d’utiliser la sorcellerie efficacement. Il serait désavantageux de le garder à distance dans ce cas.

Et après avoir observé calmement la situation, Chastille avait crié des ordres. « Chevaliers du Ciel d’azur, coupez ses membres ! »

« Comme vous voudrez ! »

Le premier à charger, c’était un Chevalier Angélique avec un grand bouclier, Ryan. Le monstre leva l’un de ses bras au-dessus de sa tête et l’abaissa pour l’écraser. Cela ressemblait à un coup sans force, mais c’était en vérité assez puissant selon elle pour être proche du poing de Zagan.

« Quelle impudence ! » Ryan avait encaissé le coup de face et s’était tordu le poignet pour éviter le coup sur le côté avec une parade. La première frappe du monstre s’était terminée en vain et avait créé une ouverture soudaine. Puis, Ryan releva son bouclier et l’enfonça vers le monstre avec un coup de bouclier, le faisant se pencher en arrière.

« Maintenant ! Allez-y, Torres, Alfred ! » cria Ryan.

« Oui ! » Torres et Alfred se précipitaient déjà derrière Ryan avec une lance et une épée longue à la main. Et sans laisser passer l’ouverture faite sur le monstre titubant, ils lui coupèrent les membres. Moins de dix secondes s’étaient écoulées depuis que Chastille avait relâché ses ordres, et le monstre était enraciné sur place. À l’époque, ces trois-là avaient été frappés par Zagan, mais ce n’était pas grand-chose pour eux. Il s’agissait simplement du fait que Zagan était bien trop fort.

« Bien joué ! Mettons un terme à tout ça — Azraël ! » Chastille rassembla à nouveau de la lumière autour de son Épée Sacrée et chargea. Après avoir placé sa lame droit vers le visage du monstre et l’avoir fendue en deux, sa lame s’était retournée et avait coupé le torse. Mais ses frappes continues ne s’arrêtèrent pas là. Ensuite, elle avait fait une coupure horizontale au cou, de l’épaule au torse, du torse aux jambes, et une autre frappe à travers son corps beaucoup trop énorme. La seule chose qu’une personne normale pouvait voir, c’était un simple flash de lumière. En un instant, Chastille avait libéré plusieurs dizaines d’attaques.

« Vous avez réussi ! » L’un des Chevaliers Angéliques cria de joie. Cependant, le visage de Chastille ne montrait aucun signe de victoire.

Qu’est-ce que c’est que cette sensation… ? C’était comme s’il n’y avait aucune sensation de couper quoi que ce soit. Une frappe de l’Épée Sacrée, trop tranchante, aurait même été légèrement gênée lors du passage à travers une feuille de papier. Cependant, elle n’avait même pas ressenti quelque chose comme ça tout à l’heure. C’est pourquoi Chastille n’était pas sûre de leur victoire.

« Pas encore ! Ne baissez pas votre garde ! » Chastille cria, et un instant plus tard, d’innombrables membres qui s’emmêlaient autour du corps du monstre furent abattus. Et avec un son répugnant qui ressemblait à celui d’articulations, ces membres s’étaient précipités non seulement sur Chastille, mais aussi sur les trois chevaliers.

« Arg ! »

« Qu-Qu’est-ce que c’est !? »

Les trois chevaliers avaient réagi en entendant la voix de Chastille et chacun avait repoussé les attaques avec leurs propres capacités. Mais ce n’était pas le cas de Chastille, qui avait encaissé l’attaque à bout portant.

« Tch…, » l’épée de Chastille bougeait à une vitesse fulgurante, mais chaque fois qu’elle en coupait une, le membre suivant fonçait vers elle.

Je ne peux pas… gérer tout ça… ! Le nombre d’attaques dépassa la vitesse de Chastille, bien qu’elle fût considérée comme la plus rapide des Archanges. Enfin, l’une des attaques qu’elle n’avait pas réussi à repousser s’était dirigée directement vers son torse complètement sans défense.

Je suis foutue ! Cependant, alors que le corps de Chastille se raidissait…

« Selini Chavliodous... »

Une voix faible et fugace résonna autour d’eux. Cependant, son Épée Sacrée avait émis une lumière éblouissante en réaction à cette voix, et des cristaux aux couleurs de l’arc-en-ciel avaient jailli de son extrémité.

Quel est ce pouvoir ? Ce n’était pas le pouvoir de l’Épée Sacrée, c’était certain. Chastille regarda les bras du monstre, qui aurait dû attraper Chastille, écraser en morceaux par la pluie de cristaux.

« GYAAAAAAAAAH! » Le monstre avait poussé un horrible cri.

Puis, il s’était éloigné de Chastille comme s’il avait peur, et s’était enfoncé au plus profond de la forêt avec un bruit repoussant. Après avoir vérifié que la présence du monstre avait complètement disparu, Chastille avait finalement baissé son épée.

« Il s’est enfui… Non, il nous a laissés partir ? » fit remarquer Chastille en se tournant vers Nephteros.

Elle m’a sauvée, n’est-ce pas… ? Les cristaux qui avaient jailli de l’Épée Sacrée ressemblaient beaucoup au mysticisme céleste dans lequel Nephteros se spécialisait. Cependant, Chastille n’avait pas eu l’occasion de lui en parler.

« Nephteros ! » cria Chastille.

L’elfe noire semblait avoir déjà perdu connaissance et s’était effondrée au sol. Après avoir placé Nephteros dans ses bras, le visage de Chastille s’était raidi.

« Quelle terrible fièvre ! Elle est aussi vraiment épuisée… Si nous ne la traitons pas rapidement…, » Chastille remarqua que le souffle de Nephteros était rude et sifflant, et qu’elle avait déjà perdu connaissance.

Pour qu’elle soit dans un tel état…, pour autant que Chastille le sache, à part les Archidémons comme Zagan, il n’y avait aucun sorcier assez puissant pour être considéré au niveau de Nephteros. Elle s’enorgueillit du mana d’une haute elfe, manipulait le mysticisme céleste et une puissante sorcellerie, et ne montrait jamais de pitié. En termes de force de combat, elle avait sûrement surpassé même Néphy. Et pourtant…

« Vous trois, suivez la chimère… et aussi, soignez les survivants, » cria Chastille aux trois chevaliers. Ils étaient malheureusement à court de mains pour s’occuper des morts. Et sans même avoir besoin de son ordre pour commencer à agir, les trois chevaliers avaient commencé à traiter leurs camarades effondrés. Ryan et Alfred s’étaient alors mis en avant.

« Ryan et moi allons traquer le monstre ! » déclara Alfred.

Sa voix était empreinte de détermination, mais son expression était amère. Torres, qui soignait encore les blessés, avait alors fait entendre une voix inquiète.

« La nouvelle recrue qui n’est jamais venue hier… et ce monstre tout à l’heure… Je me demande si elles sont apparentées… »

Oui. Le nouveau prêtre qui devait se présenter l’autre jour n’était jamais venu. Ils s’étaient enquis de la situation auprès du siège de l’Église, mais n’avaient toujours pas reçu de réponses. Et pour atteindre Kianoides depuis l’Église d’où il avait été envoyé, il faudrait passer par ce chemin.

Je ne veux cependant pas penser qu’ils ont été attaqués par ce monstre…, de multiples Chevaliers Angéliques en avaient déjà été victimes. Elle ne voulait pas penser à la possibilité qu’il y ait encore plus de victimes que ça.

Après avoir vu Alfred et les autres courir après le monstre, Chastille regarda l’ombre à ses pieds et s’adressa à lui.

« Barbatos, tu es là, non ? »

Son ombre s’était tortillée après avoir été appelée, et une voix ennuyée lui avait répondu. « Hein ? Qu’est-ce que tu veux ? »

« Prends contact avec Zagan. Le monstre tout à l’heure était une chimère. Je ne sais pas qui est le coupable, mais il n’y a aucun doute qu’un sorcier soit impliqué, » déclara Chastille.

Un visage lugubre s’était soudain échappé de l’ombre en entendant sa demande. Comme toujours, il avait des poches profondes autour des yeux. Ce n’était certainement pas un visage que l’on verrait sur quelqu’un de vertueux. Malgré tout, c’était un sorcier qui possédait assez de pouvoir pour être compté parmi les candidats de l’Archidémon, et par hasard, il agissait maintenant comme une sorte d’escorte pour Chastille.

« Écoute-moi bien, bon sang ! Zagan m’a dit de te protéger, mais je ne me rappelle pas être devenu ton putain de serviteur ! » Barbatos regarda Chastille d’un air insatisfait en disant cela.

Eh bien, c’était un sorcier. Il ne protégeait Chastille que parce que c’était l’ordre de Zagan et qu’il était après tout récompensé pour cela. Il n’y avait pas vraiment d’intérêt pour lui, donc il n’y avait aucune raison pour lui d’écouter les demandes de Chastille.

« J’aimerais quand même te demander ceci. J’ai l’impression que c’est une course contre la montre. Je ferai tout ce que tu veux si je suis capable de le faire, alors s’il te plaît…, » Chastille baissa la tête alors qu’elle faisait cette promesse, laissant Barbatos la regarder avec émerveillement.

« Tch, je n’aime pas ça… Je ne suis pas Zagan, mais je suppose que ce n’est pas si mal d’avoir une dette envers l’Église, hein ? » déclara Barbatos.

« Je te remercie. Je t’en suis redevable, » répondit Chastille en souriant malgré l’humeur sombre, laissant Barbatos la regarder à nouveau avec émerveillement. Et encore une fois, il avait fait claquer sa langue.

« … Je n’aime vraiment pas la façon dont tu es maintenant, » déclara Barbatos.

« Hein… ? Ai-je dit quelque chose qui t’a frotté dans le mauvais sens ? » demanda Chastille.

Barbatos se contenta de grimacer et de se taire. Au lieu de cela, il regarda une Nephteros inconsciente.

« Alors ? Est-ce bien de lui parler de cette chimère ? » demanda Barbatos.

« Voyons voir. S’il te plaît, informe-le aussi à propos de Nephteros. Je pense qu’il serait préférable pour Zagan de l’héberger, mais il y a aussi la question de sa relation avec Néphy. Pour l’instant, un simple rapport devrait suffire, » répondit Chastille.

Dans le village elfique caché, elle avait l’impression que leur relation s’était améliorée, mais Néphy était maudite et sous la forme d’un enfant à l’époque. Elle ne savait pas comment ce serait maintenant.

Le fait de l’emmener quelque part qui ne ferait qu’augmenter ses angoisses quand elle est blessée comme ça serait aussi un petit problème… Chastille ne savait pas comment Barbatos prenait sa demande, mais il haussa les épaules.

« Ouais ouais, alors je m’en vais… Owowowow ! » déclara Barbatos.

Alors qu’il commençait à s’enfoncer dans son ombre, une main mince avait saisi ses cheveux.

« Att… endez… Ne… ne lui dites pas…, » déclara Nephteros.

« Nephteros ? » demanda Chastille.

Nephteros avait repris connaissance à un moment donné et parlait en délirant.

« Mais…, » balbutia Chastille.

« S’il vous plaît… Je ne veux pas… que Néphélia… me voie… ainsi, » déclara Nephteros.

« J’ai compris, alors lâche-moi, bon sang ! » déclara Barbatos.

Chastille pensait que Nephteros lui avait ouvert le cœur lors de l’incident de l’autre jour, mais il semblait qu’il y avait toujours une faille entre Nephteros et Néphy. Chastille, n’ayant pas d’autre choix, appela Barbatos alors qu’il se plaignait.

« Compris. Barbatos, ne parle à Zagan que de la Chimère… Alors Nephteros, tu pourrais peut-être le lâcher maintenant ? » demanda Chastille.

Malheureusement, Nephteros avait perdu connaissance alors qu’elle tenait encore les cheveux de Barbatos, et il avait fallu près d’une demi-heure pour le libérer de sa prise. À ce moment-là, Chastille… non, même Nephteros elle-même ne savait pas que même si sa vie était en jeu, Nephteros ne possédait pas assez de force dans son corps pour utiliser le mysticisme céleste.

***

Partie 3

En même temps, n’ayant aucun moyen de savoir ce qui se passait à la périphérie de la ville, Zagan se promenait dans la ville de Kianoides. Dans une tournure inhabituelle des événements, ni Néphy ni Foll n’étaient avec lui. Il était tout seul.

« … Hm ? S’est-il passé quelque chose ? » Zagan murmura à lui-même. Kianoides appartenait aux Chevaliers Angéliques, alors les voir se disputer avec des voyous était un fait quotidien. Cependant, aujourd’hui, il y avait plusieurs chevaliers aux expressions exceptionnellement tendues qui étaient à cheval. Il semblait que Zagan ne soit pas le seul à remarquer l’agitation sur leur visage, car même les citoyens regardaient avec ça avec des visages anxieux. Il n’y avait pas encore de rumeurs concrètes, mais une atmosphère désagréable s’était mise à onduler comme une goutte d’eau sur un lac tranquille.

Cette ambiance me rappelle le jour où j’ai rencontré Néphy…, ce jour-là, Zagan était venu à une vente aux enchères avec Barbatos, mais à cette époque il y avait un cas d’enlèvements en série ciblant de jeunes femmes en ville, donc l’ambiance était plutôt tendue. Soit dit en passant, on pensait que Zagan était le coupable, ce qui lui avait valu beaucoup de préjugés à l’époque. Cependant, contrairement à cette fois-là, il n’y avait pas d’animosité injuste envers Zagan. De plus, les habitants de la ville étaient habillés différemment. Il y a quatre mois, il était assez courant pour les gens de porter des vêtements avec les bras exposés, mais maintenant ils portaient tous des manteaux épais, et ils avaient même des écharpes autour du cou et des gants sur leurs mains.

Il était temps que la saison change dans ce domaine. Zagan avait également senti un frisson sur sa peau et avait utilisé la sorcellerie pour faire monter sa température. S’il faisait vraiment plus froid dans la région, il pourrait probablement installer des charbons ardents faits de mana ou faire venir des familiers pour faire disparaître tout cela. Il était peut-être plus facile pour les citadins de s’habiller davantage pendant l’hiver, mais comme c’était quelque chose qui pouvait être traité avec sorcellerie, c’est ainsi qu’il passait l’hiver chaque année.

Foll doit bien aller, mais il vaudrait peut-être mieux que j’apprenne à Néphy quelques sortilèges pour faire face au froid…, cependant, même s’il était capable de résister au froid, ce n’était pas comme s’il pouvait faire quoi que ce soit contre l’atmosphère déstabilisante. Actuellement, c’était Chastille qui gère l’Église et les Chevaliers Angéliques de la ville.

« … Et bien, si c’est quelque chose qu’elle ne peut pas gérer toute seule, elle dira probablement quelque chose, » déclara Zagan.

Chastille avait Barbatos avec elle. Dans le pire des cas, il lui sauverait au moins la vie. Pendant qu’elle exerçait ses fonctions officielles, Chastille n’était pas si incompétente qu’elle serait acculée par un ennemi ordinaire… Mais, bien sûr, c’était une autre histoire quand il s’agissait de sa vie privée.

Pour l’instant, je vais faire ce que je suis venu faire…, la raison pour laquelle Zagan était venu en ville était parfaitement claire.

« Alors, il semble qu’un rendez-vous implique de se promener en ville, mais où serait le mieux ? » murmura-t-il pour lui-même.

C’était une soi-disant répétition. Grâce au livre d’images que Foll lui apporta, Zagan avait compris que les amoureux sortaient ensemble, mais ce concept lui était encore totalement inconnu. De plus, Néphy semblait aussi totalement ignorante de ce fait. Zagan devait faire quelque chose par lui-même, mais il était déjà confronté à un problème difficile.

Putain de merde ! Le seul magasin de vêtements que je connais est celui de Manuela ! pensa Zagan.

Comme Zagan ne connaissait pas les tenants et aboutissants des vêtements, il déléguait toujours tout à cette sympathique vendeuse, mais elle utilisait toujours Néphy comme poupée habillée. Il doutait fort que ce soit un endroit approprié pour un rendez-vous.

Pour l’instant, il avait essayé de regarder ce que les hommes accompagnés de femmes allaient faire, bien que les couples aient réagi en ressentant de la peur quand il les avait regardés. Ils achetaient des fruits dans les étals de la rue et essayaient divers aliments, alors Zagan avait essayé d’acheter lui-même une pomme à l’aspect savoureux.

Eh bien, je suppose que ce n’est pas si mal de se promener avec Néphy en mangeant des pommes…, et, alors qu’il commençait à marcher en pensant à de telles choses, Zagan s’était soudain rendu compte de quelque chose.

« … Il y a une sorte de dispute ? » se demanda-t-il à voix haute.

C’était le quartier commerçant, donc c’était normal qu’il y ait du bruit, mais Zagan avait entendu une sorte de dispute dans tout ce bruit. Même en regardant autour de lui, il n’avait rien vu qui ressemblait à une bagarre. Il semblerait aussi que les autres personnes autour de lui n’avaient pas remarqué ces voix. Il l’avait probablement capté en raison de son ouïe améliorée en tant que sorcier. Se tenant debout sur place, Zagan avait écouté attentivement afin d’isoler les voix.

« Comment oses-tu courir, putain ? » « Tu nous as fait perdre notre temps. » « Pourquoi est-ce que ça arrive ? » « Qu’est-ce que j’ai fait ? » « Emmenez-les avec nous. » « Elles se vendront cher. »

D’un côté, il y avait la voix grave d’un homme qui menaçait quelqu’un. De l’autre, la voix d’une jeune fille tremblait et suppliait désespérément pour quelque chose. D’après les phrases fragmentées qu’il avait entendues, il avait deviné que c’était probablement un esclavagiste qui avait un différend avec leur marchandise.

Maintenant que faire…, cela n’avait rien à voir avec ce que faisaient les Archanges, alors Zagan était troublé. C’était parce que la traite des esclaves était une véritable affaire ici, et parce que libérer un esclave ne signifiait pas toujours qu’il serait sauvé…

Pour commencer, les esclaves étaient vendus pour de l’argent. Et tant qu’ils coûtaient de l’argent, ils devaient être en bon état pour être vendus. Au minimum, on leur donnait de la nourriture et des vêtements et on les gardait en bonne santé jusqu’à ce qu’ils soient vendus. La vie d’un esclave était garantie jusqu’à ce qu’il soit vendu, et l’acheteur qui avait fini par dépenser beaucoup d’argent pour un esclave ne le traiterait pas non plus comme jetable.

Néphy en est un parfait exemple. Bien qu’elle n’ait pas résisté à la capture, elle avait été bien nourrie à l’époque et on lui avait donné de beaux vêtements. Et tout en gardant son apparence si bien en ordre, son corps n’avait pas non plus été souillé.

Naturellement, cela n’avait pas vraiment changé le fait qu’ils n’avaient pas de droit de la personne et qu’on les faisait obéir. De plus, les vendeurs et les acheteurs avaient tendance à être des ordures absolues, mais au moins, ils étaient capables de vivre. Il y avait une montagne de gens qui avaient été tués pour des raisons beaucoup plus insensées dans ce monde. Il valait sûrement mieux vendre un enfant que de le tuer pour réduire le nombre de bouches à nourrir. Si un esclave était libéré de sa condition d’esclave, il pourrait retrouver sa dignité, mais il y en avait aussi beaucoup qui finiraient par mourir.

Si l’on demandait à Zagan si l’esclavage était quelque chose à abolir, cela lui laisserait pencher la tête sur le côté, mais il croyait aussi qu’en tant que sorciers qui avaient trempé leurs mains dans la sorcellerie pour protéger les vivants, voler ce qu’ils voulaient et traiter la vie des autres comme une chose sans valeur était insignifiante.

Non, attends, si Néphy ou Foll étaient kidnappées, alors je tuerais vraiment le gars qui a fait ça…, ce n’était pas comme s’il avait soudainement éveillé son sens de la justice, mais c’était ce qu’il pensait. Et ainsi, Zagan changea de direction et se dirigea vers les voix. On aurait dit qu’ils se disputaient dans une ruelle.

Après s’être éloigné d’un pâté de maisons du quartier commerçant, il avait trouvé plusieurs chemins ombragés qui s’étendaient devant lui. À l’époque où il était enfant de rue, Zagan vivait dans de tels endroits, ce qui le rendait quelque peu nostalgique.

« Je ne livrerai jamais cette enfant ! »

« Waaah... Hic… »

Elles semblaient être sœurs. Il y avait deux filles thérianthropes accroupies sur le sol, et plusieurs hommes avec des têtes de chien face à elles. Quatre canus au total, pour être plus précis. L’un des canus était en train de se tenir le bras, alors il semblait qu’ils s’énervaient en raison des filles qui leur résistaient. L’un des canus avait alors sorti un couteau.

« Espèce de salope, ne sois pas si arrogante ! »

« Hey, calme-toi. C’est une race rare. Si tu laisses une cicatrice, elle ne vaudra plus grand-chose. »

« Je comprends ça, mais regarde ! »

 

 

Le canus blessé avait beuglé de colère alors qu’un autre homme essayait de le calmer. La fille à l’air plus pitoyable tremblait tout simplement, mais celle qui semblait être la sœur aînée la protégeait avec son corps. Il avait au moins l’impression de vouloir leur donner un coup de main.

Hein ? Qu’est-ce que je suis censé dire dans cette situation… ? Zagan n’avait même pas encore décidé s’il allait les aider ou non, mais il ne savait même plus comment forcer la conversation. Et, alors qu’il réfléchissait à la question, il regarda le canus commencer à aboyer tout en mangeant la pomme qu’il venait d’acheter.

Est-ce que ces gars peuvent se dépêcher et agir…, Zagan avait l’impression que ce ne serait pas contre nature qu’il intervienne après qu’ils aient commencé quelque chose. Cependant, le son d’une pomme qu’on mangeait bruyamment était beaucoup trop artificiel par rapport à celui du canus grognant.

« Qu’est-ce que… vous… voulez… ? » demanda l’un des canus.

Les canus avaient finalement remarqué que Zagan était là et ils s’étaient tournés vers lui, mais tous avaient instantanément gelé en place. Il semblait que même les esclavagistes savaient à quoi ressemblait Zagan.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Continuez, » Zagan avait simplement continué à manger sa pomme et leur avait parlé comme s’il était un spectateur regardant une pièce ennuyeuse. Il n’avait pas l’intention de le faire, mais sa voix semblait plus dangereuse que d’habitude. Les canus avaient pâli et se mirent à trembler. Même si leurs visages étaient couverts de poils, les appeler pâles n’était pas une simple métaphore.

L’un d’eux avait les poils brun clair, qui perdaient sa pigmentation et devenaient d’un blanc pur. Un autre d’entre eux avait perdu ses cheveux en faisant un bruit sourd. Quant à ceux qui n’avaient pas réagi aussi radicalement, la sueur coulait abondamment de tout leur corps, faisant en sorte que leurs poils duveteux s’accrochaient à leur peau comme s’ils prenaient une douche le soir. Et, comme ils tremblaient tous d’un tel fracas, les canus commencèrent à mendier pour leur vie.

« Eeek, je ne veux pas mourir… ! »

« É-Épargnez-nous, s’il vous plaît… »

Hmm… Est-ce que j’ai l’air si méchant ? Zagan savait qu’il n’avait pas un visage amical, mais il se sentait un peu déprimé parce qu’ils étaient si prompts à avoir peur. Ou plutôt, il ne pensait pas vraiment que les gens qui traitaient les autres comme des marchandises avaient le droit de dire. « Je ne veux pas mourir ». Un méchant devrait simplement mourir comme un méchant.

« Si vous ne continuez pas, alors partez. Vous êtes sur le chemin, » déclara Zagan en tenant sa main sur son menton d’une manière a indiqué son ennui.

« Oui, oui, tout de suite ! »

Les canus avaient jeté leurs couteaux et s’étaient enfuis. Les sœurs, laissées là dans un état de confusion, regardèrent alors Zagan d’un air vide.

Hm ? Attends, est-ce que ces deux-là ne sont pas vraiment des sœurs… ? En y regardant de plus près, celle qu’il croyait être la sœur aînée avait des oreilles de chat et une queue de chat, ce qui faisait d’elle une tabaxi. La plus petite avait de grandes oreilles de renard, une queue duveteuse. Elle semblait être une vulpine. Après avoir regardé le visage de Zagan, la fille vulpine frissonna. Eh bien, c’était tout à fait naturel puisqu’elle avait vu une bande de canus armés commencer immédiatement à mendier pour leur vie comme ça. D’un autre côté, la fille tabaxi avait poussé un soupir de soulagement.

« Eu-Euh, merci beaucoup. Vous venez de nous sauver, non ? » demanda la fille tabaxi.

La fille avait souri en disant cela. Elle avait de magnifiques cheveux noirs qui descendent jusqu’au cou avec des oreilles triangulaires qui dépassent vers le haut. Les poils qui recouvraient ses oreilles étaient de la même couleur que ses cheveux et semblaient très doux, et il y avait des mèches avec un pigment plus fin sur la partie interne de ses oreilles. Peut-être parce que sa peur ne s’était pas encore entièrement dissipée, ses oreilles tremblaient d’un frisson.

Ses vêtements étaient sales, probablement parce qu’elles avaient été capturées par des esclavagistes, mais ils avaient des manches et des ourlets qui semblaient voltiger, et ils étaient de couleur noire et rouge comme nuances sous-jacentes. On aurait dit une sorte de robe autochtone. C’était différent de celle que portait Foll et ce n’était pas quelque chose qu’il avait déjà vu auparavant. Bien qu’elle soit une tabaxi, il semblait que du sang humain devait être présent en elle, puisque sa peau et ses doigts étaient les mêmes que ceux d’un humain. Ça avait fait d’elle une cait sith.

Elle n’est pas timide du tout, hein ? En pensant cela, Zagan s’était immédiatement rendu compte qu’il avait tort.

Attends, se pourrait-il qu’elle soit aveugle… ? Les pupilles des yeux rouges de la jeune fille étaient complètement ouvertes, et ne reflétaient rien. C’était pour ça qu’elle n’avait pas peur de Zagan. La fille vulpine à côté d’elle était complètement pâle alors qu’elle s’accrochait à elle.

« Tu imagines des choses. Je ne faisais que passer, » affirma Zagan en haussant les épaules avec désinvolture. Il avait vaguement l’impression qu’il voulait les sauver, mais à la fin, les esclavagistes s’étaient enfuis sans qu’il fasse quelque chose. C’était plutôt déraisonnable de prétendre qu’il les avait sauvées comme ça.

Zagan n’avait plus rien à faire ici, alors qu’il allait partir, il regarda les pieds des filles. Ils avaient des menottes de fer à l’air grossier autour de leurs chevilles. Les chaînes qui les unissaient étaient rompues au milieu, de sorte qu’il pouvait dire que c’était ainsi qu’elles s’étaient enfuies. Cependant, il était clair comme de l’eau de roche que s’il les laissait tels quels, alors elles seraient simplement la cible d’un autre groupe semblable.

Cela me laisserait un mauvais goût dans la bouche…, Zagan se tint debout devant les deux filles, et tendit la pomme à moitié mangée à la fille vulpine.

« Tiens ça, » déclara Zagan.

Croyant peut-être qu’elle serait tuée si elle lui désobéissait, la vulpine avait fait exactement ce qu’on lui avait dit et avait pris la pomme. Et avec sa main maintenant libre, Zagan avait arraché les chaînes de leurs chevilles avec force, laissant les deux filles le regarder fixement sans rien dire.

« … Alors, à plus tard, » déclara Zagan.

Estimant qu’il chercherait quelque chose en retour s’il en faisait plus pour elles, il récupéra la pomme de la vulpine et essaya de se relever quand la cait sith fit entendre une voix agitée.

« Ah, attendez s’il vous plaît… Ooof. »

Même si ses chaînes étaient défaites, la cait sith tomba face contre terre. Et après s’être relevée avec les larmes aux yeux, elle s’était mise à tâtonner en cherchant quelque chose.

« H-Hein ? Où est-elle ? » demanda la cait sith.

Inclinant la tête sur le côté, Zagan remarqua qu’il y avait un long bâton sur le sol, un peu plus loin de la fille.

Ah, une canne. Je vois…, Zagan avait entendu dire que les aveugles comptaient sur les cannes pour scruter la zone autour d’eux. Il semble que la petite fille ait perdu la canne à cause de sa peur. Et donc, Zagan l’avait ramassée.

Hm ? Cette canne est étrangement lourde… ? Zagan trouvait que c’était beaucoup trop lourd pour une cait sith délicate, et encore moins pour une cait sith aveugle. Il semblait aussi assez long et ressemblait au bâton qu’un moine utilisait lors d’un pèlerinage. Et bien qu’il ait soudainement compris ce que c’était, il avait remis la canne à la jeune fille.

« Tiens, » déclara Zagan.

« Ah, merci beaucoup ! » déclara la jeune fille.

La jeune fille accepta la canne d’une voix surprise et joyeuse. Et, alors qu’elle s’inclinait dans un salut, Zagan l’aperçut. Sur les côtés de sa tête, il y avait des oreilles humaines séparées de celles de chat.

C’est donc l’une de ces soi-disant quatre oreilles, hein ? C’était une espèce qui naissait rarement d’une filiation mixte entre les humains et les thérianthropes, ou dans certains cas où un humain était maudit pour avoir la forme d’une bête. Comme il s’agissait d’un type de mutation, les sorciers les appréciaient beaucoup. De plus, en y regardant de plus près, elle n’avait pas seulement une queue, mais deux. C’était une caractéristique que Zagan n’avait jamais vue auparavant. Il semblait que c’était la cause de son enlèvement.

« Je suis Kuroka ! » déclara la fille.

Maintenant que j’y pense, je ne leur ai jamais dit mon nom…, et juste au moment où il ouvrait la bouche pour se nommer…

« Comment vous remercier de votre gentillesse... HWAAAAH !? » déclara Kuroka.

Pour une raison inconnue, une grande quantité d’eau s’était brusquement abattue sur la jeune fille alors qu’elle inclinait la tête avec une grande énergie. En jetant un coup d’œil vers le haut, Zagan avait remarqué qu’un idiot avait vidé un seau du deuxième étage de l’immeuble voisin. Et, alors que l’eau s’écoulait de la tête de Kuroka, elle s’était mise à trembler.

C’est la première fois que je vois quelqu’un devenir si impuissant…, Chastille était elle-même une véritable épave, mais c’était comme si cette fille était un aimant à malheur. L’ampleur de la calamité qui lui était arrivée était différente. Il ne semblait pas y avoir de sorcellerie, mais même Zagan pensait qu’elle était peut-être maudite. La vulpine se couvrait le visage comme si elle ne pouvait rien faire d’autre.

Je suis un peu occupé aujourd’hui, mais…, Zagan aussi ne pouvait plus regarder et parlait sur un ton amer.

« … Venez avec moi, » déclara Zagan.

***

Partie 4

« Fufufufuuuu ! Comme c’est gentil ! Cette enfant est un matériau splendide ! »

Celle qui se frottait la joue contre Kuroka en dansant sauvagement n’était autre que Manuela. Les ailes vertes qui s’étendaient derrière son dos bougeaient quand elle leva les yeux vers Zagan, se trouvant incapable de contenir son excitation.

« Je peux faire ce que je veux de cette enfant, non ? » demanda Manuela.

« Hein ? Huuuh !? Tout ce que vous voulez !? C’est quoi, cet endroit ? » demanda Kuroka.

Elle n’était sûrement pas en mesure de dire quel genre de magasin ils étaient entrée, car elle ne pouvait pas voir du tout. Kuroka avait donc crié avec une expression effrayée sur son visage.

Je suppose qu’il vaudrait mieux expliquer que c’est un magasin de vêtements, mais c’est franchement un peu pénible…, Zagan n’était pas un homme droit qui ferait attention aux soucis de quelqu’un qui n’était ni Néphy ni Foll. Et donc, à la fin, il était resté silencieux et avait vu la scène se dérouler devant lui.

« Mmfufufufuuuu, ne t’inquiète pas du tout. Laisse tout à ta grande sœur ici ! » déclara Manuela.

 

 

Zagan avait soudain eu l’impression qu’il faisait quelque chose de mal, mais c’était un peu pitoyable de la laisser se promener comme ça.

« Tout va bien tant qu’elle peut marcher dans la rue. Fais ce que tu veux, » déclara Zagan.

« Mmmhaaaa ! N’est-ce pas la première fois que vous êtes aussi somptueux avec moi ? D’habitude, vous vous mettez en colère en me disant de ne rien faire d’inutile ! » déclara Manuela.

« J’ai juste pris celle-ci dehors. Je n’ai aucune raison de m’inquiéter autant pour elle, » déclara Zagan, réalisant qu’il y avait quelque chose d’étrange à trouver des vêtements pour quelqu’un qu’il n’aimait pas. Pourtant, il avait fait cette déclaration froide qui avait fait pâlir Kuroka comme si elle venait d’être abandonnée. Manuela, d’un autre côté, était toute souriante.

« Dans ce cas, je vous fais une remise, alors apportez-moi plus de mignonnes petites filles ! » déclara Manuela.

Et avec cette déclaration unilatérale, Manuela n’avait même pas attendu la réponse de Kuroka lorsqu’elle l’avait traînée dans le vestiaire. Zagan pouvait entendre un miaulement douloureux du fond du magasin.

En regardant cette scène se dérouler, la fille vulpine murmurait et tremblait sur place. En la regardant à nouveau, il pouvait dire qu’elle n’était pas vraiment une enfant. Il était probable que son espèce avait simplement une petite taille. Ses traits faciaux étaient encore un peu jeunes, mais les parties qui étaient censées ressortir le faisaient. Il semblait qu’elle avait même plus d’ampleur dans ce domaine que quelqu’un comme Chastille…

Cela étant dit, son visage charmant tremblait de peur. Eh bien, c’était normal, alors qu’elle était avec un homme à l’air méchant qui avait fait que des esclavagistes se soient enfuis, puis qui les avait traînées dans un magasin de vêtements chics. C’était normal de penser qu’elle allait encore être vendue quelque part. Ce n’était pas comme s’il avait ramassé ces filles parce qu’il voulait les mettre dans un coin, alors Zagan lui avait tendu sa pomme à moitié mangée.

« Mange… Vous aviez l’air bien trop pitoyables, alors j’ai décidé de lui donner des vêtements. Après qu’elle se soit changée, tu peux aller où tu veux, » déclara Zagan.

Zagan n’avait pas l’intention de s’occuper d’elles après ça. Et alors qu’elle entendait ses paroles, la vulpine avait enfin ouvert la bouche pour parler.

« Eu-Euh, je m’appelle… Kuu. Monsieur, vous êtes… euh… le Seigneur Zagan… n’est-ce pas ? » demanda Kuu.

Monsieur… Pour l’instant, Zagan était encore adolescent, alors il s’était senti légèrement déprimé. Mais il semblerait que même cette enfant connaissait le nom de Zagan.

« Oui, c’est ainsi que les gens m’appellent, » répondit Zagan.

« Je pensais… que vous seriez plus effrayant, » déclara Kuu.

« Si tu veux dire que je suis un méchant, alors tu n’as pas tort, » déclara Zagan.

La fille vulpine, Kuu, avait finalement souri.

« Je sais au moins… que les vrais méchants… sont ceux qui prétendent être de bonnes personnes. Ces canus tout à l’heure… étaient comme ça, » déclara Kuu.

« Alors, ne te fais pas attraper la prochaine fois, » déclara Zagan.

« Je ne le ferai pas ! » déclara Kuu.

Et pendant qu’ils bavardaient, Manuela revint.

« Fuhahahahaa, que dites-vous de ça, Zagan ? » demanda Manuela.

Kuroka, qui avait été traînée à l’arrière, ne portait pratiquement que des sous-vêtements. Son nombril était complètement exposé, et bien qu’elle ait une sorte de tissu élastique accroché de son cou à sa poitrine, cela ne recouvrait que la moitié de son haut et des morceaux dépassaient. Elle avait une culotte qui avait l’air prête à tomber au moindre souffle et un pagne transparent qui rendait ses fesses bien visibles. Elle avait l’air plutôt mince quand il l’avait vue pour la première fois, mais elle était nettement plus belle qu’il ne l’avait imaginé.

Je vois. Si Néphy portait quelque chose comme… Non non non non non, ce n’est pas bon…, Zagan voulait la voir, mais il ne pouvait pas lui faire porter une telle chose, même dans l’intimité du château.

« Cela ne me dérange pas si tu fais d’elle ton jouet, mais prépare au moins quelques vêtements appropriés, » déclara Zagan en jetant un coup d’œil désintéressé sur Manuela.

« Tout va bien se passer ! Je finirai par choisir quelque chose de convenable quand j’aurai fini ! » déclara Manuela.

« Qu-Qu’est-ce que vous voulez dire quand vous aurez fini ? Qu’est-ce que je porte exactement en ce moment ? » demanda Kuroka.

« Maintenant, allons essayer la prochaine tenue ! » déclara Manuela.

« Meooooooooow !? »

Après avoir été complètement jouée par Manuela, Kuroka avait finalement été habillée dans des vêtements qui étaient semblables à ceux qu’elle portait à l’origine.

« Haaah... Les filles de Liucaon ont une peau si élastique. C’est tellement joli, » déclara Manuela.

« Hic… »

Manuela poussa un soupir satisfait, mais la jeune fille cait sith était au bord des larmes. En tout cas, il semblait que Manuela était pleinement satisfaite, alors Zagan s’était également levé.

« Tu as mes remerciements. Combien ça coûte ? » demanda Zagan.

« Voyons voir. Alors, qu’est-ce que vous pensez de ça ? » Manuela avait proposé un montant inférieur à la moitié de la valeur marchande. Le fait qu’elle signifiait la valeur en utilisant ses doigts au lieu de le dire à haute voix était probablement une considération pour les filles.

« … Ce prix te convient-il ? » demanda Zagan.

« Et bien, vous me laissez m’amuser, alors pourquoi pas ? Si je ne vous fais pas une petite remise, vous ne reviendrez pas, n’est-ce pas ? Un commerçant équilibre toujours son commerce, » déclara Manuela.

En regardant Kuroka, Zagan avait l’impression que cela ne s’équilibrait pas vraiment…

Après avoir terminé le paiement, Kuroka avait finalement repris ses esprits et avait commencé à toucher ses vêtements pour les vérifier.

« Ce sont des vêtements que vous avez choisis pour moi, non ? Je vais au moins payer pour eux ! »

« … Non. Mais n’es-tu pas sans le sou ? » demanda Zagan.

« Hein… !? »

Il n’était pas possible qu’elle ait été prise par des esclavagistes et qu’on ne lui ait pas arraché tous ses biens. Ses vêtements étaient une chose, mais il était clair comme de l’eau de roche qu’ils avaient pris tout le reste à part sa canne.

« AAAH ! Qu’est-ce que je dois faire ? Je dois me rendre à ma nouvelle affectation, mais ma lettre de présentation a aussi disparu ! » Kuroka avait pâli et se couvrit le visage à cause de cette révélation.

« Présentation ? » demanda Zagan.

Elle parlait probablement d’un travail ou quelque chose comme ça. Il ne savait pas quel genre de travail elle faisait, mais « Présentation » n’était pas une expression qu’il entendait vraiment beaucoup. Kuroka semblait être une étrangère, donc c’était probablement juste une question de dialecte. Et tandis que Zagan inclinait la tête, Kuroka se mit à gémir de chagrin.

« Je suis venue dans cette ville pour le travail, mais j’ai perdu ma lettre de présentation… En fait, j’ai déjà une journée de retard… Aaah, qu’est-ce que je fais… ? » demanda Kuroka.

Il semble que les filles aient été capturées il y a plus d’un jour. Maintenant qu’il y avait pensé, il n’avait jamais demandé quel genre de relation elles avaient, mais il était probablement juste de dire qu’elles avaient été prises et s’étaient enfuies ensemble parce qu’elles étaient semblables.

« Je pense que tout ira bien…, » Kuu essayait aussi de la réconforter, mais Kuroka était en détresse.

« Je ne connais pas votre situation, mais pourquoi ne pas demander un abri à l’Église ? Après que Chastille ait pris le relais, les dons sont devenus moins importants, et si vous étiez pris dans un incident, alors vous pourriez aller en témoigner, » leur avait crié Manuela, apparemment incapable de regarder plus longtemps sans rien faire.

En entendant cela, Zagan s’était alors remémoré que Chastille avait pris la place de l’ancien évêque. Il y avait un côté de l’Église qui servait en quelque sorte de refuge pour ceux qui étaient attaqués par des sorciers et des bandits. C’était la raison pour laquelle les gens avaient payé les dons onéreux malgré les plaintes à leur sujet. Et pourtant, les épaules de Kuroka s’étaient affaissées et son visage s’était assombri.

« Je suis censée travailler dans cette église, mais ce genre de choses est arrivé… Je ne peux pas me montrer à l’évêque, » déclara Kuroka.

Hm ? Alors… ces Chevaliers Angéliques cherchaient-ils cette fille ? Zagan ne pensait pas qu’elle était si importante que ça, mais vu la personnalité de Chastille, il pensait qu’elle mettrait toutes ses forces à la recherche d’une nonne disparue.

Tu sais, j’aimerais vraiment finir mes affaires ici et retourner au château… Il était temps pour Néphy et les autres de commencer à préparer le dîner. Il avait raté sa chance de l’inviter à un rendez-vous à cause des filles. Il était ennuyé par toute cette situation, alors Zagan avait saisi Kuroka par la nuque et l’avait soulevée.

« Eeek? »

Ignorant son cri, Zagan regarda vers Kuu. « Je vais juste jeter celle-ci dans l’église, mais que vas-tu faire ? »

« E-Euh…, » balbutia Kuu.

« … As-tu une maison où retourner ? » demanda Zagan.

Kuu secoua la tête avec consternation.

« Alors, viens avec moi. L’Église te donnera au moins un endroit pour dormir, » déclara Zagan.

Puis, Zagan avait commencé à marcher à vive allure et Kuu s’était mise à paniquer.

« Merci pour votre travail continu ! La prochaine fois, amenez aussi Néphy et Foll ! » déclara Manuela.

Malheureusement, les deux filles n’avaient pu que frissonner en entendant Manuela leur dire au revoir.

***

Partie 5

« E-Euh. Je peux marcher toute seule, alors s’il vous plaît, laissez-moi descendre ! » Kuroka semblait au bord des larmes alors que Zagan la portait par la nuque littéralement comme un chat. Au fait, elle portait elle-même sa canne.

« Je suis débordé, là. Je n’ai pas le temps de m’occuper de vous deux toute la journée, » Zagan avait refusé sans cœur sa demande.

Dans ce cas, il aurait été bien de les abandonner, mais pour une raison ou une autre, ce choix n’était jamais venu à l’esprit de Zagan. Finalement, il avait remarqué que Kuu n’arrivait pas à suivre le rythme, ce qui était logique compte tenu de la différence de pas entre un adulte et un enfant. Quand Zagan s’était arrêté, il avait pris la vulpine dans son autre bras. Kuu n’avait pas fait entendre sa voix et avait simplement levé les yeux vers Zagan en raison de la surprise. Kuroka, l’ayant peut-être remarqué, avait prononcé quelques mots doux.

« Vous êtes vraiment gentil, Monsieur, » déclara Kuroka.

« Tu ne fais qu’imaginer des choses, » déclara Zagan.

« Fufufufu… D’une certaine façon, cette partie de vous est comme mon père, » déclara Kuroka.

« Comme c’est malheureux pour toi, » déclara Zagan.

S’il ressemblait à Zagan, il n’était pas un homme bien. Cependant, l’expression de Kuroka ne donnait certainement pas l’impression qu’elle se souvenait de souvenirs désagréables.

« Monsieur, je veux vous rembourser d’une façon ou d’une autre, » déclara Kuroka.

« Ce n’est pas la peine, » déclara Zagan.

« S’il vous plaît ! » déclara Kuroka.

Il ne savait pas ce qu’elle voulait faire, mais l’expression de Kuroka était désespérée.

Maintenant que j’y pense, c’est toujours une femme, non ? S’il y avait quelque chose que Zagan ne savait pas en tant qu’homme, alors sa perspicacité pourrait s’avérer utile.

« Alors, réponds à une question pour moi. Qu’est-ce qui rendrait une femme heureuse ? » demanda Zagan.

Kuroka et Kuu s’étaient toutes les deux raidies, les yeux écarquillés.

« Euh, monsieur, vous parlez de… votre petite amie ? » demanda Kuroka.

« … Ça ne me dérange pas si vous pensez ça, » répondit Zagan.

Ils s’étaient bien fait part de leurs sentiments l’un à l’autre, mais ils n’avaient encore rien fait de ce qu’un vrai couple aurait fait. Il était encore difficile pour Zagan de prétendre audacieusement qu’ils étaient ensemble à cause de cette triste réalité.

« Oh, je sais ! La nourriture vous rend heureux, n’est-ce pas ? » Kuu avait offert sa suggestion presque immédiatement.

« … Eh bien, tu as raison, » déclara Zagan.

Cependant, honnêtement, la cuisine de Néphy était la meilleure nourriture qu’il y avait pour lui. Il n’avait pas l’impression que pourrait lui donner quelque chose d’aussi délicieux, ce qui semblait donc inutile. De plus, s’ils sortaient ensemble, ils mangeraient de toute façon probablement au restaurant tout en faisant une pause à un moment donné. Et donc, il avait pensé que ce n’était pas un événement principal assez bon.

« Et bien, je pense qu’elle sera heureuse si vous lui donnez un cadeau. Quand j’ai reçu cette canne de mon père, j’étais super contente, » déclara Kuroka de son côté alors que Zagan gémissait d’insatisfaction.

« Hmm. Un cadeau, hein… ? » Zagan avait acheté des vêtements pour Néphy assez fréquemment, mais la tenue de tous les jours de Néphy était la robe et le tablier bleu d’une seule pièce. Lui acheter de jolis vêtements était un bon choix.

Le danger que cette maudite Manuela l’utilise comme un jouet est cependant inquiétant… Néanmoins, s’il arrivait à franchir cet obstacle, ce n’était pas une mauvaise suggestion.

« C’est une bonne idée. Vous avez toutes les deux mes remerciements, » déclara Zagan.

« Je suis contente d’avoir pu aider, » déclara Kuroka.

Mis à part ça, Zagan était un sorcier. Et grâce aux capacités physiques surhumaines que lui procurait ce statut, l’Église était déjà en vue. À un moment donné, Kuroka était devenue complètement molle, mais ce n’était pas vraiment un problème.

La base de l’Église de Kianoides était située dans une ancienne cathédrale. Elle avait des portes imposantes, et si l’on devait inclure sa flèche centrale, elle était plus grande que le château de Zagan. Il y avait aussi des statues de pierre sur le modèle des Chevaliers Angéliques alignés le long de ses murs de pierre, ce qui en faisait un bâtiment qui signifiait la richesse et la puissance de l’Église. Et après avoir frappé à la porte, Zagan plissa ses sourcils.

Cette odeur est… du sang ? Ce n’était pas une odeur prononcée, donc personne n’aurait dû mourir, mais quelqu’un de blessé avait pu être transporté ici. Et il semblait que Zagan n’était pas le seul à s’en rendre compte, car Kuroka reniflait aussi.

« M-Monsieur, s’il vous plaît, laissez-moi descendre ! On dirait qu’il s’est passé quelque chose ! » déclara Kuroka.

« On dirait bien, » répondit Zagan en lâchant Kuroka, qui se leva avec sa canne à la main. Après avoir peut-être entendu leurs voix, un Chevalier Angélique était sorti de la bâtisse. Il sentait aussi le sang, ce qui semblait indiquer qu’il venait de terminer une bataille. Comme on pouvait s’y attendre, il n’y avait aucun signe d’effondrement dans la cathédrale. Cependant, au moment même où Zagan se demandait à quel point il lui paraissait étrangement familier, l’homme cria qui fit réaliser son identité à Zagan.

« Grrr, enfoiré ! Qu’est-ce que vous faites là ? »

« Hein ? Oh, c’est l’un de ces trois idiots…, » déclara Zagan, réalisant qu’il était l’un des chevaliers proches de Chastille. Il faisait habituellement partie d’un groupe de trois, mais comme il était tout seul, Zagan ne l’avait pas reconnu tout de suite.

« Je suis venu voir Chastille, mais on dirait que vous êtes tous au milieu de quelque chose, » déclara Zagan.

« Gaaah, ne crois pas qu’elle rencontrerait un salaud comme vous sans rendez-vous ! » s’écria le chevalier.

« Monsieur, c’est l’église, non ? L’évêque ici présent est-il effrayant ? » Kuroka s’était cachée derrière Zagan et avait tiré sur sa manche, peut-être effrayée par le Chevalier Angélique qui hurlait avec zèle.

« Ne t’inquiète pas pour ça. Ce n’est pas un évêque, c’est juste un idiot, » répondit Zagan.

Le visage du Chevalier Angélique devint rouge vif lorsqu’il cria sur Zagan en colère.

« Espèce d’insolent ! Nous, les Chevaliers du Ciel d’Azur, sommes des ecclésiastiques qui ont les qualifications d’un évêque, vous… Attendez, qui sont ces filles ? » demanda l’homme.

Le Chevalier Angélique remarqua finalement Kuroka et Kuu et les fixa d’un regard vide.

« Je les ai trouvées dans une ruelle. Il semble que Kuroka ait des affaires à voir avec l’église. Et Kuu n’est qu’une pauvre fille qui a été enlevée. On dirait qu’elle n’a nulle part où aller, alors vous devriez vous occuper d’elle, » déclara Zagan.

« Espèce d’impudent… Argh, mais, vous avez dit qu’elle a été enlevée ? » demanda l’homme.

« J’ai été emmenée par des hommes effrayants et sauvée par ces deux personnes-là, » déclara Kuu en hochant la tête de haut en bas pendant que le Chevalier Angélique la regardait.

« Grr… Il semble que… vous ne mentez pas, » déclara l’homme en s’agenouillant devant Kuu avant de continuer. « Je suis un Chevalier Angélique nommé Torres. Cette église est sûre, donc vous pouvez être à l’aise. Nous vous donnerons un endroit pour vivre. »

Kuu leva les yeux vers Zagan comme s’il lui demandait s’il était d’accord pour croire les paroles du chevalier.

« Si l’on met ce type de côté, le leader ici est quelqu’un en qui tu peux avoir confiance. Alors que c’est probablement correct de le croire, » déclara Zagan.

« D’accord…, » déclara Kuu en baissant sa garde.

« Alors ? Cette fille a aussi été enlevée ? » demanda Torres en se tournant vers Kuroka.

« C’est vrai qu’elle a été enlevée, mais elle dit qu’elle devait commencer à travailler ici hier, » déclara Zagan.

« Hier… ? » Torres l’avait dit en penchant la tête sur le côté, et finalement, ses yeux s’étaient écarquillés.

« Ce n’est pas possible… Êtes-vous la prêtresse qui devait commencer à travailler ici hier, Kuroka Adelhide ? » demanda Torres

« O-Oui ! Je suis désolée d’être en retard ! » déclara Kuroka.

Cette fille est-elle vraiment une prêtresse ? Cette pensée inattendue traversa l’esprit de Zagan lorsqu’il regarda Kuroka s’incliner, clairement au bord des larmes. Le prêtre était une position assez élevée au sein de l’église. Kuroka semblait avoir tout au plus seize ou dix-sept ans, et elle était même une quatre oreilles qui semblait recevoir un traitement dur, et aveugle en plus. Comment exactement avait-elle pu atteindre une telle position ? Mettant de côté les doutes de Zagan, le Chevalier Angélique semblait vraiment soulagé.

« Dieu merci. Nous pensions que vous aviez été attaquée par des monstres et nous allions envoyer une équipe de recherche. Je vois… Alors vous luttiez pour essayer de sauver une fille enlevée ? » demanda Torres.

« Ce n’était pas vraiment quelque chose digne d’éloges… En fin de compte, tout ce que j’ai fait, c’est me faire prendre, » répondit Kuroka.

Cette fille n’avait pas l’air d’avoir une vraie force quand il s’agit de combattre. Avec sa vue, elle ne pourrait pas s’enfuir, mais même ainsi, il semblait qu’en trouvant Kuu enlevée, elle ne pouvait pas la laisser seule.

Si c’est une prêtresse, escortez-la…, Zagan soupira d’étonnement. Et voyant Kuroka s’incliner à plusieurs reprises d’une manière charmante, Torres l’appela.

« Désolé de vous le dire au moment où vous prenez vos fonctions, mais nous allons vous mettre immédiatement au travail. Comme vous pouvez le voir, il y a beaucoup de monde ici. Peu importe le nombre de mains secourables que nous avons, ce n’est pas suffisant, » déclara Torres.

« Oui ! Je ferai de mon mieux ! » déclara Kuroka.

 

 

En regardant cet échange, un certain doute était soudain apparu dans l’esprit de Zagan.

« Maintenant que j’y pense, quel genre de travail peux-tu faire comme tu es aveugle ? » demanda Zagan.

« Ce n’est pas grave ! Même avec mes yeux comme ça, j’ai mémorisé toutes les écritures, pour pouvoir m’occuper d’une messe toute seule ! » déclara-t-elle.

« Hm, c’est assez impressionnant, » répondit Zagan avec nonchalance. Il était capable de tout mémoriser dans un grimoire en le lisant une seule fois, mais il était incapable de mémoriser tout le contenu de cette bible volumineuse qui ne l’intéressait pas. De plus, Kuroka aurait dû mémoriser chaque mot en se le faisant lire à haute voix par quelqu’un. C’était certainement beaucoup de travail. Toutefois, contrairement à l’admiration de Zagan, Torres avait été laissé en état de choc.

« Hein ? Aveugle ? Cette fille ne peut-elle pas voir… ? » demanda Torres.

« Tu ne peux pas le dire en la regardant ? » répondit Zagan. Elle tenait une canne à la main, et quand elle parlait, elle dirigeait son visage vers la personne à qui elle parlait, mais ne regardait pas leurs yeux. Même Zagan pensait que Torres l’aurait remarqué, mais il semblait choqué.

« Je croyais que vous étiez venue ici pour agir en tant que fonctionnaire civil…, » déclara Torres.

Zagan et Kuroka inclinèrent la tête sur le côté. Un fonctionnaire civil était responsable du travail de bureau, y compris du classement des documents et de la prise de décisions sur les politiques civiles.

Elle ne peut probablement rien faire comme lire des documents… Est-ce que c’est vraiment bien ? Se demanda Zagan.

« H-Huh, euh, se pourrait-il que je sois totalement inutile, ou alors… c’était une mauvaise chose pour moi de venir ici… ? » dit Kuroka alors qu’elle devenait pâle comme une morte.

« Ah, ne pleurez pas ! J’ai dit qu’on était à court de personnel, pas vrai !? Il y a une montagne de choses que vous pouvez faire ! » déclara Torres.

« Hic… Désolée, je ferai de mon mieux, » déclara Kuroka.

À ce propos, c’était la première fois qu’elle se trouvait dans ce bâtiment, alors le Chevalier Angélique avait pris la main de Kuroka et l’avait guidée à l’intérieur. Kuu les avait suivis et elle se dirigea à l’intérieur de la cathédrale, et elle fit signe à Zagan de la main avant de se séparer de lui.

« Merci, Monsieur ! » déclara Kuu.

« Ouais, ouais, vas-y tout de suite, » Zagan l’avait chassée avec ses mots et ses mains, ce qui avait fait que Kuroka s’était tournée avec une expression paniquée sur son visage.

« Ah, s’il vous plaît, attendez. Monsieur, quel est votre nom ? » demanda Kuroka.

Maintenant qu’elle l’avait mentionné, Zagan avait réalisé qu’il ne s’était jamais lui-même nommé.

Oui, Kuu savait déjà qui j’étais…, Kuroka était une membre de l’Église. Elle n’avait probablement pas beaucoup de bons souvenirs liés au fait d’avoir rencontré des sorciers. Zagan avait donc décidé qu’il valait mieux ne pas lui dire.

« À plus tard, » déclara Zagan.

Ainsi, il agita la main et lui tourna le dos. Et alors qu’il faisait le tour de la cathédrale à la recherche de Chastille…

« Tu es enfin seul, hein ? » Il entendit une voix lugubre qui venait de l’ombre juste à côté de lui.

***

Partie 6

Un visage malsain avait soudain surgi de l’ombre projetée par le bâtiment.

« Barbatos ? S’est-il passé quelque chose ? » demanda Zagan.

Ce n’était pas un visage qu’il aimait vraiment regarder, mais Zagan pouvait comprendre que quelque chose avait mal tourné. Si cet homme était apparu alors qu’il était censé protéger Chastille, ce n’était certainement pas pour des bavardages oisifs. Et Barbatos était sorti complètement de l’ombre en se grattant la tête d’une manière énervée.

« J’en ai eu marre d’attendre que tu sois tout seul, bon sang, » déclara Barbatos.

Ce n’était pas quelque chose qu’il voulait que les autres entendent.

« Hm… Attends une seconde, » dit Zagan en tapant légèrement son talon contre le sol et en tissant ensemble un cercle magique à ses pieds. Leurs silhouettes avaient alors commencé à se déformer comme dans un brouillard de chaleur et avaient disparu. C’était une barrière qui déformait le son et la lumière. Bien sûr, cela les empêchait d’être visibles de l’extérieur, et même s’ils criaient, la seule chose que les gens entendraient était un léger vent. Et, si quelqu’un s’approchait, il perdrait son sens de l’orientation et serait repoussé.

« Tu peux vraiment faire ce genre de chose en un seul souffle, hein… ? » Barbatos siffla d’admiration en regardant autour de lui.

« Ce n’est pas si difficile que ça, n’est-ce pas ? » dit Zagan. La base de Barbatos, que Zagan avait détruite, était entourée du même genre de barrière.

« Haaah... N’importe qui peut en faire un, mais cela lui prend quelques jours dans tous les cas, » affirma Barbatos. Ce type de barrière était assez courant et sa structure n’était pas si complexe. Cependant, il y avait très peu de sorciers qui pouvaient en créer un sur place sans chant ni catalyseur.

« Alors, qu’est-ce que tu veux ? » demanda Zagan.

« … Hmph. Tu as probablement vu que ces foutus Chevaliers Angéliques courent par-ci par-là, n’est-ce pas ? Une chimère est apparue dans la forêt voisine, et c’est devenu un énorme gâchis, » déclara Barbatos.

« Quel genre d’idiot a perdu la laisse de son chien de compagnie… ? Il n’y a aucune chance que ce soit quelque chose comme ça, n’est-ce pas ? » demanda Zagan en plissant des yeux. Les créatures créées par la sorcellerie comme les chimères, les golems et les homuncules souffraient immédiatement de nécrose s’ils n’étaient pas sous le contrôle d’un sorcier. Si une chimère agissait en étant en pleine santé, cela signifiait qu’un sorcier la lâchait volontiers sur le territoire de Zagan.

De plus, il est impossible que le pouvoir d’une chimère puisse surpasser celui du sorcier qui l’utilise… Si l’on utilisait la sorcellerie au-delà de leurs moyens, la sorcellerie ne serait tout simplement pas activée ou deviendrait sauvage. Si l’on pouvait créer une chimère plus forte qu’eux, la première chose que la chimère attaquerait serait le lanceur en lui-même. Zagan s’était autrefois battu contre une chimère faite à partir des vestiges d’un démon, mais c’était l’Archidémon Marchosias qui l’avait créée. Il serait certainement impossible de contrôler une chimère démoniaque sans au moins ce niveau de force, et en vérité, elle ne s’était activée qu’après la mort de Marchosias.

« En d’autres termes, il y a un idiot qui s’en prend à ces Chevaliers Angéliques en lâchant une chimère sur mon territoire. Et même Chastille ne peut-elle pas la tuer, non ? » demanda Zagan. Puisqu’une chimère était incapable de surpasser la force d’un sorcier, il n’y avait pas beaucoup de cas de Chevaliers Angéliques abattus par des chimères. Et malgré cela, il semble qu’il y ait eu des victimes parmi les Chevaliers Angéliques dans la cathédrale à côté de laquelle se tenait Zagan. C’était aussi tout naturellement que leur chef, Chastille, se soit rendue sur le terrain. Si Barbatos avait été envoyé pour informer Zagan de ce fait, cela signifiait que la chimère était toujours en liberté. Dans ce cas, la chimère devrait être au même niveau que la chimère démoniaque de Marchosias.

« Eh bien, ça aide que tu comprennes si vite, » déclara Barbatos en haussant les épaules.

« Quel est le genre de la chimère ? Tu l’as vue, n’est-ce pas ? » demanda Zagan. S’il connaissait les caractéristiques de la chimère, il aurait été possible d’identifier le lanceur. Et dans une attitude inhabituelle, Barbatos avait fait une expression sinistre.

« C’est une chimère assez gênante. Elle s’est complètement régénérée même après avoir été coupée en morceaux par cette pleurnicharde. On dirait aussi qu’elle a été faite en mélangeant plusieurs sorciers, puisqu’elle a des parties d’apparence humaine qui ressortent de partout, » répondit Barbatos.

Le coupable était un sorcier, donc il n’y avait aucune chance que ce soit quelque chose de sain, mais c’était quand même une histoire affreuse. De plus, dans le cas où des sorciers soient utilisés, il y avait une possibilité que la chimère elle-même puisse utiliser la sorcellerie.

« Et encore une chose…, » Barbatos murmura comme si c’était un peu difficile à dire pour lui.

« Quoi ? » demanda Zagan.

« J’ai l’impression d’avoir vu quelque chose de semblable il n’y a pas si longtemps, » déclara Barbatos.

Zagan n’avait pas assez d’informations pour comprendre la situation avec ces quelques bribes d’informations. Ainsi, Barbatos avait parlé d’un ton qui donnait l’impression qu’il se retenait de vomir.

« C’est celui-là… Je parle du monstre qui ressemblait à de la boue apparue à Suflaghida,. Celui que Bifrons appelait le “Seigneur Démon” ou quoi que ce soit d’autre, » déclara Barbatos.

« Hmm… ? » Zagan avait poussé une voix interrogative.

Eh bien, cette chose pourrait vraiment régénérer ses blessures instantanément…, à l’époque, c’était un ennemi redoutable qui avait été vaincu par Zagan, Néphy avec son mysticisme céleste nouvellement atteint, deux manieurs d’Épée Sacrée, plusieurs anciens candidats Archidémon et quelques dizaines d’autres sorciers. Donc, si Barbatos disait que c’était similaire, il ne parlait sûrement pas seulement de sa capacité à se régénérer.

Dans ce cas, le coupable a probablement le même but, pensa Zagan.

« Je vois. Dans ce cas, celui qui a créé cette chimère est probablement Bifrons, » murmura Zagan, mettant apparemment ses pensées en ordre.

« … Attends, ne tires-tu pas des conclusions hâtives ? » demanda Barbatos, alors que de la sueur coulait sur son front.

« Bien que ce ne fût qu’un résidu, il a ressuscité le Seigneur-Démon. Il n’y a aucune chance qu’il ne fît que regarder. Je parie qu’il a ramené l’un de ses cadavres ou un noyau avec lui. D’ailleurs, les seuls qui pourrait contrôler quelque chose d’aussi dangereux qu’un démon seraient les Archidémons, » déclara Zagan comme si c’était seulement évident. Selon Bifrons, l’Emblème de l’Archidémon tenu par les treize Archidémons ressemblait à une clé qui scellait l’enveloppe du Seigneur-Démon. C’est pourquoi les démons s’étaient soumis aux Archidémons, et aussi pourquoi ils avaient pu utiliser l’Emblème pour appeler les pensées résiduelles du Seigneur-Démon. Il n’y avait pas d’autre moyen d’interférer avec cette existence qui surpassait l’intelligence humaine que l’Emblème de l’Archidémon.

Je ne pensais pas que Bifrons soit du genre à se retirer si facilement, mais il agit plus vite que je ne l’imaginais…, pensa Zagan.

Barbatos avait sûrement compris tout cela alors qu’un grognement jaillissait de sa gorge.

« Pourtant, malgré l’action de la chimère, l’endroit où elle est apparue et son but est un mystère total, hein ? Si Bifrons avait prévu de faire bouger les choses contre moi ou Néphy, il aurait été plus logique de l’envoyé plus près du château ou quelque part où nous serions, » déclara Zagan.

Il en allait de même si la cible de Bifrons était Chastille et son Épée Sacrée. Si Barbatos ne disait rien sur elle, c’était la preuve que Chastille allait bien. Et même si Bifrons laissait une cible vivante, il n’y avait aucune chance qu’il laisse sa cible s’échapper.

Alors, peut-être qu’il vaut mieux penser qu’il y a un autre but, et il se trouve que c’est juste qu’il s’est fait prendre dans mon territoire…, Zagan avait déjà enseigné à Bifrons que cela ne valait pas la peine de s’attirer des ennuis avec lui, alors la seule raison pour Bifrons de faire des histoires tout en gardant ce risque à l’esprit était…

« Nephteros, hein ? » fit remarquer Zagan. Si la jeune fille disparue dans le village elfique caché était pourchassée pour une raison quelconque, il serait logique d’envoyer une chimère diabolique à sa poursuite. Cette elfe noire possédait assez de pouvoir pour qu’un groupe entier de sorciers et de Chevalier Angélique moyens ne puisse même pas lui faire face.

Le corps de Barbatos s’était complètement paralysé. À en juger par sa réaction, l’homme savait que Nephteros était impliquée, mais il n’en parlait pas. Et ainsi, Zagan le fixa du regard.

« Pourquoi as-tu gardé le silence à propos de Nephteros ? » demanda Zagan.

« Cette pleurnicharde… a dit de se taire, » déclara Barbatos.

« Hmm… ? » s’exclama Zagan. Il ne savait pas exactement ce qui s’était passé, mais le fait que Chastille avait fait une telle chose et la coopération de Barbatos avec elle, était deux actions inattendues.

Bien que, comme il s’agit de Nephteros, nous parlons de… À en juger par sa personnalité…

« Si elle ne voulait pas que je sache, ça veut dire qu’elle ne voulait pas que Néphy le découvre, hein ? » demanda Zagan.

« Tu regardais ? » demanda Barbatos.

Il semblerait que Zagan ait frappé dans le mille, laissant Barbatos complètement décontenancé.

« Non, n’est-ce pas facile à comprendre vu la situation et sa personnalité, non ? » demanda Zagan.

« Comme si tout le monde pouvait le dire…, » déclara Barbatos.

« Et bien, peu importe, » répondit Zagan avec désinvolture.

« Hein ? Est-ce que c’est d’accord ? » demanda Barbatos.

« Ce n’est pas une enfant. Si Chastille dit qu’elle veut garder le silence, c’est qu’elle a décidé de s’occuper d’elle. Qu’elle fasse ce qu’elle veut, » déclara Zagan en haussant les épaules en réponse à la réaction surprise de Barbatos.

« N’as-tu pas l’impression que rien de bon ne sortira de tout ça ? » demanda Barbatos.

« Cette fille est une vraie pleurnicharde dans sa vie privée, mais elle est capable quand elle est au travail, » déclara Zagan.

« … La louais-tu à propos de ça ? » demanda Barbatos avec un air exaspéré, mais il n’en parla plus.

Ouais, oublie tout ça, je veux aller à ce soi-disant rendez-vous avec Néphy ! Comme si j’en avais quelque chose à foutre de quelqu’un comme Bifrons ! Pensa Zagan, bien qu’un moment plus tard, il fut déconcerté alors que son esprit vagabondait, Non, attendez une seconde. Est-il même possible que Nephteros soit la seule chose que Bifrons vise ?

Bien sûr, Bifrons était un sorcier dont le but dans la vie semblait être de harceler les gens. Mais quand même, il serait idiot de supposer que Bifrons ait laissé son chien de compagnie qui l’avait trahi se libérer pour qu’il puisse le tourmenter, surtout quand elle avait réussi à s’échapper jusqu’au territoire de Zagan. N’était-il pas beaucoup plus naturel de penser que Bifrons visait intentionnellement à semer le trouble au moment même où Zagan ne voulait pas que quelqu’un s’immisce le plus dans ses plans ?

En d’autres termes, Bifrons visait cet instant où je voulais juste avoir un rendez-vous tranquille avec Néphy ! Cette conclusion n’était peut-être que le résultat de son complexe de persécution, mais malheureusement, l’Archidémon Bifrons était un sorcier qui ne pouvait trouver aucune excuse lorsqu’il était accusé de tels actes.

« Ku... Kuhahahaha..., » Zagan éclata spontanément de rire.

« H-Hey… Zagan… ? » murmura Barbatos, l’air assez effrayé. C’était un rire qu’il n’avait pas laissé sortir dernièrement… Ou plutôt, un qu’il n’avait pas laissé sortir depuis qu’il avait rencontré Néphy. Et ce fait avait causé une grande peur à Barbatos.

« Comme c’est amusant ! Il semble que cet idiot n’ait pas encore appris sa leçon. Comment ose-t-il se moquer de moi ? » demanda Zagan.

Le beau pavé de pierre s’était fissuré sous la pression du mana de Zagan qui débordait de rage.

« Il est temps d’en finir avec Bifrons. Il n’y a plus à s’inquiéter de lui, » proclama Zagan en tournant son regard vers Barbatos.

« Qu’est-ce qui te prend si… qu’est-ce que Bifrons prépare ? » demanda Barbatos.

« Je dis qu’il n’est pas nécessaire que tu t’en soucies, » répondit Zagan sèchement. Il avait l’impression que Barbatos se moquerait de lui s’il disait que c’était parce que Bifrons avait l’intention de gêner son rendez-vous avec Néphy, alors il l’avait simplement regardé d’un air dominateur. À cause de cela, Barbatos avait dégluti et avait refermé sa bouche.

« Est-ce tout ce que tu as à signaler ? » demanda Zagan.

« AH ? Oui…, » répondit Barbatos.

« Alors, vas-y. J’ai des affaires à voir avec Chastille avant d’aller tuer Bifrons, » déclara Zagan.

« D-D’accord…, » déclara Barbatos, acquiesçant d’un signe de tête inquiet avant de disparaître dans l’ombre. Après l’avoir vu partir, Zagan avait encore une fois tapé du talon et défait la barrière. Le bureau de Chastille était plus rapide d’accès depuis la porte arrière de la cathédrale. Et comme il marchait par là, il avait jeté un dernier coup d’œil dans la cathédrale. Kuroka courait partout en transportant un grand récipient d’eau chaude et elle s’était écroulée de façon spectaculaire.

***

Partie 7

Zagan marcha avec audace dans l’entrée arrière du sanctuaire de l’église comme s’il était le propriétaire de l’endroit.

Maintenant que j’y pense, c’est la première fois que je viens par ici, non ? Il était déjà allé voir Chastille avec Néphy, mais ils parlaient toujours dans le sanctuaire. Il n’était jamais venu dans les zones intérieures. Les Chevaliers Angéliques se précipitèrent immédiatement avec leurs épées tirées, mais s’arrêtèrent dès qu’ils virent le visage de Zagan.

« Argh… V-Vous êtes l’Archidémon Zagan ! Qu’est-ce que vous venez faire dans l’Église ? »

Bien qu’il s’agisse d’un poste temporaire, Chastille était toujours la responsable ici, et elle était membre de la Faction d’Unification qui visait à coexister avec les sorciers au lieu d’être ouvertement hostile à leur égard. Cependant, cela ne s’appliquait qu’à Chastille elle-même. Il semblait que les Chevaliers Angéliques ordinaires méprisaient encore les sorciers.

Je déteste traiter avec les Chevaliers Angéliques, car ils sont si pénibles… Il aurait probablement été bon de les ignorer et de les mettre de côté, mais cette région était sous la juridiction de Chastille. Ainsi, Zagan avait parlé avec le strict minimum de respect pour ce fait.

« J’ai des affaires à voir avec l’archange Chastille. Est-elle dans son bureau ? » demanda Zagan.

Les Chevaliers Angéliques reculèrent comme s’ils étaient intimidés. Néanmoins, ils saisirent leurs épées avec leurs mains tremblantes et hurlèrent en réaction.

« G-Grrr… Compris. Je l’appellerai, alors attendez dans la chambre des invités. »

« Pas la peine, ça ne sera pas si long. Je peux voir que vous êtes occupé, donc vous n’avez pas besoin de faire des pieds et des mains pour l’appeler, » déclara Zagan.

Prenant arbitrairement cette décision, Zagan s’était avancé dans le sanctuaire. Les Chevaliers Angéliques s’étaient raidis sur place, mais ne l’avaient pas gêné, peut-être parce que son manque d’hostilité leur avait été transmis.

« J-Je ne pouvais pas bouger… ! Nous devons informer Lady Chastille du danger imminent ! »

« Attends, est-ce qu’il voulait peut-être dire... “Je peux voir que vous êtes occupé, donc vous n’avez pas besoin de faire des pieds et des mains pour l’appeler” ? »

« Huh, je ne sais pas. Mais franchement, n’est-il pas un Archidémon ? »

« Eh bien, tu as raison, mais… »

Les chevaliers marmonnèrent entre eux à propos de quelque chose ou d’autres, mais peu de temps après, ils avaient suivi Zagan pour tenter de le surveiller.

Si vous avez autant de temps libre, allez soigner les blessés…, cela dit, il était probable qu’ils avaient tous leurs propres tâches, alors ce n’était pas à Zagan de critiquer. Le bruit de ses chaussures solides tapotant contre les planchers de bois résonnait dans le couloir tranquille. L’intérieur de l’église était assez bien entretenu, mais contrairement au sanctuaire, sa disposition était simple et compacte. Zagan pensait qu’elle serait bordée de biens luxueux, puisque l’Église arrachait souvent les dons de la population, mais de manière inattendue, ce n’était pas le cas.

Je suppose que les Chevaliers Angéliques sont des soldats. Ils méritent au moins un salaire qui les dédommagerait d’avoir risqué leur vie…, il semblait que plusieurs Chevaliers Angéliques venaient de perdre la vie. Il était certainement aussi nécessaire d’indemniser leurs familles pour cela, de sorte que les dons obligatoires n’avaient peut-être pas été une tromperie complète.

Après avoir marché pendant un certain temps tout en réfléchissant à de telles questions, Zagan arriva au bureau de Chastille. Puis, vérifiant que la plaque nominative était bien correcte, il avait ensuite frappé à la porte.

« Chastille, tu es là ? » demanda Zagan.

« Ah ! Hein ? Cette voix… Zagan ? »

Après que quelques cliquetis se soient fait entendre à l’intérieur de la pièce, la porte s’était finalement ouverte.

« Hmm, entre…, » déclara Chastille en sortant la tête avec une expression clairement confuse bien visible sur son visage.

Se pourrait-il que Nephteros soit à l’intérieur ? Selon Barbatos, Chastille voulait garder cette information secrète. Ainsi, Zagan fit semblant de ne pas le remarquer et détourna son regard.

« Hmm. J’ai appris ce qui s’est passé de Barbatos. As-tu le temps de parler maintenant ? » demanda Zagan.

« As-tu fait tout ce chemin pour ça ? Étais-tu, euh, inquiet… ? » demanda Chastille, alors que son visage rougissait visiblement.

« Eh bien, j’ai d’autres affaires à régler ici aussi…, » dit Zagan en regardant les Chevaliers Angéliques derrière lui. Chastille était actuellement dans son mode de travail, alors après avoir compris ce que Zagan insinuait, elle hocha la tête.

« C’est mon invité. C’est bon maintenant, alors retournez à vos fonctions, » ordonna Chastille.

« M-Mais… »

« Hé, j’ai déjà compris l’allusion… »

L’un d’eux essayait de soulever une objection, mais un autre chevalier l’avait salué et lui avait coupé la parole.

« Si vous avez besoin d’aide, appelez-nous, Lady Chastille. »

Et ainsi, les Chevaliers Angéliques étaient partis. Plusieurs individus semblaient tristes alors que leurs épaules se baissèrent.

« Impossible… Je n’aurais jamais pensé que Lady Chastille tomberait amoureuse d’un homme comme ça… »

« Non ! Il n’y a toujours pas de preuve définitive ! »

« Ne dis pas ça, Dominguez. Si Lady Chastille a choisi quelqu’un, nous devons l’accepter. »

« Essuie tes larmes, Andal. »

Oh, voyons, ils disent des choses inexcusables ici… Est-ce vraiment d’accord ? Chastille n’avait pas semblé entendre ce que les chevaliers chuchotaient, et elle s’était simplement penchée sur le côté avec une expression vide.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu n’entres pas ? » demanda Chastille.

« … Eh bien, peu importe, » déclara Zagan en décidant de faire semblant de ne rien entendre, il entra dans le bureau. C’était une pièce compacte que l’on pouvait traverser d’un bout à l’autre avec environ trois longues foulées. C’était aussi la pièce où Raphaël avait assassiné Clavwell, mais il n’y avait plus d’atmosphère troublante dans l’air.

Personne d’autre ne semblait être présent. Il y avait un grand bureau en chêne dans la pièce avec une pile de documents divers. À côté de ça se trouvaient une table courte et des canapés destinés à recevoir les invités, où Chastille s’était assise.

« E-En tout cas, tu devrais t’asseoir. Tout le monde est très occupé en ce moment, alors je ne peux malheureusement pas offrir grand-chose en matière d’hospitalité » déclara Chastille.

« Comment les Chevaliers Angéliques s’y prendraient-ils exactement pour offrir l’hospitalité à un sorcier ? Je me le demande…, » Zagan fut étonné, mais Chastille lui rendit un sourire amer.

« As-tu oublié à quelle faction j’appartiens ? » demanda Chastille.

Zagan ne savait pas vraiment quelles activités la faction d’unification entreprenait, mais il semblait que cette situation n’était pas si grave pour eux. À en juger par le fait que Chastille avait été capable de répondre de manière si décontractée, il pouvait dire que Chastille était vraiment en « mode travail », ce qui le faisait hausser les épaules.

« Hmph. Je suppose que c’est bon, » déclara Zagan en s’asseyant sur le canapé. Puis, il remarqua que Chastille regardait sans cesse le mur derrière lui. En jetant un coup d’œil dans cette direction, il aperçut une armoire discrète placée contre le mur avec une petite porte cachée derrière elle. Vu l’endroit, c’était probablement une sorte de salle de repos pour son bureau. La façon dont Chastille le regardait faisait croire à Zagan qu’elle s’inquiète de savoir si les choses allaient vraiment bien là-bas au lieu de se demander si Zagan allait ou non le repérer.

Se pourrait-il que Nephteros soit là-dedans ? Il pensait qu’elle était plutôt digne quand elle était en service, mais il semblait que son incapacité à garder des secrets n’était pas si différente de ce qu’elle faisait dans la vie quotidienne. Zagan essaya de tendre les oreilles et chercha une présence, mais il parvint à peine à capter le faible bruit d’une personne qui respirait. Il n’y avait aucun signe de mouvement. Elle était probablement dans un profond sommeil, ou peut-être juste inconsciente.

Ce qui veut dire… Nephteros a-t-elle vraiment été blessée ? Zagan savait que Nephteros était impliquée, mais il n’avait jamais pris la peine de penser à son état. Il voulait faire sa demande au sujet du « Treizième » et partir tout de suite, mais après avoir remarqué son état, l’ignorer était devenu difficile. Ainsi, après avoir ruminé quelques secondes et s’être allongé dans le canapé, Zagan était allé droit au but.

« Une chimère ou quelque chose comme ça s’est montré, non ? Celui qui la manipule est, très probablement, Bifrons, » déclara Zagan.

« C’est incroyable. Je ne pensais pas que tu en saurais tant que ça, puisque je viens de le rencontrer, » déclara Chastille, le regardant avec émerveillement tout le temps.

« Bifrons est mon ennemi. Ce n’est pas quelque chose dont tu dois t’inquiéter. Ça ne me dérange pas si tu me laisses m’occuper de cet Archidémon et de cette chimère, » déclara Zagan.

Si je laisse quelque chose comme une chimère rôder, alors je ne peux pas me détendre avec Néphy ! C’était la priorité numéro un pour Zagan en ce moment. Et bien que Chastille ait eu l’air surprise un instant, elle avait immédiatement souri.

« II n’y a vraiment rien de plus rassurant que de t’entendre dire ça… mais que tu sois si en colère… Se pourrait-il que quelque chose soit aussi arrivé à Néphy ? » demanda Chastille.

Hein ? A-t-elle toujours été aussi perspicace ? Zagan savait qu’elle était tout à fait capable quand elle était en service, mais elle était beaucoup plus astucieuse qu’il ne l’imaginait. Elle avait raison, mais il était difficile de lui dire que c’était parce que cela l’empêchait de sortir avec elle, alors Zagan s’était raclé la gorge comme si c’était un fait mineur.

« Eh bien, rien pour l’instant. Cependant, Bifrons va sûrement nous emmerder, Néphy et moi, bien assez tôt. C’est pour ça que je finirai les choses avant qu’on en arrive là, » déclara Zagan.

« Hein… ? Je ne comprends pas vraiment, mais si cela peut assurer la sécurité de Néphy, alors je n’ai pas d’objections, » affirma Chastille, même si son sourire était un peu mal à l’aise. Elle semblait vraiment inquiète pour Nephteros.

« En y repensant, il a dit que tu avais arrêté un sorcier blessé. Quel malchanceux d’être attaqué par la chimère de Bifrons. Comment va-t-il ? » demanda Zagan, faisant semblant de ne pas savoir que c’était Nephteros.

« O-Oui, c’est vrai… ses blessures ne sont pas si graves, mais il a perdu pas mal de force… J’espère qu’il va bien…, » le corps de Chastille tremblait quand elle avait répondu. Ce n’était pas vraiment une question tendancieuse, mais Chastille ne semblait pas remarquer qu’elle fronçait les sourcils quand il abordait le sujet.

***

Partie 8

Quand elle utilisait le mysticisme céleste, Nephteros crachait du sang… Le mysticisme céleste avait probablement placé un trop grand fardeau sur son corps. Rien qu’à partir de là, Zagan pouvait dire que la chimère était puissante, puisqu’elle l’avait forcée à l’utiliser.

« Quand le mana est épuisé par l’utilisation de la sorcellerie et du mysticisme, il faut du temps pour récupérer. Bien sûr, il y a des moyens de l’approvisionner de l’extérieur, mais il vaut mieux la laisser se reposer, » déclara Zagan.

« Hein ? Tu peux avoir du mana ailleurs ? » demanda Chastille.

C’était peut-être une erreur de parler ici de mysticisme, mais ce n’était pas le point qui avait piqué l’intérêt de Chastille.

Je suppose que cela signifie simplement que Nephteros est dans un état pire que ce que je pensais au départ…, cela dit, Chastille ne pouvait rien y faire.

« Et bien, je voulais juste dire que ce n’est pas impossible. Personne ne le fait normalement, » déclara Zagan. Cependant, il avait l’impression que quelqu’un comme Gremory serait heureuse de le faire, ce qui l’avait amené à réaliser qu’il devait rester silencieux au sujet de la condition de Nephteros vis-à-vis de cette grand-mère.

« Pourrais-tu au moins me dire comment on fait ? Est-ce que fournir du mana est quelque chose qui peut être fait même si tu n’es pas un sorcier ? » demanda Chastille.

« Euh, non, eh bien, je pense que tu peux, mais…, » répondit Zagan.

« Alors je veux savoir comment le faire. Il y a peut-être quelqu’un que je peux sauver grâce à cette méthode, » déclara Chastille.

Euh… dois-je vraiment dire ça à une femme ? Zagan grogna et il hésitait à lui répondre.

« Est-ce dangereux ? » Chastille s’était sentie mal à l’aise en voyant la réaction de Zagan.

« Eh bien, oui, mais aussi non. Hm, comment dire…, » balbutia Zagan.

Zagan voulait qu’elle le découvre, mais il était déraisonnable d’exiger d’un Chevalier Angélique qu’il découvre des choses qui relèvent du bon sens dans le monde de la sorcellerie.

« Je pense honnêtement que c’est mieux si tu ne sais pas, » répondit Zagan.

« Je veux en savoir plus sur les sorciers… Est-ce si grave que ça ? » Chastille, qui ne montrait aucun signe de compréhension, le regarda d’un regard inquisiteur. Il semblait qu’il n’y avait aucune raison de ne pas le lui dire. Et ainsi, Zagan poussa un soupir et lui répondit à contrecœur.

« Eh bien, des choses comme embrasser… ou avoir des rapports sexuels… ou quelque chose du genre…, » répondit Zagan.

Précisément parce que c’était si primitif, c’était une méthode simple. Il y avait une sorcellerie qui pouvait aspirer avec force le mana de ceux qui marchaient dans son domaine, mais ce n’était pas quelque chose que n’importe qui pouvait faire. Et après avoir finalement compris ce qu’il disait, Chastille lui répondit en clignant des yeux, ébahie, alors que son expression devenait rouge vif.

« D-D-D-D-D-D-D-D-Désolée ! Je n’aurais pas dû demander ! » s’écria Chastille.

« … C’est bon. Ça ne me dérange pas vraiment, » déclara Zagan en détournant son regard avec un certain malaise. Voyant qu’il avait créé une atmosphère étrange, il s’empressa de changer de sujet.

« Quoi qu’il en soit, même si tu es dans la faction d’unification, est-ce vraiment correct pour les Chevaliers Angéliques d’aider si ouvertement un sorcier ? » demanda Zagan.

Les individus de cette église se méfiaient évidemment de Zagan.

Eh bien, je suppose que c’est parce que j’ai l’air maléfique, hein… ? Zagan était au courant de ce fait, donc il n’allait pas commencer à s’en plaindre.

« Même moi, je n’hésiterai pas à tuer un sorcier qui agresse le peuple. La faction d’unification et la faction anti-unification ne sont pas divisées en ce sens. Notre différence, c’est plutôt de considérer ce qu’il y a dans le cœur d’une personne, » répondit Chastille en regardant une fois de plus avec stupéfaction, puis en secouant la tête, elle avait fait un sourire tendu.

« Ce qui veut dire ? » demanda Zagan.

« C’est difficile à exprimer en mots, mais je pense que c’est essentiellement le fait d’avoir ou de ne pas avoir foi en la possibilité qu’une personne soit bonne au fond d’elle-même, » déclara Chastille.

« Hmm, c’est assez philosophique, » déclara Zagan.

« Pas vraiment, » répondit Chastille en coiffant sa frange avec des manières calmes, puis continua. « Pour moi, que quelqu’un soit sorcier ou non, je crois que les gens ont la possibilité de changer. Les fautes ne sont pas quelque chose à punir, mais quelque chose pour lequel il faut travailler pour se racheter. Beaucoup de sorciers peuvent tacher leurs mains de péchés, mais tant qu’ils se repentent, je crois qu’il est possible de se réconcilier et de coopérer avec eux. »

« Ce n’est pas comme si je ne comprenais pas ce que tu dis, mais ne crois-tu pas que c’est impossible ? » demanda Zagan.

« C’est vrai que ce sera difficile tant que le statu quo sera que les Chevaliers Angéliques n’hésiteront pas à faire des sorciers leurs ennemis mortels, mais l’unification devrait être possible si nous trouvons exactement ce que chacun d’entre nous peut accepter de céder, » déclara Chastille.

« Je vois. Bref, tu veux dire trouver un terrain d’entente. Cependant, même si tu fais cela, il y aura des idiots qui franchiront la frontière des deux côtés, tu sais ? » déclara Zagan.

« Tu as raison, mais n’est-ce pas la même chose que de dire que le crime ne disparaîtra jamais ? Tant que nous décidons tous les deux des règles et que nous délimitons clairement qui rend un jugement, nous devrions pouvoir nous en occuper. Dans tous les cas, l’Église ne s’est jamais efforcée de le faire dans le passé. Dans ce cas, je crois que cela vaut la peine d’essayer, » déclara Chastille.

Sa réponse laissa Zagan étonné.

Ce satané Raphaël. Il a l’œil pour les gens, n’est-ce pas ? La déclaration de Chastille n’était pas qu’une grande revendication. Elle avait bien accepté le statu quo, présenté une possibilité de le réformer et trouvé un moyen de le mettre en œuvre. Il n’y avait probablement pas d’autre personne dans l’Église qui était un symbole plus idéal d’unification.

« C’est pourquoi je sauverai un sorcier s’il le faut, et j’en arrêterai un qui viole nos lois. C’est comme ça que je pense agir, mais… est-ce que je suis bizarre ? » demanda Chastille.

Elle était devenue timide à la fin, mais c’était, en fait, tout à fait normal venant d’elle. Et ainsi, Zagan lui avait fait un sourire tendu en réponse.

« Qui sait ? Si tu n’étais pas comme ça, on n’aurait pas une conversation ici, n’est-ce pas ? Laisse ces types dire ce qu’ils veulent avant de savoir si c’est correct ou non, » déclara Zagan.

« Tu ne laisses jamais les autres t’influencer, hein ? Je suis vraiment jalouse de cette partie de toi, » déclara Chastille. Elle avait réussi à se calmer un peu pendant qu’ils parlaient, et elle souriait maintenant naturellement.

On devrait pouvoir aller droit au but maintenant, non ? Zagan leva les yeux vers l’horloge comme s’il s’inquiétait de l’heure, puis il avait sorti un morceau de papier de sa poche de poitrine.

« Nous nous sommes un peu éloignés du sujet. Je sais que tu es occupée, mais j’aimerais te demander quelque chose, » déclara Zagan.

« Une demande pour moi ? Comme c’est rare, » déclara Chastille.

« As-tu déjà vu ça avant ? C’était écrit dans l’un des journaux intimes du village elfique caché, » déclara Zagan en montrant à Chastille les armoiries du Treizième. Et en réponse, après l’avoir regardé pendant un moment, Chastille secoua la tête.

« Cela ressemble beaucoup aux armoiries d’une Épée Sacrée, mais je ne me souviens pas avoir vu quoi que ce soit d’identique à ça, » répondit Chastille.

« Je parie que non. C’est un dessin qui ne devrait pas exister parmi les douze Épées Sacrées, » déclara Zagan.

« C’est-à-dire qu’il y a d’autres Épées Sacrées ? » Chastille avait saisi le sens de ces mots, et son expression s’était raidie en lui répondant. D’après ce qu’il avait dit, ça montre qu’elle était en mode travail.

« Peut-être. C’est pourquoi je veux que tu fouilles dans l’Église pour découvrir la vérité, » répondit Zagan.

« Je me demande si cela sera possible… Ce n’est pas comme si j’avais non plus une connaissance complète de l’Église. Je pense que ce sera difficile même si je compte sur mes camarades, » déclara Chastille, incapable d’accepter immédiatement sa demande. Par camarades, elle voulait probablement dire les autres membres de la Faction d’Unification.

« Raphaël ne serait-il pas plus au courant de ces questions ? » demanda Chastille.

« À propos de cela… Selon lui, ça pourrait faire partie du côté obscur de l’Église, » répondit Zagan.

« Par côté obscur… tu veux dire ces rumeurs sur une agence de l’Église qui assassine des gens ? » Chastille cligna des yeux, incrédules, comme si elle doutait de ses oreilles en disant ça. Sa réponse indiquait clairement que Chastille en avait au moins entendu parler.

« C’est ce qu’on dirait. Il s’intéressait aussi à ce côté obscur avant ça. Je veux dire, pendant qu’il était encore en vie » ajouta Zagan. Même si c’était le bureau de Chastille, il n’y avait aucun moyen de savoir si quelqu’un les écoutait. C’est pourquoi Zagan avait souligné l’état actuel de Raphaël tel qu’il était vu par le public.

« Le Seigneur Clavwell travaillait-il avec eux ? » demanda Chastille alors qu’elle se mordait amèrement la lèvre.

« Honnêtement, je ne suis pas sûr. Raphaël ne semblait pas avoir de preuves, mais cet homme aurait assassiné plusieurs générations d’Archanges. Il y a une forte probabilité qu’il ait été impliqué avec eux, » déclara Zagan.

Le poison qui pourrait même tuer un Archange revêtu d’une Armure Sacrée n’était pas quelque chose de facile à obtenir, même s’il s’agissait d’un cardinal. Chastille sembla un instant troublée, mais hocha immédiatement la tête.

« Compris. Je ne sais pas si je serai d’une grande aide, mais je vais regarder les dossiers de Clavwell, » déclara Chastille.

« Je te laisse t’en charger… Mais, eh bien, il y a aussi la chimère dehors. Reste dans les limites du raisonnable, » déclara Zagan.

« D’accord… Attends, hein ? » Chastille pencha la tête sur le côté après avoir hoché la tête face à ses paroles.

« Euh, est-ce que tu… t’inquiètes pour moi ? » demanda Chastille.

« Pourquoi même me demandes-tu ça ? Ne t’ai-je pas collé un “baby-sitter” parce que je serais troublé si tu mourais ? » demanda Zagan.

« Non, pas ça… Euh, quand tu parlais de la chimère tout à l’heure…, » déclara Chastille.

En y repensant, Zagan avait l’impression que son moi normal allait droit au but.

Eh bien, ce serait aussi une douleur si elle laissait les choses déraper parce qu’elle est trop secouée…, le fait de parler sans cesse du côté obscur et d’autres choses du genre serait comme demander à être assassiné.

« Je te remercie. Je vais regarder dans cet emblème autant que je peux, » déclara Chastille, l’air enfin soulagé. Et, après avoir dit ça, elle avait soudain remarqué quelque chose.

« Attends, sais-tu comment ça se prononce ? Les noms des Épées Sacrées sont écrits en Célestian, non ? » demanda Chastille.

« Oups, j’allais oublier, » déclara Zagan en serrant par inadvertance les mains l’une contre l’autre avant de continuer. « . Azazel. C’est le nom du Treizième. »

Bizarrement, ce nom semblait malsain, considérant qu’il s’agissait du nom d’une Épée Sacrée.

***

Partie 9

« Haaah... Haaah… Haaah… Putain, quelle chance de merde ! »

« N’est-ce pas le contraire ? On a de la chance qu’il nous ait laissé partir. Normalement, nous serions morts. »

« Cependant, nous avons perdu notre premier gros coup depuis un moment… »

Après s’être éloignés du quartier commerçant, les esclavagistes canus maudissaient et poussaient des jurons dans les faubourgs de Kianoides. Il faisait déjà sombre et la peur quant au fait que l’horrible Archidémon connu sous le nom de Zagan puisse les pourchasser les avait poussés à courir jusqu’ici et à agir ainsi.

Cependant, après avoir fait cela pendant quelques heures, ils avaient manqué d’endurance. Une fois qu’ils avaient cessé de bouger les pieds, leurs lèvres s’étaient relâchées, et ensuite ils avaient commencé l’acte inesthétique d’essayer de se soustraire à la responsabilité de ce qui s’était passé l’un sur l’autre.

« C’est pour ça que j’ai dit qu’on aurait dû les vendre hier ! »

« Tu dis ça maintenant, mais tu n’as rien dit à ce sujet hier, n’est-ce pas ? »

Tout ce qu’ils faisaient, c’était d’essayer d’une manière méprisable de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. Cependant, l’un des canus se sentait mal à l’aise, indépendamment de sa malchance.

« Pourquoi a-t-on essayé d’attraper cette fille et de la vendre hier ? »

Ces canus s’occupaient de la traite des esclaves. Ils n’achetaient pas d’esclaves, ils cherchaient du bon matériel à enlever et à vendre. Naturellement, ils ne pourraient pas se plaindre du tout s’ils étaient impitoyablement tués après avoir été traqués. C’est précisément parce que c’était le cas qu’il était absolument nécessaire de réduire au minimum les risques encourus. Alors pourquoi cette fois-ci, avaient-ils négligemment été à l’air libre avec leur proie ?

« Je veux dire, elle avait de la valeur, non ? Nous voulions la vendre… n’est-ce pas ? »

« Mais, avons-nous au moins fait quelque chose pour permettre d’augmenter le prix ? Qu’est-ce qu’on avait prévu au départ ? »

Contrairement aux vrais marchands d’esclaves, ces canus étaient du genre à vendre leurs marchandises pour des prix bon marché sur le marché noir. Dans ce cas, il ne servait à rien de maintenir leurs biens en parfait état. Ils auraient dû en être pleinement conscients, alors pourquoi n’avaient-ils pas vendu les filles tout de suite ? Aucun d’entre eux n’avait été en mesure de répondre à cette question, et le canus avait tous senti un sentiment d’étrangeté persister dans l’air en raison de cette révélation.

« Est-ce que ça a de l’importance ? Elle s’est enfuie. Alors, pourquoi s’inquiéter maintenant ? Plus important, on a au moins la pièce qu’elle portait, non ? »

« Oui, tu as raison… »

Le travail dans l’esclavage s’était toujours accompagné d’événements désagréables. Il était normal dans de tels cas de noyer ses soucis dans l’alcool. Mais au moment où ils s’apprêtaient à partir à la recherche d’une taverne…

« Hm ? Hé, n’est-ce pas celui de tout à l’heure… ? »

Pour une raison quelconque, la fille vulpine qui s’était éloignée d’eux tout à l’heure était juste devant eux. Elle avait l’air de marcher d’une manière instable avec des pas bancals, ce qui les embrouillait beaucoup. Pourtant, après s’être fait un regard l’un sur l’autre, les hommes canus sourirent sournoisement.

« Salut, ma petite dame. C’est terriblement dangereux de venir ici toute seule. »

« Euh… Hein… ? »

La jeune fille leva les yeux vers les hommes avec une expression vide qui leur faisait douter qu’elle puisse même les entendre. Peu importe la façon dont ils la regardaient, il ne semblait pas qu’elle comprenait ce qui se passait.

« Lui est-il arrivé quelque chose ? »

« Zagan n’est-il pas un sorcier ? Il n’y a aucune chance qu’il ait laissé une fille savoureuse qu’il a ramassée seule, n’est-ce pas ? »

En d’autres termes, même si elle avait été sauvée des griffes des esclavagistes, elle avait été forcée de passer par quelque chose d’encore plus terrifiant.

« Elle nous est revenue en sachant qu’elle serait plus heureuse ici, hein ? C’est bien venant de moi, mais c’est la première fois que je vois une fille aussi malchanceuse. »

La jeune fille n’avait pas semblé entendre la conversation qui se passait devant elle, et s’était contentée de se tenir en attente. Voyant son regard vide, les moitiés inférieures du canus avaient réagi.

« Hey. Pourquoi ne pas juste un peu goûter ? »

« Ce n’est pas une mauvaise idée. Les magasins sont déjà fermés, de toute façon. Utilisons-la pour nous remonter le moral. »

Les hommes avaient déchiré de force les vêtements de la jeune fille avec des sourires vulgaires sur leurs visages. Et quand ses beaux seins avaient été exposés, ils avaient commencé à se lécher les lèvres. À ce moment-là, alors que l’un des hommes s’approchait d’elle… son bras avait disparu depuis le coude.

« Hein… ? »

Le sang jaillissait comme un geyser du moignon de son bras. Cet homme n’avait probablement même pas compris qu’il avait été arraché par une puissance qui surpassait de loin l’intellect humain. Il était resté là, stupéfait pendant un instant, alors que la douleur s’était immédiatement précipitée vers son cerveau.

« AAAAAAAAAAAAAAAH! M-MON BRASSSSSSSS ! »

Tout ce que les autres voyaient, c’était un homme qui se tortillait de douleur sur le sol, avec un truc comme de la boue noire qui débordaient de la poitrine de la fille, et le bras de cet homme qui s’enfonçait dans cette boue. Aucun d’entre eux n’avait pu comprendre à cet instant que c’était quelque chose qui dépassait leurs moyens.

« Espèce de salope ! »

L’un des canus avait sorti un couteau en colère, mais avant même de pouvoir le brandir, la boue s’étira comme un tentacule. Et l’instant d’après, sa tête de chien s’était ouverte comme un fruit. Cependant, ce qui était étrange, c’est qu’il n’y avait pas de sang qui coulait de ce cou tranché. Le premier canus, qui s’était fait arracher le bras, avait du sang qui coulait comme une cascade. Cependant, tout ce que l’on pouvait voir de celui-ci était une section transversale complètement noire qui ressemblait à un vide sombre dans l’air.

Peu de temps après, une scène cauchemardesque s’était jouée. Le corps du canus sans tête avait été écrasé comme s’il était aspiré à l’intérieur de lui-même. Et ce n’est pas le sang qui avait surgi par la suite, mais la boue qui avait détruit sa tête. Même sans connaissances en sorcellerie, il était évident que cela avait mangé le canus.

« Putain de merde, c-courrrrrrez — . »

L’un des canus tourna la queue pour courir, mais sa cheville fut fauchée par un tentacule comme une faux qui coupait le blé, ce qui le fit s’écraser en premier dans le trottoir.

« Gargh ! A-Aidezzzz… Aidddezzzzaiieieeeee ! »

De la boue s’était déversée du visage du canus hurlant. Il était mangé de l’intérieur. Son cri d’agonie était assourdissant, mais cela avait disparu en quelques secondes. À ce moment-là, son corps s’était entièrement dissous.

Les autres hommes avaient également tenté de s’enfuir, mais leur résistance avait été vaine. En un rien de temps, tout le monde, à l’exception du premier homme qui s’était fait arracher le bras, avait été assimilé dans la boue. L’homme était incapable de murmurer ne serait-ce qu’un mot, il tremblait sur place, cédant à la peur, et les yeux de la jeune fille s’affolèrent alors qu’ils se concentraient sur lui. À ce moment, pour la toute première fois, un regard réellement expressif ornait son visage, et elle regarda le canus avec surprise.

« Oh, qu’est-ce que c’est ? Intéressant, tu as réussi à survivre… Je vois. Tu es si faible que ton bras a été arraché avant d’être mangé. Tu n’as pas de la chance d’être si faible ? Ahahahahaaa. »

Le rire de la fille avait rendu difficile la détermination de son vrai sexe. Elle avait alors commencé à marcher autour du canus dans la bonne humeur sans essayer de cacher ses seins exposés. Ce n’était clairement pas la voix de la jeune fille qu’ils avaient essayé de capturer plus tôt.

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel… ! »

L’homme ne s’attendait pas à une vraie réponse. Cependant, la jeune fille le regarda avec de la folie dans les yeux tout en riant.

« Oups, désolée pour ça. Ai-je oublié de me présenter ? Je ne sais pas si tu me connais, mais je suis Bifrons. Un collègue de celui qui supervise cette ville, Zagan. »

La jeune fille était restée sur place, alors qu’elle chantait pratiquement sa présentation.

« J’ai un peu exagéré quand je jouais avec ma jolie petite poupée, alors elle a fini par s’échapper sur le territoire de Zagan. Mais perdre ma précieuse petite poupée au profit de Zagan serait une honte, n’est-ce pas ? C’est pour ça que je suis en train d’organiser une petite farce pour les séparer ! »

La petite fille, qui s’appelait Bifrons, se mit à rire à nouveau de façon hystérique.

« Zagan est assez effrayant, mais heureusement, il a beaucoup de points faibles. Le corps de cette fille en fait partie. Je veux aussi montrer à Zagan qu’il n’est pas le seul à avoir mis la main sur une Épée Sacrée… Fufufufu, ce sera une fête merveilleuse ! »

Tandis que la jeune fille riait encore une fois comme une folle, elle s’était accroupie devant l’homme. Le canus avait déjà perdu conscience à cause de la perte de sang, donc sa mort n’était sûrement qu’une question de temps.

« J’ai raté l’occasion de le dire plus tôt, mais je t’en remercie. Grâce à toi, j’ai réussi à mettre Azazel en contact avec Zagan. Ufufufu, la petite fille avec qui il s’entendait deviendra une vengeresse pleine à ras bord de haine et d’animosité. Ahhhh, quelle tragédie ! Haaah… Comme c’est amusant… Euh, tu m’entends ? » demanda Bifrons.

Voyant que les yeux de l’homme étaient déjà roulés vers l’arrière, la petite fille avait gonflé ses joues.

« Oh, franchement. Je me suis donné du mal pour te révéler tous mes plans, et c’est comme ça que tu me remercies… ? Nephteros m’écoutait toujours jusqu’à la fin, tu vois ? Mais peut-être que je l’aimais un peu trop. Je n’ai aucune patience, tu vois ? Ahahaha. »

Après avoir ri un peu plus longtemps, la jeune fille avait ouvert sa bouche en signe de satisfaction. Et puis, une boue noire s’était déversée de là comme de la bave.

« Eh bien, au revoir maintenant. Bien que tu ne sois qu’un cadavre, sois heureux de devenir une offrande au Seigneur Démon ! »

Après que la fille ait dit ça, le dernier canus avait été englouti par la boue.

« … Hein ? »

Les oreilles triangulaires de la fille vulpine avaient tremblé quand elle avait levé la tête.

« Hein… ? Quoi… ? Où… ? Pourquoi suis-je… ? »

Tout en laissant échapper une voix déconcertée, elle remarqua que sa poitrine était étrangement froide.

« Eeek ! Qu’est-ce qui se passe !? Mes vêtements sont déchirés !? »

Voyant que ses propres vêtements étaient en lambeaux, une image horrible lui vint à l’esprit, mais il n’y avait rien autour d’elle. Elle ne se sentait pas non plus comme les séquelles d’une agression.

« … Pourtant, je me sens étrange… »

Elle était anxieuse quant à ce qui était arrivé à son corps, mais cette anxiété s’était graduellement dissipée et avait disparu pour une raison quelconque.

« Euh… ? Qu’est-ce que je faisais déjà ? Une course… non ? Je vais retourner à l’église. »

Ainsi, la petite fille était retournée dans sa nouvelle maison sans jamais réaliser la vérité.

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