Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 14 – Chapitre 4 – Partie 3

Bannière de Le Dilemme d’un Archidémon ***

Chapitre IV : Le jour de repos de l’Archidémon

Partie 3

Néphy lui avait dit au revoir avec un regard plein d’espoir tandis que Zagan entrait dans le vestiaire. L’espace était juste assez grand pour qu’une personne puisse s’y tenir debout. Il y avait un miroir en pied devant lui et plusieurs crochets et cintres sur le mur.

Zagan retira son manteau et sa robe et les suspendit. Ils constituaient la forteresse de Zagan, ils étaient donc implantés de pièges sévères qui s’activeraient si un étranger les touchait. Il doutait que Manuela tente quoi que ce soit, mais au cas où, il avait installé une barrière pour qu’on ne puisse pas les toucher. Après tout, il fallait un effort et une considération appropriés pour qu’un Archidémon puisse s’ébattre parmi les civils.

Zagan enleva sa chemise, et, maintenant torse nu, il essaya d’enfiler ce qui lui avait été donné, puis s’arrêta brusquement.

« Hm… ? Comment porte-t-on ça ? »

Manuela lui avait donné une chemise ordinaire, un pantalon, un vêtement d’extérieur sans manches — un gilet, s’il se souvenait bien — et une veste. Il savait tout cela, mais il y avait deux objets ressemblant à des cordes qu’il n’avait aucune idée de comment utiliser. L’un d’entre eux avait des raccords en métal à ses extrémités. On aurait dit qu’ils étaient destinés à être attachés à quelque chose, mais il ne pouvait pas dire exactement quoi. L’autre était plus épais à une extrémité, mais il n’y avait pas d’autres caractéristiques discernables. Il n’avait pas la moindre idée de ce à quoi il servait.

« Maître Zagan, quelque chose ne va pas ? » demanda Néphy, inquiet après avoir entendu Zagan gémir.

« Hmm… Il y a quelques trucs ici que je ne sais pas comment utiliser. »

« Oh… »

« Oh là là, c’est terrible. Néphy, prête-moi ton oreille une seconde…, » dit Manuela.

Zagan ne pouvait pas entendre ce que Manuela disait à Néphy.

Je préfère qu’elle ne plante pas d’idées bizarres dans la tête de Néphy… pensa-t-il alors qu’un soupçon d’anxiété lui traversait l’esprit.

« Ok ! C’est l’essentiel ! Donne-toi à fond ! » cria Manuela.

« O-Oui ! »

Après que Zagan ait entendu ce qui ressemblait à une profonde respiration de l’extérieur du vestiaire, Néphy avait élevé la voix une fois de plus.

« M-Maître Zagan, excuse-moi. »

Et avec cette préface, Néphy avait ouvert le rideau qui masquait le vestiaire.

« … »

« … »

Leurs regards s’étaient croisés… et Néphy s’était figée.

« Eek ! »

Peu après, Néphy avait glapi et avait fermé le rideau.

« Vas-tu bien, Néphy ? »

« P-P-P-Pardon. Je ne savais pas que tu étais encore en train de te chager. »

Maintenant qu’elle le disait, Zagan n’avait mis que la chemise et ne l’avait pas encore boutonnée. De toute évidence, Néphy avait perdu sa présence d’esprit après avoir vu un tel spectacle.

« Je ne montre rien qui devrait te troubler, » dit Zagan.

« Eh bien, je suis troublée. »

Cela dit, il était insensé de continuer à en parler de l’autre côté du rideau, alors Néphy avait pris sa décision.

« Maître Zagan, j’ouvre. »

« Vas-y. »

Zagan avait envie de fixer Néphy, puisqu’elle était toute timide, mais il n’avait pas vraiment envie de la taquiner, alors il boutonna sa chemise en lui répondant. Néphy ouvrit le plus petit interstice du rideau et passa la tête à l’intérieur. Sa tête étroitement enveloppée par les rideaux, combinée à la façon dont ses cheveux blancs s’enroulaient autour de son visage, donnait l’impression que Néphy était enfouie dans un paquet de peluches. Son charme absolument débordant donnait le vertige à Zagan, mais il tenait bon.

« Désolé de prendre ton temps, » dit-il. « Sais-tu comment utiliser ceci ? »

« Ah… »

Bien que Zagan se sente mal à l’aise, Néphy le fixa avec la bouche entrouverte et laissa échapper un soupir comme si elle avait vu quelque chose d’inhabituel. Son attention semblait se concentrer uniquement sur Zagan qui portait une chemise et un pantalon.

Maintenant que j’y pense, je n’ai jamais été habillé comme ça devant Néphy, n’est-ce pas ?

Est-ce que c’est ce que les gens appellent des vêtements décontractés ? En temps normal, il était entièrement équipé de sa robe et de son manteau, et en de rares occasions, il s’habillait avec les vêtements d’apparat d’un noble. Il était gêné de voir à quel point il semblait désordonné, mais Néphy le dévorait avidement du regard. C’était amusant de continuer à la regarder faire, mais maintenant c’était lui qui commençait à devenir timide.

Incapable de le supporter plus longtemps, Zagan prit la parole en premier, disant : « Uhhh, Néphy ? »

« Oh ! O-Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Eh bien, je veux dire, je demandais à propos de ces… »

Zagan lui montra les deux cordons et Néphy acquiesça immédiatement.

« Celui-ci est une cravate et ceux-là des bretelles. »

« Hm ? Est-ce une cravate ? »

Zagan connaissait les cravates, mais il n’avait jamais utilisé que des nœuds papillons et des foulards. C’était la première fois qu’il en voyait une de cette forme.

« Il semble que ce soit le type que la personne moyenne utilise. »

« Hmm, je vois… Être “normal” est vraiment difficile. Je ne connais rien de tout cela. »

« Hee hee… Moi aussi, je suis un peu nerveux à ce sujet. »

Entraîné par le sourire de Néphy, Zagan lui rendit son sourire.

La prochaine fois que je verrai Néphy en « vêtements normaux », ce sera un plaisir !

Après avoir fini de s’habiller, ce serait le tour de Néphy. Il se souvint alors de l’autre cordon dans sa main.

« Alors, comment utilises-tu celui-ci ? Je n’ai jamais entendu parler de bretelles. »

« C’est une sorte de ceinture. C’est un moyen de retenir ton pantalon pour qu’il ne tombe pas. Il semble que tu apposes ces pinces sur ton pantalon, puis que tu fasses passer les cordons sur tes épaules. »

Zagan connaissait les ceintures autour de la taille, mais il pouvait utiliser la sorcellerie pour ajuster la taille d’un pantalon qui ne lui allait pas, donc il n’avait jamais eu l’occasion d’en utiliser une. C’était aussi la première fois que Néphy en voyait une elle-même, c’est pourquoi elle regardait les bretelles avec grand intérêt.

Zagan utilisa le miroir pour vérifier son dos et ajuster la position des bretelles afin de fixer son pantalon en place. Il avait l’impression que le pantalon n’était pas tout à fait à sa taille, ce qui le rendait quelque peu agité, mais c’était apparemment ainsi que les gens normaux faisaient les choses. Après cela, il ramassa la cravate, mais s’arrêta brusquement.

Attends, je sais que ça va autour de mon cou, mais comment ?

La forme ne convenait pas pour former un nœud, et il était bien trop rigide pour être utilisé comme un foulard. Il n’en avait jamais vu auparavant, donc il n’avait aucune idée de ce à quoi il était censé ressembler lorsqu’il était porté.

« Hm, veux-tu que je te la noue ? » demanda Néphy, voyant sa confusion.

« Sais-tu comment ? »

« Oui, Manuela vient de m’apprendre. »

C’était suffisant pour que Zagan réalise la vérité de la situation.

Cette satanée Manuela ! Elle a choisi ça spécifiquement parce qu’il était peu probable que je sache comment le porter !

Elle s’était arrangée pour que Néphy n’ait d’autre choix que de regarder pendant qu’il se changeait. Eh bien, Néphy était heureuse de la tournure des événements, alors cela n’avait pas vraiment d’importance.

« Alors, fais-le, s’il te plaît », dit-il, en tendant docilement la cravate à Néphy.

« Oui ! »

Zagan n’avait pas réfléchi à ce que signifiait exactement le fait que Néphy le lie pour lui.

« Alors… excuse-moi. »

C’était manifestement trop difficile à faire de l’extérieur du vestiaire, alors Néphy était entrée.

Qu’est-ce que c’est ? On dirait que quelque chose d’immoral est sur le point de commencer.

Ils étaient juste tous les deux dans un espace étroit. Son cœur battait la chamade. Néphy se mit sur la pointe des pieds pour enrouler la cravate autour du cou de Zagan tandis que celui-ci baissait légèrement la tête pour lui faciliter la tâche. C’est alors qu’ils avaient réalisé à quel point ils étaient proches l’un de l’autre.

Leurs visages s’étaient presque touchés. Néphy avait les bras tendus, c’était comme si elle l’enlaçait à moitié. L’espace beaucoup trop étroit de la loge avait apporté un sentiment d’immoralité à la situation.

Il y avait un léger parfum de fleurs dans l’air. Ayant peut-être choisi de souligner le début du printemps, une odeur douce et rafraîchissante chatouillait le nez de Zagan. Il avait l’impression d’être dans un rêve alors qu’il admirait la beauté de ces longs cils blancs devant lui.

Le visage de Néphy était alors devenu sensiblement rouge et elle cria : « H-Hwaaah ? »

« Q-Quoiii ? »

Les deux individus avaient estimé qu’il n’était pas correct d’élever la voix, alors ils avaient crié aussi faiblement que possible.

 

 

« Ah ! »

« Néphy ! »

Néphy fut tellement déstabilisée qu’elle bascula en avant et faillit tomber, alors Zagan la soutint par le dos dans l’élan du moment. Ainsi, il la tenait maintenant dans ses bras. Son cœur battait comme un marteau. Il pouvait sentir les battements vigoureux de la fille dans ses bras. Pourtant, même s’ils étaient tous deux perturbés, Zagan resserra son étreinte. Néphy se raidit à ce mouvement soudain, mais l’instant d’après, elle se pencha et posa sa tête contre sa poitrine.

Le silence régnait.

Si seulement le temps pouvait s’arrêter maintenant…

Cette pensée non sorcière traversa l’esprit de Zagan alors que Néphy gloussait timidement.

« Hee hee hee… J’ai l’impression que cela fait longtemps que ce genre de choses ne s’est pas produit. »

« T-Tu as raison… Ce genre d’espace étroit n’est peut-être pas si mal. »

L’idée de construire une petite pièce cachée comme celle-ci dans le château lui était venue à l’esprit. Mais même s’il en fabriquait une, il serait trop gêné pour l’utiliser et elle serait négligée.

« Maître Zagan, dois-je refaire ta cravate ? » demanda Néphy en levant les yeux vers lui.

« Mrgh… Bon, d’accord. »

Une partie de lui voulait rester ainsi, mais ils étaient dans une loge. S’ils y passaient trop de temps, on ne pouvait pas savoir quel genre de soupçons injustes Manuela lui jetterait dessus. Non pas que de tels soupçons aient quelque chose d’injuste, mais Zagan ne pensait pas à cela.

Il l’avait relâchée à contrecœur. La cravate étant toujours autour de son cou, Néphy s’en empara et corrigea sa position. Elle avait replié son col sur la cravate, puis avait ajusté ses deux longueurs sur sa poitrine. Le côté le plus épais semblait être le plus long, s’étirant jusqu’au double de la longueur du côté le plus fin. Néphy avait ensuite commencé à l’attacher habilement.

Qu’est-ce qui se passe ? D’une certaine manière, je me sens à la fois gêné et tenté.

Il avait honte, en tant qu’homme, de voir la fille qu’il aimait arranger son apparence, mais il ressentait aussi de l’exaltation à l’idée qu’ils se comportaient comme de jeunes mariés. Il leva les yeux au plafond pour essayer de supporter cette mystérieuse sensation, puis jeta un coup d’œil rapide au visage de Néphy.

« … »

Elle avait l’air aussi embarrassée que lui, à en juger par la façon dont ses oreilles pointues étaient rouges de la base à la pointe.

En peu de temps, elle avait fini d’arranger sa cravate. C’était un peu étouffant d’avoir quelque chose qui se pressait sur son col, mais c’était aussi une sensation de fraîcheur par rapport à sa robe habituelle.

« C-Comment est-ce ? » demanda Néphy.

« M-Mmm… Pas mal, » répondit Zagan en hochant la tête.

En vérité, Zagan n’avait aucune idée de ce à quoi ressemblait une cravate bien faite, mais comment pouvait-il détester quelque chose que Néphy avait fait pour lui ?

« Cela te va bien, Maître Zagan, » dit Néphy avec un sourire fasciné sur les lèvres.

« Hmm… Je ne comprends pas vraiment, mais si tu dis ça, ça doit être vrai. »

Il s’était regardé dans le miroir et en réponse, Néphy avait soudainement détourné les yeux, paniquée.

« Alors, je t’attends dehors ! »

« O-Oh, vraiment ? Ça ne me dérange pas si tu restes… »

Néphy remua faiblement ses index, puis leva vers Zagan un regard quelque peu réprobateur.

« Hum, j’ai déjà eu l’impression de faire quelque chose de très mal en nouant ta cravate, alors si je reste plus longtemps, mon cœur ne pourra pas le supporter. »

« Je vois. Je peux sympathiser avec ça. »

Si leurs rôles avaient été inversés — si Zagan se tenait ici pendant que Néphy se changeait — il risquait de mourir sur place. Il aurait été un peu cruel de la faire rester plus longtemps. C’est parce qu’ils étaient comme ça que le simple fait de se tenir la main les faisait vaciller, mais il n’y avait personne pour le leur faire remarquer.

Néphy quitta le vestiaire alors que Zagan lui déclara au revoir avec une expression de relâchement sur le visage.

« … »

Maintenant qu’il était seul, il leva lentement ses deux mains avec le plus doux des mouvements et il se couvrit le visage. L’embarras d’être collé l’un à l’autre dans une pièce privée combiné au bonheur de la voir refaire sa cravate forma une inexplicable sensation de gonflement dans sa poitrine. Zagan s’accroupit, criant silencieusement dans son esprit comme une jeune fille.

D’ailleurs, Néphy était tombée dans le même état devant le vestiaire, séparé de lui par un simple rideau. Pour le meilleur ou pour le pire, Zagan ne l’avait pas remarqué.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire