Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 14 – Chapitre 4

Bannière de Le Dilemme d’un Archidémon ***

Chapitre IV : Le jour de repos de l’Archidémon

***

Chapitre IV : Le jour de repos de l’Archidémon

Partie 1

Une tension extrême s’était emparée du corps de Zagan alors qu’il marchait dans le quartier commerçant de Kianoides. Il y avait ici de nombreux magasins qu’il connaissait, comme celui de Manuela, il était donc habitué à ce quartier. Néanmoins, Zagan était si tendu qu’il ne pouvait pas bouger correctement son bras et sa jambe droite vers l’avant. Il regarda maladroitement de son côté où se trouvait sa chère épouse Néphy. Ses cheveux d’un blanc pur étaient attachés par un splendide ruban rouge. Son adorable petit visage était souligné par des yeux azur. Elle ne portait pas son habituel uniforme de servante, mais une robe blanche et un manteau de fourrure à l’aspect doux. La même robe qu’elle avait portée à Raziel, en fait.

Néphy leva les yeux sur Zagan au même moment, et leurs regards se croisèrent involontairement.

« H-Ha ha ha ! »

« Heh… Heh heh… »

Tous deux détournèrent précipitamment leurs regards et laissèrent échapper des rires secs. Aujourd’hui, Zagan était en rendez-vous avec Néphy. Il avait laissé ses fonctions au château à Raphaël et Kimaris, tandis que Néphy prenait un repos bien mérité. De plus, il avait envoyé cette ennuyeuse mamie en mission. Personne ne pouvait se mettre en travers de leur chemin maintenant — et s’ils le faisaient, il s’en débarrasserait tout simplement. Et pourtant, malgré ce moment béni, ils étaient tous les deux coincés à répéter cette interaction.

Il était à peu près midi. Ils avaient prévu de rentrer au château au coucher du soleil, donc ils n’avaient pas vraiment beaucoup de temps, même s’ils utilisaient tout l’après-midi. Le rendez-vous avait été un événement soudain, et ils avaient été pris dans un certain incident ce matin-là, donc il avait fallu un certain temps juste pour sortir.

Grr ! Même si j’ai enfin pu aller à un rendez-vous avec Néphy… !

Zagan repensa au temps qui s’était écoulé depuis leur dernière sortie. C’était pendant sa (fausse) lune de miel dans la ville sainte de Raziel, il y a environ deux mois. Il avait juré de rendre Néphy heureuse, mais c’était l’état actuel des choses.

Tout ceci était la faute de Shere Khan, Zagan devait donc se débarrasser rapidement de cet Archidémon. Cependant, Naberius était également coupable de lui avoir apporté une question troublante à la première heure du matin. Néanmoins, sans l’incident dans le rêve, il était possible que Zagan n’ait pas été capable d’inviter Néphy à un tel rendez-vous. Dans cette optique, il y avait matière à réflexion. En conséquence, il avait également eu l’occasion de demander la fabrication d’une alliance, et il décida donc de pardonner à celui qui l’avait vue.

Le principal problème était Zagan lui-même. Même s’il avait enfin un rendez-vous, il était raidi par la tension. Il en connaissait la raison, bien sûr. Lorsqu’il l’avait invité à un rendez-vous le matin, en partie à cause de l’incident survenu quelques instants auparavant, il avait impulsivement attiré Néphy dans une étreinte. Ce n’était pas leur première étreinte, bien sûr. Il la faisait s’asseoir sur ses genoux tout le temps, et il y a quelques jours, il l’avait même portée comme une princesse. Il y avait même de rares occasions où il frottait ses joues contre les siennes. En fait, il voulait faire de telles choses tous les jours, mais avec leur emploi du temps chargé et tous les obstacles sur leur chemin, il ne trouvait pas le temps. Cependant, cette étreinte du matin était émotionnellement différente, même s’il ne pouvait pas vraiment l’expliquer.

Cela lui avait causé tant d’inquiétude, et puis elle l’avait même sauvé, et quand il était revenu, elle l’avait accueilli avec un sourire sans montrer la moindre trace de ces épreuves. Il avait senti un mélange difficile à catégoriser de paix, de satisfaction et de culpabilité se presser sur sa poitrine et il l’avait serrée dans ses bras de façon impulsive. Après cela, il avait eu beaucoup de mal à regarder Néphy. Chaque fois qu’il essayait de se forcer à la regarder, elle semblait si radieuse que non seulement son cœur, mais aussi son corps tout entier risquait de se briser en mille morceaux. Il avait utilisé la sorcellerie pour contrôler son flux sanguin et ses muscles cardiaques, évitant ainsi de s’évanouir. Sans cela, il se serait effondré depuis longtemps. Ce battement de cœur exaspérant nécessitait la pleine utilisation de la sorcellerie d’un Archidémon pour le supporter.

Peut-être que c’est ce qu’on appelle tomber amoureux une fois de plus ?

La nervosité de Zagan semblait être contagieuse, si bien que même Néphy était devenue rigide avant de s’en rendre compte. Ainsi, malgré le fait qu’ils aient finalement eu le temps d’aller à un rendez-vous, ils étaient tous les deux dans cet état inutile.

À ce rythme, on aura fait le tour et on sera rentré chez nous sans même pouvoir se parler !

En soi, cela ne semblait pas si mal, mais c’était un peu ennuyeux pour leur premier rendez-vous en deux mois. Néphy semblait être du même avis. Elle ouvrait la bouche, incapable de dire quoi que ce soit, ses oreilles pointues sautant en l’air avant de retomber. Tout ce que Zagan pouvait faire, c’était de se lamenter sur la beauté de ses oreilles. Il se sentait si impuissant.

Tous les piétons qui passaient par là hochaient la tête en voyant le calme qui régnait, souriant chaleureusement en les observant tous les deux. Pas que Zagan et Néphy aient remarqué, bien sûr. Au contraire, ils se rendirent compte que les habitants de la ville avaient commencé à passer des vêtements d’hiver à ceux du printemps. Aujourd’hui, c’était le dernier jour de Kanata, et si les nuits étaient fraîches, il faisait plutôt chaud pendant la journée. La tenue de Néphy était prévue pour l’hiver. Il n’était pas étrange de la porter maintenant, mais c’était probablement une bonne idée de faire des achats pour des vêtements de printemps. Ainsi, Zagan s’éclaircit la gorge et engagea enfin la conversation.

« Uhhh, Néphy ! »

« O-Ouish !? »

Leurs voix s’étaient brisées et ils avaient couvert leur visage de honte. Pourtant, cette fois, ils avaient réussi à retrouver leur calme en quelques secondes.

« Hum, tu sais, il fait un peu chaud maintenant, alors que dirais-tu de… regarder pour des vêtements de printemps ? »

« D-D’accord ! On a aussi parlé d’aller chercher des vêtements ! »

« E-Exactement ! »

Lors de leur premier rendez-vous, ils avaient parlé de choisir des vêtements pour l’autre. Cela avait, tragiquement, été laissé en suspens pendant deux mois. Zagan se sentait accablé par sa propre inaptitude, mais cela suffisait à relâcher une partie de la tension et à adoucir l’expression de Néphy.

Super. Néphy m’a finalement souri.

Néphy était adorable quand elle était gênée, mais son sourire naturel était bien meilleur. Zagan hocha la tête en signe d’admiration lorsque Néphy inclina la tête.

« Quelque chose ne va pas, Maître Zagan ? »

« Oh, non, hum… à propos de ce matin… Désolé de t’avoir surprise. »

Il savait que c’était une mauvaise idée d’en parler, mais il finit par lui répondre par réflexe. C’était un horrible lapsus, mais Néphy lui sourit quand même.

« C’est tout à fait correct. N’as-tu pas ramené Lilith et Lady Alshiera saines et sauves ? »

« Non, ce n’est pas ce que je veux dire… »

Zagan n’aurait jamais abandonné le moindre de ses subordonnés alors qu’ils travaillaient si durs pour lui. L’incident de ce matin avait impliqué que Lilith soit piégée dans le monde des rêves et que Zagan aille la sauver. Cependant, ce n’était pas ce qui le préoccupait. Il était également désolé d’avoir fait en sorte que Néphy s’inquiète pour lui, mais ce n’était pas la question.

Très vite, Néphy avait compris où il voulait en venir, et ses oreilles et ses joues étaient devenues rouge vif.

« A-Auuh… C’était… hum, surprenant, mais ça ne m’a pas déplu… »

Elle couvrit ses joues roses de ses deux mains, laissant ses yeux libres alors qu’elle retournait le regard de Zagan.

« Euh, Maître Zagan. Ce que je veux dire c’est… que c’était la première fois que tu m’enlaçais si passionnément. »

« Je… Est-ce vrai ? »

« Oui. »

Maintenant qu’elle le disait, c’était peut-être la première fois qu’il l’enlaçait sans prévenir. Même lors de l’enlèvement de Néphy, il n’avait pu que lui rendre timidement son étreinte. Maintenant, il regrettait de ne pas l’avoir fait après si longtemps.

« Alors aujourd’hui, je me sens un peu extatique », dit Néphy avec un doux sourire. « C’est pourquoi j’ai du mal à te regarder dans les yeux… »

« Hnnngh ! »

Il ne savait pas que cela lui avait plu à ce point. En apprenant que c’était le cas, Zagan se trouva incapable de supporter la sensation déchirante et tomba à genoux. Cependant, il était toujours un sorcier parmi les rangs des Archidémons. Ainsi, il utilisa les arts secrets de sa sorcellerie pour se relever comme si de rien n’était.

« Si ça ne t’a pas déplu… alors ça ne te dérange pas que je le fasse à nouveau ? »

« Oh ! Um… Uhhh… N’hésite pas, » répondit Néphy en hochant la tête, tout son visage étant rouge vif. « Si tu le fais tout le temps, cependant… ce sera beaucoup trop stimulant. Donc… seulement une fois de temps en temps. »

« D-D’accord. Si je le fais trop, je doute que mon cœur tienne le coup. »

« Hee hee… Alors nous sommes dans le même cas de figure. »

« Je… En effet… On peut dire ça. »

Le visage de Zagan était encore un peu raide quand il souriait, mais c’était bien mieux que lorsqu’ils avaient quitté le château.

« Ah… »

Leurs mains s’étaient frottées l’une contre l’autre, ce qui avait provoqué des halètements audibles. Maintenant qu’il y pense, même s’ils étaient en rendez-vous, il y avait assez d’espace entre eux pour accueillir une autre personne. Si un casse-cou avait essayé de se mettre entre eux, Zagan lui aurait arraché la tête.

Zagan lui tendit la main et Néphy entoura timidement son petit doigt. C’était comme d’habitude, mais ça ne passait pas aujourd’hui. Néphy secoua la tête pour se calmer, puis saisit la main de Zagan avec force.

O-Oooh ! N-Néphy me serre la main avec assurance !

C’était suffisant pour que son cœur batte comme un marteau. Le sang s’était précipité dans son système comme s’il voulait rompre tous ses capillaires. Sans sa spécialité en sorcellerie de renforcement du corps, il serait tombé raide mort.

À leur insu, loin de Kianoides, Gremory murmurait, « Hgh ! Quel pouvoir d’amour massif… ! Qu’arrive-t-il à mon seigneur ? » Cependant, c’est une histoire pour une autre fois.

***

Partie 2

« Je ne suis pas vraiment du genre à me plaindre, mais est-ce pour ça que vous avez fini par venir dans ma boutique ? »

Zagan et Néphy avaient fini par aller dans la boutique de Manuela. C’était une femme-oiseau avec un grand talent en matière de mode. Cependant, elle avait l’horrible habitude d’utiliser tous ceux qui correspondaient à ses goûts comme poupées d’habillage. Zagan ne voulait évidemment pas visiter son magasin lors de son rendez-vous, mais Néphy et lui n’avaient rien de mieux à faire pour choisir des vêtements.

Manuela avait l’air étonnée par le choix de son cavalier, tandis que la fille vulpine, Kuu, courait partout en servant les clients, paniquée. Zagan n’avait jamais vu Manuela servir les clients correctement, il se demandait donc si elle avait vraiment fait un travail sérieux ici.

« Je trouve ça moi-même plutôt irritant, » dit Zagan avec amertume. « Pourtant, je ne me souviens pas avoir jamais été insatisfait de ce que tu as choisi pour nous. »

Honnêtement, il aurait préféré ne pas avoir à venir ici, mais il ne faisait aucun doute que Manuela avait un grand sens de la mode quand elle ne jouait pas. Néphy avait bien sûr l’intention de choisir les vêtements que Zagan porterait, mais elle pouvait le faire en toute tranquillité, précisément parce que Manuela s’était occupée de ce qu’il fallait lui montrer en premier lieu.

« Désolé, » dit Néphy avec un sourire crispé. « Il n’y a vraiment pas de meilleur endroit pour choisir des vêtements, en sachant que tout ce qu’on aura sera bon. »

« Eh bien, quand vous le dites comme ça, je dois juste jouer — je veux dire, je ne peux pas refuser, n’est-ce pas ? »

« Hé… Qu’est-ce que tu allais dire ? » demanda Zagan en tournant un regard acéré vers Manuela, qui détourna sans vergogne les yeux et se mit à siffler.

De toute façon, si Zagan était du genre à perdre son sang-froid à chaque fois qu’elle faisait ça, il ne serait même pas venu ici.

« Hmph, peu importe, » continua-t-il. « Plus important encore, nous cherchons des vêtements de printemps. Où les gardes-tu ? »

« Nos articles de printemps sont alignés sur l’étagère là-bas. Les vêtements de nuit, nous les gardons plus loin dans la pièce secrète… »

« Nous n’avons pas besoin de tout ça. »

Bon, il ne pouvait pas nier avoir un certain intérêt pour le sujet, mais ce n’était pas le moment approprié. Zagan se dirigea vers l’étagère en question avant qu’elle ne commence à faire quelque chose d’inutile.

« Manuela, où gardes-tu les vêtements des hommes ? » demanda Néphy. « Je n’en vois pas. »

« Les vêtements pour hommes sont par là, sur les étagères plus au fond… Hein ? Attendez, vous êtes ici pour chercher des vêtements pour Monsieur Zagan ? »

« Hum, oui… Nous voulions choisir des vêtements pour l’autre, » dit Néphy en souriant timidement, ce qui fit battre à nouveau le cœur de Zagan. En revanche, l’expression de Manuela était devenue sinistre.

« Ah oui, vous êtes ici pour un rendez-vous, non ? » demanda-t-elle.

« Hum, oui…, » répondit Néphy en hochant la tête alors que ses oreilles rougies frémissaient.

Manuela tourna un regard incrédule vers Zagan et déclara : « Eh bien, il n’y a pas de mal à être un peu brut de décoffrage si vous êtes ici pour acheter des vêtements, mais n’avez-vous rien de mieux pour vous promener lors d’un rendez-vous ? »

Zagan était habillé dans sa robe habituelle, donc elle avait raison. Ce n’était pas très approprié pour un rendez-vous. Tout ce qu’il pouvait faire était de gémir.

« Qu’est-ce que je peux faire ? Les vêtements d’un sorcier sont remplis d’une multitude de sortilèges. Je ne peux pas les échanger contre autre chose à tout moment. »

Pour un sorcier, les vêtements étaient une forteresse de sorcellerie. La capacité de Zagan à dévorer la sorcellerie provenait du fait qu’il écrasait le sort de son adversaire après avoir vu ce qu’il lançait et invoquait exactement la même chose au même moment. Cependant, pour qu’il puisse traiter autant d’informations aussi rapidement, il devait accélérer les signaux qui traversaient ses nerfs et renforcer leur force pour qu’ils puissent résister à la charge. Ce n’est qu’en superposant de telles sorcelleries les unes sur les autres, des sorcelleries qui submergeraient n’importe quelle personne normale, qu’il avait pu faire étalage de sa puissance.

Kianoides était le domaine de Zagan. Enlever sa robe ne le laissait pas complètement désarmé, mais cela aurait été l’équivalent de jeter la sorcellerie qu’il avait toujours à portée de main. Quelqu’un du niveau de Barbatos aurait besoin de deux, voire trois coups de poing sérieux pour être tué dans ce cas. De plus, même s’il ne se passait rien en ce moment, Zagan était en guerre contre Shere Khan, alors il n’allait pas faire quelque chose d’aussi stupide, même lors d’un rendez-vous avec Néphy.

« Haaah, » Manuela soupira ostensiblement. « Ce sont vos circonstances, pas celles de Néphy, non ? »

« M-Manuela. Nous avons décidé d’aller à un rendez-vous juste ce matin, alors Maître Zagan n’a pas eu le temps de se préparer. »

« Ne le défends pas, Néphy. C’est une question d’étiquette. N’es-tu pas habillée pour être toute mignonne ? »

Ces mots d’une sincérité inattendue avaient fait écarquiller les yeux de Néphy et l’avaient fait reculer d’un pas.

« Grr. Comment oses-tu... »

Voyant Zagan clairement décontenancé par les commentaires de Manuela, Kuu avait commencé à paniquer.

« Chef ! Vous en avez trop dit ! Monsieur Zagan est un Archidémon, vous savez !? »

 

 

Le monde était vaste, mais Manuela était probablement la seule civile à oser parler aussi durement en pleine face de Zagan.

Les épaules de Zagan tremblaient tandis qu’il poussait rageusement son doigt vers elle et déclarait : « Il n’y a pas de place pour la discussion ! C’est exactement comme tu le dis ! »

Il se redressa alors de toute sa hauteur, maudissant sa propre faiblesse, et se tourna vers Néphy.

« Désolé, Néphy. Je t’ai fait honte. »

« Pas du tout ! Cela ne me dérange pas. Au contraire, grâce à cela, j’ai le plaisir de choisir des vêtements pour toi, Maître Zagan. »

« Je vois… Néphy, tu es si gentille. Bon, c’est décidé. Je vais essayer tout ce que tu veux aujourd’hui. J’achèterai même ce qui te plaît. »

« O-Okay ! »

Il n’avait pas oublié son objectif de choisir des vêtements pour Néphy, bien sûr. Mais avant cela, Zagan devait devenir un homme convenable pour elle. En voyant les deux individus se serrer la main et se regarder, Manuela grimaça comme si elle avait trouvé le plus amusant des jouets… Non pas que Zagan l’ait remarqué.

***

« Alors, Néphy, quel genre de vêtements veux-tu que Maître Zagan porte ? Personnellement, je trouve que ces épaulettes hérissées ressemblent vraiment à un habit d’Archidémon ! »

« Allons, ne fais pas l’idiote, Manuela. Je dois trouver quelque chose qui convienne à Maître Zagan. »

Le ton soudainement ferme de Néphy avait fait naître un sourire sarcastique sur le visage de Manuela.

« Hee hee… Des vêtements qui lui conviennent, dis-tu ? Eh bien, quel genre de choses as-tu en tête ? »

« Voyons voir… Dans le rêve d’hier… hum, je veux dire, la queue de pie qu’il portait pour moi l’autre jour a laissé une belle impression. Elle lui allait parfaitement. »

Elle l’aimait bien, celui-là. Les joues de Néphy devinrent légèrement rouges alors qu’elle regardait ce moment comme si elle rêvait.

« Attends, quoi ? Monsieur Zagan portait une queue de pie ? Qu’est-ce qui a provoqué cela ? » demanda Manuela en saisissant fermement les épaules de Néphy.

Néphy avait instinctivement détourné son regard et avait répondu : « Hum, c’est un peu difficile à expliquer. »

Eh bien, il aurait été assez difficile pour toute personne normale de comprendre le rêve que Lilith leur avait montré. Cependant, la réponse évasive n’avait fait que stimuler encore plus l’imagination de Manuela. Zagan aurait vraiment préféré qu’elle et Gremory apprennent à se maîtriser.

« Hnnngh ! C’est le genre de situation que le camarade Gremory adore ! Et toi, Néphy ? Quel genre de tenue portais-tu ? Peux-tu me le dire en détail ? »

« Eep ? M-Moi ? Je, euh…, » Néphy avais traîné en longueur. Elle remua ensuite ses index et répondit d’un air satisfait : « J’ai porté… Les vêtements de Maître Zagan… »

Bien que sa voix se soit pratiquement transformée en un murmure à la fin, les yeux de Manuela brillaient comme ceux d’un oiseau de proie.

« La chemise du petit ami ! Pourquoi ne m’as-tu pas appelée pour voir ça !? Je t’aurais coordonné la tenue parfaite ! » hurla Manuela en se serrant la tête de désespoir.

« Hum, chef, n’ont-ils pas pu se lâcher précisément parce que tu n’étais pas là ? » Kuu murmura sur le côté.

« Kuu ? Veux-tu essayer de servir les clients en micro bikini cet après-midi ? »

« Chef ! Kuu est une bonne fille ! Kuu n’a rien dit ! »

La pauvre petite vulpine suppliait pour sa vie, les larmes aux yeux. Sur ce, Néphy reprit ses esprits et laissa échapper une toux intentionnelle.

« Pour l’instant, nous discutons des vêtements de Maître Zagan, Manuela. »

« Ouais, ouais. Hmm… Veux-tu qu’il porte quelque chose de plus ajusté ? »

« Ce n’est pas vraiment le cas… ou attends, non, peut-être que si. Maître Zagan a une jolie silhouette, après tout. »

D’une certaine manière, les écouter parler de lui avait donné des démangeaisons à Zagan.

Si je devais dire, alors je suis en fait heureux à ce sujet, alors pourquoi je me sens si embarrassé !?

Néphy semblait devenir timide rien qu’en parlant de cela, car elle couvrait ses joues rouges avec ses deux mains. Son comportement adorable avait presque fait que Zagan s’était serré le cœur et s’était accroupi au sol. D’un autre côté, Manuela, qui appréciait de près la figure timide de Néphy, prit une expression sérieuse inattendue.

« Je vois. Trouver quelque chose qui lui convienne est important, mais comment veux-tu qu’il soit lorsque vous vous promenez ensemble en ville ? Quel genre de tenue veux-tu qu’il porte pour cela ? »

« De quoi ai-je envie d’avoir l’air pendant que nous nous promenons… ? » marmonna Néphy, qui s’enfonça dans ses pensées avec un air infiniment sérieux avant que ses oreilles pointues ne se dressent. « Je veux essayer de me promener habillé comme les autres habitants de la ville ! »

Les yeux de Zagan s’écarquillèrent en entendant cette réponse totalement inattendue.

Maintenant que j’y pense, Néphy n’a jamais porté de vêtements semblables à ceux des autres habitants de la ville.

Il en allait naturellement de même pour Zagan. Il avait toujours eu l’impression qu’il ne pouvait pas faire porter à Néphy des vêtements miteux, aussi avait-il fini par lui choisir des robes et des chemises de grande classe. Cependant, bien que de tels vêtements soient standards pour les nobles et autres, ils ne l’étaient pas pour les habitants ordinaires de la ville.

De toute façon, quel genre de vêtements portent les habitants de la ville ?

Il avait croisé de nombreuses personnes sur le chemin, mais leur image restait floue dans son esprit. Peut-être que le fait de ne pas avoir de caractéristiques particulièrement distinctes était le but ?

Normalement, quand il se promenait avec Néphy, il n’avait d’yeux que pour elle… et quand il était seul, il ne prenait pas la peine de faire attention à qui que ce soit autour de lui. C’était le résultat final de telles actions. Non pas que Zagan comprenne vraiment cette facette de lui-même, bien sûr. Laissant de côté l’Archidémon qui réfléchissait à de telles choses, Manuela acquiesça.

« Mhm. J’ai compris. Allons-y avec des vêtements normaux comme concept d’aujourd’hui. »

« Des vêtements normaux ? » Zagan et Néphy répétèrent, hochant tous deux la tête, même si les mots avaient un sens individuellement.

« Maintenant que tu le dis, nous ne possédons rien que tu puisses considérer comme normal, » répondit Zagan.

« Oui, quel angle mort, » avait convenu Néphy.

Pendant la période où il était orphelin, il aurait été absurde de qualifier les haillons qu’il avait portés de vêtements corrects, et les objets qu’il avait volés ou trouvés étaient pour la plupart déchirés et sales, donc aucun d’entre eux ne pouvait être considéré comme un « vêtement normal ». Maintenant qu’il y pensait, Zagan réalisait qu’il était si peu familier avec ce concept qu’il n’aurait jamais eu l’idée lui-même. Il hocha la tête en signe de compréhension lorsque Manuela sortit un ensemble complet de vêtements.

« Que diriez-vous de quelque chose comme ça pour commencer ? Essayez-le. »

Il pensait qu’elle allait commencer à changer ses vêtements sans le demander — de manière assez terrifiante, cette femme-oiseau n’était pas une sorcière, mais elle pouvait changer les vêtements de quelqu’un si rapidement que ses sens d’Archidémon ne pouvaient pas suivre — mais au lieu de cela, elle l’avait conduit au dressing. Quelle était son intention ?

« Prends ton temps, Maître Zagan. »

« O-Ouais. Je reviens tout de suite. »

***

Partie 3

Néphy lui avait dit au revoir avec un regard plein d’espoir tandis que Zagan entrait dans le vestiaire. L’espace était juste assez grand pour qu’une personne puisse s’y tenir debout. Il y avait un miroir en pied devant lui et plusieurs crochets et cintres sur le mur.

Zagan retira son manteau et sa robe et les suspendit. Ils constituaient la forteresse de Zagan, ils étaient donc implantés de pièges sévères qui s’activeraient si un étranger les touchait. Il doutait que Manuela tente quoi que ce soit, mais au cas où, il avait installé une barrière pour qu’on ne puisse pas les toucher. Après tout, il fallait un effort et une considération appropriés pour qu’un Archidémon puisse s’ébattre parmi les civils.

Zagan enleva sa chemise, et, maintenant torse nu, il essaya d’enfiler ce qui lui avait été donné, puis s’arrêta brusquement.

« Hm… ? Comment porte-t-on ça ? »

Manuela lui avait donné une chemise ordinaire, un pantalon, un vêtement d’extérieur sans manches — un gilet, s’il se souvenait bien — et une veste. Il savait tout cela, mais il y avait deux objets ressemblant à des cordes qu’il n’avait aucune idée de comment utiliser. L’un d’entre eux avait des raccords en métal à ses extrémités. On aurait dit qu’ils étaient destinés à être attachés à quelque chose, mais il ne pouvait pas dire exactement quoi. L’autre était plus épais à une extrémité, mais il n’y avait pas d’autres caractéristiques discernables. Il n’avait pas la moindre idée de ce à quoi il servait.

« Maître Zagan, quelque chose ne va pas ? » demanda Néphy, inquiet après avoir entendu Zagan gémir.

« Hmm… Il y a quelques trucs ici que je ne sais pas comment utiliser. »

« Oh… »

« Oh là là, c’est terrible. Néphy, prête-moi ton oreille une seconde…, » dit Manuela.

Zagan ne pouvait pas entendre ce que Manuela disait à Néphy.

Je préfère qu’elle ne plante pas d’idées bizarres dans la tête de Néphy… pensa-t-il alors qu’un soupçon d’anxiété lui traversait l’esprit.

« Ok ! C’est l’essentiel ! Donne-toi à fond ! » cria Manuela.

« O-Oui ! »

Après que Zagan ait entendu ce qui ressemblait à une profonde respiration de l’extérieur du vestiaire, Néphy avait élevé la voix une fois de plus.

« M-Maître Zagan, excuse-moi. »

Et avec cette préface, Néphy avait ouvert le rideau qui masquait le vestiaire.

« … »

« … »

Leurs regards s’étaient croisés… et Néphy s’était figée.

« Eek ! »

Peu après, Néphy avait glapi et avait fermé le rideau.

« Vas-tu bien, Néphy ? »

« P-P-P-Pardon. Je ne savais pas que tu étais encore en train de te chager. »

Maintenant qu’elle le disait, Zagan n’avait mis que la chemise et ne l’avait pas encore boutonnée. De toute évidence, Néphy avait perdu sa présence d’esprit après avoir vu un tel spectacle.

« Je ne montre rien qui devrait te troubler, » dit Zagan.

« Eh bien, je suis troublée. »

Cela dit, il était insensé de continuer à en parler de l’autre côté du rideau, alors Néphy avait pris sa décision.

« Maître Zagan, j’ouvre. »

« Vas-y. »

Zagan avait envie de fixer Néphy, puisqu’elle était toute timide, mais il n’avait pas vraiment envie de la taquiner, alors il boutonna sa chemise en lui répondant. Néphy ouvrit le plus petit interstice du rideau et passa la tête à l’intérieur. Sa tête étroitement enveloppée par les rideaux, combinée à la façon dont ses cheveux blancs s’enroulaient autour de son visage, donnait l’impression que Néphy était enfouie dans un paquet de peluches. Son charme absolument débordant donnait le vertige à Zagan, mais il tenait bon.

« Désolé de prendre ton temps, » dit-il. « Sais-tu comment utiliser ceci ? »

« Ah… »

Bien que Zagan se sente mal à l’aise, Néphy le fixa avec la bouche entrouverte et laissa échapper un soupir comme si elle avait vu quelque chose d’inhabituel. Son attention semblait se concentrer uniquement sur Zagan qui portait une chemise et un pantalon.

Maintenant que j’y pense, je n’ai jamais été habillé comme ça devant Néphy, n’est-ce pas ?

Est-ce que c’est ce que les gens appellent des vêtements décontractés ? En temps normal, il était entièrement équipé de sa robe et de son manteau, et en de rares occasions, il s’habillait avec les vêtements d’apparat d’un noble. Il était gêné de voir à quel point il semblait désordonné, mais Néphy le dévorait avidement du regard. C’était amusant de continuer à la regarder faire, mais maintenant c’était lui qui commençait à devenir timide.

Incapable de le supporter plus longtemps, Zagan prit la parole en premier, disant : « Uhhh, Néphy ? »

« Oh ! O-Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Eh bien, je veux dire, je demandais à propos de ces… »

Zagan lui montra les deux cordons et Néphy acquiesça immédiatement.

« Celui-ci est une cravate et ceux-là des bretelles. »

« Hm ? Est-ce une cravate ? »

Zagan connaissait les cravates, mais il n’avait jamais utilisé que des nœuds papillons et des foulards. C’était la première fois qu’il en voyait une de cette forme.

« Il semble que ce soit le type que la personne moyenne utilise. »

« Hmm, je vois… Être “normal” est vraiment difficile. Je ne connais rien de tout cela. »

« Hee hee… Moi aussi, je suis un peu nerveux à ce sujet. »

Entraîné par le sourire de Néphy, Zagan lui rendit son sourire.

La prochaine fois que je verrai Néphy en « vêtements normaux », ce sera un plaisir !

Après avoir fini de s’habiller, ce serait le tour de Néphy. Il se souvint alors de l’autre cordon dans sa main.

« Alors, comment utilises-tu celui-ci ? Je n’ai jamais entendu parler de bretelles. »

« C’est une sorte de ceinture. C’est un moyen de retenir ton pantalon pour qu’il ne tombe pas. Il semble que tu apposes ces pinces sur ton pantalon, puis que tu fasses passer les cordons sur tes épaules. »

Zagan connaissait les ceintures autour de la taille, mais il pouvait utiliser la sorcellerie pour ajuster la taille d’un pantalon qui ne lui allait pas, donc il n’avait jamais eu l’occasion d’en utiliser une. C’était aussi la première fois que Néphy en voyait une elle-même, c’est pourquoi elle regardait les bretelles avec grand intérêt.

Zagan utilisa le miroir pour vérifier son dos et ajuster la position des bretelles afin de fixer son pantalon en place. Il avait l’impression que le pantalon n’était pas tout à fait à sa taille, ce qui le rendait quelque peu agité, mais c’était apparemment ainsi que les gens normaux faisaient les choses. Après cela, il ramassa la cravate, mais s’arrêta brusquement.

Attends, je sais que ça va autour de mon cou, mais comment ?

La forme ne convenait pas pour former un nœud, et il était bien trop rigide pour être utilisé comme un foulard. Il n’en avait jamais vu auparavant, donc il n’avait aucune idée de ce à quoi il était censé ressembler lorsqu’il était porté.

« Hm, veux-tu que je te la noue ? » demanda Néphy, voyant sa confusion.

« Sais-tu comment ? »

« Oui, Manuela vient de m’apprendre. »

C’était suffisant pour que Zagan réalise la vérité de la situation.

Cette satanée Manuela ! Elle a choisi ça spécifiquement parce qu’il était peu probable que je sache comment le porter !

Elle s’était arrangée pour que Néphy n’ait d’autre choix que de regarder pendant qu’il se changeait. Eh bien, Néphy était heureuse de la tournure des événements, alors cela n’avait pas vraiment d’importance.

« Alors, fais-le, s’il te plaît », dit-il, en tendant docilement la cravate à Néphy.

« Oui ! »

Zagan n’avait pas réfléchi à ce que signifiait exactement le fait que Néphy le lie pour lui.

« Alors… excuse-moi. »

C’était manifestement trop difficile à faire de l’extérieur du vestiaire, alors Néphy était entrée.

Qu’est-ce que c’est ? On dirait que quelque chose d’immoral est sur le point de commencer.

Ils étaient juste tous les deux dans un espace étroit. Son cœur battait la chamade. Néphy se mit sur la pointe des pieds pour enrouler la cravate autour du cou de Zagan tandis que celui-ci baissait légèrement la tête pour lui faciliter la tâche. C’est alors qu’ils avaient réalisé à quel point ils étaient proches l’un de l’autre.

Leurs visages s’étaient presque touchés. Néphy avait les bras tendus, c’était comme si elle l’enlaçait à moitié. L’espace beaucoup trop étroit de la loge avait apporté un sentiment d’immoralité à la situation.

Il y avait un léger parfum de fleurs dans l’air. Ayant peut-être choisi de souligner le début du printemps, une odeur douce et rafraîchissante chatouillait le nez de Zagan. Il avait l’impression d’être dans un rêve alors qu’il admirait la beauté de ces longs cils blancs devant lui.

Le visage de Néphy était alors devenu sensiblement rouge et elle cria : « H-Hwaaah ? »

« Q-Quoiii ? »

Les deux individus avaient estimé qu’il n’était pas correct d’élever la voix, alors ils avaient crié aussi faiblement que possible.

 

 

« Ah ! »

« Néphy ! »

Néphy fut tellement déstabilisée qu’elle bascula en avant et faillit tomber, alors Zagan la soutint par le dos dans l’élan du moment. Ainsi, il la tenait maintenant dans ses bras. Son cœur battait comme un marteau. Il pouvait sentir les battements vigoureux de la fille dans ses bras. Pourtant, même s’ils étaient tous deux perturbés, Zagan resserra son étreinte. Néphy se raidit à ce mouvement soudain, mais l’instant d’après, elle se pencha et posa sa tête contre sa poitrine.

Le silence régnait.

Si seulement le temps pouvait s’arrêter maintenant…

Cette pensée non sorcière traversa l’esprit de Zagan alors que Néphy gloussait timidement.

« Hee hee hee… J’ai l’impression que cela fait longtemps que ce genre de choses ne s’est pas produit. »

« T-Tu as raison… Ce genre d’espace étroit n’est peut-être pas si mal. »

L’idée de construire une petite pièce cachée comme celle-ci dans le château lui était venue à l’esprit. Mais même s’il en fabriquait une, il serait trop gêné pour l’utiliser et elle serait négligée.

« Maître Zagan, dois-je refaire ta cravate ? » demanda Néphy en levant les yeux vers lui.

« Mrgh… Bon, d’accord. »

Une partie de lui voulait rester ainsi, mais ils étaient dans une loge. S’ils y passaient trop de temps, on ne pouvait pas savoir quel genre de soupçons injustes Manuela lui jetterait dessus. Non pas que de tels soupçons aient quelque chose d’injuste, mais Zagan ne pensait pas à cela.

Il l’avait relâchée à contrecœur. La cravate étant toujours autour de son cou, Néphy s’en empara et corrigea sa position. Elle avait replié son col sur la cravate, puis avait ajusté ses deux longueurs sur sa poitrine. Le côté le plus épais semblait être le plus long, s’étirant jusqu’au double de la longueur du côté le plus fin. Néphy avait ensuite commencé à l’attacher habilement.

Qu’est-ce qui se passe ? D’une certaine manière, je me sens à la fois gêné et tenté.

Il avait honte, en tant qu’homme, de voir la fille qu’il aimait arranger son apparence, mais il ressentait aussi de l’exaltation à l’idée qu’ils se comportaient comme de jeunes mariés. Il leva les yeux au plafond pour essayer de supporter cette mystérieuse sensation, puis jeta un coup d’œil rapide au visage de Néphy.

« … »

Elle avait l’air aussi embarrassée que lui, à en juger par la façon dont ses oreilles pointues étaient rouges de la base à la pointe.

En peu de temps, elle avait fini d’arranger sa cravate. C’était un peu étouffant d’avoir quelque chose qui se pressait sur son col, mais c’était aussi une sensation de fraîcheur par rapport à sa robe habituelle.

« C-Comment est-ce ? » demanda Néphy.

« M-Mmm… Pas mal, » répondit Zagan en hochant la tête.

En vérité, Zagan n’avait aucune idée de ce à quoi ressemblait une cravate bien faite, mais comment pouvait-il détester quelque chose que Néphy avait fait pour lui ?

« Cela te va bien, Maître Zagan, » dit Néphy avec un sourire fasciné sur les lèvres.

« Hmm… Je ne comprends pas vraiment, mais si tu dis ça, ça doit être vrai. »

Il s’était regardé dans le miroir et en réponse, Néphy avait soudainement détourné les yeux, paniquée.

« Alors, je t’attends dehors ! »

« O-Oh, vraiment ? Ça ne me dérange pas si tu restes… »

Néphy remua faiblement ses index, puis leva vers Zagan un regard quelque peu réprobateur.

« Hum, j’ai déjà eu l’impression de faire quelque chose de très mal en nouant ta cravate, alors si je reste plus longtemps, mon cœur ne pourra pas le supporter. »

« Je vois. Je peux sympathiser avec ça. »

Si leurs rôles avaient été inversés — si Zagan se tenait ici pendant que Néphy se changeait — il risquait de mourir sur place. Il aurait été un peu cruel de la faire rester plus longtemps. C’est parce qu’ils étaient comme ça que le simple fait de se tenir la main les faisait vaciller, mais il n’y avait personne pour le leur faire remarquer.

Néphy quitta le vestiaire alors que Zagan lui déclara au revoir avec une expression de relâchement sur le visage.

« … »

Maintenant qu’il était seul, il leva lentement ses deux mains avec le plus doux des mouvements et il se couvrit le visage. L’embarras d’être collé l’un à l’autre dans une pièce privée combiné au bonheur de la voir refaire sa cravate forma une inexplicable sensation de gonflement dans sa poitrine. Zagan s’accroupit, criant silencieusement dans son esprit comme une jeune fille.

D’ailleurs, Néphy était tombée dans le même état devant le vestiaire, séparé de lui par un simple rideau. Pour le meilleur ou pour le pire, Zagan ne l’avait pas remarqué.

***

Partie 4

« De quoi ai-je l’air ? »

Plusieurs minutes plus tard, Zagan avait réussi à reprendre ses esprits et à finir de se changer, puis il quitta le vestiaire. Il portait une veste kaki par-dessus sa chemise noire, son pantalon était également kaki, et son gilet était d’un brun légèrement plus foncé. La cravate que Néphy lui avait nouée avait cependant un motif à carreaux.

« Il te va si bien ! » répondit Néphy en hochant la tête avec des étincelles dans ses yeux azur.

« V-Vraiment ? Je n’ai jamais porté quelque chose comme ça avant. Je ne sais pas ce qu’il a de si bien. »

« Je pense qu’il s’accorde extrêmement bien avec tes yeux argentés, Maître Zagan. C’est très élégant et ça donne une impression de calme. Tu es magnifique. »

Ses louanges franches avaient découragé Zagan.

Manuela était ensuite revenue les voir et s’était exclamée : « Joli ! Mon choix était juste, hein !? »

Elle hocha la tête en signe de satisfaction, puis approcha son visage de l’oreille de Zagan.

« Avez-vous apprécié le temps passé dans la loge ? », avait-elle chuchoté.

« Silence, toi ! »

Il l’avait repoussée cruellement, et Manuela avait utilisé ses ailes vertes pour s’échapper dans les airs.

« Aha ! Allez, c’était juste une petite farce ! De toute façon, que diriez-vous de ceci pour couronner le tout ? »

Elle avait jeté vers lui un chapeau noir verdâtre pour homme.

« Un chapeau ? Je ne me rappelle pas avoir vu des gens avec un chapeau en ville. »

Eh bien, peut-être qu’il y en avait quelques-uns, mais pas beaucoup, en tout cas.

« Oh ? C’est une nécessité pour un gentleman lors d’un rendez-vous, juste pour que vous sachiez. »

« Grr… »

Il ne pouvait pas refuser quand elle le disait comme ça. C’était lui qui était sorti à un rendez-vous sans se soucier de son apparence. Ainsi, Zagan avait mis le chapeau à contrecœur.

« Hmph… Cela fera-t-il l’affaire ? »

Maintenant qu’il y pense, il réalisa que c’était la première fois qu’il portait un chapeau. Contrairement à la capuche d’une robe, il ne semblait pas stable, ce qui le rendait quelque peu agité. Cependant, Néphy avait serré ses mains devant sa poitrine, submergée par l’émotion tandis que ses oreilles pointues frémissaient.

« C’est merveilleux ! »

« Vraiment ? »

Les deux filles avaient hoché la tête en signe de satisfaction, tandis que Kuu affichait une expression docile derrière elles.

« Monsieur Zagan est du genre à briller quand on l’astique », chuchota la petite vulpine. « Mlle Néphy serait si heureuse s’il s’habillait comme ça normalement… »

Zagan avait l’impression que Kuu devenait de plus en plus impertinente ces derniers temps. En tout cas, il était vrai qu’il était mieux de reconsidérer son apparence.

« Quoi qu’il en soit, c’est assez rare », dit-il en reportant son attention sur Manuela. « Je ne m’attendais pas à te voir prendre ton travail si au sérieux. »

C’était Manuela, après tout. Il était venu ici résolu à être constamment déshabillé et habillé comme un jouet.

« Je veux dire, même moi je peux dire que Néphy me détesterait si je faisais des bêtises en ce moment, » répondit Manuela avec un sourire forcé. « La camarade Gremory pourrait oser le faire, mais je n’aime pas l’idée de mettre Néphy en colère. »

« Je… je ne me mettrais pas vraiment en colère ou autre, tu sais… ? »

Les yeux de Néphy s’agitaient, tandis que Zagan hochait la tête en signe de grande admiration.

« Je vois. Tu veux dire que Néphy a une telle opinion de moi que tu crains pour ta propre sécurité. »

Quel genre d’Archidémon serait-il s’il ne répondait pas à de tels sentiments en nature ?

« Yup, yup. Je savais que vous comprendriez. La façon dont vous vous vantez nonchalamment de votre vie amoureuse montre vraiment le talent qui fascine tant la camarade Gremory. »

« Je ne comprends pas vraiment ce que tu dis. Je ne fais que traiter Néphy avec amour. »

Il ne savait pas si on le félicitait ou si on le taquinait, mais Zagan décida sagement de ne pas approfondir la question.

« Auuugh… »

Sur le côté, Néphy s’était couvert le visage, incapable de supporter sa gêne. Pour l’instant, elle semblait apprécier ses nouveaux vêtements. Au moment où Zagan s’apprêtait à parler, un autre sourire se dessina sur le visage de Manuela et elle demanda : « D’accord, alors pourquoi pas quelque chose comme ça ensuite ? »

« Hé, attends un peu. Qu’est-ce que tu veux dire par “prochain” ? »

Elle avait sorti une chemise épaisse et un pantalon ample. Ça avait l’air un peu plus négligé que ce qu’il portait en ce moment.

Eh bien, je suis sûr que Néphy va l’arrêter…

Cependant, Zagan n’avait aucune idée que Néphy était dans un état d’esprit bien plus élevé que d’habitude en ce moment.

« Oui ! J’aimerais bien le voir ! »

« Hein !? »

Néphy était allée jusqu’à sauter sur place de joie, une étincelle innocente dans les yeux.

Aaah… Maintenant que j’y pense, on est tous les deux dans un état d’euphorie anormal depuis le début de notre rendez-vous.

Et là, elle était dans une situation où elle pouvait habiller Zagan comme elle le voulait. Il avait dit qu’il porterait ce qu’elle voulait, alors il ne pouvait pas vraiment refuser non plus.

Ah bon. Néphy est mignonne comme ça, alors ça va.

Tant qu’il pouvait voir cette expression sur son visage, la laisser l’habiller était un petit prix à payer.

« Uhhh, alors, je vais aller me changer. »

Zagan prit le nouvel ensemble de vêtements de Manuela, acceptant son destin de poupée habillée pour un peu plus longtemps.

***

Une heure plus tard, Zagan avait fini par enfiler la première tenue kaki qu’il avait essayée. Il avait passé cinq ou six tenues avant que Néphy ne reprenne enfin ses esprits.

« Pardonne-moi, Maître Zagan. J’ai perdu le contrôle de moi-même sur le moment… »

« C’est bon, ça ne me dérange pas. C’est peut-être la première fois que je te vois si ravie. »

« Auugh… »

Honnêtement, il ne pensait pas qu’elle lui ferait porter autant de tenues, mais à chaque fois qu’il essayait quelque chose, elle avait l’air tellement contente qu’il s’en fichait. Néphy lui fit un sourire, avec le visage complètement rouge.

« Bon, la prochaine étape, ce sont les vêtements de Néphy, non ? » dit Manuela en se tournant vers elle. « Quel genre de vêtements voulez-vous qu’elle porte, Monsieur Zagan ? »

« Hmm, voyons voir… C’est le printemps, alors peut-être quelque chose de lumineux. De plus, puisque nous allons vers des “vêtements normaux”, j’aimerais voir quelque chose que Néphy ne porte pas habituellement. »

Les yeux de Manuela s’étaient agrandis à sa réponse.

« … Quoi ? » demanda Zagan.

« Oh, je suis juste surprise que vous me donniez une demande aussi spécifique. »

« Ces vêtements sont pour Néphy. Je n’ai pas l’intention d’accepter une demande qui ne tient pas debout ! »

« Oui, oui. »

Manuela haussa les épaules avec un sourire amusé et apporta immédiatement quelques vêtements des étagères.

« Que pensez-vous de cet ensemble ? Néphy porte souvent des tenues bleues et monotones. Elle n’a pas beaucoup porté de vert. Il y a juste eu cette fois où vous êtes tous allés à Liucaon pendant vos vacances, je crois ? »

C’était l’époque où Zagan était devenu petit. Honnêtement, il n’avait pas vraiment envie de s’en souvenir. En tout cas, comme on pouvait s’y attendre de la part de Manuela, elle se souvenait bien des vêtements qu’ils avaient portés.

Elle tendit un ensemble de vêtements centrés sur une robe et un cardigan. Le cardigan n’avait pas de boutons, et la couleur correspondait à la veste de Zagan, bien que plus beige que kaki. La robe était d’un vert profond, comme une forêt. La chemise était noire et avait un col. C’était une bonne couleur pour faire ressortir les cheveux blancs de Néphy.

« Qu’en penses-tu, Néphy ? » demanda Zagan.

« Bien, hummm, je suppose que je dois me changer ? »

« J’ai hâte d’y être. »

Zagan serra le poing, Néphy se résigna et entra dans la loge. Son cœur dansait à l’idée de l’allure qu’elle aurait quand Manuela lui chuchota à l’oreille comme si elle n’en pouvait plus.

« Haah… Haah… Hum, Monsieur Zagan. Je pense vraiment que les surprises sont importantes pour ce genre d’événement. Ne serait-ce pas plus excitant de ne pas savoir quels vêtements elle va porter ? »

« Tu as raison, mais je ne crois pas que tu le feras sérieusement. »

« Quoi !? Vous pouvez me faire confiance un peu plus que ça ! Allez, regardez comme mes yeux sont sérieux ! »

« Tes yeux sont impurs et dominés par la luxure, » répondit honnêtement Zagan.

« Aaaaargh ! J’ai enfin un jouet amusant ! Quelle sorte de torture est-ce que c’est pour me forcer à faire un service client régulier !? »

« Peux-tu essayer un peu plus de cacher tes fichues motivations ? Tu viens aussi de faire quelque chose d’inutile il y a quelques instants. »

« C’était juste un coup léger ! Je veux vous faire porter des vêtements plus embarrassants et vous voir tous les deux vous agiter ! »

Cette femme était la pire. Zagan était abasourdi par cet aspect d’elle. Et alors que cela se passait, le rideau de la loge s’était ouvert.

***

Partie 5

« Hum, c’est plutôt bruyant par ici. Est-ce que tout va bien ? »

Néphy était sortie avec une expression déconcertée. En voyant sa silhouette, Zagan laissa échapper un soupir d’admiration. Ses joues étaient légèrement rougies alors qu’elle faisait un spectacle en tournant sur place, faisant virevolter sa robe vert forêt. C’était comme dans un rêve.

« C-Comment est-ce ? » demanda-t-elle.

« M-Mm ! » Zagan résista à l’envie de la serrer dans ses bras et hocha la tête avec tout le faux sang-froid dont il était capable. « C’est quelque chose d’autre ! Elle donne une impression différente de la robe que tu portes habituellement avec ta tenue de soubrette. Comme c’est rafraîchissant ! La simplicité des vêtements fait ressortir à quel point tu es charmante et douce, avec beaucoup d’effet. Maudite soit cette Manuela. Elle fait vraiment du bon travail quand elle essaie. Pourquoi ne fait-elle pas ça normalement ? »

Hmm, je ne peux pas vraiment le dire avec des mots, mais ça lui va vraiment bien. Zagan était dans un état aussi excité que Néphy l’avait été quand elle avait été celle qui choisissait les vêtements. L’Archidémon était incapable de cacher son ébranlement et avait complètement mélangé ses pensées intérieures et son discours. Il était si profondément ému par l’apparition de Néphy que son cœur battait la chamade, tandis que pour une raison ou une autre, Manuela s’était agenouillée à ses côtés.

« Aaaaah ! J’aurais dû me faufiler dans des vêtements amusants ! Tout va si bien ensemble que je ne peux pas faire n’importe quoi ! Je voulais t’habiller bien plus ! »

« Tu es vraiment la pire, » dit Zagan. « Qu’est-ce qu’on peut bien trouver à redire quand Néphy est si merveilleusement habillée ? »

Kuu, qui passait justement par là, avait fait un regard comme si c’était une mauvaise chose de pinailler, tandis que Manuela avait tapé ses mains sur le sol en signe de frustration.

« C’est la fin une fois que tout est bien assemblé, non ? Je voulais la rendre de plus en plus mignonne, une étape à la fois ! »

« Je vois… Ça aurait pu valoir le coup d’être vu. »

« S’il vous plaît, restez-en là, vous deux ! »

N’en pouvant plus, Néphy se couvrit le visage et s’accroupit. Zagan avait un peu envie de la voir habillée de toutes sortes de vêtements, mais avec elle dans cet état… Et d’après ce qu’il pouvait voir de Manuela, il était temps de partir. Zagan tendit la main et aida Néphy à se relever.

« Alors ces vêtements feront l’affaire ? » demande-t-il.

« O-Oui. Hum, c’est la première fois que je porte quelque chose comme ça, donc je n’y connais pas grand chose, mais j’aime vraiment ça. »

« Hm. Je l’aime aussi. Allons-y avec ça. »

En fin de compte, Manuela avait choisi les vêtements pour eux, mais comme elle avait bien écouté leurs demandes cette fois, ils avaient trouvé des vêtements qui correspondaient parfaitement à ce qu’ils recherchaient. C’était probablement un bien meilleur résultat que s’ils s’étaient entêtés à choisir eux-mêmes.

Après avoir payé, alors qu’ils étaient sur le point de partir, Manuela les appela une fois de plus.

« Attendez une seconde. Vous avez un rendez-vous aujourd’hui, non ? »

« B… Bien sûr. »

C’était quelque peu embarrassant de l’admettre ouvertement. Zagan et Néphy avaient hoché maladroitement la tête.

« Laissez-moi vous donner un dernier conseil. Avant ça, vous pouvez au moins vous tenir la main, non ? »

« Ne me rabaisse pas. Nous avons fait ça correctement sur le chemin… n’est-ce pas ? »

« Hwah ? Hum, oui, » confirma Néphy.

En les voyant s’agiter et détourner les yeux, Manuela soupira.

« C’est peut-être suffisant pour vous deux, mais…, » Manuela s’interrompit un instant, puis continua comme si elle n’avait pas d’autre choix que de les aider. « Votre grande sœur vous apprendra à tenir la main comme le font les amoureux. »

« C-Comment les amoureux se tiennent la main !? » répétèrent Zagan et Néphy à l’unisson.

La seule idée qu’une telle chose puisse exister les avait profondément ébranlés.

Mais attendez, c’est Manuela. Elle pourrait essayer de nous faire faire quelque chose de bizarre à nouveau. Zagan se mit sur ses gardes lorsque Manuela ouvrit sa main devant elle.

« Très bien, d’abord, écartez vos doigts. »

« C-Comme ça ? »

Néphy avait fait ce qu’on lui a dit, et Zagan avait suivi, après tout, attiré par la perspective.

« Ok, ensuite, mettez vos paumes ensemble. »

« Hmm, comme ça ? » dit Zagan, en faisant correspondre sa main gauche à la droite de Néphy.

« Ça rend la marche difficile, non ? Alors, enroulez vos bras ensemble… Yup, comme ça. »

Elle ajusta la position de leurs mains, et leurs bras étaient maintenant liés. Ce niveau de contact physique faisait déjà battre le cœur de Zagan à tout rompre.

« Bien, maintenant, restez comme ça et serrez bien vos mains. »

Ils avaient fait ce qu’elle avait dit, et les doigts de Néphy et Zagan s’étaient entrelacés.

« Qu-Quoi !? » Ils s’étaient tous les deux exclamés sous le choc.

Il y avait un sentiment distinct d’être connecté qui ne pouvait même pas être comparé au fait de se tenir la main normalement. Tout, de leurs paumes à chacun de leurs doigts, était pressé l’un contre l’autre. Il n’y avait pratiquement aucune distance entre eux.

Est-ce que c’est… l’unité ? Les doigts de Néphy étaient entre les siens. S’il mettait trop de force dans sa prise, il semblerait qu’il allait la blesser, mais s’il l’affaiblissait trop, il avait l’impression que leurs mains allaient se séparer. Ce conflit rageur pour les moindres ajustements semblait être transmis à Néphy par ses moindres mouvements, et ses tremblements nerveux lui étaient également transmis. Au final, un énorme flot de puissance se déversa, et un tourbillon explosa avec en son centre leurs mains connectées.

Eh bien, c’était simplement la perte de contrôle du mana et de l’aura d’un Archidémon et d’une elfe de haut rang en raison de leur état mental, mais si Gremory voyait ça, elle s’exclamerait : « V-Votre pouvoir de l’amour a donné naissance à une masse de pouvoir ! »

Aucun d’eux n’utilisait réellement la sorcellerie ou le mysticisme. Du moins, ils ne le pensaient pas. En tout cas, ils pouvaient ressentir l’un et l’autre en se tenant la main de cette façon.

« Qu’est-ce que c’est ? As-tu utilisé une sorte de sorcellerie ? » demanda Zagan, tremblant de peur.

« C’est comme ça que les amoureux se tiennent la main ! » s’exclama Manuela en leur claquant des doigts. « Souvenez-vous-en bien. »

Elle avait l’air tout à fait satisfaite d’elle-même.

« Hnnngh. Comme c’est splendide, » dit Zagan avec une profonde admiration. « Le monde est si vaste. Quand je pense qu’une telle méthode pour se tenir la main existe ! »

« U-Um, on va… marcher dehors comme ça ? » demanda Néphy, rouge vif et visiblement ébranlé par cette idée.

« C’est tout ce que je peux faire pour vous, » dit Manuela avec un sourire satisfait et un signe de tête. « Amusez-vous bien maintenant. »

Zagan se demanda s’il était même possible pour eux de marcher comme ça, mais il secoua instantanément la tête pour éloigner ces faibles pensées.

Ne fais pas le timide maintenant ! Tu te prétends un homme, Zagan !? Il se réprimanda et redressa courageusement sa posture avant de se tourner vers Manuela.

« Il semble que je t’aie mal compris. Tu as mes remerciements. »

« Ce n’est pas grave. Je veux juste que Néphy soit heureuse, » dit Manuela joyeusement.

Sur ce, Zagan et Néphy étaient sortis de la boutique.

« Chef, vont-ils vraiment s’en sortir ? Ils ont fait un énorme boucan juste en se tenant la main…, » chuchota Kuu.

« Qui sait ? Eh bien, c’est amusant, alors c’est bien, non ? » murmura Manuela en réponse, aucune de leurs voix n’atteignant les oreilles de Zagan.

***

Parce qu’ils s’étaient un peu trop amusés dans la boutique de Manuela, le ciel avait commencé à devenir rouge lorsqu’ils étaient sortis. S’ils devaient faire le tour de la ville, il n’y avait pas beaucoup d’endroits où ils pouvaient s’arrêter. Zagan et Néphy traversèrent le quartier commerçant avec des mouvements encore plus maladroits que plus tôt dans la journée.

Ce n’est pas bon. Je suis si nerveux que ma tête ne fonctionne pas du tout. Même lorsque Zagan utilisait la sorcellerie pour contrôler la dopamine dans son cerveau, son cœur ne s’arrêtait pas de battre avec force. De plus, sa paume devenait moite et il se demandait s’ils pouvaient continuer à se tenir la main. Cependant, il sentait que s’il lâchait prise maintenant, il serait trop gêné pour recommencer.

Il en était de même pour Néphy. Même si la pointe de ses oreilles frémissait, elle gardait une prise ferme comme pour ne jamais la lâcher. La sensation de ses doigts fins et doux suffisait à l’envoyer au paradis.

« Où allons-nous aller ensuite ? »

« B-B-B-Bon ! E-E-Euh ! »

Peut-être à cause de l’escalade de la tension, leurs deux estomacs avaient soudainement grogné. Malgré sa grande honte, ce son avait fait sortir la force des épaules de Zagan.

« Maintenant que j’y pense, nous n’avons pas encore déjeuné », avait-il dit.

« Hee hee, tu as raison. »

Il semblerait que leur prochaine destination soit décidée. Cependant, s’ils mangeaient trop à cette heure, ils perdraient la chance de savourer le dîner que Foll, Raphaël et tous les autres étaient en train de préparer. Manger simplement quelque chose et le savourer sont deux choses différentes, après tout.

C’est dans cet esprit que Zagan s’était souvenu qu’il y avait un endroit avec des sièges en plein air qui proposait des repas légers. Le principal argument de vente du restaurant était les sucreries, donc ils ciblaient une population plus jeune. C’est là que Nephteros et les jumelles qui travaillaient pour Shere Khan s’étaient rencontrées il y a quelque temps.

Zagan avait commencé à s’en approcher, et cette fois, il avait assez de sang-froid pour au moins faire attention à son environnement.

« Hmm. Il n’y a personne habillée comme moi. Est-ce que ce sont vraiment des “vêtements normaux” ? » dit-il avec une pointe de suspicion.

Au moins, il avait une vague idée que ce n’était pas des vêtements qu’un noble porterait.

« Selon Manuela, » dit Néphy, « ces vêtements sont populaires à Raziel. »

« À Raziel, hein ? Ça me rappelle que même les masses communes là-bas étaient relativement prospères. »

Kianoides était la plus grande ville que Zagan connaissait, mais les marchandises qui garnissaient les boutiques de Raziel semblaient de meilleure qualité. La plupart des gens qu’il avait croisés là-bas portaient également des vêtements en soie d’une grande valeur.

Je suppose que c’est la différence entre un centre commercial et une métropole. Zagan avait récemment appris qu’une métropole définissait également les tendances actuelles. Manuela méritait vraiment la confiance qu’ils lui accordaient pour avoir compris si rapidement quelles étaient ces tendances.

D’ailleurs, peu importe le type de vêtements portés par Zagan et Néphy, ils étaient bien trop connus à Kianoides. Le simple fait de se promener de bonne humeur en portant de nouveaux vêtements à la mode faisait d’eux le centre d’attention, mais ils n’avaient aucune conscience de ce fait. Ils ne savaient pas non plus à quel point ils n’étaient pas à leur place.

Peu de temps après, ils avaient atteint le restaurant en question. Le propriétaire était sorti en vitesse pour une raison quelconque, disant quelque chose à propos d’avoir des sièges VIP prêts pour eux, mais Zagan avait demandé des sièges ordinaires le long de la route. Aujourd’hui, il voulait profiter de la « normalité ».

Prendre un siège signifiait devoir lâcher la main de Néphy. Zagan le fit à contrecœur et s’assit en face d’elle tandis qu’on lui présentait le menu.

« Maintenant, quoi prendre ? Hmmm…, » murmura-t-il.

« Oui… Ah. »

Ils avaient regardé le même menu et, sans le vouloir, sa joue était entrée en contact avec la sienne. Il n’avait pas besoin de regarder pour savoir que ses oreilles étaient devenues rouges. Sa joue était probablement de la même couleur.

***

Partie 6

Un plat farci de crème fraîche était porté à la table d’à côté, mais le client qui l’attendait faisait la grimace comme s’il souffrait déjà de brûlures d’estomac rien qu’en les voyant tous les deux.

Zagan s’était immédiatement retiré, agité.

« Uhhh, désolé. »

« Ne le sois pas ! Je ne l’ai pas détesté ou quoi que ce soit… »

Les clients du fond qui s’apprêtaient à commander des sucreries n’en pouvaient plus et ils passèrent leur commande au café amer. Ayant jugé qu’il ne pourrait plus vendre de sucreries dans ce restaurant de sucreries, le propriétaire du magasin s’était rapidement présenté devant Zagan et Néphy et leur avait indiqué un article du menu.

« Je le recommande aux jeunes clients comme vous. »

« Hmm. Alors on va faire comme ça. Est-ce que ça te convient, Néphy ? »

« Oui, allons-y. »

Le commerçant était parti, et les joues de Néphy avaient soudainement rougi.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Zagan.

« Hwah !? Non, hum… Nous avons fini par commander un plat assorti. »

« Uhhh, ouais, on l’a fait ! »

Il était normal qu’ils prennent le même repas à la même table au château, mais pour une raison inconnue, commander la même chose ici semblait immoral. À ce stade, les autres clients avaient l’impression que leur endurance était mise à l’épreuve. Certains téméraires avaient même commencé à commander des plats extraordinairement sucrés. Zagan et Néphy se souriaient l’un à l’autre, ne remarquant pas l’état de leur environnement, quand soudain, une voix inconsidérée les interrompit.

« Haha. Tu as l’air terriblement content de toi, Zagan. »

Surgi soudainement de nulle part, l’ami de Zagan, à l’aspect indésirable et malsain, se tenait devant eux.

« Hm ? Barbatos ? Comme c’est rare de te voir ici. »

En temps normal, Zagan aurait dû se moquer de l’homme, lui dire d’aller se faire voir, ou simplement le frapper sans prévenir. Cependant, Zagan était d’une humeur anormalement bonne en raison de son premier rendez-vous depuis longtemps, et il salua Barbatos avec un sourire. Barbatos recula comme s’il avait été témoin de quelque chose d’effrayant, puis grimaça.

« Uhhh… C’est quoi cet accoutrement ? » demanda-t-il, incrédule, en examinant Zagan de la tête aux pieds. « Hein ? Oh mec, tu te moques de moi. Ce ne sont pas des vêtements tout à fait normaux, n’est-ce pas ? »

On pourrait dire que Zagan marchait dans la ville avec Néphy, essentiellement sans armes. Barbatos, malgré les apparences, était un ancien candidat Archidémon. C’était un sorcier qui pouvait se mesurer à Zagan. Il pouvait dire en un coup d’œil que c’était le cas.

« Et bien, ce n’est pas une partie de plaisir ! Comme tu es maintenant, je peux totalement… »

L’instant d’après, Barbatos avait vu sa vie défiler devant ses yeux. Il avait vu Chastille paniquer alors que Foll lui demandait des histoires d’amour. Il avait vu la bataille contre le monstre terrifiant appelé Azazel qu’il avait menée aux côtés de Zagan. Il revit le jour où il avait cherché un ornement de cheveux qui conviendrait à cette fille à Alshiere Imera. Il avait goûté une fois de plus à la disgrâce de son ami minable qui l’avait battu pour le siège d’Archidémon. Il avait ressenti ce premier contact avec la chaleur d’une femme plus âgée, ce jour-là, pendant son enfance, en se demandant qui elle était. Et grâce à ce flash de souvenirs, Barbatos était arrivé à une certaine conclusion.

Oh. Si je me dispute avec lui maintenant, il va sérieusement me tuer. Naturellement, Zagan n’avait montré aucune hostilité. Il n’avait même pas pensé à tuer Barbatos. Il était de si bonne humeur qu’il acceptait avec un sourire une certaine impolitesse, même si elle venait de Barbatos.

Cependant, l’euphorie de l’expérience des amoureux se tenant la main avait grillé certains circuits de son cerveau. En ce moment, il n’avait aucune idée de ce qu’il devait retenir pour que quelqu’un ne meure pas de son coup de poing.

« Hm ? Qu’est-ce qui ne va pas, Barbatos ? » demanda Zagan avec un sourire.

« Uhhh… Ce n’est rien. Amusez-vous bien tous les deux. »

« D’accord ? »

Barbatos était parti sans leur accorder un autre regard.

« Y a-t-il un problème avec lui ? » demanda Néphy en penchant la tête.

« Qui sait ? Peut-être qu’il est juste prévenant à sa façon. »

Normalement, Zagan n’aurait jamais pensé à une telle chose, mais maintenant, cette pensée lui venait à l’esprit avec facilité. On pourrait également dire que Zagan ne s’intéressait tout simplement pas à la raison pour laquelle Barbatos agissait de la sorte.

Peu de temps après, leur commande était arrivée.

Oh oui, je n’ai même pas vérifié ce qu’on a commandé.

Après avoir vu ce qui avait été déposé sur leur table, Zagan et Néphy avaient eu les yeux écarquillés par le choc.

« Qu’est-ce que c’est ? » s’exclament-ils à l’unisson.

C’était une grande tasse avec deux pailles qui en sortaient. En plus de cela, les pailles étaient tordues ensemble pour former un cœur. La tasse était remplie de fruits colorés et de crème fraîche, cachant ce qui était probablement une sorte de boisson au fond. De plus, ils avaient également reçu deux cuillères, mais seulement une tasse.

L’ancien Zagan aurait probablement demandé bêtement pourquoi il n’y en avait qu’un. Cependant, grâce aux efforts de Manuela et de Gremory, il avait appris ce qu’il était typique pour les amoureux de faire ensemble. Il avait donc compris que ce moment était destiné à être partagé. C’était le moment qui récompensait les difficultés de leurs constantes jacasseries sur le pouvoir de l’amour.

« Gh ! »

« Hawawa ! »

Les deux individus tressaillirent devant l’épreuve soudaine qui les attendait. Néphy fut la première à reprendre ses esprits. Elle déglutit, puis prit timidement une cuillère et se servit de la crème.

« Vas-y, Maître Zagan, » dit-elle en le lui tendant.

« Hnnngh ! »

En d’autres termes, elle le nourrissait. Il souffrait déjà du choc de devoir manger dans la même tasse, et là, elle allait encore plus loin. Cependant, Zagan ne sentait pas la gêne monter en lui. Au contraire, il ressentait de la nostalgie.

Cela me rappelle la première fois que je suis venu en ville avec Néphy. À l’époque, elle avait simplement appelé Zagan « Maître ». Ressentir de la nostalgie ne signifiait pas pour autant qu’il restait calme. Zagan réprima le violent battement de son cœur et ouvrit la bouche.

La crème froide et sucrée s’était répandue sur sa langue.

« … C’est bon, hein ? »

« … Oui, » dit Néphy, puis elle continua dans le plus calme des murmures. « Maître Zagan, ne vas-tu pas me donner des ordres ? »

Elle lui avait demandé ça il y a si longtemps. Néphy se souvenait aussi de ce jour. Il en comprit le sens et hocha immédiatement la tête.

« C’est vrai… » dit Zagan, répétant la conversation de l’époque.

« Maître Zagan, peux-tu me pardonner de penser que je veux être avec toi pour toujours ? »

C’était similaire à ce qu’elle avait dit à l’époque, mais c’était un désir tellement plus clair.

« Je vais le permettre. S’il te plaît, reste à mes côtés pour toujours, » répondit Zagan comme si c’était parfaitement naturel.

Les deux avaient ri. Cela faisait presque un an qu’ils s’étaient rencontrés. Avaient-ils pu évoluer au cours de cette année ? Eh bien, compte tenu de leur rendez-vous d’aujourd’hui, on pourrait dire que leur progression avait été lente, mais les deux avaient suivi ce chemin ensemble. Il n’y avait pas besoin de se presser. Pourtant, ils avaient l’impression d’y aller un peu trop doucement.

Avant qu’ils ne s’en rendent compte, le soleil s’était complètement couché. Ils avaient fini par rentrer au château après n’avoir pris qu’une seule bouchée de leur parfait pour deux.

Après cela, à cause du tumulte de la visite de l’Archidémon, des rumeurs s’étaient répandues selon lesquelles les amoureux qui partageaient un parfait dans ce restaurant seraient ensemble pour l’éternité, ce qui avait considérablement augmenté les ventes du restaurant.

***

Le temps que l’Archidémon panique devant un parfait, Barbatos était de retour dans le bureau de l’église, fixant le plafond d’un air hébété. Il se faisait tard, donc l’elfe noire tatillonne et son accompagnateur Chevalier Angélique n’étaient pas là. La seule autre personne ici était Chastille, qui travaillait dur à son bureau après les heures de travail.

« S’est-il passé quelque chose, Barbatos ? » demanda-t-elle, toujours en parcourant rapidement son travail.

« Aah… Ce n’est rien, » répondit-il à demi-mot.

« Ça n’a pas l’air de rien… Je te donne mon avis si tu veux. »

« Abrutie. Dis ça quand tu pourras prendre soin de toi d’abord. »

« J’essaie bien sûr de prendre soin de moi, mais je me sens aussi redevable envers toi. Si je peux faire quelque chose pour t’aider à résoudre ton problème, j’aimerais le faire. »

« … Ferme-la, » dit Barbatos en se couvrant le visage en entendant sa déclaration embarrassante et inattendue.

« Eh bien, je ne te forcerai pas à le faire », poursuit Chastille, habituée à son comportement sec. « N’essaie pas de tout prendre sur toi sans raison valable, d’accord ? Je ne pense pas que tu fasses cela. »

Sa considération non désirée et son léger sarcasme redonnèrent suffisamment d’énergie à Barbatos pour qu’il lui adresse un sourire amer. Il avait saisi l’information selon laquelle deux nouveaux Archidémons avaient visité le château de Zagan. De plus, l’un d’eux était le Chat des Vallées Furcas, le champion suprême du saut dans l’espace.

Une sorte d’incident impliquant deux Archidémons s’était certainement produit, et pourtant, Barbatos n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait.

Si je ne l’ai pas senti, cela veut-il dire que ça s’est passé dans une autre dimension ? En tant que sorcier qui manipulait l’espace, il était humiliant pour lui de ne pas le percevoir. Il était allé voir Zagan pour lui demander des réponses, mais Zagan et son épouse avaient fait comme si rien ne s’était passé… En fait, ils avaient flirté encore plus que d’habitude.

Si Barbatos n’avait pas réussi à réprimer sa colère et avait quand même demandé, il serait vraiment mort maintenant. Il en avait assez de presque tout ce qui se passait. C’est alors que deux problèmes lui vinrent soudainement à l’esprit.

Aujourd’hui, ces deux-là étaient habillés différemment de la normale. C’était comme s’ils n’étaient pas des sorciers. C’était comme s’ils étaient « normaux ».

La pleurnicharde ne s’habille jamais comme ça… ? Cette fille trop sérieuse portait son uniforme de cérémonie même quand elle était chez elle. Sinon, elle portait une tenue guindée destinée aux nobles. La seule autre chose qu’elle portait était sa tenue de nuit. En contraste total, c’était une vieille chose à l’air tatoué. Même Barbatos pensait qu’un archange devait porter quelque chose d’un peu plus beau.

Il avait ressenti une curiosité soudaine pour savoir à quoi elle ressemblerait en « vêtements normaux ». Il dirigea son regard vers elle. Le stylo de Chastille continua à travailler sur la pile de documents considérablement réduite sur son bureau.

« Hé, Chastille. »

« … ? »

Il l’avait appelée par son prénom sur un coup de tête, puis il s’était voilé la face devant la gaffe. À cause de cela, elle avait senti que ce n’était pas une affaire banale. Elle avait arrêté son stylo et avait relevé la tête.

« Oui ? »

Elle n’avait rien dit de plus et avait simplement attendu.

Aah, c’était inutile… Il avait vraiment fait quelque chose de gênant maintenant. Avec Chastille comme ça, elle ne toucherait plus à son travail tant qu’il n’aurait pas dit ce qu’il pensait. De plus, elle n’avait aucune mauvaise intention et était prête à attendre le temps qu’il lui faudrait pour mettre de l’ordre dans ses idées. C’était vraiment une considération indue. Mais Barbatos l’avait bien cherché. Au moment où la trotteuse de l’horloge effectue deux rotations complètes, il alla enfin droit au but.

« Uhhh… Est-ce que tu… portes des vêtements ? »

En réponse à son magnifique lapsus, Chastille serra les épaules et se retira avec vigueur.

« C-C-C-C-Comment me trouves-tu en ce moment !? »

Un seul coup avait fait voler son masque de travail, et sa chaise était tombée derrière elle.

« Ce n’est pas ce que je veux dire ! »

« Alors qu’est-ce que tu veux dire !? »

Chastille hurla de stupéfaction et de honte alors que Barbatos s’enflamma et lui répondit en hurlant.

« Tu portes toujours ces vêtements à l’air étouffant, alors je te demande si tu n’as pas des trucs plus mignons ! »

« Hein… ? Mignonne… ? »

Chastille avait rougi à cause d’une émotion totalement différente maintenant.

« Hein ! ? Je n’ai rien dit de tel ! »

« Tu viens de le faire ! »

« Je parle de vêtements ! »

Et ainsi, comme tous les autres jours, leur querelle improductive avait résonné dans le bureau de l’église.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire