Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 14 – Chapitre 4 – Partie 2

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Chapitre IV : Le jour de repos de l’Archidémon

Partie 2

« Je ne suis pas vraiment du genre à me plaindre, mais est-ce pour ça que vous avez fini par venir dans ma boutique ? »

Zagan et Néphy avaient fini par aller dans la boutique de Manuela. C’était une femme-oiseau avec un grand talent en matière de mode. Cependant, elle avait l’horrible habitude d’utiliser tous ceux qui correspondaient à ses goûts comme poupées d’habillage. Zagan ne voulait évidemment pas visiter son magasin lors de son rendez-vous, mais Néphy et lui n’avaient rien de mieux à faire pour choisir des vêtements.

Manuela avait l’air étonnée par le choix de son cavalier, tandis que la fille vulpine, Kuu, courait partout en servant les clients, paniquée. Zagan n’avait jamais vu Manuela servir les clients correctement, il se demandait donc si elle avait vraiment fait un travail sérieux ici.

« Je trouve ça moi-même plutôt irritant, » dit Zagan avec amertume. « Pourtant, je ne me souviens pas avoir jamais été insatisfait de ce que tu as choisi pour nous. »

Honnêtement, il aurait préféré ne pas avoir à venir ici, mais il ne faisait aucun doute que Manuela avait un grand sens de la mode quand elle ne jouait pas. Néphy avait bien sûr l’intention de choisir les vêtements que Zagan porterait, mais elle pouvait le faire en toute tranquillité, précisément parce que Manuela s’était occupée de ce qu’il fallait lui montrer en premier lieu.

« Désolé, » dit Néphy avec un sourire crispé. « Il n’y a vraiment pas de meilleur endroit pour choisir des vêtements, en sachant que tout ce qu’on aura sera bon. »

« Eh bien, quand vous le dites comme ça, je dois juste jouer — je veux dire, je ne peux pas refuser, n’est-ce pas ? »

« Hé… Qu’est-ce que tu allais dire ? » demanda Zagan en tournant un regard acéré vers Manuela, qui détourna sans vergogne les yeux et se mit à siffler.

De toute façon, si Zagan était du genre à perdre son sang-froid à chaque fois qu’elle faisait ça, il ne serait même pas venu ici.

« Hmph, peu importe, » continua-t-il. « Plus important encore, nous cherchons des vêtements de printemps. Où les gardes-tu ? »

« Nos articles de printemps sont alignés sur l’étagère là-bas. Les vêtements de nuit, nous les gardons plus loin dans la pièce secrète… »

« Nous n’avons pas besoin de tout ça. »

Bon, il ne pouvait pas nier avoir un certain intérêt pour le sujet, mais ce n’était pas le moment approprié. Zagan se dirigea vers l’étagère en question avant qu’elle ne commence à faire quelque chose d’inutile.

« Manuela, où gardes-tu les vêtements des hommes ? » demanda Néphy. « Je n’en vois pas. »

« Les vêtements pour hommes sont par là, sur les étagères plus au fond… Hein ? Attendez, vous êtes ici pour chercher des vêtements pour Monsieur Zagan ? »

« Hum, oui… Nous voulions choisir des vêtements pour l’autre, » dit Néphy en souriant timidement, ce qui fit battre à nouveau le cœur de Zagan. En revanche, l’expression de Manuela était devenue sinistre.

« Ah oui, vous êtes ici pour un rendez-vous, non ? » demanda-t-elle.

« Hum, oui…, » répondit Néphy en hochant la tête alors que ses oreilles rougies frémissaient.

Manuela tourna un regard incrédule vers Zagan et déclara : « Eh bien, il n’y a pas de mal à être un peu brut de décoffrage si vous êtes ici pour acheter des vêtements, mais n’avez-vous rien de mieux pour vous promener lors d’un rendez-vous ? »

Zagan était habillé dans sa robe habituelle, donc elle avait raison. Ce n’était pas très approprié pour un rendez-vous. Tout ce qu’il pouvait faire était de gémir.

« Qu’est-ce que je peux faire ? Les vêtements d’un sorcier sont remplis d’une multitude de sortilèges. Je ne peux pas les échanger contre autre chose à tout moment. »

Pour un sorcier, les vêtements étaient une forteresse de sorcellerie. La capacité de Zagan à dévorer la sorcellerie provenait du fait qu’il écrasait le sort de son adversaire après avoir vu ce qu’il lançait et invoquait exactement la même chose au même moment. Cependant, pour qu’il puisse traiter autant d’informations aussi rapidement, il devait accélérer les signaux qui traversaient ses nerfs et renforcer leur force pour qu’ils puissent résister à la charge. Ce n’est qu’en superposant de telles sorcelleries les unes sur les autres, des sorcelleries qui submergeraient n’importe quelle personne normale, qu’il avait pu faire étalage de sa puissance.

Kianoides était le domaine de Zagan. Enlever sa robe ne le laissait pas complètement désarmé, mais cela aurait été l’équivalent de jeter la sorcellerie qu’il avait toujours à portée de main. Quelqu’un du niveau de Barbatos aurait besoin de deux, voire trois coups de poing sérieux pour être tué dans ce cas. De plus, même s’il ne se passait rien en ce moment, Zagan était en guerre contre Shere Khan, alors il n’allait pas faire quelque chose d’aussi stupide, même lors d’un rendez-vous avec Néphy.

« Haaah, » Manuela soupira ostensiblement. « Ce sont vos circonstances, pas celles de Néphy, non ? »

« M-Manuela. Nous avons décidé d’aller à un rendez-vous juste ce matin, alors Maître Zagan n’a pas eu le temps de se préparer. »

« Ne le défends pas, Néphy. C’est une question d’étiquette. N’es-tu pas habillée pour être toute mignonne ? »

Ces mots d’une sincérité inattendue avaient fait écarquiller les yeux de Néphy et l’avaient fait reculer d’un pas.

« Grr. Comment oses-tu... »

Voyant Zagan clairement décontenancé par les commentaires de Manuela, Kuu avait commencé à paniquer.

« Chef ! Vous en avez trop dit ! Monsieur Zagan est un Archidémon, vous savez !? »

 

 

Le monde était vaste, mais Manuela était probablement la seule civile à oser parler aussi durement en pleine face de Zagan.

Les épaules de Zagan tremblaient tandis qu’il poussait rageusement son doigt vers elle et déclarait : « Il n’y a pas de place pour la discussion ! C’est exactement comme tu le dis ! »

Il se redressa alors de toute sa hauteur, maudissant sa propre faiblesse, et se tourna vers Néphy.

« Désolé, Néphy. Je t’ai fait honte. »

« Pas du tout ! Cela ne me dérange pas. Au contraire, grâce à cela, j’ai le plaisir de choisir des vêtements pour toi, Maître Zagan. »

« Je vois… Néphy, tu es si gentille. Bon, c’est décidé. Je vais essayer tout ce que tu veux aujourd’hui. J’achèterai même ce qui te plaît. »

« O-Okay ! »

Il n’avait pas oublié son objectif de choisir des vêtements pour Néphy, bien sûr. Mais avant cela, Zagan devait devenir un homme convenable pour elle. En voyant les deux individus se serrer la main et se regarder, Manuela grimaça comme si elle avait trouvé le plus amusant des jouets… Non pas que Zagan l’ait remarqué.

***

« Alors, Néphy, quel genre de vêtements veux-tu que Maître Zagan porte ? Personnellement, je trouve que ces épaulettes hérissées ressemblent vraiment à un habit d’Archidémon ! »

« Allons, ne fais pas l’idiote, Manuela. Je dois trouver quelque chose qui convienne à Maître Zagan. »

Le ton soudainement ferme de Néphy avait fait naître un sourire sarcastique sur le visage de Manuela.

« Hee hee… Des vêtements qui lui conviennent, dis-tu ? Eh bien, quel genre de choses as-tu en tête ? »

« Voyons voir… Dans le rêve d’hier… hum, je veux dire, la queue de pie qu’il portait pour moi l’autre jour a laissé une belle impression. Elle lui allait parfaitement. »

Elle l’aimait bien, celui-là. Les joues de Néphy devinrent légèrement rouges alors qu’elle regardait ce moment comme si elle rêvait.

« Attends, quoi ? Monsieur Zagan portait une queue de pie ? Qu’est-ce qui a provoqué cela ? » demanda Manuela en saisissant fermement les épaules de Néphy.

Néphy avait instinctivement détourné son regard et avait répondu : « Hum, c’est un peu difficile à expliquer. »

Eh bien, il aurait été assez difficile pour toute personne normale de comprendre le rêve que Lilith leur avait montré. Cependant, la réponse évasive n’avait fait que stimuler encore plus l’imagination de Manuela. Zagan aurait vraiment préféré qu’elle et Gremory apprennent à se maîtriser.

« Hnnngh ! C’est le genre de situation que le camarade Gremory adore ! Et toi, Néphy ? Quel genre de tenue portais-tu ? Peux-tu me le dire en détail ? »

« Eep ? M-Moi ? Je, euh…, » Néphy avais traîné en longueur. Elle remua ensuite ses index et répondit d’un air satisfait : « J’ai porté… Les vêtements de Maître Zagan… »

Bien que sa voix se soit pratiquement transformée en un murmure à la fin, les yeux de Manuela brillaient comme ceux d’un oiseau de proie.

« La chemise du petit ami ! Pourquoi ne m’as-tu pas appelée pour voir ça !? Je t’aurais coordonné la tenue parfaite ! » hurla Manuela en se serrant la tête de désespoir.

« Hum, chef, n’ont-ils pas pu se lâcher précisément parce que tu n’étais pas là ? » Kuu murmura sur le côté.

« Kuu ? Veux-tu essayer de servir les clients en micro bikini cet après-midi ? »

« Chef ! Kuu est une bonne fille ! Kuu n’a rien dit ! »

La pauvre petite vulpine suppliait pour sa vie, les larmes aux yeux. Sur ce, Néphy reprit ses esprits et laissa échapper une toux intentionnelle.

« Pour l’instant, nous discutons des vêtements de Maître Zagan, Manuela. »

« Ouais, ouais. Hmm… Veux-tu qu’il porte quelque chose de plus ajusté ? »

« Ce n’est pas vraiment le cas… ou attends, non, peut-être que si. Maître Zagan a une jolie silhouette, après tout. »

D’une certaine manière, les écouter parler de lui avait donné des démangeaisons à Zagan.

Si je devais dire, alors je suis en fait heureux à ce sujet, alors pourquoi je me sens si embarrassé !?

Néphy semblait devenir timide rien qu’en parlant de cela, car elle couvrait ses joues rouges avec ses deux mains. Son comportement adorable avait presque fait que Zagan s’était serré le cœur et s’était accroupi au sol. D’un autre côté, Manuela, qui appréciait de près la figure timide de Néphy, prit une expression sérieuse inattendue.

« Je vois. Trouver quelque chose qui lui convienne est important, mais comment veux-tu qu’il soit lorsque vous vous promenez ensemble en ville ? Quel genre de tenue veux-tu qu’il porte pour cela ? »

« De quoi ai-je envie d’avoir l’air pendant que nous nous promenons… ? » marmonna Néphy, qui s’enfonça dans ses pensées avec un air infiniment sérieux avant que ses oreilles pointues ne se dressent. « Je veux essayer de me promener habillé comme les autres habitants de la ville ! »

Les yeux de Zagan s’écarquillèrent en entendant cette réponse totalement inattendue.

Maintenant que j’y pense, Néphy n’a jamais porté de vêtements semblables à ceux des autres habitants de la ville.

Il en allait naturellement de même pour Zagan. Il avait toujours eu l’impression qu’il ne pouvait pas faire porter à Néphy des vêtements miteux, aussi avait-il fini par lui choisir des robes et des chemises de grande classe. Cependant, bien que de tels vêtements soient standards pour les nobles et autres, ils ne l’étaient pas pour les habitants ordinaires de la ville.

De toute façon, quel genre de vêtements portent les habitants de la ville ?

Il avait croisé de nombreuses personnes sur le chemin, mais leur image restait floue dans son esprit. Peut-être que le fait de ne pas avoir de caractéristiques particulièrement distinctes était le but ?

Normalement, quand il se promenait avec Néphy, il n’avait d’yeux que pour elle… et quand il était seul, il ne prenait pas la peine de faire attention à qui que ce soit autour de lui. C’était le résultat final de telles actions. Non pas que Zagan comprenne vraiment cette facette de lui-même, bien sûr. Laissant de côté l’Archidémon qui réfléchissait à de telles choses, Manuela acquiesça.

« Mhm. J’ai compris. Allons-y avec des vêtements normaux comme concept d’aujourd’hui. »

« Des vêtements normaux ? » Zagan et Néphy répétèrent, hochant tous deux la tête, même si les mots avaient un sens individuellement.

« Maintenant que tu le dis, nous ne possédons rien que tu puisses considérer comme normal, » répondit Zagan.

« Oui, quel angle mort, » avait convenu Néphy.

Pendant la période où il était orphelin, il aurait été absurde de qualifier les haillons qu’il avait portés de vêtements corrects, et les objets qu’il avait volés ou trouvés étaient pour la plupart déchirés et sales, donc aucun d’entre eux ne pouvait être considéré comme un « vêtement normal ». Maintenant qu’il y pensait, Zagan réalisait qu’il était si peu familier avec ce concept qu’il n’aurait jamais eu l’idée lui-même. Il hocha la tête en signe de compréhension lorsque Manuela sortit un ensemble complet de vêtements.

« Que diriez-vous de quelque chose comme ça pour commencer ? Essayez-le. »

Il pensait qu’elle allait commencer à changer ses vêtements sans le demander — de manière assez terrifiante, cette femme-oiseau n’était pas une sorcière, mais elle pouvait changer les vêtements de quelqu’un si rapidement que ses sens d’Archidémon ne pouvaient pas suivre — mais au lieu de cela, elle l’avait conduit au dressing. Quelle était son intention ?

« Prends ton temps, Maître Zagan. »

« O-Ouais. Je reviens tout de suite. »

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