Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 12 – Chapitre 2 – Partie 9

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Chapitre 2 : Quand les pleurnichards attirent, tout le monde a la vie dure

Partie 9

« Hum… Je suppose que vous ne pouvez pas vraiment considérer mon problème comme quelque chose qui mérite d’être angoissé… Récemment, un nouveau résident a emménagé dans le château. »

« Hmm. Un sorcier ? » demanda Chastille.

« Euh, je me le demande ? Il était apparemment un sorcier avant, mais il ne s’en souvient plus maintenant. Je ne pense pas que vous puissiez vraiment l’appeler un sorcier désormais. »

Mais il faisait toujours partie des Archidémons. Pour Lilith, les Archidémons étaient comme Zagan et Marchosias, des sorciers qui possédaient un pouvoir et une majesté énormes. Orias semblait être une Archidémon gentille, mais dès qu’elle cessait de sourire, elle était aussi capable de déchaîner une telle pression qu’il était impossible de la regarder dans les yeux. Lilith ne pouvait pas du tout imaginer Furcas faire la même chose.

« Cette personne a-t-elle causé des problèmes ? » demanda Chastille.

« Je suppose qu’on peut appeler ça des ennuis…, » Lilith avait fait une pause, puis elle avait pris une profonde inspiration avant de continuer. « Il m’a avoué ses sentiments… et je ne sais pas quoi faire. »

Les yeux de Chastille s’ouvrirent en grand. Puis elle hocha la tête comme si elle avait bien compris et dit : « Je vois… C’est pour cela que vous êtes troublée. »

« Je suis sûre qu’il est sérieux, mais j’ai fini par découvrir qu’il était amoureux de quelqu’un d’autre avant de perdre ses souvenirs…, » marmonna Lilith. Quand elle l’avait dit à haute voix, la poitrine de Lilith avait soudainement souffert. « La personne qu’il aimait est une de mes précieuses amies. Elle est vraiment maladroite, et on dirait qu’elle essaie de me le cacher, mais elle a vécu des expériences horribles, et pourtant elle continue à faire de son mieux… »

Lilith ne pouvait même pas imaginer combien il était difficile de vivre dans un pays sans sorciers pendant mille ans. Pourtant, elle savait qu’il devait être douloureux de se séparer immédiatement de tous ceux qu’elle rencontrait. Il aurait dû être possible pour Alshiera d’obtenir un peu de bonheur pour elle-même.

« Hak, gak, hnnngh… »

Pour une raison inconnue, Chastille avait serré sa main sur sa poitrine et avait eu une quinte de toux comme si Lilith avait parlé d’elle.

« Y a-t-il un problème, Chastille ? »

« Non, ce n’est rien. Rien du tout… Continuez, s’il vous plaît. »

À en juger par la sueur froide qui coulait sur le front de Chastille, cela ne semblait pas être rien, mais Chastille refusait obstinément d’en dire plus sur le sujet. Lilith s’était demandé si elle pouvait se permettre de ne pas appeler un médecin, mais elle avait décidé de continuer comme demandé.

« Je ne peux pas m’empêcher de me demander si les sentiments qu’il a pour moi maintenant ne devraient pas être dirigés vers elle… Elle dit que ce n’est pas le cas, mais j’ai l’impression de lui arracher quelque chose qu’elle aurait dû accepter… »

« Ce n’est pas vrai ! » cria Chastille avec conviction, en attrapant les épaules de Lilith. « Si cet homme est vraiment tombé amoureux de vous pour remplacer votre amie, alors c’est la lie de la terre. »

Lilith pouvait voir que Chastille savait que ce n’était pas le cas. Chastille continua en regardant Lilith dans les yeux.

« Mais s’il ne l’a pas fait, alors cela signifie qu’il est tombé amoureux de vous après avoir résolu correctement ses sentiments, » dit-elle. Des larmes avaient même perlé dans ses yeux lorsqu’elle avait déclaré : « Je suis sûre que ses sentiments pour vous sont bien plus grands que ceux qu’il a éprouvés pour votre amie ! »

Lilith était complètement submergée par sa passion. La réponse de Chastille semblait provenir de ses propres expériences.

« Avez-vous aussi vécu quelque chose de similaire ? » demanda Lilith.

Cela avait ramené Chastille à la raison. Son visage était devenu rouge vif, du menton jusqu’à la pointe des oreilles.

« Augh… Non, hum, je suis, hum… »

Il semblait que les femmes plus âgées étaient vraiment plus expérimentées en matière d’amour. Lilith avait accepté ses paroles avec une facilité inattendue.

« Je vois… Je n’y ai jamais pensé de cette façon, » murmura Lilith.

« M-Hmm ! Je suis… monsieur c’est le caté ! »

Chastille s’était mordu la langue en paniquant. On aurait dit qu’elle ne savait même pas ce qu’elle disait. Pourtant, Lilith pensait que ces grands sentiments étaient vraiment destinés à Alshiera. N’était-ce pas sale de les lui arracher ? Plus elle pensait à affronter Furcas, plus elle se sentait coupable, non seulement envers Alshiera, mais aussi envers Furcas. C’était comme si elle le trompait. Mais peut-être que Lilith s’en était convaincue uniquement pour se faciliter la tâche.

« Je ne pense pas pouvoir lui donner une réponse tout de suite, » répondit Lilith après une longue pause. « Alors d’abord, je vais essayer d’en apprendre plus sur lui. »

L’expression de Chastille s’était détendue avec soulagement. Cependant, elle était toujours rouge vif et avait les larmes aux yeux.

« Je pense que c’est une bonne idée, » dit-elle. « Je veux dire, qui sait, vous pourriez finir par tomber amoureuse de quelqu’un d’autre. »

« Quelqu’un d’autre… ? »

Pour une raison inconnue, l’amie d’enfance insouciante de Lilith lui était soudainement venue à l’esprit.

À quoi je pense ? On est toutes les deux des filles.

Elle s’était immédiatement débarrassée de ces pensées.

« Hum, merci de m’avoir écoutée. Vous avez donc vraiment une telle expérience, Chastille ? »

« Hein ? Non, hum, pas vraiment, mais peut-être juste un peu, donc… »

Le visage de Chastille semblait prêt à s’enflammer à tout moment. Elle secoua la tête, puis déplaça son regard vers le bas.

« Bon, vous vous êtes ouverte à moi sur un sujet difficile à aborder, alors je devrais aussi vous parler du mien…, » dit-elle.

« Vous n’avez pas besoin de le faire ! Je voulais juste que quelqu’un m’écoute ! Vous ne devriez pas vous forcer à me le dire ! »

Lilith était déjà très reconnaissante. Cependant, Chastille secoua la tête une fois de plus et commença à parler avec une expression fugace de tristesse.

« Hum… Il y a une fille nommée Foll qui vit avec Zagan, non ? »

« Hein ? Oui. C’est une bonne fille. »

Lilith était restée abasourdie à la mention d’un nom inattendu. Foll était la fille de l’Archidémon Zagan, et pourtant elle travaillait toujours dans la cuisine avec elle. Elle avait également pris part au groupe d’aujourd’hui et semblait s’amuser beaucoup. Honnêtement, il était difficile de croire qu’elle était en fait une sorcière, et encore moins une dragonne. Elle se comportait comme n’importe quel autre enfant normal. Lilith ne pouvait pas imaginer que Foll puisse causer des problèmes à quelqu’un d’autre. S’était-il passé quelque chose avec Chastille ? Lilith pencha la tête alors que Chastille se tripotait les doigts et en vint timidement au fait.

« Elle m’a rendu visite l’autre jour…, » dit-elle, puis elle s’arrêta. De toute évidence, les mots suivants étaient restés bloqués dans sa gorge, mais le chevalier angélique avait fini par se couvrir le visage et avait poursuivi : « Elle m’a posé des questions sur l’amour ! »

Les yeux de Lilith s’étaient ouverts à la nouvelle choquante. Puis, elle avait demandé, « Les choses ne vont-elles pas devenir vraiment sérieuses si Son Altesse entend parler de ça… ? »

« M-mmm. Je le pense aussi, donc je ne lui ai pas dit. »

En vérité, Zagan avait déjà entendu parler de l’affaire, et cela s’était transformé en une réunion de famille des forces les plus puissantes de son camp, mais ces filles n’avaient aucun moyen de le savoir.

Chastille avait réussi à se calmer un peu après s’être ouverte. Elle avait finalement baissé les mains de son visage avant de poursuivre : « Elle m’a demandé toutes sortes de choses embarrassantes, mais on peut les laisser de côté. Je suis sûre qu’elle tombera amoureuse un jour, alors ce comportement n’est qu’une preuve de sa croissance. »

Si c’était tout, alors on pourrait certainement en rire comme de la curiosité précoce d’un enfant. Mais l’Archidémon pourrait en faire une telle histoire que ce serait la fin du monde. En tout cas, qu’est-ce qui inquiétait Chastille ?

« Hum, jusqu’à il y a peu de temps, il y avait quelqu’un que j’aimais, » poursuit Chastille. « Cependant, lorsque je l’ai rencontré, il avait déjà une amoureuse, donc je ne pouvais pas être avec lui. Mais il avait traversé des moments si difficiles que je voulais être là pour qu’il puisse compter sur moi. »

Lilith avait hoché la tête en entendant cette histoire étrangement familière.

Non pas que je pense qu’il y ait quelqu’un ici qui ait eu la vie aussi dure qu’Alshiera… Ainsi se convainquait Lilith, incapable d’identifier son roi, Néphy, ou même elle-même.

« Eh bien, à la fin, il ne s’est jamais retourné vers moi. Il ne m’a même pas remarqué, en fait. Je ne voulais pas non plus me mettre en travers de leur chemin, donc je pensais avoir réglé ces sentiments en moi… Je pensais l’avoir fait, mais… »

Le sourire de Chastille n’était pas vraiment lumineux, mais il n’était pas non plus obscurci. Comme elle l’avait dit, elle avait déjà pris une décision claire à ce sujet. Lilith ne connaissait pas encore très bien l’amour, elle ne pouvait donc pas vraiment imaginer la douleur d’un amour non partagé.

Ce qui signifie que Furcas a longtemps souffert après avoir rencontré Alshiera…

Elle ne compatissait pas vraiment avec lui, mais cette pensée lui faisait mal au cœur.

Après cela, le visage de Chastille était redevenu rouge, elle avait renvoyé son regard vers le bas et avait dit : « Bon, ça suffit comme ça… Hum, quand Foll est venue m’interroger sur l’amour, le visage de quelqu’un d’autre m’est venu à l’esprit… »

Lilith était restée bouche bée devant cette remarque inattendue. Pendant Alshiere Imera, elle s’était évanouie après avoir bu. Pendant les vacances sur l’île inhabitée, elle avait été avec Selphy. Ainsi, à ces deux occasions, elle n’avait pas vu Chastille passer du temps avec Barbatos.

« Quel genre de personne est-il ? » demanda Lilith en se penchant sur la table.

« Hein ? Hum, même si vous me le demandez… je pense… qu’il n’est… pas vraiment un gentleman. Il se moque toujours de moi et me traite de pleurnicharde… et me traite comme une amazone. Aussi, je pense qu’il fait probablement de mauvaises choses quand je ne regarde pas ? Hmm. C’est le pire. »

Lilith avait l’impression qu’il était le genre d’homme qu’un Chevalier Angélique ne devrait pas fréquenter, ou qu’il devrait arrêter, mais elle avait sagement gardé cette pensée pour elle.

Le fait de le dire à haute voix avait semblé irriter Chastille. Sa voix s’était faite plus rauque dans la dernière partie de sa déclaration. Et pourtant, pensant peut-être être allée trop loin, elle s’était mise à marmonner.

« Mais… parfois, c’est une bonne personne. Seulement parfois, cependant. Oh, et il m’a aussi donné une jolie décoration de cheveux. »

Maintenant qu’elle l’avait mentionné, Lilith avait remarqué que Chastille avait une jolie épingle à papillon qui ornait ses cheveux. Elle avait l’air d’être faite en or véritable plutôt qu’en bronze, ce qui montrait que c’est un cadeau qui avait été sérieusement considéré.

« De plus, il me protège toujours. C’était apparemment la demande de Zagan au départ, mais maintenant, il me sauvera probablement en ignorant complètement ce fait. Je veux dire, il m’a même aidée pour des choses sans rapport avec cette demande… »

Lilith avait finalement compris pourquoi Foll était allée poser des questions à cette fille.

J’ai compris ! C’est ce que ça veut dire de se vanter de sa vie amoureuse !

Maintenant qu’elle y réfléchissait, il était tacitement entendu parmi les gens du château que Zagan et Néphy étaient destinés à être regardés de loin, donc il n’y avait pas beaucoup d’occasions de les interroger directement sur leur vie amoureuse. Elle était sûre que les deux parleraient longuement si on le leur demandait, mais cela provoquerait une overdose de sucre.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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