Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 12 – Chapitre 2 – Partie 4

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Chapitre 2 : Quand les pleurnichards attirent, tout le monde a la vie dure

Partie 4

« S’il vous plaît, dites-lui, Lady Alshiera. »

« Cela ne fera qu’attirer les soupçons. Il n’y a aucune raison de faire ça le jour de son anniversaire. »

C’était le karma, en un sens. Alshiera avait souri amèrement.

« C’est Maître Zagan qui en décidera, » dit Néphy en secouant la tête de manière rassurante. « De plus, il n’a jamais vu quelqu’un fêter son anniversaire auparavant. Si vous connaissez un tant soit peu son passé, alors présentez-lui vos félicitations. »

Son épouse était toujours aussi têtue et autoritaire quand il s’agissait de Zagan. Alshiera releva soudainement la tête, voyant que Foll et Lilith hochaient également la tête avec elle.

« Eh bien… Je vais au moins faire l’effort, » murmura Alshiera.

« S’il vous plaît, faites-le. C’est une promesse, » dit Néphy.

Elle était vraiment sans pitié. Après avoir confirmé qu’Alshiera avait cédé, Lilith s’était tournée vers Naberius.

« L’idée est donc de fabriquer quelque chose pour y stocker le kiseru. Est-ce que vous savez quelque chose à ce sujet ? Aucun d’entre nous n’a jamais fumé. »

« Je connais bien ça. Il y a beaucoup de cas différents, alors je vais vous faire des plans. J’ai eu l’occasion d’entendre toutes sortes de choses amusantes aujourd’hui, alors je vous suis redevable. »

Alshiera commençait à penser sérieusement à mettre fin à l’affaire d’aujourd’hui avec ceci… quand Naberius s’était soudainement rappelé quelque chose.

« Maintenant que j’y pense, » dit-il, « je ne vous ai pas parlé de ça, n’est-ce pas, Lilith ? Comment ça se passe avec Furcas ? »

Le visage de Lilith s’était splendidement raidi face à la manifestation d’une toute nouvelle calamité.

À peu près au même moment où une calamité s’abattait sur Lilith au Palais de l’Archidémon, Zagan se promenait dans les rues de Kianoides.

Argh ! Qu’est-ce que je dois faire pour le cadeau de Néphy !?

Elle était sûre d’être heureuse de tout ce qu’il lui offrirait, mais c’est exactement ce qui rendait les choses extrêmement difficiles. Naberius était déjà en train de fabriquer une bague que Zagan devait offrir à Néphy. C’était une bague de mariage, ce qui était une nécessité entre un mari et une femme normaux. Cependant, cela et son anniversaire étaient des choses totalement différentes.

En ce qui concerne les choses que Néphy a déjà aimées… Je suppose qu’il y a ces gants que je lui ai donnés, non ?

Elle avait été plutôt enchantée par le cadeau qu’il lui avait offert pour Alshiere Imera. Elle était même allée jusqu’à les porter et les frotter contre sa joue quand elle dormait. Le simple fait d’essayer d’imaginer une telle chose était susceptible de faire exploser le cœur de Zagan. Pourtant, c’était un peu un problème qu’elle les chérisse trop et ne les utilise pas régulièrement.

Dans ce cas, pourquoi pas un ruban ?

Néphy avait toujours ses beaux cheveux blancs attachés avec un ruban rouge. S’il lui en offrait un, elle pourrait l’utiliser tous les jours, et elle le porterait certainement.

Mais un ruban est-il un cadeau convenable pour un homme ?

Zagan n’avait pas les connaissances nécessaires pour le discerner. Il aurait peut-être mieux fait de s’en remettre honnêtement à Manuela ou à d’autres, mais dans ces moments-là, il préférait essayer de réfléchir par lui-même. De nouveaux vêtements étaient une autre option, mais quand il s’agissait de vêtements, il préférait les choisir avec Néphy, ce qui rendait impossible d’éviter d’impliquer Manuela.

Alors que de telles pensées traversaient son esprit, Zagan arriva à l’Église.

Il faut donc que je fasse quelque chose pour que je puisse fêter l’anniversaire de Néphy sans réserve.

C’était un problème qui devait être prioritaire par rapport à l’élimination de Shere Khan. Et juste au moment où il levait la main pour frapper à la porte…

« Hein ? Zagan ? »

« Hrm ? Chastille ? »

La porte s’était ouverte toute seule de l’intérieur, révélant un visage familier. Chastille — aux cheveux et aux yeux écarlates — arborait une expression digne. Elle était apparemment en mode travail. Quand il s’agissait de sa vie privée, elle se transformait toujours en épave, mais il n’en allait pas de même au travail. Elle ne portait pas les vêtements d’un évêque, mais était plutôt vêtue d’une Armure Sacrée.

« À en juger par ton apparence… s’est-il passé quelque chose ? » demanda Zagan avec une grimace.

Cette fille ne portait pas seulement le titre de « Vierge de l’épée sacrée », mais était également la responsable de cette église. Elle se consacrait habituellement aux tâches de bureau, elle ne montait pas souvent au front. Il devait y avoir une urgence pour qu’elle prenne son épée.

Chastille secoua la tête d’un air inquiet avant de répondre : « Non, ce n’est pas encore très grave. Nous avons juste reçu de nombreux rapports faisant état de l’apparition d’un individu suspect à la périphérie de la ville. Vu les circonstances actuelles, je suis un peu inquiète, alors j’aimerais aller voir de mes propres yeux. »

« En périphérie, hein ? »

Kianoides était sous l’autorité de l’Église, mais était aussi le domaine de Zagan. De multiples barrières qui réagissaient à toute intrusion de sorciers protégeaient la ville. Cependant, cela ne s’appliquait qu’à l’intérieur de la ville. Ils ne pouvaient rien détecter à la périphérie.

Cela veut-il dire que quelqu’un qui connaît l’emplacement exact du bord de ma barrière se faufile pour un repérage ?

Au minimum, il fallait les compétences d’un candidat Archidémon pour y parvenir. L’intuition de Zagan était probablement la même que celle de Chastille.

« Penses-tu que c’est un des subordonnés de Shere Khan ? » lui demande-t-elle pour être sûre.

« Ce serait l’hypothèse logique… »

« Tu dis ça comme si tu avais une autre idée. »

Quand il s’agissait de travailler, cette fille était vraiment très compétente.

Zagan acquiesça d’un air irrité, puis dit : « Il est grand temps que Bifrons prenne des mesures indépendantes. Nous devrions envisager le pire scénario si c’est ce qui se passe, cependant, ce salaud va sûrement pousser les choses un peu plus loin que ça. »

« Es-tu venu ici pour me dire ça ? » demande-t-elle avec une grimace. Elle en avait déjà fait l’expérience par elle-même.

« Oh… Non, je suis venu pour discuter d’un autre sujet, » répondit Zagan d’un air las. « J’aimerais voir Nephteros… »

Il n’était pas venu en ville aujourd’hui pour choisir un cadeau. Son but était de voir Nephteros.

« Nephteros ? Elle devrait encore être dans mon bureau, » déclara Chastille d’un air confus. « Est-ce urgent ? Elle a dit qu’elle allait se rendre à ton château dans l’après-midi. »

Nephteros se rendait régulièrement au château pour prendre des leçons de mysticisme céleste auprès d’Orias. Cependant, le sujet qu’il souhaitait aborder serait difficile dans cette situation. Il était certain qu’elle détesterait l’idée que Néphy les entende, et Zagan voulait résoudre ce problème avant son anniversaire. Il pensait que Chastille devait aussi être au courant, mais elle partait en patrouille. La secouer trop pourrait faire s’écrouler son mode de travail, aussi décida-t-il de ne pas l’impliquer.

« Uhhh, oh c’est bon… En fait, j’ai appris la date de l’anniversaire de Néphy et Nephteros. »

« Hein ? Leur anniversaire ? » marmonna Chastille, l’air complètement confus. Mais elle avait ensuite pressé sa main sur son front en comprenant et elle avait dit : « Veux-tu dire que tu ne le savais pas jusqu’à maintenant ? »

« Je ne savais même pas que les anniversaires étaient censés être célébrés…, » murmura Zagan sur la défensive.

L’ombre aux pieds de Chastille avait tremblé. D’après le malaise que Zagan pouvait sentir en son sein, il semblait que le maître de cette ombre ne le savait pas non plus… ou l’avait complètement oublié. Zagan avait même l’impression d’entendre l’ombre ondulante dire : « Je t’en supplie, demande à la pleurnicharde quand est son anniversaire. »

Demande-lui toi-même, bon sang…

Cela dit, il était clair comme le jour que cet homme se moquerait de Zagan pour avoir fait tout un plat de l’anniversaire de Néphy. S’il partageait la même préoccupation, cela permettrait de contrôler ce genre de comportement, dans une certaine mesure.

« Maintenant que j’y pense, quand es-tu née ? » demanda Zagan, ne voyant aucun autre recours.

« Hein ? Je ne m’attendais pas à ce que tu t’en soucies. »

« J’ai une raison de t’en parler maintenant. Cela rendra les choses plus faciles par la suite. »

Chastille pencha la tête en signe de perplexité, mais répondit quand même : « Je suis née le dix-neuf d’Arnaki. »

« Hmm ? C’est assez proche de l’anniversaire de Néphy. Comme c’est pratique. »

La façon dont l’ombre aux pieds de Chastille se tortillait de désespoir était toujours aussi agréable.

« C’est vrai ? Quand est l’anniversaire de Néphy ? »

« Apparemment, le vingt-quatre… Ne le dis à personne, d’accord ? Je veux lui faire la surprise. »

« Vous êtes toujours les mêmes, tous les deux. D’accord. Promis, » dit Chastille… avant de s’interrompre et de demander : « Alors, c’est quand exactement ton anniversaire ? »

« Est-ce que j’ai l’air de savoir ? »

« Désolée, je n’aurais pas dû demander. »

Elle détourna rapidement son regard, comprenant tout de suite l’essentiel de la situation. Puis, elle se souvint soudainement de quelque chose, se retourna vers Zagan, et demanda, « Alors, est-ce que tu sais quand est l’anniversaire de Barbatos ? »

« Penses-tu vraiment que je connais des informations aussi inutiles ? »

« Il n’est pas vraiment sans valeur, n’est-ce pas ? Même lui a le droit d’être félicité pour son anniversaire. »

L’ombre avait sauté sur la balle perdue inattendue.

« Je vois…, » murmura Zagan, les bras croisés. « Alors il faut vraiment féliciter quelqu’un pour son anniversaire. »

Les yeux de Chastille s’ouvrirent en grand. Une seconde plus tard, elle adressa à Zagan un doux sourire et lui dit : « Ce serait bien si nous pouvions trouver la date de ton anniversaire un jour. Je suis sûre que Néphy et tous les autres voudront le fêter avec toi. »

« Tu as peut-être raison… »

Cependant, cela ne pouvait se produire que si quelqu’un connaissait la date exacte. Zagan sourit amèrement, sans savoir que les autres paniquaient déjà sur ce qu’ils allaient faire pour son anniversaire.

« Bon, il faut que je me remette au travail, » dit Chastille. « Je vais demander à quelqu’un d’appeler Nephteros pour toi… Torres, as-tu un moment ? »

Elle avait appelé quelqu’un à l’intérieur de l’Église, et l’un des trois idiots s’était approché. C’était le lancier. Il s’éloigna pour aller chercher Nephteros, et Chastille poursuivit son chemin. Quelques minutes plus tard, Nephteros était sortie de l’Église.

Ses traits étaient extrêmement similaires à ceux de Néphy. Elle avait des oreilles pointues comme une elfe, et ses cheveux étaient argentés. Par contre, contrairement à Néphy, ses yeux étaient dorés et sa peau était foncée. Elle s’était installée dans l’Église, mais n’en faisait pas vraiment partie, elle restait donc habillée comme un sorcier. Cette femme était maintenant considérée comme la petite sœur de Néphy, mais était en fait son clone.

« C’est inhabituel pour toi d’avoir des affaires avec moi, Grand Frère. Est-ce que quelque chose est arrivé ? »

« Oui…, » dit Zagan en accompagnant sa belle-sœur jusqu’à la place devant l’Église et en la faisant asseoir sur un banc. « Il y a quelque chose d’important que je dois te dire. C’est peut-être un peu dur à entendre pour toi, mais… »

Nephteros se raidit. Cependant, comme il s’en était peut-être déjà rendu compte, il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour se préparer.

« D’accord… Laisse-moi écouter. Qu’est-ce qui arrive à mon corps ? » avait-elle demandé.

Zagan prit une profonde inspiration, puis il déclara d’une voix claire : « Nephteros. Tu vas mourir dans quelques mois. »

Tel était le problème sur lequel Zagan s’était creusé la tête, au point qu’il avait dû mettre en veilleuse les préparatifs pour la célébration de l’anniversaire de Néphy.

 

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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