Chapitre 4 : Le rêve du vampire était si triste que j’ai dû disperser du sucre partout
Partie 1
C’était un monde entièrement noir. Elle ne pouvait même pas voir ses propres bras lorsqu’elle les étendait. En fait, il n’était même pas clair s’il y avait un ciel ou un sol. Alors, où se tenait-elle exactement ? Était-elle effondrée, peut-être ? Son corps était lourd. Elle n’arrivait pas à mettre de la force dans ses membres.
Ah, ce sentiment est le même qu’à l’époque.
Elle avait déjà éprouvé cette même sensation à l’époque d’Alshiera Imera. Elle avait l’impression que son corps ne lui appartenait même pas. En y repensant maintenant, cela signifiait-il que son corps vivait la même chose ? Elle pensait à cela dans un étourdissement alors qu’une petite ombre flottait doucement devant elle. La silhouette lui était familière, alors elle essaya de l’appeler par son nom.
« — »
Sa voix refusa de sortir. Néanmoins, l’ombre la remarqua et se retourna avec étonnement.
« … Est-ce Kuroka ? »
L’ombre prit le contour vague d’un visage très familier : Lilith, la princesse des succubes.
« Quelle surprise ! J’en ai entendu parler par Son Altesse, mais tout est permis quand on est comme ça, hein ? » Lilith déclara cela, puis elle se brossa la tête d’un air troublé.
« Pourtant, c’est dangereux par ici, alors tu ne peux pas venir. »
Une chose sombre se répandait derrière Lilith. C’était une présence redoutable qui possédait une volonté propre. Et elle savait que Lilith marchait vers elle. Elle avait beau essayer de lui hurler de ne pas y aller, sa voix restait silencieuse. Pourtant, Lilith comprit et esquissa un sourire.
« Je vois. Tu t’inquiètes pour moi… Merci, » dit Lilith en la serrant très fort dans ses bras. « Tu te souviens quand Son Altesse fabriquait la source chaude et que nous avons été attaquées par deux sorcières ? À l’époque, j’avais trop peur pour faire quoi que ce soit, mais tu les as maîtrisées toute seule. Je me sens un peu pathétique d’admettre cela, mais je me suis sentie super soulagée à l’époque. Tu étais vraiment cool. »
Elle sentit un battement extrêmement rapide dans la poitrine de Lilith. Les bras de la fille tremblaient très légèrement. Néanmoins, Lilith rassembla son courage.
« Tu sais quoi ? Je te respecte vraiment pour m’avoir protégée sans aucune hésitation, » dit-elle, puis elle se retourna rapidement.
« Il y a quelqu’un au-delà d’ici qui est incapable de revenir et qui est plutôt troublé… Et je suis la seule à pouvoir le sauver… C’est probablement même impossible pour Ma Dame. Il est inutile pour quiconque autre que la princesse des succubes d’essayer. »
Rien de tout cela n’importait à Kuroka. Lilith était sa précieuse amie d’enfance. À ses yeux, il était bien plus problématique de la voir courir vers le danger. Ainsi, Kuroka tendit les bras vers Lilith pour l’arrêter, mais elle ne pouvait rien sentir. Ce n’était même pas clair si elle avait des bras. Quoi qu’il en soit, elle se tendit désespérément pour essayer d’arrêter son amie d’enfance, même si elle devait la mordre et la tirer en arrière avec ses dents. Pourtant, tout ce que Lilith faisait, c’était lui sourire avec un regard troublé.
« Je ne sais pas qui est là-bas. Le laisser n’affectera pas ma vie de quelque manière que ce soit. Mais je suis sûre que je le regretterai si je ne le sauve pas. Rester assise et ne rien faire est à tous les coups le mauvais choix. »
Avec ça, elle posa Kuroka.
« C’est pour ça que j’y vais. Pour que, quand je reviendrais, je puisse être fière d’être ton amie d’enfance. »
◇◇◇
« Lilith ! » Kuroka s’était exclamée en se réveillant en sursaut et en se retrouvant dans une pièce inconnue. Elle essaya de se lever, mais sa vision était floue. Elle ressentit une énorme envie de vomir et haleta par réflexe pour respirer.
« Vas-tu bien, Kurosuke ? »
« Monsieur… Shax ? »
Elle avait un terrible mal de tête et ne pouvait pas focaliser sa vision. Pourtant, elle était persuadée que celui qui se trouvait devant elle était ce sorcier maladroit. Elle se jeta sur sa poitrine et le supplia.
« Contact… Zagan. Lilith… Lilith est en danger ! »
« J’ai compris ! J’ai compris, d’accord !? Alors, lâche-moi ! T-Tes vêtements ! »
« Mes vêtements… ? » Kuroka marmonna en regardant son corps. Elle avait une couverture d’apparence bon marché sur ses genoux qui faisait un peu mal quand elle frottait contre elle, ce qui signifiait qu’elle touchait directement sa peau. Et au moment où elle retrouva ses esprits, elle remarqua deux bourrelets au-dessus de ses genoux. Elle savait que c’était ses seins, mais pour une raison inconnue, leurs pointes roses étaient clairement visibles. Rien ne les couvrait. Cela aurait été normal dans le bain, mais c’était plutôt inconvenant en ce moment.
Kuroka passa plusieurs secondes à cligner des yeux à plusieurs reprises, réfléchissant à sa situation actuelle. Elle n’en avait pas eu besoin, cependant, car la réponse était claire dès le début. Pour une raison inconnue, Kuroka était complètement nue et s’exposait.
« Hyah !? »
Elle cria et se couvrit les seins dans un mouvement de panique. C’est alors que ses souvenirs étaient revenus. La nuit dernière, alors qu’elle discutait des résultats de ses enquêtes avec Shax et Gremory, Kuroka avait bu du vin de prune d’été. Elle se souvenait également qu’il contenait de la vigne argentée, un aphrodisiaque pour les races félines telles que les tabaxis et les cait siths. Et maintenant, elle se retrouvait le matin suivant sans même un sous-vêtement. À en juger par les cigarettes froissées sur la table, elle pouvait deviner que quelqu’un avait passé toute la nuit ici, en détresse.
« … Hein ? Wah ! Wah !? Hyah !? »
Son esprit et son corps n’arrivaient pas à suivre et elle poussait des cris insensés. Quelque chose de doux avait été soudainement posé sur ses épaules. Il semblait que Shax avait mis ses vêtements de dessus sur elle.
« Ah… Hum, tu sais ? J’ai fait de mon mieux pour ne pas regarder. »
Même si Kuroka savait dans un coin de son esprit que sa considération montrait qu’il l’avait traitée avec gentillesse la nuit précédente, le pourquoi du comment inondait encore ses pensées. Elle comprenait qu’elle était totalement fautive d’avoir ignoré Shax et Gremory lorsqu’ils l’avaient mise en garde contre la boisson, mais elle n’arrivait toujours pas à se faire une idée de sa situation actuelle. C’était censé être le plus grand événement de sa vie, mais elle ne se souvenait de rien. Le fait qu’elle ne puisse pas se souvenir frappa Kuroka plus durement que tout autre chose.
« M-Monsieur Shax ? Qu’est-ce que j’ai, hum… ? »
« C-C-C-Calmes-toi, ok ? Tout va bien. »
Elle ne savait pas si c’était vrai, mais elle acquiesça tout de même d’un signe de tête ferme.
Après cela, Shax prit une profonde inspiration et il déclara. « À première vue, tu ne te souviens de rien, n’est-ce pas ? »
« … Je n’ai aucun souvenir. Désolée. »
« Ne le sois pas, c’est bon. »
Sérieusement, rien n’allait. C’était tout à fait risible qu’elle ne puisse pas se rappeler sa première fois.
« Juste pour que tu saches, tu as probablement mal compris quelque chose, » ajouta Shax d’un ton réconfortant. « Ce qui t’inquiète n’est pas arrivé, alors détends-toi. »
« Hein… ? Ce qui veut dire… ? »
Elle leva les yeux vers lui, incapable de comprendre, quand l’expression de Shax devient grave.
« Hier soir, après avoir bu, tu es redevenue un chat noir. »
Un silence perçant avait rempli la pièce.
Un… chat ?
Elle avait compris les mots, mais il lui avait fallu plus de dix secondes pour les digérer.
« Ummm, un chat… ? » demanda-t-elle, doutant encore de ses oreilles.
« Oui, comme à l’époque d’Alshiere Imera. »
Kuroka était une fée connue sous le nom de Cait Sith. C’était gênant qu’elle ne puisse pas le contrôler, mais elle était capable de se transformer en chat noir. Juste pour s’en assurer, elle replia son pouce et serra légèrement sa main comme une patte de chat à côté de son visage.
« Umm, par chat… tu veux dire comme ça ? »
« … O-Ouais ! C’est ça ! »
Pour une raison inconnue, ce geste avait fait que Shax avait serré sa poitrine, mais Kuroka n’avait pas eu le courage de demander pourquoi.
« Kurosuke, c’était la première fois que tu avais de la vigne d’argent, non ? C’est probablement pour ça que ton corps a réagi. Tu as commencé à rétrécir après t’être effondrée, alors je t’ai porté ici en toute hâte. »
Kuroka ne savait pas à quoi ça ressemblait quand elle se transformait en chat. Shax ne savait sûrement pas quoi faire quand elle avait soudainement commencé à se transformer. La raison pour laquelle elle était nue semblait soudainement évidente.
Après avoir jeté un coup d’œil dans la pièce, elle vit que ses vêtements étaient étalés sur le lit comme si elle avait rampé hors d’eux.
Elle était restée assise, complètement hébétée, tandis que Shax poursuivait. « C’est une ville de sorciers. Il est tout à fait possible que des gars aient remarqué que tu es une espèce rare. C’est pourquoi, humm, désolé, mais je suis resté ici toute la nuit. »
Même s’il était resté dans la pièce, il y avait des ombres noires sous ses yeux. On dirait qu’il était resté debout à la surveiller tout le temps. En d’autres termes, ce n’est pas arrivé. Kuroka avait envie de mourir d’embarras.
« … Hum, désolée de t’avoir dérangé, » lui déclara-t-elle.
« Ne le sois pas. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. »
Kuroka avait couvert son visage de honte.
« Alors, qu’est-ce que tu disais ? Lilith ? C’est la fille dont le patron s’occupe, non ? »
« Oh ! C’est vrai ! Lilith est peut-être en danger ! Nous devons nous dépêcher de retourner au château de Zagan ! »
« Calme-toi. À quelle distance penses-tu que Kianoides est ? Prévenons d’abord le patron par la sorcellerie. »
Une sorte de ténèbres terrifiantes et épouvantables existaient dans ce rêve. Kuroka ne croyait pas qu’il s’agissait d’une simple vision, ce qui la laissait perplexe.
Shax lui brossa doucement la tête pour la calmer.
« Je te dis de te détendre. Crois au patron. Il n’est pas du genre à laisser ses subordonnés se faire tuer. Il va certainement la sauver. »
Ces mots avaient suffi à la rassurer.
C’est vrai. Zagan est là-bas avec elle.
C’était l’Archidémon qui avait accepté un Archange, son supposé ennemi, et qui avait pris le poids de la vengeance de Kuroka sans poser de questions. C’est lui qui l’avait sauvée.
« Il faut aussi croire en soi, » déclara Shax.
« Euh… pourquoi ? »
Elle ne savait pas ce qu’il y avait en elle à croire, dans cette situation.
Shax posa ses mains sur ses deux épaules alors qu’elle était assise là, déconcertée.
« Tu es une Cait Sith. Tu portes chance. De plus, tu es la fée la plus aimée au monde. Rien qu’en croyant en sa sécurité, tu devrais être capable de l’aider. »
Je ne suis vraiment pas de taille pour lui…
Même s’il était normalement si obtus, il servait de pilier de soutien à Kuroka dans des moments comme celui-ci. C’est pourquoi elle lui avait fait un signe de tête ferme.
« Bien. Je vais croire en la sécurité de Lilith et prier pour elle. »
« C’est l’idée, » dit Shax en détournant les yeux. « Euhhh… Je vais aller contacter le patron, donc, euh, tu devrais, tu sais… t’habiller… Je veux dire… »
Kuroka avait clairement vu Shax rougir. Elle avait les vêtements d’extérieur de Shax sur ses épaules, mais était toujours essentiellement nue. Sa réaction était tout à fait logique.
« … Hum, Monsieur Shax ? » Elle prononça son nom et attrapa sa manche pour l’empêcher de partir.
« Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Est-ce que ton, hum, cœur palpite ? Quand, hum, je veux dire, tu me vois comme ça. »
Elle avait l’impression qu’elle ne pourrait pas s’en remettre s’il disait qu’il n’était pas intéressé. Néanmoins, elle décida d’oser demander une réponse. Le visage de Shax s’était crispé, mais il avait compris qu’elle n’avait pas l’intention de la lâcher avant qu’il ne lui réponde.
« Bien sûr que oui ! » avait-il crié.
C’était la première fois qu’elle obtenait de lui la réponse qu’elle voulait. En réponse, elle remonta le vêtement de Shax sur sa bouche et sourit.
« Alors je te pardonne pour hier soir. »
Il l’avait traitée comme une enfant et méprisée en tant que membre du sexe opposé, mais sa réponse à l’instant était suffisamment satisfaisante pour qu’elle lui pardonne tout.
merci pour le chapitre