Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 11 – Chapitre 2 – Partie 3

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Chapitre 2 : Le mal d’amour d’une fille est une calamité pour laquelle même un Archidémon ferait de l’hyperventilation

Partie 3

« Argh. Maintenant que j’y pense, cette fille est en fait un amas de fétiches. C’est impossible qu’elle n’ait pas d’histoires d’amour à elle ! J’aurais dû l’observer plus attentivement. Pourquoi est-ce que tout le monde bouillonne de pouvoir de l’amour alors que je ne suis pas là !? »

Elle n’avait pas du tout repris ses esprits. Kuroka laissa échapper un soupir.

Je me demande si M. Shax peut déjà revenir ici…

Kuroka et Shax étaient au milieu d’une enquête dans cette ville. Elle ne savait pas pourquoi cette mamie était venue. Kuroka obtenait des informations de l’Église, tandis que Shax obtenait des informations des sorciers. C’est pourquoi ils agissaient séparément l’un de l’autre.

Comme la situation dans le bar le laissait supposer, Orycheio était une ville où les sorciers pouvaient peser de tout leur poids. L’Église n’était rien de plus qu’une façade publique, il n’y avait donc pas beaucoup d’informations à glaner auprès d’eux. C’est pourquoi Kuroka avait déjà fini d’obtenir tout ce qu’elle pouvait.

Après être revenue au bar où ils avaient prévu de se retrouver, elle trouva cette mamie en train de faire des histoires. Elle ne voulait pas s’impliquer avec elle maintenant, alors Kuroka prit un siège au comptoir plus loin dans le bar.

« Je vais prendre un verre de lait, s’il vous plaît. »

« … Vous savez que c’est un bar, n’est-ce pas ? »

Apparemment, elle devait commander quelque chose d’alcoolisé.

Ce truc est si amer que je n’arriverai jamais à l’aimer… Elle ne connaissait même pas le nom des boissons. Le bar était essentiellement un point de rassemblement pour les ruffians, donc ils n’avaient rien qui ressemblait à un menu.

« Alors, donnez-moi quelque chose de facile à boire, » dit-elle sans autre choix.

Elle se demanda s’il y avait de l’alcool destiné aux débutants, mais le barman ne montra aucune hésitation lorsqu’il remplit une chope d’une sorte de liquide doré. La couleur ressemblait à de la bière, mais il n’y avait pas de bulles. Était-ce une sorte d’alcool distillé ? Kuroka ne possédait malheureusement pas les connaissances nécessaires pour le savoir à vue. Il avait ensuite sorti une grande cuillère et avait commencé à verser une bonne quantité de miel.

Je n’ai pas besoin d’autant de miel…

Elle voulait se plaindre d’être traitée comme une enfant, mais peut-être était-ce simplement le genre de boisson qu’il s’agissait. Kuroka décida de se taire et de laisser le barman mixer.

« … Voilà. Un vin de prune d’été. »

Kuroka approcha son visage de la chope qu’il avait posée devant elle. Elle prit une bouffée d’air et fut accueillie par un parfum particulier qui était à la fois doux et aigre.

Ah, j’ai l’impression d’avoir déjà senti cette odeur à la maison… peut-être ?

Elle ne pouvait pas identifier l’origine de cette odeur, mais elle avait de nombreux souvenirs d’avoir senti un tel arôme auparavant. C’était nostalgique, et les oreilles triangulaires au sommet de sa tête s’agitèrent. Elle ne savait rien de la qualité de l’alcool, mais elle aimait cette odeur. Et juste au moment où elle porta la chope à ses lèvres pour en goûter…

« Du brandy pour moi ! »

La crise de Gremory était apparemment terminée. Elle s’était assise à côté de Kuroka sans la moindre retenue.

« … Hum, avez-vous besoin de me demander quelque chose ? » Kuroka demanda cela.

« Keehee, quelle question stupide ! Il n’y a qu’une seule raison possible pour que je vienne ici, n’est-ce pas ? »

« De harcèlement ? »

« La mission de mon roi… »

Kuroka était quelque peu déconcertée par sa réponse étonnamment correcte.

Dans ce cas, vous devriez agir un peu plus sérieusement… Elle voyait cette femme de temps en temps au château de Zagan, mais Kuroka n’arrivait pas à s’y habituer. Chaque fois qu’elles se rencontraient, la mamie disait quelque chose ou autre sur le pouvoir de l’amour et faisait des histoires, comme elle l’avait fait il y a quelques instants. Il serait déraisonnable de demander à Kuroka de s’entendre avec elle.

Gremory lui fit un profond signe de tête. « Eh bien, je ne nie pas qu’un de mes objectifs soit exactement comme vous le dites ! »

« Pouvez-vous le nier ? »

Kuroka avait attendu qu’une chope soit posée devant Gremory avant de passer aux choses sérieuses.

« Alors, de quoi avez-vous besoin ? Monsieur Shax est toujours en ville si vous avez besoin de lui. »

« C’est ça. Sérieusement. Je pensais que cet homme avait du potentiel, mais il a laissé une chose aussi horrible se produire. Laisser une dame toute seule dans une ville comme celle-ci, c’est comme demander qu’elle soit enlevée, vous ne trouvez pas ? »

« C’est… ! » Kuroka haussa soudainement la voix d’un ton rude à cette déclaration inattendue. « Parce que… J’ai dit qu’il serait plus efficace de se séparer et de travailler séparément… »

« Quand bien même. Peu importe vos compétences, vous êtes une espèce rare dans une ville de sorciers. »

« Ah… »

Un sorcier n’accorderait même pas un regard à un tabaxi, mais Kuroka était une espèce rare appelée cait sith. Non seulement ça, mais elle était aussi une quatre-oreilles. Elle avait la protection de l’Église et de l’Archidémon Zagan, mais cela ne changeait rien au fait qu’elle était dans une position précaire.

Elle est peut-être venue pour me protéger ?

Le comportement excentrique de Gremory faisait en effet fuir tous ceux qui tentaient d’approcher Kuroka. Si cette mamie s’inquiétait réellement pour elle, alors elle ne pouvait pas se plaindre de ses bizarreries.

« J’admets que mon jugement était plutôt imprudent, mais ce n’est pas la faute de Monsieur Shax, » dit timidement Kuroka.

« Hmph. C’est ce que je me demande, » répondit Gremory en plissant les yeux d’irritation tout en fixant Kuroka. « Alors, essayez de me dire ce qu’il a fait durant ces trois derniers jours. »

« Il m’a un peu aidé. En venant ici, il a entre autres caché mes queues en utilisant sa robe. Et quand je tremblais de froid la nuit, il m’a donné son manteau. Et aussi… »

« Hm ! Hmmm ! Et ! ? Et ! ? »

Les yeux de Gremory brillaient d’un feu ardent tandis que du sang s’écoulait de son nez.

« Hum… »

« Hrm !? Oh là, là. Il semble que trop de pouvoir d’amour se soit accumulé ici. Pas besoin de s’inquiéter pour moi. Continuez à me parler de votre amour… Je veux dire, dites-m’en plus sur ce qu’il a fait ! »

« … »

 

 

Il semblerait qu’elle ait été bien menée en bateau. Kuroka lança un regard noir à Gremory. Mais la vieille mamie n’avait pas tenu compte de ses critiques et elle rapprocha son visage encore plus près.

« Alors ? Il vous a prêté son manteau ? Dites-moi en plus à ce sujet. »

« Il vient de me le prêter ! Il n’y avait rien de fâcheux… »

« Nay ! C’est important ! Se promène-t-il avec une cape de rechange ? Non ! Il n’en a pas ! Cela signifie qu’il vous a prêté la cape qu’il portait ! »

« Qu’est-ce qui ne va pas avec ça ? C’était un peu sale, mais ce n’était pas ça… »

« Hnnnngh ! Il l’a porté ! Je veux en savoir plus sur la façon dont vous avez agité les manches longues en disant “Hm, Monsieur Shax, c’est un peu grand”, ou “Ça sent comme vous”, et comment il a réagi ! »

« Pourquoi vous savez ça ? Vous regardiez !? » Kuroka hurla en se levant d’un bond.

Gremory était juste en train de faire des spéculations. Kuroka s’était alors soudainement rendu compte qu’elle attirait l’attention des autres clients en criant de la sorte. Ses joues avaient rougi alors que Gremory se rapprochait pour donner le coup de grâce.

« Hmm ? Alors, vous avez vraiment dit ça ? »

« Ahhhhhh ! »

Incapable d’en supporter davantage, Kuroka s’était effondrée, face contre le bar.

« Hum, ne vous méprenez pas. Je ne me moque pas de vous. Je voulais simplement donner des conseils sur le fait qu’une telle approche est un moyen valable d’accumuler intelligemment du pouvoir de l’amour qui fonctionnera même sur un crétin comme lui… »

Arrêtez ! N’agissez pas gentiment tout d’un coup !

Kuroka avait envie de pleurer en tremblant sur le bar lorsque la main de Gremory s’était posée sur son épaule.

« Laissez-moi juste dire ceci… Belle puissance de l’amour. Vous êtes magnifique. »

Je déteste vraiment les sorciers !

Alors même qu’elle maudissait Gremory dans son esprit, Kuroka n’avait plus d’énergie pour parler à voix haute. Juste à ce moment-là, Shax était finalement revenu. Il était grand et longiligne, mais la façon dont il se courbait le faisait paraître étrangement petit. Ses cheveux brun-roux étaient négligés et il avait une barbe assez importante, ce qui donnait à ce jeune homme une apparence peu attrayante.

« … Hé, c’est quoi toute cette agitation ? »

Kuroka n’avait pas eu l’énergie de lui répondre et était restée étalée sur le comptoir.

« Ce n’est rien, » répondit Gremory d’un air optimiste. « Je lui ai simplement demandé quels étaient vos progrès ces derniers jours. C’était vraiment un délice, c’est à peu près tout ce que j’ai à dire sur le sujet. »

« Essaie de ne pas trop t’en prendre à Kuroka, Gremory. Même si elle a une épée sur elle, elle reste une fille normale, tu sais ? »

« Hrk... Argh, » Kuroka gémit alors qu’un coup terrible frappait son cœur.

Alors s’il te plaît, essaie de me traiter comme une fille plus régulièrement… Mais, hein ? Je suppose qu’il me traitait comme une fille quand il m’a prêté son manteau, non ? Hein ?

Kuroka venait juste de le remarquer et elle sentit son visage devenir rouge vif. Elle était contente qu’il soit caché contre le bar.

« Ooh... Dame Kuroka, vos oreilles sont rouge vif. Est-ce que vous allez bien ? » demanda Gremory.

Elle n’allait pas du tout bien.

« Restons-en là…, » ajouta Shax. « Alors ? Qu’est-ce que tu fais ici ? C’est un peu extravagant pour un rapport normal. »

Exactement. Malgré son comportement, cette grand-mère était toujours la main gauche de l’Archidémon. Il fallait que ce soit une grosse affaire pour qu’elle agisse personnellement. Et pourtant, Gremory souriait comme si ce n’était pas le cas.

« C’est simple. Trois jours se sont écoulés depuis que vous êtes partis tous les deux. Mon souverain a supposé qu’il était temps pour vous de trouver quelque chose et d’avoir besoin d’aide, alors il m’a ordonné de venir. »

Kuroka et Shax étaient en train de traquer Shere Khan et Bifrons. Il leur avait fallu une journée entière pour arriver ici, si bien que leur enquête proprement dite durait depuis deux jours maintenant. Ce n’était pas beaucoup de temps, mais comme ils agissaient sous les ordres de l’alliance entre Chastille et Zagan, ils avaient réussi à recueillir des informations beaucoup plus rapidement que prévu. Orycheio étant une ville bâtie sur la collusion entre l’Église et les sorciers, c’était un facteur majeur derrière cela. Ils étaient capables de collecter de manière exhaustive des informations des deux côtés.

« … Notre patron est aussi terrifiant que d’habitude, hein ? » dit Shax en ébouriffant ses cheveux avec un soupir.

« Keehee, il vous estime beaucoup. Et si vous l’acceptiez avec gratitude ? »

« Aah, par terrifiant, je veux dire qu’il comprend parfaitement notre situation même s’il ne regarde pas. Pourquoi penses-tu qu’il t’a envoyé au lieu de ton pote Kimaris ? »

Gremory le regarda avec curiosité et répondit. « Vous avez raison. Kimaris aurait certainement été plus rapide en tant que messager. »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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