Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 11 – Chapitre 2 – Partie 1

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Chapitre 2 : Le mal d’amour d’une fille est une calamité pour laquelle même un Archidémon ferait de l’hyperventilation

Partie 1

« Dans ce cas, j’hériterai du nom du Roi aux yeux d’argent, » déclara sans hésiter le garçon aux yeux d’argent.

Je ne pouvais pas le comprendre. Non, je ne pouvais pas le croire. Après avoir dit cela, il m’avait serrée dans ses bras avec une expression désolée.

« … À partir de maintenant, je suis sûr que tu vas traverser de nombreuses expériences douloureuses et amères durant le temps que tu passeras dans ce monde, Ashy. Et malheureusement, je ne pourrai pas rester à tes côtés dans ces moments-là. Alors… »

Le garçon sera mort avant moi. Il était possible pour lui de rejeter son humanité et de vivre éternellement comme un mort-vivant, mais il n’avait pas choisi cette voie. Même moi, je ne pouvais pas lui souhaiter une telle chose. Et bien que je comprenne cela, le garçon avait dit quelque chose de complètement inattendu. Je lui avais répondu d’une voix tremblante, lui demandant s’il comprenait vraiment le sens de ce qu’il disait.

« Hmm… C’est pourquoi je vais devenir le Roi aux yeux d’argent. Je n’ai pas besoin d’un nom sur ma pierre tombale. Tant que le monde parlera du Roi aux yeux d’argent, je serai là avec vous tous. C’est après tout la seule et unique chose que je peux laisser derrière moi pour vous. »

Ce garçon était un héros qui avait sauvé le monde. Même si c’était peu de temps comparé à moi, il aurait pu passer le reste de sa vie à se prélasser dans la gloire de ses accomplissements. Et pourtant, il avait dit qu’il voulait tout jeter et hériter du nom du Roi aux yeux d’argent.

« Préparons une histoire ensemble, Ashy. Une aventure dans laquelle tout le monde peut se plonger. Je veux dire, le Roi aux yeux d’argent est un héros de légende, non ? Oh, je sais ! Et si on chassait un méchant dragon ? Et puis, tu peux avoir le rôle de la princesse qui doit être sauvée. »

Le garçon parlait avec l’innocence d’un enfant. Je m’étais trouvée incapable de répondre tout de suite. Je savais que si j’essayais de dire quoi que ce soit, je ne serais plus capable de retenir mes larmes. C’est pourquoi j’avais fait de mon mieux pour sourire et lui dire qu’Orobas serait en colère s’il faisait d’un dragon le méchant.

« Oups. Fâcher Orobas, c’est un peu effrayant, hein ? OK, alors faisons d’Orobas mon compagnon qui a combattu à mes côtés. J’ai déjà combattu sur son dos, donc ce n’est pas vraiment un mensonge, non ? Quant au dragon maléfique… Oh, pourquoi pas Marbas ? »

Après cela, nous avions imaginé de nombreuses histoires. Nous étions tous deux encore jeunes, alors ce n’étaient que des histoires idiotes et banales. Néanmoins, ces histoires étaient imprégnées de nos vies.

« J’espère que tu pourras me pardonner de t’avoir tout mis sur le dos, » déclara le garçon quelque temps plus tard, en s’excusant jusqu’au bout.

J’avais secoué la tête, toujours aussi inchangée par le temps.

Je lui avais dit que j’avais reçu beaucoup d’amour.

Je lui avais dit qu’on m’avait laissé tellement de choses.

Et donc, je lui avais dit qu’il n’avait plus besoin de s’inquiéter.

Je ne savais pas si j’avais réussi à garder un sourire correct à ce moment-là. Mais malgré tout, le garçon avait touché ma joue et m’avait dit. « Prends soin de Zagan et de Lilith. »

Ce furent ses derniers mots.

◇◇◇

Alshiera s’était réveillée. Elle était à l’intérieur de la grotte sous le château de Zagan. C’était l’espace qu’elle avait emprunté pour entretenir ses chasseurs de séraphins et confectionner leurs munitions. Et comme elle monopolisait cet espace ces derniers temps, son propriétaire passait la plupart de son temps hors du château, au Palais de l’Archidémon.

« … Un autre rêve. »

Elle avait eu des rêves du passé assez souvent récemment. Alshiera toucha son abdomen. Il était encore humide d’un liquide sombre. La mort l’envahissait. Cependant, elle ne ressentait aucune peur. Au contraire, elle se rappelait simplement de nombreux souvenirs nostalgiques. Elle avait continué à exister dans ce monde en tant que morte-vivante pendant un millier d’années. Ainsi, dans un sens, le temps qu’elle avait passé dans ce monde ressemblait à une lanterne qui tournait très lentement.

« Si tu vis, tu vas sûrement… »

Il était aussi l’une des personnes qui avaient dit une telle chose à Alshiera. Et elle avait répondu à une telle demande avec une honnêteté insensée en « vivant » pendant mille ans. Il était temps pour elle de se reposer. Cependant… Alshiera avait fait un sourire doux-amer.

« Je suppose que ce n’était pas si mal. »

Pendant ces mille ans, Alshiera n’était en aucun cas seule. Elle gloussait en se remémorant son passé.

« Oui, tu as raison. Il en va de même pour toi, n’est-ce pas ? Azazel. »

J’ai aussi réussi à rencontrer cette fille une fois de plus… Alshiera réalisa qu’elle n’était pas du tout seule. Elle avait réussi à remplir sa promesse avec le Roi aux yeux d’argent. Elle avait choisi un endroit pour mourir. Tout ce qui restait à faire était de se préparer et de passer le temps qui lui restait à loisir.

Lors des dernières heures de temps libre dont elle disposait au cours de ses mille ans de vie, elle n’avait vraiment rien à faire. Elle avait passé tellement de temps dans ce monde qu’elle avait fait tout ce à quoi elle pouvait penser. Il ne lui restait plus qu’à s’asseoir dans le coin d’une pièce et à regarder distraitement sa famille s’amuser.

Peut-être que c’est tout ce qu’il y a dans les dernières années de la vie humaine…

Bien qu’elle ait toujours l’air d’une enfant, malheureusement.

Deux chasseurs de séraphins et des douilles vides reposaient sur la table en face d’elle. Les balles pour ces chasseurs de séraphins avaient été spécialement fabriquées. Alshiera était la seule capable de les créer. Et au maximum, elle pouvait en fabriquer dix par jour. Donc, en un mois, elle pouvait peut-être fabriquer un peu plus de 300 balles. Cependant, elle ne pouvait pas passer tous les jours assis là à fabriquer des munitions.

Ce jour-là, pendant Alshiere Imera, elle avait épuisé le peu de munitions qui restaient à Stern et Mond. Depuis, elle avait fabriqué des balles à partir de rien, ce qui lui avait permis de créer plus de mille balles.

Même lorsque son corps ne pourrait plus se maintenir, ces Chasseurs de séraphins resteraient derrière. Si quelqu’un les prenait en main, ils seraient sûrement utiles à Zagan.

« Juste un millier de tirs…, » marmonna Alshiera avec un soupir.

Combien de temps durerait une si petite réserve de balles dans la lutte contre Azazel ? Actuellement, Alshiera était celle qui possédait le plus de pouvoir au monde. Elle était tout à fait capable de massacrer les treize Archidémons, même dans son état de faiblesse. Et pourtant, ce n’était pas suffisant.

Elle ne pouvait que gagner un peu plus de temps. Même si elle n’arrêtait pas de dire que c’était son combat, elle n’avait pas d’autre choix que de le confier à Zagan en fin de compte. Peut-être était-ce simplement la limite de ce qu’une personne pouvait faire par elle-même.

De toute façon, Alshiera était la lie d’il y a mille ans, un mirage. Seuls ceux qui vivaient vraiment l’instant présent pouvaient faire le choix nécessaire, pas elle.

C’est terriblement irresponsable de ma part de ne rien leur dire malgré ça…

Alshiera laissa échapper un autre gloussement.

« Oui, oui, je sais. C’est comme tu le dis, Azazel. Mais c’est inévitable maintenant qu’Orobas est parti. »

À ce moment-là, des bruits de pas résonnèrent dans la grotte, alors que quelqu’un descendait l’escalier. Peu de temps après, une petite fille était apparue devant elle.

« Bienvenue à la maison, Alshiera. »

« Je suis rentrée, Foll. »

La relation d’Alshiera avec cette fille était plutôt compliquée. Lors de leur première rencontre, Foll l’avait méprisée. Pourtant, elle était la fille du bienfaiteur d’Alshiera, Orobas, ainsi que la fille adoptive du fils du Roi aux yeux d’argent, Zagan…

Ce sont tous des faits, mais il était difficile de dire qu’ils étaient suffisants pour décrire leur relation. Cependant, si elle devait choisir un seul mot pour la décrire…

Je suppose que ça fait de nous… des amies ?

Elle n’aurait jamais pensé qu’elle gagnerait une telle chose à son âge avancé. La vie est vraiment pleine de surprises.

« Tu es de retour tôt aujourd’hui. S’est-il passé quelque chose ? » demanda Foll.

C’était tard dans la nuit, à l’heure où l’on préparait le dîner. C’était aussi précisément l’heure à laquelle Néphy allait accueillir Zagan à son retour du Palais de l’Archidémon.

Et pourtant, elle est ici pour me voir, pas pour voir le Roi aux yeux d’argent. Ça doit vouloir dire qu’elle a quelque chose à dire qu’elle ne veut pas qu’ils entendent.

Normalement, Foll aurait dû être dehors à embrasser son père à cette heure. Mais ce jour-là, Alshiera était rentrée au château plus tôt que d’habitude. Elle rentrait souvent tard dans la nuit, puisqu’elle passait toute la journée à traîner autour de l’Église, mais pas cette fois.

Alshiera haussa les épaules et répondit. « J’ai poussé là où ça fait le plus mal en parlant à cette fille, alors je suis revenue en courant jusqu’ici. »

Foll hocha la tête comme si elle scrutait le véritable sens de ses paroles, puis conclut d’un ton ferme : « Veux-tu dire Nephteros ? »

« Teehee. Je me le demande… »

Ce n’était pas quelque chose qu’elle devait cacher, mais c’était devenu une habitude pour elle d’éluder les questions. Foll s’était probablement habituée à cette facette de la personnalité d’Alshiera. La petite fille apporta une chaise et elle assit à côté d’Alshiera.

« J’ai entendu le nom de mon père, » dit Foll.

« Oh, mon dieu, est-ce que ça a glissé de ma bouche ? » demanda Alshiera en mettant sa main sur ses lèvres. Bien que cela n’ait pas d’importance maintenant qu’elle avait été entendue. « En effet. Je me sentais juste un peu nostalgique. »

« Je veux que tu me parles de mon père. »

Même si elle appelait Zagan son père, Orobas était toujours le précieux père de Foll. Il était naturel pour elle de vouloir en savoir plus sur lui après avoir entendu son nom sortir des lèvres d’Alshiera, vu qu’elle connaissait le dragon sage.

« Je n’ai pas d’histoires aussi intéressantes que celles que vous espérez, sachez-le. »

« Je veux toujours les entendre. »

Foll était une fille très têtue.

Eh bien, je peux comprendre le désir du Roi aux yeux d’argent de répondre à une telle obstination… C’est pourquoi Alshiera avait décidé de répondre d’une manière inoffensive.

« Voyons voir… Chaque survivant d’il y a mille ans avait son propre rôle à remplir. »

« Est-ce à propos du fait que tu es une sorte de gardien ? »

« … Oh là, là. »

Elle n’était pas sûre que Foll ait compris toute seule ou que Zagan ait vu clair en elle. Alshiera ne croyait pas qu’elle l’avait laissé échapper par hasard, mais…

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