La Croix d’Argent et Dracula – Tome 2 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Recette de Sorcière

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Chapitre 2 : Recette de la Sorcière

Partie 1

« Trop lent ! Que se passe-t-il pour que tu sois arrivé si tard !? » s’exclama Rushella.

... Même s’il s’attendait à cela, dès que Hisui était arrivé chez lui, il avait été confronté aux réprimandes de Rushella.

Elle ressemblait à un sévère dieu protecteur de la porte en se tenant debout à l’entrée avec ses bras croisés.

Pas de réponse, pas d’entrée... voilà le genre d’aura exsudé par Rushella.

« Hmm... c’est juste quelque chose de peu important qui m’est arrivé, » dit-il.

« Et pourquoi ne m’as tu pas poursuivie quand je suis partie !? Si tu savais le nombre de fois que je me suis arrêtée et que j’ai regardé derrière moi, mais je n’ai jamais vu ton ombre, » déclara-t-elle.

« ... Quoi ? N’as-tu pas dit que je ne devais pas te suivre ? Et finalement, tu m’attendais afin que je te suive ? » demanda Hisui.

La question de Hisui avait rendu écarlate le visage de Rushella.

« T-Tais-toi ! Tu es obligé de rester à mes côtés en tout temps ! C’est évident ! » déclara Rushella.

« ... Si ennuyante, » marmonna Hisui alors qu’il avait enlevé ses chaussures et était entré dans la maison.

Il posa son sac et projeta de rentrer directement dans sa chambre quand Rushella l’attrapa par le poignet.

« ... Quoi ? » demanda Hisui.

« Que s’est-il passé à ton poignet ? » demanda Rushella.

Le poignet droit de Hisui était enveloppé dans des bandages médicaux noirs. Ce serait gênant si d’autres voyaient l’égratignure du chat noir, donc il les avait achetés le long du chemin jusqu’à la maison pour couvrir les griffures.

À l’origine, il avait l’intention d’utiliser un protège-poignet à usage sportif qui était plus à la mode, mais la blessure était trop longue pour être couverte par des protège-poignets ordinaires.

Rushella l’avait tout de suite découvert.

« C’est juste une légère entorse, rien de plus, » déclara Hisui.

« Sur ton corps... il y a l’odeur du sang, » demanda Rushella solennellement.

Hisui savait très bien qu’il ne pouvait pas lui cacher des choses de cette nature.

Après tout, en ce qui concerne toute question liée au sang, les vampires étaient des experts.

« Un humain a tué un chaton, alors je lui ai donné quelques derniers rites d’une manière humaine, » déclara Hisui.

« Qu’est-ce que c’est !? Je t’interdis de me cacher quelque chose ! » s’exclama Rushella.

« Je ne te cache rien, » déclara Hisui. « Ce n’est certainement pas du sang humain, ne devriez-vous pas pouvoir le dire par toi-même ? »

« Effectivement. Mais il y a aussi l’odeur de ton sang, » déclara Rushella.

« C’est simplement une petite égratignure quand je me suis foulé le bras droit. Rien de bien grave, » déclara Hisui.

Le fait d’expliquer le chat noir, le Cercle Magique ainsi que le réveil du chat et sa malédiction seraient assez problématiques. Et le fait d’informer Rushella équivaudrait à faire ses adieux à la paix et à la tranquillité. Dans le pire des cas, elle pourrait même le ramener de force jusqu’à l’école.

« ... Eh bien, peu importe. J’ai autre chose à te demander, » déclara Rushella.

« Quoi !? » demanda Hisui.

« Tu as aussi une odeur de femme sur toi..., c’est différent de celle de la fausse... cela provient de cette femme nommée Eruru, » Rushella attira son visage près de la poitrine de Hisui, le regarda dans les yeux et l’interrogea.

« ... Quel est ton sens spécial de l’odorat ? » demanda Hisui. « Je connais bien les vampires grâce à des circonstances indépendantes de ma volonté, mais c’est la première fois que j’entends parler de ce genre de capacité ? »

« Je sais ce que je sais. Et donc, étais-tu avec cette femme ? » demanda-t-elle.

« ... Oui, » répondit-il.

Ce n’était pas comme s’il avait fait quelque chose d’incorrect avec Eruru. De plus, il n’avait aucune obligation de rapporter à cette vampire arrogante tous ceux avec qui il avait été.

Néanmoins, pour une raison inconnue... Hisui ne pouvait pas se résoudre à regarder directement dans ses yeux cramoisis qui se concentraient sur lui.

« La dernière fois, n’es-tu pas allé ensemble à l’hôpital !? » demanda Rushella.

« C’était seulement pour un simple contrôle de routine, » répondit-il. « D’un autre côté, puisque tu es celle qui suce mon sang tous les jours, ne pourrais-tu pas montrer à la place un peu plus de considération pour ma santé ? »

« Qu’y a-t-il de si bien dans ce genre de femme ? » demanda Rushella. « Si courte et si plate, c’est presque comme si elle était une petite enfant ! »

« ... Depuis que je vous ai rencontré toi et Sudou, j’ai réalisé que la silhouette d’une femme n’occupait qu’une fraction extrêmement minime de son charme, » Hisui s’était exprimé avec sincérité.

Il s’agissait de son expérience personnelle.

« Que veux-tu dire par là !? » demanda-t-elle. « N’avais-tu pas pensé que je réaliserais la véritable identité de cette femme !? »

La véritable nature d’Eruru était celle d’un demi-vampire. C’était quelque chose que Hisui n’avait pas encore dit à Rushella.

Il n’y avait aucune obligation de le lui révéler. Ceci comptait également comme l’une des raisons. Mais ce qui était plus important encore, Eruru détestait tellement ses origines qu’il n’était pas approprié de dévoiler son secret.

Selon Eruru, les seules personnes conscientes de ce fait étaient les échelons supérieurs de la Section des Enquêtes Surnaturelles. Apparemment, même Mei n’était pas au courant de ce fait. Cependant, il était possible que ses instincts aiguisés aient déjà pris le dessus.

Quant à Rushella... Elle avait l’air de déjà le savoir.

Les vampires étaient nés avec des yeux enflammés et des pupilles dorées qui leur permettaient de discerner les humains des existences non humaines. Elle avait dû ressentir quelque chose envers Eruru qui avait hérité de la moitié du sang de sa race.

« Si cette femme Sudou s’appelle un faux, alors cette femme devrait être appelée..., » déclara Rushella.

« Ne le dis pas. Je te l’interdis. Si tu le dis, je te détesterais pour ça, » Hisui avait simplement déclaré ça avec indifférence en utilisant son ton caractéristique.

Mais la volonté implacable et inhérente de ses paroles fit que Rushella cessa de parler.

Elle savait que Hisui était quelqu’un qui devenait presque comme une personne différente dans des situations critiques, et ne devrait jamais être sous-estimé.

« Pff, en premier lieu, il n’y a aucun problème au fait d’être aimé ou haï dans notre relation ! » répondit Rushella. « Entre un maître et un serviteur, ce genre de sentiments n’est pas nécessaire ! »

« Ah, c’est donc ainsi ? » demanda Hisui. « Eh bien, je suppose que c’est vrai qu’il ne manque pas de serviteurs qui n’aiment pas leurs maîtres. »

« ... J’ai faim. Alors, va préparer le souper, » déclara Rushella.

« D’accord, d’accord, » répondit-il.

Hisui n’avait pas désobéi à une Rushella mécontente et il s’était immédiatement dirigé vers la cuisine.

Après qu’il n’y eut quasi aucune conversation au cours du repas, Hisui était allé faire la vaisselle après que Rushella fut montée afin d’aller prendre un bain.

Rushella aimait profiter de ces moments-là en prenant son temps ce qui résultait par des bains de longues durées. En attendant qu’elle finisse, Hisui sortit afin de récupérer le linge suspendu qui avait séché, et il commença à les repasser.

À mi-chemin de ses corvées, Hisui défit ses bandages afin d’examiner les griffures du chat.

Ce qui était à l’origine une coupure peu profonde était maintenant une subtile ligne rose. Cependant, en raison de son teint pâle, elles étaient plutôt visibles.

Normalement, cette gravité de blessure devrait disparaître après un certain temps, mais pour Hisui, c’était déjà une situation plutôt inhabituelle.

Ce genre de blessure mineure aurait dû immédiatement guérir.

C’était dû à la constitution de Hisui.

Même des baisers maudits qui ne devraient jamais disparaître jusqu’à ce que le vampire soit détruit étaient instantanément guéris par le corps de Hisui. Mais pour une raison inconnue, la blessure infligée aujourd’hui guérissait très lentement.

« ... Ai-je vraiment été maudit ? » murmura-t-il.

Puis, regardant vers le haut, Hisui soupira, légèrement instable, et continua à repasser.

Il avait hoché la tête avec satisfaction alors qu’il tenait une chemise déployée qu’il avait fini de repasser. À ce moment-là, quelqu’un arracha la chemise depuis à côté de lui.

« Bien joué ! »

Il n’avait nullement besoin de se tourner pour regarder qui s’était. À en juger par la voix et la sensation de chaleur, il savait que c’était Rushella.

Pour elle, les chemises que portait Hisui sous sa veste d’école étaient sa tenue de tous les jours. Dès qu’il avait fini de la repasser, sa chemise était arrachée de ses mains et c’était chaque fois comme ça.

« Dis-moi ! Pourquoi dois-tu tout le temps porter ma chemise !? » demanda Hisui. « Au moins, choisit quelque chose de vieux avec des couleurs délavées, d’accord !? Pourquoi dois-tu continuer à arracher celle que je viens de repasser !? »

« Les vêtements repassés sont plus confortables ! » déclara Rushella. « Et cela serait inconvenant de porter quelque chose de froissé !? »

« Pourquoi faut-il être obtus pour ce genre de chose !? » déclara-t-il. Puis Hisui se tourna vers elle avant de réaliser instantanément son erreur. Car Rushella était encore en train d’ajuster ses vêtements décontractés d’intérieur.

En d’autres termes, jusqu’à présent, elle n’avait été vêtue que d’une serviette de bain.

Puis après avoir jeté cette serviette sur le côté, elle était dans le merveilleux moment de son habillage.

Ses seins voluptueux et la région secrète au-dessous de sa taille étroite sortaient de sa chemise boutonnée.

 

 

« Regarder t’est interdit... !! » cria-t-elle.

Des coups de poing sans raison avaient bombardé le visage d’Hisui telle une pluie, l’enfonçant dans le sol.

« Qu’est-ce que tu fais !? C’est ta propre faute, car tu te changes tout à coup juste à côté de moi ! » Hisui avait formulé des objections.

Il avait l’intention de se lever et de défendre contre cette injustice... mais ne pouvait pas se lever.

Rushella le maintenait contre le sol et attira son visage près du sien.

Ses gigantesques seins, pressés contre la poitrine de Hisui, semblaient désespérément appeler l’attention sur sa taille et sa souplesse.

Combiné avec le parfum savonneux d’une beauté fraîchement sortie du bain, ainsi que l’odeur émanant de ses cheveux humides, les pensées de Hisui avaient été projetées dans un complet désordre.

« Pourquoi es-tu assise sur moi ? » demanda Hisui.

Le fait de repousser le corps glamour de Rushella n’aurait pas été particulièrement difficile pour lui.

Même s’il était sûr de subir une contre-attaque du vampire après le coucher du soleil, mais à part ça... pour une raison qu’il ne comprenait pas, Hisui ne pouvait pas lui résister.

« ... Si je déplace mon corps, tu ne vas pas arrêter de me regarder, » déclara Rushella. « Ne crois-tu pas que je remarquerais que tu me regardes en train de sortir de mon bain ? »

« Tu ne portes rien d’autre qu’une serviette dans le bain, et pour ce qui est des vêtements, tout ce que tu as c’est ma chemise drapée sur toi, » déclara Hisui. « Et après tout, je crains que tu puisses attraper un rhume. Tu devrais te dépêcher et me remercier pour mes soins et mon intérêt que je te porte, qui sont même plus vastes que l’océan. »

« Qui sait si c’est vrai ou non ? » demanda Rushella.

Rushella évita le regard de Hisui, mais pressa contre lui son corps avec encore plus de force.

Afin d’empêcher Hisui de s’échapper, elle emmêla ses jambes fines et agiles autour des jambes de Hisui.

« Hmm... N’est-il pas temps de me libérer ? » demanda Hisui.

« Le club... ne peux-tu pas le sauver ? » demanda Rushella.

« Hein !? » Face à l’attitude de soudaine supplication de Rushella, Hisui fut pris de court pendant un instant.

Rushella tourna la tête sur le côté de la poitrine de Hisui, évitant son regard.

Puis, tout en faisant la moue, elle avait continué. « Comme cette femme arrogante l’a dit, toutes sortes de choses devaient être faites correctement... Mais si nous faisons tout cela, alors le club peut-il continuer ? »

« ... »

« Pourquoi ne pouvait-elle pas fermer les yeux et oublier notre cas ? » demanda Rushella. « Je déteste cette femme. » Puis, marmottant à plusieurs reprises pour elle-même, Rushella commença à tracer des cercles sur la poitrine de Hisui avec son doigt.

L’anxiété pouvait être ressentie dans les mouvements de ses doigts, vu que son ongle l’avait légèrement égratigné de temps en temps.

« Pourquoi es-tu si obsédée par le club ? » demanda Hisui. « Veux-tu autant découvrir ton passé ? Tu sais, je vais également t’aider même sans ça ! Même s’il y a de la force quand on est plus nombreux, n’oublie pas que Sudou a ses propres affaires à régler, et Kariya... doit donner la priorité aux affaires liées à la Section des Enquêtes Surnaturelles. Et en fonction de la vérité présente dans ton passé... Elle pourrait finir par devenir ton ennemie. »

« ..., » Rushella avait probablement déjà compris cela au plus profond de son cœur.

Eruru avait déjà essayé de la tuer à un moment donné.

Même si les soupçons étaient dissipés pour le moment, dès que Rushella aspirerait le sang d’un humain en dehors de Hisui, ce membre de la Section des Enquêtes Surnaturelles la viserait sûrement sans hésitation avec cette arme chargée de balles d’argent.

Le fait de regarder le passé de Rushella n’était finalement qu’une partie de son enquête. C’était seulement dans le but d’établir une politique appropriée face à la menace du vampire de classe « Véritable Ancien », Rushella Dahm Dracula.

« ... Je ne me soucie pas vraiment de ça, » déclara Rushella. « Oui, je veux récupérer mes souvenirs, mais le fait d’être impatiente n’aidera pas. D’ailleurs, en premier lieu, je n’ai jamais voulu compter sur ces personnes-là. »

« Alors pourquoi veux-tu un club ? » demanda Hisui.

« Je n’ai pas encore décidé... mais je veux le faire, » répondit-elle.

« Faire quoi ? » demanda Hisui.

Rushella était devenue silencieuse.

Puis elle avait enterré son visage contre la poitrine de Hisui.

« Excuse-moi... Rushella ? » demanda-t-il.

« Les personnes qui rejoignent les clubs... elles ont toutes l’air très heureuses, » avoua-t-elle.

« Hein !? Bien sûr, les étudiants rejoignent les clubs en raison de leur intérêt, » déclara Hisui. « Même si les horaires de pratique des clubs sportifs pouvaient être assez difficiles... Cependant... cela compte toujours comme une satisfaction au milieu des difficultés, n’est-ce pas ? »

« En d’autres termes... Ils s’engagent dans la “jeunesse”, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.

« Hein... !? » s’exclama Hisui.

Le terme prononcé par Rushella rendit les yeux de Hisui écarquillé par la surprise. Ce terme était clairement la dernière chose que l’on associerait aux vampires.

« Qu’est-ce que c’est que ce regard, des objections !? » demanda-t-elle.

« Non non non... Je ne m’attendais jamais à ce que tu dises quelque chose comme ça si ouvertement, » déclara Hisui. « Qu’est-il arrivé, as-tu été influencée par les dramas scolaires que tu as vus à la télévision ? »

« Tu es ennuyeux, tais-toi ! » s’exclama Rushella. « Je n’ai rien dit de mal ! Pour les personnes de ton âge, la “jeunesse” est indispensable !! »

« Oui, eh bien, pour ainsi dire..., » déclara Hisui.

Basé sur la définition du dictionnaire, c’était fondamentalement correct. Quant à savoir si elle s’appliquait aux faits, c’était ouvert aux débats.

« Qu’est-ce que ça fait dans ce cas que... même quelqu’un comme moi, euh... Aimerait profiter de cette “jeunesse” avec délectation ! » déclara-t-elle.

« En vérité, je ne sais même pas quel âge tu as maintenant ! » déclara Hisui. « Peu importe comment tu le regardes, il ne serait pas surprenant si tu avais plus d’un siècle d’existence. Pour toi, la jeunesse s’est probablement envolée il y a longtemps tel un oiseau pour ne plus jamais pouvoir revenir... »

Hisui essayait de montrer des images poétiques, mais il découvrit que Rushella le dévisageait dès qu’il eut fini.

« Ah... Au fait, tu n’as toujours pas... expérimenté la jeunesse, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

Plus précisément, elle n’avait pas de souvenirs de sa jeunesse.

Peut-être était-elle en effet centenaire, ou même plus ancienne que cela.

Pour Rushella qui n’avait pas de souvenirs, le présent était tout ce qu’elle avait.

Ce qu’elle possédait était uniquement la période d’un mois qu’elle avait connue après avoir rencontré Hisui, ainsi que l’âge mental qui correspondait à son apparence d’adolescente.

Pour cette raison, le fait de voir d’autres personnes dans son groupe d’âge qui participait avec enthousiasme aux activités du club l’avait particulièrement affectée.

Ce passé qu’elle avait déjà goûté alors qu’elle essayait de retrouver des souvenirs perdus, elle avait voulu créer ses propres souvenirs de jeunesse.

Hisui avait fondamentalement compris ses intentions, et avait commencé à se gratter la tête avec impatience.

« Très bien, je l’ai compris. Je vais faire de mon mieux, d’accord ? » demanda-t-il.

« Vraiment !? D’accord, comme c’est obéissant de ta part ! » Les yeux de Rushella brillaient instantanément de joie.

Tandis qu’elle était encore de bonne humeur, Hisui décida de revenir sur la question qu’il avait posée depuis qu’il était entré dans cette position... Ou plutôt, depuis qu’il avait commencé à vivre avec elle.

« Dis-moi..., » commença-t-il.

« Quoi ? » demanda-t-elle.

« Jusqu’à maintenant, je ne t’ai pas posé cette question, » commença-t-il. « En fait, je ne pense pas que ce soit actuellement le meilleur moment, mais... »

« Qu’essayes-tu de me dire là ? Si tu as une question, sors là, et arrête de bégayer ! » rugit-elle.

« ... As-tu déjà porté correctement des sous-vêtements ? » demanda-t-il.

L’expression de Rushella se gela.

Hisui fit de son mieux pour éviter de regarder son visage alors qu’il se rappelait tout ce qui s’était passé jusqu’à présent.

Étant donné que les chemises qu’elle portait comme vêtements d’intérieur étaient blanches, il était naturellement assez facile de les voir.

Néanmoins, peu importe combien il regardait fixement, il ne pouvait jamais entrevoir ce tissu insaisissable, mais ô combien hypnotisant.

Les seules images reflétées dans ses yeux étaient les courbes voluptueuses de ce corps sexy.

Depuis le jour où il avait commencé à vivre avec elle, Hisui avait été consumé par ce doute présent dans son cœur, alors cela pourrait être possible que...

Plus important encore, quand elle avait mis tout à l’heure la chemise, elle avait quitté le bain vêtue de rien d’autre qu’une serviette.

Basé sur le bon sens... Que ce soit en haut ou en bas, elle ne devrait donc rien porter en ce moment.

« ... Pourquoi ne me réfutes-tu pas ce que je dis ? » demanda-t-il. « Pourrais-tu être réellement... »

« T-Tais-toi, et quelle importance !? » déclara-t-elle. « N’es-tu pas à moitié nu après avoir pris un bain ? D’ailleurs, tu ne peux rien voir pendant que je porte une chemise... Eh bien, c’est de ta faute si tu me regardes comme ça, alors c’est toi qui as tort !! » Rushella avait soutenu cette discussion avec son visage devenu tout rouge.

Alors qu’il trouvait sa réaction exactement comme prévu, Hisui leva les yeux vers le haut et regarda le plafond.

« Dis, j’ai entendu dire que les femmes ne portent généralement pas de soutien-gorge pour dormir, alors ce n’est pas un problème pour moi... Aussi longtemps que tu le portes quand tu es à l’école ou quand tu sors, » déclara Hisui.

Rushella frissonna après avoir entendu ces paroles et tourna sèchement son visage pour éviter le regard de Hisui.

« Voyons... cela ne peut être que ça !? » murmura Hisui.

Sans répondre, elle comptait simplement sur ses doigts et regarda encore une fois vers Hisui.

« ... C’est bon, ce n’est pas grave ! » déclara-t-elle.

« Que veux-tu dire par, c’est bon !? » demanda Hisui. « Qu’est-il arrivé... ? Combien de fois quoi !? Est-ce le nombre de fois où tu es allée à l’école sans porter de sous-vêtements !? »

« Enterrons le passé..., » déclara-t-elle.

D’une manière inhabituelle, Rushella n’avait pas bruyamment rétorqué, mais à la place, elle avait regardé en avant tout en restant silencieuse.

« ... J’essaye de t’aider dans la vie scolaire, mais c’est un domaine que je ne peux pas vraiment t’aider... alors, s’il te plaît, tu devrais y faire attention par toi-même, » déclara Hisui.

« Tellement ennuyeux ! Alors, tais-toi ! » déclara Rushella.

Rushella avait crié et avait levé son poing au-dessus de sa tête. Elle s’était ensuite levée du corps de Hisui, et elle était sur le point de le battre comme à son habitude.

Mais cet acte était devenu le début de la tragédie.

Pour Hisui, à savoir...

La chemise de Rushella... était encore déboutonnée.

Si elle avait maintenu la position précédente où elle était serrée contre lui, il aurait encore été possible de dissimuler ses zones sensibles.

Mais maintenant... C’était juste une chemise drapée sur ses épaules.

La poitrine voluptueuse de Rushella était non voilée devant les yeux de Hisui, sautant pleinement dans son champ de vision.

Des gouttelettes d’eau du bain étaient encore présentes sur son corps. Elles coulaient sur sa peau blanche immaculée, ruisselaient le long des bourgeons floraux de ses seins, et finalement, elles tombaient sur le front de Hisui.

« HU-Ummm..., » murmura-t-il.

« I-Insolent valet... !! » Rushella le battait sans pitié avec ses deux poings tout en criant.

Des plaques rouges avaient commencé à fleurir sur le visage de Hisui.

« A-Attends une minute... Mets d’abord tes vêtements ! » cria Hisui. « Boutonne-toi aussi ! Ils tremblent... Pendant que tu me frappes, ils tremblent sans arrêt ! »

« Tu es tellement ennuyeux, tais-toi ! Et le fait de me regarder t’est interdit... !! » cria-t-elle.

« Je parle de tes..., » répliqua Hisui.

Alors que les cris et les gémissements de Hisui retentissaient dans le salon, Rushella ignora ses protestations.

Après cela, inutile de dire qu’elle avait bu le sang de Hisui pour se réhydrater après son bain.

†††

Partie 2

« ... Sur la base de ce qui précède, ma vie est actuellement en péril, alors ne pouvez-vous pas réfléchir à un moyen d’aider ? » Tout en affichant une expression lugubre, Hisui suppliait Kirika qui était en train d’arroser les plates-bandes de fleurs. Il avait vraiment l’air pitoyable.

« De quoi parlez-vous si soudainement ? » demanda-t-elle. « Quelque chose est-il arrivé ? »

« ... Rien, » répondit-il.

Tôt le matin, Hisui était allé voir Kirika. La fatigue et la faiblesse étaient écrites sur tout son visage. Son visage androgyne était également couvert de blessures dues aux coups reçus.

Rushella était vraiment en colère hier, et vu que la nuit était le meilleur moment possible pour les activités des vampires, son calvaire avait duré un certain temps.

Grâce au rétablissement surhumain de Hisui, la plupart des hémorragies internes avaient rapidement guéri, mais la douleur des contusions persistait encore dans son corps et elle était incapable de se dissiper.

S’il devait laisser son sang être aspiré le matin conformément à sa mission quotidienne, ce serait certainement trop dur à supporter. Par conséquent, Hisui se leva avant que Rushella se réveille, laissant le petit-déjeuner et une note derrière lui, avant de quitter la maison seul.

« Senpai, vous devez sûrement arriver tôt ici. Est-ce que tout le conseil des élèves est comme ça ? » demanda Hisui.

« Bien sûr que non ! Je suis la seule personne du conseil qui agit ainsi, » répondit-elle. « Même si les autres arrivent tôt, ils ne le font qu’en raison de leurs activités de clubs. Ils viennent à l’école tôt à cause de la pratique du matin, puis ils utilisent le bureau du conseil des élèves comme leur zone de stockage, et disparaissent... Fondamentalement, c’est comme ça que cela fonctionne. »

Kirika avait continué à arroser les plates-bandes sans interruption alors qu’elle parlait.

Après avoir fini un carré, elle passa au suivant. Chaque fois qu’elle avait trouvé des signes évidents de mauvaises herbes, elle les avait également arrachées.

Bien que Hisui ne sache pas grand-chose du jardinage, il pouvait dire à travers les actions de cette vice-présidente qu’elle connaissait non seulement les plantes, mais elle les aimait aussi profondément. Sans se soucier du fait que ses mains blanches et pâles soient souillées de terre, Kirika accomplissait un travail de jardinage avec un dévouement total.

« Serait-ce que le fait d’arroser tous les parterres de fleurs de l’école... ? Est-ce que c’est une chose que vous faites seule ? » demanda-t-il.

« Tout à fait, » répondit-elle. « C’est une bonne chose pour l’école d’avoir des fleurs qui poussent partout, mais les concierges sont trop occupés. Et comme il n’y a pas de budgets supplémentaires pour embaucher plus de personnel, la prise en charge des plantes a été confiée au conseil des élèves. »

« ... Eh bien ! Pourquoi est-ce seulement vous qui le faites ? N’est-ce pas trop fatigant ? » demanda Hisui.

« C’est parce que personne d’autre ne veut le faire, » s’exclama Kirika, boudeuse, continuant à s’immerger dans le travail.

En la regardant ainsi, Hisui se souvient de l’une des rumeurs que sa voisine en classe, Sera Reina, lui avait dites.

Kirika Uno, qui agissait encore plus souvent que le véritable président, avait été ostracisée par les autres membres du conseil des élèves. Ils étaient sûrs que leurs relations avec elle étaient plutôt mauvaises.

Alors que Kirika s’était immergée dans le travail du conseil des élèves avec une grande ferveur, les autres membres du conseil avaient simplement accompli leurs tâches avec un minimum d’efforts, ce qui avait entraîné un énorme conflit.

« Ça doit être dur pour vous, » déclara Hisui.

« Tout ceci est mon propre choix, » répondit-elle. « D’ailleurs, n’ai-je pas atteint cette position qu’à travers les votes de tous les autres ? Si je ne voulais vraiment pas le faire, j’aurais abandonné depuis le début. En outre... »

« En outre ? » demanda Hisui.

« ... Rien ! Ça ne vous concerne nullement, » bien que Kirika ait froidement refusé de répondre, Hisui pouvait deviner à peu près quelle était sa raison non prononcée.

Il s’agissait également d’une rumeur qu’il avait entendue de la part de Reina.

Cette fille responsable et talentueuse qui avait toujours strictement respecté les règles de l’école et la discipline... elle avait agi de cette façon pour une raison très simple.

Parce qu’elle aimait l’école.

Par conséquent, elle avait accompli les devoirs du conseil des élèves plus sérieusement que quiconque.

Mais par conséquent, elle était une redoutable adversaire.

« ... Alors ? Avez-vous d’autres affaires à voir avec moi ? » demanda-t-elle.

« Haha, eh bien... Pour le club, pourriez-vous montrer un peu de clémence... ? » demanda-t-il.

« Plutôt que de venir me parler, ne devriez-vous pas à la place trouver un professeur ? » demanda-t-elle. « Car après tout, un conseiller pour le club est essentiel. »

« ... Vous avez raison, » dit-il.

« De toute façon, quel genre de club voudriez-vous faire ? » demanda-t-elle.

« ... Je suppose qu’on pourrait appeler ça, le club de recherche occulte, » dit-il.

Ce fut le résultat après une nuit de contemplation agonisante.

Après tout, étant donné le groupe de non-humains présents, ils appartenaient plus ou moins à ce qui avait trait à l’occulte.

Il y avait une vampire, une humaine artificielle et une demi-vampire, et sans oublier lui qui avait une constitution inhabituelle qui l’empêchait de se transformer en vampire.

« Que me sortez-vous là !? » s’exclama-t-elle. « Pensez-vous vraiment que l’école approuvera quelque chose d’aussi peu scientifique ? »

« ... Mais c’est la vérité, » il déclarait ça avec désinvolture, mais se retrouva face à un refus catégorique. Pourtant, il s’était déjà attendu à ce résultat.

« Ah... Mais je pense qu’il en existait un avant. Mais c’était juste un groupe de passe-temps non officiel, » déclara Kirika.

« ... Vraiment ? » s’écria Hisui.

Les yeux de Hisui s’étaient illuminés comme s’il avait été frappé par une soudaine inspiration.

Hier, il avait entendu parler par Eruru à propos de créatures surnaturelles errantes dans la zone, et il avait été témoin d’un rituel de malédiction.

C’était un peu exagéré, mais il avait l’impression qu’il y avait une sorte de lien entre toutes ces choses-là.

« Cependant, je ne connais pas vraiment les détails, » déclara la jeune femme. « Ce sont des légendes urbaines... Ou devrais-je plutôt dire que se sont d’étranges rumeurs présentes dans l’école. Cela doit probablement compter comme l’une des sept merveilles de nos écoles... le club de recherche occulte cherchait à résoudre le mystère de la “sorcière”... C’était peut-être quelque chose comme ça, non ? »

« Sorcière !? » s’écria Hisui.

En l’entendant déclarer ce terme, Hisui s’était involontairement rapproché de Kirika.

Instantanément, leurs visages se touchèrent presque, et ils pouvaient sentir le souffle de l’autre. Puis une expression de peur passa momentanément sur le visage de Kirika alors qu’elle repoussait rapidement Hisui.

« ... Ne vous approchez pas si soudainement de moi ! » s’écria Kirika.

« Ah... Désolé, » déclara Hisui.

En la voyant effrayée, Hisui recula tout en restant silencieux. L’étudiante aînée qui semblait d’habitude si puissante et intimidante pour les autres parlait actuellement avec une telle docilité..., quelle inhabituelle jeune fille !

À ce moment-là, une autre rumeur qu’il avait entendu de Reina avait fait surface dans sa mémoire.

Elle détestait énormément les garçons, surtout les faibles.

« Ce club de recherche occulte... n’est après tout qu’une rumeur. Une rumeur datant d’avant la reconstruction de l’école, » déclara Kirika.

« ... ? » Hisui resta sans voix.

« Ne le saviez-vous pas ? » demanda Kirika. « Juste avant que je m’inscrive, notre lycée venait de subir un remodelage et une reconstruction à grande échelle. En conséquence, la disposition actuelle des bâtiments est très différente d’avant. Grâce à ça, que ce soit les Sept Merveilles ou le Club de Recherche Occulte ou tout autre genre de rumeurs ineptes ont pratiquement toutes été effacées de la surface de cette école. »

« Je vois... Voilà pourquoi je n’en ai jamais entendu parler, » déclara-t-il.

« Si cela vous intéresse, demandez à votre professeur principal Horie-sensei. Elle est probablement la personne la plus âgée de cette communauté, » conseilla Kirika.

« Vraiment..., » dit-il.

On aurait dit que le professeur de petite taille à face d’enfant avait un côté méconnu.

« N’avez-vous plus rien à me dire ? J’ai encore d’autres tâches dont je dois m’occuper. Je voudrais terminer l’arrosage avant l’assemblée du matin. » En disant cela, Kirika s’était chargé du désherbage des plates-bandes.

Puis Hisui s’était joint à elle.

« ... Qu’est-ce que vous faites ? » demanda-t-elle. « S’il vous plaît, ne vous approchez pas si près de moi, d’accord ? »

« Je vais vous aider. Cela ne va-t-il pas vous salir les mains ? » demanda-t-elle. « Regardez, elles sont déjà sales. »

« ... »

« N’avez-vous pas fini d’arroser ? Pourquoi ne faites-vous pas en premier les autres places ? » demanda-t-il.

Et sans attendre que Kirika réponde, Hisui s’agenouilla et se mit au travail.

« Même si vous faites ça... Ne pensez surtout pas que je vous ferais la moindre faveur, d’accord ? » déclara Kirika. « Il n’y a plus rien à discuter concernant votre club. »

« Dès le départ, je ne m’attendais pas à ce que cela fasse le moindre changement, » répondit Hisui, imperturbable, se concentrant sur la tâche à accomplir.

Kirika le fixa un moment, puis pointa du doigt les bandages se trouvant sur son poignet et demanda.

« ... Qu’est-il arrivé à votre poignet ? » demanda Kirika.

« Une blessure mineure, rien de plus, » répliqua Hisui.

« ... Méfiez-vous de l’infection. Vous devez tout le temps vous laver les mains correctement, » déclara Kirika.

« Vous ressemblez vraiment à une infirmière scolaire, » déclara Hisui tout en souriant.

En entendant cela, Kirika se mit à rougir.

Alors qu’Hisui prévoyait de continuer à travailler, il entendit des pas mécontents.

« Je t’ai finalement trouvé ! Comment oses-tu échapper à tes devoirs du matin et t’enfuir en me laissant seule !! »

« Merde... ! » s’exclama-t-il.

Après s’être retourné, il trouva Rushella debout derrière lui alors qu’elle tenait un parasol.

Puis, se précipitant dans un accès de colère, elle attrapa Hisui par-derrière et le souleva par ses aisselles.

« Hier, tu m’as quitté, et encore aujourd’hui, pourquoi !? » demanda Rushella.

« C’est une longue histoire..., » répondit Hisui.

« Tellement ennuyeux ! Tais-toi ! » s’exclama Rushella.

Rushella ignora les efforts d’Hisui pour s’expliquer et elle fit avancer ses lèvres vers le cou d’Hisui.

Ses devoirs du matin... En d’autres termes, la période pour aspirer son sang allait se dérouler à l’école.

« Hé, attends, considère d’abord la situation ! » s’exclama Hisui.

Naturellement, Rushella ne pouvait pas être arrêtée, d’où ses lèvres rouge vif pressées sur le cou de Hisui.

Puis elle avait dévoilé ses crocs et s’était préparée à mordre.

Hisui hurla frénétiquement. « J’ai dit stop ! Senpai nous regarde !! »

« Mmmm... Qu’est-ce que vous regardez !? » demanda Rushella.

« Le méchant lance-t-il des accusations en premier !? » s’exclama Hisui.

Hisui regarda Kirika d’un air coupable... Comme prévu, elle le regardait avec dérision.

« Les devoirs du matin, hein ? Donc vous faites cela tous les jours ? » demanda Kirika.

« Oui ! Même si ce type hurle toujours et se plaint tout en résistant au début. Mais il cède toujours et devient docile à la fin ! » répondit Rushella.

« Arrête d’utiliser une description si facilement mal comprise... Finalement, tu me retiens toujours par la force, non !? » s’exclama Hisui.

« Dans ce cas, pourquoi ne verrouilles-tu pas ta porte ? En vérité, tu as hâte que j’arrive auprès de toi, n’est-ce pas !? » demanda Rushella.

« Parce que si je verrouille la porte, c’est la porte qui subira un triste sort... Il n’y a donc pas d’échappatoires pour moi, » répondit Hisui.

Hisui grogna d’une voix trop assez faible pour que seule Rushella l’entende, puis il regarda de nouveau Kirika avec une certaine appréhension.

Le dégoût présent sur son visage n’avait pas besoin d’explication, et son regard était comme si elle regardait quelque chose de sale.

« ... Vous deux êtes vraiment entichés l’un de l’autre, » s’exclama Kirika. « Donc, en voulant créer un club, comptez-vous aussi faire ce genre de chose à l’école ? »

« Oui, c’est exact, » répondit Rushella. « J’ai toujours l’envie de sucer qui revient de temps en temps. Avec une salle de club, je n’aurai pas besoin de me soucier de tant de choses... »

« Idiote..., » déclara Hisui.

La déclaration de Rushella révélait son identité secrète.

Hisui couvrit frénétiquement la bouche de Rushella avec ses mains, mais Kirika avait déjà cessé de regarder dans leur direction.

« Je suis désolée, vous n’avez droit ni au budget ni à la salle de classe. Si vous voulez le faire, s’il vous plaît, faites-le en dehors de l’école, » puis elle était partie sans regarder en arrière.

Hisui soupira alors qu’il se grattait la tête.

« Tu es vraiment... venue ici et tu as tué tout espoir, » déclara-t-il. « On dirait que la question est scellée... Je pense que même si nous faisons maintenant tout correctement, la demande sera directement rejetée. »

« Arrête de t’en faire, » répondit Rushella.

« Je dis que tout ça, c’est de ta faute... Hé, pourquoi tu commences à sucer mon sang ! Hé ! Ça fait mal, arrête ça..., » déclara Hisui.

Les cris de Hisui résonnèrent jusqu’à ce que finalement, Rushella ayant bu ce qu’elle voulait, elle le jeta au sol.

Puis, incapable au début de bouger, il attendit un moment avant de retourner en classe tout en appuyant une main contre son cou.

Il ne s’en était pas rendu compte, mais une silhouette regardait chacun de ses mouvements depuis l’ombre.

***

« Bon ~ Cher étudiant, s’il vous plaît, faites attention. Essayez de ne pas vous blesser pendant que vous travaillez ~, » Jyuri Horie qui était leur enseignante principale conseillait aux étudiants de travailler avec sa voix mignonne.

La classe de Hisui avait l’économie domestique pendant les périodes trois et quatre et ils étaient en plein dans un cours de cuisine.

Jyuri était elle-même une professeur d’histoire mondiale. Si l’on demandait pourquoi elle se tenait devant le pupitre, un bandana autour de la tête, vêtue d’un tablier, c’était parce que le professeur d’économie domestique était soudain tombé malade et était au lit chez lui.

Dans la classe d’économie domestique entièrement équipée, les étudiants s’étaient formés en groupes de quatre ou cinq, travaillant sur les tâches culinaires assignées.

Même si c’était considéré comme un cours, on avait toujours eu l’impression qu’il y avait beaucoup d’occasions de se relâcher.

Chaque fois qu’ils avaient eu cette leçon, les étudiants avaient bavardé joyeusement pendant qu’ils travaillaient devant leur plan de cuisine.

La classe de Hisui n’était naturellement pas une exception. Cependant, puisque les fruits de leurs labeurs d’aujourd’hui serviraient de repas pou midi, tout le monde faisait un effort un peu plus important quant à la cuisine.

... Tous, sauf une personne.

« Bien bien, tout le monde montre de l’enthousiasme, très bien ! » s’exclama Rushella.

« ... Hé toi, dépêche-toi de venir aider ! » En entendant Rushella qui se tenait sur le côté et qui agissait sévèrement comme un commandant, Mei ne put pas s’empêcher de rétorquer face à ça.

Sachant que de tels mots étaient futiles, Hisui se concentra simplement sur l’épluchage des pommes de terre sans rien dire. La représentante de la conscience collective de la classe, Sera Reina ne savait que faire et son regard oscillait entre les deux alors qu’elle était très embarrassée.

« D’ailleurs, tu n’es même pas dans notre groupe. Les groupes sont mixtes selon le sexe et en fonction du nombre d’étudiants. Alors pourquoi es-tu encore là ? » demanda Mei.

« Quelqu’un a accepté volontiers d’échanger avec moi. Y a-t-il un problème ? » demanda Rushella.

« Oui, n’aurais-tu pas à coup sûr utilisé tes Yeux Mystiques ? » demanda Hisui.

Hisui regarda un garçon dont les yeux étaient encore vitreux.

Cet étudiant était à l’origine dans le même groupe que Hisui, mais avait fini par se faire attraper par Rushella et avait ensuite échangé sans rien dire avec un autre groupe.

« Franchement, est-ce que c’est correct de la laisser faire ce qu’elle veut ? » Mei se rapprocha de Hisui et parla assez faiblement pour ne pas être entendue par les autres.

« ... Bien sûr que non. Mais laisser cette fille aller avec d’autres groupes serait encore plus terrifiant, » répondit-il. « Puisque Kariya n’est pas dans notre groupe, si une situation critique se présente, seulement toi et moi pouvons aider à la désamorcer. Ne laissons pas la représentante de classe découvrir ce secret. Alors je compte sur toi. »

« Pas de problème, » répondit Mei. « Dans ce cas, c’est notre tâche partagée, hehe !? »

« On dirait que je suis tombé dans une sorte de piège. Quoi qu’il en soit, pourrais-tu m’aider à couper les légumes ? » demanda Hisui.

« Bien sûr, » répondit Mei.

Hisui avait fini de peler et les deux étudiants avaient commencé la découpe des légumes.

Pour Hisui qui avait pris en charge la cuisine à la maison, ce genre de travail était tout simplement du gâteau. Et en raison de la façon dont Mei manipulait le couteau de cuisine pour trancher les légumes, elle était clairement qualifiée.

« Eh... Comme c’est inattendu, » déclara-t-il.

« Oh ! Mon Dieu, qui penses-tu que je suis ? » demanda Mei. « En tant que dernier modèle de poupée gonflable et humaine artificielle, dans le but de satisfaire tous les désirs masculins, que ce soit des formules secrètes afin d’éveiller ta moitié inférieure ou le tablier nu, tout cela fait partit des équipements standards. »

« Euh désolé ! J’espère sincèrement que tes fonctions restent scellées pour toujours, » déclara Hisui.

« Hé ! Vous deux, là-bas ! Vous tenir si proche vous est interdit, » Rushella se faufila entre eux. « Pas de bavardage, au travail ! »

« Hé, attention là... Je tiens en ce moment un couteau... ! » s’exclama-t-il.

Même si Hisui était au courant, il réagissait encore un peu trop lentement. Après avoir été poussé par Rushella, son index avait été coupé par le couteau de cuisine.

« Outch..., » s’exclama-t-il.

« Est-ce que tu vas bien, Hi-kun ? Hé ! Vous là, faites attention à la situation ! » Réprimandée par Mei, Rushella se retira avec une expression contrite.

« Kujou-kun, allez-vous bien ? Dois-je aller le dire à l’enseignante afin d’obtenir un pansement pour vous ? »

Reina, qui était en train de préparer le chaudron pour le ragoût, s’était dépêchée de venir auprès de lui, très inquiète.

Bien que le doigt de Hisui ait été coupé, compte tenu de sa constitution, ce n’était pas une grosse affaire.

« Ah... ça va vraiment bien, » répondit-il. « Dans un moment, ça va automatiquement... »

Hooooo.

Avant qu’il puisse finir sa phrase, Hisui sentit le bout de son doigt se faire envelopper par des lèvres moites et douces.

Alors que des gouttes de sang s’échappaient de ce doigt, Rushella les aspirait lentement dans sa bouche. Alors qu’elle soutenait son poignet avec ses fines mains, ce n’était même pas une légère morsure, mais une douce succion.

« Hé... !? » s’exclama-t-il.

†††

Partie 3

Ne suce pas du sang dans ce genre d’endroit — était ce qu’il voulait dire, mais à la fin, il l’avait laissée faire sans rien dire.

Rushella n’avait pas fait sortir ses crocs comme à son habitude, mais avait caressé simplement son doigt en douceur avec ses lèvres et avec l’intérieur de sa bouche.

Tout en étendant sa langue comme pour chercher sa blessure, elle caressa avec une grande légèreté dans le toucher.

Puis, elle avait alors prélevé du sang ou plutôt, elle suçait en ce moment du sang seulement afin d’apaiser la douleur causée par la blessure.

Avec la constitution particulière de Hisui, ce genre de blessure commencerait immédiatement à guérir.

Mais en ce qui concernait la douleur, depuis le moment où la blessure avait été faite jusqu’à son rétablissement, il n’était pas différent d’une personne ordinaire.

Rushella aspirait des quantités infimes de douleur et de sang entre le bout de sa langue et ses lèvres.

Comme s’ils étaient hypnotisés par la faible lueur cramoisie de ses yeux, tout le monde dans les environs se tenait immobile. 

Enveloppé par cette atmosphère calme, seul le son de la langue et des lèvres léchant le doigt d’Hisui avec une tendre affection retentit dans la pièce. 

Très vite, le bref rendez-vous galant, mais précieux avait pris fin. Avec un léger coup de langue, Rushella écarta ses lèvres du doigt de Hisui.

 

 

La blessure ayant disparu, Rushella compléta tout ça avec un léger baiser sur le doigt nouvellement baptisé.

« C’est bon maintenant, » déclara Rushella. « Je t’ai aidé à arrêter le saignement. Tu devrais te sentir honoré. En outre, tu n’es pas autorisé à saigner avec insouciance. Le sang de tout ton corps, chaque goutte m’appartient ! »

« M-Merci beaucoup..., » c’était clairement de la faute de Rushella, mais d’une manière ou d’une autre, il avait fini par la remercier, alors que son cœur battait la chamade.

Mais dans l’instant suivant, il retrouva ses sens et examina frénétiquement les environs... Le reste de la classe se détourna l’un après l’autre alors qu’ils étaient tous embarrassés.

Pour une raison inconnue, quelques garçons étaient courbés vers l’avant. Et les filles cachaient leurs joues rougissantes.

Même Eruru... n’était pas une exception. Mei avait également affiché un visage plein de lamentations.

« ... Quel mouvement ! On dirait qu’elle me bat légèrement quant aux compétences avec une langue, » commenta Mei dans un murmure.

Et puis, Reina, celle qui représentait la conscience collective de la classe avait murmuré de façon inintelligible avec son visage qui rougissait intensément. « C-C’est... c’est cette chose, non ? Alors... à l’étranger, est-ce très commun ce genre de chose, non ? »

« ... J’imagine que oui, » dans un éclair d’inspiration, Hisui s’était soudainement rappelé qu’il avait présenté Rushella comme sa parente éloignée qui était revenue de l’étranger.

« C’était... donc simplement un traitement de plaies... C’est vrai. Ce genre de chose... très commun... Tout le monde..., » balbutia Reina

Bien qu’il savait dans son cœur que c’était sûrement très rare, Hisui ne pouvait que hocher la tête en signe d’accord.

« Oh, savez-vous également comment faire ça ? » demanda Rushella. « Je le fais tous les matins avec ce garçon. Alors, vous aussi, avez-vous ce genre d’habitude ? »

L’atmosphère dans la salle de classe s’était instantanément gelée. Et surtout, Reina qui était entrée dans son mode rigide avait vu ses pensées complètement bloquées.

« Il est toujours obéissant après avoir été sucé, mais il se bat toujours avant l’acte, » déclara Rushella. « Franchement, cela me trouble énormément. Avez-vous de bonnes solutions pour améliorer ça ? »

« Q-Qui sait... Je n’ai pas, euh, vraiment connaissance de ce genre de chose..., » balbutia Reina.

Reina détourna son regard face aux yeux pleins d’innocence de Rushella et courut pour faire bouillir l’eau, puis ajouta une base de soupe, des légumes et une saucisse.

Le thème d’aujourd’hui était une soupe bien épaisse... et un long temps de cuisson était l’une des caractéristiques majeures.

« Quoi, ne le savez-vous pas ? » demanda Rushella. « Mais chaque fois que l’enseignant vous pose une question en classe, vous répondez toujours avec aisance. Ne soyez pas avare et dépêchez-vous de tout me dire. »

« M-Mais, c’est..., » balbutia Reina.

« Quel est le problème, êtes-vous timide ? » demanda Rushella.

Reina versait soigneusement de l’eau gazeuse quand Rushella alla la harceler.

Voyant son pitoyable regard qui suppliait, le reste des étudiants regarda silencieusement Hisui d’une manière menaçante.

« ... Quel désastre ! » s’exclama Hisui.

« ... Tout à fait, » Mei posa une main sur l’épaule de Hisui alors qu’il baissait la tête, perdant toutes ses forces.

C’était comme si ce jour-là, il avait perdu quelque chose de précieux. Heureusement, la soupe une fois finie s’était avérée très bonne. Il y avait donc une lumière au milieu de tous ses malheurs.

« Ouah, bien joué ! C’est vraiment délicieux, » s’exclama Mei.

« Dépêchez-vous et remerciez le représentant de classe qui était en charge du ragoût. C’est certainement merveilleux. Je veux vraiment découvrir la recette en détail, » déclara Hisui.

En entendant les louanges de Hisui, Reina agita modestement ses mains. « Ce n’est vraiment rien de spécial. J’ai simplement ajouté un peu d’assaisonnement à la base de soupe prête à l’emploi vendue au marché. N’est-ce pas parce que les légumes et la viande ont été très bien tranchés ? »

Pendant que Reina conversait, elle distribuait avec diligence à tous une tasse en carton et versait de l’eau dans une bouilloire.

Les élèves avaient été autorisés à apporter leurs propres boissons, mais l’école avait également préparé de l’eau chaude et des bouilloires.

« Ah ! Mais c’est vraiment génial. Avez-vous ajouté un assaisonnement secret à la recette ? » demanda Hisui.

« Eh bien..., » commença Reina. Elle était sur le point de répondre quand on entendit le bruit d’un plat qui s’écrasait sur le sol. « Qu’est-il arrivé ? »

L’assiette de Rushella était tombée au sol. La soupe était déjà terminée et heureusement l’assiette ne s’était pas cassée, donc le sol n’avait pas besoin d’être nettoyé.

« Eh bien... cette chose... ma main a juste glissé, » Rushella tapota son visage, puis elle but un peu d’eau avant de ramasser l’assiette et de la remettre sur la table.

Puis... elle se leva d’une façon instable.

« Je suis pleine. C’est déjà la pause déjeuner. Hmm... il faut que je prenne un peu l’air..., » Rushella quitta en titubant la classe d’économie domestique alors qu’elle parlait.

Hisui et Mei échangèrent un regard et acquiescèrent.

Quelque chose n’allait pas.

« Je suis désolé pour la vaisselle et le nettoyage... Mais puis-je te les laisser ? » demanda Hisui à Mei.

« Aucun problème. Mais j’attends après ça à avoir une récompense, » répondit Mei.

« OK. » Après avoir dit ça, Hisui avait fini le reste de l’épaisse soupe en deux gorgées et avait bu l’eau se trouvant dans sa tasse en carton. « J’ai fini. Mademoiselle la représentante de classe, nous parlerons de la recette la prochaine fois. »

« D-D’accord, très bien..., » balbutia Reina.

Tout en ignorant la représentante de classe hésitante, Hisui sortit précipitamment de la salle de classe afin de chercher Rushella.

Il ne lui fallut pas longtemps pour la trouver.

Non loin de la classe d’économie domestique, Rushella avait un peu avancé dans le couloir.

Elle s’appuyait contre le mur du couloir, haletant lourdement.

« Hé, qu’est-ce qui se passe !? » demanda Hisui.

« Hisui, c’est toi..., » Rushella avait faiblement prononcé son prénom puis s’était effondrée contre la poitrine de Hisui.

« Hé..., » dit-il.

Elle ne lui avait pas répondu. Sa peau d’une grande pâleur était trempée de sueur, et Rushella avait complètement perdu connaissance.

« Qu’est-il arrivé ? » demanda Eruru.

Hisui avait regardé en arrière pour y trouver Eruru. Elle avait probablement remarqué l’attitude inhabituelle de Rushella et avait suivi.

« Elle s’est évanouie... et elle ne bouge plus du tout, » déclara Hisui. « Que se passe-t-il... se réveillera-t-elle si je lui donne de mon sang... ? »

« Même si le sang est le remède ultime et la nourriture pour les vampires, gardez-le en dernier recours, » répondit Eruru. « Commençons par l’emmener à l’infirmerie afin de la laisser dormir sur un lit. Quant à la raison... le fait de dire qu’il s’agit d’un manque de sommeil et d’une petite anémie devrait être correct. »

« Vous avez raison, » déclara Hisui.

Avec l’aide d’Eruru, Hisui avait porté Rushella jusqu’à l’infirmerie, prenant ainsi en charge le premier défi.

« ... Est-ce que les vampires tombent malades ? » demanda-t-il.

« Qui peut le savoir..., car si même vous ne le savez pas, il en est de même pour moi, » après avoir été froidement exhorté par Eruru, Hisui avait quitté l’infirmerie.

†††

Partie 4

Il s’agissait en quelque sorte d’une étrange sensation.

Ma conscience est dans le brouillard. Mon corps n’écoute pas non plus mes ordres, pensa Rushella. C’était comme si tout mon corps était ligoté avec des chaînes, mais en même temps, c’était différent des chaînes sacrées d’argent que j’avais déjà expérimenté.

À la place que le corps soit lié depuis l’extérieur, la chaîne semblait être produite à l’intérieur du corps.

En utilisant des termes humains, cela ressemblerait probablement à une maladie comme une grippe.

Mais il était complètement inutile de considérer une telle possibilité, car c’était tout simplement impossible.

Bien que les vampires puissent être blessés, le concept de maladie n’existait pas pour eux.

Si l’on devait vraiment forcer une comparaison, seul le désir de sang frais comptait pour quelque chose comme ça.

Même s’il s’agissait d’un phénomène ressemblant à l’instinct, il n’était pas déraisonnable de le considérer comme une maladie. Et si le sang n’était pas aspiré, le sentiment de fatigue du corps augmenterait.

Néanmoins, ce matin, elle s’en était déjà nourrie. Et à midi, cela avait peut-être été une infime quantité, mais cela avait quand même compté comme une deuxième fois.

En ce qui concerne le volume, cela devrait amplement suffire, mais son corps donnait l’impression d’être sans force.

Que m’arrive-t-il ? Que se passait-il ? pensa-t-elle.

Alors que des questions tourbillonnaient dans son esprit, un parfum doux pourrait être senti en ce moment. Il s’agissait d’un arôme envoûtant qui était si fort qu’il donnait des maux de tête.

« Que se passe... ? » murmura Rushella.

Comme si elle était guidée par l’odeur, Rushella s’était assise sur le lit. Elle avait d’abord examiné son environnement et elle constata qu’elle était actuellement dans une pièce inconnue.

Le mobilier de la chambre était blanc et propre, avec de nombreuses armoires remplies de médicaments. Il y avait des rideaux qui séparaient les lits, et même si elle n’avait jamais été là auparavant, elle savait que cela devrait être l’infirmerie.

En cherchant dans ses souvenirs, la dernière image qu’elle avait était qu’elle avait été tenue dans les bras de Hisui.

Il est probablement à côté de... Rushella regarda à la droite du lit avec ce faible espoir en tête.

Ce qui entra dans son champ de vision fut seulement le rideau blanc qui marquait les frontières entre les lits.

À travers le rideau, on pouvait voir la silhouette d’une personne.

 

 

À ce moment-là, une bouffée de cet arôme arriva jusqu’à elle. Cela ressemblait à la combustion de l’encens. De la fumée pourpre pourrait être vaguement vue flottante en haut du rideau.

« Qui êtes-vous... ? » demanda Rushella.

« Faible vampire, vous n’êtes pas digne de connaître mon nom, » la voix ressemblait en même temps à celle d’une vieille femme et d’une jeune fille. À travers le rideau, l’apparence de l’autre personne ne pouvait pas être discernée. Pas même sa silhouette ou les contours de son visage étaient apparents.

« Comment osez-vous me parler de cette manière ? Dépêchez-vous de vous montrer ! » Rushella rugit et tendit la main afin de tirer le rideau. Mais même si ses mots étaient intimidants, ses mouvements étaient lents. L’arôme perturbait ses pensées.

« ... » Elle resta sans voix. Après avoir tiré le rideau de côté... elle vit qu’il n’y avait personne.

Seul un bougeoir qui semblait très ancien avec une bougie violette brûlait. Sa flamme flamboyait doucement.

« Pourquoi... ? » Rushella murmura et remarqua en même temps que quelqu’un était derrière elle.

Puis, se retournant rapidement, elle trouva cette « personne » debout dans le coin de la pièce.

En se basant sur l’apparence, elle devrait être une femme, mais Rushella ne pouvait pas être complètement certaine. Tout cela était probablement dû à ses pensées confuses, et au fait que l’intégrité du corps de la personne était vêtue d’une étrange robe rouge, exposant seulement le visage qui était tourné vers Rushella. Sa tête était également recouverte d’une capuche qui, non seulement masquait son regard, mais rendait son expression impossible à lire.

« ... Votre tenue est vraiment pittoresque, » déclara Rushella. « À l’époque où nous, les vampires, dominions le monde, il y avait beaucoup de personnes qui vous ressemblaient, exposant une merveilleuse magie. Tout ça est présent dans ma mémoire. »

« C’est exact... Je suis une rénovatrice des arts perdus, » déclara l’autre personne. « Cependant, il n’est pas nécessaire que votre race soit ici. Pourquoi êtes-vous revenue ? Pourquoi... êtes-vous dans cette école ? »

« Qui sait ? Je voudrais aussi demander, qui suis-je en réalité ? » déclara Rushella.

« Ne plaisantez pas..., » elle sortit une main hors de sa robe, aussi blanche que de la neige. Même si son âge ne pouvait pas être déterminé par sa voix, cette peau appartenait clairement à une femme dans la fleur de l’âge.

Elle avait une sphère noire de la taille d’une bille dans sa main et l’avait lancé sur Rushella.

« ... ! » Instinctivement, Rushella avait réalisé le danger. Rushella avait glissé sa main à l’intérieur de sa jupe. Quand elle portait son uniforme, c’était là qu’elle gardait son épée courte favorite.

Avant que la sphère n’arrive sur elle, elle frappa avec son épée afin de l’intercepter. Au moment où la lame heurta la sphère, de minuscules étincelles s’étaient éparpillées alors que des flammes violettes semblaient sortir de là.

« Quoi... !? » s’exclama Rushella.

Les flammes violettes n’étaient pas grandes et elles avaient rapidement disparu dans l’air. Mais ce qui accompagna la hausse de l’intensité du parfum fut un engourdissement des cinq sens de Rushella.

« Cet arôme... Comme tout à l’heure... Mais plus fort... C’est quoi ? » demanda Rushella.

« Pour l’instant, appelez-moi juste — Sorcière, » répliqua-t-elle. « Votre race n’est pas la seule qui vit dans la société moderne. »

« Je vois... un vestige des anciens lanceurs de sorts ! Mais pourquoi me traitez-vous comme une ennemie ? » demanda Rushella.

« C’est vous qui avez pénétré dans mon territoire, » répondit la sorcière. « Fichez le camp d’ici et retournez à l’endroit d’où vous venez. Sinon — je vais vous exécuter ici. »

Puis, tout en laissant ces mots derrière elle, la sorcière fit pivoter son corps recouvert de sa longue robe et sauta par la fenêtre.

Rushella voulait lui courir après, mais son corps léthargique ne pouvait pas suivre sa volonté.

L’arôme de plus en plus intense dans la pièce rendait ses paupières de plus en plus lourdes.

Tout en serrant les dents, Rushella ne put rien faire alors que sa conscience s’enfonçait dans les ténèbres.

***

La leçon d’économie domestique avait pris fin, et maintenant, c’était une réunion en classe.

« ... Donc, la salle de biologie semble avoir un spécimen manquant. J’ai entendu dire qu’il s’agissait d’un objet précieux envoyé en cadeau par l’un des anciens professeurs, » la voix enfantine de Jyuri, la plus impropre possible pour l’enseignement, retentissait. Dans la classe. « Si quelqu’un le trouve, remettez-le à un enseignant ~. Vous devez vous demander à quoi cela ressemble. C’est semblable à ceci, conservé dans un bocal, immergé dans du formaldéhyde. La forme ressemble un peu au ginseng. Alors, s’il vous plaît, aidez-nous à le chercher. »

Peut-être parce que personne n’était intéressé par le sujet, aucun des étudiants n’avait porté une attention particulière à cette affaire.

Normalement, les leçons n’avaient presque jamais eu lieu dans la salle de biologie. Cet endroit était essentiellement équivalent à une salle de stockage. Et très probablement, en raison du conseil étudiant, ou plutôt, de l’enquête de Kirika, cette pièce allait disparaître.

« Alors le cours se conclura maintenant, » avec sa voix mignonne, Jyuri avait déclaré la conclusion des cours d’aujourd’hui.

Les élèves avaient commencé à quitter la classe les uns après les autres, partant pour rentrer chez eux ou pour se rendre à leur club. D’autre part, Mei et Eruru étaient restées dans la classe.

« ... Alors Eruru-chan, pourquoi Rushella s’est-elle sentie mal ? » demanda Mei.

« ... Je ne suis pas sûre, » répondit Eruru. « Et aussi, Sudou-san, pourriez-vous s’il vous plaît arrêter de m’appeler “Eruru-chan” ? Je suis dans la même année que vous ! »

Eruru parla tout en poussant ses lunettes, tandis que Mei protestait obstinément. « Qu’importe ? Ne me faites pas participer aux distinctions sociales stratifiées de la police. Au fait, où est Hi-kun ? »

« Il est allé voir Rushella, » répondit Eruru. « Elle est après tout une vampire, donc je ne crois pas que ce soit quelque chose de sérieux... alors, pourquoi est-il si inquiet ? »

Pendant les cours de l’après-midi, Eruru avait beaucoup réfléchi sur ça.

Si elle se sentait simplement souffrante, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, mais pour une vampire, la chance de cela soit quelque chose d’essentiel était proche de zéro.

En d’autres termes, elle devait avoir mangé quelque chose qui avait provoqué des symptômes anormaux dans son corps de vampire.

« Avant que les symptômes apparaissent, qu’est-ce qu’elle a mangé... ? Pour commencer, il y avait le sang de Kujou-san, et cela, c’est quelque chose qui est sans danger, » déclara Eruru. « Et en plus, comme il prend en considération le fait que son sang est bu par Rushella, il évite même de manger de l’ail, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai, » répondit Mei. « Ce type semble avoir gravé son identité de serviteur jusqu’à la moelle. Alors ça doit être la soupe épaisse ? Mais je l’ai trouvé assez savoureuse, donc, pas de problème de ce côté-là. »

« C’est la seule chose à considérer, » déclara Eruru. « Mais nous avons nous-même apporté les ingrédients et la base de la soupe a été achetée au marché. Les assaisonnements peuvent varier d’une personne à l’autre, mais cela ne devrait pas poser de problème. Naturellement, de l’ail n’a pas été rajouté à ça, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr que non, » répondit Mei. « Hi-kun était très attentionné, et d’ailleurs, la fille elle-même l’aurait sûrement remarqué. Et à une telle distance, même votre sens de l’odorat peut remarquer cela, n’est-ce pas Eruru-chan ? »

« ... Effectivement, » répondit Eruru. « On dirait que la raison de son malaise doit sûrement être présente dans cette salle de classe d’économie domestique. Mais qu’est-ce qui peut bien lui causer ça... »

Eruru commença à sérieusement réfléchir à ça, alors que Mei la regardait avec une expression éloquente.

« ... Qu’y a-t-il ? » demanda Eruru.

« Pas grand-chose. Je suis juste surprise que vous réfléchissiez si sérieusement à propos des vampires, et c’est quand même l’objet de votre plus grande haine. Si cela s’était passé il y a longtemps, Eruru-chan, vous auriez sûrement dit que les vampires devraient juste mourir et que c’était tout ce qui m’importait... Ai-je raison ? N’avez-vous pas été influencé par Hi-kun ? »

« A-Arrêtez de vous moquer de moi ! Ce n’est pas du tout ce que vous pensez..., » Eruru murmura et évita son regard alors que Mei continuait à la regarder avec amusement. « Je-je m’inquiète tout simplement pour le problème en lui-même ! »

« Le problème en lui-même ? » demanda Mei.

« ... Les humains allaient bien, mais seule la vampire présentait des symptômes, » expliqua Eruru. « Si tout ça a été fait délibérément, alors quelqu’un doit posséder des connaissances et des compétences spécialisées pour cibler les créatures surnaturelles. »

« ... »

« Si cette personne visait seulement à détruire une créature surnaturelle, il n’y a pas trop de raisons de s’inquiéter, » continua Eruru. « Cependant, ce pouvoir... est très dangereux, extrêmement dangereux... »

Puis, voyant qu’Eruru était devenue silencieuse, Mei était également devenue sérieuse.

Après être passée à son expression solennelle, elle avait offert des encouragements en tant que collaboratrice externe de la Section des Enquêtes Surnaturelles. « Je vais vous aider, mais pas gratuitement. »

« Aucun indice précis n’a encore été trouvé, » déclara Eruru. « En tout cas, nous devrions également aller rejoindre Kujou-san. Je suis aussi un peu préoccupée par son état de santé. »

Eruru se leva de son siège. En même temps, un étrange visiteur était arrivé dans la classe.

Tout en faisant de mignons miaulements, un chaton noir s’était glissé dans la pièce.

« Oh mon dieu, quel mignon chaton ! Es-tu perdu ? » déclara Mei. Puis elle tendit la main vers le chaton noir alors qu’il essayait de le sortir de la pièce.

Elle s’était approchée du chat noir se trouvant devant eux.

Eruru ne faisait que regarder cette scène avec désinvolture, mais en se remémorant la scène d’hier, elle parla immédiatement afin d’arrêter Mei. « Arrêtez-vous... Éloignez-vous de lui ! »

« Hein !? » s’exclama Mei. Alors qu’elle tournait la tête, le chat noir apparut à côté de son visage. Il avait instantanément sauté sur son épaule.

En voyant de tels mouvements, il semblait être en apesanteur. Mei et Eruru avaient été prises de court par cet acte.

À ce moment-là, une voix provenant du chat avait clairement atteint leurs oreilles. « Vous deux... êtes-vous aussi les compagnons du vampire ? »

Les deux filles se regardèrent sous le choc.

Incontestablement, une voix humaine provenait de la bouche du chat. Elle ressemblait à celle d’une femme âgée totalement mélangée avec celle d’une jeune fille. Le seul fait certain était que cela provenait d’une femme.

« Si vous êtes les compagnons du vampire, hâtez-vous et partez d’ici ! Ou sinon... » continua le chat.

« Ou sinon !? » demanda Eruru.

Eruru s’était lentement approchée afin d’attraper le chat. Dans le pire des cas, elle n’hésiterait pas à utiliser les balles de son arme sacrée bien-aimée, Argentum. Il s’agissait d’une arme remplie avec des balles d’argent, et bien que sa spécialisée soit les vampires, elle était tout de même très efficace contre d’autres créatures surnaturelles.

« La mort, » le chat se moqua d’elles.

C’était clairement le corps d’un chat, mais le visage ressemblait à celui d’un humain. Il affichait ce qui semblait être les expressions humaines.

Face à ce regard plein de confiance, même Eruru et Mei sentirent un lambeau de terreur malgré leur courage inébranlable.

À l’instant suivant, le chat sauta depuis l’épaule de Mei et il cracha quelque chose vers le sol. Puis il avait quitté la salle de classe avec des enjambées rapides et fugaces.

« Qu’est-ce que c’était... à l’instant ? » demanda Mei.

« ... »

« Il a parlé, n’est-ce pas... ? Cela pourrait-il être, un chat-démon ? Ou l’esprit d’un chat ? » demanda Mei.

« Non, ce n’est probablement qu’un chat tout à fait ordinaire, » répondit Eruru. « La seule chose spéciale le concernant est que c’est un “familier”. Ou vous pourriez aussi l’appeler un messager. »

« Quoi... !? Eh, alors est-ce de la ventriloquie !? » demanda Mei. « Est-ce que quelqu’un en coordination avec les mouvements du chat a parlé en se tenant à proximité !? Où quelqu’un a-t-il effectué un tour de magie ? »

« Il y a certainement un truc et une astuce pour ça, mais ce n’est vraiment pas un tour de magie, » répondit Eruru.

Eruru avait attrapé un mouchoir et avait ramassé ce que le chat avait craché. Il s’agissait d’un ancien morceau de parchemin.

Après avoir étalé le parchemin qui avait été plié à plusieurs reprises, elles virent le même cercle magique dont Hisui avait été témoin hier, mais il s’agissait là d’une version de petite taille.

Eruru avait vite compris en raison de la légère puanteur provenant de là qu’il avait été fait avec du sang.

Il y avait aussi un léger arôme d’actinidia polygama [1] ainsi que diverses herbes.

« Est-ce... une chute ? Quoi !? Cela me donne l’impression d’être magique. Et le fait d’utiliser un chat noir comme un familier, c’est fondamentalement comme..., » commença Mei.

« “Sorcière”... Vous avez raison, » l’énoncé de ce mot par Eruru envoya un frisson dans la colonne vertébrale de Mei. « Nous devrions nous dépêcher et aller rejoindre Kujou-san. Une enquête doit commencer dès que possible. »

« Allons-y... ! » s’écria Mei.

Les deux filles se précipitèrent hors de la salle de classe et elles avaient couru vers l’infirmerie.

Notes

  • 1 actinidia polygama : Actinidia polygama est une espèce dioïque de lianes de la famille des Actinidiaceae. L’espèce se trouve en Asie de l’Est, plus particulièrement en Chine et au Japon. On la trouve principalement dans les zones boisées montagneuses du Japon. Connu sous le nom de Vigne d’Argent.
    Du fait de certaines substances, certains chats sont comme drogués par les feuilles d’actinidia polygama. Elles sont aussi utilisées comme sédatifs pour les lions (dans certains zoos).
    Les feuilles d’actinidia polygama peuvent aussi être consommées en infusion ou après avoir été roulés puis séchées, avec un effet stimulant désiré : le nom japonais Matatabi (マタタビ?) désigne littéralement « Voyage de nouveau », c.-à-d. on est de nouveau capable de voyager après en avoir pris.

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