Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 5 – Chapitre 118

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Chapitre 118 : L’ours va déterrer des pousses de bambou

Au beau milieu de mon sommeil, j’avais entendu frapper à la porte avec légèreté, presque en s’excusant. J’avais ouvert les yeux, m’étais levée et avais regardé par la fenêtre avant de me rappeler que le soleil n’était pas encore levé. Heureusement, je ne me sentais pas somnolente vu que nous nous étions couchés très tôt. La porte s’était ensuite lentement ouverte et quelqu’un était entré.

« Yuna, tu es déjà réveillée ? », dit Fina en chuchotant.

« Oui, je viens de me réveiller. »

« Bonjour, Yuna. »

« Bonjour. Où est Shuri ? »

« Comme on s’est couchée tôt, elle est réveillée. »

Je suppose que c’était comme ça que ça se passait ici, non ? Après tout, elles s’étaient toujours levées tôt avec Tiermina pour aider à l’orphelinat. Si quelqu’un devait avoir du mal à se lever, ce serait moi.

« Nous partirons après nous être changées, alors attendez en bas. », avais-je dit.

J’avais fait descendre Fina en premier, puis j’avais mis mes vêtements d’ours noir. J’avais rappelé Kumayuru et Kumakyu, qui étaient pelotonnés sur le lit.

« Désolé pour l’attente », avais-je dit quand j’étais sortie.

Fina et Shuri regardaient l’océan. Je suppose que le lever du soleil ne devrait pas tarder, hein ?

« Vous n’avez pas froid, toutes les deux ? »

« Je vais bien. »

« Uh-huh. Je vais bien. »

J’espère qu’il ne faisait pas trop froid, je ne pourrais pas le savoir avec cette grenouillère.

« Si vous avez froid, faites-le-moi savoir. »

Les deux ayant hoché la tête, nous étions parties. Deigha se tenait déjà à l’entrée du port maritime, une grande houe à la main.

« Bonjour, Deigha », avais-je dit.

Fina et Shuri me firent écho.

« Bien. Eh bien, allons-y ! », dit Deigha en grognant.

Il prit alors sa houe et se dirigea vers le fourré de bambous.

« Tout va bien à l’auberge ? », avais-je demandé.

« Oui, on a tout préparé hier soir. Tant qu’elle cuisine, Anz ira bien, même toute seule. Si elle ne peut pas, nous devrons donc la recycler avant même de penser à la laisser travailler dans votre boutique. »

Argh. Espérons donc qu’Anz puisse se débrouiller seule.

Nous étions arrivés assez rapidement au bosquet de bambous. Des plantes de bambou majestueuses sortaient de terre.

Deigha frappa sur une tige de bambou dure, faisant un son creux.

« On peut vraiment manger ces trucs ? »

« Oui, mais ceux qu’on peut manger ne sont pas encore sortis de terre. »

J’avais cherché un endroit où le sol s’était un peu soulevé pour tenter ma chance. Peut-être… là ? J’avais utilisé de la magie de terre pour creuser et boum, gagné : une gigantesque pousse de bambou émergea du sol. Et si je peux le dire, je l’avais déterrée avec précision et grâce.

« C’est donc ça une pousse de bambou, hein ? Elle est plutôt douce. », dit Deigha tout en prenant la pousse et en l’examinant.

« Si on enlève la couche extérieure et qu’on en retire l’amertume, c’est comestible. »

« D’accord, compris. Donc je n’ai plus qu’à creuser le sol, hein ? »

Saisissant la houe, Deigha s’était aventuré dans les fourrés avec l’assurance de quelqu’un qui l’avait fait des millions de fois. Ce qu’il n’avait probablement pas fait, donc… Hmm.

« Yuna, on va les déterrer ? », dit Fina tout en regardant la pousse.

« C’est ça. Elles sont vraiment délicieuses. »

« OK. Je vais travailler très dur, mais je n’ai rien apporté pour creuser. »

« Ce n’est pas grave. Je vais vous mettre par deux avec mes ours. »

J’avais alors convoqué Kumayuru et Kumakyu.

« Kumayuru ! Kumakyu ! »

Shuri courut alors jusqu’à eux.

« Savez-vous tous les deux où sont les pousses de bambou ? », avais-je demandé à mes ours.

Ils répondirent énergiquement par un « cwoom ». Qu’est-ce que je pouvais attendre d’autre de la part d’animaux, ou de bêtes invoquées.

« Très bien, Fina, tu vas avec Kumayuru. Shuri, tu vas avec Kumakyu. », dis-je.

« Kumayuru, je compte sur toi ! »

Fina donna alors une petite tape dans le cou de Kumayuru.

« Kumakyu, travaillons très dur. »

Shuri sauta pratiquement sur Kumakyu pour faire un câlin à l’ours.

Les ours laissèrent échapper un croon joyeux à l’unisson.

« Kumakyu, travaillons dur pour ne pas nous faire battre par notre sœur. », dit Shuri.

« Je ne vais pas non plus me faire battre. Pas vrai, Kumayuru ? », dit Fina en rigolant.

Toutes les deux partirent avec leurs ours dans des directions différentes.

Tout le monde était parti de son côté, je suppose donc que je devrais creuser par ici.

J’avais arpenté l’espace, creusant les endroits du sol qui gonflaient légèrement. Je me trompais parfois, mais seulement parfois. Pendant que je faisais ça, Fina et Shuri avaient apporté leurs pousses de bambou.

Bien que les filles soient novices, elles en avaient apporté des grandes et des petites, des pousses de toutes tailles. Elles revenaient toujours avec d’autres pousses, mais Deigha était introuvable. J’espérais qu’il creusait aux bons endroits, mais comme il était parti au milieu de mon explication, avant que je ne lui donne des indications sur les endroits où trouver des pousses de bambou, j’étais un peu inquiète.

Comme j’étais inquiète pour Deigha, j’avais continué à creuser jusqu’à ce que je sente que j’étais sur le point d’en avoir trop. Quand Fina et Shuri étaient revenues, je leur avais dit qu’on avait fini de creuser.

« Tu m’as battue, sœurette », dit Shuri avec un soupir déçu.

« Tu as perdu parce que tu es allée un peu trop loin, Shuri. »

« Je pensais qu’il y en aurait des tonnes si j’allais vraiment loin ! »

Fina était restée à proximité afin de creuser, alors que Shuri avait essayé de creuser un peu plus loin. À cause de ça, elle avait dû transporter les pousses de bambou de plus loin et avait perdu face à Fina.

« C’est juste de la logique. La prochaine fois, tu dois penser à la distance à laquelle tu dois porter les choses. », dit fièrement Fina.

« Ughh… »

Shuri fit la moue en serrant son partenaire dans ses bras.

« Désolé, Kumakyu. On a perdu à cause de moi. »

Comme pour dire à Shuri de ne pas s’en faire, Kumakyu posa une patte sur la tête de Shuri. C’était mignon, mais de loin, on aurait pu croire que la fille était sur le point de devenir un casse-croûte pour ours.

Deigha, par contre… Deigha était vraiment en retard. Jusqu’où avait-il pu aller pour ramasser les pousses ? J’avais alors utilisé ma compétence de détection pour vérifier la position de Deigha. OK, il n’était pas si loin.

« Bon, les filles, je vais faire un saut pour aller là où se trouve Deigha, alors vous deux, attendez ici. »

Il n’était pas difficile à trouver, notamment parce qu’il faisait ressembler toute une parcelle de verdure à la surface cratérisée de la lune… et qu’il creusait encore plus de trous.

« Deigha, que fais-tu ? »

« Qu’est-ce que je fais ? Je déterre des pousses de bambou », répondit Deigha en s’essuyant le front.

« Je n’en ai juste, ah… pas encore trouvé. »

Oui, ce type creusait juste au hasard.

« Deigha, il y a des astuces pour trouver des pousses de bambou. »

« Il y en a ?! Pourquoi vous ne me l’avez pas dit plus tôt ? »

« Tu es parti de ton côté avant que je puisse dire quoi que ce soit. »

« J’ai fait ça ?! »

« Tu l’as fait. Pour trouver des pousses, tu dois bien regarder le sol et creuser les endroits où tu vois la terre remonter légèrement. »

J’avais alors regardé autour de moi et j’avais trouvé un endroit parfait.

« Deigha, cet endroit est en train de gonfler, non ? »

« Oui, on dirait. »

« Essaie de creuser ici. »

Il creusa comme je lui avais dit, et…

« Oh ! Tu veux bien regarder ça ? »

« Mmhm. C’est en train d’essayer de se frayer un chemin hors du sol. Si ça pousse, ça finit par devenir une tige de bambou dure. »

« Compris. »

Deigha creusa alors avec la houe, en veillant à ne pas casser la tige de bambou. Et pendant qu’il creusait, on pouvait voir la forme de la pousse dans son ensemble, elle était beaucoup plus grosse que je ne le pensais.

« Voilà un gros spécimen, hein ? »

Deigha fit des efforts et des flexions et réussit finalement à ramasser une pousse de bambou.

Il avait donc ramassé qu’une seule pousse. Avec ça, nous avions fini de creuser des pousses de bambou pour la journée. Grâce à Fina et Shuri, nous en avions obtenu des tonnes. Le soleil s’étant levé, j’avais essayé de dire à Deigha que nous allions rentrer à la maison.

« Mais je n’en ai qu’une. »

« On n’a plus le temps. Même si on continuait à les collecter, le goût serait gâché. »

Il me semble bien avoir entendu dire que la lumière directe du soleil faisait ressortir leur amertume… du moins, c’est ce que disaient la télévision et Internet. Quand j’avais expliqué le truc sur la saveur à Deigha, ce dernier avait l’air déçu, mais il avait quand même écouté.

« Oui, il n’y a aucune raison de déterrer quelque chose d’amer et de désagréable. », dit-il en grommelant.

C’était vraiment le point de vue d’un cuisinier qui se souciait de préparer de la bonne nourriture pour ses invités.

« De toute façon, on en a une tonne, donc ça devrait aller. »

Sur ce, j’avais rangé toutes les pousses de bambou dans la réserve d’ours et j’étais retournée à l’auberge.

Au moment où nous étions arrivés à l’auberge, on vit qu’Anz avait l’air fatigué. Ce n’était pas tellement son expression qui le trahissait, mais plutôt le moment où elle était face contre terre sur une table.

« Anz ? »

« Ah ! Que puis-je faire ? Oh, Mlle Yuna, bon retour parmi nous. », dit Anz en clignant des yeux.

« On dirait que tu t’en es sortie. »

« D’une certaine manière, mais je ne veux vraiment, vraiment plus faire ça. »

« Ouais, mais si tu ne pouvais pas faire ça, tu n’aurais jamais été capable de t’en sortir par toi-même. »

Anz hocha alors la tête.

« Je vais travailler dur. Avez-vous eu ces pousses de bambou ? », dit-elle tout en se levant.

J’avais alors sorti une pousse de la réserve d’ours. Elle se mit à la contempler.

« Est-ce une pousse ? »

J’avais hoché la tête.

« Et si on la préparait pour la manger au déjeuner ? »

J’avais montré à Deigha et à Anz comment décortiquer les pousses, nous avions aussi préparé le riz.

Au milieu de la cuisson, j’avais glissé une question que je voulais poser depuis un moment…

« Personne du Pays de Wa n’est encore venu ? »

« Pas encore. C’est un problème, car nous n’avons pas reçu de riz et beaucoup d’autres choses en même temps. Grâce au seigneur de Crimonia, nous recevons de la farine de blé, ce n’est donc pas comme si nous n’avions pas assez de nourriture… mais les ingrédients du Pays de Wa me manquent vraiment. »

Mince, s’ils n’avaient pas de riz, je suppose qu’ils seraient obligés de manger du poisson avec du pain. Comment peut-on faire ça ? J’avais essayé d’imaginer manger du sashimi avec du pain et… j’avais frémi. Non, ça n’allait pas.

Mais bon… peut-être qu’un burger de poisson pourrait être assez bon ? La sauce qui l’accompagnait, en tout cas, était bonne. Et comme je pouvais trouver du poisson très facilement, si seulement je pouvais… euh, oups, je m’avançais un peu. Bon, c’était l’heure de la pousse de bambou, allons-y et voyons si je peux donner un bon goût à ces saloperies.

Après avoir fait sortir l’amertume des pousses de bambou, j’avais préparé le plat principal : du riz aux pousses de bambou. J’avais également fait frire quelques pousses, les avais aromatisées, et bam : nous avions eu un repas de pousses de bambou avec deux méthodes.

« On dirait que vous savez ce que vous faites », dit Deigha avec un signe de tête approbateur.

« Mlle Yuna, tu es tellement douée pour ça. »

« Heureuse d’entendre ça de la part de deux cuisiniers. »

Je coupais alors les pousses avec un couteau.

« Si tu es aussi douée en cuisine, as-tu besoin de moi ? »

« Oui. Tu vois, je ne sais pas très bien monter des filets de poisson. »

Anz inclina alors la tête : « Vraiment ? »

« Je veux dire, je sais comment en cuisiner un, mais je ne l’ai pas fait souvent. Je vais avoir des problèmes si tu ne viens pas, Anz. »

La connaissance générale était après tout différente de l’expérience.

« C’est rassurant. Il y a des choses pour lesquelles même toi tu n’es pas douée. », dit-elle avec un sourire.

« Oh, une tonne. Je suis une aventurière, mais je ne peux même pas dépecer un monstre. »

« Vraiment ? »

« Oui. Je dois demander à la guilde ou à Fina de le dépecer pour moi. Fina est très douée pour ça. »

« C’est génial ! Et elle est si petite, en plus. »

Oui. Petite, mais follement talentueuse.

Alors que nous parlions et cuisinions, Shuri s’était frayé un chemin dans la cuisine.

« Yuuuuuna, j’ai faim. »

Oups. Nous étions sortis pour déterrer les pousses sans prendre de petit-déjeuner.

« On a presque fini, alors attends encore un peu. »

« Uh-huh, ok. »

Shuri avait docilement quitté la cuisine. Quelle enfant douce et bien élevée… mais je devais faire vite, car j’étais toujours affamée. J’avais accéléré la cuisson, et assez rapidement, j’avais tapissé la table avec les plats que j’avais préparés.

« Ils sont si bons ! »

« Il n’est pas blanc aujourd’hui ? », demanda Shuri tout en regardant le riz aux pousses de bambou.

« Il contient les pousses que tu as cherchées aujourd’hui, Shuri. C’est vraiment bon, alors allons-y. »

Shuri hocha la tête et mangea un peu de riz aux pousses de bambou.

« Oh mon dieu ! Yuna, c’est si bon ! »

« Oui, Yuna, c’est super ! »

Shuri et Fina engloutirent la nourriture, mais elles semblaient apprécier chaque bouchée. Ça faisait du bien de les voir savourer quelque chose pour lequel j’avais travaillé si dur.

« On peut aussi en prendre ? », demanda Deigha.

« J’ai fait en sorte d’en préparer assez pour vous. »

J’avais aligné les portions de nourriture sur la table. Naturellement, j’en avais fait une portion pour moi, j’avais alors vite englouti les pousses avec les autres.

« C’est délicieux, et c’est doux. Je ne savais pas que le bambou pouvait être aussi doux. », dit Deigha.

« Une fois qu’ils ont poussé, on ne peut plus les manger. », dis-je.

« Yuna, c’est délicieux », dit Fina en rêvant.

Quant à Shuri, elle était bien trop occupée à manger pour dire quoi que ce soit, mais c’était aussi un compliment.

« J’ai l’impression que tu es plus douée que moi pour la cuisine, Mme Yuna », dit Anz en se plongeant dans son plat aux pousses de bambou.

« Si on pouvait faire venir du riz plus souvent, on pourrait servir du riz aux pousses de bambou à la boutique. », dit Deigha.

« Les pousses de bambou sont savoureuses même si on n’a pas de riz. », dis-je en secouant la tête.

« C’est vrai, c’est vrai. Les autres plats semblent assez savoureux. Mais vous êtes sûre de ça ? Ça ne vous dérange vraiment pas qu’on prenne toutes ces pousses de bambou ? Ça nous aiderait, mais… »

Deigha n’en avait ramassé qu’une seule. Le reste était dû à ma magie, mes ours et les enfants.

« C’est bon. On en a trouvé des tonnes grâce à ces enfants. S’il m’en faut plus, je viendrai les chercher. Mais Deigha, es-tu sûr que ça ne te dérange pas de les déterrer tout seul ? »

« Heh. C’est vrai qu’il y avait un truc pour les déterrer, mais je me débrouillerai la prochaine fois. Vous m’avez quand même beaucoup appris. »

Et bien, j’espérais que c’était vrai. La prochaine fois que je viendrais, j’aurais peut-être quelques repas avec des pousses de bambou…

Un peu après que nous ayons fini de manger, les personnes qui s’étaient rassemblées pour déjeuner étaient arrivées. Comme Deigha et Anz devaient être occupés, nous nous étions esquivés de l’auberge pour ne pas les gêner.

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3 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

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