Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 5 – Chapitre 114

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Chapitre 114 : L’ours est sollicité par Ellelaura

« Très bien, Yuna. J’ai également quelque chose à te demander. Tu n’as rien de prévu prochainement ? » demanda Ellelaura une fois que nous avions fini de discuter du livre illustré.

Peu importe ce qu’elle allait demander, vu qu’elle le demandait de ce sourire, cela ne présageait rien de bon. En plus… je n’avais rien à faire ? Ça semblait assez grossier, non ? Mon emploi du temps était plein à craquer, merci beaucoup. Faire la sieste, jouer avec Fina et Shuri, manger de la bonne bouffe…

« Non. Je suis occupée. »

« Tu n’es pas une très bonne menteuse, Yuna. Cliff s’est plaint qu’il était très occupé, et toi, tu te prélassais sans rien faire. », dit Ellelaura.

Argh, Cliff, espèce de bavard.

« Je suis une aventurière, je dois donc travailler. Garder mon emploi du temps ouvert et tout. J’ai aussi plein de monstres à tuer. », dis-je.

Il était vrai que le seul monstre que cette aventurière tuait était le temps…

« Oh, c’est encore mieux. C’est un travail d’aventurier. »

« Tu sais, je dois aussi m’occuper de cette boutique et des orphelins. »

S’occuper de la boutique (et manger de la bonne nourriture là-bas). S’occuper des orphelins (pour jouer avec eux). J’avais un emploi du temps si chargé. Mon équilibre entre vie professionnelle et vie privée était totalement rompu.

« J’ai entendu dire que tu avais laissé le magasin et l’orphelinat aux mains d’autres personnes. »

« Et bien, euh. »

Tout ce qui me concernait avait été révélé au grand jour. Cliff devait être la fuite. Vous voyez, c’est pour ça que je n’aime pas entendre que les gens parlent de moi !

« On peut dire ça », avais-je dit faiblement.

« Maintenant, à propos de cette faveur… »

« Je n’ai encore rien accepté. »

Toute résistance était futile, mais je devais essayer.

« Veux-tu bien au moins m’écouter ? Je veux que tu gardes les étudiants de l’académie. »

« Garder les étudiants ? »

Ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. J’étais sûre que cela allait être un combat contre un autre monstre.

« Les étudiants vont bientôt faire des exercices pratiques. Ne t’inquiète pas, il n’y a rien d’extravagant. Tout ce qu’ils ont à faire est de se rendre dans un village voisin et de revenir. »

« C’est tout ? »

Je pensais que ça allait être vraiment problématique si c’était Ellelaura qui me le demandait, mais ça avait l’air plutôt simple.

« Oui, c’est tout. Il suffit de garder les étudiants. J’ai essayé de faire une quête à la guilde des aventuriers, mais je n’ai pas réussi à trouver quelqu’un qui puisse le faire. Beaucoup d’étudiants seront des filles de familles respectables, il est donc vital que nous ayons quelqu’un de compétent. »

« S’ils sont si importants, pourquoi leur faire faire quelque chose d’aussi dangereux ? »

« Nous avons limité les participants aux étudiants les plus compétents de l’académie, afin qu’ils puissent dans une certaine mesure se protéger. Tu es là juste au cas où il y a quelque chose qu’ils ne peuvent pas gérer. »

« Le but de cette expérience…, “ajouta le roi,”… est de démontrer qu’il est dangereux de sortir de la capitale, que les actions irréfléchies sont périlleuses et que la présence d’un garde est essentielle. »

« Nous leur enseignons les difficultés qui accompagnent les voyages. Comment monter à cheval, comment faire un camp et vivre à la dure, le danger posé par les monstres, et l’importance de faire confiance à ses compagnons de voyage ainsi qu’à leur garde. », acquiesça Ellelaura.

« D’accord, je suppose que je comprends pourquoi vous faites qu’ils fassent ça, mais pourquoi l’académie ne les garde pas ? Pourquoi rassembles-tu des aventuriers pour cela, Ellelaura ? »

« Oh, c’est facile. Je remplis des petites tâches pour l’académie. », dit Ellelaura.

Des petites tâches ? Vraiment ? Si j’ai bonne mémoire, elle avait aussi mentionné quelque chose à propos de petites tâches au château il y a un moment. Quel était le travail réel d’Ellelaura ?

« OK, je comprends ce que tu demandes, mais… il n’est donc pas nécessaire que cela soit moi, non ? Tu as du temps avant les travaux pratiques, non ? »

« Oui, mais nous voulons sécuriser les gardes plus tôt que tard — mieux vaut prendre de l’avance sur une échéance que de la laisser te rattraper. Et le nombre d’aventuriers pouvant mener un travail d’escorte n’est pas aussi grand que tu le penses… du moins parmi ceux qui n’ont pas seulement la capacité et le temps, mais aussi la capacité d’ignorer les remarques sarcastiques des enfants de l’aristocratie. Une fois, un de nos élèves a dit quelque chose d’irréfléchi qui a tellement bouleversé l’aventurier qu’il a abandonné les enfants au milieu du voyage. »

D’accord.

« Qu’est-il arrivé à ce groupe ? »

« Une personne a été gravement blessée, mais sa vie n’était pas en danger. Mais je dirais que cela fut aussi traumatisant pour les autres. »

« Ha. Alors ça me disqualifie. S’ils me font chier, je vais les coller dans un nid de gobelins. »

Comme je ne pouvais pas faire une quête d’escorte sans ma tenue : ils se moqueraient donc certainement de moi. Je n’allais certainement pas tenir ma langue et jouer les gardes du corps avec de tels abrutis. Si je devais avoir affaire au petit morveux d’un aristocrate corrompu, comme le type qui avait détourné les fonds de l’orphelinat, je lui donnerais ma formation spéciale de survie en milieu sauvage (Je les laisserais en rade dans les bois.)

Ellelaura haussa alors les épaules.

« Ma fille sera aussi là. Si tu peux lui faire entendre raison, cela me conviendrait parfaitement. »

Cela changeait un peu les choses.

« Shia sera aussi là ? »

« Oui, elle participe à l’entraînement cette fois-ci. Et elle est aussi l’enfant d’un aristocrate. Elle sera en position d’autorité un jour, et elle a beaucoup de choses à apprendre. »

OK, maintenant je commençais à comprendre.

« Yuna, ça te dérange si c’est Shia ? »

Non, pas du tout. Comme elle me connaissait déjà, je doutais qu’elle se moque de moi.

« Ce n’est pas seulement Shia, hein ? »

« Non, ce n’est pas ça. Tu garderas quatre ou cinq étudiantes. »

Ouais, je ne doutais pas que ce serait quand même un peu pénible.

« Les élèves accepteraient-ils qu’une fille comme moi les garde ? Si je garde Shia, il s’agira sans doute de filles du même âge que moi ou même plus âgées, non ? »

Je serais l’une de leurs paires pour elles, ou pire, je garderais une bande de gamines riches… et puis, j’étais un peu plus petite que les autres enfants de mon âge. Juste un peu, rien de grave, mais… vous savez ?

« Je tirerai quelques ficelles s’il le faut. Ne t’inquiète pas pour ça. »

Tirer des ficelles ? Eh bien, Ellelaura était une aristocrate et travaillait dans le château, elle devait donc être assez puissante, mais… elle allait vraiment faire jouer son influence juste pour que les gens m’acceptent comme garde ?

Je suppose que c’était des trucs liés à la monarchie.

Le roi prit alors la parole : « Je pense qu’Ellelaura est plus que capable d’utiliser son influence, mais pourquoi je n’aiderais pas aussi ? »

Ô Roi, vous vous moquez de moi ? Ce serait comme si les étudiants recevaient un ordre du président ou du Premier ministre dans mon monde.

« Oh, ça semble amusant. Peut-être que je vais glisser un mot, moi aussi. », se dit la reine.

« Moi aussi ! »

Flora ajouta son grain de sel. Même Mlle Flora les imitait maintenant. Bon sang, ces trois adultes bons à rien avaient une mauvaise influence sur la petite Mlle Flora.

« Mais vous n’avez pas besoin de moi ou d’autres aventuriers pour les garder. Vous pourriez demander aux gardes du château ou aux mages de le faire. Pourquoi ne pas les laisser s’en occuper ? », dis-je.

« Mais ce ne serait pas drôle si… »

Ellelaura toussa alors bruyamment.

« Ou plutôt, tu sais, le test n’aurait aucun intérêt. »

C’était une sacrée gaffe. Elle faisait tout ça uniquement pour l’amusement qu’elle en retirera !

« Comme certains élèves ont des parents qui travaillent au château, ils ne se sentiront pas libres d’agir naturellement en présence de leurs parents. Ce qui est vital pour le test. Et autres. », dit-elle rapidement.

Uh-huh. Bien sûr, Ellelaura.

« De plus, nous avons engagé des aventuriers pour cela chaque année. Il est bien trop tard pour changer une telle tradition. », ajouta-t-elle

Et maintenant, ça avait l’air encore plus pénible.

« Yuna, s’il te plaît. Nous te paierons généreusement pour cette quête. »

« Ça semblait pénible, donc je dois dire non. »

Ellelaura hocha alors lentement la tête : « Dans ce cas, que dirais-tu si je… t’en devais une pour ça ? Je sais que c’est présomptueux de ma part de le dire, mais je n’ai jamais dû de faveur à personne. »

Hmm. Cela devenait maintenant intéressant, mais il n’y avait rien que je devais demander à Ellelaura. Ooo, mais peut-être que je pourrais lui demander de me dire un de ses secrets ? Cela semblait amusant, même si c’était un peu effrayant quand j’y pensais.

« Mes faveurs valent beaucoup plus que celles de ce cher Cliff. », dit-elle avec un sourire agréable

OK, elle avait plus de valeur que Cliff, un putain de seigneur féodal ? Qu’est-ce qu’elle était ?

C’était trop tentant.

« D’accord, juste pour cette fois. Mais j’ai une condition. »

« Ne voulais-tu pas… quels étaient tes mots ? Les planter dans le nid d’un gobelin ? Tu sais bien que je ne peux pas le permettre. »

« Non, ce n’est pas ça. »

« Alors qu’est-ce que c’est ? »

« Peux-tu demander à Shia de me couvrir ? »

« Te couvrir ? »

« Pour éviter, genre, toute situation de nid de gobelins. »

« Compris, oui. Je vais inclure ça dans le test. », dit-elle en gloussant.

Je suppose que tout irait bien avec Shia dans les parages. Hourra ?

« Bien. Que dois-je faire concrètement ? Je ne fais que les garder ? »

« Fondamentalement, nous voulons que tu gardes les étudiants en sécurité, mais je suppose que nous aimerions aussi que tu fasses un rapport sur les actions des étudiants. »

« Faire un rapport sur eux ? »

« Si ma fille n’aide pas à monter le camp, par exemple. Si elle est partie combattre un monstre qui est apparu toute seule, si elle n’a pas suivi tes instructions en tant que garde… des choses comme ça. »

Un rapport sur leur comportement, hein ? J’étais donc une sorte de croisement entre un surveillant et un espion pour celui qui faisait la vraie notation.

« De plus, si l’un d’entre eux t’insulte, tu es aussi priée de le signaler. Nous déduirons des points pour cela. », poursuivit-elle.

Quel soulagement !

« Comment dois-je m’occuper des monstres qui surgissent ? »

« Aide-les uniquement s’ils semblent être en danger. »

« Comment les élèves se débrouillent-ils ? Est-ce qu’on parle de deux combattants-gobelins ou peut-être d’une centaine ? »

« Tu es la seule à pouvoir combattre une centaine de gobelins, Yuna. S’il y a plus de monstres que d’élèves, débrouille-toi avec eux. S’il y a le même nombre de monstres, en revanche, garde simplement un œil sur eux. L’auto-défense fait partie de l’examen pratique. Je ne pense pas que vous rencontrerez quelque chose de plus fort que des monstres de rang inférieur, mais si c’est le cas, veillent à protéger les élèves. »

Euh, les gobelins et les loups étaient de rang inférieur, non ? Et les orcs, c’était quoi déjà ? Je suppose que je pouvais demander à Shia ce qu’il en était, hein ?

Ellelaura me donna les détails de la formation pratique, quand elle aurait lieu et tout le reste. J’avais donc fini par accepter. Ça avait l’air bien, mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir un peu anxieuse.

Une fois les pourparlers terminés, Ellelaura emprunta L’Ours et la Fille, tome 1 à Mlle Flora et quitta la pièce. Ellelaura acceptait beaucoup de petites tâches, mais elle était proche du roi, alors… je suppose que c’était bien, même si c’était un vrai mystère pour moi.

Le roi et la reine étant partis. J’étais seule maintenant avec Mlle Flora et Ange, j’avais décidé qu’il était temps pour moi de partir aussi.

« Je reviendrai bientôt, ne t’inquiète pas. »

« Merci pour le livre, Mlle Ours ! »

Elle tenait joyeusement le nouveau livre dans ses bras.

« Je suis juste heureuse de te voir heureuse. »

Ange inclina aussi sa tête.

« Merci beaucoup pour tout ce que vous avez fait pour Mlle Flora aujourd’hui, et, ah… Madame Yuna, merci pour ce que vous avez fait avec le livre illustré. »

« Je savais que tu en voulais un aussi, Ange. »

Vu la façon dont elle essayait d’attraper des regards pendant que Mlle Flora lisait, c’était assez évident.

« Oui, les images sont si mignonnes ! Quand Mlle Flora me les a montrées, j’ai su que ma propre fille les aimerait aussi. »

« Vous avez une fille ? Quel âge a-t-elle ? »

« Le même âge que Mlle Flora. C’est pourquoi j’ai pu être une nourrice pour Mlle Flora. »

« Je n’ai pas d’autres livres illustrés, mais vous pouvez apporter celui à votre fille. »

J’avais sorti un pudding, ainsi qu’un de mes pains les plus populaires.

« Vous êtes sûre ? »

« Mmhm. Assurez-vous de manger le pudding après l’avoir refroidi. Vous pouvez manger le pain tel quel par contre. »

« Merci infiniment. »

Ce fut ainsi que j’avais quitté le château pour faire un peu de shopping dans la capitale avant de rentrer à Crimonia. J’avais oublié à quel point les gens m’y dévisageaient.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre

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