Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 4 – Histoire bonus 2

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Histoire bonus 2 : L’ours enseigne la magie

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Histoire bonus 2 : L’ours enseigne la magie

Partie 1

Le magasin se portait bien. Comme je n’avais rien de prévu pour la journée — pour la première fois depuis longtemps — j’avais décidé de passer chez Brandaugh. La dernière fois que j’y étais allée, c’était avant d’aller à la capitale.

Comme j’étais curieuse quant à des nouvelles du village, j’avais demandé à Helen ce qu’il en était. Apparemment, les nouveaux aventuriers qui étaient allés là-bas avaient réussi à vaincre les loups. Ils avaient l’air peu fiables, mais on dirait qu’ils s’étaient vraiment donnés à fond.

Quand ils étaient venus rapporter l’achèvement de leur quête, ils avaient même parlé de moi ! Ils étaient tous très excités en disant des choses comme : « Cet ours était incroyable », « L’ours était si fort », « C’était exactement comme tu l’avais dit, Helen » et « Même les ours de l’ours étaient forts ! ».

Ma première impression d’eux était ce garçon ridicule qui frappait les gens à la tête. Une fois que le gamin avait découvert à quel point j’étais forte, il me fit alors de plates excuses. J’avais su qu’ils ne pouvaient pas être si mauvais… mais s’ils recommençaient, je ne serais pas aussi indulgente.

Quand je m’étais approchée, le mur que j’avais créé était là, aussi beau que d’habitude, protégeant le village et toutes ces bonnes choses. Il n’y avait même personne pour garder l’entrée — pas besoin, je suppose ? Quand j’étais entrée, toujours sur Kumayuru, quelques villageois étaient venus.

« Le chef et Brandaugh sont-ils là ? », avais-je demandé.

Et comme ils étaient tous les deux là, j’étais allée les voir. Le chef et Brandaugh m’attendaient quand j’étais arrivée, ils étaient donc venus directement.

« Yuna, vous arrivez au bon moment. »

« Mademoiselle, ça fait si longtemps. »

« Oui, je suis passée à la capitale. Je m’étais donc absentée pour un moment. »

J’avais sauté de Kumayuru et les avais salués. Les enfants du village regardant Kumayuru depuis tout à l’heure, j’avais dit à mon ours de jouer avec eux.

« La capitale ! Vous avez voyagé si loin ? »

« Ça ne prend pas longtemps sur mon ours. »

J’avais pointé du doigt Kumayuru, qui courait avec les enfants maintenant.

« Hm Qu’est-ce qui vous amène ici aujourd’hui ? »

« J’ai quelque chose pour Yuuk — ou plutôt, pour Marie. Je dois m’assurer qu’ils soient bien nourris et tout ça. »

J’avais apporté quelque chose de sain pour Marie dans ma réserve d’ours. J’avais entendu dire qu’élever un enfant demandait beaucoup d’efforts.

« Grâce à vous, mademoiselle, le bébé a grandi en bonne santé. Il adore la fourrure du loup-tigre. Il ne la lâche presque jamais ! »

« Je suis heureuse de vous l’avoir donné. »

« Il pleure même quand on le lave ! », dit Brandaugh en riant.

Eh bien, ils devaient la garder propre s’ils l’utilisaient pour le bébé, alors je suppose qu’ils ne pouvaient pas s’en empêcher.

« Donc pas de changement depuis ? »

« Les choses vont bien. Le loup-tigre est parti, et il y a aussi moins de loups. Ces aventuriers débutants ont vraiment tout donné. »

« Oh, vraiment ? »

« Au début, je pensais qu’ils n’étaient pas si fiables que ça, mais ils se sont vraiment donnés à fond pour vaincre ces loups. »

Et à nouveau, je m’étais souvenue de la façon dont ces aventuriers débutants m’avaient donné un coup sur la tête. J’avais eu droit à des excuses, mais s’ils recommençaient… vengeance. Mais ils avaient si peur de moi que je ne pensais pas qu’ils recommenceraient. Hein ?

J’avais remis un cadeau au chef, je lui avais dit de donner la priorité aux maisons avec des bébés quand il le distribuera, puis j’étais allée voir Yuuk et Marie.

Dans la maison de Brandaugh, j’avais trouvé Marie portant Yuuk.

« Yuna, bienvenue ! »

« Salut, Marie. Comment va Yuuk ? »

« Grâce à vous, il grandit bien et en bonne santé. »

Encore ce truc de « grâce à vous ». Je n’avais fait que combattre un sanglier géant et des loups-tigres. Des trucs normaux d’aventurier ! Ça m’avait fait bizarre qu’ils parlent comme si j’étais la raison pour laquelle ils avaient pu élever leur bébé.

Pourtant, le petit Yuuk était vraiment l’image de la santé. Lorsque j’avais fait claquer la bouche des marionnettes ours devant lui, il éclata de rire.

C’était contagieux, maintenant Marie gloussait.

« Peut-être qu’il est heureux de vous voir, Yuna. »

Non, il était juste heureux de voir la marionnette. Il me paraît douteux que j’aie quelque chose à voir avec ça. Et tout en regardant le petit gars, j’avais tendu mes cadeaux à Marie.

« Merci, mais je n’ai rien à vous donner en retour. »

« Je ne veux pas vraiment quelque chose. Je veux juste que Yuuk grandisse en bonne santé. »

« Ha ! C’est beaucoup trop, Yuna. Mais merci. »

Brandaugh me donna un peu plus d’informations sur les aventuriers débutants avant que je ne quitte le village : il semblerait que les aventuriers débutants avaient pu vaincre les loups grâce à Brandaugh lui-même. Brandaugh avait trouvé le petit groupe de loups et en avait éliminé quelques-uns, mais ce furent les aventuriers débutants qui les vainquirent.

C’était un principe de base du combat que de vaincre les ennemis en petit nombre pour les réduire au fur et à mesure.

Le lendemain de ma visite au village de Brandaugh étant une belle journée, j’avais décidé de laver les draps et d’aérer la literie — tout, même les draps de ma maison d’ours dans la capitale. Ma matinée s’était déroulée ainsi et, comme j’avais faim, je m’étais décidée à aller à l’Antre de l’Ours afin de manger un morceau. Bien sûr, j’avais le pain que Morin avait préparé dans ma réserve d’ours, mais manger seule me semblait triste. Je préférais regarder autour de moi et voir si je pouvais partager un repas avec quelqu’un.

Quand j’étais arrivée à la boutique, il y avait une fille qui regardait la décoration en forme d’ours à l’entrée. Je n’avais pas pu me rappeler son nom, mais je m’étais souvenue de son visage. Elle faisait partie des aventuriers débutants qui étaient au village de Brandaugh.

« Quoi de neuf ? Qu’est-ce que tu fais là ? »

« Mlle Ours ? »

« C’est Yuna », avais-je dit.

« Désolée, Yuna. »

La fille inclina la tête plusieurs fois.

« Hum, et tu es… ? »

« Je m’appelle Horn. Merci beaucoup pour votre aide la dernière fois. »

Mais oui, Horn. La seule fille de leur groupe de quatre personnes.

« Quoi de neuf, Horn ? Es-tu venue voir la boutique ou quoi ? »

« Oui, Helen a dit que cet endroit était vraiment bien et que je devrais y aller au moins une fois. Quand je suis arrivée ici, je n’ai pas pu m’empêcher de regarder ce gros ours bizarre… »

« Je savais que c’était trop. »

« Non, il est mignon, tout comme vous. »

Hmm. C’était vraiment un compliment ?

« Qu’est-il arrivé aux trois autres aventuriers ? Est-ce qu’ils cherchent d’autres filles à frapper sur la tête ? »

« Oh, nous faisons tous nos propres trucs aujourd’hui. Je suis venue ici pour manger toute seule. »

« Es-tu venue manger ? Dans ce cas, veux-tu qu’on mange ensemble ? J’étais sur le point de venir ici aussi pour manger. »

Si j’entrais, il était probable qu’il y ait des gens à l’intérieur, mais il y avait aussi une chance que je ne trouve personne. De plus, j’étais un peu curieuse de savoir ce qui s’était passé après avoir vaincu le loup-tigre.

Horn avait l’air surprise par ma suggestion. Je suppose que c’était un peu soudain.

« Si tu ne veux pas manger avec moi, ne t’inquiète pas. »

« Non, ce n’est pas ça. Voulez-vous vraiment traîner avec quelqu’un comme moi ? »

J’avais croisé les bras.

« Tu viens de dire que tu étais reconnaissante envers moi. Le pensais-tu vraiment ? »

« B-bien sûr. Je suis très reconnaissante envers vous, Yuna. »

« Alors, veux-tu prendre un repas avec moi ? »

« Oui… »

J’avais gagné cette conversation amicale. Génial.

Horn et moi étions entrées ensemble dans le magasin et avions trouvé les enfants en train de s’affairer dans l’atelier. Ils montaient les assiettes et essuyaient les tables. Il y en avait même qui prenaient des commandes au comptoir.

« Yuna ! »

Un enfant qui nettoyait les assiettes sur les tables m’avait remarquée.

« Continue à travailler dur, petite. »

« Ok ! »

La fille hocha la tête, prit les assiettes et se dirigea vers l’arrière-boutique.

Horn l’avait regardé partir.

« Wôw, c’est vraiment votre boutique. »

« Techniquement, oui. Mais c’est eux qui font le travail. »

Je n’avais fait que lancer les choses. Morin et Tiermina étaient les vraies chefs de l’endroit.

« Horn, y a-t-il quelque chose que tu n’aimes pas manger ? »

« Non, pas vraiment. »

« Je vais donc aller chercher des trucs. Attends ici. »

Je l’avais assise à la table que la fille venait de nettoyer à fond, puis je m’étais dirigée vers l’arrière-cuisine pour prendre quelques miches de pain. Je leur avais aussi fait cuire une pizza. Nous étions à court de pudding, alors j’en avais sorti de mon stock d’ours. Quand la pizza fut faite, j’avais remercié Morin et j’étais retournée voir Horn.

« Désolée pour l’attente », avais-je dit.

« Pas du tout, je n’ai pas attendu longtemps. »

« Tu n’as pas à être si nerveuse. »

Ses épaules avaient l’air si raides.

« De toute façon, tu peux manger ce que tu veux. »

J’avais garni la tablette avec la pizza et quelques-uns de mes pains préférés.

« Merci », me répondit-elle.

Mais elle n’avait pas essayé d’attraper quoi que ce soit.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Ils ont tous l’air si bons… Je ne sais pas lequel choisir. »

« C’est la pizza, et c’est le pain que je recommande. Oh, et j’ai pensé que tu voudrais essayer le pudding. »

« Du pudding ? »

Elle avait regardé le dessert d’un air incertain.

« Tu devrais le garder pour la fin », avais-je ajouté.

Horn hocha la tête. Elle regarda les trous dans le pain, hésita, et n’en attrapa pas un seul.

« Hum. Veux-tu tous les partager ? »

« Les partager ? »

« Si on fait ça, tu pourras goûter à chacun d’entre eux, non ? Ou tu ne veux pas partager avec moi ? »

« Bien sûr que non ! Ça veut dire… que je n’aurai pas à choisir ? »

Oui. J’avais sorti un couteau et j’avais coupé tous les pains en deux. Enfin — enfin — j’avais commencé à manger avec Horn.

« Ohmondieu, c’est délicieux. », avait-elle chuchoté

Elle savourait vraiment tout. C’était du pain fabriqué par Morin, alors bien sûr qu’il était délicieux ! J’avais même sorti mes pains préférés.

« Ce pete-sa est aussi bon. »

« Nous y voilà. »

La nourriture semblait faire fondre ses nerfs. La conversation s’était enfin engagée.

« Tu es amie avec ces trois-là depuis que vous êtes enfants ? », avais-je demandé.

« Oui. Nous sommes ensemble depuis que nous sommes nés. Nous avons toujours été ensemble. Comme ils voulaient tous les trois devenir des aventuriers, je l’ai fait avec eux. »

Je m’étais demandé si c’était devenu un truc de macho où s’ils étaient en compétition pour Horn. Horn était après tout plutôt mièvre, mais elle était quand même assez mignonne. Un peu indécise, certes, mais elle semblait être le genre de fille que les garçons voulaient protéger.

« Je suis surprise que vos parents vous laissent devenir une aventurière. »

C’était un travail dangereux. Si Fina voulait devenir une aventurière, je pense que je l’en empêcherais définitivement, et elle n’était même pas ma fille.

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Partie 2

« Ils ont dit que c’était bon tant que les trois autres étaient avec moi. Je ne veux pas leur causer de problèmes et je peux utiliser la magie, mais… je suis faible. Je ne peux pas utiliser une épée ou un arc. Parfois, je pense que je ne fais que les ralentir… ». À chaque mot, sa voix devenait de plus en plus petite.

« Tu peux néanmoins utiliser la magie, non ? »

« Oui, mais elle n’est pas très forte. »

Hmm, qu’est-ce que ça voulait dire ? Les gens avaient-ils naturellement des quantités différentes de mana ? Était-ce un manque d’imagination ? De volonté ? Je n’en avais aucune idée.

« Yuna, comment se fait-il que votre magie soit si forte ? »

Je ne pouvais pas lui dire que c’était parce qu’un dieu m’avait donnée des objets surpuissants, alors j’avais changé de sujet.

« De qui as-tu appris la magie, Horn ? »

« Un autre utilisateur de magie du village m’a appris. Mais lui aussi ne pouvait pas utiliser de grandes quantités de magie. »

Peut-être qu’elle avait juste eu un mauvais professeur ?

« Dans ce cas, que dirais-tu de vérifier tes compétences ? »

Je voulais voir si mes connaissances étaient aussi utiles.

« V-Vous le pensez vraiment ? »

« Oui. Mais ce n’est pas parce que je t’enseigne des trucs que ça va marcher. »

« Oui ! Oui, bien sûr ! »

« Dans ce cas, on va s’entraîner après le repas. »

« D’accord ! »

Horn afficha un large sourire et se mit à manger son pain. Elle avait gardé son pudding pour la fin, et semblait encore plus satisfaite après l’avoir mangé.

Nous avions laissé le magasin derrière nous et étions arrivés à un endroit à la périphérie de la ville. Il n’y avait pas de gens autour, utiliser de la magie ne devrait donc pas poser de problèmes.

« Cette zone est-elle bien ? »

J’avais utilisé la magie de terre pour créer un mur.

« C’est incroyable. »

Wôw, elle était vraiment facilement impressionnable.

« D’accord, essaye un peu de magie. Fait quelque chose dans lequel tu es douée. »

« Oui, je m’en occupe ! »

Horn prit le petit bâton qu’elle avait à la hanche, rassembla du vent autour d’elle et envoya des lames de vent voler vers le mur. Mais quand elles avaient touché le mur, elles avaient disparu.

« Es-tu donc douée pour la magie du vent ? »

« C’est plus ou moins facile à utiliser, mais c’est faible. »

« Sais-tu lancer autre chose ? »

« Un peu », répondit Horn.

Elle rassembla ensuite la magie dans son bâton et invoqua des flammes. Elle agita son bâton, mais le feu disparut avant même de toucher le mur. Elle avait ensuite essayé la magie de l’eau. Une boule d’eau de la taille d’une balle de baseball plana au-dessus de son bâton. Quand elle agita le bâton, elle éclaboussa le mur et se brisa. Sa magie de terre était à peu près aussi puissante — ou, euh, pas.

Peut-être était-ce une question de concentration ? Sa magie d’eau et de terre n’étaient pas assez solide. C’était juste la même chose que l’eau et la terre normales, non-magiques. Quant au feu, peut-être qu’elle n’avait pas une bonne image mentale avec laquelle travailler ? Peut-être que le vent était plus facile à visualiser pour elle.

À ce rythme, tout ce qu’elle faisait était de convertir son mana en choses tout en espérant que c’était suffisant.

« Vous pensez que ce n’est vraiment pas bon ? »

« Hmm, ce n’est pas vraiment ça, c’est plutôt… »

J’avais sorti le livre de magie pour débutants de ma boîte à ours. Je ne l’avais lu qu’une fois et je ne l’avais pas touché depuis.

« Visualiser des trucs est important quand on fait de la magie. »

« Visualiser ? »

« Quand tu utilises la magie, tu as une image mentale de ce que tu essaies de faire, non ? »

« Mmhm. »

« Je vais utiliser la magie de terre pour te l’expliquer, car c’est la plus facile à comprendre. »

J’avais invoqué la magie de terre, créant un amas de la taille d’une balle de baseball, de la même taille que celui de Horn.

« Essaie de le ramasser. »

« D’accord. Oh, c’est lourd… »

« Non, c’est plutôt qu’elle est… compressée ? Je l’ai fait en pressant fortement la terre ensemble. C’est pour ça que c’est lourd et dur. En le lançant sur un monstre, je peux faire des dégâts. Si je l’alimente avec du mana supplémentaire et que je le lance, je peux amplifier ces dégâts. »

Elle m’avait rendu le morceau de terre, et j’avais utilisé le mana pour la lancer sur le mur de terre… et le transpercer.

« C’est incroyable, Yuna ! »

« Si tu comprends ce truc, tu peux changer sa forme et l’utiliser pour des tas de choses. Tu peux faire des murs, te défendre contre les attaques de tes adversaires, ou même manipuler les actions de ton adversaire. Si tu fais ça, tu peux les forcer à se diriger vers un endroit où tes alliés attendent. »

« Whoa… »

« Aussi, si tu changes sa forme comme ça, tu peux lui donner encore plus de puissance d’attaque. »

J’avais donné à la terre la forme d’une lance et je l’avais envoyée voler. Elle traversa le mur comme la balle de tout à l’heure.

« Si elle a une pointe acérée, elle poignardera plus facilement l’adversaire. Assures-tu cependant de la durcir, ou tu ne feras pas beaucoup de dégâts. »

« Compris. Je vais l’essayer. »

Horn prit une profonde inspiration, rassembla le mana dans son bâton, fit une motte de terre et la lança sur le mur. Cette fois-ci, la motte fit un énorme bruit sourd en frappant le mur avant de s’écraser dans la terre.

« Yuna, je l’ai fait ! »

« Ça a l’air bien. Si tu la fais aller plus vite, elle sera encore plus puissante. »

« Ok ! »

Enhardie, Horn essaya encore et encore. Lorsqu’elle frappait le mur, encore et encore, elle faisait un énorme bruit sourd. Les grumeaux étaient de plus en plus durs.

Je voulais vraiment lui apprendre d’autres trucs, mais elle utilisait trop de mana et était à bout de souffle.

« Maintenant, tu as juste besoin de t’entraîner. »

« M… Merci beaucoup. Je me sens plus… plus confiante ! »

« Oui, mais je voulais te montrer plus que ça. »

« Non, non ! Pour l’instant, je vais essayer d’apprendre la magie de terre que vous m’avez enseignée. Même si vous m’apprenez toutes sortes de choses, ce serait du gaspillage avec le peu que je sais faire. »

« Compris. Maintenant, la magie peut être utilisée pour attaquer et protéger, alors assure-toi de vérifier ce qui se passe derrière toi avant de l’utiliser. »

J’avais gonflé ma poitrine en essayant de répéter comme un perroquet quelques dialogues à moitié mémorisés de l’ancien jeu.

« En créant un mur, tu peux laisser tes alliés s’échapper ou fortifier ta position. Si tu augmentes ta précision, tu pourras attaquer même pendant que tes alliés se battent. Même si tu apprends un peu de magie, tu dois faire attention, car elle pourrait ne pas être aussi utile dans une situation donnée. »

« Ok ! »

Si enthousiaste !

« Aussi, fait attention à la façon dont tu consommes ton mana. Quand un mage n’a plus de mana, il est un poids mort. »

Si vous n’aviez pas d’objet de récupération de mana, vous aviez des problèmes.

« Ok ! »

Encore plus enthousiaste !

« Alors ! Assure-toi de faire une bonne pause aujourd’hui et de récupérer ton mana. Lors de ton prochain entraînement, assure-toi de mémoriser le nombre d’attaques magiques que tu peux utiliser. Ce sera pratique à savoir quand tu seras dans une bataille. »

« Très bien. Merci beaucoup pour cette journée. Je sens que je peux vraiment faire mon chemin en tant qu’aventurière. »

« Ne te surmène pas trop. Tu n’as qu’une seule vie. »

« Ok ! »

Et après sa réponse, elle me jeta un long regard attentif.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Hum. Vous pourriez me réapprendre à l’occasion ? »

« Hmm. Je ne suis parfois pas en ville, mais je suppose qu’on pourrait le faire à l’occasion. »

« Ok, merci beaucoup. Aussi, puis-je vous appeler mon maître ? », dit-elle en baissant la tête.

« Euh. Maître ? »

« Si vous n’aimez pas ça, alors c’est bon ! Mais vous m’avez tellement appris. »

« Tu sais quoi ? Aucun problème. »

« Oui, Maître Yuna ! »

… C’était bizarre.

Alors que je me dirigeais vers l’orphelinat plusieurs jours après notre entraînement spécial, j’avais aperçu Horn marchant un peu devant moi. Peut-être était-ce là qu’elle se rendait aussi ? Je ne pensais pas qu’il y avait autre chose que l’orphelinat par ici.

Mais quand je l’avais suivie, je vis qu’elle n’était pas allée à l’orphelinat. Elle était allée à l’endroit où nous avions pratiqué la magie tout à l’heure.

Horn regarda autour d’elle, s’était mise devant un rocher et commença à pratiquer.

Elle invoqua la magie de terre et — crac ! — frappa le rocher. Bon son, mais le rocher lui-même ne s’était pas brisé. Peut-être qu’elle n’avait pas assez de vitesse ? Elle n’avait certainement pas assez de puissance.

« Horn. »

« Yuna !? »

Elle se mit à sursauter. Pourquoi était-elle si choquée ?

« Tu pratiques la magie ? »

« Oui ! Grâce à vous, ma magie est devenue plus forte. Je peux couvrir tout le monde maintenant ! Mais ce n’est pas encore assez fort pour que je puisse achever quelqu’un. Shin a attiré quelques méchants, mais je n’ai pas pu les vaincre avec la magie. Bien sûr, j’ai fait quelques dégâts et je fais des progrès, mais je n’arrête pas de penser à comment les choses auraient pu se passer si j’avais fait juste un peu mieux. »

C’était donc pour ça qu’elle s’entraînait.

« J’ai le temps. Je peux te donner une leçon. »

Elle travaillait vraiment dur, ce qui me donnait toujours envie d’encourager quelqu’un.

« Vous le pensez vraiment ? »

« Mmhm. On dirait qu’elle a besoin de plus… d’énergie. »

Elle avait plus de puissance d’attaque qu’avant, mais elle lançait toujours la magie aussi fortement qu’un joueur de baseball décent. Si elle visait bien, elle pouvait vaincre des monstres, mais sinon, elle ne faisait que les meurtrir.

« Entraînons-nous à la faire tourner. »

« Tourner ? »

J’avais créé une motte aussi grosse qu’une balle de baseball en utilisant la magie de terre et je l’avais fait tourner si vite qu’on pouvait sentir l’air s’en échapper.

« Comprends-tu ? »

« Whoa, c’est comme une petite tornade ronde ! »

« Vois-tu cette branche là-bas ? Essaie de toucher la motte avec. »

Horn l’arracha du sol et fit toucher avec précaution la branche sur l’orbe qui tournait au sommet de ma marionnette ours en se couvrant à moitié les yeux. Au moment où elle le fait — « Ahh ! » — la branche cassa.

J’avais légèrement jeté l’orbe sur le sol, et il s’était enfoncé dans la terre.

« C’est incroyable. »

« Tout est plus cool avec la rotation. Essaie-le. »

« Ok ! »

Horn créa une sphère de terre et la fit tourner… doucement. Comme un globe d’enfant.

« Trop lent. Fais-la tourner plus vite. »

« Hum, c’est vraiment difficile… »

« Alors tu peux t’entraîner quand tu auras du temps libre. Plus tu la fais tourner vite, plus elle sera forte. »

« Oui, mais… Je veux dire, Yuna ! »

Était-ce la « bonne » façon d’enseigner la magie dans ce monde ? Peut-être pas, mais qui s’en souciait ? J’avais la preuve empirique que cela fonctionnait.

« Yuna, pourquoi êtes-vous si gentille avec moi ? Je n’ai fait que vous causer des problèmes, je ne vous ai été d’aucune aide ! », dit soudainement Horn au milieu d’un exercice.

« Je ne sais pas. Tu es une fille et tu fais des efforts. C’est peut-être pour ça. »

« Je fais des efforts ? »

« Quoi, n’as-tu pas remarqué ? Oui, tu fais vraiment des efforts. J’admire ça. Et je t’aime bien. Je ne voudrais pas que tu sois blessée ou que tu meures. Je ne sais pas pourquoi tu es devenue une aventurière, mais c’est un travail dangereux. Si tu veux continuer, j’aimerais que tu deviennes assez forte pour ne pas mourir, même si tu te retrouves blessée. »

« Yuna, je ne sais pas quoi dire… »

« En plus, il y a des tonnes d’hommes dans l’aventure, non ? C’est totalement injuste. Soutenons-nous mutuellement quand nous le pouvons, ok ? Donne tout ce que tu as et deviens aussi forte que tu le peux. Promets-le-moi. »

« Je le ferai… »

« Oh, mais pas au point de devenir imprudente. »

« Compris ! », cria Horn, l’air carrément ravi.

J’étais restée avec elle jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de mana.

Et vous savez quoi ? Je pouvais l’entendre dans sa voix : peut-être qu’elle avait vraiment ce qu’il fallait.

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