Histoire bonus 2 : L’ours enseigne la magie
Partie 1
Le magasin se portait bien. Comme je n’avais rien de prévu pour la journée — pour la première fois depuis longtemps — j’avais décidé de passer chez Brandaugh. La dernière fois que j’y étais allée, c’était avant d’aller à la capitale.
Comme j’étais curieuse quant à des nouvelles du village, j’avais demandé à Helen ce qu’il en était. Apparemment, les nouveaux aventuriers qui étaient allés là-bas avaient réussi à vaincre les loups. Ils avaient l’air peu fiables, mais on dirait qu’ils s’étaient vraiment donnés à fond.
Quand ils étaient venus rapporter l’achèvement de leur quête, ils avaient même parlé de moi ! Ils étaient tous très excités en disant des choses comme : « Cet ours était incroyable », « L’ours était si fort », « C’était exactement comme tu l’avais dit, Helen » et « Même les ours de l’ours étaient forts ! ».
Ma première impression d’eux était ce garçon ridicule qui frappait les gens à la tête. Une fois que le gamin avait découvert à quel point j’étais forte, il me fit alors de plates excuses. J’avais su qu’ils ne pouvaient pas être si mauvais… mais s’ils recommençaient, je ne serais pas aussi indulgente.
Quand je m’étais approchée, le mur que j’avais créé était là, aussi beau que d’habitude, protégeant le village et toutes ces bonnes choses. Il n’y avait même personne pour garder l’entrée — pas besoin, je suppose ? Quand j’étais entrée, toujours sur Kumayuru, quelques villageois étaient venus.
« Le chef et Brandaugh sont-ils là ? », avais-je demandé.
Et comme ils étaient tous les deux là, j’étais allée les voir. Le chef et Brandaugh m’attendaient quand j’étais arrivée, ils étaient donc venus directement.
« Yuna, vous arrivez au bon moment. »
« Mademoiselle, ça fait si longtemps. »
« Oui, je suis passée à la capitale. Je m’étais donc absentée pour un moment. »
J’avais sauté de Kumayuru et les avais salués. Les enfants du village regardant Kumayuru depuis tout à l’heure, j’avais dit à mon ours de jouer avec eux.
« La capitale ! Vous avez voyagé si loin ? »
« Ça ne prend pas longtemps sur mon ours. »
J’avais pointé du doigt Kumayuru, qui courait avec les enfants maintenant.
« Hm Qu’est-ce qui vous amène ici aujourd’hui ? »
« J’ai quelque chose pour Yuuk — ou plutôt, pour Marie. Je dois m’assurer qu’ils soient bien nourris et tout ça. »
J’avais apporté quelque chose de sain pour Marie dans ma réserve d’ours. J’avais entendu dire qu’élever un enfant demandait beaucoup d’efforts.
« Grâce à vous, mademoiselle, le bébé a grandi en bonne santé. Il adore la fourrure du loup-tigre. Il ne la lâche presque jamais ! »
« Je suis heureuse de vous l’avoir donné. »
« Il pleure même quand on le lave ! », dit Brandaugh en riant.
Eh bien, ils devaient la garder propre s’ils l’utilisaient pour le bébé, alors je suppose qu’ils ne pouvaient pas s’en empêcher.
« Donc pas de changement depuis ? »
« Les choses vont bien. Le loup-tigre est parti, et il y a aussi moins de loups. Ces aventuriers débutants ont vraiment tout donné. »
« Oh, vraiment ? »
« Au début, je pensais qu’ils n’étaient pas si fiables que ça, mais ils se sont vraiment donnés à fond pour vaincre ces loups. »
Et à nouveau, je m’étais souvenue de la façon dont ces aventuriers débutants m’avaient donné un coup sur la tête. J’avais eu droit à des excuses, mais s’ils recommençaient… vengeance. Mais ils avaient si peur de moi que je ne pensais pas qu’ils recommenceraient. Hein ?
J’avais remis un cadeau au chef, je lui avais dit de donner la priorité aux maisons avec des bébés quand il le distribuera, puis j’étais allée voir Yuuk et Marie.
Dans la maison de Brandaugh, j’avais trouvé Marie portant Yuuk.
« Yuna, bienvenue ! »
« Salut, Marie. Comment va Yuuk ? »
« Grâce à vous, il grandit bien et en bonne santé. »
Encore ce truc de « grâce à vous ». Je n’avais fait que combattre un sanglier géant et des loups-tigres. Des trucs normaux d’aventurier ! Ça m’avait fait bizarre qu’ils parlent comme si j’étais la raison pour laquelle ils avaient pu élever leur bébé.
Pourtant, le petit Yuuk était vraiment l’image de la santé. Lorsque j’avais fait claquer la bouche des marionnettes ours devant lui, il éclata de rire.
C’était contagieux, maintenant Marie gloussait.
« Peut-être qu’il est heureux de vous voir, Yuna. »
Non, il était juste heureux de voir la marionnette. Il me paraît douteux que j’aie quelque chose à voir avec ça. Et tout en regardant le petit gars, j’avais tendu mes cadeaux à Marie.
« Merci, mais je n’ai rien à vous donner en retour. »
« Je ne veux pas vraiment quelque chose. Je veux juste que Yuuk grandisse en bonne santé. »
« Ha ! C’est beaucoup trop, Yuna. Mais merci. »
Brandaugh me donna un peu plus d’informations sur les aventuriers débutants avant que je ne quitte le village : il semblerait que les aventuriers débutants avaient pu vaincre les loups grâce à Brandaugh lui-même. Brandaugh avait trouvé le petit groupe de loups et en avait éliminé quelques-uns, mais ce furent les aventuriers débutants qui les vainquirent.
C’était un principe de base du combat que de vaincre les ennemis en petit nombre pour les réduire au fur et à mesure.
Le lendemain de ma visite au village de Brandaugh étant une belle journée, j’avais décidé de laver les draps et d’aérer la literie — tout, même les draps de ma maison d’ours dans la capitale. Ma matinée s’était déroulée ainsi et, comme j’avais faim, je m’étais décidée à aller à l’Antre de l’Ours afin de manger un morceau. Bien sûr, j’avais le pain que Morin avait préparé dans ma réserve d’ours, mais manger seule me semblait triste. Je préférais regarder autour de moi et voir si je pouvais partager un repas avec quelqu’un.
Quand j’étais arrivée à la boutique, il y avait une fille qui regardait la décoration en forme d’ours à l’entrée. Je n’avais pas pu me rappeler son nom, mais je m’étais souvenue de son visage. Elle faisait partie des aventuriers débutants qui étaient au village de Brandaugh.
« Quoi de neuf ? Qu’est-ce que tu fais là ? »
« Mlle Ours ? »
« C’est Yuna », avais-je dit.
« Désolée, Yuna. »
La fille inclina la tête plusieurs fois.
« Hum, et tu es… ? »
« Je m’appelle Horn. Merci beaucoup pour votre aide la dernière fois. »
Mais oui, Horn. La seule fille de leur groupe de quatre personnes.
« Quoi de neuf, Horn ? Es-tu venue voir la boutique ou quoi ? »
« Oui, Helen a dit que cet endroit était vraiment bien et que je devrais y aller au moins une fois. Quand je suis arrivée ici, je n’ai pas pu m’empêcher de regarder ce gros ours bizarre… »
« Je savais que c’était trop. »
« Non, il est mignon, tout comme vous. »
Hmm. C’était vraiment un compliment ?
« Qu’est-il arrivé aux trois autres aventuriers ? Est-ce qu’ils cherchent d’autres filles à frapper sur la tête ? »
« Oh, nous faisons tous nos propres trucs aujourd’hui. Je suis venue ici pour manger toute seule. »
« Es-tu venue manger ? Dans ce cas, veux-tu qu’on mange ensemble ? J’étais sur le point de venir ici aussi pour manger. »
Si j’entrais, il était probable qu’il y ait des gens à l’intérieur, mais il y avait aussi une chance que je ne trouve personne. De plus, j’étais un peu curieuse de savoir ce qui s’était passé après avoir vaincu le loup-tigre.
Horn avait l’air surprise par ma suggestion. Je suppose que c’était un peu soudain.
« Si tu ne veux pas manger avec moi, ne t’inquiète pas. »
« Non, ce n’est pas ça. Voulez-vous vraiment traîner avec quelqu’un comme moi ? »
J’avais croisé les bras.
« Tu viens de dire que tu étais reconnaissante envers moi. Le pensais-tu vraiment ? »
« B-bien sûr. Je suis très reconnaissante envers vous, Yuna. »
« Alors, veux-tu prendre un repas avec moi ? »
« Oui… »
J’avais gagné cette conversation amicale. Génial.
Horn et moi étions entrées ensemble dans le magasin et avions trouvé les enfants en train de s’affairer dans l’atelier. Ils montaient les assiettes et essuyaient les tables. Il y en avait même qui prenaient des commandes au comptoir.
« Yuna ! »
Un enfant qui nettoyait les assiettes sur les tables m’avait remarquée.
« Continue à travailler dur, petite. »
« Ok ! »
La fille hocha la tête, prit les assiettes et se dirigea vers l’arrière-boutique.
Horn l’avait regardé partir.
« Wôw, c’est vraiment votre boutique. »
« Techniquement, oui. Mais c’est eux qui font le travail. »
Je n’avais fait que lancer les choses. Morin et Tiermina étaient les vraies chefs de l’endroit.
« Horn, y a-t-il quelque chose que tu n’aimes pas manger ? »
« Non, pas vraiment. »
« Je vais donc aller chercher des trucs. Attends ici. »
Je l’avais assise à la table que la fille venait de nettoyer à fond, puis je m’étais dirigée vers l’arrière-cuisine pour prendre quelques miches de pain. Je leur avais aussi fait cuire une pizza. Nous étions à court de pudding, alors j’en avais sorti de mon stock d’ours. Quand la pizza fut faite, j’avais remercié Morin et j’étais retournée voir Horn.
« Désolée pour l’attente », avais-je dit.
« Pas du tout, je n’ai pas attendu longtemps. »
« Tu n’as pas à être si nerveuse. »
Ses épaules avaient l’air si raides.
« De toute façon, tu peux manger ce que tu veux. »
J’avais garni la tablette avec la pizza et quelques-uns de mes pains préférés.
« Merci », me répondit-elle.
Mais elle n’avait pas essayé d’attraper quoi que ce soit.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? »
« Ils ont tous l’air si bons… Je ne sais pas lequel choisir. »
« C’est la pizza, et c’est le pain que je recommande. Oh, et j’ai pensé que tu voudrais essayer le pudding. »
« Du pudding ? »
Elle avait regardé le dessert d’un air incertain.
« Tu devrais le garder pour la fin », avais-je ajouté.
Horn hocha la tête. Elle regarda les trous dans le pain, hésita, et n’en attrapa pas un seul.
« Hum. Veux-tu tous les partager ? »
« Les partager ? »
« Si on fait ça, tu pourras goûter à chacun d’entre eux, non ? Ou tu ne veux pas partager avec moi ? »
« Bien sûr que non ! Ça veut dire… que je n’aurai pas à choisir ? »
Oui. J’avais sorti un couteau et j’avais coupé tous les pains en deux. Enfin — enfin — j’avais commencé à manger avec Horn.
« Ohmondieu, c’est délicieux. », avait-elle chuchoté
Elle savourait vraiment tout. C’était du pain fabriqué par Morin, alors bien sûr qu’il était délicieux ! J’avais même sorti mes pains préférés.
« Ce pete-sa est aussi bon. »
« Nous y voilà. »
La nourriture semblait faire fondre ses nerfs. La conversation s’était enfin engagée.
« Tu es amie avec ces trois-là depuis que vous êtes enfants ? », avais-je demandé.
« Oui. Nous sommes ensemble depuis que nous sommes nés. Nous avons toujours été ensemble. Comme ils voulaient tous les trois devenir des aventuriers, je l’ai fait avec eux. »
Je m’étais demandé si c’était devenu un truc de macho où s’ils étaient en compétition pour Horn. Horn était après tout plutôt mièvre, mais elle était quand même assez mignonne. Un peu indécise, certes, mais elle semblait être le genre de fille que les garçons voulaient protéger.
« Je suis surprise que vos parents vous laissent devenir une aventurière. »
C’était un travail dangereux. Si Fina voulait devenir une aventurière, je pense que je l’en empêcherais définitivement, et elle n’était même pas ma fille.
Merci pour le chapitre
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