Kimi to Boku no Saigo no Senjo – Tome 7 – Chapitre 6 – Partie 3

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Chapitre 6 : Notre bataille tordue ou la nuit des vœux promis

Partie 3

Tout ce qui serait découvert sous ses débris serait des produits fabriqués dans l’Empire — armes, équipements, et tout. Cela ne ferait que renforcer l’idée que c’est l’armée impériale qui a attaqué, et non l’Hydra.

Bien sûr que ça arriverait.

La seule chose qui prouve que la famille Lou est attaquée est l’Illumination de Sisbell.

C’est pourquoi Sisbell avait été visée. Talisman était lui-même venu pour arrêter Iska. Il avait même utilisé Vichyssoise pour aplatir la villa.

« … Je… ne sais pas quoi faire… » Les larmes avaient commencé à couler dans les yeux d’Alice.

Elle ne pensait pas qu’Iska mentirait, mais elle avait vu par elle-même la quantité de destruction et de cruauté que l’armée impériale pouvait causer. Elle ne savait pas ce qui était vrai.

« Sisbell n’a pas été kidnappée ? Je ne peux pas croire la parole d’un sujet impérial qui n’a pas su la protéger. »

Il était presque impossible d’ébranler la confiance absolue de la population dans la Maison d’Hydra. Qui prendrait les paroles d’un soldat impérial pour la vérité, surtout quand la reine avait été mutilée par ses troupes ? Alice, elle aussi, avait du mal à lui faire confiance.

« Je… ne veux évidemment pas me battre contre toi en me sentant comme ça ! J’aimerais pouvoir trouver une excuse pour ne pas me battre contre toi. Mais il n’y a rien ! » Alice essuya ses yeux, séchant les larmes qui brouillaient sa vision, et regarda Iska à travers le souffle arctique.

« … Hein ? » Alice avait ouvert la bouche, abasourdie. « Iska, est-ce que c’est — !? »

« Qu… qu’est-ce que c’est ? » Iska avait remarqué quelque chose quand elle avait montré sa main.

Une infime partie de la lumière astrale autour de son poignet. C’était si faible, et il était si préoccupé par la situation qu’il ne l’avait pas réalisé.

Il a une lumière grise… Ce n’est pas celle d’Alice.

Alors qui a fait ça ?

Était-ce une sous-espèce de pouvoir astral dérivé de malédictions ?

 

Étonnamment, il ne ressentait aucune sensation de malaise, bien que ce soit sur sa peau. S’il avait ressenti une douleur, il l’aurait remarquée, même s’il était distrait.

 

« Ce n’est pas possible… » Alice, encore sous le choc, s’était approchée de lui en titubant. La lumière sur l’épaule d’Iska avait réagi et s’était transformée en quelque chose comme un papillon.

Un papillon de lumière.

« Je le savais ! C’est l’Affinitée ! Cela vient de Yumilecia… C’est le pouvoir astral d’une des filles de la villa. Lui as-tu fait quelque chose ? »

« Moi ? Je n’ai rien fait. Les servantes devraient être en sécurité maintenant. »

Yumilecia n’avait pas été blessée, même après avoir été attaquée par la sorcière. Les cinq filles avaient évacué le vieux château.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire. Son pouvoir astral est utilisé pour délivrer des messages… »

« Hein ? »

« Elle peut toucher un messager pour lui confier sa note. Elle a dû te toucher. »

Il ne pouvait penser qu’à une seule fois — juste avant de quitter la villa, quand il avait promis de sauver Sisbell.

+

« Nous allons réessayer. Nous ferons revenir Sisbell, c’est sûr. »

Iska avait ramassé la lame et l’avait pressée dans la paume de la jeune fille, enroulant ses doigts autour d’elle.

« Si je ne peux pas le faire, vous pouvez prendre ma vie vous-même. Vous pouvez vous en prendre à moi avec ce couteau. »

+

Il avait touché sa main. Elle avait dû utiliser secrètement son pouvoir astral sur lui.

« … Iska. Je ne te ferai pas de mal, je te le promets. Viens plus près. »

Il avait hoché la tête en silence.

Le pouvoir astral avait disparu d’Alice. C’était sa façon de montrer qu’elle ne l’attaquerait pas s’il l’approchait.

« Nos préposés ne sont pas des serviteurs ordinaires. Toutes les cinq ne savent pas se battre, mais elles ont des pouvoirs astraux à utiliser en cas d’urgence. »

« C’est ça, cette histoire d’affinité ? »

« C’est exact. Il ne s’invoquera que s’il touche une personne précise. » Alice avait tendu la main. Le bout de ses doigts tremblait, peut-être à cause d’un conflit intérieur qu’Iska ne pouvait pas comprendre.

Alice avait touché le papillon.

+

« À Lady Alice, Lady Sisbell, Lady Elletear, ou Sa Majesté. »

+

C’était un message pour ses employeurs, qui se jouait une fois quand l’un des quatre membres des Lou le touchait.

+

« J’ai un rapport. En tant qu’un de vos humbles serviteurs, je promets à la famille royale que ce sont mes propres mots. »

« Ce raid impérial n’a pas été seulement orchestré par l’Empire. »

« Les cerveaux derrière le coup d’État sont de l’Hydra. »

+

Yumilecia n’avait pas été forcée de dire ça par l’armée impériale. Si elle avait été menacée pour faire une déclaration, ils auraient utilisé un enregistrement. Mais elle avait exposé son propre pouvoir astral à un soldat impérial pour laisser ce message.

Cela prouve… que la note était de sa propre volonté.

+

« Le chef de famille a attaqué et démoli le domaine avec des mages déguisés en soldats impériaux. Je m’excuse d’avoir permis l’enlèvement de Lady Sisbell. C’est de ma faute. »

« Les vrais soldats impériaux nous ont sauvés, inquiets pour la sécurité de Lady Sisbell. »

« S’il vous plaît, ayez à cœur d’accepter ces quatre-là… »

+

Un récit de première main des Lou. Cela ne tiendrait pas comme preuve dans une inquisition pour retirer Talisman de sa position de chef de famille.

Cependant… pour la princesse, ce témoignage de sa propre servante était plus que suffisant.

« … »

Après avoir accompli son devoir, le papillon s’était envolé, disparaissant sous le voile de la nuit. La Princesse Aliceliese ne pouvait que le regarder partir.

« … Je vois. » La force d’Alice semblait s’estomper, même dans sa voix. « Tu avais raison… jusqu’à la fin. C’est moi qui me suis fait avoir… »

Tout ça n’était qu’une mascarade.

Après que l’Hydra eut fait entrer l’armée impériale, Iska et ses compagnons avaient fait tout ce qu’ils pouvaient pour protéger sa chère sœur. Alice aurait dû diriger son besoin de vengeance vers l’Hydra.

Les deux n’avaient pas de raison de se battre. Même si les forces impériales qui attaquaient le palais étaient de vrais soldats, leur plan n’était pas associé au garçon en face d’elle. Alice avait finalement pu croire à tout cela.

« Je suis désolée ! Je suis tellement désolée… ! » Alice s’était effondrée sur la glace lisse, en sanglotant.

Comme un barrage qui éclatait, ses larmes qui s’étaient temporairement arrêtées avaient recommencé à couler. Alors qu’elle sanglotait, haletant pour respirer, sa voix était si faible qu’elle avait presque disparu.

« … Je… voulais juste protéger la Souveraineté et ma famille… Pourquoi ai-je… ai-je fait quelque chose de si misérable envers toi… ? » Alice pleurait.

Elle était sans défense. Elle ne pouvait pas voir clairement à travers les larmes.

Si le garçon était son ennemi, il aurait abattu son épée sur la sorcière. Cela aurait été simple. Elle aurait juste eu à accepter son sort.

« Lève-toi, Alice. »

Quand Iska avait prononcé son nom, le corps de la princesse avait sursauté.

« Il y a quelque chose que tu dois faire avant d’aller t’excuser auprès de tes ennemis. »

« … Hein ? »

« Que vas-tu faire maintenant que tu sais que ta sœur a été kidnappée ? Vas-tu l’abandonner ? » demanda Iska à la jeune fille qui levait les yeux vers lui.

Il avait continué à lui parler. « Un sujet impérial ne se soucie pas de ce qui arrive à la souveraineté ou à la reine. Mais je ne peux pas abandonner Sisbell, et j’ai l’intention de l’aider. »

« … »

« Vas-tu juste rester assise là ? Parce que je vais y aller avec ou sans toi. »

Il ne disait pas de gentillesses. Il ne lui avait même pas tendu la main.

Leur relation n’était pas comme ça.

« … Tu es impitoyable. » Un sourire d’autodérision éclaira un instant le visage d’Alice. Puis elle essuya ses larmes du bout du doigt et se leva d’elle-même, en titubant, mais en gardant sa dignité de princesse. « Bon sang ? Une fille pleure devant toi, et tu ne peux pas prendre la peine de lui dire un seul mot gentil ou de lui tendre une main secourable ? Les sujets impériaux sont si barbares. »

« Tu peux être déçue par moi, mais… »

« Merci. » Son souffle avait effleuré son cou.

Il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé. Avant qu’Iska puisse rassembler ses pensées, les cheveux dorés d’Alice, doux comme de la soie, lui chatouillèrent le nez. Il avait senti la douce sensation de sa poitrine contre la sienne.

 

« Merci… de me considérer à nouveau comme ta rivale… Si tu me traites de la même manière, cela signifie que nous pouvons être égaux, non ? »

 

Ce n’était pas un câlin. Elle venait de se confier à lui et d’enrouler ses bras autour de son corps.

Oui. Il n’y avait aucune arrière-pensée. Elle n’essayait pas d’obtenir quelque chose de lui.

« … Alice ? »

« — »

Ils ne s’étaient touchés que quelques secondes.

Avant qu’Iska ait pu réaliser ce qui se passait, la charmante princesse sorcière s’était séparée de lui et avait détourné les yeux.

+

Le destin avait changé de cap.

+

Ils n’allaient pas répéter l’histoire entre l’acteur principal et la princesse — le destin de Salinger et Mira. Le destin leur faisait comprendre qu’ils étaient à un tournant.

C’est parce que… le couple d’il y a trente ans ne pouvait pas s’exprimer en dehors des combats. Leurs égos étaient trop grands, ce qui les empêchait de se rapprocher.

Ou peut-être que cela aurait été résolu avec du temps pour combler leur distance émotionnelle.

Mais pour Iska et Alice…

+

« Aimes-tu les pâtes ? »

« Iska, pourquoi aimes-tu ce peintre ? »

« En tant que rival, j’ai le droit de tout savoir sur toi ! »

+

Ils avaient interagi comme des humains, liés par leurs forces et leurs faiblesses et de bien d’autres façons. Iska, le Successeur de l’Acier Noir et Alice, la Sorcière de la Calamité Glaciale se connaissaient en dehors du champ de bataille.

Ils s’étaient rencontrés maintes et maintes fois, avec parfois des correspondances manquées, et ils ne pouvaient tout simplement pas s’éloigner, même s’ils essayaient.

Ils avaient un lien intime — plus proche que quiconque — qui les avait tout juste empêchés de répéter la même erreur.

« … Je vais encore m’excuser. Je suis désolée. » Alice s’était mordue la lèvre tandis que la glace fondait.

Le mur s’était dissous, et leur environnement avait progressivement retrouvé sa forme originale.

« J’en voulais aux forces impériales qui ont attaqué le palais. Je ne pardonnerai jamais au Saint Disciple qui a blessé la reine… Mais je ne reporterai pas ces sentiments sur toi. »

« Et Sisbell ? »

« Je vais m’attaquer à la Maison d’Hydra. Il y a peut-être des preuves… Je veux que tu restes avec les domestiques. La villa n’est pas sûre, alors ne t’en approches pas. » Alice s’était retournée pour regarder derrière elle.

Les sirènes hurlaient dans les rues à travers la nuit.

« Je pense que les médecins que j’ai demandés sont ici… Tu dois partir. Je ne veux pas qu’ils nous voient parler. »

« D’accord. »

« … Iska. »

« Hmm ? »

« Je suis contente d’être tombée amoureuse de toi. »

Un sourire inhibé se répandit sur ses lèvres… jusqu’à ce qu’Alice réalise ce qu’elle avait dit et sursaute.

« Je — je ne voulais pas dire ça comme ça. Je voulais dire que je suis contente que les choses se soient mises en place, donc on peut être rivaux ! P-pourquoi ta bouche est grande ouverte ? C’est un moment critique, tu sais ! »

« Et qui est à blâmer ? »

Il savait que ce n’était pas ce qu’elle voulait dire, bien sûr.

Alors pourquoi son cœur ne s’arrêterait-il pas de battre hors de sa poitrine ?

Ils étaient censés être ennemis. Elle était la sorcière avec laquelle il s’était battu jusqu’à présent…

 

— Pourquoi je me sens si troublé ? On aurait presque dit que… de la magie avait été jetée sur lui, comme s’il avait été ensorcelé.

 

« … Je me préparais parce que je pensais que c’était encore un de tes pièges. »

« C’est impoli. Pourquoi est-ce que j’essaierais de te séduire !? … Argh ! Va-t’en. Tu as échappé de peu à la mort, Iska. Nous réglerons les choses la prochaine fois. Garde ça en tête ! »

Alice avait fait tournoyer sa robe, lui avait tourné le dos et s’était mise à courir en essayant de cacher ses joues brûlantes.

« La prochaine fois, hein ? »

Cela arriverait un jour. Même si le destin déviait de sa route, leur intention de régler les choses ne changerait jamais. Iska et Alice pensaient la même chose.

Mais ça n’arriverait pas maintenant.

Un jour, le temps viendrait pour eux de s’affronter dans leur croisade.

Iska et Alice avaient couru dans leur direction respective, connaissant ce sentiment dans leur cœur.

+

Alice, la Sorcière de la Calamité Glaciale, s’était dirigée vers le palais où les flammes de la guerre s’attisaient encore.

Iska, le successeur de l’Acier noir, sprinta vers la campagne où ses amis l’attendaient.

+

Tous deux ne se doutaient pas… que des événements encore plus étranges se produisaient alors que la bataille se poursuivait au palais.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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