Kimi to Boku no Saigo no Senjo – Tome 7 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : La nuit de la chasse aux sorcières, Troisième partie

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Chapitre 3 : La nuit de la chasse aux sorcières, Troisième partie

Partie 1

Le manoir de Lou Erz.

Des coups de feu avaient retenti. Des étincelles avaient jailli de la fenêtre brisée.

Les bruits de combat parvenaient jusqu’à l’extérieur de l’enceinte. C’était suffisant pour attirer l’attention des citoyens qui frissonnaient devant l’avancée des forces impériales.

Ils s’agitaient.

À l’extérieur de l’enceinte du manoir de Lou Erz, la police militaire était arrivée en courant.

« Un raid impérial !? Jusqu’ici !? »

« On a entendu des coups de feu… Ne me dites pas qu’ils attaquent la villa de la reine ! »

Les rapports des témoins avaient déjà commencé à affluer depuis un petit moment. Selon ces rapports, des gens ressemblant aux forces impériales avaient voyagé par la route pour attaquer le manoir.

+

« — Les choses se sont surtout arrangées en dehors de ce château. »

+

Dans le manoir de Lou Erz. Hall du premier étage.

Le chef de l’Hydra, Talisman, marchait sur le sol poussiéreux.

« Comme cette propriété appartient aux Lou, les résidences environnantes sont occupées par des citoyens qui adorent la famille Lou. J’imagine qu’ils ont vu des soldats impériaux armés prendre d’assaut ce château. »

« Je suppose qu’ils ne sont pas arrivés sur les lieux par hasard. Vous les y avez conduits. »

Iska regarda fixement les yeux doux de Talisman. C’était un démon dans la peau d’un gentleman. L’homme qui menait le coup d’État avait pour spécialité de déstabiliser ses ennemis en leur parlant comme ça. Même maintenant…

« Les détails n’ont pas d’importance. Ce qui est important, c’est que les témoins croiront que la villa de la reine a été attaquée par les forces impériales. Parce que c’est la réalité. »

Il plaça la main dans sa poche de poitrine. Le chef de l’Hydra en sortit un petit appareil de communication. Iska l’avait reconnu. Il avait été fabriqué dans l’Empire.

« À l’aube, le peuple souverain sera furieux. Contre l’armée impériale — et c’est la gestion de la reine actuelle qui leur a permis d’envahir. »

« … »

« Oh, êtes-vous intéressé par cet appareil de communication ? C’est une imitation créée pour faire croire qu’elle a été fabriquée dans l’Empire. Je parlais à mon personnel avant de venir dans cette demeure, vous voyez. Je n’en ai plus l’utilité. »

Il l’avait jeté sur le sol. Même cette action apparemment insignifiante était calculée. Si un appareil de communication impérial était laissé dans la villa, cela constituerait une preuve supplémentaire de l’invasion de l’Empire.

« Bien. Si vous voulez bien m’excuser, je vais partir, “déclara Talisman.

« … Qu’est-ce que vous avez dit ?” Iska avait froncé les sourcils. “Qu’est-ce que vous voulez dire ? Sisbell est toujours — !”

« Ne serait-il pas étrange qu’un membre de la famille royale soit absent lorsque le palais est attaqué par l’armée impériale ? » Il redressa le revers de son costume. « Vous étiez acculé dès le départ », déclara le démon jouant le rôle d’un gentleman. « Combien d’années pensez-vous que nous ayons passées à élaborer ce plan ? Il y avait une chance que les choses ne fonctionnent pas, même si je venais dans cette maison. Eh bien, il est préférable d’être prudent. Selon les circonstances, Alice aurait pu être ici à votre place. »

« … »

« Saint Disciple Iska, vous avez bien fait, juste vous quatre. Je m’incline devant vous pour votre courageux effort pour protéger Sisbell. Mais nous avons atteint notre but. »

Iska était resté silencieux.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Ont-ils déjà kidnappé Sisbell ? Ou est-ce une autre de ses stratégies ?

Il n’avait aucun moyen de le découvrir maintenant. À cause de ça…

« Croyez-vous que je vais vous laisser vous échapper ? » Iska avait pointé le cou de Talisman avec la pointe de son épée astrale noire. « Après tous ces coups de feu et ces détonations, il ne serait pas étrange que la police militaire fasse irruption ici. Que croyez-vous qu’ils penseraient s’ils vous voyaient ? »

« Ils réaliseraient que je suis le cerveau de tout ce qui se passe ici. »

« C’est donc la vraie raison pour laquelle vous essayez de partir d’ici. Vous avez l’intention de vous échapper avant que les citoyens du château ne vous voient. »

C’est pourquoi Iska ne voulait pas le laisser s’enfuir. La tête de l’Hydra était ici. Si cela sortait au grand jour, ce serait un moyen facile de faire échouer leur plan.

« Je me demande si c’est vrai ? »

Tap… Tap… Sous les pieds de Talisman, les gravats sur le sol avaient commencé à bouger.

Plus de deux cents livres de débris s’éparpillaient le long du mur et des fragments de lustre serpentaient sur le sol.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Vous avez de bons instincts. Vous avez compris que ce n’est pas moi qui ai fait ça et vous êtes sur vos gardes. Vous avez raison. Ce n’est pas mon pouvoir astral. »

Le pouvoir astral des Ondes était spécialisé dans la force brute, détruisant les choses en les écrasant et en les soufflant. Ce n’était pas quelque chose qui pouvait attirer autant de gravats vers lui. La masse fragmentée rampa sur le sol, se dirigeant vers la porte brisée derrière Talisman et à l’extérieur vers le jardin.

Qu’est-ce qui se passe ?

Ce n’est pas la première fois que je vois ça. J’ai l’impression d’avoir déjà vu quelque chose comme ça avant.

Iska ne pouvait pas rediriger toute sa concentration pour y penser. S’il était distrait, il ne ferait pas assez attention à Talisman lui-même.

« J’ai dit que je communiquais avec mon personnel, mais je suppose que je dois faire un ajout. » Le chef de l’Hydra avait piétiné l’appareil de communication au sol. Sa voix était jubilatoire. « Tout à l’heure, une sorcière qui avait été emprisonnée pour haute trahison s’est échappée de la prison du palais. J’ai parlé avec elle. »

« Une sorcière ? »

Il y avait deux significations à ce mot. Dans l’Empire, c’était un terme péjoratif pour les mages astraux. Quand un mage astral appelait quelqu’un « sorcier » ou « sorcière », il voulait dire « criminel ».

« Vous connaissez vous-même cette jeune femme. Ne vous en êtes-vous pas vous aussi rendu compte avec votre instinct ? »

« … Qu’est-ce que vous avez dit ? »

« Vous l’avez vaincue une fois. Malheureusement, si l’inquisition pensait pouvoir la retenir dans une pièce isolée, elle se trompait lourdement. Surtout dans l’état de chaos dans lequel se trouve le palais. Après tout, elle n’est plus humaine. C’est une sorcière au sens propre du terme. »

Clack… Clack-Clack.

Alors même que Talisman rassemblait ses mots, des débris volumineux étaient extraits du château.

Était-ce une forme de magnétisme ? C’était comme si une immense force gravitationnelle tirait les choses vers elle.

Une sorcière. La gravité. Qui était associé à de tels termes… ?

« Non ! »

« Adieu, romantique. » Le chef de la maison Hydra, Talisman, avait ouvert son costume en se retournant rapidement et en sautant par la porte.

C’était mauvais.

Le pire des scénarios se dessinait dans l’esprit d’Iska, et cela ne concernait pas l’évasion du cerveau derrière toute cette affaire. C’était à propos des décombres qui avaient été traînés au loin. Il avait déjà vu ce pouvoir astral invoqué auparavant.

« Euh, attendez — ! »

« Finis-en, Vichyssoise. »

+

Le canon ultime.

+

Tous les débris de la grande salle de l’ancien château s’étaient combinés et comprimés pour créer une balle qui avait soufflé le premier étage du manoir de Lou Erz, Iska et tout.

+++

La maison de Lou Erz. Troisième étage.

Poursuivis par des golems de neige en haut des escaliers, Jhin et le reste de l’Unité 907 avaient trouvé une scène de neige d’un blanc pur devant eux.

C’était le fait de Grugell, la sorcière du soleil de minuit.

L’intérieur du vieux château était recouvert de neige comme un mirage, mais les apparences étaient trompeuses. Il n’y avait aucune chance que ce soit n’importe quelle vieille neige.

« … Les assassins ne sont pas là. Se sont-ils retirés ? »

« Jhin, derrière toi ! Attention au golem ! » Néné avait crié depuis l’arrière.

Le golem de l’escalier avait fait trembler l’endroit en montant les marches du troisième étage.

« Courez vers l’arrière. »

« Je… Je sais ! Je sais, alors s’il vous plaît, ne lâchez pas ma main ! » Sisbell avait saisi sa main comme si sa vie en dépendait.

Dès que Jhin et Sisbell, les deux premiers de la file, avaient mis le pied dans la neige, le sniper avait senti une douleur intense lui traverser la cheville.

« Aïe ! Stop ! Néné ! Patron ! Vous ne pouvez pas marcher dans cette neige ! »

« Pourquoi pas !? »

« Ne sentez-vous rien ? »

« Non, alors c’est quoi — ? Eek ! » La voix de Sisbell s’était brisée quand elle avait regardé la jambe enterrée de Jhin. La surface duveteuse était lentement tachée de rouge.

« La neige m’a mordu. Si je n’avais pas porté des chaussures fabriquées dans l’Empire avec des plaques de métal, elle m’aurait arraché le pied, chaussure et tout. »

Il avait enduré la douleur en retirant son pied. La neige ensanglantée qui s’accrochait à sa chaussure s’était transformée en fragments de cristal solides, semblables à du verre.

« C’est comme marcher dans une montagne d’aiguilles ! » s’écria Sisbell.

« Je le sais. Il est temps de faire un peu d’analyse. Pourquoi suis-je le seul à avoir été blessé par la neige ? Pourquoi êtes-vous indemne ? »

« Huh !? Umm… » Sisbell fixa la scène hivernale devant elle et fronça les sourcils. « Les créations de puissance astrale réagissent parfois en fonction de l’absence de cette énergie. Les ascenseurs et les portes du palais — Oh, je — je n’aurais pas dû dire ça. Faites comme si vous n’aviez pas entendu. »

« Continuez. »

« D-Donc cette neige n’attaque que ceux qui n’ont pas de pouvoirs astraux ! »

« Alors nous n’avons pas de problème. Hé, patron, c’est à toi. »

« … Je savais que tu me ferais faire ça ! Allez ! Tu ne peux pas traiter ton commandant comme ça ! »

Mismis s’était précipitée devant eux et avait soulevé la neige tombée aussi fort qu’elle le pouvait. Mismis pouvait le faire. Elle avait repoussé la neige que Jhin et Néné ne pouvaient même pas toucher.

« Continue comme ça, patron. Frappe juste la neige qui est sur le chemin… Je suppose que je devrais me concentrer sur ça d’abord. »

Quelque chose avait rugi dans le passage. Jhin se retourna pour faire face au golem qui rampait dans les escaliers.

« C’est vraiment dommage — je voulais garder ça pour plus tard. »

« Vous ne pouvez pas, Jhin. Les balles ne fonctionnent pas sur un golem fait de poudre astrale… »

« Alors je suppose que je vais brûler ce truc. »

« Hein ? »

Jhin avait lancé quelque chose. Dès que le golem toucha et brisa la chose qui s’élançait vers lui, l’odeur de l’alcool emplit leurs narines. Sisbell l’avait sentie avec acuité dans son nez.

« Est-ce de l’alcool ? »

« Un alcool rectifié de la table du banquet. J’ai emprunté une bouteille. »

C’était de l’alcool distillé à 93 % et une boisson qui n’en avait que le nom. La moindre flamme l’aurait enflammé, le rendant aussi inflammable que de l’essence.

« Dommage que tu sois née, poupée de neige. »

Jhin avait jeté un briquet sur le golem. Cela avait enflammé l’alcool. Le géant avait été englouti dans des flammes rouges torrides. Le feu avait même fait fondre la neige autour de lui.

D’un autre côté…

« … C’est une blague. »

Jhin n’avait même pas eu le temps de célébrer. Au sein des flammes frémissantes, le tas de neige se condensa, d’où naquirent de nouveaux soldats de neige. Ce n’était pas un golem. C’étaient des poupées, chacune à peu près aussi grande que Néné. Maintenant plus petites, elles compensaient cette différence par leur rapidité alors qu’elles commençaient à courir vers les flammes.

« … Donc ils ont l’intention de se frayer un chemin à travers le feu pour nous attaquer. »

« Jhin, par ici ! Il n’y a personne dans cette pièce au fond ! » Au bout du couloir, Mismis ouvrit la porte d’une pièce et leur fit signe d’entrer.

Les traces de ses pas avaient été laissées dans la neige — les seuls endroits qu’ils pouvaient traverser dans ce passage.

« Néné, suis ses pas et fais attention à ne pas toucher la neige. »

« Je le sais déjà, Jhin. » Néné avait traversé le hall à toute vitesse, marchant seulement sur les traces de Mismis. Une fois arrivée dans la pièce, elle fit signe à tout le monde du regard. « Entrez, les gars ! On ferme la porte ! »

Dès que Jhin avait bondi dans la pièce, il avait verrouillé la porte de l’intérieur. Il s’était appuyé contre le mur et avait retenu sa respiration.

« Croyez-vous qu’on peut se cacher ici… !? » demanda Sisbell, les épaules lourdes.

« Qui sait ? Nous n’avons aucune garantie de pouvoir nous échapper, quoi que nous fassions », répondit-il gravement. Ils étaient acculés. Ils auraient pu réussir à atterrir par la fenêtre du deuxième étage, mais un amateur aurait eu du mal à sauter du troisième étage. « Nous n’avons qu’une seule option pour nous échapper — si nous faisons quelque chose à propos de cette vieille dame et que nous retournons au deuxième étage. Et si nous parvenons à échapper aux autres soldats, nous pourrons peut-être sauter dans le jardin par une fenêtre ouverte. »

« Ça fait beaucoup de si ! » s’écria Sisbell.

« Shhhh. » Néné lui saisit les épaules par-derrière, faisant frémir son corps.

Crunch. Des pas traversaient la neige.

***

Partie 2

Il s’agissait des poupées de neige qui avaient survécu aux flammes — mais le problème était leur nombre. On aurait dit qu’une armée entière marchait vers eux.

« … Je dois le reconnaître. La vieille dame est tenace. On dirait qu’elle essaie de faire croître son nombre autant qu’elle le peut. »

Les balles ne fonctionneraient pas contre les poupées de neige. Mobilisées par le pouvoir astral, leur force physique dépassait de loin celle des humains. Si l’une d’entre elles clouait Jhin au sol, il ne serait pas en mesure de s’en défaire.

« Oh ? Vous vous cachez dans une pièce ? »

Ils pouvaient entendre le ricanement de la vieille femme de l’autre côté de la porte qui les séparait. On aurait dit une sorcière de conte de fées. Sa voix rauque faisait froid dans le dos.

« La neige n’est pas la même chose que la terre. Aviez-vous cru que vous pouviez faire fondre un golem de neige ? Ne savez-vous pas que les pouvoirs astraux de la terre ne peuvent être activés que là où il y a de la terre ? C’est la différence avec mes pouvoirs. Je peux faire tomber la neige n’importe où. »

Crunch, crunch… Poupées à la main, la vieille femme avançait lentement sur le sol enneigé.

« C’est un monde de neige. Jetez un coup d’œil. Je vous félicite d’avoir traversé cette scène, mais je peux voir exactement où vous êtes allé grâce à vos empreintes de pas. »

« — ! »

« — Ferme-la. » Jhin avait serré la bouche de Sisbell alors qu’elle commençait presque à émettre un son.

Les traces de pas continuaient tout le long du couloir. Ils pouvaient l’imaginer au fond d’eux-mêmes — Grugell, la sorcière montrant du doigt les empreintes qui s’arrêtaient à la porte en souriant, les yeux plissés.

« Vous vous êtes enfermés dans cette pièce, en essayant de trouver un moyen de sauter du troisième étage à l’extérieur dans le jardin avant que votre poursuivant ne vous atteigne ? Eh bien, je suppose que c’est tout ce que vous pouvez faire, mais je ne vous laisserai pas le temps de le faire. C’est à ça que servent ces poupées. »

Sa présence était presque volatile.

« Enfoncez cette porte ! »

Les troupes des neiges s’étaient ruées sur la porte. Après que des dizaines d’entre elles aient chargé, des parties de la porte avaient explosé. Les poupées s’étaient glissées par le trou dans la pièce, dégringolant comme une avalanche.

« Écrasez ces soldats impériaux. Ne laissez que Mlle Sisbell — Mlle… Hein… ? »

Ils n’étaient pas là. Pas une seule personne n’était dans le coin salon de la chambre. Même la salle de bain et les toilettes étaient vides.

« Ils n’auraient pas pu ! Ils n’auraient pas pu bondir dehors à ce moment précis… »

« Nous sommes derrière vous, grand-mère. »

« … Non ! » Tout le corps de la vieille femme frissonna lorsqu’elle entendit les pas des soldats impériaux derrière elle.

Pourquoi ? Pourquoi les soldats impériaux, qui auraient dû se cacher dans la pièce du fond, étaient-ils derrière elle ? Grugell ne pouvait même pas se retourner pour faire face à cette incroyable réalité.

« Nous n’étions pas cachés dans la pièce du fond. On était deux portes avant ça. »

« Qu’est-ce que vous avez dit… ? »

« Vous avez sous-estimé ce qu’un commandant impérial peut faire. Notre chef est une fainéante et une tête de linotte, mais elle n’est pas idiote. »

C’est ce que Mismis avait dit.

+

« Jhin, par ici ! Il n’y a personne dans cette pièce au fond ! »

+

Elle leur avait dit de se cacher dans la pièce du fond, en criant, en fait, pour s’assurer que la sorcière entende le cri exprès.

« M-Mais les empreintes de pas ! »

« Nous sommes revenus sur nos pas. Nous avons laissé des traces de pas dans la neige jusqu’à la dernière salle, puis nous avons marché dans les mêmes pas pour retourner d’où nous venions. »

« Impossible ! »

C’était une méthode d’évasion utilisée dans le règne animal. Les lièvres de la toundra le faisaient par instinct pour échapper aux renards. La sagesse des humbles qui essaient de survivre avait eu raison de la sorcière.

« Ne sous-estimez pas les soldats impériaux, grand-mère. »

« — Espèce d’ordure ! »

« Extinction des feux. » Jhin la frappa à l’arrière de la tête avec la bouche de son arme de poing. Il ne l’avait pas laissée utiliser son pouvoir astral, assommant la sorcière. Elle s’était effondrée sur le tapis de neige.

« … Est-ce qu’on va s’en sortir ? » Sisbell avait jeté un coup d’œil à la chambre, regardant la vieille femme inconsciente avant de soupirer de soulagement. « Ce n’est pas le moment d’être soulagée », se dit-elle. « Nous n’avons pas dû voir d’autres assassins parce qu’ils se sont retirés pour ne pas être pris par le pouvoir astral de Grugell. Il faut fuir pendant qu’ils se font discrets… mais je m’inquiète de la laisser ici. »

« Nous devons la laisser ainsi. » Mismis avait baissé les yeux sur la femme effondrée et avait secoué la tête sans hésiter. « Nous avons déjà décidé de nous échapper de cet endroit. J’aimerais l’utiliser comme otage, mais nous ne sommes pas dans un état tel que l’un de nous puisse la porter sur son dos et s’enfuir. »

« Je — Je comprends. Dans ce cas, allons en bas. Nous pourrons peut-être faire un saut à l’extérieur depuis une chambre de domestique ! » Sisbell avait désigné les escaliers.

À cet instant… le canon ultime avait rugi.

Le rire d’une sorcière avait résonné, venant de nulle part. Personne ne comprenait ce que c’était.

+

Le premier étage du vieux château avait été soufflé.

+

Sisbell, les trois membres de l’Unité 907, et même les soldats armés qui attaquaient la villa, ils avaient été tous assommés par la force de l’impact.

C’était deux secondes ? Ou plus de dix ?

Ils ne pouvaient pas dire combien de temps s’était écoulé.

Le vieux château penché sans rez-de-chaussée. Lorsque Mismis avait ouvert les yeux, pas tout à fait consciente, l’endroit entier était sombre.

« … Hein ? » Elle était sur le côté, effondrée.

Le passage avait fait une embardée.

Il semblerait que les lignes électriques aient été coupées. Toutes les lumières étaient éteintes. Elle pouvait voir à la lumière de la lune à travers les fenêtres que des carreaux étaient tombés du plafond et que les vases et les portraits suspendus aux murs avaient dégringolé sur le tapis.

« Qu… que… que s’est-il passé… ? » Elle s’était levée du sol incliné, prudente. « Jh-Jhin ? Néné ? Où êtes-vous ? »

Elle avait senti un mouvement.

C’était Jhin, le sniper aux cheveux argentés, qui marchait vers elle en se tenant le côté. Derrière lui, Néné était apparue dans l’obscurité. Il semblerait qu’elle se soit ouvert la lèvre quand elle avait pris le coup.

« Hé, patron. J’ai dit qu’on descendait au deuxième étage, pas qu’on allait faire sauter le château. »

« Ce n’était pas moi ! »

« Je sais. C’est forcément l’Hydra, mais… qu’est-ce qui se passe ici ? Ce n’était pas des coups de feu tirés par un simple soldat. Ont-ils prévu de raser l’endroit ? » Jhin avait scruté l’obscurité plusieurs fois. « Où est la fille que nous gardions ? »

« Huh !? Oh, c-c’est vrai… Où est Sisbell !? » s’écria Mismis.

Ils ne l’avaient vue nulle part. Bien qu’elle soit une sorcière, elle était plus menue que les autres. Elle avait dû être emportée par l’impact.

+

« Je t’ai trouvé. »

+

Le rire séduisant d’une sorcière avait traversé le passage éclairé. Des flammes violettes avaient jailli.

La lumière astrale avait frémi comme un feu follet et illumina ce qui semble être un véritable monstre.

« Je t’ai trouvé, petite Sisbell. Oh, on ne bouge pas, n’est-ce pas ? Je vois. Tu t’es évanouie. Quel soulagement ! J’avais tellement peur d’en avoir trop fait. »

Le monstre avait ramassé la fille inconsciente et l’avait hissée sur son épaule.

La sorcière en violet. Vichyssoise — c’était indubitablement elle.

Ses cheveux étaient d’un rouge flamboyant et ils étaient solidifiés comme une pierre précieuse. Tous ses muscles s’étaient transformés en quelque chose qui ressemblait à du verre. Ils pouvaient voir les fenêtres et le plafond derrière son corps, transparent comme une méduse.

Pourquoi le monstre qu’Iska avait combattu était-il ici ?

« Pourquoi… !? »

« Hmm ? Oh, donc il y avait encore des sujets impériaux dans le coin. Ce qui signifie que Tante Grugell a dû perdre. Pas que je m’en soucie. » La sorcière portant Sisbell s’était tournée vers eux.

Elle avait enfin remarqué l’Unité 907. Enfin, c’est ce qu’on aurait dit.

« Vous pensez vraiment que je peux être confinée ? Aucune chance. Les menottes pour contenir le pouvoir astral sont en acier. Pour me contenir, il faut trouver le vrai matériau forgé par les Astraux. »

C’était comme si un cauchemar avait refait surface.

Même Grugell, la sorcière du Soleil de Minuit, contre laquelle ils s’étaient désespérément battus jusqu’à présent, était dépassée par cette vraie sorcière.

C’était ainsi parce qu’elle était un monstre inhumain.

« J’ai Sisbell sous ma surveillance. Je me demande ce que je vais faire de vous. Je vais peut-être vous faire rôtir avec cette villa. »

« Alors, venez nous voir. Rendez-nous Sisbell ! »

« Eh bien, c’est ce que j’avais pensé, mais je suis d’excellente humeur en ce moment. Je viens de prendre ma revanche, après tout. Ce serait une perte de temps de me battre contre vous, alors je suppose que je pourrais vous laisser tranquille. »

« … “Revanche” ? » répéta Jhin. « Vous ne voulez pas dire… »

« L’ancien Saint Disciple Iska, c’est ça ? Je l’ai fait exploser tout à l’heure, ainsi que tout le premier étage. » Elle avait pointé son pouce vers le sol. « Le sol du troisième étage commence même à se pencher. Cet endroit devrait s’effondrer dans, disons, oh, quelques minutes ou plus. »

« Non ! » hurla Néné, les épaules tremblantes.

« Iska n’aurait jamais — ! » Le cri de Néné résonna dans le couloir faiblement éclairé.

« Lady Sisbell !? »

Plusieurs bruits de pas résonnaient dans le couloir. Trois jeunes filles qui s’étaient cachées à l’arrière semblaient avoir entendu le bruit, chacune portant un uniforme de serviteur.

« Ah oui, les servantes de cet endroit. »

« Eek !? »

Dès qu’elles avaient vu le monstre en face d’elles, elles avaient glapi. La peur, cependant, n’avait duré qu’un instant. Elles avaient vu Sisbell sur l’épaule de Vichyssoise. La colère avait brillé dans leurs yeux et elles avaient serré les dents en réponse.

« Lady Sisbell ! »

« Fripouille ! Elle est l’une des personnes les plus importantes de la Souveraineté. Lâchez-la ! »

« Ça n’arrivera pas. » La sorcière ricana. « Elle ne reviendra pas vers vous, jamais. »

« Silence ! » Une des filles, indignée, avait sorti un couteau d’autodéfense. « Lâchez Lady Sisbell, monstre ! »

« Stop ! Ne soyez pas stupide ! » Jhin ne l’avait pas retenue assez vite.

Aucun des serviteurs de la villa n’avait de pouvoirs astraux pouvant être utilisés pour le combat. Il n’y avait aucun moyen pour eux de se battre contre une sorcière.

Surtout pas avec un seul couteau.

« Aïe. Je plaisante. »

La lame sortait du flanc de la sorcière, mais elle n’avait fait qu’ouvrir un petit trou dans sa chair semi-transparente. Pas une seule goutte de sang n’avait coulé de la blessure.

« Vous ne pouvez pas me battre avec ça. »

« Êtes-vous un monstre ? »

« Si vous êtes violent, vous allez vous-même vous faire malmener — et ça va faire mal. Comme ça. »

« Euh… gah ! »

Le couteau dépassant toujours de son côté, la sorcière attrapa le cou de la jeune fille et la serra lentement, fixant les yeux de la servante. « Joli visage. Assez mignon pour qu’on t’ait choisi pour travailler pour les Lou. Tu n’as probablement pas eu un seul souci en tête depuis le jour de ta naissance. »

« Ah… »

« Je vais peut-être brûler ton joli petit visage au point qu’il ne retrouvera jamais son état d’origine. Tu ne seras plus jamais capable de te regarder dans un miroir. »

« Uhhh !? St… stop… »

« Nuh-uh. Je ne serai pas plus gentil avec toi… »

+

« Vichyssoise. »

+

Le sourire de la sorcière s’était figé.

***

Partie 3

Elle avait oublié qu’elle tenait la servante et s’était retournée pour regarder. Il y avait là un garçon aux cheveux noirs, couvert de poussière de la tête aux pieds. Il n’y avait que de légères éraflures sur sa joue et son front.

« Encore vous ? »

« … Maintenant, vous l’avez vraiment fait. J’ai failli mourir à nouveau. » Iska tenait ses épées astrales. L’épée blanche pouvait libérer le pouvoir astral scellé par son homologue noire juste une fois.

S’il n’avait pas eu le pouvoir astral de Talisman à sa disposition, il aurait été soufflé au premier étage par le tir magique.

Il avait déjà vu le pouvoir astral une fois auparavant. Sa réaction en une fraction de seconde avait fait la différence entre la vie et la mort.

« Comment pouvez-vous être inhumain !? » Iksa avait crié ceci.

La sorcière avait rapidement pris une décision. Après l’avoir affronté une fois, elle le savait dans ses os — combattre cet épéiste impérial était dangereux.

« Lâchez Sisbell ! »

« Vous êtes arrivé sept secondes trop tard, intrépide chevalier. » La sorcière avait lancé la servante sur Iska. Elle n’avait pas seulement jeté la servante, elle avait lancé la fille comme un boulet de canon humain.

« Guh ? »

« Ah-ha-ha-ha ! Dommage que je n’ai pas pu vous tuer. Mais c’est fini maintenant. »

Iska avait attrapé la fille. Pendant ces quelques secondes, la sorcière avait sauté par la fenêtre avec Sisbell sur son épaule. Elle avait utilisé la gravité pour léviter dans les airs. Même Iska ne pouvait plus la poursuivre.

« Cet endroit a été détruit par les soldats impériaux. Plusieurs centaines de citoyens en ont déjà été témoins. Vous n’avez aucun endroit où fuir. »

« Vichyssoise ! »

« Au revoir, Saint Disciple. Je serais heureuse que vous soyez enterré avec les décombres du château. »

Le plafond avait commencé à craquer. Après avoir reçu le tir magique, le bâtiment lui-même penchait d’un côté.

« Lady Sisbell ! »

« Stop. » Iska avait attrapé la main d’un des serviteurs qui avait couru vers la fenêtre. « Vous n’y arriverez pas à temps. Vous devez vous concentrer pour sauver votre propre vie. »

« Lâchez-moi… Qu’est-ce que vous savez ? Elle est importante pour la famille Lou. A quoi servons nous en tant que serviteurs si nous ne pouvons même pas protéger Lady Sisbell !? »

« Nous allons la sauver, » dit Iska.

« Quoi ? » Sa bouche était restée ouverte, ses yeux étaient devenus grands.

Quelles absurdités ce sujet impérial racontait-il ? Les deux personnes derrière lui avaient soudainement perdu la capacité de parler.

« Nous allons la sauver. Nous allons la sauver tout de suite, alors sortez d’ici et cachez-vous dans un endroit sûr. »

« … Qu’est-ce que vous… ? Continuez à rêver, soldat… » La jeune fille n’avait pas cessé d’essayer de secouer Iska qui s’accrochait à sa main. « Que pouvez-vous faire ? Vous voulez qu’on vous fasse confiance !? Lady Sisbell a été enlevée sous nos yeux ! Et vous n’avez fait que regarder ! »

« Vous vous êtes laissée prendre en otage », ajouta Jhin.

« Uh ! »

Sa remarque avait arrêté la jeune fille dans son élan.

« Pourquoi pensez-vous qu’Iska a appelé le nom de cette sorcière pour la distraire ? S’il ne l’avait pas fait, vous auriez été rôtie par ce monstre, et votre vie aurait été terminée. »

« … C’est… »

« Si vous n’aviez pas été prise en otage, il y avait une chance sur deux pour que nous puissions récupérer Sisbell. Ces chances ont explosé quand vous vous êtes laissée capturer. »

C’est pourquoi Jhin avait essayé de l’arrêter au début.

« Stop ! » Jhin avait dit.

Iska avait essayé de passer derrière la sorcière. Jhin avait voulu dire, ne vous mettez pas en travers du chemin, mais aucun des serviteurs ne l’avait réalisé.

« Nous allons réessayer. Nous ferons revenir Sisbell, c’est sûr. »

Le couteau qui avait transpercé Vichyssoise était sur le sol. Iska ramassa la lame et la pressa dans la paume de la jeune fille, enroulant ses doigts autour d’elle.

« Et si je ne peux pas le faire, vous pouvez prendre ma vie vous-même. Vous pouvez vous en prendre à moi avec ce couteau. »

« Quoi ? »

« Nous ne pouvons pas vous dire pourquoi, mais nous risquerons nos vies pour protéger Sisbell, au minimum. Nous sommes venus dans cette nation ennemie en prévoyant d’obéir aux lois. Si vous voulez la protéger, alors suivez nos instructions pour une fois. »

« … »

« Vous deux. »

Les deux filles qui tenaient des lampes avaient soudainement repris leurs esprits et avaient levé les yeux quand Iska les avait appelées.

« Où sont les autres ? S’ils se cachent toujours, vous devez les attraper tout de suite. Cet endroit va s’effondrer. »

« Euh, hum, bien… »

« Dépêchez-vous ! »

« O-oui, monsieur ! » Les deux filles s’étaient enfuies plus loin dans le château.

Yumilecia, Ashe, Noel, Sistia, et Nami — les cinq serviteurs travaillant au château. S’ils devaient évacuer, ils devaient le faire ensemble.

S’ils n’y arrivent pas, je ne pourrai pas les affronter.

Pas Sisbell. Pas Alice.

« Si vous promettez de nous écouter, je lâcherai votre main. »

« Bon… » Yumilecia, la fille la plus âgée, avait saisi le couteau de sa main libre, avait tranquillement rengainé sa lame et s’était mordu la lèvre en tremblant. « Nous vous écouterons, mais seulement pour ce soir, si cela signifie récupérer Lady Sisbell… »

+++

Le palais.

Des coups de feu dans la nuit. Des cris retentissant sur le terrain. Ces sons s’accrochaient aux oreilles comme les damnations des morts.

Je vais perdre la tête.

Je préfère être sur les lignes de front du champ de bataille qu’au château dans ce purgatoire.

« C’est sérieux ! » La jupe d’Alice se gonflait tandis qu’elle continuait à sprinter sur la place.

Les soldats criaient. Elle ne pouvait plus dire s’ils venaient du corps astral ou des forces impériales. Tout ce qu’elle pouvait faire était d’essayer de pacifier les braises du feu de l’enfer.

« Où sont les pompiers ? Qu’est-il arrivé aux réservoirs de carburant ? »

« Ils sont toujours en feu ! Des soldats impériaux sont postés près d’eux. Nous sommes déjà à pleine capacité pour essayer d’échapper aux snipers et tenter de contenir le feu ! »

« … Ils n’attaquent donc pas et se consacrent à entretenir le feu. »

Tout ce que l’armée impériale avait à faire était de laisser les flammes se développer d’elles-mêmes.

Ensuite, j’irais — Alice s’était empêchée de le dire à voix haute.

À ce moment-là, Rin évacuait les blessés vers les abris souterrains.

Rin ! Qu’est-ce que tu fais ? Ça fait vingt minutes.

Tu m’avais promis de me retrouver ici.

Elle espérait que Rin soit juste occupée. Le pire scénario serait qu’elle soit bloquée sur place parce que l’armée impériale l’attaquait.

Doit-elle attendre ? Ou doit-elle partir à la recherche de Rin ?

Toutes les dix secondes lui semblaient être une minute. Alors qu’elle serrait les dents et tenait bon, un golem de terre se précipita vers elle. « Lady Alice ! »

« Rin ! Je suis contente que tu sois en sécurité. Les blessés vont-ils bien ? »

« J’ai mis du temps à entrer en contact avec les médecins, mais ils sont tous dans l’abri des Lou et reçoivent des soins. » Rin avait sauté du golem. « La Maison d’Hydra est venue avec ses médecins et ses gardes arrangés par le Seigneur Talisman. »

« Il sait tout simplement comment gérer les choses. Il a été d’une grande aide. »

« … »

« Qu’est-ce qui ne va pas, Rin ? »

Rin fit une grimace. « J’ai vu à quoi ressemblait Vichyssoise quand elle a attaqué Lady Sisbell. »

« … Oui, je sais. »

Vichyssoise — envoyée de l’Hydra — avait attaqué la sœur d’Alice, se transformant en un monstre bizarre. Alice n’avait pas vu à quoi elle ressemblait, mais Rin en avait été témoin, ainsi que Sisbell.

Ses crimes avaient été commis indépendamment de la Maison d’Hydra, selon le chef de famille, Talisman, mais ils n’avaient aucun moyen de savoir si c’était vrai. Quoi qu’il en soit, Sisbell pourrait tout mettre en lumière avec l’Illumination une fois qu’elle serait de retour.

« Lady Alice ! J’ai une demande urgente ! »

C’était l’un des gardes d’Elletear, un garde armé qui ne quittait jamais la porte de sa sœur, qui courait vers eux, éclairé par une lumière.

« Un assassin ! Dans l’espace de la Reine ! »

« … Qu’est-ce que vous avez dit ? » Sa voix s’était presque prise dans sa gorge. Alice et Rin se regardèrent l’une l’autre.

« Rin. »

« Je — Je n’ai pas non plus entendu parler de ça. Le palais de la reine est gardé contre les envahisseurs. »

« C’est un Saint Disciple ! » Le garde ignora Rin. « Nous avons découvert ses deux gardes effondrés, loin de l’Espace de la Reine — tous deux gravement blessés. Les médecins font tout ce qu’ils peuvent pour arrêter l’hémorragie. »

« Un Saint Disciple… » Alice avait répété ces mots une nouvelle fois, les retournant dans sa bouche.

Le visage d’Iska lui avait traversé l’esprit. Puis Sans Nom, l’assassin habillé en camouflage actif.

« Donc vous me dites d’aller voir la reine immédiatement ? »

« O-oui. Je vous demande de vous occuper d’elle, mais je m’inquiète aussi pour la princesse aînée. »

« De quelle manière ? »

« … Elle s’est précipitée hors de la tour des étoiles et s’est dirigée directement vers l’espace de la reine. »

Alice était devenue pâle. Rin douta de ses oreilles quand elle réalisa ce que cela signifiait.

« Quoi !? Ma sœur Elletear ne sait pas se battre ! »

« Elle était si inquiète pour la reine qu’elle ne pouvait pas rester en place. Elle a passé ses gardes, bien que nous ayons essayé de l’arrêter, et… »

C’était imprudent.

Alice comprenait son inquiétude, mais c’était imprudent de la part de sa sœur sans défense d’entrer dans une pièce avec un assassin.

Elle ne fera qu’empirer la situation si elle est prise en otage.

Pourquoi ferais-tu ça ? Tu dois réaliser ce qui va se passer !

Alice ne pouvait pas comprendre cela. Ces actions n’auraient-elles pas juste causé plus de chaos ?

« Lady Alice, s’il vous plaît, arrêtez la princesse aînée. »

« D’accord. Vous restez à la Flèche des Étoiles. Je vais aller au Palais de la Reine. Rin, » Alice l’appela. Elle sauta sur l’épaule du golem, passant avant ça par sa main. Le golem de terre se leva sans même attendre quelques secondes, le sol autour de lui grondant comme s’il s’agissait d’un tank alors qu’il se mettait à courir.

« Je vais aller aussi vite que je peux, » dit Rin. « Si tu parles pendant que tu es à bord, tu risques de te mordre la langue, alors, fais attention. »

« Comme si j’allais laisser faire ça. »

Elles avaient regardé plus loin dans les terres depuis l’épaule du golem. En regardant le Palais de la Reine qui brillait comme un rêve dans la lumière astrale, Alice avait serré sa main en un poing.

« Pourquoi ferais-tu une telle chose, chère sœur… !? »

+++

Il y a environ trente minutes…

+

Dans la Flèche des Étoiles. La chambre de la princesse aînée, la Petite Salle des Miroirs.

Par la fenêtre d’une pièce tentaculaire qui ressemblait à une suite tout droit sortie d’un hôtel de luxe…

« Tu es une si gentille petite fille, Alice. »

Regardant les pelouses brûler en contrebas, Elletear était ravie de la vue, les yeux bridés. Sa petite sœur faisait un effort herculéen pour éteindre ces flammes.

« Si ces flammes grandissent, il y aura des victimes même au-delà du palais. Tu veux absolument empêcher cela. Quel merveilleux désir que tu as ! »

Elle n’était pas sarcastique. Elletear voulait peut-être que le paradis tombe, mais elle n’était pas sans cœur au point de souhaiter plus de victimes. La chute de la Souveraineté était une question entièrement différente du sacrifice de son peuple.

« Mais il semble que l’Hydra ne partage pas mes sentiments. »

« Hmm ? »

« Lorsque vous avez attaqué ma sœur dans le huitième état, vous vous êtes déchaîné dans les rues, détruisant apparemment les bâtiments sur votre passage. »

« C’est parce qu’elle avait des gardes. Apportez vos griefs au Saint Disciplee Iska, si vous voulez blâmer quelqu’un. »

Dans le salon derrière Elletear, une rousse en tenue de prisonnière se prélassait sur un canapé. Une paire de menottes avec une chaîne cassée pendait à ses poignets.

« Ce serait bien si vous pouviez au moins me dire que j’ai fait du bon travail en m’évadant de prison. »

« Ne serait-ce pas condescendant ? S’évader de prison ne serait pas une mince affaire pour vous, Vichyssoise. » Elletear avait ricané en faisant face à la fenêtre. « J’envie vos pouvoirs. Si je les avais, je n’aurais peur de rien. »

« … C’est quelque chose venant de vous — vu que vous êtes un monstre. » Vichyssoise soupira depuis le canapé. « Avec votre beau visage et votre corps, vous pourriez faire sursauter la déesse de la beauté. Mais vous avez de drôles d’intérêts. Pourquoi sacrifiez-vous tout pour fréquenter des bêtes ? »

« Qui peut le dire ? »

***

Partie 4

« Non choisie par les étoiles, la princesse jette son poste pour se venger de la planète et se transformer en sorcière. Est-ce ce que vous appelez une tragédie ? »

« … » Elletear n’avait pas répondu au début. « N’est-il pas temps ? »

« Oh, ok. Eh bien, je suppose que je vais aller capturer Sisbell. »

La sorcière aux cheveux rouges se leva. Des flammes violettes jaillirent de tout son corps, enflammant l’uniforme de prisonnière. Il brûla sur elle, et elle se transforma d’une personne en un monstre. Elle se transforma en quelque chose d’inhumain, que les Astrals avaient autrefois appelé l’Etoile Mutante par peur.

« Je ne pense pas qu’il y ait une raison de me faire y aller quand tante Grugell est déjà là. »

« Il y a un Saint Disciple parmi eux. Comme il vous a vaincu une fois, le Seigneur Talisman sera naturellement prudent. »

« … Devez-vous vraiment mettre du sel dans ma blessure ? Vous me parlez comme ça, et votre sœur… »

« Vichyssoise. » La princesse aînée avait gardé le dos tourné.

La sorcière en violet avait frissonné en entendant la princesse.

« Si vous posez la main sur ma sœur, j’écraserai l’Hydra immédiatement. »

« … Comptez-vous trahir ma famille ? »

« J’ai donné trois conditions à Lord Talisman dès le début. C’était l’une d’entre elles. Tant que vous les respectez, nous devrions pouvoir nous entendre. »

« … »

« Maintenant, allez-vous-en. J’ai un rôle important à jouer bientôt. »

« Ha. » La fille qui s’était transformée en monstre grogna. « Se faire blesser fait mal, même si on a un corps comme le mien. Je suis sûre que ça fera encore plus mal si c’est un Saint Disciple qui le fait. »

« Je le sais. »

« J’espère que vous pourrez continuer. Pour tromper le monde entier. » Elle fit un clin d’œil avant de disparaître.

Des braises violettes s’étaient répandues sur le tapis et avaient fini par disparaître.

« … » Elletear ne se retourna pas. La princesse aînée, la fille de la reine, observait la scène à l’extérieur. « Alice. »

Elle ne se souciait pas de la sorcière en violet. Tout ce qu’elle voulait voir, c’était sa petite sœur adorée. Ce soir, ce sera la dernière fois, la dernière fois qu’elle sera avec sa mère et ses deux sœurs.

« Ton défaut est que tu es trop forte. Je parie que tu penses pouvoir sauver tout le monde, même dans cette situation. Tu penses pouvoir repousser l’armée impériale, sauver la reine, et être le héros. C’est une chose splendide. »

La princesse du milieu, Aliceliese Lou Nebulis IX. Ce n’est pas seulement son pouvoir astral qui la rendait forte. C’était son empathie et sa bienveillance envers son peuple, et surtout, sa capacité à être impitoyable quand il le fallait.

Elle pouvait ignorer ses émotions. Au nom de la protection de la souveraineté, Aliceliese combattrait l’armée impériale sans pitié, même si elle pleurait en le faisant.

Elle étouffait ses sentiments et pleurait pendant la bataille. Elle était si forte.

« Mais ça ne suffira pas. »

Ce n’était pas suffisant. Alice ne serait pas capable de faire de cet endroit, la Souveraineté, un paradis pour tous les mages astraux dans tous les sens du terme.

« Tes idéaux sont fondés sur ta propre force. Ne feras-tu pas de cet endroit un paradis pour les plus forts ? »

Qu’arriverait-il aux outsiders qui n’étaient pas nés avec le pouvoir astral ? En tant que représentante de tous ces gens, Elletear brûlerait ce faux paradis.

Et pour commencer…

« Laisse-le brûler dans tes rétines et ressens le désespoir, Alice — regarde l’Empire me tuer. »

La princesse aînée caressa légèrement la vitre et sourit.

+++

Le palais de Nebulis. La flèche lunaire.

La bataille entre les forces impériales et les corps astraux avait fait exploser les murs du Diadème de la Lune. Le vent avait soufflé dans les niveaux supérieurs. Des solidifications d’énergie astrale d’un violet profond avaient rampé du sol, le détruisant au passage.

« Ce sont les avatars de Grand-père Growley ? » Kissing se renfrogna.

Le géant fait d’énergie astrale regarda par le trou dans le sol et se leva, essayant de se hisser des niveaux inférieurs. Il était indemne, même en touchant les épines flottantes. Les pouvoirs de Kissing pouvaient faire disparaître n’importe quoi. En termes de potentiel destructeur, elle était la plus forte des Zoa, mais les avatars de Growley étaient indemnes.

« J’aime mon grand-père, mais je déteste ces…, » Kissing fit la moue, s’éloignant d’un bond agile.

Ses Épines et son Vice étaient incompatibles. Même Kissing ne pouvait que garder ses distances lorsque les avatars faisaient ce qu’ils voulaient de l’endroit. Elle devait s’empêcher de s’y laisser prendre.

D’un autre côté… l’unité impériale que Mei dirigeait ne savait pas ce qu’étaient les avatars.

« M-ma'am ! Nos armes ne fonctionnent pas sur eux ! »

« C’est parce que c’est de l’énergie astrale. Ceux-ci seront ennuyeux à gérer. »

Mei fixa les géants qui rampaient. L’Ouragan du Roi Déchu sur son épaule était dans un état tel qu’elle pouvait l’utiliser à tout moment, mais son instinct lui disait qu’elle devait en priorité découvrir ce qu’était le pouvoir astral.

« Les balles les traversent et les épines de la petite demoiselle ne fonctionnent pas sur eux. Ce qui signifie logiquement que c’est de l’énergie astrale pure sur laquelle la force physique ne fonctionne pas… »

Comment les avatars ont-ils traversé le sol ? S’ils n’existaient pas dans la forme physique, alors ils n’auraient pas dû pouvoir détruire quoi que ce soit de matériel.

« Alors, qu’est-ce qui se passe, Sans Nom ? »

« Ce sont des avatars créés par le pouvoir astral du Vice. Pour faire court, ils sont apparemment invincibles. »

Les soldats avaient fait un pas en arrière, surpris. L’espace vide se brouilla, et un homme portant un manteau intégral apparut de nulle part. Le Saint Disciple du huitième siège, Sans Nom…

« Où est ton bras gauche ? »

« Si vous touchez à l’une de ces choses, vous finirez comme moi. Les chefs de famille, c’est quelque chose. Il est difficile à gérer en solo, même pour un Saint Disciple. »

« Alors tu t’es enfui ? »

« Je l’arrêterai la prochaine fois. »

« … Hmm, en supposant qu’il y ait une prochaine fois, » plaisanta Mei, puis son expression baissa, ses yeux se rétrécissant comme ceux d’une bête.

Des avatars humanoïdes géants avaient rampé pour former un mur là où les deux Disciples Saints se tenaient dans le passage. Des cerbères avaient bondi depuis le trou.

« Juste pour confirmer : Tu es sûr qu’ils sont invincibles ? Et si on utilisait des missiles ou des tirs ? »

« Je doute que cela fonctionne. Au contraire, cela augmenterait le nombre de nos péchés et les rendrait plus grands. Ça défie la logique. C’est si peu pratique. Mais ils ne font pas la différence entre ami et ennemi. »

Les avatars s’étaient précipités sur Sans Nom.

Pour remplir leur mission, ils avaient créé un chemin de destruction, piétinant sans discernement dans leur poursuite de Sans Nom. C’est pourquoi le corps astral ne se serait pas précipité ici sans plan.

« Ne vous faites pas de fausses idées. » Kissing leva sa main droite, et des milliers d’épines dispersées s’étaient agitées, marquant leur objectif sur Mei et Sans Nom. « Je ne laisserai pas mon grand-père s’occuper de ça. C’est moi qui vais vous éliminer. »

« Ah-ha-ha. Donc le chef de famille a mis son nez dans les affaires de sa petite-fille — tout ça pour la protéger. Que quelqu’un m’apporte des mouchoirs ! Peut-être que vous devriez retourner dans votre chambre pour l’heure du coucher. »

« … Je ne vous aime vraiment pas. » La sorcière aux cheveux noirs pointa Mei du doigt, qui riait. « Disparaissez… »

Jingle. C’était apaisant, apparemment inapproprié pour un champ de bataille qui déterminait la vie et la mort. Cela provenait de nul autre que l’oreille de Kissing. « Kissing, retourne au point de rencontre immédiatement. »

« Oncle !? »

L’appareil de communication en forme de boucle d’oreille était dissimulé sous les cheveux de Kissing. Le Seigneur Masqué et Kissing parlaient en un murmure, mais Mei et Sans Nom avaient une ouïe surhumaine. Ils avaient tout entendu.

« Pourquoi !? » demanda Kissing.

« Circonstances atténuantes. J’ai coupé court à un combat avec un Saint Disciple. Je m’y rends maintenant. » Sa voix semblait encore plus exaspérée. Kissing n’avait même pas eu le temps de s’en rendre compte. « La princesse Elletear a été tuée dans l’espace de la reine. »

« … Excuse-moi ? » Pour la première fois, l’arme de la famille, Kissing, avait laissé échapper une voix mignonne convenant à une jeune fille.

Un assaillant impérial attaquant la reine aurait été crédible. Mais… pourquoi la princesse aînée était-elle dans l’espace de la reine ?

« Je n’arrive pas à y croire. Elle ne sait pas se battre. Elle ne serait jamais sortie dans une telle situation… »

« C’est exactement ça. Je pensais qu’elle aurait été évacuée vers l’abri souterrain. Elletear aurait dû savoir qu’il fallait le faire — aussi sage et impuissante qu’elle soit dans cette situation. »

C’était un acte téméraire — comme si elle était sortie pour être tuée.

« … »

« Je n’ai également été informé que par la subordonnée d’Alice. Nous devons confirmer le rapport… Pour être franc, je ne sais pas non plus ce qui s’est passé. »

+

C’est à ce moment que le complot provenant d’une seule sorcière, Elletear… avait complètement renversé les hypothèses des Zoa.

***

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