Kimi to Boku no Saigo no Senjo – Tome 6 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : La guerre des trois sœurs – La crise de colère d’Alice

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Chapitre 3 : La guerre des trois sœurs – La crise de colère d’Alice

Partie 1

Souveraineté de Nebulis. État central.

Les vallées enneigées s’étendaient jusqu’à l’horizon lointain dans la campagne boisée.

Ça fait trois heures.

On n’a pas arrêté de rouler depuis qu’elle nous a forcés à monter dans la voiture au terminal.

La voiture de luxe métallique transportait les trois collègues d’Iska de son unité impériale et Sisbell. Elletear était à l’avant, au volant. Le ciel commençait à devenir rouge. La nuit n’allait pas tarder à tomber.

Est-ce qu’ils faisaient vraiment le bon choix ici ? Iska n’était pas le seul à se poser cette question. Il imaginait que Jhin, Néné et la capitaine Mismis y réfléchissaient tous.

« Nous y sommes presque. » Sisbell, qui avait gardé le silence jusque là, avait relevé la tête.

Ils avaient franchi un vieux mur de pierre jusqu’à un champ avec deux voitures garées.

La capitaine Mismis était sortie du véhicule en tournant sur elle-même. « Hein ? Ce n’est pas un champ. Est-ce que c’est… ? »

« Notre jardin. »

« Un jardin !? M-Mais… ça pourrait facilement être un terrain de sport ! »

« Il n’y a rien d’impressionnant. » Sisbell se tenait au milieu de la vaste pelouse, l’air blasé. « Il y a un siècle, ce n’était que des terres non développées découvertes par notre ancêtre. Il y a plus de terres ici qu’on ne pourrait en vouloir. »

« … Je vois, » bégaya Mismis. La capitaine ne savait pas comment répondre.

Après tout, les forces impériales étaient celles qui avaient persécuté et chassé les mages astraux du territoire impérial.

« Et ce beau château… ? »

« C’est notre villa. »

Une vieille forteresse blanche était entourée d’une vaste pelouse — trop petite pour être un vrai château, mais absurdement grande pour une maison de vacances.

« … C’est cent fois plus grand que ma chambre, » dit Iska.

« Hmm ? Peut-être que ta chambre est juste minuscule. J’aimerais bien la voir. » Sisbell s’était mise à sourire pour la première fois depuis longtemps.

La princesse aux cheveux émeraudes s’était retournée. « Je suis sûre que vous êtes tous fatigués de votre long voyage. Bienvenue au manoir de Lou Erz. »

Ses longs cheveux et sa robe flottaient dans le vent, qui sentait légèrement l’herbe. En souriant avec l’étendue de ciel cramoisi derrière elle, elle semblait pouvoir supplanter une star de cinéma.

« Ce manoir sera votre maison. N’hésitez pas à demander quoi que ce soit pendant votre séjour. »

« J’ai une question, » déclara immédiatement Jhin. « Cet endroit vous appartient-il ? »

« C’est à ma mère, » répondit sans attendre la princesse aînée. « Elle est aussi une envoyée, bien qu’elle soit absente. Sisbell et moi vous réserverons un accueil chaleureux avec le reste du personnel. »

Elletear se tenait devant la porte.

Iska avait presque gloussé de surprise lorsque la porte s’était ouverte automatiquement dès qu’elle avait sonné.

Donc c’est mécanique.

Il ressemble à un vieux château, mais l’intérieur pourrait être tout automatisé.

Il avait pensé qu’il n’y avait pas beaucoup de sécurité, mais il semblait que ce n’était pas le cas. Des caméras de surveillance et des dispositifs de défense ultramodernes devaient être installés un peu partout.

« Entrez, » dit Elletear en les faisant entrer.

Deux statues de pierre colossales les attendaient dans le hall. Dès qu’Iska avait posé le pied sur le sol, poli comme un miroir, une voix masculine mélodieuse avait rebondi au plafond, qui scintillait sous la lumière du lustre.

 

« Soldats impériaux. Dire que vous vous êtes jeté dans ce piège tout seul. »

« Préparez-vous. »

 

Le Seigneur Masqué !?

C’est lui qui avait poussé Mismis dans le vortex. Si le Seigneur Masqué n’avait pas été à Alsamira, Sisbell n’aurait jamais été dans sa situation actuelle. C’était un vieil ennemi, quelqu’un qui avait une histoire avec Iska, juste après Alice.

« C’était donc une embuscade !? » s’écria Iska en bondissant immédiatement vers une meilleure position.

Jhin, qui était arrivé derrière tout le monde, avait ouvert la porte d’un coup de pied derrière eux. Néné et la capitaine Mismis avaient jeté un coup d’œil dans le jardin.

Pendant ce temps, les yeux d’Iska avaient parcouru la salle, à la recherche de l’homme masqué.

Sauf que… il n’y avait personne.

À part les deux statues de pierre, le couloir était entièrement vide. Ils n’avaient aperçu ni le Seigneur Masqué ni aucun de ses acolytes.

« Il n’y a personne… dans le jardin ! » s’écria Néné en observant le terrain à l’extérieur.

Ils étaient convaincus d’être encerclés de l’extérieur… mais il n’y avait que deux voitures sur la pelouse.

Qu’est-ce qui se passe ?

J’ai cru entendre sa voix, mais je n’ai pas l’impression que quelqu’un va attaquer.

Un lourd silence s’était installé entre eux. La sorcière blonde aux reflets de fraises avait ouvert les yeux en un clin d’œil.

« Je suppose que tu as produit cette voix avec ton pouvoir astral…, » avait accusé Sisbell.

« Hee-hee. Je suppose que je suis allée trop loin. » Elletear avait laissé échapper des éclats de rire comme si la situation était comique.

Tous les regards s’étaient portés sur elle.

Que se passe-t-il ?

« Pardonnez-moi, soldats impériaux. C’était juste un one-woman-show. C’est simple… Une de mes terribles habitudes. » La sorcière semblait ravie de son petit tour. « Je parie que vous vous êtes tous interrogés sur mes pouvoirs astraux, vu que vous allez passer un temps considérable dans un manoir avec une “sorcière”. On ne sait jamais si je ne vais pas essayer de vous tromper dans votre sommeil. »

« … » Les membres de l’Unité 907 étaient restés silencieux.

Ils ne pouvaient pas lire clairement les intentions d’Elletear. Cette sorcière exposait-elle volontairement les secrets de son propre pouvoir astral ?

« Alors cette voix, c’était vous ? » demanda Jhin.

« Très observateur. Pensez à mon pouvoir comme à un perroquet. J’imagine que c’est le pouvoir le plus inutile de toute la famille royale. » Elletear acquiesça. « C’est un tour de passe-passe bon marché. Alors, dormez tranquille. Je ne manigancerai pas dans votre dos pendant ces vacances. Mon pouvoir astral ne pourrait même pas blesser un bébé. »

« … Vous vous dépréciez ? »

« Hmm, je n’y ai jamais pensé de cette façon. Je me sens sincèrement reconnaissante pour mes pouvoirs. »

Elletear avait sonné une cloche dans le hall. Avant qu’elle ne cesse de sonner, les servantes étaient descendues rapidement des escaliers à l’arrière. Cinq individus au total. Chacune portait un uniforme de ménage tout comme celui de Rin.

« Détendez-vous. Ce ne sont que les serviteurs de la famille Lou, » chuchota Sisbell à Iska quand elle vit l’expression de son visage. « Yumilecia, Ashe, Noel, Sistia, et Nami. Toutes des mages astraux, mais elles ne peuvent pas utiliser la magie d’attaque. »

« Vous voulez dire que les domestiques ne font pas office de gardes ? »

« Si vous pensez à Rin, c’est un cas particulier. Il est rare qu’une personne soit à la fois préposée et gardienne. »

En parlant de Rin… Iska ne l’avait pas vue depuis qu’ils avaient pris le même train pour l’état central.

Est-ce qu’elle se cache quelque part ?

J’imagine que Rin aurait pu nous suivre ici sans problème.

Alice avait dû être mise au courant des dernières nouvelles.

« … Et si Alice venait avec elle ? Oh, elle ne voudra jamais… »

« Iska ? »

« Oh, rien ! » Iska avait repris ses esprits.

Il n’était pas dans son assiette ces derniers temps. Pourquoi avait-il la tête dans les nuages dès qu’Alice entrait dans l’équation ? Il n’avait jamais eu l’intention de baisser sa garde.

Ressaisis-toi, mec. Je suis bien trop évidemment intéressé par Alice.

Je dois concentrer mon énergie à être prudent dans ce manoir !

Même si Elletear et les cinq serviteurs ne pouvaient pas utiliser de sorts d’attaque, il devait y avoir des gardes cachés… ou le manoir lui-même devait avoir un mécanisme de sécurité secret intégré.

Au final, l’unité d’Iska était composée de soldats d’une nation ennemie. Ils ne pouvaient pas oublier où ils se trouvaient.

« Nous avons préparé des chambres pour nos honorables invités. »

Les servantes s’étaient inclinées.

« Nous vous recevons comme des invités uniquement pour obéir aux ordres de Dame Elletear, maudits soldats. Venez par ici. »

« … O-Okay. »

Cela ressemblait à une menace à peine voilée. Les cinq filles semblaient prêtes à enfoncer des couteaux dans le cœur de leurs ennemis dès qu’ils baisseraient leur garde.

« Je suis vraiment désolée, Iska, » s’exclama Elletear. « Il semble que cela fasse trop longtemps que nous n’avons pas eu d’invités. Nos servantes doivent être nerveuses. »

« Nerveuses ? Bien sûr… »

« Ashe, ce sont nos invités. Je ne tolérerai pas votre comportement. Surtout si vous mélangez de la boue dans leur café. »

« Vous êtes en fait l’instigatrice de tout ça ! »

« Tout au plus, vous pouvez l’asperger de détergent. »

« C’est pire ! »

« — Par ici, s’il vous plaît. »

Quatre des servantes s’alignèrent à côté d’Iska, de Jhin, de Néné et de la capitaine Mismis, les guidant vers les marches de la grande salle. Elletear les regarda s’aventurer plus loin dans le manoir avec un sourire.

 

+++

Dans la cour du palais, il y avait un bosquet d’arbres épais avec des feuilles couvertes de rosée et des fleurs fraîches parsemant le jardin. La Cadillac One était garée.

Verre pare-balles. Un blindage. Une cabine scellée pour se protéger des gaz toxiques. C’était une voiture personnalisée construite pour faire face à toute attaque surprise.

« Rin, on y va ! »

« S’il te plaît, attends-moi, Lady Alice ! Je viens juste de rentrer au palais ! »

Alice portait sa robe réservée aux sorties.

Rin se débattait, tenant en équilibre deux énormes sacs, essayant désespérément de suivre sa dame.

« Lady Alice, je suis terriblement désolé d’aborder ce sujet, mais savais-tu que Lady Elletear était sur le coup ? »

« Pas un seul indice. Je veux dire, elle s’est enfermée dans sa chambre, prétendant qu’elle ne se sentait pas bien. Ma mère et moi étions préoccupées par d’autres choses, comme Vichyssoise. »

« Je déteste dire ça, mais ça sonne… »

« Avec le recul, ça semble vraiment suspect. »

Il y avait une grande chance qu’elle ait inventé sa maladie comme excuse.

Après avoir trompé la reine et Alice, Elletear s’était faufilée jusqu’au terminal pour attendre Sisbell, ce qui signifie…

« Juste pour confirmer, Rin : Elletear était-elle la seule à la station ? »

« O-Oui ! »

Alice était montée dans la voiture avec Rin. Le conducteur était un membre de la famille. Ils n’avaient pas à se censurer dans cet espace barricadé.

« … À quoi peut bien penser ma sœur ? »

Cadillac One avait fait un bond en avant. Alice s’était mordu la lèvre, regardant la scène changer au-delà de la vitre blindée.

« Et Iska est à la villa avec Sisbell, non ? »

« Bien. Je vois que tu trouves totalement détestable que des soldats impériaux séjournent dans ta maison de vacances. »

« … Uh-huh. » Alice pensait surtout à sa propre chambre.

Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Sa réserve secrète de sous-vêtements était cachée au fond de son placard… Des articles pour adultes qu’elle ne serait pas surprise à porter au palais.

Appelez ça de la curiosité féminine. Même une jeune fille protégée avait eu sa phase rebelle.

« … Personne ne doit le savoir. » Alice avait furtivement transformé sa main en poing.

***

Partie 2

Le manoir Erz de famille Lou. Aile orientale. Deuxième étage.

« C’était le Salon des Archers, n’est-ce pas ? »

C’était comme s’ils étaient dans un hôtel cinq étoiles. Iska avait inspecté avec précaution un lit parfaitement fait.

« Et s’ils avaient saupoudré des éclats de verre sur les oreillers ou autre ? J’espère juste qu’il n’y a pas de poison dans les pots d’eau. Ça ne sert à rien de trop y penser. Je veux dire, ils savent déjà que je suis un soldat impérial… »

Cela faisait à peine une heure qu’ils lui avaient montré sa chambre. Il n’avait rien trouvé d’étrange jusqu’à présent, mais il ne pouvait pas se fier complètement à la sécurité de sa chambre.

« Jhin se débrouillera tout seul, mais je me demande si la capitaine et Néné iront bien. Mon communicateur… oh, c’est vrai. Nous avons dû les abandonner. »

Ils avaient remis tous leurs équipements — leurs communicateurs, l’arme de Jhin, et même les épées astrales d’Iska. Elletear avait affirmé qu’elle les rendrait le dernier jour de leurs « vacances ».

« … »

Un paysage urbain pittoresque était visible par la fenêtre. Il ne voyait rien qui ressemblait de près ou de loin au palais, mais il pouvait distinguer à l’horizon les bâtiments indistincts de l’État central.

Si je veux m’échapper, je pourrai facilement sortir par la fenêtre.

C’est comme si nous étions des oiseaux dans une cage ouverte.

Même s’ils s’enfuyaient, ils étaient en territoire ennemi. De plus, tout serait fini si le quartier général impérial apprenait qu’ils avaient protégé une sorcière.

Si vous voulez vous échapper, je vous en prie. Le sourire d’Elletear semblait flotter dans son esprit, même lorsqu’il fermait les yeux.

Clunk...

« Iska, » quelqu’un avait chuchoté de l’autre côté de la porte. « Est-ce que tu vas bien ? »

« Sisbell ? »

« Ce sont nos chambres d’hôtes. Je ne pense pas qu’ils feraient quelque chose d’irrespectueux… »

La blonde aux reflets de fraises s’était rapidement glissée dans la chambre. Comme Iska, elle avait scrupuleusement inspecté les oreillers et le lit.

« Rien dans le salon, » avait-elle observé.

« … Comme aucun piège ? »

« Je veux dire, des dispositifs d’écoute. »

« … »

« Qu’est-ce qui te prend ? C’est étrange de te voir laisser ta mâchoire ouverte. »

« … Je ne pensais pas t’entendre dire ça un jour, Sisbell. J’ai jeté un coup d’œil plus tôt, mais rien n’a été trouvé. »

Iska avait été prudent à ce sujet. Il avait effectué une recherche minutieuse de micros et de caméras de surveillance lors de son entrée. Une heure plus tard, il n’avait toujours rien trouvé.

Sisbell est une princesse, donc cette villa est pratiquement la sienne.

Je pensais que mon unité serait la seule à monter la garde.

« Si quelqu’un devait les utiliser, ce serait ma sœur. Je ne lui fais pas non plus confiance. »

La princesse s’était assise sur le canapé.

Iska avait été surpris par sa déclaration. « Même si elle est de ta famille ? »

« Oui. Actuellement, elle est en haut de la liste des suspects pour avoir divulgué mon emplacement au Seigneur Masqué. La suivante serait ma grande sœur Alice… Mais je classerais Elletear à sept ou huit, et Alice à trois ou quatre sur mon échelle de suspicion. »

« En tant que ton garde, à quoi devons-nous faire attention ? »

« Les dispositifs d’écoute d’abord. Puis les caméras de surveillance. Heureusement pour nous, il semble qu’il n’y en ait pas ici. »

Sisbell avait tracé le plafond avec ses yeux. S’il y avait ne serait-ce qu’une minuscule piqûre quelque part, il y avait une chance qu’une caméra soit installée de l’autre côté.

« Elle essaie de créer la preuve qu’une princesse est de connivence avec les forces impériales. En bref, elle espère capturer le moment où je te divulguerai des secrets nationaux — ou le contraire. »

« Veux-tu dire qu’elle veut me surprendre en train de te donner les nôtres ? »

« Nous devons rester vigilants. Suppose que ma sœur a trahi ma famille. »

Sisbell n’avait pas tort.

La princesse aînée devait avoir un motif pour amener sa sœur et ses gardes dans ce manoir en utilisant le chantage.

« Je ne sais pas si c’est bien pour un sujet impérial de demander ça, mais… son pouvoir astral est comme un appareil d’enregistrement qui peut reproduire des sons ? »

« Elle est plutôt capable d’imiter les voix, » lui déclara Sisbell sans hésiter. « Je pense que je peux te le dire, puisqu’elle l’a déjà révélé elle-même. Ma sœur peut créer des voix qu’elle a entendues dans le passé. Comme la voix du Seigneur Masqué. C’est juste une imitation, donc elle peut leur faire dire n’importe quoi. »

« Donc elle peut dire des choses qui ont été dites et d’autres qui ne l’ont pas été ? »

« Oui. Mais comme elle peut manipuler la parole, rien ne sert de preuve concrète. »

« Oh… Je vois. »

Le pouvoir d’Illumination pouvait recréer les événements du passé, et comme Sisbell ne pouvait pas changer l’histoire, la famille royale lui faisait confiance dans les enquêtes.

La capacité de la sœur aînée n’avait pas cet avantage.

Donc, ce n’est vraiment qu’une imitation.

Ce n’est pas différent des artistes de rue dans les villes neutres qui font des imitations.

Ça n’avait servi à rien.

« Si elle avait été une citoyenne ordinaire, cela aurait été parfaitement acceptable. Mais ma sœur est l’aînée des princesses. Personne n’est impressionné par un imitateur. »

« C’est donc un pouvoir qui ne convient pas à une princesse ? »

Pour dire les choses franchement, cela ne semblait pas être un pouvoir qui serait détenu par un des descendants de la Fondatrice.

Je pensais que tous les Sangs Purs étaient puissants sans exception.

Il n’y a pas que moi. Les quartiers généraux impériaux se sont montrés prudents à leur égard à cause de cela.

Au combat, les pouvoirs de la Sorcière de la Calamité Glaciale Aliceliese et de la sorcière des épines Kissing étaient dévastateurs. Rien n’était aussi terrifiant que la capacité du Seigneur Masqué à voyager dans l’espace. Même l’Illumination de Sisbell avait le potentiel d’obtenir des informations qui pouvaient changer le cours de la guerre.

Mais il y a une exception, semble-t-il.

De toutes les personnes, la princesse aînée s’est retrouvée avec sa compétence.

Elletear avait dû révéler ses pouvoirs en partie parce qu’elle détestait son talent. Il n’y avait aucun mérite à le dissimuler.

« Elle l’a dit elle-même : “J’imagine que c’est le pouvoir le plus inutile de toute la famille royale”. »

« Oui, » dit Sisbell. « Et c’est la vérité. Je ne peux pas révéler les pouvoirs des autres membres de notre famille, mais même les serviteurs disent que ses pouvoirs sont inutiles. » Sisbell afficha un sourire forcé. « C’est ironique. Ma sœur a tout pour plaire : elle est bavarde, érudite, intelligente et d’une beauté à couper le souffle. Si seulement elle avait un meilleur pouvoir astral. Elle aurait été la prochaine reine. »

« … Est-elle si incroyable que ça ? »

« Oui. En tant que princesses, Alice et moi n’atteindrons jamais son niveau. Même les Zoa et les Hydra se seraient rendus la queue entre les jambes. »

Le ciel lui avait légué deux dons : un physique et un intellect exceptionnels.

Mais la planète l’avait privée d’un don astral, car le pouvoir qui l’habitait était trop faible pour qu’elle puisse devenir la reine.

« Tu dois savoir en tant que soldat impérial que la première condition pour devenir reine est d’être un formidable mage astral. »

« En fait, je pensais que tous les descendants de la Fondatrice étaient géniaux. »

« Dans ce sens, ma sœur est une exception. Mais elle compense en étant terriblement astucieuse. Je n’ai aucune idée de ce qu’elle manigance… » Sisbell s’était forcée à se lever avec un soupir. « Allons-y, Iska ! »

« Hmm ? Aller où ? »

« Cela devrait être évident. Si tu es ici en vacances, c’est mon devoir de te faire visiter l’endroit. Je te montrerai chaque recoin et chaque fente — . »

La plus jeune princesse avait montré du doigt la porte.

« — et nous découvrirons les caméras de surveillance et les micros de la visite royale. Ma sœur doit comploter quelque chose. D’abord, nous devons exposer son objectif. »

Le manoir Erz de famille Lou. Aile orientale. Deuxième étage.

Le tapis déroulé était vieilli, mais présentait un élégant motif géométrique. D’énormes vases à fleurs ornaient les coins des salles comme une galerie d’art.

« Je vois que cet endroit est immense. Avez-vous assez de domestiques ? Je n’ai vu personne depuis que nous avons commencé à marcher dans le hall, » marmonna Jhin.

« Eh bien, c’est une villa, après tout. » Sisbell s’était arrêtée et s’était retournée pour lui faire face. « Elle sert d’endroit pour se détendre, pour faire une pause dans ses fonctions officielles. Comme la solitude est meilleure pour la fatigue mentale, nous gardons le nombre de domestiques ici au minimum. »

« Donc vous n’avez que ces cinq-là ? »

« Oui. Et quelques jardiniers et chefs. Il est rare de croiser quelqu’un qui se promène dans le manoir. »

Il était étrange qu’une unité impériale se promène hardiment dans un tel manoir.

« Comme je vous l’ai expliqué, j’ai besoin que vous tombiez sur les domestiques exprès. Distrais-les, » dit Sisbell à voix basse.

« Êtes-vous sûr que nous pouvons aller explorer partout où nous le souhaitons ? » demanda la capitaine Mismis.

« Évidemment. Vous êtes en vacances. Naturellement, vous allez explorer l’endroit. Assurez-vous juste d’être repéré et gagnez du temps pour moi, s’il vous plaît, » chuchota discrètement Sisbell à l’oreille de Mismis. « Faites tout comme prévu. Assurez-vous de faire le tour du premier étage et d’attirer l’attention sur vous. »

L’opération était maintenant en marche.

Jhin, Néné, et la capitaine Mismis avaient descendu les escaliers sur la pointe des pieds. Iska et Sisbell les avaient regardés partir avant d’établir un contact visuel.

« Allons-y, Iska. »

Ils se dirigeaient vers le côté opposé du manoir — vers l’aile ouest, qui était éloignée des chambres d’hôtes du côté est. Il n’y avait pas de marches spéciales pour y accéder, et leur destination était accessible par le hall central.

Nous sommes à l’affût des caméras de surveillance et des dispositifs d’écoute.

Je dois vérifier discrètement les mouchards pendant que Sisbell fait semblant de me faire visiter.

Des bords du couloir jusqu’à derrière les vases à fleurs…

Sisbell avait supposé qu’Elletear avait organisé quelque chose.

« Ma chambre est dans l’aile ouest. Je te la montrerai le soir. »

« Avec toi, ça a l’air tellement bizarre… »

« Et tu ne fais qu’imaginer des choses. Assure-toi d’être à l’affût comme prévu. Je suis sûre que tu t’es entraîné pour ça en tant que soldat impérial. »

« Tu donnes l’impression que c’est si facile… »

Il avait regardé dans le couloir. Iska avait fait une vérification rapide de ce couloir et n’avait rien trouvé, mais il ne pouvait pas vraiment déclarer que l’endroit était exempt de micro.

Ce sera difficile si leurs dispositifs d’écoute ou leurs caméras sont différents de ceux des impériaux.

Même ceux-là pourraient être manqués.

« Eh bien, c’est difficile. Je suppose que je vais commencer par les endroits les plus suspects. »

Il frappa une fois sur les murs du couloir avant d’avancer de quelques pas et de répéter le processus.

« Que fais-tu ? »

« Tu peux dire si le mur est creux à partir du son. »

***

Partie 3

Des dispositifs d’écoute pouvaient être installés dans des murs gougés ou dissimulés dans des trous de murs minces. Une unité de renseignement des forces impériales pourrait en installer un en un après-midi.

« Un autre endroit est sous le tapis. Un dispositif qui ne fait qu’une fraction de pouce ne se distinguera pas. »

« … Es-tu sûr de pouvoir les trouver ? »

« Si je les vois ou si je les piétine. Mais ça demande de la concentration, ce qui est fatigant. »

« C’est incroyable ! » Sisbell avait pris sa main gauche dans la sienne, comme si elle avait attendu le moment de frapper. Ses doigts doux s’emmêlèrent dans la main d’Iska, les fixant à la sienne. « Je savais que mes subordonnés pouvaient le faire ! Je compte sur toi ! »

« Comme je l’ai dit, laissez-moi me concentrer ! Et puis, je ne suis qu’un garde… »

Cela dit, il n’avait rien trouvé.

En se basant sur la porte automatique, Iska avait supposé que l’intérieur avait été configuré avec des mystères mécaniques, mais il ne trouvait rien.

Je suppose qu’elle a pu mettre des micros dans les chambres ?

Il n’y en avait pas dans ma chambre. Ni dans celle de Jhin, de Néné, ou de la capitaine Mismis.

« Il est peu pratique d’essayer de fouiller tout ce manoir. Nous allons réduire la zone que nous couvrons et limiter nos conversations importantes à cet endroit. »

« Dans ce cas… » Sisbell avait croisé les bras, regardant dans le vide pendant qu’elle réfléchissait. « Il y a quelque chose que j’aimerais vérifier. Penses-tu que quelque chose pourrait être installé et intégré dans la pièce à côté de la mienne ? »

« Veux-tu dire écouter aux portes ? Oui, c’est possible. »

Par chance, les membres de l’Unité 907 avaient été logés les uns à côté des autres.

La chambre d’Iska était à côté de celle de Jhin, et Jhin avait déjà fait le tour de sa chambre. Dans ce cas, le seul qui restait était…

« Les deux chambres voisines de la mienne sont douteuses. Au troisième étage ! » Sisbell avait couru dans les escaliers.

Il pouvait dire d’un seul coup d’œil que les chambres étaient différentes des chambres d’amis. Après tout, un énorme portrait de Sisbell décorait l’une des portes.

« Je peux dire que c’est ta chambre, » dit-il avec sarcasme.

« Cette peinture à l’huile est un autoportrait. Je l’ai peinte il y a deux ans. »

« Pas possible ! »

« Que veux-tu dire par là ? »

« Quoi… ? Je croyais que tu l’avais commandé à un artiste. »

Iska s’y connaissait un peu en art. Même lui avait pris son utilisation de la lumière et des couleurs pour la touche d’un professionnel.

« Si tu as peint ça il y a deux ans, je pense que tu as un talent fou. »

« — » La princesse tira sur la manche d’Iska avec une expression qui sous-entendait quelque chose. Elles étaient allées dans une pièce située à quelques mètres de celle de Sisbell. Elle désigna un portrait accroché à cette porte.

« C’est l’autoportrait d’Elletear. »

« Hein ? Es-tu sûre que ce n’est pas une photo… ? »

Quel âge avait-elle dans le tableau ? Quatorze ans ? Treize ans ? Elletear semblait certainement plus jeune que Sisbell maintenant.

C’était un portrait hyperréaliste jusqu’à ses moindres cheveux, même sur ses bras. Ce portrait avait-il vraiment été créé par une personne ? Il aurait eu plus de facilité à le croire si on lui avait dit qu’une image haute résolution avait été collée sur la toile.

C’est incroyable.

Combien de concentration et de compétences cela a-t-il demandées ?

Elletear Lou Nebulis IX.

C’était l’incarnation cristallisée du génie de la princesse aînée, celle qui était née avec tout… sauf le pouvoir astral.

« C’est fermé. » Sisbell tenta de pousser doucement la porte de la chambre d’Elletear, mais elle ne bougea pas. « Mais c’est assez loin de ma propre chambre. Le problème est celui d’Alice. »

« La chambre d’Alice est ici, aussi ? » demanda Iska par réflexe, mais c’était logique. Cet endroit appartenait à la famille de la reine. Naturellement, Alice devait avoir sa propre chambre.

« C’est à droite de ma propre chambre. »

Ils avaient fait demi-tour dans le hall.

Un portrait était accroché à la porte. Iska l’avait regardé, clignant des yeux de surprise.

« … Euh… »

« C’est l’autoportrait de ma sœur, peint il y a deux ans. »

« Rappelle-moi… Alice a-t-elle toujours eu trois yeux ? »

« Non. Je crois me souvenir qu’elle n’aimait pas le premier œil qu’elle a peint, alors elle en a ajouté un autre. »

Iska levait les yeux sur le portrait, qui ne représentait pas une douce blonde, mais… quelque chose d’inhumain que même un enfant de deux ans pouvait dessiner.

« Il y a genre dix bras là. »

« Ce sont des mèches de cheveux. »

« Et pourquoi sa bouche s’ouvre-t-elle jusqu’aux oreilles… ? »

« Elle a voulu ajouter du rouge à lèvres et en a trop fait. »

« … Je vois ! Une adoratrice du surréalisme. Elle essaie non pas d’exprimer son apparence, mais de se libérer des idéaux de son esprit pour… »

« Ce n’est pas si difficile. C’est juste une très mauvaise peintre. » Sisbell rigola. « Ma sœur adore les arts, mais elle n’a aucun talent pour les arts elle-même. Elle est ce qu’on appelle une connaisseuse. Elle a un palais sensible, mais ne sait pas cuisiner. »

« Quand tu le dis comme ça… »

« On devrait regarder dans sa chambre. Elle l’a même laissée ouverte si généreusement. » Sisbell lui avait fait signe d’entrer.

Elle avait déjà ouvert la porte et s’était glissée à l’intérieur.

« Euh, euh. Dois-je aller dans la chambre d’Alice… ? »

« Pourquoi bien sûr ? Sinon, tu ne pourras pas chercher les mouchards… » La blonde aux reflets de fraises l’avait fixé, bloquant la porte. « Ou bien as-tu vraiment une relation avec ma sœur qui ne soit pas strictement superficielle… ? »

« Non ! Tu te trompes ! Il n’y a rien entre nous ! Nous nous sommes rencontrés pour la première fois à Alsamira ! »

« … Je m’en doutais. Tu es un ancien Saint Disciple de l’Empire, et ma sœur est la princesse de la Souveraineté. Il n’y a aucune chance que ces adversaires travaillent l’un avec l’autre. »

« T-Totalement. »

« Dans ce cas, il ne devrait pas y avoir de problème. Écoute, Iska, par ici. » Elle l’avait tiré à l’intérieur.

Il s’était demandé quelles extravagances les attendaient, mais il s’est rendu compte que ce n’était pas si différent des chambres d’amis. La principale différence était que la table et le canapé étaient d’une couleur plus enfantine, mais le salon était du côté frugal.

« Je ne suis pas allé dans beaucoup de chambres de filles. Je ne me sens pas vraiment à l’aise… »

« Dans quelles chambres de filles es-tu entré ? »

« Chez Néné et la capitaine Mismis. C’est la tradition de les aider à faire le ménage de fin d’année. Je ne pense pas que cette pièce en ait besoin… »

Les étagères, la table et le canapé étaient tous des meubles ordinaires. Il semblait que la recherche de mouchard serait facile.

« Pour écouter ta chambre, je suppose que les appareils seraient installés le long du mur du salon. »

Si le but était d’écouter les sons de la pièce voisine, cela limiterait naturellement les emplacements potentiels d’un tel dispositif.

« Hmm… Quant au mur et au plafond… Sisbell, qu’y a-t-il de l’autre côté de l’horloge ? Peut-être qu’il y a un mécanisme bizarre qui y est fixé. »

« Je n’en vois aucun signe. »

« Et je ne vois rien d’anormal autour de la fenêtre ou des rideaux… Peut-être que nous avions tort. »

« Non, j’en suis sûre. J’en ai l’intuition ! » s’exclama Sisbell en retournant le tapis. « Elletear nous a amenés ici. Elle doit être en train de manigancer quelque chose. Nous devons vérifier s’il y a des mouchards ! »

« Mais nous n’en avons pas trouvé jusqu’à présent… »

« Nous n’avons pas tout cherché. Par exemple, ici ! »

Elle s’était dirigée vers le côté opposé, en courant vers la chambre d’Alice.

« Iska, par ici ! »

« Mais c’est sa chambre ! »

« Nous devons enquêter. Même sa salle de bain. Si je planifiais quelque chose, je cacherais absolument quelque chose dans cette pièce ! »

Sisbell avait sauté sur le lit de sa grande sœur. Elle avait défait le lit magnifiquement fait, jetant les oreillers et les draps. Ses yeux s’étaient arrêtés sur le placard dans le coin de la pièce.

« Ça doit être ça. Il n’y a aucun doute là-dessus. C’est ce que mon instinct me dit. »

« … En es-tu sûre ? »

« Regarde. Je suis sûr que nous ferons une découverte étonnante. »

Elle avait ouvert le placard et avait cligné des yeux sur son contenu.

« Qu’est-ce que nous avons ici !? Je ne peux pas croire qu’elle ait pu cacher ça… ! »

« Qu’est-ce qui ne va pas, Sisbell !? »

« Il semble que j’ai ouvert la boîte de Pandore. Regarde ça. »

Sisbell s’était tournée vers lui, tenant une… ficelle noire ?

Non, ce n’était pas une corde ordinaire. C’était un tissu fin…

« M-Mon Dieu… ! Je n’ai jamais vu de sous-vêtements fabriqués dans une matière aussi délicate de toute ma vie. »

« Qu’est-ce que tu viens de trouver ? »

« Eurêka ! » La plus jeune princesse avait soulevé le sous-vêtement dans ses deux mains.

Si c’était dans le placard de sa grande sœur, ça devait appartenir à Alice.

Quand je pense qu’Alice portait ça.

Attends ! Qu’est-ce que j’imagine ?

Iska secoua violemment la tête d’un côté à l’autre comme s’il essayait de chasser ses propres pensées.

Sisbell avait continué ses fouilles. « Ce sont comme des cordons fins faits d’une matière légèrement extensible. Le tissu est luxueux. Iska, qu’est-ce que tu penses de ça !? »

« Ahhh !? Ne les amène pas près de moi ! Pourquoi dois-tu me le montrer !? »

« Je me demande si c’est ce que le monde appelle un pas vers l’âge adulte… » Sisbell a haleté, les yeux rivés sur ces choses très adultes. « C’est indécent. Je n’arrive pas à croire que ma propre sœur puisse cacher de telles choses en cachette. C’est alarmant ! Je dois continuer l’enquête ! »

« Et les mouchards ? »

« C’est une urgence familiale ! … Hmm ? Qu’est-ce que c’est ? » Sisbell avait sorti un autre bout de tissu du fond du placard, cette fois d’une couleur nacrée.

Même Iska savait ce que c’était — un sous-vêtement pour les poitrines. Le problème était la texture du tissu et la dentelle translucide qui était suffisamment transparente pour montrer les doigts de Sisbell derrière elle.

Pour une raison inconnue, elle avait ramené cette chose sur sa poitrine.

« … Argh. Je m’y attendais de la part d’Elletear, mais de voir qu’Alice a tellement mûri… Non pas que je m’en soucie. Je suis toujours en train de grandir ! »

Elle mesurait manifestement quelque chose, se mordant la lèvre avec regret.

« Quoi qu’il en soit, elles sont très suspectes, en effet ! … Je flaire un complot ! Que manigance ma sœur ? »

« Qu’est-ce que tu renifles exactement ? »

« Iska, s’il te plaît, sécurise-les comme preuves. Je dois reprendre mes recherches ! »

« J’aimerais vraiment que tu cesses de me les remettre ! »

***

Partie 4

Il avait timidement attrapé en plein vol les deux sous-vêtements qui lui avaient été lancés.

Quand il avait senti le tissu, léger et doux dans ses mains, Iska avait fermé les yeux pour ne pas les voir de près.

Concentre-toi, mec ! Concentre-toi ! Attends ! Fais-le contraire de te concentrer !

Je ne peux pas continuer à m’accrocher à ça. Je dois les mettre ailleurs.

« Je vais te les prendre. »

« Dieu merci ! Prends-les ! »

« … Tu t’accrochais vraiment à mes sous-vêtements… Était-ce vraiment si bon ? »

« N -non ! Ils sont faits d’une matière si douce, j’essayais de ne pas les froisser —, » expliqua Iska, puis il reprit soudainement ses esprits.

Attends ? À qui avait-il parlé jusqu’à maintenant ?

C’était une voix douce et sucrée. Quelque chose de contrepoisé et qui résonnait avec force.

« … » Il avait lentement ouvert les yeux.

Il y avait trouvé… une fille blonde, les sourcils froncés et les épaules frémissantes. Elle avait caché les sous-vêtements derrière son dos, le visage rougeoyant comme si elle était embarrassée.

« Attends ! Alice !? »

« Qu’est-ce que tu penses faire dans ma chambrrrrre !? » avait-elle crié.

Les fenêtres avaient cliqueté. Sisbell s’était retournée, enregistrant la voix de sa sœur, le visage pâle.

« S-Sœur !? »

« Sisbeeeeeeeell ! »

« Ahhhhhhhh !? »

Avec un regard dans les yeux qu’elle montrait rarement à ses ennemis, la fille au milieu en âge s’était jetée sur la plus jeune. Elle avait poursuivi sa proie fuyante jusqu’au fond du lit.

Elle était aussi rapide qu’un chat qui court après une souris.

« … Tu as vu quelque chose, n’est-ce pas ? »

« Ahhhhhhhhhh !? S-Stop ! Tout sauf la glace… ! J- Je sais ! Iska m’a ordonné de faire ça ! »

« Menteuse ! »

Tournant le dos à Iska, Alice avait surplombé Sisbell.

Il ne voulait même pas imaginer la tête qu’elle ferait. En fait, il était prêt à se barrer de là.

« Sisbell. »

« O-Oui, ma sœur !? » Elle leva les yeux en larmes vers Alice.

« Tu n’as rien vu. Tu n’as pas vu un aperçu du monde des adultes dans lequel je me suis aventurée par pure curiosité. Est-ce que tu me comprends ? Les seules choses ici étaient des vêtements décents. »

« … Euh… ahhh… »

« Je ne t’entends pas. »

« Biennnnn ! »

« Et, Iska, c’est aussi valable pour toi ! Tu ne parles de ça à personne ! »

« R-Roger… ! »

« Très bien. Disons qu’il n’y avait pas de témoins. » Alice avait essuyé la sueur de son front.

Rin était entrée dans la pièce en titubant, traînant des valises.

« Lady Alice, je t’ai demandé de ne pas te dépêcher sans moi… C’est déjà assez difficile de te rattraper. Hmm ? L’épéiste impérial ! »

« Ne t’inquiète pas pour lui. Nous devons trouver ma grande sœur. Elle doit être quelque part dans ce manoir. » Alice avait pris une grande inspiration pour se calmer… et avait immédiatement regardé sa petite sœur. « Sisbell, nous retournons au palais. La reine est inquiète, et un travail important t’attend. »

« … »

« Sisbell ? »

« … Je ne peux pas, » se débrouilla-t-elle, l’air tendu comme si sa bouche était pleine de sang. « J’ai utilisé une troupe impériale comme garde. Je ne pense pas avoir fait une erreur dans ce choix. Vichyssoise en voulait à ma vie… Et j’ai dû combattre le feu par le feu. »

« Je sais. Je sais aussi ce qui s’est passé après, » répondit Alice, l’air sérieux. « Rin a vu Elletear utiliser cette information contre toi pour t’emmener à la villa, et la reine a été informée de cette affaire. C’est pourquoi j’ai deux rôles : te protéger et ramener notre sœur au palais. »

« … »

« Nous allons demander à notre sœur de retourner au palais immédiatement. Tu seras alors sous ma protection. »

« — Oh, ce sera un problème. »

Kchak. La poignée de la porte avait cliqueté, et une autre personne était entrée dans la chambre d’Alice.

« Il semble que j’ai dérangé quelque chose. » La princesse aînée leur sourit gentiment.

Après avoir regardé tour à tour Alice, Sisbell, Rin, puis Iska, la beauté aux cheveux émeraude rougit. « Trois filles et un garçon réunis dans une pièce ? Comme c’est romantique ! »

« S’il te plaît, n’élude pas la question. » Alice s’était retournée et avait jeté un regard furieux à sa grande sœur, qui s’éventait les joues.

Cela ressemblait presque à un interrogatoire.

« Retourne au palais immédiatement. Ce sont les ordres royaux de la reine. »

« Oh ? Ne vas-tu pas me demander pourquoi j’ai amené notre sœur ici ? »

« Tu peux tout expliquer à la reine. Cela n’a rien à voir avec moi. » Alice ne s’était pas contentée de bavardages inutiles. Elle avait fait un pas en avant. « Rentrons à la maison ! »

« Très bien. »

« Je savais que tu ne coopérerais pas ! Dans ce cas, je pense que… Hein ? »

« Très bien. Rentrons à la maison, Alice. »

« Euh… hum ? » Alice l’avait regardée d’un air absent.

Alice avait redressé les épaules, prête à se rapprocher de sa sœur, mais Elletear était si obéissante qu’elle avait été déstabilisée.

« À une condition… » Elletear avait agité un doigt devant le nez d’Alice. « Nous reviendrons demain. Le dîner est en cours, et les chefs ont déjà acheté les ingrédients pour le petit déjeuner. Les serviteurs ont même pris la peine de faire les lits. Nous ne pouvons pas laisser tout cela se perdre. »

« … Demain ? »

« Oui. Je le jure sur ma dignité. Demain matin, je retournerai au palais. N’est-ce pas ce que tu veux ? »

Alice se renfrogna, pensant à elle-même. À la place de sa dame, Rin avait fait une petite révérence.

« Si je peux me permettre, Lady Elletear… »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Nous n’avons pas encore parlé de Lady Sisbell. Quand vous rentrerez chez vous, Lady Sisbell vous rejoindra-t-elle ? »

« Cela ne faisait pas partie de l’accord. » La fille aînée avait fermement secoué la tête. « Sisbell m’a fait une promesse… N’est-ce pas, Sisbell ? »

« … Oui. »

Elletear n’avait pas cédé sur ce point.

Dix jours.

Si Sisbell tentait de retourner au palais avant cette date, Elletear dévoilerait son secret.

Mais je ne comprends pas.

Pourquoi la princesse aînée voudrait-elle enfermer sa sœur dans cette villa ?

Iska et Sisbell n’avaient pas pu trouver de dispositifs d’écoute ou de caméras de surveillance. Il devait y avoir une raison pour qu’Elletear s’attache à la garder dans cet endroit précis. Iska ne pouvait que penser qu’elle enverrait un autre assassin comme Vichyssoise.

Eh bien, ça semble moins probable maintenant qu’Alice est là.

Tout assassin qui tente de combattre Alice goûtera à sa propre médecine.

C’est pourquoi cette situation lui semblait si étrange.

Quel était le plan de la princesse aînée en laissant Sisbell ici ?

« Alice, envoie un message au palais. Je retournerai au palais demain, et tu pourras rester aux côtés de Sisbell. »

« … Compris. Rin, mon appareil de communication. » Alice l’avait pris à son assistante.

« Aussi, Alice, quand tu auras fini d’informer la reine, viens dans la salle de réception. »

« … ? Je pense que c’est trop tôt pour dîner. »

« Pas pour le dîner. Si tu restes la nuit, nous devons faire quelque chose avant. »

Elletear lui avait fait un clin d’œil amusé.

« Nous ne nous sommes pas tous présentés, n’est-ce pas ? »

 

+++

Le manoir de Lou Erz. La salle du couchée de soleil, une salle de réception.

L’unité 907 avait été appelée dans la salle de banquet. C’est Elletear qui les avait accueillis. L’intruse soudaine — Alice — était aussi dans la pièce.

« Laissez-moi vous présenter. Voici ma jeune sœur, Aliceliese. Vous pouvez l’appeler Alice. »

« Je… Je suis la deuxième sœur, Aliceliese. Enchantée de vous rencontrer… »

Quel accueil rigide !

Comme prévu. Après tout, elle parlait à Iska et à la capitaine Mismis, qui connaissaient Alice.

« Alice travaille comme manager pour des idoles célèbres dans les villes neutres. Elle est heureuse de faire votre connaissance. »

« … Quoi ? Je n’ai jamais travaillé en tant que manager ! »

« Mais c’est une apparence assumée. Les jours de repos, elle se transforme en un mystérieux mannequin aux cent mille fans. »

« Quoi !? » Alice avait essayé d’arrêter sa sœur.

Du point de vue d’un tiers, cela ressemblait à une blague entre frères et sœurs, mais il n’était pas certain que ce soit la véritable intention d’Elletear.

La préoccupation d’Iska était de savoir comment son unité allait réagir.

Je pense que Jhin rencontre Alice pour la première fois.

Néné a l’air perdue, mais je ne pense pas qu’elle ait jamais vu le visage d’Alice.

Et puis il y avait la capitaine Mismis. Jamais elle n’aurait imaginé retrouver la Sorcière de la Calamité Glaciale, la plus grande menace pour les forces impériales.

Et bien sûr…

« Hein ? J’ai l’impression de vous avoir déjà vue quelque part… Aaaaaah ! » La capitaine Mismis s’était écriée en pointant son doigt sur Alice devant les serviteurs. « V-Vous êtes la Cala — »

« Oh, pardonnez-moi. »

« Yip !? »

Avec un coup par-derrière donné par Rin, la capitaine Mismis s’était effondrée au sol.

« Je pense que notre invitée est fatiguée. Yumilecia, Nami, emmenez-la dans sa chambre. »

« … Uh... uhhhh. » La capitaine Mismis avait été emmenée.

Tu m’en dois une, épéiste impérial, pour mes réflexes rapides. Rin l’avait regardé fixement.

La Sorcière de la Calamité Glaciale était un surnom offensant qui circulait dans l’Empire. Si Mismis l’avait lâché dans la villa, les choses auraient mal tourné. Même si Alice avait laissé couler, les serviteurs et le chef auraient pété les plombs à la simple mention de ce nom.

« Hé, Iska, tu as entendu ce que le patron a dit ? » chuchota Jhin.

« … Pas vraiment. Je ne pense pas que ce soit un gros problème. » Iska avait feint l’ignorance, en regardant quelqu’un dans sa périphérie.

« C’est tellement amusant. Je suis si excitée. »

… Elletear frappait ses mains l’une contre l’autre avec satisfaction.

« Ça me chatouille d’avoir les trois sœurs qui dorment sous le même toit. »

***

Partie 5

La vapeur blanche qui remplissait la salle de bain sentait légèrement le savon.

La baignoire, qui débordait d’une eau trouble, pouvait accueillir plus de dix personnes les jambes tendues. Des fleurs et des herbes flottaient à la surface, fraîchement cueillies dans le jardin. Leur parfum floral se mélangeait parfaitement aux sels de bain, créant une ambiance des plus sereines.

… Ou du moins, ça aurait dû.

Une agitation provenait du vestiaire à côté de la baignoire.

« Essayez-vous de me kidnapper ? À l’aide ! Iska ! Jhin ! »

« C’est inutile. C’est le bain des femmes. Ils ne viendraient pas ici même par erreur. »

« Um... À l’aide ! Néné ! »

« Votre petite servante s’est préparée pour dormir. »

« Nénéeeeeeeee !? »

Mismis avait été traînée dans le vestiaire. Sisbell et Rin l’avaient entourée.

« Que comptez-vous me faire ? »

« Baissez la voix. Ne faites pas de scène. Faites ce qu’on vous dit, et on ne vous fera pas de mal. » Rin avait une prise ferme sur l’épaule de Mismis, refusant de la lâcher.

« Qu-Quoi voulez-vous ? »

« Simple. Vous savez qu’Alice est une princesse. Vous ne pouvez pas le dire à vos subordonnés. Ni évidemment à aucun autre membre des forces impériales. »

« … Voulez-vous dire Jhin et Néné ? »

« C’est exact. Nous ne voulons pas que son identité soit connue des forces impériales. »

La Sorcière de la Calamité Glaciale était un personnage mystérieux qui gardait son visage caché derrière un voile sur le champ de bataille. Les forces impériales savaient qu’elle était blonde, mais aucun d’entre eux ne connaissait les détails de son visage ou le fait qu’elle était la fille de la reine.

« Iska et vous êtes les seuls à savoir. Nous ne pouvons pas laisser d’autres personnes le découvrir. »

« Qu-Qu’est-ce que vous allez faire à Iska… ? »

« Il en va de même pour cet épéiste, mais vous sembliez plus susceptible de faire une erreur. Nous prenons des mesures préventives. Êtes-vous satisfaite, Lady Sisbell ? »

« Oui. Vous nous comprenez, capitaine ? » Sisbell avait croisé les bras. « J’imagine que vous pouvez comprendre que vous devez garder le silence sur le fait que je suis une princesse, moi aussi. Si vous dites quoi que ce soit, je le saurai immédiatement. Avec mon pouvoir astral, il n’y a rien que vous puissiez me cacher. »

« … Attendez. Quoi ? »

 

 

« Avez-vous encore quelque chose à dire ? Vous connaissez déjà mes capacités. »

« Ce n’est pas ce que je voulais dire ! » Mismis protesta alors que Rin la retenait. Elle jeta un coup d’œil à Sisbell. « Uh... um. »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« … Par princesse, vous voulez dire que vous êtes une princesse de la souveraineté de Nebulis ? »

« Vous demandez ça maintenant ? Vous avez dû vous en rendre compte immédiatement. »

Brossant ses cheveux blonds aux nuances de fraises, Sisbell avait poussé un lourd soupir.

« Alice est la princesse du milieu de la Souveraineté de Nébulis — une Sang Pure redoutée par les forces impériales comme la Sorcière de la Calamité Glaciale. Vous m’avez entendue l’appeler “ma sœur” ? Je suis évidemment la plus jeune. Cela signifie que je suis la plus jeune princesse… »

« C’est impossible ! »

« … Je pensais que tout le monde arriverait à cette conclusion, mais il semble que je me sois trompée. »

« Alors cette jolie dame — Elletear… c’est la princesse aînée !? »

« Vous en avez mis du temps ! » hurla Sisbell.

Rin avait soupiré à côté d’elles. Elle n’arrivait pas à croire que Mismis puisse être aussi stupide.

« De toute façon, vous me comprenez ? Ma position doit rester secrète ! »

« O-oui, madame ! »

Dans la salle de bain humide, Mismis et la plus jeune des princesses avaient fait un pacte entre femmes.

 

+++

La toile cosmique sombre était dépourvue de tout nuage.

Les étoiles semblaient scintiller comme si elles lui chuchotaient. Était-ce parce qu’ils étaient au cœur de la nation des mages ?

J’ai vu le ciel nocturne de la capitale impériale des millions de fois.

Celui du désert d’Alsamira était aussi beau.

Mais il ne s’était jamais senti aussi proche du ciel auparavant, en regardant les étoiles depuis le troisième étage de cette villa. Il était si proche qu’il avait l’impression que le pouvoir astral lui faisait un clin d’œil dans le ciel.

« Je vais m’en sortir. Tu devrais rester avec Sisbell. Assure-toi d’aller aux bains avec elle. Sa sécurité est notre priorité absolue. »

Derrière lui, alors qu’il posait sa main contre la vitre, la princesse du milieu berçait son appareil de communication dans sa chambre. Elle expira en s’asseyant sur le canapé.

« Rin va rester avec Sisbell pendant qu’elle prend son bain. »

« … Tu t’inquiètes donc pour ta petite sœur. Je suppose que personne ne sait ce qui peut arriver dans cette villa. »

« Les choses se produisent déjà. »

Iska avait regardé le reflet d’Alice dans la fenêtre s’enfoncer dans le canapé et avait levé les yeux vers lui.

« Il y a quatre soldats impériaux dans ma maison de vacances. Pas comme prisonniers, mais comme invités. Si ce n’est pas un problème, alors qu’est-ce qui l’est ? »

« Dis ça à ta grande sœur. »

« Ark ! Je suppose que je devrais ! Mais j’aimerais que tu me donnes quelques conseils ! »

« … Des conseils, hein ? »

Elle aurait pu dire ça dès le début. Il grommela de manière inaudible avant de se tourner vers elle.

Lorsqu’ils étaient seuls, il oubliait presque les circonstances, mais il se trouvait au cœur d’une nation ennemie. Son unité était dans un isolement total. Même leurs armes avaient été confisquées.

« Je suis un soldat impérial, il m’est donc difficile d’apporter ma contribution. »

« Alors tu peux juste écouter… J’ai du mal à comprendre. Pourquoi Elletear aurait-elle amené ma jeune sœur ici ? » La jeune fille blonde avait doucement rabattu ses longs cils. « Je veux dire, non ? Dix jours dans cette villa ? Quelle différence cela fera-t-il ? Ça ne profite à personne. Ça fait juste paraître ma grande sœur suspecte. Pour être honnête, la reine la soupçonne déjà. Cela ne fait que creuser un fossé entre les membres de ma famille. »

« — »

« Je n’arrive pas à m’y faire. Je veux juste en finir avec ça. Si les choses restent si incertaines, je ne pourrai pas régler les choses avec toi… »

Elle l’avait regardé, les yeux tournés vers le haut, les pupilles en forme de biche fixées sur lui.

Ils avaient besoin de résoudre les choses sur le champ de bataille. Tout ce qu’ils avaient fait était de se proclamer ennemis.

Alors pourquoi ses yeux semblaient-ils si passionnés et si beaux ?

« Ma sœur retournera au palais demain matin, mais Sisbell restera ici pendant dix jours. On lui fait du chantage pour qu’elle reste, hein ? »

« … Oui. »

« Je resterai également dans la villa. Officiellement, je le ferai pour protéger ma sœur, mais j’ai une autre raison. Je sens que je peux te le dire. »

« Pour garder un œil sur nous, non ? Je sais. »

Il n’y avait pas de mages astraux qui gardaient cette maison de vacances. Alice restait pour dissuader les soldats impériaux de causer des problèmes là-bas.

« Que ce soit clair, nous n’avons pas l’intention de tenter quoi que ce soit en territoire ennemi. »

« Évidemment. Si tu causes une perturbation ici, même moi je ne te le pardonnerais pas. Je n’en serais pas capable, en tant que princesse. »

Alice s’était levée du canapé et s’était dirigée vers la fenêtre. Elle se tenait juste à côté d’Iska.

« Promets-moi ceci. Tu ne causeras jamais de problèmes dans mon pays, et tu n’essaieras pas de t’échapper du manoir. Je ne souhaite pas avoir une autre bataille inutile avec toi. »

« … »

« Un problème ? »

« Pas exactement. »

Alice avait appelé Nébulis « son » pays. Pour une raison inconnue, il s’était accroché à son choix de mots, mais elle semblait normale, alors peut-être l’avait-elle fait inconsciemment ?

« Alice, est-ce que tu viens de… ? »

« Lady Alice. »

On avait frappé à la porte de la chambre.

Était-ce la domestique ? Alice avait immédiatement reculé pour s’éloigner de lui.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Monsieur Iska est-il ici ? Lady Elletear nous a demandé de l’amener. »

« … Elle l’a fait ? » Le murmure d’Alice n’avait pas été entendu de l’autre côté de la porte. « … Comment avez-vous su où se trouve Iska ? » appela la princesse.

« Lady Alice. »

« Très bien. Je vais le faire venir. » Alice le regarda du coin de l’œil et désigna silencieusement la porte. « Iska. »

« Quoi ? »

« Ne fais pas confiance à ma sœur. Tu… es mon rival. »

C’était le coup de pouce final pour le faire sortir de la pièce.

La fille au tablier de femme de ménage lui avait fait une petite révérence. « S’il vous plaît, venez par ici. »

La chambre d’Elletear était la plus proche de l’avant du couloir. La porte ornée du portrait de la jeune fille aux cheveux d’émeraude s’ouvrit.

« S’il vous plaît, entrez. »

Sur ce, la servante avait pris congé.

Elle n’a accepté que parce qu’on lui a ordonné de m’appeler.

Je suppose qu’elle ne supporte pas de voir mon visage. Elle le rend si évident.

C’était tout à fait naturel.

Alice et Sisbell n’étaient que des exceptions. C’était probablement le mieux que les soldats impériaux pouvaient obtenir.

« … C’est Iska. Je pense que vous m’avez appelé ici. »

« Entrez, s’il vous plaît, » avait gloussé quelqu’un depuis le salon éclairé.

Il s’était dirigé vers l’espace éclairé par la lumière du lustre. Le salon était orné d’un tapis rappelant un champ herbeux.

« Bienvenue. »

Au centre du salon se trouvaient deux canapés qui se faisaient face.

La princesse aînée de la Souveraineté de Nebulis lui sourit… en peignoir. Son décolleté — elle était plus bien dotée qu’Alice — dépassait de la profonde encolure. L’ourlet couvrait à peine ses fesses, et ses cuisses pâles étaient nues.

« Oh, je suis désolée. Je viens juste de sortir du bain. »

La beauté personnifiée sourit, s’amusant, quand Iska, par réflexe, se retourna pour regarder ailleurs.

« Mais je suis heureuse. Il semble que vous considériez même une sorcière comme une femme… Je suis ravie que vous rougissiez. »

« … Essayez-vous de me tester ? »

« Hmm. Qui sait ? C’est vrai que je viens de sortir du bain. N’y pensez pas trop profondément. J’aime simplement ce peignoir. »

Elle l’avait invité à s’asseoir en le regardant. Iska continuait de détourner les yeux pour s’empêcher de regarder directement les seins ou les cuisses d’Elletear, assise en face de lui.

« Hee-hee. Mignon. » Elle avait l’air de s’amuser. « Vous me regardez différemment des personnes que j’ai rencontrées dans la capitale impériale. »

« Dans la capitale impériale ? »

« Je ne vous l’ai pas dit ? J’étais un agent double. Il fut un temps où j’avais des liens avec le quartier général impérial. »

« … Et vous n’avez pas été capturée par nos troupes ? »

« J’ai gardé mon identité secrète. S’ils avaient compris que j’étais une descendante de Révérende Fondatrice, ils ne m’auraient jamais laissé rentrer dans mon pays. Maintenant, c’est juste un bon souvenir. »

Elle croisa ses jambes et plaça ses mains ensemble sur ses genoux. Elle était à peine à un mètre du siège d’Iska. Il pouvait la toucher s’il tendait la main.

***

Partie 6

« Essayez-vous de voir si je suis réellement seule ici ? Qu’il n’y a pas de gardes ou de préposés ici ? » Elle l’avait fixé droit dans les yeux. « C’est tellement évident quand vous me fixez avant de parcourir la pièce du regard. »

« … Oui, pour être honnête. »

« L’honnêteté est une vertu. Je répondrai de la même manière en vous répondant honnêtement. Il n’y a personne d’autre. Pas mon garde. Et je n’ai pas non plus de serviteurs comme Rin ou Shuvalts. »

Même si elle faisait partie de la famille royale ? Il était difficile de croire qu’une princesse n’avait pas de garde, même si elle pouvait tout faire elle-même sans l’aide d’un assistant.

Est-ce qu’elle bluffe parce que je suis un sujet impérial ?

Je veux dire, même Alice a Rin qui la protège.

Même la Sorcière de la Calamité Glaciale, qui pouvait détruire une base impériale entière à elle seule, avait un garde. Avec le pouvoir astral d’Elletear, il semblerait qu’elle en ait besoin. Iska aurait été capable d’écraser une sorcière sans expérience du combat à mains nues.

Alors pourquoi était-elle si calme ?

« Si je vous disais que je suis dans le même camp que Sisbell, cela expliquerait-il les choses ? »

« … Ce qui veut dire… »

« Je cherche quelqu’un comme moi. Personne dans la Souveraineté ne se battra pour le même objectif que moi. C’est pourquoi je vous ai invité ici, ancien Saint Disciple Iska. »

« Moi ? »

N’avait-elle pas invité l’escadron parce qu’ils étaient les gardes de Sisbell ?

« Ne voulez-vous pas devenir mon subordonné ? C’est ce que je voulais vous demander. » Elletear expira et s’étira.

Il pouvait voir clairement le contour de ses seins sous le peignoir, mais tout cela devait faire partie de ses calculs. Elle avait étendu son dos, gémissant sensuellement d’une manière qui pourrait faire tomber n’importe qui amoureux d’elle.

« Qu’en pensez-vous ? »

« … Je ne comprends pas. Comment peut-il n’y avoir personne d’autre dans la Souveraineté ? »

Il pouvait comprendre quand il s’agissait des circonstances de Sisbell.

Elle recherchait les traîtres au régime actuel. Jusque-là, elle ne laisserait personne rejoindre son équipe. C’était logique.

« Les mages astraux redoutables sont partout. Même moi je le sais, » dit Iska. « Il doit y avoir quelqu’un pour ce travail. »

« Je veux écraser ce pays. »

« … Encore une fois ? »

« Je veux réduire en miettes l’actuelle Nebulis. Je veux la renverser de ses racines. »

Son visage était devenu écarlate… à cause de l’excitation, et les yeux d’Elletear étaient vitreux comme si imaginer ce futur l’avait remplie de ravissement.

« Ne pensez-vous pas que c’est parfait pour vous, soldat impérial ? Détruisons la Souveraineté ensemble. »

« — »

Il ne pouvait former aucun mot. Que disait cette princesse ?

La sueur qui perlait sur le visage d’Iska n’était pas due à la détresse ou au choc. C’était à cause de quelque chose qui le glaçait jusqu’au plus profond de lui-même.

Alice et Sisbell pensent différemment, mais elles ont l’intention de devenir la reine.

Elles essaient de protéger leur pays par amour.

Mais Elletear ? Il semblait que c’était le contraire pour elle.

Elle ne se souciait pas du trône, c’était une sorcière traîtresse qui tentait de mener la nation à la ruine.

« Mais pourquoi voulez-vous cela ? »

« Je vous le dirai si vous choisissez de travailler sous mes ordres… Oh, je pourrais juste fondre, en imaginant ce que l’avenir me réserve. Je veux briser ce pays horriblement terne ne serait-ce qu’un jour de plus. »

« … Mais Sisbell est ici, » Iska réussit à peine à sortir de ses lèvres sèches. « Elle pourrait recréer cette conversation à l’instant. Si la reine a vent… »

« Je plaisante. »

« Hein ? »

« C’était une blague. Évidemment, la princesse aînée n’imaginerait jamais de telles choses. Il n’y a aucun problème si Sisbell entend par hasard. »

Elletear avait changé de ton. Si sa voix avait juste été épineuse, elle était maintenant aussi douce qu’un œillet — belle sous tous les angles. Il n’y avait aucun moyen de se méfier d’une telle voix.

« Je vous ai fait venir ici par curiosité. Je ne pouvais pas croire qu’un Saint Disciple ferait évadé une sorcière de prison. Je voulais vous parler, juste nous deux. »

« … Vous avez fait vos recherches. »

« J’ai entendu dire qu’il y avait une personne inhabituelle dans l’armée impériale. Un berserker qui déteste la bataille. Un soldat à peine Saint Disciple qui espérait capturer l’un des Sangs Purs de la Souveraineté pour forcer les négociations de paix. »

« Qui vous a dit ça ? » Il avait l’impression d’avoir été électrocuté, et il s’était levé d’un bond.

Je ne l’ai dit qu’à quelques personnes.

Je l’ai dit à l’Unité 907, et j’ai dit quelque chose de similaire quand j’ai été promu Saint Disciple.

Même au sein du quartier général impérial, il n’y avait qu’une poignée de personnes qui savaient vraiment ce qui se passait dans son esprit.

Qui lui avait dit ? Les Saints Disciples ? Les Huit Grands Apôtres ?

Avec qui cette princesse était-elle en contact dans l’Empire ?

Riiiiiiiiiiing… La cloche à main avait sonné de nulle part en particulier. Elle venait du couloir et se répandait dans la pièce comme pour remplir l’espace.

« Il est onze heures. C’est la fin de la journée. Les domestiques viennent de terminer leur travail. Maintenant, elles vont chacune se retirer et dormir dans l’heure qui suit. »

« … »

« Je suppose que vous comprenez ce que j’essaie de dire. »

« … Que notre conversation est terminée ? » Il se pencha en avant, la ferveur complètement amortie.

Elle avait dû calculer ce timing à la perfection.

Le temps est écoulé avant que nous puissions en venir à mes questions.

À quel point doit-elle être intelligente pour réussir à faire ça si bien ?

Elle l’avait eu, il l’avait réalisé. Iska avait expiré.

« Cela m’évite d’avoir à m’expliquer. Bien que notre conversation de ce soir soit terminée, nous pourrons nous reparler si l’occasion se présente. La prochaine fois, j’aimerais vous parler des Saints Disciples qui travaillent avec vous. »

« … Vous pensez qu’un sujet impérial divulguerait nos secrets ? »

« Il y a deux personnes qui manient l’épée parmi les onze. Vous, Iska, qui était dans le onzième siège et Joheim dans le premier. Je le sais bien. »

Sa voix était si belle. Le bout de ses doigts avait glissé le long de la peau rougie près de sa poitrine, qui était fascinante et humide de sueur.

« Je me demande qui serait le plus fort : vous ou Joheim ? »

« … »

« J’aimerais bien le savoir. Autrefois, il semble que les nobles impériaux faisaient combattre leurs épéistes serviteurs dans l’arène. »

« Je ne suis pas intéressé. »

« Oh ? Et pourquoi ça ? »

« Je suis spécialisé dans les techniques contre les mages astraux. Je ne me suis jamais entraîné à combattre contre des personnes. Même si je faisais de la compétition, je prendrais du retard au premier ou au deuxième coup, et je perdrais au troisième. »

Elletear était silencieuse. Elle ne l’avait pas tourné en dérision, mais lui avait offert le plus petit des sourires. Il s’était tranquillement retourné.

« Si vous voulez bien m’excuser. »

« Oh, s’il vous plaît, attendez. Où allez-vous ? »

« Hein ? »

« Je crois que j’ai été clair. Il est temps d’aller se coucher. Par ici. »

L’aînée des princesses était sur ses pieds, ouvrant une porte au fond du salon.

La chambre.

À l’intérieur se trouvait un lit assez grand pour plusieurs personnes. Les draps séchés au soleil étaient propres et ne comportaient pas une seule ride.

« Mon lit est très grand. Il est peut-être même trop grand pour deux personnes. »

« … Hein ? Je ne vous suis pas. »

« Vous n’êtes pas ici en tant que garde de Sisbell, mais en tant que mon invité. Et comme je vous l’ai dit plus tôt, je n’ai personne pour me protéger. Comment puis-je dormir la nuit ? »

« … Je suppose. » Iska s’était éloigné en le regardant d’un air suggestif.

Même si elle était superbe, il s’était surpris à imaginer un prédateur épinglant sa proie du regard.

« C’est pourquoi je serais si heureuse si vous vous blottissiez contre moi. »

« Quoi encore !? » aboya Iska involontairement.

Il ne l’avait même pas complètement compris, mais des sonneries d’alarme retentissent dans sa tête, lui disant qu’il serait impardonnable d’accéder à sa demande.

« C’est impossible ! Je veux dire, je suis dans l’armée impériale ! »

« Hee-hee. Vous êtes même mignon quand vous êtes surpris. Je commence à comprendre que voir un gentleman aussi fort qu’un Saint Disciple perdre son sang-froid peut être amusant. »

Iska s’était collé au coin de la pièce. Elletear avait fait un pas vers lui.

Ses doigts fins avaient été tendus vers sa joue.

« Maintenant, Iska — »

« Qu’est-ce que tu crois faire !? » Quelqu’un avait claqué des doigts.

« Hmm ? Sisbell ? »

« Huff, huff... Je l’ai fait de justesse. Je n’ai trouvé aucun signe d’Iska, alors j’ai utilisé mon pouvoir astral pour le localiser… Tu n’as plus à t’inquiéter maintenant, Iska. »

La plus jeune sœur avait ouvert la porte d’un coup de pied, tenant ce qui ressemblait à un passe-partout. Elle devait être prête à aller au lit, car elle portait une adorable chemise de nuit rose pâle.

« … Tu l’as vraiment fait cette fois, » grogna-t-elle.

« Oh ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Couvre-toi d’abord ! Je suis sûre que ton armoire est pleine de vêtements ! »

« Dois-je le faire ? Mais il fait une chaleur étouffante, et je me sens si fiévreuse. »

« Chop-chop ! »

« … Bien. Tant que tu arrêtes de me regarder fixement. »

Elletear avait commencé à se changer à contrecœur dans la pièce voisine. Sisbell n’avait pas arrêté son interrogatoire.

« Je connais tes arrière-pensées. Tu essaies de faire un coup sur mon Iska pour me déstabiliser. »

« Oh, il semble que tu aies mal compris deux choses. » Elletear avait émergé, habillée d’une chemise de nuit.

Contrairement à la chemise de nuit de Sisbell, ses vêtements étaient plus sensuels, mettant en valeur toutes ses courbes féminines.

« Je n’ai jamais eu l’intention de tromper mon adorable petite sœur. »

« … Et quel est l’autre malentendu ? »

« Écoute, Sisbell. C’est mon invité maintenant. En d’autres termes, Iska autant le tien que le mien. »

« Je ne laisserai pas passer ça ! Iska est mon gardien ! En d’autres termes — . »

Sisbell hurlait à nouveau, ne quittant pas sa grande sœur des yeux et désignant Iska derrière elle.

« J’ai le droit de faire des câlins à Iska ! »

« Depuis quand !? » s’exclame Iska.

« Tu as compris, ma sœur ? Alors je vais emmener Iska dans ma chambre. »

« Tu es si bête, Sisbell. Il va dormir avec moi. »

« Attends. Est-ce que j’ai mon mot à dire sur le sujet ? Je pense que vous devriez me demander mon avis ! »

Elles n’écoutaient pas Iska. Eh bien, c’était plus comme si elles ne l’avaient pas entendu.

Les princesses avaient déjà congédié l’épéiste impérial, en se lançant des regards furieux.

La plus jeune sœur, Sisbell, montrait ses jolies canines.

La sœur aînée, Elletear, la regardait avec un sourire impassible.

« Haha… Je suis surprise que tu me répondes. Je suppose que c’est mon rôle en tant que sœur de te féliciter d’avoir grandir. »

« Sœur ? »

« Mais, Sisbell, il te manque sévèrement quelque chose. »

***

Partie 7

Elletear s’était mise en mouvement, passant devant sa jeune sœur et se dirigeant directement vers Iska.

« Iska. » Avec des yeux humides, elle avait serré sa main dans la sienne. « Voulez-vous m’écouter ? »

« V-Vous avez encore des choses à dire… ? »

« Je suis si nerveuse à l’idée de passer une nuit dans le manoir sans un seul garde… Pouvez-vous l’entendre ? Mon cœur bat la chamade. »

Elle avait tiré sur sa main.

Il n’eut pas le temps de réaliser ce qui se passait qu’Elletear la pressait contre sa poitrine.

« Vous voyez ? Il bat si vite. Sentez comme je suis nerveuse. »

« Qu’est-ce que vous êtes — !? »

C’était comme s’il touchait le coton le plus fin. Ses seins étaient lourds, cependant, et il pouvait sentir la chaleur de son corps. Les mots lui manquaient, et son cerveau n’avait toujours pas assimilé tout cela. Son esprit était devenu vide.

« Uh... um, uhhh... »

« Qu’est-ce que vous en pensez ? Vous sentez mon cœur battre la chamade ? »

« Comment çaaa ! » Sisbell la bouscula et libéra la main d’Iska. « Qu’est-ce que tu veux dire par “il me manque quelque chose” ? Je suis une fille qui grandit. Les tiens sont juste… plus grands que nature ! »

« Regarde, Sisbell. Cela s’appelle une étreinte royale. »

« T-Tu appelles ça une étreinte royale !? »

« De plus, cela montre que je lui fais confiance pour mon corps. »

« … Guh. M-Mais tu ne peux pas faire ça ! Je ne te livrerai pas Iska ! »

Sisbell avait tiré sur son autre main.

Il était tiré par les sœurs sorcières des deux côtés.

 

« Ne bougez plus ! »

 

La pièce manquante.

Le cri de la sœur du milieu avait résonné dans le salon.

« J’ai cru entendre un vacarme… Qu’est-ce que vous croyez faire… ? Qu’est-ce que vous faites à capturer Iska !? »

« Ma sœur !? » La plus jeune sœur s’était redressée.

« Tu as laissé la porte ouverte, Sisbell, » dit Elletear. « Elle a dû entendre nos voix dans le couloir. »

Elletear n’avait même pas bronché, semblant se réjouir de la tournure des événements.

Jetant un regard à ses sœurs, Alice marcha vers elles à grandes enjambées. Elle devait aussi être prête à aller se coucher, car elle avait drapé quelques vêtements sur ses épaules pour cacher sa chemise de nuit.

« Sisbell, explique-toi. »

« Guh… Je suppose que tu m’as prise en flagrant délit. Mais nous n’avons pas besoin de ton intervention ! »

La plus jeune sorcière avait refusé de lâcher la main d’Iska.

« J’ai entendu dire que tu n’avais aucune relation avec ce soldat impérial. Dans ce cas, tu n’as pas le droit de dire quoi que ce soit sur le traitement que je lui réserve. »

« … Euh ? » Alice inspira brusquement lorsque sa sœur lui fit un doigt d’honneur. « Quoi qu’il en soit, il reste un soldat impérial. Puisqu’il est un ennemi de la Souveraineté, j’ai le droit de remettre en question ton comportement, Sisbell. Il en va de même pour toi, Elletear. »

« Nous avons prévu de nous câliner pour la nuit. »

« On va se faire un câlin. »

« … Vous couchez ensemble ? » Alice avait cligné des yeux.

Tout cela était si alarmant que le bon sens semblait s’envoler par la fenêtre.

« Vous vous faites des câlins ? Qu-Qu-Qu-Que pensez-vous que vous êtes en train de dire !? »

« Je suis tout à fait sérieuse. » Sisbell ne voulait pas lâcher la main d’Iska. « Je ne peux pas imaginer passer une nuit sans mon assistant. Iska s’est porté volontaire pour dormir avec moi. Comme je l’attends de mon serviteur ! »

« Comme je l’ai dit, je ne suis pas ton serviteur ! »

« Oh, Sisbell. Il semble y avoir un grave malentendu. » Elletear s’était accrochée à son autre main.

Même si Iska voulait se débarrasser d’Elletear ou retirer sa main en signe de protestation, il était dangereusement proche de frôler à nouveau ses seins, il ne pouvait donc pas bouger sans réfléchir.

« C’est moi qui ai invité Iska au manoir. Dans ce cas, tu dois supposer qu’Iska est à moi pendant cette visite. »

« Non ! Iska travaille pour moi ! »

« Comme je l’ai dit, arrêtez-vous là ! » Alice était intervenue dans le combat. « S’il vous plaît, reprenez-vous. Je ne donnerai Iska à personne ! »

« Hmm ? Je croyais que c’était la première fois que tu le rencontrais, Alice. Et c’est un soldat impérial. Il devrait être l’un de tes méprisables ennemis sur le champ de bataille, » fit remarquer Elletear.

« Uh... ugh... uhhh !? » Alice avait serré les dents. Elle fixait le plafond, espérant désespérément trouver une bonne excuse.

« Je sais ! »

Son visage s’était éclairé.

« Parce qu’il est un soldat impérial, je ne peux pas permettre à mes sœurs de fréquenter un individu aussi dangereux. Selon les rumeurs, leurs hommes deviennent des bêtes charnelles la nuit ! »

« C’est de la diffamation ! »

« Silence, toi ! … C’est donc pour ça que je suis là ! Pour protéger mes sœurs de ce sauvage ! »

« Une bête, hein ? Il ne me semble pas en être une. » Elletear regarda entre Iska et Alice, puis pencha la tête sur le côté. « Si c’est le cas, Alice, as-tu une idée brillante pour nous ? »

« Je vais aussi passer la nuit ici ! » Alice posa sa main sur sa poitrine. « Je ferai des câlins — enfin, je dormirai ici pour surveiller le soldat impérial si vous passez la nuit avec lui. »

« … Euh, donc, personnellement, j’aimerais dormir dans ma propre chambre, tout seul, » marmonna Iska.

« Donc nous allons dormir tous les quatre ensemble ? Hmm, mon lit peut nous accueillir, donc je suppose que ce serait bien. Qu’en penses-tu, Sisbell ? »

« Je n’ai aucun scrupule. »

« Mais qu’en est-il de ce que je pense !? Allez ! » Les appels désespérés d’Iska n’avaient pas été entendus.

Les trois sœurs sorcières étaient apparemment déjà engagées dans une bataille dans une dimension supérieure à celle qu’Iska pouvait sonder ou voir.

« Le problème est notre position dans le lit. » Sisbell avait croisé les bras, l’air très sérieuse. « J’ai une idée. Nous pouvons nous ordonner de la plus vieille à la plus jeune, avec Elletear, Alice, et puis moi. Iska peut être à l’extrémité gauche. Ça vous va ? »

« Oh, mon dieu, Sisbell. En d’autres termes, tu veux le garder pour toi toute seule ? Ça semble injuste. Qu’en dis-tu, Alice ? »

« Je… je ne me soucie pas particulièrement de savoir si je suis à côté d’Iska… m-mais je vois. Si c’est un sujet de débat, alors pourquoi ne pas tirer à la courte paille pour cela ? »

Alice avait pris un bloc-notes sur le dessus de la table et l’avait déchiré en trois bandes qu’elle avait étiquetées « gauche », « milieu » et « droite ».

« Iska sera du côté gauche du lit. Maintenant, nous devons simplement décider de nos positions. Si tu sors le “gauche”, tu dormiras à côté de lui. Est-ce que ça te convient ? »

« Moi d’abord ! » Sisbell avait tiré un papier avant les autres. « M-milieu… En d’autres termes, je ne serai pas à côté d’Iska, et je devrai me tasser entre vous deux… »

« Oh là là. Je suis à droite, donc je suppose que je suis au bout du lit. Eh bien, ça veut dire… »

« O-Oui ! J’ai gagné ! Je suis à côté d’Iska ! » Alice sautait de haut en bas en serrant le dernier papier dans sa main. « Le dernier a la chance du tirage au sort. Je vais dormir avec lui et… »

« Alice ? »

« Gah !? » L’enfant du milieu avait repris ses esprits.

« Tu sembles étrangement heureuse… »

« A-ahem. Que peux-tu bien vouloir dire, Sisbell ? Je vais dormir à côté du soldat impérial pour vous protéger toutes les deux. Il n’y a pas de position plus idéale pour moi pour dormir. »

« Alors pourquoi as-tu l’air si jubilatoire à ce sujet ? »

« Je… je ne le pense certainement pas ! Je déteste évidemment le fait de devoir dormir à côté d’un soldat impérial ! » Alice soupire de soulagement. « Et toi, soldat impérial ! C’est une exception. Viens te blottir contre moi… Euh, je voulais dire que je t’accorde une permission spéciale pour dormir à mes côtés ! »

« Comme je l’ai dit, je préfère rester dans ma chambre… »

« Ta… réponse ? »

« … Bien. »

Elles l’avaient traîné et l’avaient escorté jusqu’à la chambre.

Une odeur douce avait chatouillé son nez. Une fumée blanche s’échappait d’un récipient transparent installé dans un coin de la pièce — peut-être des huiles essentielles dérivées de plantes.

Je suis dans une chambre de fille.

Je ne suis allé que dans une seule autre — celle d’Alice. Ce n’est pas ma deuxième fois ?

Iska avait jeté un coup d’œil dans les chambres de la capitaine Mismis et de Néné dans les dortoirs des femmes, mais il n’avait pas vraiment franchi le seuil. Il ne se doutait pas que cette épreuve l’attendrait.

« Hee-hee. Je me demande depuis combien de temps les trois sœurs n’ont pas dormi ensemble. Cela devrait être amusant. »

« … Bien. Je renonce à dormir avec Iska, mais je peux être tranquille dans la même chambre que lui. »

La sœur aînée s’était allongée sur le côté droit du lit. À côté d’elle, Sisbell était venue prudemment s’allonger sur le ventre.

« Alice, viens te coucher. Ne reste pas là comme une planche. Qu’est-ce qui te prend ? Pourquoi ton visage est-il tout rouge ? » demanda Elletear.

« Iska, qu’est-ce qui se passe avec toi ? Même toi, tu rougis. »

« … »

Iska et Alice s’étaient figés au coin du lit, l’une en face de l’autre.

« Après toi, Alice. »

« Toi d’abord. Je passerai en dernier… ! »

« Mais je suis censé être à la fin. »

« Tu es l’invité ! Tu es le premier ! … Bien. Mettons-nous dans le lit en même temps. »

Elletear, Sisbell, Alice et Iska étaient alignés dans le lit. Un seul drap de dessus les recouvrait tous les quatre. Ils étaient beaucoup trop proches les uns des autres.

En fait, Iska pouvait entendre les trois sœurs respirer dans ses oreilles dès que la lumière s’était éteinte.

Comment puis-je obtenir un instant de sommeil ici !?

Ah bon, j’avais prévu de faire le guet de toute façon.

C’était son devoir en tant que garde de Sisbell. Il avait prévu d’emprunter son appareil de communication pour pouvoir retourner dans sa chambre et être prêt à intervenir si elle demandait de l’aide.

Comme ils passaient la nuit dans la même chambre, il était plus inquiet…

Au moment où Iska avait ouvert les yeux, il avait trouvé quelque chose juste sous son nez.

« Alice ! »

« … Chut. Silence. Les deux autres vont nous entendre. »

Couchée sur le côté, Alice avait les yeux ouverts et le regardait fixement. Leurs visages étaient à peine à 10 cm l’un de l’autre. Même avec les lumières éteintes, Iska pouvait distinguer les détails de son visage.

« Elles sont déjà endormies… donc si nous ne restons pas silencieux, nous allons les réveiller… »

Alice lui parlait dans un doux murmure. La douce respiration derrière elle provenait d’Elletear ou de Sisbell. Seuls Iska et Alice étaient réveillés.

« Iska. Hum… Comme tu le sais, je dois prendre en compte ma position de princesse. Nos peaux ne peuvent pas se toucher. Tu dois faire attention. »

« Je veux dire, je n’avais pas l’intention de faire quelque chose de bizarre. »

« Mais si tu… »

Elle l’avait regardé de près. Il était sûr que son visage était rouge de nervosité. Il n’y avait aucune autre raison pour qu’elle rougisse.

« Si tu te jetais dans mes bras dans ton sommeil, je suppose que je ne ferais rien. Je devrais fermer les yeux si tu le faisais inconsciemment… »

« On dirait que tu es déjà en train d’assouplir les règles ! » murmura Iska.

« Je… Je clarifie juste pour faire bonne mesure ! Ce n’est pas comme si je voulais que ça arrive. Ne sors pas mes mots de leur contexte ! »

« Oh, Iska ! »

Alice avait frissonné quand Elletear avait pris la parole.

« Tu es réveillée ? » demanda Alice.

« … »

« … Allo ? »

Alice n’avait pas reçu de réponse. Elle était sur le point de se retourner pour vérifier derrière elle.

« Oh, Iska, pas devant les autres ! Tu es si audacieux. »

La fille aînée semblait parler dans son sommeil. Cela avait piqué leur intérêt.

« Hee-hee. J’ai une idée, » murmura Elletear.

« … Aaah ? Qu-Qu’est-ce que tu penses faire, Iska ? Tu ne peux pas me prendre dans tes bras comme ça. C’est beaucoup trop tôt pour nous, » marmonna Sisbell, en feignant l’innocence.

Il semblerait que Sisbell parlait aussi dans son sommeil.

« Je t’ai eu ! Oh là là, tu es beaucoup plus doux que je ne l’imaginais, Iska. »

« I-Iska… mm… s’il te plaît. Où penses-tu que tu t’accroches trop ? Oh, ça chatouille. Je… ne peux pas croire que tu sois si audacieux. »

« Hee-hee. Jolie voix. »

Qu’est-ce qu’elles faisaient là-bas ? Plus important encore, à quoi rêvaient-elles ?

Les deux sœurs derrière Alice semblaient s’amuser.

« Ah ! »

« Oof. »

Alice avait entouré Iska de ses bras.

Sisbell avait frappé Alice dans son sommeil, la poussant contre Iska comme un domino.

« Je suis désolée… »

« Je vais bien, mais, Alice, euh… pourrais-tu me laisser un peu de place… ? »

« Sisbell continue de me donner des coups de pied, donc je ne peux pas retourner à ma place initiale. »

« À quel point est-elle agitée dans son sommeil ? »

Si on le poussait plus loin, il finirait par tomber du lit. Tout ce qu’Iska pouvait faire était de tolérer sa présence.

Il fait si sombre, et elle est si proche. Je peux entendre la respiration d’Alice.

Attends. Est-ce que ça veut dire qu’elle peut m’entendre ?

Ils étaient sur le côté, l’un en face de l’autre.

Même si Iska était légèrement plus grand qu’elles lorsqu’ils sont debout, leurs yeux étaient à égalité maintenant, puisque leurs têtes étaient posées sur des oreillers.

La main d’Alice s’était tendue pour toucher la poitrine d’Iska. Pas seulement doucement du bout des doigts. Elle avait pressé toute sa main contre lui.

 

 

« … Wow. Tu as peut-être l’air mince, mais tu as du muscle. »

« Où es-tu en train de toucher !? »

« Ce n’est pas ce que l’on croit. Ma sœur me donne des coups de pied par-derrière, alors je continue à être poussé vers l’avant ! »

Elle n’avait pas essayé de retirer sa main.

« Les garçons sont chauds. J’ai l’impression que je pourrais m’ébouillanter sur toi… »

« Tu viens de dire que nos peaux ne sont pas censées se toucher. »

« C’était juste inévitable ! Et tu portes des vêtements, donc ce n’est pas un problème. »

« Est-ce vraiment le problème ? »

« … D’accord. Alors… alors… »

Dans l’obscurité, il pouvait voir Alice hocher la tête. Ses petites lèvres bougeaient très légèrement tandis que la princesse sorcière lui murmurait.

« V -veux-tu… me toucher, aussi… ? »

« … Pardon ? »

« On est rivaux, non ? Je t’ai touché, alors ce n’est pas juste si tu ne me touches pas là aussi. »

Alice le touchait à la poitrine, ce qui signifie…

« — »

Presque inconsciemment, Iska avait fini par baisser les yeux. Il avait pu apercevoir sa délicate clavicule au-dessus du décolleté de sa chemise de nuit. Le monticule sous ses vêtements se balançait de haut en bas à chaque respiration. Alice avait plus qu’assez de ce qu’Elletear avait appelé une « étreinte royale ».

« Oh, arrête… Ne regarde pas si près… C’est tellement gênant… » Le visage d’Alice devenait rouge.

Il n’avait pas l’air de s’imaginer qu’elle commençait à haleter.

« A -Allez… Si tu dis que tu veux les toucher… alors je le supporterai… »

« Tu me fais passer pour un pervers ! »

« Je-je veux dire, ce sont nos règles. Je veux avoir un combat équitable avec toi. Ah, mais maintenant que j’y pense… »

« Maintenant que tu penses à quoi ? »

« … » Alice l’avait regardé fixement.

Elle semblait complètement différente d’avant. Elle était passée de l’apparence d’une jeune fille embarrassée à celle d’une personne sur le point d’exercer un recours contre lui.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« … Tu as vu. »

« Vu quoi ? »

« … Mes sous-vêtements. Quand tu étais avec Sisbell dans ma chambre. Tu les serrais dans tes mains… »

« C’est faux ! C’était un malentendu ! »

« Nous devons être égaux, non ? En tant que rivaux. »

Un frisson avait parcouru sa colonne vertébrale.

« C’est vrai. Tu as pu voir mes sous-vêtements, alors c’est normal que je regarde les tiens. »

« Il y a vraiment quelque chose qui cloche avec ça ! »

« Rien de mal à l’égalité. En tant que rival, je pense que j’ai le droit de tout savoir sur toi ! »

La main d’Alice avait saisi l’ourlet de ses vêtements. Elle se préparait à les arracher.

« Montre-moi tes sous-vêtements ! Alors nous serons quittes ! »

« Même dans quoi ? Attends, Alice ! Hey ! Agh ! Rin ! Où est Rin !? Votre dame est devenue folle ! Arrêtez-la ! » cria Iska en appelant la préposée absente.

Pendant le reste de la nuit, Iska s’était battu pour retenir Alice.

***

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