Chapitre 3 : La guerre des trois sœurs – La crise de colère d’Alice
Partie 4
Il avait timidement attrapé en plein vol les deux sous-vêtements qui lui avaient été lancés.
Quand il avait senti le tissu, léger et doux dans ses mains, Iska avait fermé les yeux pour ne pas les voir de près.
… Concentre-toi, mec ! Concentre-toi ! Attends ! Fais-le contraire de te concentrer !
… Je ne peux pas continuer à m’accrocher à ça. Je dois les mettre ailleurs.
« Je vais te les prendre. »
« Dieu merci ! Prends-les ! »
« … Tu t’accrochais vraiment à mes sous-vêtements… Était-ce vraiment si bon ? »
« N -non ! Ils sont faits d’une matière si douce, j’essayais de ne pas les froisser —, » expliqua Iska, puis il reprit soudainement ses esprits.
Attends ? À qui avait-il parlé jusqu’à maintenant ?
C’était une voix douce et sucrée. Quelque chose de contrepoisé et qui résonnait avec force.
« … » Il avait lentement ouvert les yeux.
Il y avait trouvé… une fille blonde, les sourcils froncés et les épaules frémissantes. Elle avait caché les sous-vêtements derrière son dos, le visage rougeoyant comme si elle était embarrassée.
« Attends ! Alice !? »
« Qu’est-ce que tu penses faire dans ma chambrrrrre !? » avait-elle crié.
Les fenêtres avaient cliqueté. Sisbell s’était retournée, enregistrant la voix de sa sœur, le visage pâle.
« S-Sœur !? »
« Sisbeeeeeeeell ! »
« Ahhhhhhhh !? »
Avec un regard dans les yeux qu’elle montrait rarement à ses ennemis, la fille au milieu en âge s’était jetée sur la plus jeune. Elle avait poursuivi sa proie fuyante jusqu’au fond du lit.
Elle était aussi rapide qu’un chat qui court après une souris.
« … Tu as vu quelque chose, n’est-ce pas ? »
« Ahhhhhhhhhh !? S-Stop ! Tout sauf la glace… ! J- Je sais ! Iska m’a ordonné de faire ça ! »
« Menteuse ! »
Tournant le dos à Iska, Alice avait surplombé Sisbell.
Il ne voulait même pas imaginer la tête qu’elle ferait. En fait, il était prêt à se barrer de là.
« Sisbell. »
« O-Oui, ma sœur !? » Elle leva les yeux en larmes vers Alice.
« Tu n’as rien vu. Tu n’as pas vu un aperçu du monde des adultes dans lequel je me suis aventurée par pure curiosité. Est-ce que tu me comprends ? Les seules choses ici étaient des vêtements décents. »
« … Euh… ahhh… »
« Je ne t’entends pas. »
« Biennnnn ! »
« Et, Iska, c’est aussi valable pour toi ! Tu ne parles de ça à personne ! »
« R-Roger… ! »
« Très bien. Disons qu’il n’y avait pas de témoins. » Alice avait essuyé la sueur de son front.
Rin était entrée dans la pièce en titubant, traînant des valises.
« Lady Alice, je t’ai demandé de ne pas te dépêcher sans moi… C’est déjà assez difficile de te rattraper. Hmm ? L’épéiste impérial ! »
« Ne t’inquiète pas pour lui. Nous devons trouver ma grande sœur. Elle doit être quelque part dans ce manoir. » Alice avait pris une grande inspiration pour se calmer… et avait immédiatement regardé sa petite sœur. « Sisbell, nous retournons au palais. La reine est inquiète, et un travail important t’attend. »
« … »
« Sisbell ? »
« … Je ne peux pas, » se débrouilla-t-elle, l’air tendu comme si sa bouche était pleine de sang. « J’ai utilisé une troupe impériale comme garde. Je ne pense pas avoir fait une erreur dans ce choix. Vichyssoise en voulait à ma vie… Et j’ai dû combattre le feu par le feu. »
« Je sais. Je sais aussi ce qui s’est passé après, » répondit Alice, l’air sérieux. « Rin a vu Elletear utiliser cette information contre toi pour t’emmener à la villa, et la reine a été informée de cette affaire. C’est pourquoi j’ai deux rôles : te protéger et ramener notre sœur au palais. »
« … »
« Nous allons demander à notre sœur de retourner au palais immédiatement. Tu seras alors sous ma protection. »
« — Oh, ce sera un problème. »
Kchak. La poignée de la porte avait cliqueté, et une autre personne était entrée dans la chambre d’Alice.
« Il semble que j’ai dérangé quelque chose. » La princesse aînée leur sourit gentiment.
Après avoir regardé tour à tour Alice, Sisbell, Rin, puis Iska, la beauté aux cheveux émeraude rougit. « Trois filles et un garçon réunis dans une pièce ? Comme c’est romantique ! »
« S’il te plaît, n’élude pas la question. » Alice s’était retournée et avait jeté un regard furieux à sa grande sœur, qui s’éventait les joues.
Cela ressemblait presque à un interrogatoire.
« Retourne au palais immédiatement. Ce sont les ordres royaux de la reine. »
« Oh ? Ne vas-tu pas me demander pourquoi j’ai amené notre sœur ici ? »
« Tu peux tout expliquer à la reine. Cela n’a rien à voir avec moi. » Alice ne s’était pas contentée de bavardages inutiles. Elle avait fait un pas en avant. « Rentrons à la maison ! »
« Très bien. »
« Je savais que tu ne coopérerais pas ! Dans ce cas, je pense que… Hein ? »
« Très bien. Rentrons à la maison, Alice. »
« Euh… hum ? » Alice l’avait regardée d’un air absent.
Alice avait redressé les épaules, prête à se rapprocher de sa sœur, mais Elletear était si obéissante qu’elle avait été déstabilisée.
« À une condition… » Elletear avait agité un doigt devant le nez d’Alice. « Nous reviendrons demain. Le dîner est en cours, et les chefs ont déjà acheté les ingrédients pour le petit déjeuner. Les serviteurs ont même pris la peine de faire les lits. Nous ne pouvons pas laisser tout cela se perdre. »
« … Demain ? »
« Oui. Je le jure sur ma dignité. Demain matin, je retournerai au palais. N’est-ce pas ce que tu veux ? »
Alice se renfrogna, pensant à elle-même. À la place de sa dame, Rin avait fait une petite révérence.
« Si je peux me permettre, Lady Elletear… »
« Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Nous n’avons pas encore parlé de Lady Sisbell. Quand vous rentrerez chez vous, Lady Sisbell vous rejoindra-t-elle ? »
« Cela ne faisait pas partie de l’accord. » La fille aînée avait fermement secoué la tête. « Sisbell m’a fait une promesse… N’est-ce pas, Sisbell ? »
« … Oui. »
Elletear n’avait pas cédé sur ce point.
Dix jours.
Si Sisbell tentait de retourner au palais avant cette date, Elletear dévoilerait son secret.
… Mais je ne comprends pas.
… Pourquoi la princesse aînée voudrait-elle enfermer sa sœur dans cette villa ?
Iska et Sisbell n’avaient pas pu trouver de dispositifs d’écoute ou de caméras de surveillance. Il devait y avoir une raison pour qu’Elletear s’attache à la garder dans cet endroit précis. Iska ne pouvait que penser qu’elle enverrait un autre assassin comme Vichyssoise.
… Eh bien, ça semble moins probable maintenant qu’Alice est là.
… Tout assassin qui tente de combattre Alice goûtera à sa propre médecine.
C’est pourquoi cette situation lui semblait si étrange.
Quel était le plan de la princesse aînée en laissant Sisbell ici ?
« Alice, envoie un message au palais. Je retournerai au palais demain, et tu pourras rester aux côtés de Sisbell. »
« … Compris. Rin, mon appareil de communication. » Alice l’avait pris à son assistante.
« Aussi, Alice, quand tu auras fini d’informer la reine, viens dans la salle de réception. »
« … ? Je pense que c’est trop tôt pour dîner. »
« Pas pour le dîner. Si tu restes la nuit, nous devons faire quelque chose avant. »
Elletear lui avait fait un clin d’œil amusé.
« Nous ne nous sommes pas tous présentés, n’est-ce pas ? »
+++
Le manoir de Lou Erz. La salle du couchée de soleil, une salle de réception.
L’unité 907 avait été appelée dans la salle de banquet. C’est Elletear qui les avait accueillis. L’intruse soudaine — Alice — était aussi dans la pièce.
« Laissez-moi vous présenter. Voici ma jeune sœur, Aliceliese. Vous pouvez l’appeler Alice. »
« Je… Je suis la deuxième sœur, Aliceliese. Enchantée de vous rencontrer… »
Quel accueil rigide !
Comme prévu. Après tout, elle parlait à Iska et à la capitaine Mismis, qui connaissaient Alice.
« Alice travaille comme manager pour des idoles célèbres dans les villes neutres. Elle est heureuse de faire votre connaissance. »
« … Quoi ? Je n’ai jamais travaillé en tant que manager ! »
« Mais c’est une apparence assumée. Les jours de repos, elle se transforme en un mystérieux mannequin aux cent mille fans. »
« Quoi !? » Alice avait essayé d’arrêter sa sœur.
Du point de vue d’un tiers, cela ressemblait à une blague entre frères et sœurs, mais il n’était pas certain que ce soit la véritable intention d’Elletear.
La préoccupation d’Iska était de savoir comment son unité allait réagir.
… Je pense que Jhin rencontre Alice pour la première fois.
… Néné a l’air perdue, mais je ne pense pas qu’elle ait jamais vu le visage d’Alice.
Et puis il y avait la capitaine Mismis. Jamais elle n’aurait imaginé retrouver la Sorcière de la Calamité Glaciale, la plus grande menace pour les forces impériales.
Et bien sûr…
« Hein ? J’ai l’impression de vous avoir déjà vue quelque part… Aaaaaah ! » La capitaine Mismis s’était écriée en pointant son doigt sur Alice devant les serviteurs. « V-Vous êtes la Cala — »
« Oh, pardonnez-moi. »
« Yip !? »
Avec un coup par-derrière donné par Rin, la capitaine Mismis s’était effondrée au sol.
« Je pense que notre invitée est fatiguée. Yumilecia, Nami, emmenez-la dans sa chambre. »
« … Uh... uhhhh. » La capitaine Mismis avait été emmenée.
Tu m’en dois une, épéiste impérial, pour mes réflexes rapides. Rin l’avait regardé fixement.
La Sorcière de la Calamité Glaciale était un surnom offensant qui circulait dans l’Empire. Si Mismis l’avait lâché dans la villa, les choses auraient mal tourné. Même si Alice avait laissé couler, les serviteurs et le chef auraient pété les plombs à la simple mention de ce nom.
« Hé, Iska, tu as entendu ce que le patron a dit ? » chuchota Jhin.
« … Pas vraiment. Je ne pense pas que ce soit un gros problème. » Iska avait feint l’ignorance, en regardant quelqu’un dans sa périphérie.
« C’est tellement amusant. Je suis si excitée. »
… Elletear frappait ses mains l’une contre l’autre avec satisfaction.
« Ça me chatouille d’avoir les trois sœurs qui dorment sous le même toit. »
merci pour le chapitre