Kimi to Boku no Saigo no Senjo – Tome 2 – Chapitre 1

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Chapitre 1 : Une non-réunion comme les faces d’une même pièce de monnaie

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Chapitre 1 : Une non-réunion comme les faces d’une même pièce de monnaie

Partie 1

La Cité des Loisirs de Dulac était une ville non affiliée à l’Empire ou à la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis et elle était connue comme une station balnéaire de haut standing avec le plus grand casino du monde.

Et dans le coin de ce casino, il y avait trois rouleaux qui grondaient et tournoyaient, placés dans une machine à sou classique, et Iska se trouvait devant, alors qu’il regardait fixement leurs rotations.

« ... Maintenant ! » Iska n’avait pas hésité à appuyer sur les trois boutons.

Les deux premiers rouleaux s’étaient arrêtés nets sur le « 7 » et le dernier s’arrêta aussi sur un « 7 » — c’était du moins ce qui était apparu, mais pour une raison ou une autre, le dernier rouleau semblait avoir glissé, montrant à la place un canard.

« Pas possible !? C’était vraiment un sept ! » Iska avait perdu la dernière pièce de monnaie pour laquelle son salaire mensuel avait été échangé et il avait pleuré de lamentation. « C’est une fraude... !! »

Iska était un garçon de dix-sept ans aux cheveux brun-noirâtre. Il était né dans l’Empire et appartenait à leur armée. Son affiliation officielle était la 901e unité de la troisième division de la Force de défense de l’humanité de l’Empire.

Il avait étudié sous la tutelle du plus fort épéiste de l’Empire et avait hérité de la seule épée d’étoile au monde. Le jeune épéiste était aussi le plus jeune à avoir été sélectionné pour les Saints Apôtres qui étaient sous le contrôle direct de l’Empereur. Vous pourriez peut-être vous demander pourquoi un tel jeune s’amuserait avec le tel jeu.

« Ah, te voilà ! Comment vas-tu ? » Une fille de petite taille était arrivée en courant à travers les couloirs du casino, bordés de néons. Elle avait des traits débordants d’un charme enfantin. Ses cheveux bleus atteignaient ses épaules et s’étalaient en vagues et ses lèvres roses délicates correspondaient bien à sa jolie apparence. « Comment ça se passe ? On va toucher le jackpot et être riches ! »

« Eh bien..., » murmura Iska.

« Alors, l’as-tu déjà touché !? » s’exclama la fille.

« Non. Je viens de finir mes dernières pièces, » répondit Iska.

« ... Oh noooooon, » la fille avait fait un bruit pitoyable et avait regardé vers le ciel.

« Et toi, capitaine Mismis ? » lui demanda Iska.

« Je n’ai eu rien d’autre que des pertes. J’avais besoin d’une carte de plus ! Une carte de plus de la même couleur, et j’aurais obtenu trente fois ma mise, » la jeune fille poussa un soupir de déception et elle croisa les bras.

Mismis Klass, qui semblait être à la fin de l’adolescence, avait 22 ans. Elle était affiliée à l’Empire et était la capitaine de la 901e unité. En d’autres termes, la supérieure d’Iska. Et c’était elle qui avait amené Iska ici.

« Tu ne peux pas abandonner ainsi, Iska ! » Mismis s’était exclamée alors qu’elle était entourée par les autres joueurs. « On peut revenir avec le jackpot ! Les casinos permettent d’accomplir le rêve des gens normaux de devenir riches en une seule nuit, n’est-ce pas ? Et donc... »

« Et alors ? » demanda Iska.

« Je vais en changer d’autres ! La prochaine fois, c’est sûr ! » s’exclama Mismis.

« Capitaine ! C’est comme ça qu’on fait faillite ! » s’écria Iska.

Mismis s’était mise à courir vers le comptoir de change avec des billets de banque dans la main. Elle avait du moins essayé, avant de glisser sur le sol poli et de basculer avec un glapissement propice à un chiot. En la regardant s’écraser sur le sol, Iska avait poussé un long soupir.

« Devrions-nous vraiment faire cela ? Même si c’est un jour férié..., » déclara Iska.

« C’est l’opération “Pas de regrets”. Tu n’as pas le choix. Le devoir d’un subordonné est de suivre les ordres de son chef, » cette voix était venue d’une autre personne dans la zone.

« ... Même s’ils doivent jouer ? » demandait Iska à son tour.

« Les ordres impulsifs ne sont pas différents des autres, » répondit la même voix.

Iska regarda par-dessus son épaule vers la source de cette voix. Cela provenait de derrière l’endroit où Iska était assis. Un tireur d’élite aux cheveux argentés, surveillant la roulette, Jhin Syulargun, son collègue aux cheveux argentés, aux yeux gris vif et aux traits intrépides était là.

Il n’avait qu’un an de plus qu’Iska, mais ses traits aiguisés et sa veste en cuir rugueux qu’il portait actuellement lui donnaient l’impression d’être un peu plus adulte qu’Iska.

Il n’avait pas déplacé son regard de sur la roulette, la « Reine » du casino, et avec un mouvement manifestement sérieux, il avait placé ses pièces sur une section de la table.

« Une vie vaut la peine de jouer sans regret... Je me demande, que lui arrive-t-il cette fois-ci. Est-ce qu’elle a été prise dans une religion qui dit que le monde se terminera la semaine prochaine ? » demanda Jhin.

La boule s’était placée dans la roulette après que le croupier l’ait glissé dans le jeu. Elle s’était arrêtée à deux endroits à gauche du pari de Jhin et son expression n’avait même pas faibli, et cela même s’il avait perdu une véritable montagne de pièces de monnaie à la fois.

« Tu as l’air très détendue ? » demanda Iska.

« Le plateau est divisé en cent trente sections, de sorte que le jackpot était divisé en cent vingt-huit. C’est une façon pour la maison de faire des profits, même si j’essayais sérieusement, je perdrais, » répondit Jhin.

« Ah, c’est pour ça que tu es si calme..., » déclara Iska.

Chaque joueur visitant le casino rêvait de tomber sur le jackpot. Mais Jhin était une exception et ne semblait pas vraiment avoir beaucoup d’envie quand il jouait.

« Jhin-kun ! » Mismis qui avait maintenant fini avec son échange s’était précipitée vers son subordonné non motivé, « Eh bien, bien ? As-tu touché le jackpot ? »

« Plus important que cela, je préfère avoir une explication, » Jhin avait parlé alors qu’il se tenait debout et qu’il s’éloignait de la foule des joueurs. Les joueurs autour d’eux étaient tous absorbés par le jeu et ne semblaient même pas être capables d’entendre leur conversation, mais il s’était quand même déplacé vers les murs au cas où. « Nous amener dans un centre de villégiature comme celui-ci et nous dire “maintenant, jouez jusqu’à ce que vous n’ayez plus de regrets” est évidemment de mauvais augure. »

Mismis avait laissé échapper une exclamation avortée de choc.

« Qu’est-ce qui a provoqué ça ? » demanda Jhin.

« E-Eh bien..., » le capitaine n’arrêtait pas de jeter des coups d’œil sur lui. Son adorable visage était plissé et elle semblait au bord des larmes. « Risya-chan nous a dit qu’on ne reviendrait peut-être pas vivants, n’est-ce pas !? On ne peut pas avoir de regrets. »

« ... Ahh, » dit Iska en comprenant ce qu’elle voulait dire par là.

« ... Franchement, cela entre toutes les choses possibles ? » continua Jhin, attirant l’œil d’Iska sur le côté, alors qu’ils répondaient à la voix faible de Mismis.

Cela avait commencé il y a environ deux semaines.

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« Pour ta prochaine mission, ton unité travaillera sous mes ordres, Mismis. »

« Nous nous réunirons la semaine prochaine et nous ferons de l’entraînement de groupe le mois prochain. »

 

☆☆☆

 

Ce serait une mission spéciale sous les ordres de Risya In Empire des Saints Apôtres et l’unité d’Iska, la 901e avait été choisie. C’était ainsi, car Risya et Mismis étaient des camarades de classe, et Iska et Jhin avaient étudié sous la tutelle du plus fort épéiste de l’Empire.

En allant plus loin dans le raisonnement, ce serait probablement qu’ils avaient eu le malheur d’être choisir en raison des caprices de Risya.

C’était bien d’apprendre que vous aviez été sélectionné directement par l’état-major de l’Empereur, mais ils ne pouvaient pas être heureux d’être sélectionnés pour une mission sous les ordres directs de Risya.

Même la capitaine n’a pas été informée de la mission.

Il doit s’agir d’une opération outrageusement risquée et très gratifiante.

Les escarmouches entre l’Empire et la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis duraient depuis un siècle. Ce serait sans aucun doute quelque chose qui bouleverserait l’équilibre du pouvoir entre les deux pays qui, même aujourd’hui, s’étaient envahis l’un et l’autre à maintes reprises et étaient devenus de plus en plus haineux l’un pour l’autre.

L’échec aurait pour conséquence d’être tué au combat ou d’être fait prisonnier de guerre, et donc les risques étaient très élevés.

« Il reste cinq jours, n’est-ce pas ? » demanda Jhin.

« Non, seulement quatre. Risya-chan m’a contacté en me disant qu’on commencerait un jour plus tôt, » la capitaine avait levé quatre doigts vers eux « et ensuite, elle m’a dit : “Profite de tes dernières vacances”. Et les autres unités sont envoyées dans d’autres centres de villégiature, donc..., » répondit Mismis.

« À quel point veut-elle être directe ? » Le tireur d’élite aux cheveux argentés n’avait même pas essayé de cacher son soupir. « Elle savait que tu paniquerais si tu entendais ça, chef. Réfléchis-y plus calmement. Ce n’est rien d’important. »

« Vraiment ? » demanda Mismis.

« Bien sûr. Nous pourrions mourir dans n’importe quelle opération, » répondit Jhin.

« Ce n’est pas du tout un réconfort !? » s’écria Mismis.

« Je m’en fiche. Qu’il s’agisse d’une mission spéciale ou autre, nous devrions nous entraîner autant que possible plutôt que de jouer en douceur, » déclara Jhin.

« ... Euhhhh. C’est vrai. Mais... mais..., » murmura Mismis.

Mismis se replia sur elle-même dans l’inconfort, les pièces qu’elle venait d’échanger étaient encore dans ses mains.

Mais Jhin a raison.

Mais même si nous allions jouer, il y a beaucoup d’autres villes que le capitaine aimerait bien visiter.

La Cité des Loisirs de Dulac était une ville fréquentée par des nobles et des marchands et c’était la première fois qu’Iska et Mismis s’y rendaient. Ce n’était pas comme elle. Même si elle se résignait à ce que ce soit ses dernières vacances, il pensait qu’elle choisirait un autre endroit.

« Capitaine. D’ailleurs, qu’est-ce qui t’a fait choisir ici ? » demanda Iska.

« ... Le Melcab MI62 Model Franchek, » répondit Mismis.

« Pardon ? » demanda Iska.

« C’est le dernier modèle de char, » la capitaine disait quelque chose de bien au-delà de ce à quoi ils s’attendaient en leur jetant des petits coups d’œil répétés, « V.. Vous savez ? Je pensais qu’on pourrait acheter un nouveau réservoir avec le jackpot. Si quelque chose arrivait, on pourrait s’enfuir et rentrer à la maison vivants. »

« ... Je vois, » répondit Iska.

Il n’y avait pas pensé. À côté de lui, Jhin était aussi à moitié consterné, et à moitié impressionné.

« Comme toujours, un génie avec une pensée latérale. Je te félicite d’avoir une autre raison que de jouer, » déclara Jhin.

« Vraiment !? » s’exclama Mismis.

« Si on oublie les chances que nous devenions millionnaires..., » continua Jhin.

« Pas du tout, Jhin-kun ! Ce casino a beaucoup d’histoires sur des gens ordinaires comme nous devenant multimillionnaires ! » Elle semblait avoir retrouvé son énergie et avait levé les mains en l’air, tenant ses pièces de monnaie. « On va s’enrichir ici et devenir aristocrates ! Nous aurons notre terre et notre château ! Une maison et une voiture merveilleuses, un manoir et un majordome ! »

« N’as-tu pas perdu la raison d’être là ? » demanda Iska.

« Laisse-la tranquille, Iska, elle ne va pas gagner la première..., » commença Jhin.

Alors qu’il s’apprêtait à dire « place », une fille à queue de cheval était arrivée en courant derrière lui.

« Iska-nii, Jhin-niichan, Capitaine Mismis ! Hé, hé, c’est incroyable ! » C’était Néné Alkastone. C’était une jeune fille de quinze ans avec une queue de cheval volumineuse, de grands yeux bleus et un sourire vif. Ses membres minces étaient bien assortis par la chemise légère et le short serré qu’elle portait. Elle était l’officière de communication de l’unité de Mismis. Elle s’était fait un nom dans la capitale en tant qu’ingénieur compétente malgré sa jeunesse. « Iska-nii, regarde ça ! »

Elle lui montra les pièces de monnaie qui débordaient de ses mains. Iska, Mismis et Jhin avaient tous eu les yeux écarquillés à la vue.

« Néné-chan, as-tu joué alors que tu es mineure !? Tu ne peux pas faire ça, tu vas te faire arrêter ! » s’écria Mismis.

« Mhhh ? Ils n’ont pas pensé que vous étiez mineur et n’ont demandé à personne leur pièce d’identité. De plus, je veux aussi jouer ! Sans déconner, » Néné avait fait un clin d’œil ludique. « Mais là, je les ai eues dans le cadre de la diffusion de la joie. »

« ... Diffusion de la joie ? » demanda Mismis.

« Ouais. La machine à sous là-bas a eu le jackpot et ils ont partagé les gains, » déclara Néné.

Il y avait certainement une foule énorme de personnes dans la direction indiquée par Néné avec ses yeux. Il y avait une trentaine ou une quarantaine de personnes. Les joueurs étaient tous rassemblés, mais les employés du casino jetaient également un coup d’œil aux machines à sous pour voir ce qui se passait.

« Tu vois, Jhin-kun ? Tu vois ? Le jackpot existe vraiment, n’est-ce pas ? » demanda Mismis.

« Pourquoi te vantes-tu, chef ? Tu pourras le dire que lorsque tu le gagnas toi-même, » avait dit Jhin en lui donnant un coup de coude sur le côté. Son expression était restée ahurie, mais il avait quand même jeté un curieux coup d’œil latéral aux machines à sous.

« Je ne peux pas jouer, alors vous pouvez tout avoir, » déclara Néné.

« Néné-chan... ! Tu es si gentille ! Je ne gaspillerai pas ces pièces ! On s’enrichira et on ira se faire une grillade ! » Mismis avait reçu les pièces de monnaie, émue par l’émotion.

Et, en la regardant de côté...

« Quoi de neuf, Iska-nii ? Ne veux-tu pas les pièces ? » demanda Néné.

« Hm. Ah, non... merci, » répondit Iska.

Iska avait regardé l’intérieur du casino, rempli de joueurs et d’employés, alors que des cris de joie et de tristesse remplissent l’air.

C’est trop bruyant, pensa-t-il.

Il voulait vraiment échapper à toute cette clameur, du moins pour ses vacances. L’habitude normale d’Iska serait d’aller dans un musée d’art beaucoup plus calme et d’apprécier les peintures de ses artistes préférés.

Et il y avait une autre personne qu’il connaissait, une autre avec le même passe-temps que lui.

Même si c’est un lieu de villégiature pour les nobles, Alice ne viendrait pas ici, pensa-t-il.

Il s’agissait de la Sorcière de la Glace de la Calamité, Aliceliese Lou Nébulis IX. Elle était dans la lignée de succession en tant que fille de la reine Nébulis, et une fille avec certainement l’un des plus forts Esprits des Étoiles dans l’histoire, et une Mage des Étoiles.

Ils s’étaient rencontrés par hasard sur le champ de bataille. Iska était un soldat impérial, et elle était une Mage des Étoiles. En tant que membre de deux nations en guerre, on pourrait dire que la rencontre était tout à fait naturelle, le problème...

Le problème était les réunions fortuites loin du champ de bataille.

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« Pourquoi êtes-vous là !? »

« ... Alice ! »

 

☆☆☆

 

Ils s’étaient assis l’un à côté de l’autre à l’opéra. Ils avaient partagé une table dans un restaurant et même commandé le même repas.

Ils avaient tous les deux le même hobby en ce qui concernait l’appréciation de l’art, et ils aimaient même le même artiste.

Ils étaient vraiment nés sous l’étoile de la malchance...

« ... Mais bien sûr, elle ne serait pas là, » murmura-t-il, incapable de la voir à la fin de son observation.

C’était la fin de leurs coïncidences.

Il se sentait soulagé parce qu’ils étaient ennemis. Avec leur déclaration mutuelle d’inimitié, une réunion serait gênante.

Mais... qu’est-ce que ce léger sentiment de perte ? Se demanda-t-il.

Il n’y avait aucun doute qu’ils étaient des ennemis.

Mais.

Sur le champ de bataille et dans la ville neutre, il avait été rempli de sentiments qu’il n’avait jamais éprouvés auparavant.

Pourquoi tout cela avait-il rempli son cœur ?

Il n’arrivait pas à traduire ces sentiments en mots, et lui-même ne les comprenait toujours pas.

« Iska-kun, viens ! Il y a une place à la roulette. Viens jouer avec moi ! » déclara Mismis.

« ... Compris, » déclara Iska.

Iska avait conduit par Mismis jusqu’à la place et il avait regardé la roulette devant lui.

***

Partie 2

Une heure avant ça...

☆☆☆

Deux filles regardaient en ce moment la porte d’entrée de la Cité de Dulac.

« Mademoiselle Alice, nous sommes arrivées ! Il s’agit de la Cité des Loisirs de Dulac. Elle a longtemps été connue comme un lieu fréquenté par les romanciers et la station a le standing parfait pour vous, » avait déclaré la jeune fille tenant un parasol afin de faire de l’ombre à sa maîtresse. Ses cheveux bruns brillants étaient attachés des deux côtés de sa tête et elle semblait avoir seize ou dix-sept ans.

Comparés aux touristes dans leur parure, ses vêtements étaient comme ceux d’une accompagnatrice, avec un haut blanc uni et une jupe unicolore qui atteignait ses chevilles.

Elle n’avait pas d’accessoires ou de bijoux sur elle, du moins visibles.

En vérité, tout au long de ses vêtements, il y avait des épées courtes, des aiguilles, des fils et d’autres armes cachées pour sa position de préposée et de garde. Il s’agissait de Rin Vispose.

« Regardez, Mademoiselle Alice, » déclara-t-elle. « De ce côté de la rue se trouve l’hôtel “Zelnatza A”. C’est le symbole de la cité. Il fait trente étages et possède le plus grand casino du monde, allant du deuxième étage du sous-sol au cinquième étage au-dessus du sol. C’est incroyable. »

Alice était restée silencieuse et Rin avait continué.

« Ce dôme à gauche est le Colisée. Des épéistes bien connus se battaient pour l’orgueil et la gloire, les nobles les regardant pariaient sur le résultat. On dit que c’est l’origine du jeu. Il s’agit toujours d’une valeur culturelle —, » déclara Rin.

Alice n’avait toujours pas parlé.

« Mademoiselle Alice ? » Rin déplaça le parasol et regarda l’expression de sa maîtresse. « Quelque chose ne va pas ? »

« ... Pas du tout, » répondit Alice, en posant ses mains sur ses hanches éclairées par la lumière du soleil.

Il s’agissait d’Aliceliese Lou Nébulis IX, la fille de l’actuel Nébulis VIII, et une puissante Mage des Étoiles de dix-sept ans.

Ses cheveux blonds brillaient au soleil et ses yeux rubis étaient remplis d’un raffinement d’élégance.

Ses traits étaient beaux et charmants. Ses lèvres rouges présentaient un air de dignité et même si sa robe ne pouvait en aucun cas être qualifiée de voyante afin de cacher son identité, tout était suffisant pour que les touristes s’arrêtent et la regardent.

Cependant, malheureusement...

Sa moue enfantine avait ruiné cette image gracieuse.

« Rin, j’ai fini mon travail de la semaine et j’ai dit que je voulais me détendre, » déclara Alice.

« Vous l’avez bien dit, Mademoiselle Alice. Alors, déployez vos ailes jusqu’à la satisfaction de votre cœur, » déclara Rin.

« ... Je n’ai aucun intérêt pour le jeu, » sa moue s’était accentuée lorsqu’elle avait secoué la tête. Elle aimait apprécier les arts, se détendre dans un endroit calme et regarder des images ou écouter de la musique. Elle n’avait aucune intention de se lancer dans le jeu. Elle était la princesse de l’un des deux plus grands pays du monde et elle ne voyait pas la nécessité de faire des profits en jouant. « Même si j’ai dit que je voulais aller à Aiyin, la Cité des Arts... »

« Absolument impossible, » déclara Rin.

« Pourquoi ? Je veux aller voir le pa —, » Alice avait commencé à parler.

« Voulez-vous encore tomber sur ce soldat impérial ? » La mâchoire d’Alice s’était refermée d’un coup et l’excellente préposée n’avait pas manqué son arrêt sur place avec ses mains encore sur ses hanches. « Vous voyez, vous l’avez fait. »

« C’est très bien ! Mon but est juste et honorable ! En tant que princesse —, » commença Alice.

« Mademoiselle Alice, vous faites trop de bruit, » répliqua Rin.

« ... En tant que Princesse de Nébulis, je n’ai commis aucune faute, » elles étaient au milieu de la rue, qui était bondée de piétons, alors elle s’était rapprochée de Rin et avait chuchoté. « La prochaine fois, je vais certainement régler les choses avec — . »

« N’hésitez pas à le faire... sur le champ de bataille. Il n’est pas nécessaire de se rencontrer dans une Cité Neutre, » déclara Rin.

« Il y en a une. Je... Je veux régler les choses avec lui, seul, » répondit Alice.

En effet. Il y avait une autre raison pour laquelle Alice n’était pas satisfaite par rapport au fait de venir dans cette ville. Et c’était qu’elle ne pourrait pas rencontrer Iska ici.

Je l’ai toujours rencontré à Aiyin. Je ne le croiserai pas dans un endroit comme celui-là, pensa Alice.

Iska était un ancien Saint Apôtre de l’Empire. Son but sur le champ de bataille était de capturer un Sang Pur, mais...

Alice savait que ce qu’il voulait faire avec ça était de vraiment guider l’Empire et la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis vers la paix.

Ce garçon nommé Iska était le premier soldat impérial qu’Alice avait trouvé digne de converser avec elle.

Avec lui...

Ils pourraient être capables de réaliser leur rêve commun.

Alice le tenait en si haute estime qu’elle pensait qu’ils pourraient réaliser son rêve d’un monde unifié.

Cependant...

☆☆☆

« Venez à mes côtés. Vous n’êtes pas quelqu’un qui devrait rester avec l’Empire. »

« Je ne peux pas. Je ne peux pas marcher avec vous. »

☆☆☆

Ils marchaient sur des chemins séparés.

Un soldat impérial et une sorcière de Nébulis étaient des existences vraiment irréconciliables. Et c’était ainsi qu’elle souhaitait régler seule son différend avec lui. Elle s’en fichait de la conclusion.

Je... Je veux être à nouveau avec Iska, pensa Alice.

Elle voulait oublier les querelles de leur pays et passer du temps seule avec lui.

« Absolument impossible, », mais Rin refusait obstinément de permettre que cela se produise. « Vous ne pouvez pas nier la possibilité qu’il profite de votre garde baissée afin de vous tuer. »

« Iska ne ferait jamais ça ! Il est... » s’exclama Rin.

« Iska est quoi ? » demanda Rin.

« ... Rien, » déclara Alice.

Elle avait évité de peu de dire qu’Iska était quelqu’un avec qui elle avait admiré l’art. C’était un secret même pour Rin. S’il devenait connu que la princesse de Nébulis et un soldat impérial s’étaient tenus côte à côte en admirant la même œuvre d’art, cela deviendrait un gros problème pour la Théocratie.

« De toute façon, un jour, je réglerai les choses avec Iska, » déclara Alice.

« Bien sûr. Si vous pouviez garder à l’esprit un lieu et une heure convenables, » déclara Rin.

« J’en ai l’intention, » elle hocha la tête et sortit son agenda de rendez-vous de son sac à main. « C’est pourquoi j’ai besoin de choisir une date pour le rendez-vous. »

« Un rendez-vous ? » demanda Rin.

« Oui. Je me demande quand c’est bon pour Iska. Je suis libre mercredi prochain... Ah, mais ma prévision est “malchance” pour ce jour-là, donc ce n’est pas approprié pour quelque chose d’important. Allons-y pour le prochain jour férié. Je vais devoir faire une réservation, » déclara Alice.

« ... Mademoiselle Alice, » Rin la regardait en ouvrant la bouche grande ouverte pour une raison inconnue, « Vous ne planifiez pas là votre mariage. »

 

 

« M-m-m-m-m-marriage !? Avec Iska !? » s’écria Alice.

« C’était un exemple. » Il y avait eu une pause lourde de sens. « Mademoiselle Alice, pourquoi votre visage est-il rouge ? »

« Parce que tu disais des choses bizarres ! » s’écria Alice.

Elle avait gardé secret le fait qu’elle avait instantanément imaginé le faire pour de vrai.

Ah, bon sang, j’ai sorti mon agenda pour regarder, mais Rin a dit des choses qu’elle n’aurait pas dû dire, alors je n’ai rien pu faire ! pensa Alice.

« ... Ahem. » Elle s’était éclairci la gorge pour remettre de l’ordre dans ses pensées. « Quoi qu’il en soit, ce sera dans le futur, je doute que je rencontre ici Iska. »

« J’ai choisi une ville où vous ne pourrez pas le faire, » déclara Rin.

« C’est ma première fois dans un casino. Rin, je ne sais pas vraiment comment jouer, » déclara Alice.

« Ce n’est pas grave, » déclara Rin en ajustant le parasol pour Alice, « L’étude des règles ne fera que vous entraîner un peu plus. S’amuser avec modération et perdre un montant modéré est la façon dont vous devrez passer votre temps dans un casino. »

« ... Mais perdre n’est pas vraiment en accord avec moi, » répliqua Alice.

« Bien sûr que non. Il faut quand même que vous luttiez pour gagner contre ces vieux croupiers rusés. Je vais bien sûr offrir mon aide, » déclara Rin.

« Je vais gagner. C’est ce que ça veut dire que d’être une princesse, » déclara Alice.

« Je me demande combien de temps cette confiance va durer, » demanda Rin.

Elles avaient continué leur bavardage insignifiant alors qu’elles se dirigeaient vers le plus grand casino du monde.

 

☆☆☆

 

Une demi-heure plus tard.

« Hein ? La machine est-elle cassée ? » demanda Alice.

Les rouleaux s’étaient arrêtés sur le « 7 », « 7 », « 7 ».

Toutes les lumières de la machine clignotaient et des sons très bruyants annonçant le jackpot sonnaient alors que des pièces de monnaie sortaient de la machine comme une chute d’eau. En un instant, les pièces de monnaie avaient formé une petite montagne.

« C’est étrange, » Alice inclinait la tête en se posant des questions, « Hey, Rin. On dirait que la machine est cassée. Il vient de commencer une hémorragie de pièces de monnaie. »

« ... Mademoiselle Alice, ce n’est pas la machine qui s’est cassée, » répondit Rin.

« Ce n’est pas ça ? Alors qu’est-ce que c’est ? » demanda Alice.

« C’est le jackpot, Mademoiselle Alice ! » s’écria Rin.

La probabilité était d’un sur plusieurs centaines de milliers. Même si des milliers de joueurs avaient passé leurs soirées à jouer, il avait fallu plusieurs années en moyenne pour que le jackpot sorte. Il était courant que cela prenne plus d’une décennie.

Même Rin avait laissé le contrôle de sa voix glisser légèrement sur la scène monumentale se déroulant devant elle.

« Mademoiselle Alice, soyez plus... euh, heureuse ! Vous voyez, il y a une foule qui se rassemble ! » déclara Rin.

« Même si tu dis ça..., » tout ce qu’elle avait fait, c’était de choisir une machine, de mettre des pièces et d’appuyer sur un bouton. Elle ne ressentait aucun sentiment d’accomplissement, même avec la clameur qui l’entourait. Bien sûr, elle était contente que Rin ait dit que c’était incroyable, et ce n’était pas du tout un sentiment désagréable d’avoir les autres joueurs si excités pour elle. « Mais je ne peux pas en porter autant. »

« Appelons un croupier. On peut l’échanger contre un chèque, alors attendez un peu, » déclara Rin.

« Je vais faire une pause, » annonça Alice.

Lorsqu’elle avait regardé de l’autre côté de l’étage, elle avait pu voir que sa machine était la seule à être allumée, ce qui lui avait permis de constater à quel point c’était rare.

Elle avait entendu un gémissement venant de la machine en face d’elle. C’était quelqu’un qui avait probablement perdu aux machines.

« Ahh... C’est le dernier bonus de l’année dernière, » déclara la voix.

« Qu’est-ce que tu fais, capitaine ? » demanda une seconde voix.

« Bien sûr, tu es un bookmaker. Regarde Néné, souviens-toi de la série de défaites du Chef. C’est ce que deviennent les gens qui deviennent dépendants au jeu. C’est ce que nous appelons un adulte sans valeur. »

« D’accord ! C’est compris, Jhin-niichan. »

« Vous êtes tous les deux horribles ! »

C’était probablement un groupe de joueurs. Il était difficile d’entendre le bruit des machines à sous, mais ils devaient avoir perdu.

« Suivant ! Faisons le prochain jeu de cartes ! Jhin-kun, tu es à la roulette. »

« ... Changer le jeu n’aidera pas. »

« Ce n’est pas vrai. Je suis une bonne fille, alors je vais gagner ! »

« Ce sont des probabilités, cela n’a rien à voir avec ton comportement. »

Les voix s’étaient éloignées.

Je vois, ils vont essayer de regagner ce qu’ils ont perdu sur d’autres machines, pensa Alice.

Pendant qu’Alice les regardait, une fille aux cheveux roux était passée avec une expression d’ennui. Elle faisait probablement partie du groupe sur l’autre machine. La jeune fille avait vu les pièces de monnaie empilées devant Alice et ses yeux brillaient.

« Wôw, incroyable ! Avez-vous gagné !? » demanda la fille.

« C’est ce que j’ai fait, » répondit Alice.

Il avait fallu un moment pour qu’Alice réalise qu’elle s’adressait à elle, mais il n’y avait pas de malentendu sur la direction de son regard.

« Woooow ! Félicitations ! » déclara la fille.

« ... Merci ? Désolée, je ne le ressens pas vraiment, » répondit Alice.

« C’est incroyable ! Avec autant de pièces, vous pouvez tout faire ! Vous pouvez acheter des bonbons et des vêtements, ou n’importe quoi ! » s’exclama la fille.

Des bonbons et des vêtements. Cela faisait déjà partie de sa vie comme elle avait été élevée dans un palais. Alice savait déjà à quel point son bon sens était éloigné de la masse.

« Tendez la main, » déclara Alice.

« Hmm ? » demanda la fille.

« Je vais vous en donner. Je n’en ai pas vraiment besoin, » déclara Alice.

Alice avait ramassé quelques pièces de monnaie dans les deux mains et les avait fait basculer dans celle de la fille.

« Wah !? Êtes-vous sûre ? » demanda la fille.

« Je le suis. Ce doit être le destin, utilisez-le comme vous le souhaitez, » déclara Alice.

« Merci ! » s’exclama la fille.

La jeune fille était partie en courant, laissant derrière elle des remerciements, croisant le croupier et Rin sur son chemin.

« Je m’excuse pour le retard, » déclara Rin.

« Rin ! Annule l’échange, » annonça Alice.

« Et on en fait quoi ? » demanda Rin.

« Si j’ai de la chance, cela discréditerait le nom de la famille royale pour l’avoir monopolisé. Et donc, Croupier, s’il vous plaît, distribuez ceci aux gens à proximité, » demanda Alice.

« ... Quoi !? » Rin n’était pas celle qui criait, c’était le vieux croupier en entendant les paroles d’Alice. « Chaque pièce ? »

« En effet. Chaque pièce. Je n’en ai pas besoin, » répondit Alice.

Le budget de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis était public. Même avec ses effets personnels en tant que membre de la royauté, Alice n’avait pas droit à un grand compte bancaire en échange de sa vie de princesse, sans inconfort. Si elle emportait le jackpot à la maison, cela serait saisi par les financiers de la Théocrate.

Dans ce cas, il n’y avait pas de mal à partager sa bonne fortune ici en tant que charité.

« ... J’ai travaillé comme croupier ici pendant trente ans, mais vous êtes la première à dire une telle chose. »

« Oh, c’est merveilleux, j’aime les phrases comme ça, » déclara Alice.

« Belle jeune femme, s’il vous plaît, dites-moi votre nom, » avait demandé le croupier.

« Vous le saurez bientôt, » répondit Alice avec un sourire réservé.

« Vraiment ? » demanda le croupier

« Vous le saurez quand j’unifierai le monde, » déclara Alice.

Elle avait pris Rin et elles avaient quitté le casino.

Derrière elles, elles pouvaient entendre les acclamations de joie des joueurs qui voulaient les pièces d’Alice.

 

☆☆☆

 

Après avoir totalement quitté le casino, Alice avait parlé. « ... J’ai peut-être pris trop de liberté. Je ne me suis même pas nommée et je suis partie. »

« Pas du tout. Ça se serait mal terminé si vous vous y étiez nommé. C’était un jugement prudent, » Rin hocha respectueusement la tête en replaçant le parasol, « Mademoiselle Alice, qu’est-ce que vous voulez faire ? Va-t-on dans un salon de thé ? »

« Allons-y. Je suis assoiffée, j’espère qu’il y en a encore avec de la place, » déclara Alice.

Elle avait regardé toute la rue bondée. Comme on pouvait s’y attendre de Dulac, étant un lieu de villégiature pour les nobles et les marchands, chaque vitrine était un étalage en soi. Il y avait des bijoutiers et des boutiques de luxe. Il y avait aussi beaucoup de magasins de thé, chacun d’eux était très élaboré et il était difficile de choisir.

Et parmi eux, quelque chose avait retenu son attention, une petite boutique miteuse entre les présentoirs voyants.

« Hé, Rin ! C’est quoi ce magasin ? Ils ne semblent pas afficher quoi que ce soit à vendre, mais les lumières sont allumées, donc ça doit être ouvert ? » demanda Alice.

« On dirait une diseuse de bonne aventure. Ils font aussi de l’astrologie, » Rin avait pointé du doigt le petit signe qu’elle avait repéré.

« Hmm... “Venez avant de jouer”, “Vous qui êtes sur le point de relever le défi d’une vie, venez demander conseil à cette diseuse de bonne aventure chevronnée”. Je vois, donc c’est un mauvais magasin qui vise les touristes qui se dirigent vers le casino, » déclara Alice.

« C’est rare de nos jours, » déclara Rin.

« Ça l’est. J’ai vu ce genre de commerce dans la Théocratie, mais il y a trop d’astrologues pour les compter, » déclara Alice.

La raison en était simple, les gens ne s’appuyaient pas sur quelque chose d’aussi vague et imprécis que la « divination » de nos jours.

Bien que j’aie entendu quelque chose comme ça chez les Esprits des Étoiles, cela n’était en soi pas exactement la capacité de prédire l’avenir, pensa Alice.

En fin de compte, ils étaient des « porteurs de gènes ».

« C’est d’autant plus intéressant, » déclara Alice.

« Mademoiselle Alice ? » demanda Rin.

« Attends ici, Rin. Je vais me faire dire la bonne aventure, » déclara Alice.

« Eh !? Qu’est-ce que vous voulez dire !? Vous faire dire la bonne aventure... Si vous voulez que votre bonne aventure soit annoncée, nous pouvons revenir et appeler un astrologue dans votre chambre ! » s’exclama Rin.

« Non. Si nous revenons et qu’on me voit me faire dire ma bonne aventure, cela déclenchera toutes sortes de rumeurs, » déclara Alice.

« ... Vous avez raison, » déclara Rin.

« C’est une expérience. Je reviendrai bientôt, » annonça Alice.

Avant que Rin ne puisse demander ce qu’elle avait deviné, Alice était entrée dans le magasin.

L’intérieur était divisé en petites pièces avec des cloisons pour que personne ne puisse entendre la bonne aventure des autres.

« ... Dois-je simplement en choisir un ? » demanda Alice.

Les chambres avec le rideau baissé devaient avoir un client à l’intérieur. Elle chercha une pièce vide et rencontra soudain les yeux d’une diseuse de bonne aventure assise à l’intérieur de la pièce.

« Oh, mon Dieu, vous êtes une adorable jeune femme. Il est rare d’en voir une aussi jeune que vous ici, » déclara la diseuse.

C’était une vieille femme au visage voilé. Elle portait une robe d’un pourpre profond pour dissimuler sa silhouette et tenait un jeu de cartes de voyance dans sa main.

« Maintenant, commençons, » elle avait parlé une fois de plus.

Alice lui faisait face à une petite table. Elle voyait sa mère Nébulis VIII aller chaque année chez les astrologues dans le cadre d’une cérémonie, mais cela faisait de nombreuses années qu’elle ne s’était pas fait dire sa bonne aventure.

« Alors, adorable jeune fille, que dois-je prédire ? » lui demanda la diseuse.

« ... Eh, Hmm... Je sais, » Alice avait fait semblant de réfléchir, mais elle avait bien sûr choisi ce qu’elle demanderait avant même d’entrer, mais elle s’était sentie étrangement gênée de le dire. « Je cherche quelqu’un. »

« Oh, un amoureux ? » demanda la diseuse.

« A-Amoureux !? N-n-n-non, ce n’est pas ça ! Isk —, » commença Alice.

Elle n’avait pas pu s’empêcher de se lever de sa chaise, et s’était à peine arrêtée avant de laisser sortir le nom d’Iska.

« Oh, ça ne l’est pas ? » demanda la diseuse.

« Ce n’est pas le cas ! » réponse Alice.

« Cela ne semble pas tout à fait vrai. La plupart des jeunes enfants semblent s’inquiéter de ça, » gloussait la vieille dame.

« Pouvez-vous prédire quelqu’un que j’attends ? » demanda Alice.

La femme hocha la tête profondément.

« Je veux savoir quand nous pourrions nous rencontrer seuls, et l’endroit aussi, si c’est possible, » avait demandé Alice.

« Bien sûr, laissez-moi faire, » déclara la diseuse.

L’astrologue avait répondu comme s’il s’agissait d’une simple question, et elle demanda à Alice de choisir parmi des douzaines de cartes avec les constellations dessinées sur elles dans l’ordre.

« Hmm, » murmura la vieille femme.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Alice.

« C’est une étoile intéressante, » répondit-elle, en regardant la carte qu’Alice avait choisie, et la carte face cachée devant elles, « Ces deux cartes sont ensemble, mais en même temps séparées. Si vous placez la carte que vous avez choisie sur la carte que j’ai choisie, elles créent une constellation unique. »

L’astrologue regardait attentivement les cartes connectées. Et puis...

« Celui que vous cherchez semble proche, » déclara la diseuse.

« Hein ? » Sans le savoir elle-même, la main d’Alice avait trouvé son chemin jusqu’à sa poitrine. « Vraiment ? »

« Vraiment. Il est toujours près de vous. Vous semblez être liés par un destin fort qui ne perdra jamais. Si vous le cherchez, c’est le meilleur moment. » Alice s’était tue face à ses paroles. « Voulez-vous plus de détails ? »

« ... Non, ça suffit, » déclara Alice.

Alice se souvenait que Rin l’attendait à l’extérieur et secoua la tête et sortit du magasin, laissant l’argent pour payer sur la table.

« Comment était-ce, Mademoiselle Alice ? » demanda Rin.

« Cela semblait plausible, mais..., » sous la lumière du soleil à l’extérieur du magasin, son esprit s’était calmé. Iska était-il dans le coin ? Devrait-elle le chercher maintenant ? Son cœur s’était emballé, mais elle n’avait rien dit de concret. Elle pourrait utiliser la même chose qu’un noble à la recherche d’un parent éloigné. « ... Ah, je crois qu’on m’a peut-être piégée. »

Avec Rin à ses côtés tenant le parasol, Alice avait traversé la ville.

Ce n’est pas possible... Iska ne peut pas être là, pensa Alice.

Elle regarda attentivement le visage de chaque passant, mais peut-être exactement comme elle s’y attendait, aucun d’entre eux n’était le soldat impérial qu’elle cherchait.

« On ne peut pas compter sur les voyants. Qu’est-ce que c’est que “celui que vous cherchez est proche” ? Je ne vois ni sa peau ni ses cheveux ! » murmura Alice.

***

Partie 3

C’était peu de temps après que la princesse Nébulis et son accompagnatrice aient quitté le magasin d’astrologie.

« Ahh... J’ai l’impression d’avoir été arnaqué, » murmura Iska.

Iska avait poussé un soupir juste à l’extérieur de l’entrée du magasin.

C’était bien qu’on l’ait vu si vite... mais il avait le sentiment que ce qu’ils disaient et la réalité ne correspondaient pas tout à fait.

« Même s’ils disent que j’ai la chance de rencontrer celle que je cherche... Alice ne serait pas dans un endroit comme ça. Ce n’est pas juste. Elle l’a dit si vaguement que cela pourrait être n’importe qui, » déclara Iska.

C’était comme ça, les diseuses de bonne aventure.

On aurait dit qu’elles le savaient, mais quand on vous lisait la fortune, c’était dans la nature humaine de faire attention aux résultats.

« C’était bondé, je suppose que beaucoup de gens voulaient que leur fortune leur soit racontée, » déclara Iska.

 

☆☆☆

 

Quand Iska était entré, toutes les pièces sauf celle à côté de la sienne étaient occupées. Même cette dernière pièce avait été remplie par la demande inépuisable pendant qu’il se faisait dire sa fortune.

Je me demande si c’était une fille à côté. Sa voix donne l’impression qu’elle est aussi jeune que moi, pensa Iska.

À cause de toutes les personnes dans le magasin, il entendait à peine la voix, mais la cliente à côté de lui semblait être une fille du même âge que lui.

 

☆☆☆

 

« Heeeyyyyy, Iska-kun ! »

Et puis la capitaine était apparue avec Jhin et Néné.

« Capitaine, as-tu fini d’acheter des souvenirs ? » demanda Iska.

« Je l’ai fait ! Regarde, c’est un “Chat qui attire la fortune” ! La prochaine fois, j’aurai le jackpot, c’est sûr ! » s’exclama Mismis.

« ... N’as-tu pas abandonné ? » demanda Iska.

Iska baissa légèrement les épaules devant la silhouette heureuse de la capitaine, la statue à la main.

Maintenant que j’y pense..., pensa Iska.

Néné avait reçu des pièces de quelqu’un qui avait touché le jackpot aux machines à sous, alors ils auraient dû s’arrêter là.

« Comme nous avons aussi utilisé les pièces que Néné nous a données, nous sommes bien dans le rouge..., » déclara Iska.

« C’est bon ! On peut le regagner ! » s’exclama Mismis.

« C’est ce que tous ceux qui perdent disent. Viens, on rentre chez nous, » déclara Iska.

« Non, laisse-moi partir, Iska-kun, » s’exclama Mismis.

« Non, je ne le ferai pas, » déclara Iska.

Iska avait quitté la Cité Neutre, entraînant Mismis alors qu’elle boudait d’une manière enfantine.

***

Intermission – Trahison

La zone fortifiée de « l’Imperium », généralement connue sous le nom de « l’Empire », était le pays qui possédait le plus de territoire au monde depuis des siècles.

Alors que la Grande Sorcière Nébulis avait mené une insurrection et s’était emparée d’une partie territoire du pays, elle avait été autorisée à former la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, mais le siège du pouvoir de l’Empire n’était jamais tombé une fois.

L’organisme qui décidait de tout pour le pays était la Diète impériale. Ils s’étaient rencontrés dans une crevasse, à cinq mille mètres sous la Capitale Impériale de Junmergen.

« Bonjour, Mademoiselle Risya. »

« Merci d’avoir répondu à notre convocation si tôt. S’il vous plaît, prenez une tasse et détendez-vous. »

De la vapeur s’échappait de la tasse de café, infusée par le meilleur barista de la capitale, mais la Sainte Apôtre ne faisait que pousser un soupir.

« Oh, le café n’est-il pas à votre goût ? »

« Malheureusement, je suis une buveuse de thé, » répondit-elle. Elle s’appelait Risya In Empire. Ses traits sagaces et nobles étaient joliment placés derrière une paire de lunettes à monture noire qui lui donnait un air intellectuel.

Elle donnait l’impression d’être la fille d’un PDG à succès, ou d’être elle-même une femme d’affaires, et pour la résumer en une phrase, on l’appellerait probablement l’un des rares « génies polyvalents ».

« Plus important encore, » continua-t-elle en levant les yeux, « je préférerais entendre le raisonnement qui sous-tend ma convocation à trois heures du matin. Pour être honnête, je suis très occupée en ce moment. »

Devant elle, il y avait un moniteur installé sur le mur, qui brillait dans la pièce. Sur ce moniteur se trouvaient les formes indistinctes de huit hommes et femmes.

« Je ne me souviens pas d’avoir dormi plus de deux heures sans interruption au cours des deux derniers mois, et je n’ai mangé que du pain sec et j’ai survécu grâce à la caféine, vous savez ? Et c’est grâce à votre gracieuse nomination comme commandant, » déclara-t-elle.

« Nous vous sommes profondément reconnaissants pour vos contributions. »

« En effet, sans vous, nos recherches n’auraient jamais été mises en pratique. »

Ces huit personnes affichées sur l’écran de Risya étaient les huit Grands Apôtres, la plus forte influence au sein de la Diète impériale. Si cent quatre-vingt-neuf des membres de la Diète impériale disaient « est », et que ces huit membres disaient « ouest », l’Empire se déplacerait vers l’ouest.

Si l’Empereur était le symbole de l’Empire, ces huit étaient ceux qui détenaient le vrai pouvoir.

Et la jeune Sainte Apôtre, face à ces huit-là ? Elle n’avait pas tenté de cacher son mécontentement.

« Oui, j’ai travaillé avec vous dans le cadre de mes fonctions de commandant. Et à cause de ça, je manque de sommeil, » déclara-t-elle.

Les Saints Apôtres étaient sous le contrôle direct de l’Empereur, loin des devoirs habituels d’un soldat qui s’opposait à l’invasion. Maintenant, ses compétences en tant qu’officier d’état-major avaient été utilisées, et Risya avait reçu l’aval des huit grands apôtres pour être commandant dans le cadre d’un « devoir spécial ».

« ... Alors, quel est le prochain fardeau que vous ajoutez ? » demanda-t-elle.

« Hmph, pourquoi supposeriez-vous ça ? »

« N’est-ce pas le moment que vous avez choisi qui rend tout ça évident ? Peut-être me demanderez-vous un coup de main au Q.G. la prochaine fois ? J’ai déjà les mains pleines avec votre “devoir spécial”, je ne peux pas les étirer plus loin, » haussa-t-elle les épaules. Son regard était un mélange de résignation et de protestation, « ... Les saints apôtres sont-ils censés être des marionnettes qui sont utilisées jusqu’à leur rupture ? »

« Pas vraiment. »

« Nous comprenons vos sentiments, mais malheureusement, vous êtes la mieux placée pour cela, » face à l’instance sans paroles de Risya de continuer, ils l’avaient fait. « Avez-vous entendu parler de l’incident du Vortex ? »

« Si vous parlez de ce qui s’est passé du sud-ouest de la Gorge de Mudle à la quarante-septième institution d’enquête, alors je le suis. Nameless s’en occupe déjà, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.

Risya avait entendu dire que le huitième siège des Saints Apôtres, Nameless s’était déjà rendu sur le site pour chasser tout combattant ennemi visant à récupérer le Vortex.

« Il semblerait que plus de soutien soit nécessaire. »

Les sourcils de Risya se rapprochaient lorsqu’elle en déduisait le sens à partir de ces mots.

« ... Un sang pur est-il apparu ? » demanda-t-elle.

« Précisément. »

« Est-ce la Sorcière de la Glace de la Calamité ? » demanda-t-elle.

« Non, une autre. »

« C’est un sang pur que nous n’avons jamais vu auparavant, avec une force énorme. »

Ils avaient répondu à tour de rôle. Pour sa part, Risya regarda ça d’un air dubitatif.

« Je suis impressionnée que vous fassiez autant d’éloges, » dit-elle, avec un léger ridicule dans son ton. Les huit personnes qui lui faisaient face l’avaient bien sûr remarqué, mais si on leur disait qu’elles imaginaient simplement des choses, elles devraient laisser faire.

Et toujours avec cette intonation rigoureuse, elle avait fait part de ses doutes. « Un sang pur est apparu, et en plus, ce n’est pas la sorcière des glaces ? Nous n’arrivons pas à bien connaître le fonctionnement interne de l’Agence, en êtes-vous sûr ? »

« Bien sûr. »

« La Sorcière de la Glace de la Calamité est apparue dans la forêt de Neulka. Nous avions raison avec ce rapport, non ? Vous pouvez avec le même niveau de confiance, mais nous ne pouvons pas encore révéler notre source. »

« Pas même à nous, les Apôtres ? » demanda-t-elle.

« Rassurez-vous, vous le saurez en temps voulu. »

« ... J’ai hâte d’y être, » déclara-t-elle.

Ils étaient beaucoup trop secrets, alors qu’ils obtenaient et utilisaient toutes sortes d’informations classifiées de l’Empire, ils détenaient leurs propres secrets avec une poignée de fer.

Savoir en temps voulu... Cela ne signifiait rien de moins qu’« essayer de le découvrir par soi-même ».

« Maintenant, revenons au sujet qui nous occupe. »

« Comme vous le savez, Nameless a déjà été déployé. Cependant, il est nécessaire pour éliminer le Corps. »

« En d’autres termes, nous voulons envoyer une autre force pour vaincre la sorcière au sang pur. »

Réalisant soudain leur but, le côté de la bouche de Risya s’était mis à trembler.

« Alors lui ? Le Troisième..., » commença Risya.

« En effet, le Successeur de l’Acier Noir, Crosswell. Le manieur de l’Épée d’Étoile ne devrait pas avoir de problème contre une sorcière inconnue. »

« Et vous voulez que j’ordonne ça à Mismis pour qu’elle envoie la 907e escouade au Vortex ? » demanda Risya.

« Nous vous laissons le choix du prétexte. »

« Vous pouvez même utiliser votre relation en tant que collègues. »

Risya s’était tue un moment lors de ce discours frivole.

« M’avez-vous demandé ça à cause de notre relation ? Est-ce pour ça que vous m’avez appelée ? » demanda-t-elle.

« Nous vous laissons le prétexte. »

« Aimez-vous vraiment ce genre de tâches détestables ? »

« Vous n’avez sûrement pas de problème avec ça ? »

« Après tout, n’avez-vous pas utilisé ces liens pour devenir une Sainte Apôtre ? »

La Cinquième place resta silencieuse, les regardant en l’air, les yeux à moitié ouverts, illisibles derrière le filtre de ses lunettes.

« Eh bien, une demande devrait marcher, » avait-elle pivoté sur ses talons avant de continuer sur un ton de plaisanterie avec son dos vers eux, « Mais n’en parlons plus, d’accord ? ... Mon employeur est Sa Majesté, en fin de compte ; vos demandes sont des demandes, pas des ordres, je m’incline devant lui seul. »

« Bien sûr. »

« Nous vous sommes reconnaissants, et nous parlerons de votre travail avec lui également. »

« Pas la peine de s’embêter avec ça, » laissa-t-elle derrière elle en sortant de la pièce, ses pieds claquant fort sur les planchers durs, « l’Empereur voit tout, que vous l’informiez ou non, il a déjà tout entendu. »

***

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